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FACE

AUX REDOUTABLES
CHAVANTÈS
Tragique histoire de la conquête
d’une des tribus les plus féroces
du bassin de l’Amazone

par

le R. Père MONGOUR, S. D. B.

Éditions Saint-Remi
– 2012 –
2

Du même auteur aux éditions Saint-Remi :

90 HISTOIRES POUR LES CATECHISTES, 320 p., 23 €


80 HISTOIRES POUR RETRAITES D’ENFANTS, 271 p., 19 €
FACE AUX REDOUTABLES CHAVANTÈS : 110 P., 10 €

À Bernard CHAPELAND et à sa petite sœur Dominique, mes


jeunes amis lyonnais.

NIHIL OBSTAT
Lugduni, 14 nov. 1957
A. BARUCQ, S. D. B.
Cens. del.

IMPRIMI POTEST
H. AMIELH, provincial
Lyon, le 24 avril 1957

IMPRIMATUR
Lugduni, 26 aplilis 1957
EM. BÉCHETOILLE

ÉDITIONS SAINT-REMI
BP 80 – 33410 Cadillac
Tel/Fax : 05 56 76 73 38
www.saint-remi.fr
PRÉFACE

Château de Ressins ce 24 août 1957.

C
HER Père,

Votre ouvrage sur les Missions Salésiennes du


Mato Grosso, au Brésil, et sur les Indiens que nos
confrères évangélisent là-bas : Bororos, Carajas,
Chavantès et autres, paraît au bon moment. Il rendra service et
fera du bien. Ces pages répondent en effet à un besoin du jour,
celui qu’a le public — surtout les bienfaiteurs et les amis de ces
missions — d’informations dignes de foi, sur lesquelles ils
puissent se fier dans l’exercice de leur charité.
On aime bien ce que l’on connaît bien…
Depuis quelques années beaucoup de nouvelles, souvent
contradictoires, circulent sur cette région du bassin de l’Amazone.
Elles sont puisées à des sources plus ou moins suspectes qui
déroutent l’opinion. La disparition du colonel Fawcett en 1925
dans ce fameux « désert vert », et les recherches faites pour le
retrouver, ont beaucoup contribué à créer cette atmosphère
faussée et cette soif de nouvelles sensationnelles que quelques
correspondants de presse ont mis aussitôt à profit. L’aventure
plus récente du fils de monsieur Maufrais n’a fait, hélas, que
renforcer cette double tendance.
J’avoue qu’il est difficile à un journaliste de faire un reportage
véridique quand l’évolution d’une contrée est si rapide qu’elle
exigerait la présence continuelle du reporter. Les Missions du
Mato Grosso ont vu ce développement. Je les connais bien pour
y avoir vécu nombre d’années et les avoir parcourues en tous sens
jusque dans les coins les plus reculés. J’ai pris part aux principaux
événements qui en ont changé radicalement la physionomie.
J’ajouterai que s’il n’en était pas ainsi il me serait difficile de
donner aujourd’hui mon avis sur l’ensemble des informations que
vous publiez dans votre livre. Fort de ce long séjour en pleine
4 PRÉFACE

forêt vierge, je certifie à vos lecteurs que tous les sujets que vous
avez abordés sont l’expression rigoureuse de la vérité. Aussi suis-
je heureux de l’occasion que vous me donnez par cette
publication de vous féliciter de votre travail auquel je souhaite de
tout cœur une très large diffusion.
Maintenant, si vous le voulez bien, quelques notes brèves pour
aider vos lecteurs à mieux saisir le délicat problème que soulèvent
les relations, souvent sanglantes, des Indiens avec les Blancs.
Commençons par quelques principes généraux, valables pour
toutes les tribus. Les Indiens d’Amérique Latine sont des êtres
humains, primitifs certes, mais semblables aux hommes de tous
les pays, c’est-à-dire ayant, sous une peau bronzée, un même
cœur et des passions identiques. La plupart n’ont, à l’heure
actuelle, aucune notion d’agriculture ou d’industrie et encore
moins d’instruction. La majorité des tribus en sont encore à l’âge
de la pierre, préparant arcs ou flèches en frottant des morceaux
de bois sur des cailloux durs et aigus. Pour leur nourriture ils s’en
rapportent, comme les petits des oiseaux, à la Bonne
Providence… faisant confiance à la forêt, aux fleuves et à
quelques arbres à fruits. On comprend dès lors que pour assurer
leur subsistance ils ont besoin de vastes étendues de terrain car les
poissons comme le gibier diminuent rapidement lorsqu’on fait
sans cesse appel à eux pour vivre. Les Indiens ont donc choisi
puis délimité certains territoires dont ils se considèrent comme
propriétaires à titre de premiers occupants. Ils s’estiment là chez
eux et défendent leur domaine contre tout usurpateur, en
l’occurrence les « fazendeiros » ou éleveurs toujours en quête de
nouveaux pâturages pour leurs troupeaux. Eux aussi
malheureusement ont besoin d’un certain « espace vital » pour
assurer la prospérité de leur ferme et le pain de leur famille ! D’où
conflits fréquents avec les indigènes qui réagissent
énergiquement… Commencées par de simples tracasseries, ces
frictions dégénèrent vite en lutte ouverte, se soldant par
l’incendie, le pillage et souvent d’horribles massacres.
Habituellement on donne tort aux Indiens. Parfois ils sont des
victimes plus que des bourreaux. Mais, comme dit un proverbe :
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« La corde casse toujours du côté où elle est le plus faible ! » En


