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Sujet : «Il est beaucoup plus facile pour un philosophe d'expliquer un nouveau concept

à un autre philosophe qu'à un enfant. Pourquoi? Parce que l'enfant pose les vraies
questions.» Jean-Paul Sartre
L’enfant, en mettent en avant sa raison puérile, peut-il déstabiliser la raison adulte ?
Sens global : La capacité de l’enfant à comprendre les idées nouvelles est inférieure à
celle des adultes vu que ces derniers bâtissent les nouvelles connaissances sur les
anciennes, alors que la virginité cognitive de l’enfant l’oblige à partir de zéro, et à tout
construire. Si certaines vérités sont évidentes pour l’adulte parce qu’elles relèvent de
son expérience, de ses aprioris, pour l’enfant, rien ne va de soi, tout doit être défini vu
que tout est nouveau. Si l’enfant pose les vraies question, selon Sartre, c’est parce qu’il
perçoit la vérité des choses, il a un regard libéré des aprioris et des tabous. On
comprend alors pourquoi il est difficile pour un adulte de convaincre un enfant et de
satisfaire sa curiosité : ce dernier veut tout savoir étant donné qu’il ne sait rien, il pose
des questions qu’un adulte ne pose pas normalement car il est impoli de les poser ou la
réponse est évidente. Face à un enfant, pour expliquer un nouveau concept, il faut
commencer par expliquer et démontrer ce qui est parfois indémontrable.
I- L’enfant est résistant à la logique adulte étant donné qu’il a sa sagesse à lui.
1- L’enfant est débarrassé des préjugés et des tabous.
Exemple 1 : Wole est libre des chaînes de la superstition qui domine la société
nigériane. Il a pu ainsi toucher au « juju » dont tous ses camarade au Lycée National
avaient peur.
Exemple 2 : C’est pour cela que Rousseau critique cette soit disant sagesse adulte qui
n’est en réalité que soumission aux préjugés: «toute notre sagesse consiste en préjugés
serviles ; tous nos usages ne sont qu’assujettissement, gêne et contrainte » (p.66)
Exemple 3: Chez Andersen, l’adulte est également esclave des préjugés et surtout de
l’opinion des autres qui l’empêchent de voir la réalité. Ainsi, seul un enfant a osé voir et
dire la nudité de l’empereur.
2- Par conséquent, l’enfant pose des questions et formule des vérités désinhibées et
dérangeantes.
Exemple 1 : Wole met en colère sa mère avec ses « questions stupides » (P.114) et
surtout avec ses remarques innocentes et judicieuses, mais gênantes, sur sa
ressemblance avec l’organiste. Pour Chrétienne Sauvage, s’entendre dire qu’elle est
« enceinte comme l’organiste » (p.114) est stupide et surtout impolie.
Exemple 2 : Pour Rousseau, grâce à « l’éducation naturelle et libre », l’enfant parlerait à
l’adulte « aussi naïvement qu’à son petit camarade » (p.198) Si l’enfant devient inhibé et
commence à mentir, c’est parce que les adultes l’y ont obligé, car « les mensonges des
enfants sont tous l’ouvrage des maîtres » (p.199)
3- L’enfant, grâce à cette forme de clairvoyance, remet en question la logique adulte.
Exemple 1 : Ainsi, Wole, face à ses parents , est suffisamment clairvoyant pour trouver
«la faille dans leur raisonnement» p.109
Exemple 2 : C’est pour cela que Rousseau met en garde les éducateurs contre les
situations où l’élève croit avoir le droit et l’intelligence de contredire son maître, «il ne
cherche plus à s’instruire, il cherche à vous réfuter» (p.186)
Exemple 3: Chez Andersen, Gerda remet en question un préjugé adulte qui est en
réalité une vision du monde : un enfant, qui disparaît en hiver, est supposé mort par sa
famille qui arrête de le chercher. Gerda prouve la nullité de telles croyances en
parvenant à retrouver Kay plusieurs années après sa disparition.
