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La nuit du 14 au 15 août 1791 est un tournant dans l’histoire de l’humanité.

Cette nuit-là, de nombreux esclaves des grandes plantations sucrières du nord de Saint-
Domingue (République d’Haïti) se réunirent au lieu dit Bois Caïman sur la plantation
Lenormand de Mézy et, pour se donner du courage, organisèrent une cérémonie vaudou au cours
de laquelle les participants sacrifièrent un cochon noir et burent son sang.

Cette prière aurait été prononcée.

Le dieu qui a créé la terre, qui a créé le soleil qui nous donne la lumière.
Le dieu qui détient les océans, qui assure le rugissement du tonnerre.
Dieu qui a des oreilles pour entendre : toi qui es caché dans les nuages, qui nous montre d’où
nous sommes, tu vois que le blanc nous a fait souffrir.
Le Dieu de l’homme blanc lui demande de commettre des crimes.
Mais le Dieu à l’intérieur de nous veut que nous fassions le bien.
Notre dieu, qui est si bon, si juste, nous ordonne de nous venger de nos torts.
C’est lui qui dirigera nos armes et nous apportera la victoire.
C’est lui qui va nous aider.
Nous devrions tous rejeter l’image du dieu de l’homme blanc qui est si impitoyable.

Écoutez la voix de la liberté qui chante dans tous nos cœurs !

Le vaudou est une religion importée d’Afrique – officiellement reconnue en Haïti – qui permit
aux esclaves déportés de résister secrètement malgré les pressions mentales de leurs
tortionnaires.

Le vaudou – les esclaves réunis ce soir là le savaient bien – a toujours terrorisé les Européens.

Ensuite, les conjurés se séparèrent et ce qui était prévisible depuis que Richelieu, 149 ans plus
tôt, avait officieusement autorisé l’esclavage, arriva.
Huit jours après la cérémonie, dans la nuit du 22 au 23 août 1791 (ou du 21 au 22 selon certaines
versions) les esclaves des cinq plus grandes habitations de la région se soulevèrent.

Au son du tambour et du lambi, ils brûlèrent plus de mille propriétés et, répondant à la terreur par
la terreur, massacrèrent systématiquement tous les Européens qu’ils rencontrèrent, femmes et
enfants compris.

Les révolutionnaires, commandés par Dutty Boukman, secondé par Jean-François


Papillon, Georges Biassou et Toussaint, progressèrent jusque vers le Cap où ils affrontèrent
l’armée esclavagiste.

Leur défaite ne fut que provisoire. Les troubles ne cessèrent pas. Et l’on peut considérer que la
cérémonie du Bois Caïman marque la fin de l’esclavage en Haïti et peut-être de l’esclavage tout
court.

Dessalines allait reprendre le même slogan radical en 1802 : « Koupé Têt ! Bwilé Kay ! »

« Coupez les têtes, brulez les maisons ! »

C’est pourquoi l’Unesco a choisi le 23 août, une date qui marque l’apogée de l’insurrection
générale comme journée du souvenir de la traite raciste européenne.

Une réaction au sujet de « Bois Caïman »


1. Hugues

Puisqu’il n’y a pas et n’a jamais existé de caïman dans cette région du
pays, c »est plutôt dans les BWA KAY IMAM (bois près de cheZ l’Imam).
On a longtemps osculté la présence des negro-musulmans parmi le
Africains faits esclaves dans les Amériques.
Duty Bookman (L’Homme au Livre) était de ceux-la. C’etait un esclave
rebelle vendu/venu de la Jamaïque. La petite histoire rapporte que son
nom vient du fait qu’on le voyait souvent lire un livre « tête en bas »;
l’arabe se lisant de droite à gauche.
Des vestiges musulmans sont encore visibles sur les tombes et caveaux
familiaux à Cap-Rouge, en dehors de Jacmel.

Cérémonie du Bois-Caïman
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Cérémonie du Bois-Caïman

Informations générales
Date 14 août 1791

Lieu Bois-Caïman, à « Morne-Rouge » île de Saint-Domingue

Issue Victoire des insurgés

Belligérants
Colonie française de Saint-Domingue Esclaves noirs insurgés

Commandants
Dutty Boukman

Pertes
1 000

Révolution haïtienne
Batailles
Bois-Caïman · Croix-des-Bouquets · Morne Pelé ·1re La Tannerie · Port-au-Prince · Le Cap-
français ·Marmelade · Fort-Dauphin · 1re Tiburon · Acul ·La Bombarde · 2e Tiburon · Les Gonaïves ·Port-
Républicain · 1re Dondon · 2e La Tannerie ·Saint-Marc · Léogane · Saint-
Raphaël · Trutier ·3e Tiburon · 1re Verrettes · Grande-Rivière ·Las Cahobas · Mirebalais · 2e Verrettes ·Petite-
Rivière · 2e Dondon · 1re Les Irois · Jean-Rabel ·2e Les Irois · Jacmel
Expédition de Saint-Domingue
La Ravine-à-Couleuvres · Kellola · Plaisance ·La Crête à Pierrot · Port-au-Prince · Vertières
Coordonnées 18° 15′ 00″ nord, 72° 06′ 00″ ouest

Géolocalisation sur la carte : Haïti

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La cérémonie du Bois-Caïman est une réunion d'esclaves marrons la nuit du 14 août 1791,
considérée en Haïti comme l'acte fondateur de la révolution et de la guerre d'indépendance. C'est le
premier grand soulèvement collectif de Haïti contre l'esclavage.
L'UNESCO a choisi le 23 août en référence au soulèvement qui a suivi cet évènement comme
« Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition »1.

Sommaire

 1Bois-Caïman
 2Littérature
 3Notes et références
 4Voir aussi
o 4.1Articles connexes
o 4.2Liens externes

Bois-Caïman[modifier | modifier le code]


Bois-Caïman est un lieu reculé de l'habitation Lenormand de Mézy à « Morne-Rouge » sur l'île
d'Hispaniola l'actuelle Haïti.
La nuit du 14 août 1791, Dutty Boukman y organise une cérémonie politique et religieuse pour un
grand nombre d'esclaves. La prêtresse Mambo, Cécile Fatiman, plonge un couteau dans un cochon
noir créole sacrifié, et les assistants boivent son sang afin de devenir invulnérables. Boukman
ordonne alors le soulèvement général. En rassemblant les différentes tribus africaines dans leur
quête de liberté, le vaudou est ainsi un catalyseur dans la révolte des esclaves de Saint-Domingue.
Ce soulèvement a lieu la nuit du 21 au 22 août où les esclaves de cinq habitations brûlent celles-ci
et massacrent les Blancs, femmes et enfants compris. Pendant une dizaine de jours, la plaine du
Nord est en flammes. On décompte près de 1 000 Blancs assassinés, 161 sucreries et 1 200
caféières brûlées. Boukman s'avance jusqu'au Cap-Français. Les autorités ripostent et Boukman
périt au combat, à la tête de ses troupes. On expose sa tête au Cap car il passe pour invulnérable
auprès des esclaves.
Malgré la riposte, la révolte n'est pas vaincue. D'autres chefs succèdent à Boukman : ses
lieutenants Jean-François et Biassou, ainsi que Toussaint qui ne s'appelle pas encore Louverture.
Récemment, certains ont déformé Bwa Kayiman (Bois-Caïman en créole haïtien) en Bwa Kay Iman,
afin de lier cette cérémonie vodou aux pratiques musulmanes. Mais leur théorie a été démolie par
les dernières études2.

Littérature[modifier | modifier le code]


Cette cérémonie est illustrée dans la bande dessinée La Petite Fille Bois-Caïman de François
Bourgeon (tome 6 des Passagers du vent, éd. 12 bis, 2009, p. 71-72), ainsi que dans Les Fantômes
d'Hispaniola de Jean-Pierre Pécau, Fred Duval et Fred Blanchard (tome 35 de la
série uchronique Jour J, 2018).
L'écrivain et poète Hérard Dumesle a écrit « Macanda », recueil de poésie en prose sur la
cérémonie de Bois-Caïman et à la gloire à l'esclave rebelle François Mackandal.
Elle est également évoquée dans le roman Le Royaume de ce monde d'Alejo Carpentier.