écrivant cela je n’ai nullement l’intention de justifier toutes les
atrocités commises par les indigènes, mais je m’efforce de dire la
vérité.
Par ailleurs, nombre de civilisés exploitent honteusement les
Indiens, ne respectant ni leurs femmes ni leurs filles, traitant ces
pauvres gens de « Bichos », c’est-à-dire de bêtes dangereuses qu’il
importe de détruire comme on le fait des serpents. Comme on le
voit nous sommes loin de la charité chrétienne chez des gens qui
pourtant sont des baptisés…
Les sauvages ont leurs traditions, leurs mœurs souvent
curieuses, leurs coutumes ancestrales, variant de tribu à tribu ; ils
possèdent aussi leur code de vie sociale, se rendant parfaitement
compte de leur situation par rapport aux Blancs. Parmi eux,
comme dans tout groupe humain, il y a des bons, des médiocres
et des pervers. On ne peut les juger qu’après avoir vécu
longtemps avec eux, les avoir vus vivre ensemble puis
séparément.
Voici un drame, entre bien d’autres, auquel j’ai
personnellement assisté là-bas :
Un certain Clarismundo, colon de race blanche, père de neuf
enfants, dont quelques-uns déjà mariés, vivait en bonne
intelligence avec un groupe d’indiens Bororos installés dans le
voisinage. Un beau matin arriva devant sa ferme une trentaine
d’indigènes. Il s’avança vers eux, leur parla puis se mit à distribuer
un peu de tabac. Tandis qu’il procédait à cette distribution, deux
Indiens le ceinturèrent par derrière et lui assénèrent un coup de
matraque. Quand il fut à terre ses agresseurs se précipitèrent sur
lui pour l’achever. Par bonheur une lutte confuse s’engagea entre
eux, au cours de laquelle plusieurs Indiens furent assommés par
leurs propres compagnons, ce qui sauva la vie au blessé. Laissé
pour mort il se releva en rejetant d’un coup de reins les hommes
qui étaient étendus sur lui, puis se précipita dans sa demeure d’où
il sortit armé d’un fusil. Un premier coup tiré en l’air réveilla à
leur tour ses agresseurs… et tandis qu’ils prenaient la fuite à
toutes jambes il en descendit 5 ou 6… Rentré ensuite chez lui et
6 PRÉFACE

pénétrant dans la chambre où couchaient les siens il vit avec


horreur qu’ils gisaient dans une mare de sang ! Fou de douleur il
saisit un revolver pour se suicider. Tandis qu’il portait l’arme près
de la tempe il vit le plus jeune de ses enfants, un garçon de dix
mois, bouger un bras. Il s’approcha et s’aperçut qu’il vivait
encore. Mettant alors la main sur le cœur de sa femme il sentit
qu’il battait toujours. Il en fut de même de tous les siens ! Grâce à
Dieu aucun d’eux n’avait été blessé mortellement !
Clarismundo n’en resta toutefois pas là et au bout de quelque
temps organisa contre les indiens Bororos une expédition
punitive. Parti avec un groupe d’hommes décidés il rencontra une
cinquantaine d’indigènes occupés à la pêche sur une plage.
S’avançant vers eux, il leur fit distribuer des cadeaux. Pendant
qu’ils étaient groupés, ses compagnons, cachés dans la savane,
bondirent et en massacrèrent le plus possible tandis que les autres
effrayés, s’enfuyaient. Comme Clarismundo probablement, ils
payaient ce jour là pour les autres…
Grâce à l’influence des missionnaires ces mœurs déplorables
tendent peu à peu à disparaître et, sous leur influence civilisatrice,
chacun travaille aujourd’hui dans une relative sécurité. Ainsi nos
Pères ont pu sauver de la destruction la tribu des Bororos,
récupérant 175.000 kilomètres carrés de territoire mis
actuellement en valeur et qui rapporteront annuellement plusieurs
milliards. Ils ont fait également de beaucoup de ces indigènes des
chrétiens dont quelques-uns sont très fervents. Enfin de
nouveaux foyers se sont fondés d’où naîtra demain un clergé
parfaitement adapté aux besoins de ces jeunes populations.
Ces résultats ont certes demandé de grands sacrifices et de
généreux dévouements, tant de la part des missionnaires que de
leurs bienfaiteurs. Mais enfin ils sont là, et consolants…
Les mêmes difficultés se retrouvent chez les Carajas, malgré
leur caractère plus pacifique. Ces grands enfants de la forêt, qui
hantent surtout le Haut-Araguaya, sont d’incorrigibles nomades,
sans cesse en déplacement sur les plages. Comme leurs voisins les
Bororos, ils ont leurs qualités et leurs défauts. Et parfois ils
manifestent violemment ces derniers…
PRÉFACE 7

