Vous êtes sur la page 1sur 4

CORRECTION 2nde – TEXTE SIMONE DE BEAUVOIR

1. Texte écho
a. Qu'est-ce que les textes de Louise Michel et d'Étienne de Neufville ont en commun d'après
vous ?
Les deux textes évoquent le fait que les femmes n'ont pas la liberté de choisir ce qu'elles
veulent faire de leur vie.

b. Quelle différence de ton observez-vous ?

Étienne de Neufville exprime cette idée par antiphrase, sur un ton ironique souligné dès la
première occurrence du mot « libre » (qui sera répété tout au long du texte), par un
parallélisme antithétique entre « libre » et « se cloîtrer » et l'adverbe modalisateur «
parfaitement » : « elles sont parfaitement libres d'aller se cloîtrer dans le pensionnat d'un
couvent ». Louise Michel, quant à elle, adopte un ton grave, polémique, pour dénoncer le fait
que la société maintient les femmes dans l'ignorance, ce qui les empêche d'être libres. Dès le
premier paragraphe, elle traduit la violence de ce fait par une comparaison qui vise à choquer
le lecteur : « C'est absolument comme si on vous jetait à l'eau après vous avoir défendu
d'apprendre à nager, ou même lié les membres. » Le comportement de la société envers les
filles est ainsi comparé à un meurtre.

L'éducation des filles

2. a. Que manque-t-il dans l'éducation des filles, d'après Louise Michel ?

Selon l'auteure, ce qui manque à l'éducation que l'on donne aux filles, c'est la sollicitation de
leur intelligence (« [...] un sexe pour lequel on cherchât à atrophier l'intelligence », l. 1-2). On
ne leur donne pas accès à la connaissance. Bien au contraire, leur « éducation » consiste à les
maintenir dans l'« innocence » (l. 6), mot qui cache le fait qu'on cherche à les maintenir dans
l'ignorance : « Sous prétexte de conserver l'innocence d'une jeune fille, on la laisse [...] dans
une ignorance profonde » (l. 6-7).

b. Quelles sont les conséquences de leur ignorance ?

Le texte soulève trois conséquences. La première est immédiate : les filles, étant réduites à
l'ignorance, ne sont pas capables de faire preuve de discernement dans leur vie personnelle : «
les filles, élevées dans la niaiserie, sont désarmées tout exprès pour être mieux trompées » (l.
2-3), « les gens préparent les jeunes filles pour être trompées » (l. 19). La deuxième
conséquence est un effet de la première. Une jeune fille trompée par un séducteur devient la
cible des critiques morales, puisqu'elle s'est laissée séduire sans discernement : « ils leur en
font un crime et un presque honneur au séducteur » (l. 20). On peut relever, dans le dernier
paragraphe, une autre conséquence qui serait qu'une fois ces jeunes filles trompées et
humiliées, elles pourraient se révolter, et ainsi sortir des marges sociales et morales dans
lesquelles elles ont été cantonnées : « Quelquefois les agneaux se changent en lionnes, en
tigresses, en pieuvres. » (l. 25).

3. Grammaire
Relevez les deux propositions subordonnées dans le deuxième paragraphe et donnez la nature
et la fonction de chacune d'elles.

• « qui ne lui feraient nulle impression [...] ou d'histoire naturelle » (l. 7-9) : proposition
subordonnée relative, épithète liée au nom « choses » ; • « si elles lui étaient connues par de
simples questions de botanique ou d'histoire naturelle. » (l. 8-9) : proposition subordonnée
circonstancielle , complément circonstanciel d'hypothèse (cette proposition subordonnée est
imbriquée dans la subordonnée relative).

4. Quelle idée l'auteure exprime-t-elle dans la phrase suivante :


« La nature et la science sont propres, les voiles qu'on leur jette ne le sont pas »
 ?
Il faut comprendre l'adjectif « propres » et le substantif « voiles » dans un sens métaphorique :
la nature et la science ne salissent pas la morale (elles sont « propres »). C'est au contraire
quand on cherche à cacher la nature et la science aux jeunes femmes (par des « voiles »),
qu'on la salit. L'auteure souhaite inverser les idées reçues : ce n'est pas l'enseignement des
sciences aux jeunes filles qui est immoral, mais au contraire le fait de leur en interdire l'accès.