La cérémonie du Bois-Caïman : mythe ou


réalité
Publié le 2015-03-16 | Le Nouvelliste
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Islam Louis Etienne L’événement du 14 août 1791 met en évidence le problème de la production
de la connaissance historique et de son appropriation. La science historique est une discipline
problématique. Le discours sur l’histoire est toujours confronté à ce problème de légitimité. En
affirmant que c’est l’historien qui fait l’histoire, Annah Arendt, dans « Les conditions de
l’homme moderne » met le doigt sur l’une des plus grandes plaies du savoir historique : la
question de la subjectivité. C’est sans doute en vertu de cette question qu’on peut avoir autant de
récits et d’analyses parfois même contradictoires sur un même évènement. L’historien ou encore
celui qui écrit l’histoire proposera une version en fonction de ses sensibilités idéologiques. Le
problème a toujours été posé hier et aujourd’hui, ici et ailleurs pour déterminer qui détient
l’autorité du savoir historique. D’ailleurs, la liberté d’interprétation donne naissance à plusieurs
courants de pensées où les arguments s’affrontent et se contredisent pour un seul et même sujet.
La force de l’historien au XXIe siècle est sa capacité d’analyser les faits , de recréer l’ambiance
et d’aboutir à des conclusions qui reposent sur un enchaînement logique qui permet d’introduire
de nouvelles vérités qui prennent le contre-pied de celles jusque-là admises. Comme bon nombre
de faits de notre histoire de peuple, la cérémonie du Bois Caïman suscite beaucoup de
controverses. Chaque historien propose une version différente des faits au point que les lecteurs
se perdent, ne sachant à quelle version se fier. Les chercheurs se livrent à une véritable course à
la vérité sur l’évènement du 14 août 1791 .Cependant, certains paramètres reviennent dans toutes
les versions et retiennent l’attention. Ils constituent des éléments d’analyse sur lesquels on mettra
l’accent pour réaliser cette étude et orienter l’opinion. Certains lecteurs ont tendance à confondre
vérité et nouveauté. La nouveauté, par la sensation qu’elle crée, amplifie la diffusion. Voilà
pourquoi, même absurdes, les thèses avancées par ceux qui dénaturent l’histoire se répandent
comme une traînée de poudre en nous écartant de la vérité historique.. La cérémonie du Bois
Caïman, diversement interprétée, est une réunion d’esclaves marrons réalisée dans la nuit du 14
août 1791. Elle est considérée en Haïti comme l’acte fondateur de la Révolution et de la guerre
de l’indépendance. C’est le premier grand soulèvement collectif contre l’esclavage qui mit fin à
la traite négrière. Elle a succédé à ceux menés en 1676 par Padréjean et en 1757 par François
Mackendal. Cérémonie religieuse ou congrès politique Le 14 août 1791, d’après certains
historiens, il y a eu un rassemblement d’esclaves marrons à caractère politique mais ayant épousé
une certaine forme de manifestation religieuse. La religion devait galvaniser cette effervescence
révolutionnaire ayant animé les marrons qui entendaient briser à tout prix les chaînes de
l’esclavage. L’idée de cérémonie religieuse est apparue de manière beaucoup plus marquée à
travers un certain discours porté non par les historiens, mais par une certaine idéologie
christianiste. Cependant, avec l’évolution des mœurs, une manifestation religieuse n’est pas
forcément chrétienne. D’autres historiens croient qu’à travers cette cérémonie, nos ancêtres
auraient remis le destin de la nation aux loas d’Afrique, c’est-à-dire aux diables et que notre état
de pauvreté extrême est directement lié au fait que le pays a été, depuis cette alliance de sang ,
dirigé par des puissances diaboliques. L’amélioration de la situation du pays passe
irrévocablement par la révocation de ce contrat passé avec le diable. Certains croyants zélés et
extrémistes se sont même rendus sur les lieux pour mettre fin à la mainmise du diable sur le
devenir de la nation. On retrouve certainement cette tendance à l’amplification de l’aspect
religieux chez certains vodouisants pour qui le vodou est nécessaire et indispensable pour la
conquête de la liberté des esclaves. Ils se servent de cet argument pour montrer l’importance de
cette religion enracinée dans la culture nationale et pour réclamer un traitement beaucoup plus
digne et beaucoup plus honorable du vodou par les responsables de l’État. Par contre, pour les
éléments de la classe moyenne, la cérémonie du Bois Caïman est un congrès essentiellement
politique. Ils écartent littéralement l’exagération du poids religieux dans le traitement du dossier
contrairement à ce que veulent faire croire les chrétiens et les vodouisans. Ils pensent que si
l’utilisation de la religion dans la cérémonie est un fait avéré, on ne peut pas pour autant réduire
l’événement à une manifestation religieuse. Ce qui s’est passé au Bois Caïman est vu comme une
réunion ou les esclaves fuyaient l’enfer colonial, échangeaient des idées et envisageaient des
dispositions pour mener une révolte qui pourrait conduire à l’effondrement du système
esclavagiste. Comme tout congrès, la cérémonie finit par une résolution, produit des échanges
entre les marrons. Il fallait finir avec l’ordre colonial. La cérémonie du Bois-Caïman :
l’évènement La cérémonie s’est déroulée au Bois Caïman chez l’Iman (Bois Kay Iman) en
créole. C’est un lieu retiré et reculé de l’habitation Lenormand de Mézy située dans la plaine du
Nord à quelques kilomètres de la ville du Cap-Haitien dans le département du Nord. La plaine du
Nord comptait à l’époque cinq mille habitants. C’était une zone très fertile. On y récoltait du bon
café, des bois de campêche, un sirop supérieur servant à la fabrication du tafia, principale
industrie de cette commune. On y trouvait aussi des minerais de cuivre et d’argile. Actuellement,
il ne reste pas grand-chose de l’espace ou la cérémonie a eu lieu. Des constructions anarchiques
et l’irresponsabilité de nos dirigeants ne nous permettent même pas d’identifier cet espace à la
fois glorieux et historique. La cérémonie était conduite par deux personnages principaux : Dutty
Boukman et Cécile Fatiman. Boukman ou Zamba Boukman est né à la Jamaique. Il était éduqué,
de haute taille et savait lire et écrire, d’où son surnom (book man à la Jamaïque) qui est devenu
Boukman en Haiti. Il avait la confiance de son maître et a occupé des postes de responsabilité. Il
était d’abord contremaître puis cocher sur la plantation Clément. Si pour certains, il est un prêtre
vodou, un hougan, pour d’autres il n’est qu’un guide religieux, un iman. Cécile Fatiman était une
prêtresse vodoue, une mambo. Elle fut extraordinaire pour sa prestation à la cérémonie
considérée comme le point de départ de la révolution haitienne. Elle était la fille d’une esclave
africaine et d’un Blanc de Corsica. Elle était venue avec sa mère comme esclave à St-Domingue.
Elle est connue comme une femme élancée ayant de longs cheveux et des yeux verts. Elle a
coprésidé la cérémonie avec Boukman qui proclama Jean François, Biassou et Jeannot comme
leaders de la résistance et de la révolte devant aboutir à l’abolition de l’esclavage à St-Domingue.
On a bu du sang à la cérémonie pour exhorter les participants à se révolter contre les oppresseurs
français. Certains historiens soutiennent la thèse que le sang absorbé provenait d’un cochon noir
qui a été sacrifié par Cécile Fatiman ; d’autres au contraire nient le fait qu’un porc a été égorgé
sans pour autant réfuter l’utilisation du sang par les participants. Ils affirment qu’en lieu et place
de l’animal, un homme nommé Jean-Baptiste Vixamar s’est offert en sacrifice. De toute façon, le
sang devait constituer le serment qui lierait les esclaves aux Blancs oppresseurs. Pour combler le
vide, le fervent Vixamar aurait pris la place de l’animal en s’égorgeant volontairement pour
s’assurer que le rassemblement produirait le résultat escompté. C’est une étrange similitude avec
le sacrifice expiatoire de Jésus qui a donné sa vie pour sauver l’humanité ! Ce sang, quelle que
soit sa provenance, était un breuvage qui devait rendre les esclaves invulnérables dans la lutte
pour la libération de St-Domingue. Pendant la cérémonie, Cécile Fatiman était possédée par le
loa Erzulie. Elle sera la femme de Louis Michel Pierrot, général de l’armée révolutionnaire
haïtienne, devenu plus tard président d’Haiti. Pendant la cérémonie, Boukman avait fait une
prière qui est restée célèbre : «Le dieu qui a crée la terre, qui a crée le soleil qui nous donne la
lumière. Le dieu qui détient les océans, qui assure le rugissement du tonnerre. Dieu qui a des
oreilles pour entendre, toi qui es caché dans les nuages Qui nous montres ou nous sommes, tu
vois que le blanc nous a fait souffrir. Le dieu de l’homme blanc lui demande de commettre des
crimes Mais le dieu à l’intérieur de nous veut que nous fassions le bien. Notre dieu qui est si bon,
si juste nous ordonne de nous venger de nos torts. C’est lui qui dirigera nos armes et nous
apportera la victoire C’est lui qui va nous aider Nous devons tous rejeter l’image du dieu de
l’homme blanc Qui est impitoyable Ecoutez la voix de la liberté qui chante dans tous nos
cœurs.» Ce soulèvement eut lieu dans la nuit du 21 au 22 août 1791. Les esclaves brûlèrent cinq
habitations, massacrèrent les Blancs sans retirer les femmes et les enfants. Pendant une dizaine
de jours, ils mirent la plaine du Nord en flammes. Les statistiques donnent le décompte suivant :
près de mille Blancs assassinés, cent soixante-et-une sucreries et mille deux cents caféières
brûlées. Boukman poussa jusque vers le Cap francais.Ce n’est qu’alors que les autorités
ripostèrent. Boukman périt à la tête de ses troupes. Comme il passait pour être invulnérable aux
yeux des esclaves, on exposa sa tête au Cap. Malgré la riposte, la révolte ne fut pas vaincue.
D’autres chefs se succédèrent à Boukman comme ses lieutenants Jean-François, Biassou et
Toussaint. Dantès Bellegarde pense que la cérémonie du Bois Caïman est l’assemblée qui
déclencha la plus grande des révoltes d’esclaves qui ait jamais été vue dans les Amériques et qui
mena dans l’espace d’une douzaine d’années à la création d’Haïti au milieu des ruines de la plus
riche colonie des Caraibes. En Haïti , on fêta avec faste son centenaire puis son bicentenaire pour
montrer son importance symbolique dans la création de l’identité culturelle haitienne. Meme si
l’événement fait l’objet de nombreuses controverses, il est toutefois difficile de l’écarter encore
moins de l’ignorer. Même par ses opposants les plus farouches qui nient catégoriquement toute
association entre le nationalisme haïtien et le vodou. Cependant Léon-François Hoffmann, qui
est un éminent spécialiste de la culture haïtienne, a soutenu une thèse qui renverse tout le monde
dans le livre de Laennec Hurbon, l’insurrection des esclaves de St-Domingue à la page 150: «La
Cérémonie du Bois Caïman n’a jamais eu lieu. Elle n’est qu’une friction historique élaborée par
les porte-parole de l’élite haïtienne du XIXe siècle afin de souligner la distance culturelle
séparant les masses de l’élite et de légitimer la loi de cette dernière.» Où se trouve la vérité
historique dans tout cela ? Islam Louis Etienne