Un jour, un commerçant ayant fait de bonnes affaires


retournait chez lui, accompagné de deux Carajas qu’il supposait
de confiance. Arrivé au village de Sainte-Isabelle il salue les
Indiens présents puis passe sur l’autre rive du fleuve. À peine y
est-il arrivé qu’un groupe de Carajas s’avance vers lui. Pour leur
être agréable le brave homme ouvre sa valise afin de leur montrer
quelques articles qui lui restent. Tandis qu’il se penche un
formidable coup de massue l’étend raide mort sur le sable ! Les
Indiens se partagent ensuite le butin et disparaissent dans la
forêt… En apprenant le drame, la veuve de la victime fit appeler
un tueur réputé du nom de Faustinon. Celui-ci, dûment payé, se
dirigea aussitôt vers le campement des Indiens. On lui dit que les
assassins n’étaient plus là. Sans sourciller il exigea des otages et les
égorgea sous les yeux terrifiés de leurs parents. Cette exécution
sommaire fut le point de départ d’une suite de cruelles représailles
dont une des premières victimes fut Faustinon lui-même…
Quant aux indiens Chavantès, dont on a tant parlé sans les
connaître, car depuis 1880 personne n’a pu les approcher sans y
laisser la vie, ils sont réputés comme les plus dangereux de la
contrée. Avant cette date toutefois ils avaient été contactés par
des missionnaires et vraisemblablement quelque peu civilisés.
Selon Castelnau et Couto Magalhaes, les Jésuites empruntaient en
effet le cours de l’Araguaya pour se rendre dans leurs missions ou
« réductions » du Paraguay. Naturellement ils essayèrent d’entrer
en relation avec les Indiens qui campaient sur les rives. Parmi eux
se trouvaient les ancêtres des Chavantès d’aujourd’hui. En 1860
les Pères Capucins fondèrent, le long du fleuve, des postes de
mission qui ne tardèrent pas à être très florissants.
Malheureusement les Pères, trop peu nombreux, ne purent s’y
maintenir et les Chavantès retournèrent à leur savane. À cette
époque ces derniers vivaient en compagnie de leurs frères de race
les Chérentès, dont ils ne sont qu’une ramification. Désireux de
fuir tout contact avec les Blancs, ils traversèrent l’Araguaya et se
délimitèrent un territoire englobant le bassin des fleuves
Araguaya, Xingu, Rio das Mortes et Tapirapé. Comme les Carajas
occupaient la rive gauche de l’Araguaya et du Fleuve de la Mort,
8 PRÉFACE

les Chavantès les contraignirent à vider les lieux. Les Carajas,


n’étant pas en mesure de leur résister, obtempérèrent et c’est
depuis lors que les farouches envahisseurs interdisent à
quiconque l’accès de leur nouveau territoire. Les Chérentès
s’étaient eux-mêmes établis ailleurs.
Les Bororos ayant tenté plusieurs fois de voler leurs provisions
d’urucun, substance rougeâtre dont l’Indien s’enduit le corps,
surtout à l’occasion des fêtes, des raids de représailles furent
aussitôt entrepris. Fonçant sur la colonie que nous avions fondée
avec tant de peine, les Chavantès raflèrent outils, animaux,
récoltes, assommant le bétail ou emmenant avec eux les bêtes
qu’ils se réservaient pour plus tard. Vinrent ensuite les massacres
de familles entières et, en dernier lieu, l’assassinat d’un charretier
européen avec sa femme, puis celui d’un grand garçon de vingt
ans, fils de notre régisseur, matraqué alors qu’il traversait un petit
ruisseau à quelque cinquante mètres à peine du village. C’est alors
que nous décidâmes de tenter un suprême effort de
rapprochement avec ces farouches voisins. Les Supérieurs
choisirent ceux qu’ils jugèrent le plus aptes à cette tâche
redoutable. Ce furent d’une part le Père Pierre Sacilotti, jeune
missionnaire de 35 ans, le Père Jean Fuchs, Suisse d’origine et
mon compagnon fidèle d’apostolat depuis de longues années,
enfin un Frère coadjuteur, Joseph Pellegrino, âgé de 37 ans,
boute-en-train s’il en fut, toujours content et plaisantant à
longueur de journée. On leur adjoignit quelques Indiens et
plusieurs Blancs puis l’expédition se mit en route. Je les
accompagnai pendant une huitaine de jours et ce fut avec la plus
vive émotion que je les embrassai pour la dernière fois. Un
sombre pressentiment me faisait penser en effet que je ne
reverrais plus ces héroïques pionniers. De fait, après deux années
de voyages, de souffrances et de luttes, ils devaient tomber
victimes de leur dévouement, pour aller plaider auprès de Dieu, et
avec quelle efficacité, la cause de leurs chers Indiens !
Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, patronne céleste des missions
et titulaire du poste fondé sur les bords du fleuve, ne tarda pas en
PRÉFACE 9

effet à faire tomber sur ce rude champ de labeur, de précieux


pétales de rose.

