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I – Les discours sociaux

Puisque le discours social renvoie à ce que la société dit d’elle-même. Nous allons, ici,
essayer de cerner tout ce que la société romanesque dit des «Misérables», en s’intéressant,
au même temps, à ce que ces misérables disent d’eux-mêmes.
Nous avons constaté dans l’étude des groupes sociaux, que «Les Misérables» représentent le
groupe essentiel du récit. Par conséquent, l’effervescence des discours sociaux y relatifs
serait évidente. Et dans le but de produire une analyse cohérente et claire, nous jugeons
utile de répartir ces discours selon des thématiques précises.

1. Le discours social sur l’enfant

Le discours sur l’enfant est l’un des discours sociaux qui se manifeste tout au long de
l'œuvre. Cosette ignorant l’existence de sa mère , elle s’imagine qu’elle est seul et cette
situation se répercute sur son comportement . Elevé dans une famille dirigée par une
femme , et en particulier par une femme très autoritaire, le personnage des Misérables
ressent avec acuité l'absence d’une mère qu’elle n’a jamais connue. On peut le lire à
travers :
«Tu n'as donc pas de mère?
Je ne sais pas », répondit l'enfant.
Avant que l'homme eût eu le temps de reprendre la parole, elle ajouta :
« Je ne crois pas. Les autres en ont. Moi, je n'en ai pas. »
Et après un silence, elle reprit : »
«Je crois que je n'en ai jamais eu.». (p.101)

Le narrateur dans ce passage , illustre clairement que Cosette n’ayant pas connaissance de
l’être qui l’a mise au monde se dit qu’elle «n’en a jamais eu» cette négation montre le
caractère solitaire de la jeune fille.
Le discours social sur l'enfant confère un aspect pathétique à l'œuvre que nous étudions
parce que le personnage, en l'occurrence Cosette, est présenté par le narrateur et perçu par
le lecteur comme une pauvre orpheline victime de la tyrannie de Mme Thenardier sa
bourgeoise qui, pour de simples peccadilles, lui sert fréquemment de sévères corrections
corporelles.
«Dès qu'il fut sorti, la Thénardier profita de son absence pour allonger sous la table à Cosette un grand

coup de pied qui fit jeter à l'enfant les hauts cris.» ( p.106 )

Dans cette partie, on constate de manière claire la violence qu’exerce cette «bourgeoise»
sur Cosette, la maltraitance , la brutalité qui tombait sur elle si elle ne se tenait pas bien.
Ils l’ont battue, elle affame et l'ont forcée à accomplir un travail lourd dans leur auberge. À
la garde des Thénardier, elle a été décrite comme "mince et pâle," elle portait des chiffons
pour les vêtements qui étaient posées sur sa peau meurtrie et rougie. Comme on peut le
lire dans ce passage qui appui encore cette idée maltraitance , si on peut se permettre de
dire l’être esclave dominé par son maître :
Elle fit ainsi une douzaine de pas, mais le seau était plein, il était lourd. elle fut forcée de le reposer à
terre. Elle respira un instant, puis elle enleva l'anse de nouveau, et se remit à marcher, cette fois un
peu plus longtemps. Mais il fallut s'arrêter encore. Après quelques secondes de repos, elle repartit. Elle
marchait penchée en avant, la tête baissée, comme une vieille.
Le poids du seau tendait et roidissait ses bras maigres.
L'anse de fer achevait d'engourdir et de geler ses petites mains mouillées; de temps en temps elle était
forcée de s'arrêter, et chaque fois qu'elle s'arrêtait l'eau froide qui débordait du seau tombait sur ses
jambes nues. Cela se passait au fond d'un bois, la nuit, en hiver, loin de tout regard humain; c'était un

enfant de huit ans. Il n'y avait que Dieu en ce moment qui voyait cette chose triste. (p.100)

