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Pour introduire l'explication on peut dire que Voltaire est un philosophe des lumières qui a écrit de

nombreux textes en se servant notamment de l'argumentation indirecte ici par le biais d'un conte
philosophique comme dans Zadig où ici dans candide pour défendre ses idées et combattre les
injustices de son temps. Ici nous sommes au chapitre 19 de candide et le personnage éponyme fait la
rencontre d'un esclave qui se trouve en forme mauvaise posture. Cette rencontre va donner lieu à un
réquisitoire contre l'esclavage. Je vais procéder à la lecture du texte :

La problématique peut se nouer autour de cette question : En quoi cet extrait dénonce-t-il non
seulement l'esclavage mais tout le système qui permet l'exploitation de l'homme par l'homme ? Le
texte peut se découper en 3 parties la première partie donc de la ligne 1 jusqu'à la ligne 4 qui est la
rencontre proprement dite ensuite la 2e partie de la ligne 5 jusqu'à la ligne 18 où nous avons le récit
de vie de l'esclave récit de vie horrible et enfin la 3e partie la réaction de candide et la remise en
cause de l'optimisme de la ligne 19 jusqu'à la fin. Je vais maintenant procéder à l'explication linéaire.

La première partie est la rencontre proprement dite Candide et cacambo approche de la ville et nous
notons l'usage d'un passé simple rencontrèrent qui permet la présentation de l'esclave rapide
présentation mais présentation symbolique puisqu’il s'agit ici de d'employer l'article indéfini un
nègre étendu par terre d'emblée la posture du personnage montre sa soumission physique et aussi
sociale il est un moins que rien il est tout en bas de l'échelle. On note aussi que pour tout vêtement il
n'a qu'un caleçon de toile bleue c'est à dire un vêtement qui dénote sa pauvreté et sa misère et ce
caleçon est de toiles là aussi la toile qui montre et souligne le travail qui est le sien un travail sans
doute harassant. Pas de point ici à la phrase un point virule comme si il s'agissait de jouer sur une
forme de surenchère et en effet la reprise avec le démonstratif ce pauvre homme nous place du côté
de l'esclave et du côté du scandale que représente l'esclavage nous sommes dans un registre qui est
pathétique il s'agit de toucher le lecteur de faire appel à ces sentiments et les données ici du texte
nous montrent bien que la mutilation relève précisément d'une dénonciation « il lui manque la
jambe gauche et la main droite » le nègre est mutilé sans doute car il a subi les pires sévices. La prise
de parole par candide accompagne cette présentation du personnage au discours direct l'interjection
« Eh, mon Dieu » montre d'emblée sa réaction et également l'interrogation « que fais-tu là mon ami
dans l'état horrible où je te vois ?» candide se place d'emblée du côté de l'esclave en l'appelant mon
ami et en signalant évidemment la condition qui est la sienne nous sommes prêts à nous lecteurs à
considérer désormais l'esclavage comme un crime.

