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LAL no 9 : Lettre 81. Les Liaisons dangereuses.

Introduction La société du XVIIe siècle est traversée par l’avènement l’idées


nouvelles annoncées par les philosophiques des Lumières, mais
opposées à l’Ancient Régime en crise. Choderlos de Laclos écrit
Les Liaisons dangereuses en 1782. Il s’agit d’un roman épistolaire
sans voix narrative. L’intrigue est conduite par deux libertins, la
Marquise de Merteuil et le Vicomte de Valmont, qui utilise leur
connaissance d’une société qu’ils jugent hypocrite, et
conformiste. Ils manipulent leurs victimes et se lancent des défis.
Le jeu de la séduction se transforme au fil des lettres en duel sans
pitié. Madame de Merteuil, dans cette lettre 81 addressée au
Vicomte de Valmont, réagit vivement aux critiques de celui-ci, qui
l’a mise en garde contre les dangers d’une liaison avec un autre
libertin. Elle va prouver au Vicomte qu’elle est supérieure à
toutes les autres femmes dans ce texte explicatif et argumentatif.

Problématique En quoi Madame de Merteuil est-elle une libertine qui se


distingue des autres femmes ?

Mouvement 1 : Meurteil, une - Emploi péjoratif des déterminants : « ces » (l.1), « autres » (l.3)
femme différente (l.1 à 7) avec la Questions rhétoriques : « Mais moi, qu’ai-je de commun
avec ces femmes inconsidérées  ? Quand m’avez-vous vue
m’écarter des règles que je me suis prescrites, et manquer à
mes  principes  ? » (l.1 à 2) => Mépris pour les autres femmes (et
différence avec les autres femmes) car Merteuil se considère
comme supérieure à elles.

- Caractère oratoire : pronom « vous » pour addresser le


Vicomte et le lecteur (double énonciation) => Fait entendre le
discours que réalise Merteuil sur sa différence.

- Champ lexical de la loi : « régles » (l.2) , « principes » (l.2). =>


Évoque son mode de vie intransigeant (elle s’impose par choix et
de façon autonome des règles et des principes). Merteuil se
présente comme un autodidacte.

- Emploi de la 1ère personne : « je suis mon ouvrage » (l.5), « je


les ai créés » (l.5). Elle se dépeint comme auteure de sa propre
vie à la façon d’une divinité créatrice (Merteuil philosophique).

- Antithèse + parallélisme de construction ternaire : « car ils ne


sont pas, comme ceux des autres femmes, données au hasard,
reçus sans examen et suivis par habitude; ils sont le fruit de mes
profondes réflexions » (l.3 et 4). L’opposition entre elle et les
autres femmes est reprise, cette fois par rapport à ses principes
qui ne sont pas similaires à « ceux des autres femmes ».
Conclusion partielle Dès le début du texte, le personnage central des Liaisons
Dangereuses apparaît comme une femme intelligente et maître
de son destin en opposition avec les modèles féminins présents
dans la société de l’époque.

Mouvement 2 : L’art de la - Les termes « fille » (l.6) et « état » (l.6) : La condition des
dissimulation (l.8 à 23) femmes et des jeunes filles à cette époque et dans ce milieu,
dans cette société de la fin du XVIIIᵉ siècle est décrite par
opposition

- Pronom impersonnel « on » réduit la société à deux lettres et


place tout le monde dans « le même panier ». Ainsi, elle s’oppose
à cette société patriarcale dans son ensemble.

- La construction binaire « vouée par état au silence et à


l’inaction » (l.6) et « j’ai su en profiter pour observer et réfléchir »
(l.7). Alors que la société attendait d’elle une soumission de par
son sexe, la Marquise a prétendu lui donner satisfaction tout en
affutant ses compétences (observation et réflexion). L’opposition
entre les attentes de la société et le comportement de la
Marquise souligne le fait qu’elle refuse le rôle qui lui a été
attribué.

- Le champ lexical de la dissimulation : « dissimuler » (l.10), «


cacher » (l.10), « prendre l’air de » (l.14) et « réprimer » (l.16) =>
La nécessité pour une femme de se cacher pour pouvoir
réellement s’éduquer.

- Le champ lexical de l’intellectualité « observer », « réfléchi »,


« receuillais avec soin », « apprit ». Merteuil rend compte de son
intelligence.

- Antithèse « chagrin / joie » (l.14) et « douleur / plaisir » (l.15).


Montre qu’elle est capable de charger et de décider de ses
émotions (passant d’un extrême à l’autre) afin de manipuler.

- Litote « cette puissance » (l.17). Merteuil en dit moins pour


mettre en davantage l’art de manipuler et de dissimuler.
Conclusion partielle Dans ce deuxième mouvement, Merteuil affirme qu’à l’inverse
des autres femmes, elle n’est pas passive, mais puissant dans
l’activité intellectuelle. Par conséquent, elle a su travaillé sur la
dissimulation de ses sentiments, telle une comédienne. Cette
qualité dans laquelle elle a mis beaucoup de volonté et d’efforts,
lui a permis de devenir une femme manipulatrice.

Mouvement 3 : Meurteil, égale des - Comparaison aux « politique » dans « je possédais déjà les
hommes (l.24 à fin) talents auxquels la plus grande partie de nos politiques doivent
leur réputation » (l.23 et 24). Homme experts en dissimulation et
en mensonge => Mise en valeur d’elle-même en affirmant qu’elle
est leur égal, voire supérieure car la femme plus âgée et plus
expérimentée qu’elle est devenue est également plus puissante.

- Proposition subordonée relative « qu’aux premiers éléments


de la science que je voulais acquérir. » (l.24). La Marquise affirme
son pouvoir de dépasser les hommes. Il s’agit d’ une affirmation
par la marquise de sa puissance, supérieure aux autres femmes,
supérieure aux hommes, même au dirigeants, d’une grandeur
inégalée.

- Antithèse : la fragilité apparente de cette jeune fille est mise en


relief par la négation hyperbolique « je n’avais pas quinze ans »
(l.22)

- « L’amour et ses plaisirs » (l.25) : Elle mentionne pour la 1e fois


le domaine sentimental et charnel/sensuel et sa curiosité à cet
égard (la sexualité était le tabou utltime). Mais ce domaine n’est
clairement pas le sujet central de sa lettre et s’avère finalement
une préoccupation secondaire par rapport à sa soif de pouvoir et
de domination ou moins d’égalité avec les hommes.

- Énumération « n’ayant jamais été au couvent, n’ayant point de


bonne amie, et surveillée par une mère vigilante » (l.26). Elle
énumère les difficultés qu’elle a connues et que les autres jeunes
filles n’ont pas connues => femme expérimentée.

- « Le désir de m’instruire » (l.30) : la volonté de faire sa propre


éducation, quête de savoir (toujours par rapport au siècle des
lumières, la raison).

Conclusion générale Le personnage de la Marquise de Meurteil ne correspond pas aux


représentations traditionnelles des personnages féminins de
cette époque car elle fait l’apologie immorale du mensonge et de
la dissimulation, elle insiste sur le rôle important que jouent
l’intelligence et l’autonomie dans l’éducation d’une femme, elle
se présente comme une personnage insoumis, libertin et tout
puissant qui se libère des contraintes sociales exercées sur les
femmes.
- Ouverture : Cet extrait, mettant en scène le personnage de la
Marquise de Meurteil, appartient bien à la thématique de la
marginalité. Madame de Meurteuil s’inscrit dans lignée des
femmes libertines du XVIIIe siècles comme Manon Lescaut.

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