2. Le discours social sur la pauvreté

S'il y a une chose qui a fortement marqué le héros du roman Les Misérables c'est bien la
pauvreté dont il a souffert, depuis l'enfance jusqu'à l'âge adulte. En effet , Jean Valjean est
issu d’une famille pauvre de paysans , il n’était pas parti à l’école, il devient vite émondeur
comme son père et, perds son père et sa mère en très bas âge. Privés de la présence du
père et des revenus qu'il procurait par son travail, Valjean n’était resté qu’avec une sœur
plus âgés que lui et qui avait sept enfants déjà financièrement dépourvue. Dès lors,
commence pour cette famille, une existence difficile et laborieuse où la résolution des
problèmes engendrés par la pauvreté constitue la préoccupation principale.
Il gagnait dans la saison de l'émondage vingt-quatre sous par jour, puis il se louait comme moissonneur,
comme manœuvre, comme garçon de ferme bouvier, comme homme de peine. (p.46)
Cela montre effectivement, l’existence difficile que ce dernier menait pour pourvoir aux
besoins de sa famille « il faisait ce qu’il pouvait » mais « C'était un triste groupe que la
misère enveloppa et étreignit peu à peu.»
Pour pouvoir apporté de l’aide à sa famille qui se trouve dans état de nécessiteux «La famille
n'eut pas de pain. Pas de pain. A la lettre. Sept enfants! ». L’ indigence va conduire ce dernier
à commettre un vole
Un dimanche soir, Maubert Isabeau, boulanger sur la place de l'Eglise, à Faverolles, se disposait à se cou-
cher, lorsqu'il entendit un coup violent dans la devanture grillée et vitrée de sa boutique. Il arriva à temps pour
voir un bras passé à travers un trou fait d'un coup de poing dans la grille et dans la vitre. Le bras saisit un pain
et l'emporta. Isabeau sortit en hâte; le voleur s'enfuyait à toutes jambes; Isabeau courut après lui et l'arrêta. Le
voleur avait jeté le pain, mais il avait encore le bras ensanglanté. C'était Jean Valjean. (p.46)

Cette scène pourrait à elle seule illustrer la situation matérielle des ces derniers , qui vivaient
dans un état de dénuement, une indigence dont les causes ont déjà été exposées.

3. Le discours social sur la religion

La religion occupe une place importante au sein de la société des Misérables , elle est un
fait socialement très clair dans la vie quotidienne de ces derniers surtout pour qui se
consacrent au culte comme la prière. « un homme dans l’attitude de la prière » p.61
Le discours religieux s'incarne au sein de la société du texte par l’enseignement que
Monseigneur Myriel transmet : «Celui que l'homme tue, Dieu le ressuscite; celui que les frères chassent
retrouve le Père. Priez, croyez, entrez dans la vie ! le Père est là » p.22 . Dans ce passage , l’auteur veut

nous montrer que la religion libère l’homme de tous qu’il a pu faire en l’affranchissant de
ces fautes et qu’elle ne s’attarde pas à regarder le statut ou la classe sociale.
En effet, la charité divine parle par la bouche de Monseigneur Myriel. : « Vous vous appelez mon
frère » p.42 . Dans ce passage, l’auteur marque sa grande idée de fraternité. Et poursuit en
disant : « Jean Valjean, mon frère, vous n'appartenez plus au mal, mais au bien. C'est votre âme que je vous
achète; je la retire aux pensées noires et à l'esprit de perdition, et je la donne à Dieu.» p.58 . Monseigneur
Myriel figure de la justice divine dans le texte , sauve Jean Valjean d’une arrestation par un
mensonge et le retire aussi ainsi des ténèbres dans lequel il se trouvait , il est la
représentation de la «lumière» divine.
II n'avait pas fallu moins que le premier pour détremper le second. Par un de ces effets singuliers qui
sont propres à ces sortes d'extases, à mesure que sa rêverie se prolongeait, l'évêque grandissait et
resplendissait à ses yeux, Jean Valjean s'amoindrissait et s'effaçait.
A un certain moment il ne fut plus qu'une ombre.
Tout à coup il disparut. L'évêque seul était resté. remplissait toute l'âme de ce misérable d'un
rayonnement magnifique. ( p.61 )

Dans ce paragraphe, on remarque clairement la transformation qui s’opère en Jean Valjean


après que l’évêque lui ai racheté. On remarque une sorte d’éveil de la conscience de Jean
Valjean , qui se trouve converti au bien par la charité divine qui anime Monseigneur Myriel.

II – Les sociogrammes

Nous avons vu que le sociogramme désigne généralement le thème principal qui présente la
réalité sociale de l'auteur et qui se constitue principalement autour d'un noyau conflictuel.
Dans Les Misérables , les thèmes de «la pauvreté », de «l’injustice » et de la «guerre»
constituent l’univers sociogrammatique de l’œuvre.

