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dans la famille
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Traduit de l'italien
par Mana Grazzini
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Desclée de Brouwer
Nous remercions lxnn B. Teale pour le soin avec lequel elle a relu ia traduction
h ( (t Ouvrage.
Ire original
1/ Bambino in Jamiglza
I I lrti 2007
L l'assage de la Boule-Blanche, 75012 Paris
ISBN 1 ) 7 -2-220-fl5T 19-4
La page blanche
Notre méthode (qui porte un nom propre pour se distin-
guer des nombreuses tentatives actuelles de créer de nou-
velles formes d'école) a permis de découvrir chez l'enfant
des caractéristiques morales jamais observées jusque-là. En
effet, nous nous sommes trouvés face à la « figure nouvelle
d'un enfant incompris ».
C'est pourquoi nous nous sommes tournés vers une
action sociale active pour mieux faire comprendre l'en-
fant, travailler à sa défense et faire reconnaître ses droits.
Car, s'il existe une multitude de faibles créatures
humaines vivant incomprises parmi les forts - et par
conséquent, sans que la voix secrète de ses besoins de vie
les plus profonds perce jamais le niveau conscient de la
société des adultes -, une telle situation crée presque un
abîme de maux insoupçonnés.
Lorsque, dans les écoles régies par notre méthode - des
lieux de travail paisible, où l'âme comprimée s'ouvre et se
révèle -' l'enfant nous montra des attitudes et des possibili-
tés d'action concrètes en tout point opposées, ou du moins
assez éloignées, de celles que l'on croyait naturellement
I () I,'enf'ant dans la famille
dire qu'il doit s'agir d'un acte vital et d'une défense qui lui
est indispensable.
L'enfant aime l'adulte: ayons cela bien présent à l'esprit.
Nous disons: « Que l'adulte aime l'enfant! Que la mère
aime l'enfant » De l'institutrice aussi, nous disons
« Qu'est-ce qu'elle aime les enfants! »
On dit qu'il faut apprendre aux enfants à aimer leur
mère, leur père et leur institutrice; il faut leur apprendre à
aimer tout et tout le monde. Mais qui est donc ce maître
d'amour qui prétend leur apprendre l'amour? Est-ce celui-
là même qui voit des caprices dans chacune de leurs mani-
festations et ne pense qu'à se défendre d'eux? L'adulte ne
peut devenir maître d'amour sans s'y préparer tout spécia-
lement et sans ouvrir les yeux de sa conscience pour décou-
vrir un monde plus vaste.
L'enfant aime énormément l'adulte. À son coucher, il
Veut toujours quelqu'un qu'il aime auprès de lui. Et l'être
aimé réplique: « Ne cédons pas à ce caprice: l'enfant ne doit
pas prendre la mauvaise habitude de ne savoir s'endormir
sans quelqu'un à ses côtés. »
Ou bien: « L'enfant veut s'asseoir à table avec nous et
pleure si on l'en empêche, comme s'il prétendait que nous
ne mangions pas! » Voilà la voix d'un adulte sans amour
pour les enfants.
L'enfant souhaite être présent quand les personnes qui lui
sont chères s'attablent. Lui ne mange pas: c'est un petit
dans sa première année de vie, il ne boit que du lait.
Pourtant, il pleure quand nous mangeons et ne pleurerait
pas s'il pouvait rester auprès de nous. Ou bien il pleurniche
Maitre d'amour 41
pement, plutôt qu'à une autre ayant déjà atteint son pli
épanouissement. Ainsi, une erreur qui viendrait à troubler
développement de l'enfant est particulièrement grave,
elle peut influencer l'ensemble de la personnalité appek'
se former. Il nous faut donc comprendre à quel point cuti
question est d'une importance fondamentale non seulemtIi
dans l'éducation, mais aussi dans l'histoire de l'humanité.
Nous devrions tâcher d'observer ces manifestations s'.il
tues qui prouvent que la vie psychique de l'enfant se dét-
loppe dès sa naissance et que, dès les premiers ni'
elle a déjà atteint un développement considérahL.
Les éducateurs définissent l'enfant en bas âge ru 11h iiiit
cire molle pouvant être modelée à souhait. Or l'idée est ju»u
dans le sens du matériau, la cire molle, mais l'erreur tient
l'idée que l'éducateur doive profiter de cet état pour façoîl
ner l'enfant. C'est au contraire l'enfant lui-même qui doit
modeler sa propre cire molle; il s'agit là de la condition .'i
qua non, le principe même pour que l'enfant soit réellem1il.
animé jusque dans les organes de son expression. L'indiviJi:
adulte, maître tout-puissant de ces petits êtres, peut effa î
l'ébauche que l'enfant commence à imprimer dans
propre cire molle, par des interventions aveugles, barbares et
inopportunes. Et si nous parlions d'interventions infernait
voire diaboliques, ce ne serait pas excessif.
