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Lecture linéaire : De la Cour, r74, Les Caractères, La Bruyère :

Intro : Jean De La Bruyère (1645-1696) se rattache aux Anciens dans la querelle entre ceux-
ci et les Modernes, il est donc un auteur classique. Il devient précepteur du duc de Bourbon,
ce qui lui ouvre une porte sur les mœurs des « grands » et des courtisans de France. Il devient
alors gentilhomme, position inconfortable puisqu’il est mis à l’épreuve constamment. Il
témoigne de son expérience dans son œuvre la plus connue : Les Caractères, qui paraissent
une première fois en 1688 et sont rééditées 9 fois dont 8 de son vivant. Cette œuvre s’inscrit
dans un registre très ironique et satirique : il peint ses contemporains. Il s’inspire des
caractères de Théophraste, auteur grec du 3e siècle avant JC. Il agit en tant que moraliste, il ne
prescrit pas et laisse ses lecteurs juger. La remarque 74 du livre 8 De La Cours, suit des
remarques très courtes qui critiquent celle-ci.
Lecture du texte
Annonce problématique : Nous verrons le moraliste utilise la stratégie d’une écriture de
l’oblique pour faire une satire de la cour.

Analyse :
La remarque est très longue et ne se présente pas comme un portrait, c’est une description. Il
nous emmène dans un pays lointain et indéfini.
L1 : « vieillards » qui s’opposent à « jeunes gens » l.1 jusqu’à la ligne 7 qui sont excessifs, et
débauchés « eaux fortes », « durs », « féroces », « affranchis de la passion » …
L7-11 il nous parle des femmes puis des hommes L11-15
L15-20 : les grands,
L20-25 : D.ieu
C’est un thème qui reflète l’organisation pyramidale et hiérarchisée de la société : du peuple
au roi puis a d.ieu
L.1 : pronom indéfini au référentiel flou ouvre la remarque : locuteur difficilement
identifiable., cela permet à l’auteur de parler à visage couvert pour ne pas dire directement ce
qu’il pense : c’est une stratégie d’écriture, disant ainsi la prudence.
L.1 : « parle » montre que cette remarque est installée dans une esthétique de conversation
L.1 « une » nous fait attendre des précisions que l’on obtient avec 3 adjectifs attributs du sujet
qui valorise « vieillards », ces qualités font référence à l’honnête homme, que sont les
vieillards ce qui les opposent aux jeunes : La Bruyère dit le changement de la société.
L.2 la locution adverbiale « au contraire » oppose les jeunes et les plus âgés : renforce le
propos de la bruyère.
L.2 il y a une énumération d’adj disqualifiant définissant les jeunes., de plus en les
animalisant « féroces » le moraliste montre la violence des rapports humains, qui est
corroborer par le grp nominal « sans mœurs ni politesses »
La bruyère montre la brutalité des jeunes gens : on le voit grâce à l’asyndète. L’ellipse du
verbe « sont » met en contact « jeunes gens » et « durs »
Il décrit une période de mutation, transformation.
1ere phrase construite en symétrie, qui favorise cette comparaison, construit sur 7 phrases.
deux prop principales « l’on parle » l.1 et « ils se trouvent affranchis » l.2-3, sont suivies de
prop sub relatives et indépendante. Cette construction, avec info, noyée dans le flou favorise
un lecteur actif, amené à se poser des questions et donc à faire le chemin critique.
Progression à thème constant repose sur « ils », ce qui montre l’arrogance des jeunes gens : se
mettent en avant et ne se plient pas aux usages (annoncé par l.2)
Monde contre-nature et flou, adverbe « ailleurs » l.3 renforce ce sentiment
L3-4 : accumulation qui finit sur un adj subjectif.
L.2-4 est humoristique : sous-entend que les jeunes gens seraient des croqueurs de fortunes,
du moins fréquenteraient vieilles aristocrates argentées pour leur argent.
Le passage est atemporel car écrit au présent de l’indicatif
L.4-7 champs lexical des vins et alcools, construite sur une gradation ascendante : « sobre
(…) vin (…) eaux de vie » ; « celui-là chez eux est sobre et modéré qui ne s’enivre que de
vin » très ironique/contradictoire car « vin » est métonymique de la surenchère, de l’excès.
Les jeunes se lassent trop vite, la jeunesse est prématurément vieille. Portrait charge affligeant