Bois Caïman
Elisma Joanem
Guide libre du site

PRATIQUE CULTURELLE
 Commune : Plaine-du-Nord
 Département : Nord
 Arrondissement : Acul-du-Nord

Classé sous : Pratiques éthiques (9000), Système de croyance (9100), Vision du monde (9110), Liée à
un phénomène/évènement (9112)
 Type de patrimoine : Mémoriel, Religieux

VIDÉO
 BwaKayiman.mov
INTÉRÊT PATRIMONIAL
Le Bois Caïman (Bwa Kayiman) est un haut lieu historique, culturel et cultuel. Il est un lieu de mémoire
dans l’histoire de la libération des esclaves tant au point de vue national qu’international. « Traiter du Bois
Caïman s’est abordé un enchevêtrement complexe où les sphères religieuse, culturelle, politique et
économique s’allient organiquement. Tel qu’il est fréquent dans un nombre de pays, légende et histoire
se combinent pour créer une partie de la grande fresque fondatrice de la nation » (Beauvoir Dominique
et Lubin, 2000). Cependant sous la pression de certains courants religieux, le site en lui-même et la
pratique qui lui est attachée peuvent être mis en danger par des attaques physiques sur des éléments
symboliques représentatifs de tout l’ancrage historique, culturel et cultuel.

DESCRIPTION DE LA PRATIQUE CULTURELLE

Entrée principale du site © IPIMH 2013

Dans son entité totale, le Bois Caïman couvrirait trois espaces : l’habitation de Lenormand de Mezy à
Morne Rouge, Le Bassin Caïman au lieu-dit Genipayer, Lory (habitation Breda) et le Lakou Nan
Campêche à L’Acul du Nord.
Le site de Lenormand de Mezy est considéré par l’ensemble de la population comme étant l’ultime station
du Bois Caïman. À l’entrée du site, un tableau présente les Dieux de la guerre dans le vodou : Ogou
Feraille et Saint-Jacques le Majeur. Puis une grande aire compte un espace central composé d’une
grande salle (L’Esprit Boukman en action) où se passent les réunions et de deux petites salles annexes
utilisées pour des activités particulières telle l’éducation communautaire. Deux arbres symboliques
ornaient initialement l’espace : un caïmitier et un figuier. Deux peintures murales représentant la
cérémonie proprement dite et la révolte générale des esclaves sont protégées du regard des curieux par
une palissade de tôles ondulées aux couleurs du drapeau national.

De cet espace villageois, un chemin desservant les jardins et plus avant les champs, engagent les
visiteurs en direction de la montagne menant à Nan briz, là où réside Briz Montay.

APPRENTISSAGE ET TRANSMISSION
Centre d'animation communautaire © IPIMH 2013

De façon générale, en Haïti, l’histoire du Bois Caïman est enseignée depuis l’école primaire. Ce lieu, son
histoire et ses héros ont été l’objet de multiples recherches tant au niveau national qu’international.
Monsieur Joanem, notre informateur est désigné par la communauté comme le détenteur de la mémoire
du lieu. De plus, il est important de souligner que le patronyme Joanem est également un toponyme de
l’espace Bois Caïman. Dans son discours, il fait une synthèse entre ses enseignements acquis à l’école
primaire et les savoirs transmis de ses prédécesseurs par transmission orale directe. Ses connaissances
des pratiques culturelles et cultuelles liées à notre mémoire de peuple ont été transmises de génération
en génération. Lors de l’entrevue, nous l’avons écouté dire la prière de Boukman qui a permis à
l’assemblée des esclaves insurgés de se révolter :

Lapriyè Boukman
Bondye ki fè syèl ki klere nou anwo
Ki soulve lanmè, ki fè loray
Bondye la zot tandem Kache nan yon nyaj
E la li gade nou, li wè tou sa blan fè

Bondye blan mande krim, e pan ou vle byenfè


Men Dye la ki si bon, odonnen nou vanjans
Li va kondwi bra nou li ba nou asistans,
Jete potre dye blan ki swaf dlo nan je nou
Koute la libète ki pale nan kè nou.

« Le Dieu qui a créé la terre, qui a créé le soleil qui nous donne la lumière.
Le Dieu qui détient les océans, qui assure le rugissement du tonnerre.
Dieu qui a des oreilles pour entendre : toi qui es caché dans les nuages, qui nous montre d’où nous
sommes, tu vois que le blanc nous a fait souffrir.
Le Dieu de l’homme blanc lui demande de commettre des crimes.
Mais le Dieu à l’intérieur de nous veut que nous fassions le bien.
Notre Dieu, qui est si bon, si juste, nous ordonne de nous venger de nos torts.
C’est lui qui dirigera nos armes et nous apportera la victoire.
C’est lui qui va nous aider.
Nous devrions tous rejeter l’image du dieu de l’homme blanc qui est si impitoyable.
Écoutez la voix de la liberté qui chante dans tous nos cœurs »

HISTORIQUE GÉNÉRAL
Peinture représentant la cérémonie du Bois Caïman © IPIMH 2013

Sur l’habitation de Le Normand de Mézy, au Morne rouge dans la commune de La Plaine du Nord, se
situe le « Bois Caïman », haut lieu historique, où s’est déroulé dans la nuit du 14 au 15 Aout 1791, le
premier rassemblement, qui allait donner lieu au soulèvement général des esclaves la semaine d’après,
du 22 au 23 aout 1791.