Une légende japonaise raconte cjue les enfants morts Lii
La nouvelle éducation 55
connaissance de causi
Pourtant, ces eXeu n v Hi I p 1 lt , . n
le besoin de repos.
Mais puisque nous trouvons chez l I'i1l,Iiit' ninu
recueillement et cette même manière de lesprit de plonge
en lui-même, il est clair que cela ne représente pas un état
exceptionnel, propre aux personnes particulièremen
douées, mais bien une qualité universelle de l'âme humainv
qui ne demeure à l'âge adulte que chez peu de personnes.
Si nous observons ces éclairs de concentration chez le
enfants tin par un, nous nous trouvons face à un tableau
tout différent du premier, quand il s'agissait de tâches utili-
taires. Un objet dont on ne peut tirer la moindre utilit.
attire soudainement l'attention de l'enfant qui commence s
s'y intéresser en le retournant dans tous les sens. Ce ne sont
souvent que des petits mouvements presque mécaniques.
70 lenfant. dans la famille
>ous sommes bien conscients qu'il est impossible de mesurer l'intensité spin-
iu,lle, c'est-à-dire k degre de concentration, et encore moins de comparer et
:icsurer les diffèrents niveaux de concentration qui se succédent chez une per-
'nne, (J . fortiori ceux de plusieurs personnes occtipées à des activités diférentes.
.\vec ces courbes, il ne s'agit en aucun cas de représenter des valeurs exactes: scu-
ment de représenter en général le passage de l'ordre au désordre, et l'intensité
i travail. Il ne faut jamais perdre de vue le fait qu'ici « l'intensité » ne peut étre
'valuée » que de maniére subjective et à partir de manifestations purement cxtè-
fleures, sachant qu'on ne peut pas la mesurer. Ces graphiques, en effet, ne sont
nullement comparables à ceux qui pourraient étre kumis par les sciences exactes
ou naturelles, en guise de résultat de mesures précises. Nos graphiques ne sont que
de simples supports sous forme de schéma, pour Faciliter la vision d'ensemble.
t,î c .IY I
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Lenfant Jans la famille
lui est naturelle et qu'il l'aime. Parce que, au fond, quel est
le but de l'enfant de trois ans? Grandir. Il tend à devenir un
homme, à se perfectionner et à faire tout ce qui l'aide dans
ce perfectionnement; autrement dit, il s'exerce, car qui dit
exercice dit développement. Si par exemple l'enfant est
heureux de se laver les mains, ce n'est pas tant pour le plai-
sir de se laver, que pour le travail nécessaire à la réalisation
de cet acte, car l'action c'est la vie, et c'est elle qui est la
source de tous ses efforts.
Que faisons-nous, d'habitude, face â cette vie qui se
développe et tend à se perfectionner en travaillant et en
dépensant de l'énergie? Souvent, nous empêchons de
toutes nos forces qu'elle atteigne son but. Dans certaines
écoles, par exempte, les bureaux et les chaises des enfants
sont fixés au soi; les enfants sont vifs, se déplacent souvent
de manière disgracieuse, mais n'ont pas conscience que ce
faisant ils pourraient renverser le mobilier s'il n'était pas
fixé. De cette manière, nous obtenons bien sûr que l'ordre
règne dans l'école, mais les enfants n'arriveront jamais à
ordonner leurs mouvements. Si vous donnez à l'enfant un
verre ou une assiette en métal, il les jettera par terre et les
piétinera sans les casser, et de cette façon vous aurez joué
le rôle du tentateur diabolique. C'est ainsi que nous cher-
chons à cacher le mal, à faire en sorte que cela ne se voie
pas, tandis que la seule personne directement concernée est
dans l'impossibilité de se rendre compte de ses lacunes. De
la sorte, non seulement l'enfant persistera dans ses erreurs,
mais en plus il sera détourné du développement naturel de
sa vie.
Vonviroiiiicnieni (k 1tmiant
des enfants qui, dès tout petits, ont toujours été tenus
debout et guidés.
Ceux qui ne savent pas respecter les manifestations des
petits - dês leurs premiers repas, tout de suite après l'allai-
tement - ne peuvent que leur fourrer brutalement la
bouillie dans la bouche. Au contraire, si on fait s'asseoir l'en-
fant à sa petite table en lui laissant le temps qu'il lui faut
pour manger, on verra aussitôt sa petite main se saisir de la
cuillère et la porter à sa bouche.