Outre les curieux contacts dont vous parlez dans vos pages et
qui sont vraiment étonnants, récemment un groupe de plus de
500 Chavantès s’est présenté inopinément d nos missionnaires.
Comme l’avaient fait jadis les Bororos ils leur ont demandé de les
accueillir et de s’occuper d’eux. Ils acceptèrent même de s’établir
auprès de leurs ennemis d’hier et de vivre en paix avec tous les
Indiens. Cependant ils auraient pu choisir d’autres protecteurs,
car il y en a, mais qui ne sont pas catholiques… Du haut du ciel
nos martyrs les avaient guidés vers nous…

Un autre signe de spéciale bénédiction, ce sont les excellentes


dispositions dans lesquelles ces Indiens arrivent. Son excellence
monseigneur Farésin, leur nouveau chef religieux, m’écrivait
récemment : « J’ai trouvé nos Chavantès joyeux et confiants, leurs
villages sont propres et bien tenus. Je suis enchanté des résultats
acquis en si peu de temps ! »

Comment expliquer ce brusque changement et cette


adaptation si rapide à une manière de vivre qui leur semblait
totalement étrangère voilà quelques mois ? Je crois qu’il faut, pour
le comprendre, remonter aux années de la première
évangélisation, entre 1860 et 1880, qui fut la période la plus
florissante. Tous les Indiens devaient alors envoyer leurs enfants
aux postes de mission. Ils y restaient ordinairement jusqu’à l’âge
de 15 ans puis apprenaient ensuite à travailler. À cette époque les
Chavantès furent particulièrement choyés par les missionnaires et
ils en furent nettement marqués. Ceux donc qui arrivent
aujourd’hui chez nous ne sont autre que les arrières-petits-fils et
même, quelques-uns, les petits-fils, des ouailles des Pères
Capucins ! Je pense que c’est vers cette hypothèse qu’il faut
s’aiguiller pour trouver la solution de ce mystérieux problème
d’adaptation si rapide. À mon humble avis le cas des Chavantès
10 PRÉFACE

n’est autre chose qu’une éclipse dans l’évolution religieuse et


sociale des Indiens de l’Amazone.

Après la lecture du vivant exposé que vous faites de l’apostolat


de nos confrères, quels jeunes gens ou jeunes filles pourraient
rester indifférents ? Je veux croire que certains d’entre eux
n’attendaient que ce magnifique témoignage pour se décider. Ce
sera le « coup de foudre » qui va droit au cœur ! Je veux espérer
par ailleurs que de nombreux chrétiens, émus par ce poignant
récit, ouvriront généreusement leur bourse et aideront ces
missions à terminer la belle page qu’elles sont en train d’écrire
dans les Annales de la Propagation de notre foi.

À tous ceux qui voudront bien répondre à cet appel j’adresse


l’expression de la vive reconnaissance des missionnaires et aussi la
mienne.

Elle se traduira pour eux en une fervente prière.

J. B. COUTURON S. D. B.
Ancien Administrateur Apostolique
de Registro de Araguaya
PROLOGUE

Epubliait
1936, le Père Duroure, missionnaire au Mato Grosso,
N
une brochure d’une centaine de pages intitulée :
SUR LE FLEUVE DE LA MORT.
Il y contait l’histoire toute récente du massacre, perpétré dans
la soirée du 1er novembre 1934, de deux Fils de Don Bosco, ses
compagnons d’apostolat. Ces héros de l’évangile étaient depuis
près de deux ans à la recherche d’une farouche tribu indienne du
bassin de l’Amazone, les terribles Chavantès, terreurs de la forêt
vierge.
Comme toujours, le sang de ces martyrs ne fut pas répandu en
vain.
Le 29 janvier 1951, un groupe important d’Indiens se
présentait de lui-même face à la résidence missionnaire fondée
depuis peu à Chavantina, sur la rive droite du Rio das Mortes ou
Fleuve de la Mort.
Le Père Colbacchini, qui eut la joie d’établir ce premier
contact, fut d’emblée adopté par ces redoutables sauvages et
d’année en année les travaux d’approche se multiplièrent.
Aujourd’hui plusieurs centaines de Chavantès résident près du
poste missionnaire de Santa Teresinha, lieu d’où partirent en 1934
les deux pionniers qui ne devaient plus revenir !
Le récit de ce drame douloureux méritait donc d’être complété
par celui de la conquête qui suivit.
C’est ce que nous avons tenté de faire dans ces pages.
Le lecteur le moins averti ne manquera pas de remarquer
l’accent de vérité qui se dégage de ces seize chapitres, et encore
davantage de l’appel final.
Nous avons laissé à dessein la parole aux missionnaires eux-
mêmes, nous contentant d’unir les divers récits dans leur ordre
chronologique.
Notre vœu le plus ardent est que la lecture de ces lignes
émeuve le cœur de nombreux jeunes, garçons et filles. Puisse
cette passionnante aventure faire naître en beaucoup le désir de la
12 PRÉFACE

vivre un jour en assurant la relève de ceux qui sont tombés


glorieusement aux avant-postes de la chrétienté !

