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Emile ou de l'Éducation - Rousseau:

➔ Biographie de Jean Jacques Rousseau:


Jean-Jacques Rousseau est né à Genève en 1712 dans une famille d'horloger protestante. Il
perd sa mère à la naissance et quitte le domicile familial à 16 ans.
Son errance l’amène à se réfugier auprès de Curé de Confignon qui l’adresse à la Baronne
Mme de Warens, il en tombe amoureux et se convertit au catholicisme, elle deviendra plus
tard sa maîtresse.
Il fréquente le milieu littéraire et rencontre notamment Diderot, Condillac, d’Alembert… Il
rédige des articles de musique pour l’Encyclopédie. Lors de sa visite pour rencontrer Diderot,
il découvre dans un journal un concours et remporte le prix, c’est le début de l'œuvre
philosophique.
En 1762, il publie "Du contrat social” et “Emile”, le parlement condamne Emile pour ses
idées religieuses, il s’enfuit alors en Suisse et ses ouvrages sont brulés publiquement.
Il meurt en juillet 1778, ses cendres seront transférées au Panthéon en 94.

➔ Rousseau et le siècle des Lumières:


Rousseau est l’auteur qui a influencé le plus profondément la pensée des Lumières, par ses
réflexions anthropologiques et politiques.
Le siècle des Lumières est initié par deux événements historiques fondateurs: la révolution
d’Angleterre et la mort, en 1715, du monarque absolu du droit divin Louis XIV, qui laisse
place à un mouvement de contestation de l’ordre établi:

Rév. anglaise → mise en place d’une monarchie → publicat. de la Déclaration


constitutionnelle des droits de l’H

Cette révolution sera perçue en France tout au long du 18e s comme la promesse d’une
limitation du pouvoir monarchique.
C’est dans ce contexte que naît le courant philosophique, culturel et scientifique qu’on
appellera plus tard “Les Lumières”, pour évoquer la lumière apporté à l’Homme par le savoir:
les Lumières, c’est l’éclairement qu’apporte à l’Homme l’usage de sa raison et de son
intelligence. En effet, la raison permet à l’Homme d’écarter les préjugés, les superstitions, le
fanatisme religieux, et sert de guide pour agir sur le Monde.
Les écrivains des Lumières s’engagent afin de répandre le savoir et de favoriser l’exercice
de la raison, contre les ténèbres de l’ignorance et du despotisme.

Philosophe des Lumières ou anti-Lumières?


Rousseau est un penseur autodidacte (vide parental) et ses œuvres témoignent d’un
éclectisme. Ses écrits s’inscrivent dans le s. des L., mais il entretient avec la pensée de son
époque des rapports complexes: il n’a pas cessé de remettre en question les idées des
auteurs les plus célèbres de ce siècle. C’est un autocritique des Lumières selon l’expression
de Bruno Bernardi.
➔ Présentation générale de l’Emile:
Rousseau a bouleversé à jamais notre vision de l'enfance avec l'Emile, du nom de l'élève
imaginaire qu’il suit et forme, du landau à l'âge mature. Emile ou de l'Éducation est un
essai philosophique et un traité d'Éducation portant sur “l'art de former les Hommes”.
Dès sa sortie, en 1762, l'œuvre est doublement condamnée et par le Parlement de Paris et
par l'archevêque. Dans son ouvrage, Rousseau développe ses préceptes d’éducation en
imaginant un personnage fictif, Emile, dont il se fait le précepteur.
Le philosophe présente son livre dans sa Préface, comme un recueil de réflexions et
d’observations, sans ordre et presque sans suite”. Toutefois, le livre est assez structuré: il
est découpé en 5 partie:

Livre I: les deux premières années (le nourrisson)


Livre II: de 2 à 12 ans (l’enfant)
Livre III: de 12 à 15 ans (le pré-adolescent)
Livre IV: de 15 à 10 ans (l’adolescent)
Livre V: +20 ans, Sophie ou la femme.