d’une jeunesse perdue, livrée au libertinage des mœurs : faux sentiments/ conso en excès.
L.7-11 description femmes, « femmes du pays » mais ou sommes-nous ? renforce idée d’un
regard objectif car extérieur ; stratégie du détour. Femmes dans le culte de l’apparence,
contre-nature « artifices » l.8+ abus maquillage renforce les défauts, caricaturées donc
comédie sociale, « étalage » l.9= excès. Le flou est continu, le locuteur est encore une fois
placé à l’extérieur comme le montre le déterminant possessif « leur » l.8
Nombreuses accumulations, femmes vues comme presque exhibitionnistes « qu’elles étalent
avec leur gorge ». l.9-10. Pourtant, caricatures sont fondées sur la réalité et les modes de
l’époque. L’implicite est que ces femmes ont un déficit de beauté et qu’elles font tout pour le
cacher.
La description est très importante, pourtant tout est encore assez flou.
L.12 périphrase pour la perruque, qui est métonymique de l’hypocrisie, registre satirique. Le
« nette » de la ligne 12 a un double sens, les gens ne sont ni nets physiquement, ni
moralement.
L ;14-15 : les hommes se cachent et se construisent des apparences, cela dit l’hypocrisie et
c’est donc une satire de la comédie sociale de l’ambition et des faux semblants. On peut y voir
du theatrum mundi.
La Bruyère aborde les grands a la moitié de cette remarque ce qui nous rapproche de d.ieu.
L.15 « peuples d’ailleurs » périphrase qui ne nous apporte tjr pas de précision ! regard
extérieur donc légitimées. On comprend que dans ce peuple il y a bcp de gens qui s’opposent
à l’élite dorénavant abordée car on passe du plrs au sg.
Présent itératif de la line 16 jusqu’à la fin du texte
L.16 « ce temple qu’ils nomment église » passage très modalisé, tjr dans le flou, le locuteur ne
fait que témoigner de ce qu’il voit/hésitation « certaines heures », coutumes inhabituelles.
Le locuteur marque de plus en plus les distances entre ce qu’il observe et sa société : L.22
« paraît », « semblent »L.20…
L.11 annonce le « mystère » de la ligne 19 c’est à la fois la religion et qlq chose que l’on ne
saisit pas entièrement. Cette scène religieuse est théâtralisée : « cercle », « les faces élevées
vers le roi » L.20
Phrase très ironique qui dit l’hypocrisie à la ligne 21 « une espèce de subordination », ils
semblent l’être, doivent l’être mais ne le sont pas
L.22 chiasme qui dit qu’au-dessus du roi, il y a d.ieu « ce peuple paraît adorer le prince, et le
prince d.ieu »
Gradation ascendante à la l.18 sur des termes religieux (qui montre la place de la religion mais
pas par importance elle effraye ?)
Le texte=écriture prudente, du détour, information mais nous noyent dans un flou, moraliste
est prudent (L.23 « gens du pays ») et c’est au lecteur d’être actif pour voir l’implicite et le
msg porté par le texte. Le moraliste joue avec ses lecteurs comme ils pourraient jouer dans
leurs salons. Texte finit sur une touche humour car dit implicitement qu’il parle de la France
si l’on se trouvait aux USA « iroquois » / « onze cents lieux »
Conclusion : Nous retiendrons que ce passage est un apologue car il repose sur une stratégie
d’argumentation indirecte. C’est une écriture de l’oblique qui dit les vérités avec prudence. La
cour est le lieu du theatrum mundi. La comédie sociale est exhibée dans ce passage, selon
chaque strate de la société. Le moraliste décrit cette société accablante qu’il subit
quotidiennement. Cette stratégie de l’oblique fait du lecteur le responsable de la critique.
Indirectement, La Bruyère nous invite à la prudence et son propos tourne principalement
autour de la cour de Versailles même s’il a une portée universelle. La Bruyère nous montre le
changement de la société.

Question de Grammaire : étudier la négation sur les lignes 11-12 :


« de ne pas se monter assez »l.11 négation adverbe « ne pas », « ne » est le discrodantiel ici
« pas » (et « assez ») confirment cette négation, ils sont donc forclusifs. « n’est pas nette »
« n’ pas » négation adverbiale, forclusif= « pas » donc discordantiel= « n’ »

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