LYON-FONTANIÈRE,ce 31 janvier 1957, en


la fête de saint Jean Bosco.

P. M.
Le Brésil a une
superficie de 8 511 189
kilomètres carrés. Il
occupe la moitié du
continent sud-
américain et sa surface
est dix-sept fois plus
grande que celle de la
France. Par ses
frontières, il touche à
tous les états de
l’Amérique latine à
part le Chili. Sa
population est
d’environ 60 millions
d’habitants. Elle
augmente d’un million
par an.

Le Mato Grosso couvre une


superficie de 500 000 kilomètres
carrés. C’est un des états les plus
étendus du Brésil mais l’un des moins
peuplés. La Prélature salésienne de
Registro de Araguaya se trouve au
nord. Elle a pour limites
approximatives à l’est le Rio Araguaya
et à l’ouest le Rio Xingu. Le fleuve de
la Mort est un important affluent de
l’Araguaya.
CHAPITRE I

LE BRÉSIL, CET INCONNU…

Oignore
aimait à dire naguère que le Français est un Monsieur qui
N
la géographie… Si cette boutade a eu son heure de
vérité, elle l’a considérablement perdue aujourd’hui ! La presse
comme la radio, la télévision et le cinéma font, par le texte et par
l’image, parcourir le monde aux plus distraits. Par ailleurs, les
fameux « Congés payés » voient de modestes familles ouvrières
partir pour les plages des Baléares, le Lido de Venise ou les sous-
bois ombreux de la Forêt-Noire. Non seulement le Français
moderne connaît la géographie mais il en parcourt la carte avec
délice !
Cependant, parler du Brésil à un Français moyen serait,
avouons-le, l’embarrasser quelque peu ! En ravivant dans sa
mémoire les vagues notions emmagasinées lors de la préparation
d’un lointain certificat d’études, il placera sans doute ce pays en
Amérique du Sud… Il se souviendra peut-être d’une certaine
grande ville portant le nom chantant autant qu’étrange de Rio de
Janeiro. Enfin il verra défiler aux regards de son imagination de
vastes plantations de café ou un fleuve de légende appelé
Amazone que les explorateurs parcourent régulièrement et d’où
ils rapportent non moins fidèlement des kilomètres de pellicule
accompagnés d’un reportage sensationnel !
Tout cela, hélas, ne va pas très loin… et il faut reconnaître que
cette immense République latine, grande amie de la France,
mérite mieux.
Avant donc de pénétrer au cœur de la forêt vierge qui
recouvre environ un tiers de son territoire et vient, telle une
marée sans cesse montante, battre jusqu’aux faubourgs de ses
grandes cités, voyons ce qu’est cette antique possession
portugaise découverte par Cabral à l’aube du XVIe siècle.
Tout d’abord, face aux neuf autres Républiques sud-
américaines qu’il touche presque toutes à l’exception du Chili et
CHAP. I : LE BRÉSIL, CET INCONNU… 15

de l’Équateur, le Brésil est un énorme colosse occupant la moitié


du gigantesque triangle latin. La France y entrerait à peu près dix-
sept fois… et les U. S. A. n’arriveraient à le couvrir que si on leur
adjoignait les immensités blanches de l’Alaska !
Les quelque 62 millions d’hommes qui le peuplent,
principalement le long des côtes, sont de toutes races, reliés
toutefois entre eux par la langue officielle qui est le portugais.
L’intérieur du pays est une sorte de trésor fabuleux, un véritable
monde inconnu, capable d’abriter et de nourrir, d’après les
géographes, plusieurs centaines de millions d’habitants. La seule
vallée de l’Amazone, qui couvre une superficie supérieure à celle
de la Méditerranée et totalise 25 000 kilomètres de cours d’eau
navigables, compte à peine deux millions d’âmes !
À quelques heures de vol de São Paulo ou de Rio, villes
tentaculaires comparables à Paris ou à New York, on trouve par
ailleurs des tribus entièrement coupées de toute civilisation.
Vêtues souvent d’un simple rayon de soleil, elles vivent le long
des cours d’eau, décochant parfois des flèches dans la direction
des avions qui viennent, par le vrombissement de leurs moteurs,
troubler leur quiétude.
Terre de contrastes, comme on le voit, le Brésil est aussi,
quatre siècles après sa découverte, un pays à l’avenir prodigieux.
Dans les eaux de ses fleuves on a dénombré plus de 3 000
espèces de poissons !
Parmi eux se signale le piracuru, long de deux mètres et doté
d’une chair particulièrement fine. Il constitue pour le pêcheur qui
a la chance de le capturer un splendide coup de filet.
Ses forêts sont peuplées de variétés infinies de papillons,
d’insectes et d’oiseaux aux plumages multicolores tels que le
perroquet, le toucan ou l’oiseau de paradis. Des tortues géantes
dorment sur les plages de ses fleuves, pondant des centaines
d’œufs dans le sable où leur découverte constitue une manne
providentielle pour les indiens ou les explorateurs en quête de
nourriture. Les termites y causent, malheureusement, comme en
Afrique, d’énormes ravages, dévorant par l’intérieur meubles et
habitations ! On trouve également dans la savane des vampires
16 FACE AUX REDOUTABLES CHAVANTÈS