Le devenir des femmes

5. a. Dans les trois derniers paragraphes, quelle métaphore filée l'auteure utilise-t-elle ?

La métaphore filée qu'elle utilise est celle des animaux, et en particulier celle de l'agneau. Elle
compare tout d'abord le sort réservé aux jeunes filles à celui des « races d'animaux pour la
boucherie » (l. 18-19), puis elle recourt aux groupes nominaux et substantifs suivants : « de
mauvaises têtes dans le troupeau » (l.21), « les agneaux » (l. 21-22), « lionnes » (l. 25), «
tigresses » (l. 25), « pieuvres » (l. 25).

b. Pourquoi utilise-t-elle cette image, d'après vous ?

L'image de l'animal en général rappelle sans doute la classification des êtres vivants selon
laquelle les animaux nous seraient inférieurs en intelligence. L'écrivaine suggère ainsi que les
femmes sont considérées comme inférieures aux hommes dans la société. L'agneau évoque
traditionnellement l'innocence, la pureté, la fragilité, alors que les tigresses, les lionnes et les
pieuvres évoquent davantage des animaux féroces, des prédatrices ou des chasseuses. Ainsi,
on comprend que l'auteure utilise la métaphore animalière commune de l'agneau pour la
renverser : ces jeunes filles innocentes, fragiles et ignorantes pourraient devenir plus
menaçantes et entreprenantes.

c. Quelles images bibliques ou littéraires évoque-t-elle ?

La métaphore animalière évoque sans doute d'abord l'univers des fables, dans lesquelles les
animaux campent un caractère ou une personnalité humaine. Ainsi, l'agneau dans « Le loup et
l'agneau » représente l'innocent, alors que la lionne dans « Les obsèques de la lionne »
correspond à une figure royale, puissante et respectable. On peut aussi penser à la scène
biblique du sacrifice d'Abraham (Genèse, 22) dans lequel l'agneau est l'animal que Dieu,
ayant obtenu le signe de sa fidélité, demande à Abraham de sacrifier à la place de son fils.
L'agneau suggère que la jeune fille est injustement sacrifiée.

6. Comment comprenez-vous la dernière phrase ?

La dernière phrase du texte peut être comprise comme une illustration de la conséquence
ultime d'une éducation sans savoir : les jeunes filles pourraient devenir des jeunes femmes
violentes, à la recherche d'une vengeance. Elle est à la fois une menace pour la société qui
tient à préserver l'ordre établi, mais elle peut aussi être considérée comme une image positive
des femmes qui entreprendraient une action de lutte, de rébellion ou de révolte contre cet
ordre-là.

7. Texte écho
a. Cherchez les sens de « magot ».

Le mot « magot » est polysémique. Pour être plus précis, on peut dire qu'il existe deux
homonymes parfaits, à la fois homophones et homographes. L'un désigne un petit singe et, au
sens figuré, un homme laid. L'autre désigne une importante somme d'argent ; il est synonyme
de « trésor ».

b. Quel jeu de mots peut-on voir ici ?

L'auteur joue sur les différents sens : le « magot » est à la fois un homme laid mais « titré » et
un trésor « doré ». Autrement dit, les parents choisissent le futur époux de leur fille pour sa
richesse, pour la manne financière qu'il représente.