Dutty Boukman esclave et prête du vodou est né à la Jamaïque. Dans une invocation à l’esprit Briz
Montay (Brise Montagne), Boukman demande la voie pour en finir avec le système esclavagiste. De là
s’est enclenchée la cérémonie du Bois Caïman : « Une manbo se dresse pivote sur elle-même et fait
tournoyer un grand coutelas au-dessus de sa tête, la foule silencieuse avec les yeux fixés sur la négresse
prouve que l’assistance est fascinée. Elle introduit alors un cochon noir et d’un geste vif, la prêtresse
inspirée, plonge son coutelas dans la gorge de l’animal. Le sang gicle, il est recueilli fumant et distribué à
la ronde aux esclaves. Tous en boivent, jurent d’exécuter les ordres de Boukman » (Dorsainvil).
Le sang coulé a servi de ciment à l’ensemble de la communauté des esclaves révoltés. De là est parti le
mot d’ordre « koupe tet, boule kay (couper les têtes, incendier les maisons) ».
Après une longue période d’abandon du lieu, le gouvernement d’alors a sorti en 1982 un décret déclarant
le « Bois caïman, patrimoine touristique national ». En janvier 2000, une étude a été réalisée sur le site.
Cette dernière lui a redonné vie et aujourd’hui le Bois Caïman est régulièrement fréquenté. Tous les 14
août, il accueille un pèlerinage foisonnant tant au niveau national qu’international. En tant que site
historique, les écoles en font un but de voyage pour commémorer la date. Deux évènements majeurs ont
placé ce site au centre de préoccupations commémoratives lui donnant une reconnaissance
internationale. Le 24 août 2003, l’ Association des Peuples de la Caraïbe (APC), a tenue au Bois Caïman
sa 3ème assemblée en présence de 1200 personnes, dont le prix Nobel de la paix Adolfo Perez Esquivel,
afin de célébrer le 212e anniversaire du soulèvement. Et en 1997 l’UNESCO a choisi le 23 août en
référence au soulèvement qui a suivi cet événement comme : « Journée internationale du souvenir de la
traite négrière et de son abolition »

LOCALISATION COMPLÉMENTAIRE
 Lieu-dit : Bois Caïman
 Espace culturel : Bois Caïman

DOCUMENTATION
Beauvoir-Dominique, Rachel et Lubin Eddy. Investigations autour du site historique du Bois Caïman.
Rapport, Cap Haïtien, Janvier 2000.
Dorsainvil J.C. Manuel d’histoire d’Haïti, Imp Deschamps/ F.I.C., Port-au-Prince
Deïta. La légende des Loa du Vodou Haïtien, éd. De l’auteur, Port-au-Prince, 1993.
Fouchard, Jean. Les marrons de la liberté, Ed. de l’Ecole, Port-au-Prince.
Hurbon, Laënnec. Les Mystères du vodou, Découvertes/Gallimard, Paris, 1993
Mennesonn-Rigaud, Odette. « Le rôle du Vaudou dans l’indépendance d’Haïti », in Présence Africaine, n°
18-19, février 1958.

SOURCES
 Nom du facilitateur ou des facilitateurs : Claire Myriam Nedjeda Larose, Sherline Déliazard,
Yverose Moïse et Ulrick ST-LOUIS
 Date d'entrevue : 2013-05-27
 Nom de l'indexeur ou des indexeurs : Claire Myriam Nedjeda Larose, Sherline Déliazard, Yverose
Moïse et Ulrick ST-LOUIS

FICHES ASSOCIÉES
 Les festivités vodou à Souvenance

Souvenance est avant tout un espace familial et les pratiques sont transmises au sein des familles depuis
plusieurs générations. Outre l’apprentissage informel, chaque année au moment des festivités, une
journée est réservée aux enfants durant laquelle sont enseignés des chants [...]

14 aoît 1791, CÉRÉMONIE DU BOIS-CAÏMAN


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par Pratt Vernio MEMNON

Compte tenu du rôle joué par le vaudou dans le rassemblement du Bois-Caïman au Morne Rouge, étant donné la
portée de cette cérémonie marquant le début de l’insurrection des esclaves contre les Français, n’y a-t-il pas lieu de
consacrer le 14 août, «journée de commémoration nationale du vaudou» ou «jour national de Boukman
Dutty»? Cela représenterait une façon concrète de s’approprier cette religion ancestrale importée d’Afrique, ou
encore de rendre hommage à cet esclave de conviction et de courage qui a bravé les puissances colonialistes de
son temps.

Cette réunion d’esclaves, organisée dans la nuit du 14 août 1791 par Cécilia Fatima, représente une cérémonie
unique en son genre. Appelée traditionnellement « l’acte fondateur de la révolution et de la guerre
d’indépendance », elle est d’une richesse solidaire inestimable dans l’histoire antiesclavagiste haïtienne. D’aucuns
se souviennent du « Serment du Bois-Caïman » ou de la « Prière de Boukman » qui était une invitation à la
mobilisation des énergies de tous les révoltés pour un grand soulèvement général contre l’esclavage. Cette
« cérémonie vaudou » du Bois-Caïman, qui était la base , la plateforme spirituelle sur laquelle reposait tout ce
mouvement de révolte, était d’abord et avant tout une cérémonie d’alliance : alliance entre des hommes et des
femmes refusant l’abêtissement de l’homme par l’homme, alliance entre des esclaves de cultures et de traditions
diverses, alliance entre la terre saint-dominguoise et les dieux africains, alliance entre la fougue de l’homme créole
humilié et la sagesse spirituelle africaine, alliance entre les énergies physiques et mystiques de l’Africain enchaîné,
alliance entre le nègre esclave et le mulâtre, alliance entre la souffrance des noirs et la mémoire des rouges – les
premiers habitants de l’île -, alliance entre l’intérêt particulier et le bien-être collectif. Cette alliance, ce faisceau idéal
qui revêtait une portée universelle de liberté, incitait les esclaves à transformer leurs pratiques individuelles de
désobéissance: marronnage, suicide, avortement ou empoisonnement en un vaste mouvement de révolte,
précurseur de l’indépendance haïtienne. Ce mouvement populaire sans précédent qui réunissait tous les esclaves de
la colonie inaugura en effet un nouveau présent et laissa entrevoir à nos ancêtres, écrasés par les ténèbres de
l’esclavagisme, un futur radieux.

Lors de cette nuit, la plus importante de toute l’histoire mystique d’Haïti, un cochon créole fut sacrifié et son sang
distribué aux participants pour étancher leur soif de liberté dans le désert esclavagiste. Les indigènes en burent pour
se fortifier et devenir invulnérables, mais en réalité, ce sang devenu « sang de l’alliance » déposa en chacun d’eux la
vaillance et la bravoure nécessaires qui permirent à Jean-Jacques Dessalines, environ douze années plus tard, de
conduire la première révolte d’esclaves réussie du monde moderne et de fonder l’État d’Haïti arrachant ainsi nos
ancêtres au monde esclavagiste. Boukman, homme simple et cultivé, rompu aux luttes guerrières, prononça le
discours de circonstance. La force et le dynamisme de son message, l’authenticité libératrice de son projet de
société, tout cela emballa la classe des esclaves révoltés qui ressentirent alors un désir d’engagement absolu dans
le combat pour la liberté. Ce fut un engagement vrai qui ramena à la rupture radicale que Boukman institua par
rapport aux pratiques esclavagistes de son temps. C’est ainsi que naquît le mouvement de la libération de 1791,
geste historique qui s’inscrit d’ailleurs dans la mouvance des bouleversements socio politiques français de 1789 et
qui atteignit son apogée dans la nuit du 22 au 23 aout 1791.

Cette nuit-là, Boukman, chef de file des révoltés, déclencha un soulèvement général alimenté par une détermination
inflexible de vaincre qui ébranla pour toujours les fondements du système colonial esclavagiste. Il réussit à conduire
les révoltés jusqu’aux portes de la ville du Cap-Français, capitale de la colonie de Saint-Domingue (aujourd’hui Cap-
Haïtien). Les autorités coloniales ripostèrent vigoureusement. Boukman périt au combat, mais la lutte ne fut pas
interrompue pour autant. Sa tête coupée et exposée en pleine ville du Cap fortifia, renforça la détermination des
noirs. Ainsi, tel un martyr forçant les portes de l’histoire, sa mort s’ouvrit sur le grand projet de libération des «
insurgés noirs de Saint-Domingue et des îles environnantes ». D’autres chefs dont Jeannot Bullet, Jean-François
Papillon, Georges Biassou et Toussaint (qui n’était pas encore Louverture) reprirent, avec générosité et audace, la
bataille pour conduire nos ancêtres assoiffés de liberté et affamés de dignité jusqu’à la victoire définitive de
l’émancipation sur la servitude.

L’idée fondamentale de cette nuit du 14 août 1791 tient encore aujourd’hui. Au moment où une force étrangère est
présente sur notre territoire national, il est urgent de faire nôtre cette Prière de Boukman qui invite à l’unité et qui
nous fait obligation de reconquérir notre souveraineté nationale, de la préserver et de la faire grandir. Pour cela, nous
devons aller au-delà de nos différences sociales, politiques et intellectuelles pour abattre les murs d’hostilité qui nous
séparent et assumer collectivement nos responsabilités de citoyens libres et indépendants. Nous devons également
transcender notre gloire et notre bien-être personnels, mettre de côté nos sentiments de supériorité et nos réticences
mesquines pour nous engager patriotiquement à changer la situation sociale des plus vulnérables de notre société.
Nous devons prendre conscience de notre vulnérabilité économique et de nos failles environnementales pour trouver
communautairement la solution idéale qui fera de notre nation une vraie réussite. Car il n’y aura de souveraineté
assurée pour la nation haïtienne que lorsque chaque citoyenne, chaque citoyen aura cessé de se préoccuper trop
exclusivement de son soi-même pour penser à la patrie commune et devenir de solidaires bâtisseurs d’une Haïti
nouvelle. Oser sortir du confort que nous procurent nos petits univers individuels, tenir compte dans nos grandes
décisions de la complémentarité des opinions, des expériences et des aspirations des uns et des autres, nous en
sommes capables, il suffit de le décider.