La 2e partie que l'on pourrait considérer de la ligne 5 à la ligne 18 comme le récit de vie de l'esclave
débute par la réponse faite à candide par l'esclave lui-même « j'attends mon maître monsieur
Vanderdendur » avec un jeu de mots sur le nom du maître vendeur a la dent dure sans doute pour
signaler sa cruauté et ce qui justifie évidemment la présentation initiale dans la première partie du
texte que nous avons commenté. Deuxième question discours direct qui là serre d’embrayeur pour la
suite « est ce monsieur vanderdendur dit candide qui t'a traité ainsi » l'esclave va répondre par
l'affirmative en ajoutant une expression évidemment là aussi qui participe de la dénonciation de
l'esclavage c'est l'usage autrement dit sa position à lui esclave n'est pas une exception c'est celle de
tous les esclaves et c'est cette position qui témoigne de la cruauté de tout un système. La suite du
texte on nous donne un caleçon de toile montre les conditions dans lesquelles travaillent ici les
esclaves, ils n'ont qu'un vêtement 2 fois l'année ce qui est peu évidemment et souligne une nouvelle
fois le scandale. La phrase suivante repose sur un parallélisme « quand nous travaillons on nous
coupe la main quand nous voulons nous enfuir on nous coupe la jambe » justifie la mutilation initial
et participe là aussi d'une dénonciation et des conditions extrêmement violentes des esclaves dans
les colonies l'esclave lui n'a pas eu de chance il ajoute « je me suis trouvé dans les 2 cas » le présent
on nous coupe nous travaillons, nous voulons on nous coupe est un présent d'habitude, un présent
d'énonciation l'esclave revit dans le même temps qu'il l'énonce la violence qui a été là tienne. La
phrase suivante est directement adressée évidemment à candide mais aussi aux lecteurs avec le vous
« c'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe » il faut le prendre comme une adresse mais
aussi comme finalement le point central de la dénonciation c'est parce que vous voulez du sucre que
l'on traite des hommes ainsi. Le connecteur logique « cependant » va nous permettre de mieux
comprendre ce qu'on appelle le commerce triangulaire l'esclave est esclave le nègre de suriname est
dans cette position car c'est sa propre mère qui l'a vendue comme esclave, le discours ici est
intéressant parce que l'esclave lui-même va relayer le propre discours de sa mère et montrer ainsi
sur quel scandale moral repose l'esclavage, c'est sa mère qui l'a vendue car elle est convaincue de la
supériorité de l'homme blanc « bénis nos fétiches adoré les toujours ils te feront vivre heureux tu as
l'honneur des esclaves de nos seigneurs les blancs ». la culturation est ici un des piliers de la
colonisation en faisant croire ici que l'homme blanc a raison d'agir ainsi il convainc les esclaves de
travailler pour lui, la mère est heureuse de vendre son fils et c'est là tout le scandale on se sert des
sentiments maternels pour mieux asseoir une domination, l'esclave lui-même en est conscient c'est
là-dessus que Voltaire fait reposer tout son réquisitoire l'esclave à conscience d'être exploité il est un
être intelligent ainsi la domination est abjecte, l'esclave va prononcer une interjection de nouveau
« hélas je ne sais pas si j'ai fait leur fortune mais ils n'ont pas fait la mienne » son malheur est évident
il en a conscience et l'énumération des animaux qui suivent « les chiens les singes et les perroquets »
l'analogie prouve que cette fois il est encore plus bas de l'échelle qu'on pouvait le croire puisqu'il est
en dessous même des animaux. La colonisation repose on l'a dit sur l'exploitation des sentiments
maternels mais aussi sur la culturation par la religion « les fétiches hollandais qui m'ont converti »
autrement dit la colonisation et l'esclavage reposent également sur le fait de faire perdre un peuple
sa culture pour les convaincre de prendre notre religion et ainsi mieux les exploiter. Or l'esclave de
nouveau renverse ce mensonge « je ne suis pas généalogiste mais si ces prêcheurs disent vrai nous
sommes tous cousins issus de germains Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses
parents d'une manière plus horrible. »

La dernière partie du texte est peut être considéré comme la remise en question de l'optimisme
candide a eu un maître en philosophie appelé pangloss qui a disparu à ce moment-là du récit mais il
l'interpelle pour remettre en question son enseignement par-là de nouveau une sorte d'invocation
« o Pangloss » souligné par le ! « s'écria candide » candide va désigner tout ce qu'il vient d'entendre
tout le récit de vie de l'esclave par un démonstratif qu'on appelle anaphorique c'est à dire qu'il
reprend quelque chose qui le synthétise et qui le synthétise ici par une hyperbole « cette
abomination ». La suite juste après le point-virgule « c’en est fait », signale la décision radicale qui est
désormais celle de candide renoncée à l'optimisme d'ailleurs il dit « ton optimisme » ici l'article
possessif « ton optimisme » met à distance précisément ce sentiment heureux que la vie a beaucoup
à offrir mais devant ce scandale il n'en est plus rien ainsi la question directe posée par cacambo
« qu'est-ce que l'optimisme » sans article ni rien comme si il s'agissait déjà d'un mot étranger qu'on
ne comprend plus souligne de nouveau le scandale de l'esclavage disont par opposition, l'emploi de
« hélas » qui reprend aussi le « hélas » prononcé par l'esclave dans la 2e partie par candide ici cette
fois va permettre une nouvelle définition de l'optimisme c'est la rage de soutenir que « tout est bien
quand on est mal » on note l'antithèse entre bien et mal mais surtout de nouveau l’hybérerbol avec
la rage de soutenir désormais il n'en est plus question. La dernière phrase mets fin à l'épisode dit du
nègre de surinam il ne reste plus d'une certaine manière qu à pleurer « il versait des larmes en
regardant son nègre » l'article possessif son nègre alors qu’au début du texte nous avions un nègre
montre que candidat à désormais pris fait et cause pour l'esclave et du côté de Voltaire il s'agit
désormais de le dénoncer précisément avec la reprise « en pleurant » qui rappelle les larmes ici, le
pathétique va jouer sur les sentiments et va achever de persuader le lecteur.

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