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Les termes que l’on peut utiliser pour présenter le texte en introduction :

Dialogue fictif / discours (genres), du siècle des Lumières (mouvement), proche de l’essai et du
conte philosophique (genres approchés), qui débat sur (type de texte) la condition de la femme
(thème), vif, didactique, amusant (adjectifs), pour dénoncer l’inégalité hommes-femmes et proposer
un idéal politique (buts).
Pistes de recherche

Première piste : une femme vive/exubérante à la forte personnalité


 La forme du dialogue ainsi que les mots « personnalité » et « discours » suggèrent que la
maréchale a l’épaisseur d’un personnage de théâtre. Le dialogue lui permet d’exprimer sa
personnalité, de montrer comment elle s’empare de la parole, et domine cet espace. On
laisse toute la place à l’incarnation.
 Cela amène à étudier son caractère : sa façon de parler et de se comporter avec les autres
(l’abbé et son mari) le révèle. On peut développer sur son assurance, la tonalité de ses
paroles : ce personnage féminin ne se laisse pas faire.
 Il est logique d’en faire un personnage marquant puisqu’elle est le porte-parole des idées de
Voltaire, c’est elle qui dans la fiction prend en charge son discours = apologue. Il s’agit d’un
exemple marquant de ce que pourraient être les femmes si on leur laissait cette place.

Deuxième piste : une argumentation habile et convaincante


 On peut analyser l’efficacité et l’habileté de ce discours. Elle suit une démarche
scientifique = elle part d’un exemple précis, propose des hypothèses pratiques, se met en
situation avec sa propre expérience. Son expérience se généralise ensuite à toutes les
femmes (je -> nous). Elle reprend également les arguments adverses pour les discréditer.
Elle varie ses références (Molière, exemple historique, naturelle, l’actualité…).
 Une stratégie argumentative qui déploie l’art de la rhétorique : recours à des
modalisateurs, des questions rhétoriques, périphrases, euphémismes, anaphore, la
sollicitation de l’interlocuteur. Le style direct rend le discours plus percutant, la conversation
fictive oralise le discours qui devient moins figé. On voit bien toutes les qualités oratoires de
la Maréchale.
 Elle sait alterner les stratégies argumentatives : on passe de la persuasion (capacité à
émouvoir, expression forte des sentiments, questions rhétoriques) à la conviction
(construction du discours, exemples précis et convaincants, évocation de la Nature).
 Cette deuxième piste étant plus fournie que la première, il est possible de la découper en
deux parties (II/III). Le problème de fusionner les deux dans une seule partie (II) serait de
créer un déséquilibre entre I et II.

Troisième piste : la teneur revendicative / Un modèle de société égalitaire


 « Teneur » signifie « fond, contenu », et ici « idées ».
 La Maréchale propose une vision nuancée et moderne de la femme. Elle admet par
exemple la différence et l’infériorité physique, elle est consciente des inconforts de la
physiologie féminine. Mais elle revendique l’égalité en se fondant sur la liberté partagée
(voca de la soumission, de l’esclavage) dans tous les domaines : vie amoureuse, familiale,
culturelle, psychologique, politique. Cette égalité passe nécessairement par une éducation
identique (remise en cause des couvents).
 La remise en cause proposée est profonde et violente. Ses cibles sont d’abord les
hommes : elle dénonce leur mauvaise foi (autorité basée sur la force et le physique) et ne
leur reconnaît pas de qualité supérieure (« j’ai bien peur que ce ne soit là l’origine de leur
supériorité »). Elle critique aussi le système d’éducation, mettant en valeur son absurdité par
une construction en antithèse et parallélisme : « nous apprennent ce qu’il faut ignorer…
ignorer ce qu’il faut apprendre »).
 En contrepoint, elle propose un idéal politique caractéristique des Lumières, avec un
modèle de monarque femme. La princesse, despote éclairée, a une autorité, un ascendant
naturel. Elle est toute-puissante, omniprésente, généreuse, éduquée et cultivée. Elle est
artiste et mécène et travaille sans relâche. Avec de nombreux mots mélioratifs, elle dresse un
tableau idyllique de ce règne (on peut supposer qu’il s’agit d’un portrait de Catherine de
Russie).

Ce qu’on peut déduire dans une conclusion :

 Un récit plein de vivacité, un personnage haut en couleur, donne l’impression de sortir


d’une pièce de théâtre.
 Toutefois, la maréchale propose bien un discours argumentatif (par l’apologue) qui
emprunte le style, les idées, la force de persuasion de Voltaire. Si le dialogue peut sembler
divertissant, il défend avant tout des idées majeures du XVIIIe sur la question du statut
de la femme.
 Egalement une idée défendue par Laclos ou Poulain de la Barre sous une forme purement
argumentative cette fois-ci et non en ayant recours à l’apologue.

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