Rousseau nous livre dans l’Emile, une nouvelle conception de l’éducation centrée sur la
Nature et qui a comme objectif l’autonomie, elle vise à former les capacités physiques,
intellectuelles et morales de l’enfant. Pour cela, Rousseau s’appuie sur des exemples
concrets, des réflexions théoriques et des idées émanant d’autres auteurs parfois très
anciens (comme Platon, Sénèque…).
L’enjeu est de préserver l’enfant de l’influence de la société et de l’éveiller progressivement
à sa propre liberté.

➔ Plan général de l’Émile:


Chaque livre de l’ouvrage correspond à un « âge » de l’élève. La scansion peut être
restituée en suivant trois critères : 1. le développement des facultés et des organes et
le progrès des connaissances de l’élève ; 2. la méthode pédagogique prescrite ; 3. la
conscience de soi de l’élève et des types de rapports qui définissent son identité.

Livre I : L’enfance (infans)


L’enfant est défini par son état de faiblesse, que Rousseau distingue soigneusement
d’un état de soumission à la volonté d’autrui. Contre le désintérêt courant des précepteurs à
l’égard de l’infans, il faut savoir écouter le langage naturel de celui qui ne sait pas parler.
L’enjeu est d’assister l’enfant dans la satisfaction de ses besoins sans faire naître en lui un
besoin de fantaisie. La méthode suivie est celle de l’éducation négative, au sens ici où elle
tend à laisser l’enfant le plus libre de ses mouvements possible. Sa liberté naturellement
réglée vise le renforcement de ses organes, essentiel à sa bonté. Dans ce premier âge,
l’enfant n’a pas la conscience de lui-même, ni le sentiment unifié de sa propre existence : il
est tout entier dans chacune de ses sensations.

Livre II : L’enfance (puer)


Ce deuxième moment se caractérise par le renforcement progressif des organes de l’enfant,
auquel pourvoit un principe interne qui le rend naturellement actif. Émile est mû par le souci
de sa conservation et de son bien-être, indépendamment de toute considération de l’opinion
d’autrui. Ses sensations, d’abord purement affectives, se transforment en sensations
représentatives jusqu’à la formation d’idées simples.
L’éducation négative consiste ici dans le choix des objets et des situations dans lesquelles
l’enfant est placé, afin de suivre le progrès naturel de ses facultés. Le gouverneur ne lui
impose aucune leçon de morale ni instruction. Le puer se définit, contrairement à l’infans,
par son usage de la parole, et par la naissance de la conscience de soi de l’enfant qui fait
l’épreuve de son pouvoir d’action sur les choses qui l’environnent.

Livre III : L’âge d’intelligence


S’il n’a pas été perverti, l’enfant atteint ici un état de puissance : ses forces surpassent ses
besoins. Ce surplus d’énergie doit alors être orienté de manière à lui faire acquérir des
connaissances utiles. Cet âge est celui de l’instruction. La méthode est toujours celle de
l’éducation négative en ce sens qu’il ne s’agit pas d’inculquer à l’élève des connaissances
qui lui resteraient étrangères, mais de le guider par l’expérience et le jeu à les acquérir par
lui-même. Les sciences acquises sont toutes subordonnées à l’intérêt de l’élève, lui-même
circonscrit à l’utile réel. Il ne s’agit pas de former un érudit mais un être judicieux. La
formation du jugement suppose ici l’acquisition de critères d’évaluation. Émile comprend sa
place dans l’ordre naturel des choses et juge les contradictions du système social. La
critique de l’économie politique est essentielle au développement futur de ses dispositions
morales.

Livre IV : L’adolescence (l’âge de l’humanité)


L’éveil du désir sexuel n’initie pas seulement un nouvel âge mais une seconde naissance
dans l’existence de l’individu qui prend conscience des intentions des autres et désire être
aimé. Rousseau met l’accent sur ce moment de « crise » qui décidera si les passions
affectueuses ou haineuses domineront le cœur du sujet. En un sens, l’éducation négative se
poursuit : il s’agit toujours de guider l’intérêt de l’individu grâce à la manière de le situer dans
ses rapports, non plus avec les choses, mais avec autrui. Mais il faut aussi changer de
méthode afin de retarder la cristallisation du désir et d’étendre le sentiment empathique sur
tout le genre humain. Avant d’aimer une femme, Émile doit apprendre à aimer ses
semblables et à défendre les intérêts des plus démunis. Le livre IV comporte un moment
célèbre, celui de la Profession de foi du vicaire savoyard : l’éducation religieuse d’Émile
passe par l’identification à un prêtre qui lui expose ce qu’il lui importe de croire et attache la
religion naturelle à la conscience, juge infaillible du bien et du mal. Émile est alors un sujet
moral, pour qui rien d’humain n’est étranger.