8.
Vers le commentaire
En quoi ce texte a-t-il une visée polémique ?
En quoi ce texte a-t-il une visée polémique ? I - Louise Michel manifeste son désaccord face à
l'éducation que reçoivent les jeunes filles a. L'implication de l'auteure se manifeste à travers
les nombreux procédés de modalisation, tels qu'une ponctuation expressive (phrases
interrogatives et exclamatives : « Est-ce qu'un cadavre émeut ceux qui ont l'habitude de
l'amphithéâtre ? », l. 13, « Qu'importe ! », l. 24), l'adverbe modalisateur « absolument » (l. 4)
marquant la certitude, les adjectifs « profonde » ou « nulle » (l. 6), etc. b. On remarquera que
le pronom personnel « Je » n'apparaît qu'à la première ligne « Jamais je n'ai compris qu'il y
eût un sexe pour lequel on cherchât à atrophier l'intelligence. » (l. 1-2). Le camp opposé est,
quant à lui, désigné plusieurs fois par le pronom personnel « on », absent de la situation
d'énonciation : « c'est cela qu'on veut » (l. 3-4), « on la laisse rêver dans une ignorance
profonde » (l. 6), « Où en serait-on si les agneaux ne voulaient plus être égorgés ? » (l. 21-22),
etc. Ainsi, elle pointe le décalage entre son opinion (marquée par une phrase négative) et la
pensée majoritaire à l'égard de l'instruction des filles. c. Enfin, l'emphase avec laquelle elle
défend son point de vue révèle le ton de la colère. On peut noter quelques structures
syntaxiques qui le mettent en valeur : « Jamais je n'ai compris... » (rejet du forclusif en tête de
phrase), « Mille fois plus innocente elle serait » (l. 10) (inversion de la place traditionnelle du
thème et du propos, accompagnée d'une hyperbole). II – L'auteure élabore une critique
virulente des méthodes d'enseignement et de la société dans laquelle elles s'exercent a. Elle
montre d'abord l'immoralité que sous-tend cette instruction en utilisant un vocabulaire
péjoratif : « Les filles, élevées dans la niaiserie, sont désarmées tout exprès pour être mieux
trompées » (l. 2-3) ou bien : « les gens civilisés préparent les jeunes filles pour être trompées
» (l. 19). Elle est faussement morale : « Sous prétexte de conserver l'innocence d'une jeune
fille » (l. 6) ou encore : « Ces feuilles de vigne tombées des pampres du vieux Silène ne font
que souligner ce qui passerait inaperçu » (l. 17-18). Elle en soulève enfin l'absurdité des
conséquences : « les gens civilisés préparent les jeunes filles pour être trompées, ensuite ils
leur en font un crime et un presque honneur au séducteur. » (l. 19-20) et ironise : « Quel
scandale quand il se trouve de mauvaises têtes dans un troupeau ! Où en serait-on si les
agneaux ne voulaient plus être égorgés ? » (l. 20-22). b. Elle illustre la situation des jeunes
filles en recourant à des images qui ont vocation à susciter l'indignation et l'horreur, comme
celle de la mort : « C'est absolument comme si on vous jetait à l'eau après vous avoir défendu
d'apprendre à nager, ou même lié les membres. » (l. 4-5). L'instruction des jeunes filles vise à
« atrophier » (l. 1) leur intelligence et à les réduire à l'« ignorance profonde » (l. 7). Enfin,
elles sont comparées aux « agneaux » (l. 22), figures innocentes, mais victimes sacrificielles
aussi. L'analogie animalière glisse progressivement vers d'autres espèces plus dangereuses et
menaçantes, à la fin du texte, telles que les « lionnes », « tigresses » et « pieuvres » (l. 25). c.
Enfin, elle démonte les méthodes d'enseignement en soulignant que la démarche la plus
morale et la plus à même de mettre en valeur l'intelligence des femmes se situe à l'opposé.
Cela apparaît à travers plusieurs constructions syntaxiques qui s'opposent et se répondent : «
Sous prétexte de conserver l'innocence d'une jeune fille » (l. 6) et « Mille fois plus innocente
elle serait » (l. 10) ou au sein de la même phrase, souligné par l'antithèse syntaxique : « La
nature et la science sont propres, les voiles qu'on leur jette ne le sont pas » (l. 15-16) ou
l'antithèse lexicale : « Ces feuilles de vigne tombées des pampres du vieux Silène ne font que
souligner ce qui passerait inaperçu » (l. 17-18).

Vous aimerez peut-être aussi