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Introduction :
Voltaire, philosophe des Lumières, s’est trouvé sur tous les fronts de la contestation (intolérance, torture,
guerre, esclavage). Dans l’extrait de « Femmes, soyez soumises à vos maris » que nous allons étudier, il aborde
la question de l’inégalité des femmes vis à vis des hommes et de la dépendance des femmes à l’égard de leurs
maris. L’extrait proposé rapporte le dialogue entre un abbé et une femme de l’aristocratie, la Maréchale de
Grancey, en colère contre une phrase qu’elle a lue dans les Epîtres de Saint- Paul : « Femmes, soyez soumises à
vos maris ». Elle expose sa propre vision de la femme et blâme les hommes. Dans un premier temps, nous verrons
qu’elle adopte un langage vif et libéré ; puis nous analyserons la manière dont elle cherche à convaincre son
interlocuteur ; enfin, nous expliquerons comment elle utilise toutes les ressources du langage pour persuader.
b) Elle reprend méthodiquement les thèses en faveur de l’infériorité des femmes pour démontrer leur
fausseté, voire leur absurdité.
Premier argument qu’elle conteste : les femmes doivent dépendre de leurs maris (voir le champ lexical de la
servitude).
La maréchale rappelle d’abord les inconvénients d’être femme, en les renforçant par l’emploi des
champs lexicaux de la souffrance et de la maladie. Si elles devaient en plus « Obéir », ce serait
un inconvénient supplémentaire et intolérable.
Elle utilise ensuite un argument se référant à la nature : la différence entre les deux sexes ne
repose pas sur une hiérarchie, mais sur une complémentarité. Elle dit explicitement que la
femme est aussi nécessaire à l’homme que l’homme est nécessaire à la femme. Les mots qu’elle
emploie insistent sur cette idée de complémentarité : « nécessaire », « union », mais aussi les
pronoms réfléchis réciproques (« les uns aux autres »). C’est une manière pour elle de montrer
que l’égalité entre les hommes et les femmes est naturelle.
Deuxième argument qu’elle conteste : les hommes sont supérieurs aux femmes.
Elle commence par reprendre la phrase de Molière, mais sans la contextualiser (dans l’Ecole des
Femmes, c’est Arnolphe qui prononce cette phrase ; or il est constamment ridiculisé par Molière
à cause de ses idées rétrogrades sur l’éducation des filles). Cela lui permet en tout cas de
montrer sa culture et de préparer son offensive suivante en faveur de l’intelligence des femmes.
Elle tourne cette idée de la supériorité masculine en ridicule, en disant qu’elle ne leur vient que
de leur force physique : lignes 44 à 45.
Troisième argument qu’elle conteste : les hommes sont plus intelligents que les femmes, donc davantage
capables de gouverner.
La maréchale détruit cet argument en citant un exemple concret et récent, celui d’une princesse allemande. La
multiplication des activités citées, dans des domaines variés (mécénat, éducation, charité…) montre que cette
femme exerce un pouvoir politique sensé et ferme.
b) Elle mobilise de nombreux registres différents pour jouer sur les émotions de son interlocuteur :
REGISTRE POLEMIQUE : à propos des couvents et de l’instruction qui y est dispensé aux femmes (lignes 50 à
52).
Elle emploie des termes violents et insultants : « des imbéciles » (pour parle des professeurs).
Elle utilise une antithèse très nette (« nous apprennent ce qu’il faut ignorer et nous laissent ignorer ce qu’il faut
apprendre ») qui met en valeur l’absurdité et l’inutilité de cet enseignement. Elle condamne donc l’instruction qui
est donnée aux femmes et appelle à un nouveau type d’éducation.
Bilan :
Ce texte est à la fois un faux dialogue (puisque seule la maréchale parle vraiment) et un conte philosophique :
l’histoire de la maréchale et sa personnalité servent à réfléchir sur les fondements de l’inégalité entre les
femmes et les hommes et les réflexions de la maréchales remettent en cause cette inégalité. Choderlos de
Laclos et Olympe de Gouges, dans deux essais, à leur tour, défendront les droits des femmes.