C'est là une mission importante pour une mère, qui
nécessite beaucoup de patience et d'amour; la mère doit
nourrir le corps et l'esprit en même temps, sachant que l'es-
prit doit être prioritaire. Il faut que momentanément elle
laisse de côté ses idées - sûrement très louables - en matière
de propreté, car dans cc cas précis elles sont d'une impor-
tance tout à fait secondaire. L'enfant qui commence à man-
ger seul ne sait pas bien le faire et se salit donc beaucoup.
Sacrifions donc la propreté à son élan légitime vers l'acti-
vité. Au cours de son développement, l'enfant perfection-
nera les mouvements et apprendra à manger salis se salir.
Ainsi acquise, la propreté est un véritable progrès, voire un
triomphe de l'esprit de l'enfant.
L'effort volontaire dont l'enfant est capable est visible dans
grand nombre d'exercices intellectuels qu'il fait continuel-
lement. Bien avant de parler, voire bien avant de marcher -
dès la fin de sa première année de vie - il commence à agir
comme s'il obéissait à une voix intérieure. Ses tentatives de
manger seul avec sa petite cuillère, sont émouvantes: il n'ar-
rive pas à porter à la bouche la nourriture qu'il voudrait - il a
I I :'if.irt ,in, Ii laillillu
beaucoup, beaucoup! »
Notre devoir n'est pas Ci
pour l'enfant, car â ses yeux nous Lontinucrons à avoir nos
défauts. Souvent, il les voit bien plus clairement que nous et
cela peut nous aider à les reconnaître et à nous corriger.
Suivre attentivement toutes les expressions de l'âme
enfantine, donner à l'enfant la liberté de manifester ses
besoins et lui assurer tous les moyens concrets nécessaires à
son développement, voilà ce qui prélude à un dévelop-
pement et à une formation libres et harmonieux de ses
énergies bourgeonnantes.
L'enfant ressent profondément et tendrement chaque
expression de vie et demande à être aimé et compris. Sa pre-
mière tâche consiste â construire sa vie intérieure et pour ce
faire, dès ses tout premiers jours de vie, il utilise l'instrument
le plus merveilleux que Dieu ait accordé à l'homme:
l'intelligence.
La nouvelle maîtresse
La certitude qu'il existe des stimuli capables de réveiller
chez l'enfant des activités spirituelles, est le fondement de
notre système éducatif. Pour autant, il ne faut pas faire une
confiance absolue à ces stimuli.
Leur plus ou moins grande efficacité dépend de l'institu-
trice et de sa manière de présenter le matériel pédagogique
aux enfants. Dans la mesure où elle saura rendre ces objets
attrayants à leurs yeux, son enseignement sera aussi efficace
que le matériel lui-même. Nous entendons donc par leçon -
ou enseignement de la maîtresse - son art particulier de pré-
senter le matériel à l'enfant et de lui en apprendre l'utilisa-
tion.
Ceux qui étudient notre méthode s'attachent beaucoup à
tout ce qui concerne l'enseignement de la maîtresse. Il est
intéressant de comparer les leçons données dans nos écoles,
avec celles des institutions où l'on enseigne avec une
méthode traditionnelle.
Dans notre enseignement, l'essentiel de l'activité est
laissé à l'initiative de l'enfant. Dès que l'enfant atteint l'âge
d'accomplir des actes raisonnés, il est en mesure de
I ( L 'n I,mt dans la t1m11I'
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exès de travail, mais parce qu'il est obligé d'en tiire un qui
n 'est pas digne de lui. I ,'intérêt de l'enfant se tourne vers un
effort adapté à son grand pouvoir intellectuel et à la dignité
de sa personne. Désormais, dans des milliers d'écoles du
monde entier, on voit ces nouveaux enfants travailler à des
choses dont on ne les aurait jamais cru capables. En effet, les
tout jeunes enfants se sont montrés capables de travailler
longuement sans se fatiguer et de concentrer leur attention
jusqu'à s'abstraire de l'environnement extérieur, révélant
ainsi les mouvements constructifs de leur personnalité.
Quant à la culture, ils se sont montrés particulièrement pré-
coces: les enfants de quatre ans et demi ont appris à écrire
et ont écrit avec un enthousiasme et une joie tels, que nous
avons appelé ce phénomène l'explosion de l'écriture.
L' instruction s'accomplit avec facilité, voire avec enthou-
siasme, dès un âge précoce sans la moindre fatigue, jus-
tement parce qu'il s'agit d'activités spontanées.
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ISBN 978-2-220-05719-4