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Entre 1776 et 1778, il rédige Les Rêveries du promeneur solitaire où dans la

9ème promenade il revient sur l’abandon de ses enfants et les problèmes d’éducation.
Il ne pourra achever cet ouvrage car il meurt le 2 Juillet 1778 à Ermenonville.

Emile ou de l’éducation est un traité de 594 pages publié en 1762 composé de


cinq livres correspondant chacun à une phase du développement physique et moral
d’Emile, un jeune élève imaginaire de Rousseau. Il est publié initialement en 4
volumes. Lorsque J.J Rousseau écrit Emile ou de l’éducation, nous sommes en pleine
période des Lumières militantes (1750 – 1774), précédant les révolutions à venir.
Entre 1750 et 1774 les idées essentielles du siècle des Lumières se cristallisent et se
diffusent : le libre examen, la lutte contre les préjugés et les traditions, la science,
l’expérience, le progrès et le bonheur comme idée nouvelle. Les philosophes sont les
défenseurs de la liberté de penser, de la science et de la tolérance religieuse en
France. La figure centrale est celle de Voltaire (1694 - 1778). Il exerce une véritable
souveraineté intellectuelle, par ses livres et surtout par son abondante
correspondance. Il dénonce les dénis de justice, le fanatisme et l'intolérance.

Dans Emile ou de l’Education, Rousseau loue l’apprentissage d’un métier


manuel, le seul selon lui qui garantisse la subsistance et l’indépendance, en cas de
grands bouleversements de l’ordre social. Le monde existant n’est pas du tout
satisfaisant et le rôle de la philosophie n’est pas seulement de l’aménager mieux en
corrigeant tel ou tel de ses abus, mais de mettre radicalement en question les valeurs
sur lesquelles il se fonde.

Emile ou de l’Education s’inscrit dans son projet d’épuration des mœurs de l’époque
par un retour à la nature.

Dans l’Emile, Rousseau exprime surtout les principes d’une éducation conforme
à la nature car il considère que « tout dégénère » entre les mains de l’homme. Il faut
donc protéger l’enfant qui naît des perversions de la Société et de l’influence néfaste
de la civilisation : « L’homme naît naturellement bon, c’est la Société qui le pervertit.
»

Quelle est alors la finalité de la thèse principale développée dans cette œuvre ?
La visée éducative de l’auteur est-elle toujours la même tout au long de l’ouvrage ?

Nous pouvons nous demander également comment est appréhendée la théorie


de Rousseau par ses contemporains : en effet, comment prendre au sérieux ce traité
d’éducation de la part de Rousseau alors qu’il a abandonné ses cinq enfants, sans leur
donner d’éducation ?

Dans un premier temps, nous analyserons donc la pensée de Rousseau :


l’éducation de l’enfant doit être libre et naturelle et se faire par l’observation et la
découverte, mais elle est aussi politique, sentimentale, et utilitaire, en effet tout doit
être appris afin de servir.

Dans un second temps, nous mettrons en valeur les disfonctionnements de la


thèse de Rousseau et ses contradictions en nous appuyant sur des exemples précis.

Synthèse :

Selon J.J Rousseau, l’homme se pervertit au contact de la société : en effet, la


culture et l’apprentissage des nouvelles idées des Lumières éloignent l’homme de ses
besoins fondamentaux, et c’est en cela que Rousseau se montre dissident de la société
dans laquelle il évolue, recevant les critiques de ses contemporains, comme Voltaire,
qui ont pour volonté la suppression de l’obscurantisme et l’accès pour tous à la
connaissance et à la nouveauté.

Pour l’auteur, l’homme bon a peu de besoins et n’a en aucun cas besoin de se
comparer à l’Autre. Un homme bon doit savoir vivre seul. A contrario, l’homme
méchant a beaucoup de besoins et tient compte de l’opinion d’autrui. Rousseau
préconise donc l’innocence prolongée jusqu’à la fin de l’adolescence c’est à dire
apprendre à l’enfant qu’il a des semblables, qui sont des Hommes avant d’être un
homme ou une femme en tant qu’être sexué.

Dans Emile ou de l’éducation, Rousseau va exhiber au lecteur sa vision de la


bonne éducation, de l’enfance jusqu’à l’arrivée à l’âge adulte. Pour ce faire, il prend
l’exemple d’un jeune enfant imaginaire, Emile, dont il se charge de l’éducation
jusqu’à l’âge adulte.