La cérémonie tenue à Bois-Caïman, célèbre clairière du Nord, fut un succès, un aboutissement grâce à cette
formidable cohésion entre les diverses tribus africaines en quête de leur liberté. Ce fut pour tous les esclaves un
temps de communion patriotique et spirituelle, d’entêtement à capter les signes de liberté dans l’enfer de la société
esclavagiste. Les esclaves comprirent alors qu’il fallait aller jusqu’au bout de leurs démarches, que le temps était
venu de faire ensemble le chemin conduisant hors de la servitude et de transcender leurs différences pour
qu’ensemble ils forment le peuple libéré chargé d’apporter la liberté aux peuples indigènes des Amériques et du
monde. Cette nuit-là, n’a t’il pas eu une force d’expression de la liberté hors du commun qu’il importe de revisiter ?
N’est-il pas nécessaire de garder vivante cette unité libératrice scellée dans le sang d’un cochon créole ? Ne
devrions-nous pas faire du Bois-Caïman un haut lieu de célébration de la première grande révolution sociale
nègre réussie de l’humanité afin que toutes les générations futures fassent mémoire ? À quand une célébration
nationale de la cérémonie du Bois-Caïman aussi grandiose que le 18 mai, le 18 novembre ou le 1er janvier, ou
encore à quand une journée consacrée à Boukman Dutty, figure mythique et mystique de la lutte insurrectionnelle
haïtienne, aussi officielle que le 17 octobre ou le 7 avril ? Un tel geste de notre part redonnerait au vaudou, la plus
ancienne de nos croyances, sa véritable dimension dans notre patrimoine culturel et serait également une juste
réparation à Boukman qui paya de sa vie le prix de la dette encourue pour la libération de nos ancêtres esclaves et
de nous-mêmes.

Histoire d'Haïti
La Cérémonie du Bois Caiman
Posted by hougansydney.com on Thursday, December 8, 2016
Dans la nuit du 14 août 1791, les esclaves de Saint Domingue,
aujourd'hui Haïti, se réunirent sous la direction d'un prêtre Hougan
ou Vodou de la Jamaïque, nommé Dutty Bookman pour
l'organisation d'une réunion secrète dans le but de lancer une
révolution et mettre fin à l'esclavage dans la colonie française.
Bookman a été vendu par son maître britannique à un marchand
français parce qu'il était capable d'apprendre lui-même à lire et à
écrire, et aussi parce qu'il a été capturé à de nombreuses reprises
enseignant à d'autres esclaves comment faire de même. Au lieu de
le mettre à mort, comme c'était la règle pour de telles violations, il
l'a vendu.
Comme beaucoup ont tendance à croire, Bois Caiman n'est pas le
nom de l'endroit réel où la cérémonie Vodou a eu lieu, voici
pourquoi. Dutty Bookman, un puissant prêtre vodou, était aussi un
islamiste. Comme signe de respect, les autres esclaves ne
l'appelaient pas par son nom, ils l'appelaient Imam. Signifiant prêtre
islamique. Ainsi lors de l'organisation de la cérémonie, les esclaves
ont accepté de rencontrer "Nan Bwa Kay Imam" en créole haïtien,
c'est-à-dire dans les bois dans la maison de l'Imam; Puis allez à la
grotte où se déroulera la plus grande cérémonie du Vaudou. Avec
Mambo Cécile Fatiman, un notable Mambo ou prêtresse Vaudou;
Cécile Fatiman était le résultat d'un viol; son père Louis Pierrot a
violé sa mère qui était une esclave née en Afrique. Bookman et
Mambo Cécile Fatiman ont pu rassembler plus de mille esclaves
dans l'énorme grotte. Les esclaves se rassemblèrent autour d'un
énorme feu de bois, et Bookman commença son fameux discours.
«Le dieu qui a créé le soleil qui nous donne la lumière, qui
éveille les vagues et domine l'orage, quoique caché dans les
nuages, il nous observe: il voit tout ce que le blanc fait, le dieu
de l'homme blanc lui inspire le crime, mais notre dieu nous
appelle à faire de bonnes œuvres ... Notre dieu, qui est bon
pour nous, nous ordonne de venger nos torts, il dirige nos
armes et nous aide ... Jetons le symbole du dieu des Blancs
qui nous a si souvent causé de pleurer et écoutons la voix de
la liberté qui parle dans le cœur de nous tous."
Dutty Bookman
Cécile Fatima

Les esclaves applaudissaient, chantaient, et dansaient. Les


chansons de Petro furent chantées, les Vèvès tiraillés, les tambours
battus avec rage. Machettes, et poignards en mains, ils font appel
aux esprits les plus sombres de la Mère Afrique pour venir à leur
secours. Mambo Cécile Fatima est soudainement possédé par
Erzulie 7 Kout Kouto, la manifestation la plus dangereuse d'Erzulie
Dantor. Elle boit du sang. Elle danse au rythme des tambours, et les
esclaves chantaient avec elle.
" 7 kout kouto, 7 kout ponya
prete mwen ganmèl lan pou mwen al vomi san e.

Prete mwen ganmèl lan pou mwen al vomi san


san mwen ape koule.

7 coups de couteaux, 7 coups de poignard.


Prêtez-moi le ganmèl (un profond et long récipient en bois sculpté), afin que je puisse vomir du sang
Prêtez-moi le ganmèl, alors je puisse vomir du sang,
Mon sang coule.

Un cochon sauvage noir, femelle lui est présenté, en symbole de


liberté. La liberté est censée être libre et indompté, comme le porc
sauvage. Le cochon est poignardé 7 fois et tous les participants ont
tremper leurs doigts dans le sang, prêta le serment de "Viv lib ou
mouri".
Les esclaves cette nuit ont prêté le serment de combattre le plus
grand combat de l'histoire de l'humanité: La lutte pour la liberté et
l'égalité des noirs.
Sous l'ordre de Bookman et de Mambo, Cécile Fatiman, les villages
où demeuraient les maîtres blancs français, ont été brûlés et tous
les Français blancs exécutés. La scène était horrible. Avec des
machettes, des poignards, des épées, des couteaux, des morceaux
de bois, ils ne laissaient derrière eux que des enfants et des
femmes. Les villages voisins qui ne pouvaient pas participer
physiquement avaient pris le vœu d'empoisonner
l'approvisionnement en eau de leurs maîtres. En trois jours, le plus
grand combat pour la liberté humaine dans l'histoire a été combattu
jusqu'aux os dans les plantations de canne à sucre en Haïti. Des
milliers de Français furent tués, leurs têtes coupées, et les
plantations asséchées. La fameuse plaine septentrionale, la plus
rentable de la colonie, était en ruine.

Du Cap, tout l'horizon était un mur de feu. Le feu était si grand, que
les gens du Cap ne pouvaient distinguer les nuits des jours. Un
écrivain de l'époque a dit, que l'on pouvait lire clairement la nuit,
comme si le soleil était dans le ciel, bien que le feu était à des
kilomètres. Les esclaves détruisaient inlassablement. Ils
cherchaient leur salut la manière la plus évidente, la destruction de
ce qu'ils savaient était la cause de leurs souffrances. Après 3 jours
de destruction complète et d'assassinats, l'armée française s'est
intervenue pour rétablir l'ordre. Ils capturent Bookman et le
décapitent. Ils montrèrent sa tête à la place publique, avec un signe
en dessous quit lit: «Bookman, Chef des Révolutions des
Esclaves».

Mambo Cécile Fatiman et Bookman sont des héros nationaux


d'Haïti.
Bois Caiman a été un point décisif dans l'histoire de l'humanité. Le
point dans le temps où les esclaves, les Africains ont pris leur destin
en charge. Ils ne voulaient plus souffrir des mains des blancs. Un
rêve que Jean Jacques Dessalines, père d'indépendance d'Haïti
immortaliserait, quand il conduira le pays à l'Indépendance le 1er
janvier 1804; faisant d'Haïti la première république noire au monde,
le premier et le seul pays de l'histoire de l'humanité dont
l'indépendance était le résultat d'une rébellion esclavagiste réussie
et la deuxième nation indépendante des Amériques, à peine 33 ans
après les États-Unis. Haïti est également devenu le premier pays
des Amériques à accorder à ses citoyens Liberté et Égalité pour
tous sans distinction de race et de sexe.