ailés qui sucent le sang du bétail et une espèce d’araignée qui


capture, pour les manger, les petits oiseaux. C’est par ailleurs le
pays où le moindre hectare de jungle renferme cent essences
d’arbres mais où la construction de quelques kilomètres de route
ou de voie ferrée coûte la vie à des dizaines d’ouvriers ! Le jaguar
et les serpents sont, dans la brousse, les principaux ennemis de
l’explorateur ou du missionnaire. Dans les eaux des grands
fleuves se cachent les jacarès ou crocodiles brésiliens. Sur le sable
de ses plages se cachent d’énormes raies dont la piqûre
occasionne de terribles poussées de fièvre et immobilise le
voyageur parfois durant des semaines.
Enfin, moins visibles mais encore plus dangereux, pullulent les
moustiques des marécages. Par milliers, ils inoculent dans
l’organisme la terrible malaria qui, d’un homme jeune et résistant,
fait en quelques mois une véritable loque.
À côté de cette faune extrêmement variée le sol brésilien
nourrit une foule de plantes et son sous-sol renferme des
richesses insoupçonnées. Fruits exotiques de toutes sortes,
céréales, café, riz, coton, tabac, caoutchouc, canne à sucre y
poussent avec une vigueur rare. Grâce à ses immenses pâturages
l’élevage y est pratiqué sur une vaste échelle et l’industrie laitière y
est florissante. Les prospecteurs ont décelé en divers points du
territoire des gisements de fer, de plomb, de pétrole, voire des
mines d’or et de diamants sans compter toute la gamme des
métaux nécessaires à la production de l’énergie atomique…
Terre vierge, immensément riche en somme, mais où l’homme
s’est heurté sans cesse à la nature dans ce qu’elle a de plus
redoutable. C’est pourquoi, encore aujourd’hui, la surface cultivée
normalement représente à peine deux pour cent du sol brésilien,
et encore la moitié de cette étendue seulement est consacrée à la
production de denrées alimentaires ! Aussi, bien des gens sont-ils
sous-alimentés au milieu de toute cette abondance !
La prospérité du pays a d’ailleurs toujours été un peu
occasionnelle, sa richesse lui venant tantôt du bois de ses forêts,
tantôt de ses diverses plantations de sucre, de coton, de tabac, de
café, de cacao ou d’hévéa dont on extrait le caoutchouc. À l’heure
CHAP. I : LE BRÉSIL, CET INCONNU… 17

actuelle c’est surtout ce dernier qui est en vogue depuis que le


marché d’Extrême-Orient s’est en partie fermé.
La stabilisation économique de cette mosaïque d’États va
maintenant lui venir de son industrialisation à laquelle ses
gouvernants songent de plus en plus. Le gros handicap dans
l’ensemble du pays, au moins pour l’instant, est le manque de
charbon de qualité. La plupart des locomotives et des usines en
sont réduites à brûler du bois ou du charbon de bois ! Mais ses
ressources hydroélectriques sont pratiquement inépuisables. Il
suffira de mettre cet énorme potentiel en valeur pour faire du
Brésil le pays le mieux équipé du monde.
Il y a vingt ans, l’industrie ne représentait qu’un dixième du
revenu national ; aujourd’hui elle en constitue près de la moitié.
Cependant sept brésiliens sur dix sont encore des ruraux, vivant
pour la plupart en petites communautés séparées entre elles par
d’énormes distances. Pour relier ces îlots humains, les moyens de
communication actuels sont encore terriblement précaires. Par
rapport à son étendue, le Brésil a dix-huit fois moins de voies
ferrées que la France ! L’avènement de l’automobile a cependant
marqué le début d’une ère nouvelle tant pour les transports que
pour les communications. L’idéal toutefois est représenté de nos
jours par l’avion. Bondissant par-dessus les obstacles il parvient à
relier en quelques heures des agglomérations qu’il fallait autrefois
des mois de folles équipées pour atteindre, mulets ou canots étant
les seuls moyens mis à la portée des voyageurs… Grâce à la
multiplicité des Compagnies Aériennes et aux nombreux appareils
de tous genres, le peuple brésilien a rompu son isolement
intérieur. Aussi se classe-t-il à l’heure actuelle parmi les pays les
plus fervents de la voie des airs. Comme nous le verrons au cours
de ce récit, les missionnaires n’ont pas été les derniers à adopter
ce moyen de locomotion, à la fois rapide et pratique. Grâce aux
ailes de leurs appareils, comme aux ondes de la radio, l’évangile
est annoncé là-bas par-dessus le mystérieux et farouche « enfer
vert » comme il l’est chez nous « par-dessus les toits ! »
Il n’en est pas moins vrai que dans l’immensité inexplorée de
ses forêts le Brésil cache encore un nombre considérable
18 FACE AUX REDOUTABLES CHAVANTÈS