1. Le sociogrammes de la pauvreté

Le sociogramme de la pauvreté structure la situation morale des personnages et met en


évidence leur comportement face aux événements qui se déroulent dans leur vie. Ce
sociogramme divise des personnages en deux groupes. Le premier groupe est composé des
personnages accablés par la misère et le deuxième comprend ceux qui possèdent un
caractère plus compliqué. En générale, le sociogramme de la pauvreté et en opposition ces
deux groupes. La pauvreté de Fantine est mise en avant par un vocabulaire péjoratif avec les
termes “cellule” et “mansarde fermée”, ces expressions donnent l’impression d’une prison
et soulignent un sentiment d’enfermement du personage avec une atmosphère étouffante
montrant la pauvreté de l'habitation de Fantine. Par le parallélisme de la phrase « Elle avait
perdu la honte, elle perdit la coquetterie » le romancier nous indique que la jeune femme
est en train de tout perdre. Le dénuement de Fantine ne s'arrête donc pas aux lieux de vie
mais est également visible sur elle-même. De plus, cette situation ne cesse de s'aggraver
comme nous le montre la répétition de négations « elle n'avait plus » et « elle ne
raccommodait plus » . Cette misère est également physique et morale.
Marius est une représentation des personnages du deuxième groupe. Malgré les situations
malheureuse de la vie, il garde toujours sa simplicité d’esprit et se présente comme un
guide pour les autres habitants :
« — Pourquoi les renvoie-t-on ? dit-il.
— Parce qu'ils ne paient pas leur loyer. Ils doivent
deux termes.
— Combien est-ce ?
— Vingt francs, » dit la vieille.
Marius avait trente francs en réserve dans un tiroir.
« Tenez, dit-il à la vieille, voilà vingt-cinq francs.
Payez pour ces pauvres gens, donnez-leur cinq francs, et ne dites pas que c'est moi. »

2. Le sociogrammes de l’injustice

Le sociogramme de l’injustice évoquée par le mépris des malheureux. Ce mépris des


traine-misère constitu l'un des motifs principaux qui renforce la lisibilité de cette œuvre. En
effet, ce motif met en évidence les différents conflits qui oppose les personnages , elle est la
raison fondamentale de leur malheur. Elle est à l'origine de leurs souffrances, mais aussi des
expériences désagréables de la vie. Jean Valjean le héros de ce roman montre comment un
petit acte de méchanceté peut conduire à une conséquence inimaginable.

Ceci se passait en 1795. Jean Valjean fut traduit devant les tribunaux du
temps « pour vol avec effraction la nuit dans une maison habitée ».
... Jean Valjean fut déclaré coupable. Les termes du code étaient formels.
Il y a dans notre civilisation des heures redoutables, ce sont les moments
où la pénalité prononce un naufrage. Quelle minute funèbre que celle où la
société s'éloigne et consomme l'irréparable abandon d'un être pensant.
Jean Valjean fut condamné à cinq ans de galères. (p.46-47)

Cela nous permet ainsi de lire comment au XIXème siècle la justice pouvait peut être cruelle
envers des crimes qui sont insignifiants car il sera forcé de passer dix-neuf ans en prison
après du pain pendant une période récession et être indulgents avec d’autres qui méritaient
vraiment une condamnation. La justice devenait ainsi juste envers les injustes et injustes
envers ceux-là qui n’avaient vraiment pas commit d’acte cruel. Le Patron-Minette une
bande de criminelle parisienne, qui rôdent dans les rues de Paris et leurs associés
commettent des crimes bobines, tels que voler et assassiner, mais sont condamnés à moins
de temps dans les prisons qui sont ainsi faciles référence à échapper.
Ils faisaient sur le passant le coup d’état d’en bas. Les trouveurs d’idées en ce genre, les hommes
à imagination nocturne, s’adressaient à eux pour l’exécution. On fournissait aux quatre coquins
le canevas, ils se chargeaient de la mise en scène. Ils travaillaient sur scénario. Ils étaient
toujours en situation de prêter un personnel proportionné et convenable à tous les attentats
ayant besoin d’un coup d’épaule et suffisamment lucratifs. Un crime étant en quête de bras, ils
lui sous-louaient des complices. Ils avaient une troupe d’acteurs de ténèbres à la disposition de
toutes les tragédies de cavernes.

Ces passages nous montres la société française des Misérables, par conséquent, la justice
est au mieux maladroit. Il punit peine les pires criminels, mais déchire la vie des personnes
qui commettent des délits mineurs.
D’autres part , le sociogramme de l’injustice sociale peut apparaître à travers le personnage
de Fantine , un autre exemple de l'injustice dans Les Misérables. Après qu'elle devient
enceinte, son amant, Tholomyès la quitte, elle reste seule avec une petite fille à sa charge.
Elle fait tout ce qu'elle peut pour faire de l'argent et l'envoyer au Thénardier ne sachant pas
qu'ils prennent l'argent pour eux-mêmes et se tournent Cosette dans un esclave.