- Il ne peut y avoir d'esclaves sur ce territoire, la servitude y


est à jamais abolie.

Tous les hommes naissent, vivent et meurent libres.

- Tous les hommes, quelle que soit leur couleur, sont


admissibles à tous les emplois.
- Il n'existe pas de distinctions autres que celles basées sur la
vertu et le talent, et d'autre supériorité accordée par la loi dans
l'exercice d'une fonction publique.

- La loi est la même pour tous, que ce soit en punition ou en


protection.
Au moment de l'indépendance, Haïti n'est pas seulement devenu la
première République noire, mais la Mère de la liberté et de l'égalité
pour tous.

23 Août 1791 : Révolte des esclaves à


Saint-Domingue (Haïti), une
Remémoration d’une lutte pour la
liberté
 PAR THIERNO SEYDOU DIOP

 • AOÛT 24, 2014

THIERNO SEYDOU DIOP


Titulaire d'une maîtrise Histoire au Sénégal. Je mène des recherches sur la diaspora africaine dans
l'hémisphère occidental particulièrement à Saint-Domingue.


Journée mondiale de l’UNESCO du 23 Août - De la Route de l’esclave à la réparation morale


Ce que la Révolution française de juillet 1789 doit à la Révolte esclavagiste Kongo de François Makanda de
1740 à Saint-Domingue

L’abolition de l’esclavage par la France

Le 23 août 1791 est considéré par l’UNESCO comme la Journée internationale du souvenir de
la traite négrière et de son abolition. Une journée fortement symbolique puisqu’à l’image des
autres journées internationales elle place l’humanité au cœur des valeurs les plus chères à
travers la liberté, la dignité et l’égalité. Une journée aussi fortement historique puisqu’à
l’image des autres nations (la France, l’Angleterre et les États-Unis…) considérées comme
exemples en défendant, par les révolutions, le respect des droits de l’homme, elle rappelle le
souvenir d’une volonté affichée par ces esclaves de revendiquer ce même idéal.

La cérémonie du Bois-Caïman est une réunion d’esclaves marrons la nuit du 14 août 1791, considérée en Haïti
comme l’acte fondateur de la révolution et de la guerre d’indépendance. C’est le premier grand soulèvement collectif
de Haïti contre l’esclavage. L’UNESCO a choisi le 23 août en référence au soulèvement qui a suivi cet évènement
comme « Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition » – Peinture de Ulrick Jean-
Pierre
Revenir sur le sens de cette journée, c’est se souvenir de certains faits de l’histoire qui ont favorisé
cette conscience revendicative et qui ont déterminé les grands défis posés par ces Africains. Le 23
août 1791, au lendemain de l’insurrection des esclaves à Saint-Domingue, la France avait compris
que la liberté est la valeur la mieux partagée et que le combat contre sa privation relève d’une
ambition et d’une action dirigée pour se l’approprier. Une motivation, une ambition et une volonté
valable pour poursuivre la reconquête d’une liberté arrachée.

À l’origine, un système coercitif et privatif à la liberté avait été le moteur de la société coloniale de
Saint-Domingue. Plus besoin de rappeler toutes les tragédies subies par les Africains lors des
déportations, les tortures, les vexations et les exactions supportées dans les plantations. Un système
d’exploitation mis en place par l’économie des plantations considérait l’homme africain comme un
objet soumis à la rigueur du travail. Une exploitation qui trouvait sa justification dans le fameux
Code Noir de Colbert de 1685 qui estimait que l’homme noir désigne un « Bien meuble » utilisable
selon les besoins du maître et condamnable à digérer les humeurs frivoles des colons.

Dans toutes colonies de plantations, le Code Noir régissait la manière de gouverner les esclaves en
les réduisant à l’état de sous hommes. Dans son application, la dissuasion, la persécution et la
répression furent de rigueur. Victimes d’ignobles supplices, les sanctions réservées aux esclaves
furent inhumaines et contraires au respect de la dignité humaine. Mais derrière les persécutions les
plus primitives, se dressent des stratégies de résistances pour s’affranchir de la surcharge des torts
imposés. Devant la cruauté des maîtres de fouets, de fleur de lys et de la « mort », le constat du
silence approbateur des autorités coloniales témoignaient le mal qui atteste la victimisation de la
situation des esclaves.

Au-delà des exactions physiques et des afflictions psychologiques, autant de crimes devaient être
supportés et parmi lesquels la séparation des membres de même famille, les viols à l’endroit des
négresses et les surcharges quotidiennes du travail des plantations se sont ajouté aux sorts des
esclaves durant les trois siècles de régime des plantations.

Il est difficile de revenir sur les moments historiques qui ont guidé l’esprit de la révolte, mais les faits
évoquent l’amertume et la crispation morale chez les esclaves indignés de l’apathie des bourreaux
maîtres. Sans verser dans la victimisation, il est clair que la négation de la dignité humaine,
l’occultation de la liberté, la valorisation de la haine et du racisme ont servi d’appui pour la réaction
contre l’asservissement et la soumission destiné sans fin.

Dutty Boukman un esclave né en Jamaique organisa une cérémonie voudou à Bois-Caïman pour un
grand nombre d’esclaves, la nuit du 14 août 1791. La prêtresse Mambo, Cécile Fatiman, plongea un
couteau dans un cochon noir créole qui fut sacrifié, les assistants burent son sang afin de devenir
invulnérables. Le vaudou fut ainsi un véritable catalyseur dans la révolte des esclaves de Saint
Domingue, la brèche qui permit aux différentes tribus africaines de trouver une cohésion dans leur
quête de liberté. Boukman ordonna alors le soulèvement général. Ce soulèvement eut lieu la nuit du
21 au 22 août où les esclaves de cinq habitations brûlèrent celles-ci et massacrèrent les Blancs, y
compris femmes et enfants. Pendant une dizaine de jours, la plaine du Nord fut en flammes. On
décompta près de 1 000 Blancs assassinés, 161 sucreries et 1 200 caféières brûlées. Boukman périt
au combat, à la tête de ses troupes. Comme il passait pour invulnérable auprès des esclaves, on
exposa sa tête au Cap.

Les enseignements qu’il faut tirer de ce chapitre de l’histoire des insurgés de Saint-Domingue sont
tragiques. Entre le XVIe et le XXIe siècle, le parcours dévoile une série de déportation accompagnée
d’une saignée démographique suite à l’usage des armes à feu dans les opérations de captivités ; la
domiciliation des esclaves dans les cases à nègres dans la colonie où le Code Noir légitime le coup
de fouet et les amputations corporelles. Un parcours de déshumanisation teinté d’actes
« liberticide ».

C’est pourquoi rappeler les événements de la nuit du 22 au 23 août 1791, c’est témoigner la bravoure
et la détermination de ces Africains qui montraient que la lutte pour la liberté est une nécessité
universelle et un droit à revendiquer. La guerre d’indépendance d’Amérique de 1776 et la Révolution
française de 1789 depuis la prise de Bastille constituent un fervent catalyseur qui a cristallisé la
conscience révolutionnaire des esclaves.

Il faut rappeler aussi que cette revendication de la lutte pour la liberté traduit la voie tracée et suivie
par les marrons ou esclaves fugitifs qui se sont tant de fois engagés à briser la chaîne de la servitude
depuis les premières générations africaines introduites dans la colonie. Au-delà des critères
ethniques, c’est l’union scellée autour d’un pacte fraternel au Bois-Caïman qui a déclenché la
revendication de la liberté comme symbole de la dignité humaine. Point de départ de la résistance
active pour récupérer la liberté arrachée, la cérémonie du Bois-Caïman représente un combat contre
l’oubli et le silence des atrocités commises par le régime des plantations. C’est de cette cérémonie
que les leaders des pères fondateurs de la nation haïtienne vont émerger en héritant les valeurs
cardinales de la cause africaine autour des notions de liberté, d’égalité et de dignité.

Se remémorer des événements de la nuit du 22 au 23 août 1791 c’est en définitive replacer les
peuples d’Afrique devant le contexte actuel de lutte contre l’aliénation et l’exclusion culturelle.
Se servir de cet héritage en rappelant que quand les citoyens du monde avaient exigé la liberté
au XVIIIe siècle, ces Africains à travers leur union sacrée ont posé ce même idéal pour une
cause d’égale valeur.

Cérémonie du Bois Caïman


Soumis par MOF le 16/11/2013.