d’indiens à qui l’évangile et la civilisation sont totalement


inconnus.
Les pages qui suivent vont le montrer dans toute leur tragique
évidence.
CHAPITRE II

UN GUIDE MYSTÉRIEUX.

Donen 1878,
Bosco, le célèbre saint de Turin, avait fait connaissance
à Toulon, d’une famille qui lui témoigna, jusqu’à
sa mort, une bienveillance peu commune. La générosité du
Comte et de Madame Colle envers ses œuvres, plus
particulièrement en faveur de ses missions d’Amérique, classa ces
fervents chrétiens parmi les premiers bienfaiteurs de la
Congrégation Salésienne naissante. On peut dire, et pour l’époque
c’était énorme, que des millions passèrent du coffre-fort de
Maître Colle dans les mains du Saint.
Or le Comte et la Comtesse avaient un fils, unique hélas, et
d’autant plus aimé. Ange de pureté et de douceur, Louis avait une
santé des plus fragile. Don Bosco le connut durant deux ans et
s’éprit pour cet adolescent d’une affection profonde. Tous les
hivers le vieillard, qui venait solliciter sur la côte d’Azur la
générosité française, rencontrait son jeune ami et s’entretenait
longuement avec lui. Il le vit pour la dernière fois sur son lit de
mourant, quelques jours avant qu’une implacable tuberculose ne
l’eût ravi à la tendresse des siens le 3 avril 1881.
Ses rapports avec l’angélique garçon, si étroits pendant cette
vie, prirent au lendemain de sa mort, un caractère absolument
étonnant. D’un regard qui n’était pas de ce monde Don Bosco
voyait soudain l’adolescent auprès de lui et recueillait de sa
bouche les ordres du ciel ! Tout ce que nous savons de ces faits
étranges nous vient évidemment du saint lui-même. Mais
pouvons-nous raisonnablement douter de sa parole ?
La première de ces manifestations surnaturelles eut lieu
quelques jours à peine après la mort du jeune garçon. Don Bosco,
sa messe achevée, confessait dans la sacristie de la basilique
Notre-Dame Auxiliatrice à Turin, quand soudain, il vit son petit
ami toulonnais jouant avec d’autres adolescents dans un jardin
merveilleux, l’air ravi d’un bonheur qui n’est pas de ce monde.
20 FACE AUX REDOUTABLES CHAVANTÈS

Quelques semaines plus tard, le 27 mai, lendemain de la fête


de l’Ascension, le Saint célébrait la messe dans le sanctuaire de
Notre-Dame Auxiliatrice aux intentions de la famille Colle
présente au Saint Sacrifice, quand, au moment de la consécration,
Louis lui apparut à nouveau, toujours rayonnant de bonheur. À la
fin de la messe il retrouva ce mystérieux compagnon agenouillé
auprès de lui pour les dernières oraisons… Enfin, à la sacristie, sa
silhouette se dressa une dernière fois sous son regard, mêlée à une
troupe de jeunes gens morts en odeur de sainteté dans la maison.
Cent autres fois, à l’autel, à table, dans sa chambre, voire dans
un compartiment de chemin de fer, son mystérieux ami lui
apparut ! C’était souvent une vision d’un éclair de seconde disait
le saint qui ajoutait : « Elle n’aurait pu durer davantage, car je
serais tombé évanoui, incapable que j’étais de supporter plus
longuement une pareille splendeur ! »
Il semble toutefois que le rôle du jeune Louis auprès de Don
Bosco fut surtout de lui montrer les desseins de la Providence sur
le travail que devaient accomplir les Salésiens, ses fils, dans les
missions lointaines.
Ainsi, en 1883, alors que Don Bosco célébrait la messe à
Hyères, le garçon vint lui montrer une région d’Amérique du Sud
qu’il lui dit être réservée à ses missionnaires. Et il ajouta : « Faites
communier souvent les enfants et admettez-les de bonne heure à
la Sainte Table ! » Secret, sans doute, pour susciter de nombreuses
vocations pour ces conquêtes futures.
Une des visions les plus longues eut lieu le 30 août 1883, dans
la maison salésienne de San Bénigno, en Piémont. Ce fut à
l’occasion de la fête de Sainte Rose de Lima, la vierge péruvienne,
patronne céleste de l’Amérique latine. Don Bosco raconte qu’il
venait de s’endormir quand il se vit soudain transporté dans une
grande salle où de nombreuses personnes se trouvaient réunies.
Elles parlaient des pays de mission, de la multitude d’âmes qu’il y
avait encore à convertir et se plaignaient du peu d’enthousiasme
dont faisaient preuve les chrétiens pour contribuer à leur
conversion. Tandis que le Saint écoutait ces doléances, un jeune
homme d’environ seize ans s’approcha de lui, rayonnant de
CHAP. II : UN GUIDE MYSTÉRIEUX 21