3. Le sociogrammes de la guerre

La dernière configuration sociogrammatique sur laquelle nous voulons nous arrêter est celle
de la guerre. Elle est construit autour d’un fait social majeur, qui caractérise notre corpus, à
savoir la lutte des classes. Ce sociogramme se construit autour d’un noyau conflictuel qui
met au point l’insurrection républicaine à Paris en Juin 1832 et qui avait pour origine une
tentative des Républicains de renverser la monarchie de Juillet, pour dire la société du
roman. En effet, il existe de nombreuses représentations qui mettent en valeur le caractère
de la réalité des personnages. Loin d'exposer l'aspect répressif et violent de ces batailles
livrées par l'armée, supérieure en armes et en équipements, le sociogramme sur la guerre
tend à présenter les insurgés comme des barbares. En effet , le roman relate plusieurs cas
d'actes de cruauté attribués aux au misérables « « C'est la souris qui a pris le chat », dit Gavroche. On
attache le policier. On lui annonce qu'il sera exécuté deux minutes avant que la barricade ne soit prise.»

cependant, le lecteur ne retrouve pas la moindre évocation des traitements inhumains et


dégradants infligés aux misérables tant par les militaires que par le gouvernement et qui
sont révélés grâce au hors-texte. La mort du général Lamarque en 1832, alors que Lafayette
prononce son éloge funéraire un drapeau rouge se lève dans le convoi et, sous le regard
effaré de Lafayette, les obsèques dégénèrent soudain en affrontement entre manifestants
et garde nationale. Cela fut le signe précurseur de cette tragédie.

Alors tout est dit, la tempête se déchaîne, les pierres pleuvent, la fusillade éclate, beaucoup se
précipitent au bas de la berge et passent le petit bras de la Seine aujourd'hui comblé; les chantiers de
l'île Louviers, cette vaste citadelle toute faite, se hérissent de combattants; on arrache des pieux, on
tire des coups de pistolet, une barricade s'ébauche, les jeunes gens refoulés passent le pont
d'Austerlitz avec le corbillard au pas de course et chargent la garde muni-cipale, les carabiniers
accourent, les dragons sabrent, la foule se disperse dans tous les sens, une rumeur de guerre vole aux
quatre coins de Paris, on crie: « Aux armes! » on court, on culbute, on fuit, on résiste.

Les insurgés , en tant que groupe social, apparaissent comme des gens patriotiques qui ont
tenté de renverser la monarchie de Juillet. Victor Hugo, qui en a été le témoin, rapporte
l’événement dans Les Misérables, le rendant mémorable, représentant l’insurrection

comme une force qui va. Cependant, la répression est sanglante « Une balle pourtant, mieux

ajustée ou plus traître que les autres, finit par atteindre l'enfant feu follet.» , Gavroche recrues lors de
l’insurrection républicaine des 5 et 6 juin 1832 trouvera la mort.
Il n'acheva point. Une seconde balle du même tireur l'arrêta court. Cette fois il s'abattit la face contre
le pavé, et ne remua plus. Cette petite grande âme venait de s'envoler. (p.190)

III – Les différentes idéologies

1. L’idéologie politique

Dans Les Misérables Victor Hugo fait le récit d’un groupe social qui lutte contre la misère à
travers le personnage Enjolras il exprime ces idées . Dans la première moitié du XIXe siècle,
la France connaît une révolution industrielle engendrant des transformations économiques.
La classe des ouvriers naît. Soumis à de longues journées de travail, sans sécurité, ces
travailleurs gagnent trop peu et vivent dans une misère absolue. Il a défendu L’idéal de la
liberté et de l’unification des peuples «nous allons à l’union des peuples » qui montre
effectivement son rêve d’unité , de fraternité , d’égalité et de liberté comme l’illustre ce
fragment ci-dessous :
Citoyens, quoi qu'il arrive aujourd'hui, par notre défaite aussi bien que par notre victoire, c'est une
révolution que nous allons faire. De même que les incendies éclairent toute la ville, les révolutions
éclairent tout le genre humain. Et quelle révolution ferons-nous? Je viens de le dire, la révolution du
Vrai. Au point de vue politique, il n'y a qu'un seul principe : la souveraineté de l'homme sur lui-même.
Cette souveraineté de moi sur moi s'appelle Liberté. Là où deux ou plusieurs de ces souverainetés
s'associent commence l'État. Mais dans cette association il n'y a nulle abdica-tion. Chaque
souveraineté concède une certaine quantité d'elle-même pour former le droit commun. Cette quantité
est la même pour tous. Cette identité de concession que chacun fait à tous s'appelle Égalité.
Le droit commun n'est pas autre chose que la protection de tous rayonnant sur le droit de chacun.
Cette protection de tous sur chacun s'appelle Fraternité. Le point d'intersection de toutes ces
souverainetés qui s'agrègent s'appelle Société. (p.185)