Livre V : Le dernier acte de la jeunesse (l’âge de choisir où vivre)


Le désir sexuel peut enfin se cristalliser. La méthode du gouverneur pour guider le désir
ardent de son élève vers l’être qui lui convient passe par des discours et des promesses qui
ont pour but de protéger Émile des illusions des sens. Cette partie de l’ouvrage est très
controversée car Rousseau y expose ses vues sur « la femme », l’éducation distincte qu’elle
doit recevoir et sa dépendance à l’égard de l’homme. Après la connaissance de soi dans
ses rapports matériels, sociaux et moraux, Émile apprend à se connaître dans ses rapports
civils, à juger de la légitimité des institutions politiques, et à choisir le pays dans lequel il
fondera une famille. L’ouvrage se mue en roman des amours d’Émile et de Sophie, et se clôt
sur leur heureuse union.
➔ Plan des livres I et II de l’Émile:
Livre premier (p. 51-141):
Distinction des types d’éducation
Éduquer selon la nature (p. 53-58)
L’antinomie de l’homme et du citoyen (p. 58-66)
L’éducation commence dès la naissance
Contre l’emmaillotement des enfants (p. 66-71)
Sur l’allaitement et les devoirs maternels (p. 71-75)
Tableaux des misères de l’enfance causées par nos préjugés et usages (p. 75-80)
Les devoirs paternels. Le gouverneur et l’« élève imaginaire » (p. 80-88)
La situation initiale d’Émile (p. 88-92)
Critique de la médecine (p. 93-97)
Le choix de la nourrice et les premiers soins (p. 97-110)
Sensations et langage de l’enfant avant de savoir parler
L’hypothèse d’un homme-enfant. Les premières sensations affectives (p. 110-120)
Langue naturelle et « premières voix » de l’enfant (p. 120-123)
Généalogie de la méchanceté des enfants (p. 123-128)
Déduction des maximes de l’éducation dans l’enfance (p. 128-133)
Formation du langage chez l’enfant et manières de leur parler (p. 133-141)

Livre deuxième (p. 143-328)


Contre les usages ordinaires, l’éducation négative
Genèse de la conscience de soi (p. 145-148)
La fausse sagesse de la prévoyance et « la route du vrai bonheur » (p. 148-159)
Liberté et dépendances. Les enfants impérieux (p. 159-170)
Contre les leçons de morale. La bonté naturelle (p. 170-180)
L’éducation négative (p. 180-183)
Rapports du gouverneur et de l’enfant avec l’entourage (p. 183-188)
Genèse des notions morales et des idées
Leçon sur la propriété (p. 188-196)
Les enfants ne mentent que par la faute des maîtres (p. 196-200)
Leçon de générosité (p. 200-205)
Les prétendus cas exceptionnels (p. 205-209)
Les facultés des enfants. Leurs raisonnements (p. 209-211)
Les études propres au premier âge. Sciences de choses contre science de mots
(p. 211-219)
Les fables : horribles leçons pour l’enfance (p. 219-227)
Apprendre à lire (p. 227-230)
Exercer continuellement le corps. Contre les éducations pédantes et autoritaires
L’enfant capricieux (p. 237-244)
Physique expérimentale
Rendre le corps robuste et sain pour rendre les opérations de l’esprit faciles et sûres
(p. 244-261)
Exercer les sens. Exercer le toucher. Jeux de nuit (p. 261-277) / Exercer la vue. La
course. Le dessin. La géométrie (p. 277-295) / Exercer l’ouïe. La voix. La musique
(p. 295-300) / Exercer le goût (p. 300-313) / Exercer l’odorat (p. 313-317)
Conclusion: Portrait de l’enfant parvenu aux confins de l’enfance (p. 317-328)

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