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Florent Guénard
Philopsis : Revue numérique
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mettre l'ordre et la règle dans les passions naissantes ? Étendez l'espace durant lequel
elles se développent, afin qu'elles aient le temps de s'arranger à mesure qu'elles
naissent » (ibid., p. 500).
6 Ibid., p. 323. Voir la Lettre à Beaumont, OC IV, p. 945.
7 « on voit du moins, au peu de soin qu'a pris la nature de rapprocher les
hommes par des besoins mutuels, et de leur faciliter l'usage de la parole, combien
elle a peu préparé leur sociabilité, et combien elle a peu mis du sien dans tout ce
qu'ils ont fait, pour en établir les liens », second Discours, OC III, p. 151.
8 Ibid., p. 165.
9 Ibid., p. 168.
10 Emile, OC IV, p. 243.
11 « Vivre est le métier que je veux lui apprendre » (ibid., p. 252).
Etre à sa place
Force et faiblesse
Perfectibilité et amour-propre
20 Ibid., p. 303.
21 « Chaque âge, chaque état de la vie a sa perfection convenable, sa sorte de
maturité qui lui est propre » (ibid., p. 418).
22 Ibid., p. 488.
23 « … en ôtant les contradictions de l'homme on ôterait un grand obstacle à
son bonheur » (ibid., p. 251).
24 Ibid., p. 310.
25 Ibid., p. 503.
Mais l'éducation publique n'est plus possible, parce que ses conditions
politiques ne sont plus réunies. La patrie, souligne Rousseau au début du
livre I de l'Emile, n'existe plus : les inégalités sont trop marquées pour que
les individus puissent se sentir appartenir à un espace public commun, le
sens de l'intérêt général s'efface derrière la satisfaction des intérêts
particuliers qui ne cessent de s'en détacher. Reste donc l'éducation
domestique : c'est elle qui doit élever l'enfant de telle sorte qu'il puisse à la
fois s'accorder à lui-même, vivre avec ses contemporains dans une société
désordonnée et échapper à leurs misères. Une telle éducation s'organise à
cette fin en fonction de deux principes qui, comparés aux exigences de
l'éducation publique, peuvent sembler paradoxaux. Le premier porte sur la
socialisation : c'est en élevant Emile pour lui-même qu'on parviendra à
l'élever pour les autres. Le second porte sur la réalisation de soi : c'est en
jouant sur la conscience qu'il prend de sa faiblesse qu'on pourra le rendre
fort.
Solitude et sociabilité
34 « Si, par exemple, on les exerce assez tôt à ne jamais regarder leur
individu que par ses relations avec le corps de l'Etat, et à n'apercevoir, pour ainsi
dire, leur propre existence que comme une partie de la sienne, ils pourront parvenir
enfin à s'identifier en quelque sorte avec ce plus grand tout, à se sentir membres de
la patrie, à l'aimer de ce sentiment exquis que tout homme isolé n'a que pour soi-
même, à élever perpétuellement leur âme à ce grand objet, et à transformer ainsi en
une vertu sublime, cette disposition dangereuse d'où naissent tous nos vices » (DEP,
p. 60).
35 CGP, p. 966.
36 Emile, OC IV, p. 249-250.
37 Ibid., p. 251.
38 Locke, Quelques pensées sur l'éducation, § 94, trad. G. Compayré, Paris,
Vrin, 1992, p. 122 et suiv.
39 Ibid., § 70, p. 90.
40 « Le vice, si nous en croyons les plaintes générales, se développe si vite
en notre temps et grandit de si bonne heure chez les jeunes gens, qu'il est impossible
de protéger un garçon contre la contagion envahissante du mal, si vous l'abandonnez
à lui-même dans un troupeau d'enfants » (ibid., p. 91-92.).
41 Ibid., p. 93.
42 Ibid., § 67, p. 83.
43 Ibid.
44 Emile, OC IV, p. 287.
45 Il s'agit bien pour Locke d'élever un gentilhomme. Et s'il recommande
l'apprentissage d'un métier manuel, c'est afin de travailler sa dextérité, non pour
vivre comme Emile dans l'indépendance. Voir Quelques pensées sur l'éducation, §
201, p. 265 ; et Emile, OC IV, p. 470 et suiv.
46 Ibid., p. 500.
47 « J'ai déjà dit que votre enfant ne doit rien obtenir parce qu'il le demande,
mais parce qu'il en a besoin, ni rien faire par obéissance, mais seulement par
nécessité ; ainsi les mots d'obéir et de commander seront proscrits de son
dictionnaire, encore plus ceux de devoir et d'obligation ; mais ceux de force, de
nécessité, d'impuissance et de contrainte y doivent tenir une grande place » (ibid., p.
316).
48 « Souffrir est la première chose qu'il doit apprendre, et celle qu'il aura le
plus grand besoin de savoir » (ibid., p. 300).
49 Ibid., p. 428.
50 Ibid., p. 449-451.
51 Ibid., p. 487.
52 Ibid., p. 505-506.
Faiblesse et impuissance
53 Ibid., p. 640.
54 Ibid., p. 288.
55 Ibid., p. 310.
56 Ibid., p. 492.
***
La disjonction entre réalisation de soi et socialisation, théorisée dans
le second Discours à travers la comparaison entre état de nature et état civil,
fixe très clairement les fins de l'éducation domestique mise en œuvre dans
l'Emile : il s'agit bien, puisqu'il n'y a pas de bonheur désormais sans
attachement, d'empêcher que ne se forment en Emile les passions négatives
qui le conduiront à s'aimer contre les autres et à être en contradiction avec
lui-même, voulant toujours plus qu'il ne peut obtenir. La complexité de la
socialisation tient au fait qu'elle vient du besoin que nous avons les uns des
autres, mais que ce besoin ne suffit pas à nous lier dans un corps collectif.
Au contraire : l'intérêt personnel pousse désormais à vouloir le malheur des
autres. Autrement dit, nous sommes faibles sans les autres (nous ne pouvons
Florent Guénard,
maître de conférences à l'Université de Nantes