La cérémonie qui eut lieu sur l’habitation de Lenorman de Mezi (Lenormand de


Mezy), aux environs de Morne Rouge (département du Nord) fut une cérémonie
Vaudou communément appelé CEREMONIE DU BOIS CAIMAN, dans la nuit du 14
aout 1791. Cette cérémonie fut la goutte d’eau qui a fait déborder le vase de la
révolution conduisant à l’Indépendance d’Haïti. Elle fut le premier grand
soulèvement d’union des esclaves (marrons et ceux, vivant dans les habitations)
contre le système esclavagiste qui sévissait sur l’ile de Saint-Domingue. La
révolte éclata après une semaine, soit le 23 aout 1791 et fit état de 161
sucreries et 1.200 caféières … détruites, un millier de colons (y compris
femmes et enfants) tue. Pendant une dizaine de jours la plaine du Nord fut en
flamme.

Dutty Boukman ou Zamba Boukman, né en Jamaïque est une figure


très importante de la révolution des esclaves au cote de Cécile Fatima. Il
présidait la cérémonie du Bois Caïman cette soirée du 14 aout 1791. Cette
cérémonie était une invitation à la mobilisation des énergies, du courage et du
vouloir de tous ceux qui voulaient la liberté, ceux, qui voulaient un soulèvement
général contre le système esclavagiste. Cette cérémonie vaudou du Bois Caïman
était, la base, le fondement spirituel sur lesquels devrait se reposer tout le
mouvement de la révolte. Mais, avant tout, elle était une cérémonie de mariage,
d’union : union entre la complicité des hommes et des femmes qui voulaient plus
être traités comme des bêtes par leurs semblables en l’occurrence les blancs ;
union entre esclaves de cultures et de traditions différentes de plusieurs tribus
d’Afrique ; union entre la terre de Saint-Domingue et les dieux (loas) africains ;
union entre la fougue de l’homme créole humilié et la sagesse spirituelle
africaine; union entre les énergies physiques et mystiques de l’africain
enchainé ; union entre le nègre esclave et le mulâtre ; union entre l’intérêt
particulier et le bien-être social ; union entre la tribulation des noirs et la
mémoire (martyr) des premiers habitants de l’ile. Cette union fut une
convergence d’idées et d’actions pour la liberté qui stimulait les esclaves à
transformer leurs pratiques personnelles de désobéissances : marronnage,
suicide, avortement, incendie ou empoisonnement en un mouvement compact
révolutionnaire aboutissant à l’Indépendance d’Haïti.
Au cours du déroulement de la cérémonie, on a fait tracer des
signes cabalistiques pour invoques les dieux (loas) africains dont : Ogou Feray,
le dieu de la guerre et Erzulie. On introduit un cochon. La mambo (prêtresse
vaudou) égorgea le cochon et les participants burent de son sang, pour étancher
leur soif de liberté dans le désert du caractère bestial : symbolisant la force,
l’énergie, le courage mystique pour se battre pour leur liberté, et il passa du
sang sur leur front. Symbolisant l’invincibilité faisait remarquer Boukman : « en
buvant du sang de ce cochon offert en sacrifice aux dieux (loas) africains, vous
allez être brave et avoir de la force pour combattre et en passant le sang sur
vos fronts, vous deviendrez invincibles. Si vous mourrez pendant la lutte, vous
allez avoir une autre vie, une vie meilleure et plus belle que celle que vous avez
eu avant que l’homme blanc vous a amené ici ». L’assemblée se leva ainsi que
Boukman qui l’exhorta à la vengeance par cette prière :

Bon Die we sa blan fe, Bon Die blan mande krim. Men Bon Die pan ou an vle
bienfe. Men die ki si bon odone venjans. Li va condui nou, li bay asistans. Jete
potre Die blan a ki swaf dlo nan je nou. Goute la libete ki nan ke nou tout.

Traduction française par Jean Price Mars dans : Ainsi parla l’oncle

« Le Dieu des blancs fait ce que le blanc fait. Le Dieu des blancs commande le
crime, tandis que le notre sollicite des bienfaits. Portant, le nôtre qui est si bon
demande notre vengeance : il va conduire nos bras et nous donner
assistance. Brisez donc l’image du dieu des blancs, l’objet de nos l’armes.
Goutons la liberté est au fond de nos cœurs à tous».

Peinture de Maxo Blaise (Montrouis)

A cela une controverse s’impose. Pour certains, il y eut vraiment une rencontre
pendant la nuit du 14 aout 1791. C’était dans les bois chez l’iman (bwa kay Iman
en créole) donc chez Boukman. Selon ces critiques, Boukman n’était pas un
prêtre vaudou mais un Iman, nom donné au prêtre musulman. Ces critiques
montrent que c’était une rencontre musulmane et l’aspect vaudou n’était autre
que pour la forme. Ils (ces critiques) laissent aussi comprendre que c’est grâce à
l’islam que Haïti a pu avoir son indépendance. Ils oublient qu’un esclave était un
bien meuble, une chose selon l’article 44 du Code Noir, donc aucun esclave n’ait
pas droit à une propriété, il était (l’esclave) lui-même la propriété d’un blanc. A
noter aussi que le cochon immolé dont le sang a été distribué et bu par les
participants est un animal impur d’après le coran (bible des musulmans).

Une autre thèse réfute la version de cochon immolé .Cette thèse reconnait qu’il y
eut effectivement du sang versé. A la place du cochon, un Homme connu sous le
nom de Jean Baptiste Vixamar S’est offert en sacrifice. D’après la thèse, les
organisateurs n’avaient pas prévu le cochon dont le sang allait être le serment
unificateur des esclaves contre les blancs. De ce fait, jean Baptise Vixamar s’est
offert en sacrifice en s’égorgeant volontairement pour donner à la cérémonie
l’effet souhaité.

Pour d’autres, par contre, Bois Caïman était un code, un mot de passe pour avoir
accès à cette cérémonie. Un animal, un cochon a été égorgé et son sang
distribué aux participants. En buvant, ils ont conclu un pacte de sang qui signifie
qu’ils ne peuvent ni trahir ni renoncer. La cérémonie a eu lieu sous un caimitier,
un arbre servi (pye bwa sevi). Elle était une cérémonie vaudou présidée par
Boukman, un hougan ou prête vaudou assisté de Cécile Fatima une mambo qui
était une mulâtresse. Un cochon sauvage a été sacrifié. Le code ou mot de de
passe Bois Caïman est décortiqué ainsi : on a retenu le préfixe Cai du mot
caimitier, l’arbre servi, sous les feuillages duquel on allait organiser la
cérémonie, le suffixe Man dans Boukman le leader, pour composer le mot
Caïman précédé de du mot Bois pour indiquer l’arbre. Seuls les participants
étaient capable de décoder le mot de passe Bois Caïman et seulement eux
connaissaient sa vrai signification. Le mot de passe Bois Caïman était né pour
déjouer tout soupçon car les organisateurs savaient que les colons avaient des
agents de renseignement ou agents dénonciateurs qui leur rapportaient des
informations de tout ce qui se passait.

Moteur de la révolte conduisant à l’Indépendance d’Haïti, la cérémonie fut pour


tous les esclaves un temps de communion fraternelle, africaine et spirituelle, un
temps d’entêtement à capter des signes de liberté dans l’enfer de la société
esclavagiste. Elle fut aussi un phare non seulement pour l’abolition de
l’esclavage mais aussi pour l’Indépendance d’Haïti et bien d’autres pays encore
et même pour l’humanité. Filles et fils d’anciens esclaves, surtout les
autochtones, nous devons, le front haut l’âme fière, dire pertinemment que nous
avons eu notre Indépendance de l’union de la bravoure et du sang de nos
ancêtres. Nous devons aussi nous mettre à la hauteur de notre histoire, notre
dignité, nous unir pour reconstruire notre chère patrie que les ancêtres nous ont
léguée comme héritage.

Bois Caïman : Quelle leçon pour aujourd’hui ?