lumière. C’était le fils du Comte Colle, de Toulon ! Sur une table,


une immense carte était dépliée. Elle représentait l’Amérique du
Sud. Louis, traçant du doigt une ligne allant d’est en ouest, dit à
Don Bosco : « Voici la moisson que le ciel réserve aux Salésiens !
Il y a des milliers et des milliers d’âmes qui les attendent pour se
convertir. » Je reconnus, dit le saint, d’un côté la Cordillère des
Andes, de l’autre l’Atlantique. « Mais comment arriverons-nous à
faire entrer dans le bercail du Christ une telle multitude ? »
demanda le vieillard à son jeune ami. « Regardez », répondit ce
dernier. Et voici qu’un prêtre s’avança, porteur d’une corbeille
remplie de petites figues encore vertes. « Prenez », dit Louis.
« Mais ces fruits ne sont pas mûrs, protesta Don Bosco. On ne
peut pas les manger comme cela ! » « C’est un cadeau que je vous
fais », poursuivit l’adolescent. Et il les tendit à son ami. « Certes,
ajouta-t-il, ils ne sont pas mûrs, mais ils appartiennent au grand
arbre de la vie. Voici comment il faut les faire mûrir. » Le garçon
prit alors une des figues, la plongea dans un vase rempli d’une
substance rougeâtre comme du sang, puis, dans un second plein
d’eau et dit : « C’est avec la sueur et le sang de vos fils que les
sauvages se convertiront et deviendront des fruits agréables aux
yeux du Maître de la vigne ! » Devant le regard étonné de Don
Bosco, le jeune Louis poursuivit : « Ceci arrivera avant que ne
passe la deuxième génération ! »
Cinquante ans plus tard, le 1er novembre 1934, cette prophétie
se réalisait au cœur de la forêt vierge brésilienne, sur les rives d’un
fleuve au nom prédestiné à ce redoutable drame : le Rio das
Mortes ou fleuve de la mort ! Poursuivant sa mission d’envoyé
céleste, le fidèle messager pria ensuite Don Bosco de monter
auprès de lui dans un compartiment de chemin de fer… Lui
montrant alors le Venezuela il le conduisit à travers toutes les
Républiques sud-américaines jusqu’au cap Horn. Chemin faisant
il lui détailla le travail qu’il y avait à faire, lui indiquant au passage
l’importance des populations de ces contrées et jusqu’aux
richesses du sous-sol !
22 FACE AUX REDOUTABLES CHAVANTÈS

Indien Bororo en costume


d’apparat

Le R.P. Fuchs (N°1)


R. P. Sacilloti (N°2)
Sur les rives du fleuve de
la mort
TABLE DES MATIÈRES

PRÉFACE ...................................................................................................................... 3

PROLOGUE ................................................................................................................ 11

CHAPITRE I LE BRÉSIL, CET INCONNU….............................................................. 14

CHAPITRE II UN GUIDE MYSTÉRIEUX.................................................................... 19

CHAPITRE III AU CŒUR DU MATO GROSSO ........................................................... 25

CHAPITRE IV DES INDIENS PACIFIQUES, LES CARAJAS. ....................................... 28

CHAPITRE V À LA RECHERCHE DES INSAISISSABLES CHAVANTÈS. .................... 35

CHAPITRE VI LA CROIX SUR LE FLEUVE. ............................................................... 40

CHAPITRE VII À TRAVERS LES RAPIDES. ................................................................ 44

CHAPITRE VIII L’OMBRE DE LA CROIX. ................................................................. 48

CHAPITRE IX LA SUPRÊME ÉTAPE. ......................................................................... 54

CHAPITRE X LE DRAME. .......................................................................................... 58

CHAPITRE XI PAR-DESSUS L’ENFER VERT. ............................................................ 65

CHAPITRE XII L’HEURE DE DIEU............................................................................ 70

CHAPITRE XIII LA DANSE DE L’AMITIÉ. ................................................................ 78

CHAPITRE XIV LA PLUS BELLE DES CATHÉDRALES.............................................. 88

CHAPITRE XV LES CHAVANTÈS INTIMES............................................................... 94

CHAPITRE XVI LE ROYAUME DE SATAN................................................................ 99

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