Selon l’auteur, dès l’enfance, l’éducation d’Emile doit être rude. L’éducation
d’Emile n’a qu’un but, former un homme libre, capable de se défendre contre toutes
les contraintes, tout en respectant les libertés de l’enfant : la première liberté de
l’enfant est de respecter ses besoins naturels, et la satisfaction de ses désirs. Par
contre, il faut s’attacher à ne satisfaire que les besoins naturels et non les « besoins de
fantaisie »

Le précepteur doit également être jeune pour une bonne éducation, il ne doit pas
imposer les idées, mais lui faire comprendre par lui-même les notions de bien et de
mal et de bonne morale.

De plus, pour Rousseau, l’homme est dépendant à la fois de la nature, et de la


société qu’il a construite. L’enfant ne doit donc pas faire les choses par obéissance
mais par nécessité, parce qu’il a compris de lui-même qu’il fallait les faire. D’ailleurs,
l’enfant retient mieux les bases de la bonne éducation en en faisant lui même
l’expérience. Effectivement, Emile apprend mieux parce qu’il ne se rend pas compte
qu’il apprend, il agit selon ce qu’il veut et non pas par ce que lui demande un autre.
L’éducation des sens est elle aussi très importante car tout ce que l’enfant
apprend provient de la vue, du toucher, du goût, de l’odorat, et de l’ouïe.

Selon Rousseau, il faut également que son corps s’endurcisse : l’enfant doit par
exemple apprendre à réguler son sommeil, à ne plus avoir peur des choses qui lui
sont étrangères (mise en place de jeux nocturnes par exemple).

Différents apprentissages sont par ailleurs fondamentaux comme celui du dessin


qui développe les capacités d’observation de l’enfant, et forge son imagination en
ayant des représentations exactes de nature et des objets qui l’entourent. Cet
apprentissage doit être ludique et désiré par l’enfant.

L’éducation est également gustative, l’enfant doit être végétarien car l’auteur
considère que la viande n’est pas bonne pour les Hommes.

De manière évidente pour l’auteur, l’enfant doit faire l’apprentissage de la raison


: la raison humaine qui compare les idées et les connaissances, la raison sensitive
c’est à dire que ce sont les sensations qui forment des idées, et la raison intellectuelle
qui sont l’agglomération d’idées simples qui forme une idée complexe. C’est la raison
pour laquelle il s’agit de développer sa curiosité, et de rendre le jeune esprit attentif
aux phénomènes de la nature, l’enfant doit en effet trouver réponses à ses propres
questionnements.

Selon Rousseau, il ne faut lui apprendre que des choses « justes et claires » comme
l’apprentissage des sciences.

Les besoins naturels occupent une place particulière dans l’ouvrage, en effet
selon l’auteur, ils sont égaux à tous, donc l’éducation doit être la même pour tous les
hommes : Emile doit ainsi avoir un métier utile et honnête, comme le métier d’artisan
qui selon lui est le seul qui se rapproche le plus de la nature. L’artisan est un homme
libre, il ne dépend que de son travail et de lui-même. Rousseau donne pour exemple à
Emile Robinson Crusoé, dont il fait lire l’ouvrage. Il faut qu’Emile trouve un métier
qui pourrait servir à Robinson sur son île, preuve pour Rousseau qu’Emile exercera
donc un métier utile à une vie simple et naturelle. Ce métier, Rousseau veut
l’apprendre avec Emile, car il pense qu’Emile n’est pas capable de l’apprendre seul.

La question du jugement est une autre dimension éducative sur laquelle insiste
l’auteur : ainsi apprend il à Emile à juger correctement les choses, Rousseau donne
pour exemple un bâton plongé dans l’eau que l’on voit par le liquide cassé, l’élève doit
apprendre à juger avec son esprit et non ses yeux, il sait alors que ce bâton n’est pas
cassé. Rousseau démontre à Emile par cette observation que tout jugement est un
raisonnement.

De la question du jugement, découle celle de la vérité : celle-ci se trouve à


l’extérieur de l’homme, « dans les choses », et non pas dans ses jugements.
Selon Rousseau l’adolescent ne ressent pas les émotions de l’Autre, il ne connaît
que ses propres peines, ses propres douleurs, ses propres sentiments. Il est un être
égocentrique avant tout. Ainsi le premier sentiment que l’adolescent doit avoir est
l’amour propre. En effet il doit d’abord s’aimer lui-même. Le deuxième sentiment qui
en découlera est d’aimer ceux qui l’entourent.

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