Il poursuit en réclamant également une école gratuite et obligatoire pour chaque citoyens :
L’égalité a un organe : l’instruction gratuite et obligatoire. Le droit à l'alphabet, c'est par là qu'il
faut commencer. L'école primaire imposée à tous, l'école secondaire offerte à tous, c'est là la loi. De
l'école identique sort la société égale. Oui, ensei-gnement! Lumière! lumière! tout vient de la lumière
et tout y retourne. Citoyens, le XIXe siècle est grand, mais le XXe siècle sera heureux. (p.185-186)

Dans ces passages nous lisons avec clarté l’idée de réconciliation des classes de la société et
les nations que l’auteur nous laisse voir.

2. L’idée de refus de la misère

Dans le romans Les Misérables , ils assignent à la misère dans son rapport au travail. Elle
est sans doute dans ce défaut de travail qui laisse Jean Valjean sans pain pour nourrir les
sept enfants de sa sœur durant l'hiver 1795, dans cette fermeture de débouchés qui pousse
Fantine sur les routes avec Cosette sur le dos. Elle est aussi dans le prix auquel se vend le
travail : tous les salaires des misérables sont misérables. Rien pour Cosette à l'auberge (à
peine le gîte, le linge et le couvert); quatre sous pour les filles Thénardier dans l'industrie du
cartonnage; quinze pour Jean Valjean dans la manutention ; trente pour Champmathieu
dans la "chose de charron" ; "un peu" pour sa fille dans la blanchisserie; "peu de chose"
pour Fantine à l'usine. C'est l'oisiveté, non le travail, qui se rémunère le mieux. Lorsque Jean
Valjean avance aux Thénardier le prix de la paire de bas que doit tricoter Cosette, il offre
cinq francs, le triple des trente sous que valent ces bas (quatre jours de travail) : «
Maintenant ton travail est à moi», dit-il. La misère est surtout le produit du travail, à la
réalité mieux avérée que ces verroteries noires de Montreuil-sur-Mer produites à plusieurs
kilomètres du littoral. Donner "à tous le travail" constitue l'utopie des insurgés. Préférer à
l'esclavage du banditisme la vie simplement laborieuse d'un ouvrier honnête est le conseil
donné au malfrat par le bien nommé Leblanc - lequel n'est autre que Jean Valjean devenu
garde national et habitant bourgeoisement la rue Plumet. Mais le roman n'offre pas
d'exemple de travail qui, en échange du salaire, n'exige la jeunesse , la vie à venir ou la
totalité de l'existence, passé compris : Fantine abandonne Cosette pour pouvoir chez
Madeleine vivre de "la vie saine du travail"!. , grâce au "peu de chose" qu'elle y gagne.
Étonnante imprécision du narrateur, qui ne donne pas le montant de ce salaire pourtant
payé par un employeur modèle ? Ce "peu de chose", cette petite chose, c'est Cosette. Le
travail de Marius, "pauvre", "indigent", mais non misérable. n'est de "peu de labeur" que
dans la mesure où ses "besognes quelconques", puis son emploi d'utilité dans la librairie" -
*Il faisait des prospectus, traduisait des journaux, annotait des éditions, compilait des
biographies, etc., ne sont pas salariés?.
Comparer la machine de l'oisiveté à un laminoir, comme le fait Leblanc pour pousser
Montparnasse au travail, n'est pas de bonne rhétorique : cette "chose sournoise et féroce
où vous (...) passez tout entier", si elle vous attrape le pan de votre habit", il la retrouverait,
non par métaphore. C'est peut-être, comme le pense Jean Valjean à l'entrée du bagne, "un
acte de folie (...) de se figurer qu'on sort de la misère par le vol"I3 : mais il est raisonnable de
constater qu'on y entre par le travail. En 1817, la "sérénité du travail" n'est plus qu'un reste
sur le visage des ouvrières, dans le portrait pittoresque qu'en dresse le narrateur : c'est "la
sainte anxiété du travail réclamant ses droits" qui provoque l'insurrection de juin 18484.

3. L’idéologie libérale

Pour le libéralisme classique, le rôle légitime de l'État est la protection des libertés
individuelles. L'État assure les fonctions dites « régaliennes » de police, de justice et de
défense. En effet , la révélation de la misère provoque chez l’écrivain une pitié pour les
pauvres , sentiment profond , qui sera à l’origine de toutes ses activités sociales et
politiques. Cette misère qui conduit au personnage principal Jean Valjean au vol d’un pain ,
dont les Misérables racontent l’histoire, a été envoyé au bagne. Hugo sera le porte parole
des misérables.

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