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384-387 LLS
1. Texte A.
a. Pourquoi Chrysale n'approuve-t-il pas la volonté de sa sœur ? Résumez chacun de ses
arguments.
• Premier argument : il n'est pas moral, il n'est pas bienséant pour une femme
d'être savante : « Il n'est pas bien honnête […] Qu'une femme étudie et sache tant
de choses » (v. 1) ; • Deuxième argument : elle a déjà de nombreuses
responsabilités, de multiples tâches à accomplir : « Former aux bonnes mœurs
l'esprit de ses enfants, / Faire aller son ménage, avoir l'œil sur ses gens / Et régler
la dépense avec économie / Doit être son étude et sa philosophie » (v. 3-6). Son
rôle est donc de s'occuper de son foyer (enfants, domestiques, intendance) ; •
Troisième argument (argument d'autorité) : c'était déjà ainsi par le passé,
l'expérience montre que les femmes n'ont pas besoin d'être savantes pour être
heureuses (les femmes de nos pères « ne lisaient point, mais elles vivaient bien »,
v. 11) et c'est la leçon qu'ont transmise les pères, « gens bien sensés » (v. 7) : «
une femme en sait toujours assez [...] » (v. 8) ; • Quatrième argument : si les
femmes passent trop de temps à étudier, elles ne savent plus accomplir les tâches
qui sont les leurs, les tâches domestiques : « l'on sait tout chez moi, hors ce qu'il
faut savoir » (v. 20).
b. Chrysale exprime-t-il le point de vue de Molière ? Si besoin, faites une recherche pour
répondre.
Dans Les Femmes savantes, Molière ne se moque pas seulement des trois
personnages féminins (Philaminte, Bélise et Armande) qui sont sous l'emprise
d'un faux savant, mais également du mari de Philaminte, Chrysale, qui ne
parvient jamais véritablement à s'opposer aux lubies et aux choix de sa femme.
Par conséquent, Chrysale, ridiculisé par Molière, n'est pas le porte-parole de ses
idées. La position de Molière au sujet des femmes est ambiguë. Ses pièces
critiquent avant tout les positions excessives, dont un certain nombre d'abus
envers les femmes. On peut penser notamment à la dénonciation virulente des
mariages entre vieillards et jeunes filles (dans L'École des femmes, en 1662 ou
dans L'Avare, en 1668 par exemple). Mais il n'entend pas pour autant renverser
l'ordre établi ni les rôles attribués aux femmes et aux hommes. Ainsi, dans
nombre de ses pièces, les femmes passent des mains de leur père à celles de leur
mari. Néanmoins, il faut noter qu'il donne la parole aux femmes, leur permet de
contester l'autorité paternelle et de revendiquer un droit à l'éducation. Dans
certaines pièces, les femmes peuvent être supérieures à leur mari (George
Dandin) ou refuser de se marier (La Princesse d'Élide). En résumé, Molière n'est
pas misogyne, mais il n'est pas non plus une figure majeure du féminisme. On
peut dire qu'il est féministe dans la mesure où il se moque tout autant des hommes
que des femmes. Dans ses pièces, les sexes sont ridiculisés à égalité. Les Femmes
savantes est une pièce qui propose une réflexion intéressante sur ce thème, mais
le ridicule des personnages féminins ne leur donne pas pour autant raison dans
leur démarche. Pour nourrir la réflexion, on pourra écouter le point de vue de
Macha Makeïeff, qui s'exprime à l'occasion de sa mise en scène des Femmes
savantes.
2. Texte B.
a. Quelle différence Rousseau fait-il entre les femmes et les hommes ?
Pour Jean-Jacques Rousseau, « Par la loi même de la nature » (l. 1), les femmes
n'existent qu'à travers le regard et le jugement des hommes : « leur honneur n'est
pas seulement dans leur conduite, mais dans leur réputation » (l. 5-6). Il est donc
nécessaire, d'après lui, de penser l'éducation des femmes en fonction des hommes,
car leurs rôles dans la société sont déterminés en fonction des hommes : « Ainsi
toute l'éducation des femmes doit être relative aux hommes. Leur plaire, leur être
utile, se faire aimer et honorer d'eux, […] leur rendre la vie agréable. » (l. 8-10).
Cette distinction est essentielle pour lui car elle constitue la garantie du bonheur,
tant des femmes que des hommes : « Tant qu'on ne remontera pas à ce principe
[…] les préceptes qu'on leur donnera ne serviront de rien pour leur bonheur ni
pour le nôtre » (l. 12-14). Remarque : ce texte pourra permettre de nuancer
l'image parfois idéaliste, ou excessivement moderne, que les élèves se font des
philosophes des Lumières.
3. Texte C.
a. Lisez le texte attentivement, puis reformulez à l'oral
le point de vue de Condorcet.
b. En quoi son raisonnement peut-il sembler paradoxal ?
5. Texte E. Après avoir lu l'extrait, expliquez le sens de la célèbre formule de Beauvoir : « On
ne naît pas femme, on le devient. »
6. Texte F. Pourquoi la narratrice préfère-t-elle que sa fille lise plutôt qu'elle couse ?
Dans cet extrait, on comprend que la couture est une activité convenue, morale et
adaptée aux jeunes filles (« il vaut mieux, pour une enfant de cet âge, un ouvrage
de couture qu'un livre romanesque » l. 2-3). Cependant, sa mère n'apprécie pas
qu'elle couse, car lors de cette activité la jeune fille développe ses capacités à
réfléchir par elle-même : « Mais Bel-Gazou est muette quand elle coud. […]
Écrivons donc le mot qui me fait peur : elle pense. » En revanche, la lecture est
une activité qui permet de rêver, de s'évader, de se divertir et d'avoir ainsi l'esprit
occupé à autre chose qu'au monde qui l'entoure : « Quand elle lit, elle revient,
toute égarée et le feu aux joues […]. Elle s'imprègne d'un poison éprouvé,
traditionnel » (l. 5-7).
Cette question est l'occasion pour les élèves de prendre position par rapport à l'un
des textes du groupement, afin d'en vérifier la compréhension et d'élaborer un
discours argumenté. On peut envisager de choisir un texte afin de montrer que
l'on adhère à la thèse d'un(e) auteur(e) et d'expliquer pourquoi. Au contraire, cela
peut être l'occasion de construire un réquisitoire pour exprimer son désaccord
avec l'un(e) des auteurs. Que l'on choisisse la forme orale ou écrite, il sera
nécessaire de préparer un brouillon structuré qui s'appuie sur des éléments précis
du texte et des exemples personnels. Les élèves devront également recourir aux
procédés de modalisation, afin de mettre en évidence leur implication dans le
discours.