II- Néanmoins, cette autonomie intellectuelle est impossible et souvent périlleuse
pour un être sans expérience, et qui ne peut avancer que grâce au soutien des
adultes.
1- L’enfant apprend en imitant les adultes, il puise sa force intellectuelle dans leurs
expériences.
Exemple 1 : Pour Rousseau, l’enfant ne peut « arriver au degré commun
d’entendement » et quitter cet « état primitif d’ignorance et de stupidité » sans « qu’il eut
rien appris de l’expérience de ses semblables » (p.112) Donc, l’imitation est productive
vu qu’elle permet de développer l’intelligence de l’enfant. C’est ce qui fait dire à
Rousseau que « le goût de l’imitation est de la nature bien ordonnée » (p.203)
Exemple 2 : Wole imite les gestes de Broda Pupa : comment tenir une machette,
comment toucher une cible avec des pierres… Il acquiert ainsi un savoir-faire lui
permettant de survivre dans la brousse.
2- Quand l’enfant s’écarte du modèle adulte et prétend appliquer sa logique enfantine, il
court à la catastrophe.
Exemple 1 : Le petit crapaud et la petite sirène s’écartent de la voie tracée par les
adultes, et osent transgresser les interdits, cela a causé leur mort.
Exemple 2 : L’enfant entêté, dont Rousseau était le gouverneur, en osant sortir seul
sans être accompagné d’aucun adulte a été traumatisé par une réalité dangereuse dont
les adultes l’ont longtemps protégé.
Exemple 3 : Dipo, en choisissant de fuguer, s’est écarté de la doxa, cela l’a mis en
danger. A son retour accompagné de deux adultes sauveurs, « il avait l’air si
vulnérable » (p.239)
3- La raison adulte est nécessaire à la survie de l’enfant indépendamment de ses
capacités physiques.
Exemple 1 : Rousseau suppose que si l’enfant venait au monde fort et autonome
physiquement, cela le handicaperait, car les adultes ne sentiraient pas obligé de
l’assister ; et sans leur savoir et savoir-faire, l’enfant « mourrait de misère avant d’avoir
connu ses besoins » (p.55)
Exemple 2 : Wole échappe à l’attaque des abeilles en appliquant les conseils de Broda
Pupa. Ce qui l’a donc sauvé, ce n’est pas sa force physique mais bien le savoir transmis
par les adultes. En effet, dans le même chapitre, on trouve qu’un adulte fort
physiquement mais insuffisamment informé, a été grièvement blessé par une attaque
d’abeille.
III- Il s’agit alors de trouver un compromis entre la transmission verticale et la
révolte ; il faut que l’adulte encourage et guide l’émancipation de l’esprit et de
l’imagination de l’enfant.
1- L’adulte doit transmettre à l’enfant un non-savoir, il doit lui apprendre à tout apprendre
par lui-même au contact de la nature.
Exemple 1 : Rousseau privilégie « l’acquis de notre propre expérience sur les objets qui
nous affectent », donc « l’éducation des choses » (p.56) qu’il appelle « éducation
négative » car elle consiste « tout faire en ne faisant rien »
Exemple 2: ce que Wole a appris à Isara, c’est comment survivre grâce aux adultes
mais sans les adultes : Broda Pupa lui a appris à interagir avec les choses, à apprendre
de la nature, donc devenir autonome.
2- L’adulte sera ainsi un guide et un accompagnateur et non point un instructeur.
Exemple 1 : Rousseau privilégie un gouverneur jeune qui sera un camarade de jeu et
non point un maître.
Exemple 2: L’attitude des Kuti à l’égard de Wole est un mélange de respect et de
complicité qui fait oublier que Daodu est le sévère proviseur de L.A. : « Avec eux, je
n’avais jamais besoin de poser beaucoup de questions. Ils étaient toujours prêts à me
parler, à tout enfant qui le souhaitait d’ailleurs, comme ils le faisaient avec les adultes »
(p.427)

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