Publié par A R C H I P E L M É D I A le 1 5 A O Û T 2 0 1 4
Entre le réel et le mystique
A part quelques rares historiens et analystes de la révolution haïtienne dont Léon-
François Hoffmann (1991) qui ne voient dans le congrès du Bois Caïman qu’un
mythe savamment élaboré pour édulcorer le récit historique et embobiner les
romantiques, la majorité des Haïtiens — même les plus acculturés — établit une
causalité claire entre ce congrès d’esclaves tenu le 14 août 1791 et la guerre qui
culmina en l’indépendance d’Haïti de la France. En effet, Bois Caïman marque le
début de la révolution de Saint Domingue. Ce fut pendant cette rencontre politico-
religieuse que l’âme haïtienne s’affranchit des dogmes coloniaux et se définit en
tant qu’entité libre et indépendante. Les esclaves, à travers leur danse, leurs
transes, leurs incantations et le rythme percutant de leurs tambours invoquèrent et
s’approprièrent un Dieu (non blanc), amant de la liberté et de l’humanité de tous
ses fils ; le vent de révolte souffla de toutes ses forces sur l’assemblée qui jura de
se battre jusqu’au dernier souffle. Le temps des chaines était compté.
Quoique Bois Caïman fût, à priori, une rencontre politique et stratégique entre
plusieurs chefs de la révolution dont Boukman, Jean-François, Jeannot, et plusieurs
autres, la petite histoire friande de sensations fortes n’en retiendra que les relents
mystiques et rocambolesques. Dans la peinture et les chansons, dans les livres et
les contes, les plans de révolution pondus par cette nuit du 14 août 1791 céderont
bien vite la place au cochon égorgé d’un seul coup de machette, au sang versé sur
l’assemblé, au lwas qui descendirent de Guinée et chevauchèrent l’assistance, à
Boukman qui cracha du feu, et au Vodou qui fit une entrée tonitruante dans
l’histoire d’Haïti.
Dans son roman intitulé « Island Beneath the Sea », Isabel Allende, à travers
Zarité, le personnage principal, décrit Bois Caïman comme suit :
Bois Cayman lies to the north, near the great plains on the way to Le Cap…It is an
enormous forest, a place of crossroads and sacred trees, where Damballah resides
in his serpent form, loa of streams and rivers, guardian of the forest. In Bois
Cayman live the spirits of nature and of dead slaves who have not found the way to
Guinea. That night, other spirits that were well installed among Les Morts et les
Mystères also came to the woods, but they came prepared to fight, because they
were called.
[Bois Cayman s’étend au nord, près des grandes plaines sur la route en direction de
Le Cap…C’est une immense forêt, un enchevêtrement de carrefours et d’arbres
sacrés, où Damballah vit sous la forme d’un serpent, lwa des courants d’eau et des
rivières, gardien de la forêt. A Bois Caïman vivent les esprits de la nature et des
esclaves morts mais qui n’ont pas encore atteint la Guinée. La nuit dernière,
d’autres esprits bien ancrés chez les Morts et les Mystères étaient aussi présents, et
ils sont venus prêts pour le combat, car ils étaient interpellés.] (Ma traduction)
Plus loin, Zarité continue:
The meeting of the slaves in Bois Cayman occurred in mid-August, on a hot night
wet from the sweat of men and of the earth. How was the news passed? They say
that the drums carried the message from kalenda to kalenda, from hounfor to
hounfor, from ajoupa to ajoupa; the sound of the drums travels farther and faster
than the roar of a storm, and all the people knew its language.
[La rencontre des esclaves à Bois Caïman eut lieu à la mi-août, par une nuit chaude
et mouillée, mouillée de sueur d’hommes et de la nature. Comment les nouvelles
furent-elles transmises ? Ils racontent que les tambours transmirent le message de
kalenda à kalenda, de hounfor à hounfor, d’ajoupa à ajoupa ; the son des tambours
voyagea plus loin et plus vite que le rugissement de la tempête, et tout le monde
comprenait ce qu’il disait.] (Ma traduction)
L’autre mythe
Il est, néanmoins, un autre mythe dans lequel les zélotes du christianisme
s’abreuvent et à travers le prisme duquel la réalité se reflète en bien ou en mal. Ce
mythe cousu de mille bondieuseries à faire dormir debout n’est autre que le mythe
du Dieu blanc aux yeux bleus et à la barbe blanche, qui, dans un coin particulier du
ciel, observe les hommes. Selon ce mythe sacré, Dieu, en tant qu’être suprême, est
une propriété de l’homme blanc ; le noir, le jaune et l’arabe sont des êtres
défectueux auxquels il faut imposer la Bonne Nouvelle du christianisme, la femme
est inferieure et faite pour obéir à l’homme ; est bon tout ce qui convient à
l’homme blanc, propriétaire de Dieu et du paradis ; est mauvais tout ce qui
provient de l’homme noir, jaune ou arabe qui ira bruler en enfer pour les siècles
des siècles.
Pat Robertson et confrères se servent de ce mythe journellement et assidument
pour expliquer la réalité. Aux dernières nouvelles, selon ce paradigme binaire et
simpliste, Bois Caïman était responsable, selon Robertson, du tremblement de terre
qui en 2010 causa plus de 200,000 morts en Haïti. C’est au diable, par ricochet au
vodou, avec qui le pacte du 14 août 1791 fut signé qu’il faut imputer le sous-
développement d’Haïti. Des disciples de Robertson, il en existe plein à l’intérieur
et à l’extérieur d’Haïti, sur la toile et ailleurs. A les entendre philosopher, il
suffirait d’éradiquer le vodou d’Haïti pour en faire un pays où coulent le lait et le
miel.
Pour Robertson et confrères, la seule façon de s’affranchir de ce pacte honteux et
calamiteux c’est de s’en remettre au Dieu des justes. Et ils sont nombreux les
Haïtiens qui s’en sont remis à Dieu et qui ne vivent que pour le royaume des cieux.
En effet, ces Haïtiens aiment clamer à qui veut l’entendre qu’ils ne sont pas de ce
monde, que leur royaume est au ciel.
Pour peu que l’on y pense, ce mythe de Dieu n’est pas un mythe à proprement
parler. Depuis quand les mythes avaient-ils l’échine aussi raide, les bras aussi
longs et aussi puissants, et le cœur aussi dur ? Ce mythe n’a-t-il pas causé plus de
morts dans l’histoire de l’humanité que toutes les guerres réunies ? La Traite des
Noirs, n’a-t-elle pas eu lieu par et pour ce mythe ? Et à bien regarder, les lignes
entre le Nord et le Sud aujourd’hui en 2013, sont bien implantées dans ce mythe
qui a toujours décidé du sort des hommes et des Etats.
A bien y réfléchir, ces fondamentalistes religieux ont réussi leur pari en Haïti. Ne
sommes nous pas un peuple singulier? Un peuple qui n’hésite pas à cracher sur son
histoire pour plaire aux autres qui l’observent. En effet, au lendemain du 12 janvier
2010, alors que le business de l’humanitaire comptait de gros sous par tête
d’Haïtiens, nous étions des milliers à reprendre la déclaration de Robertson.
Individualisme suicidaire
A force de vouloir nous éloigner de tout ce qui est haïtien, à force d’ingurgiter à la
sauvette des doctrines taillées sur mesure par des fondamentalistes religieux de tout
poil, nous avons adopté, sans nous en rendre compte, un individualisme suicidaire
qui finira tôt au tard par avoir raison d’Haïti. N’est-ce pas étrange que le rythme
de la dégradation des conditions de vie en Haïti soit inversement proportionnel à la
prolifération des églises protestantes ?
Dans son poème, Our Grandmother, Maya Angelou affirme la nécessité d’être
solidaire. « I come as one, but I stand as 10,000 to the 10th power… », « Je viens
par moi-même, mais je représente des milliers. » Ou encore « Vous ne voyez que
moi, mais des millions d’Haïtiens sont debout en moi et avec moi. Certains d’entre
eux n’ont pas mangé depuis deux jours, certains d’entre eux se meurent sans
pouvoir consulter un médecin, certains d’entre eux travaillent comme esclaves
dans les bateyes en Dominicanie, certains sont morts en pleine mer dans leur désir
d’échapper à l’enfer, certains sont morts en plein jour sous les balles assassines des
politiciens avares, certains jurent de continuer à espérer tant qu’il y a la vie,
certains sont forts, et contrairement à ce que vous voulez me faire croire, je suis de
ce monde, je suis d’Haïti et j’ai pour leitmotiv « Yon sel dwet pa manje
kalalou ! » Appelez ça leitmotiv du diable si ça vous chante, mais je ne lâcherai
pas. Aujourd’hui deux cent vingt-deux ans après ce fameux congrès d’esclaves, s’il
est une leçon à tirer c’est qu’il est vital de se mettre ensemble. Il est vital de casser
les lignes contraignantes qui divisent les Haïtiens en Haïtiens d’en haut et en
Haïtiens d’en bas, en Haïtiens du dedans et en Haïtiens du dehors, en Haïtiens de
l’intérieur et en Haïtiens de l’extérieur. Et bien plus que ces divisions étroites, il
faudra une bonne fois pour toute s’accepter en tant qu’Haïtiens. Qui osera poser la
première pierre du Musée du Bois Caïman ?
Pascale Doresca

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