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Maria Montessori

Les étapes
de l’éducation
Les étapes de l’éducation
Du même auteur chez le même éditeur
L'Enfant.
De l'enfant à l'adolescent.
L’Esprit absorbant de l'enfant.
Pédagogie scientifique, tome I. La Maison des Enfants.
Pédagogie scientifique, tome 2. Éducation élémentaire
L'Enfant dans sa famille.
La Formation de l'homme.
Éduquer le potentiel humain.
L’Éducation et la paix.
Maria Montessori

Les étapes de l'éducation

Desclée de Brouwer
© The Montessori - Pierson Estate, 1936.
© pour la présente édition : Desclée de Brouwer, 2007
2, Passage de la Boule-Blanche, 75012 Paris
ISBN: 978-2-220-05901-3
L’éducation a pris aujourd’hui une
importance insoupçonnée: elle ne vise
pas seulement à évoluer à l’intérieur de
l’école, mais elle s’étend au-delà, pour
s’allier à la science, à la sociologie, etc.
Les termes de « nouvelle éducation », de
« pédagogie scientifique », s’appliquent
au mouvement ardent d’une réforme
qui est le résultat d’une aspiration
profonde, éprouvée par toute l’huma­
nité. Aussi, considère-t-on que le
progrès réalisé par l’éducation doit non
seulement améliorer l’École, mais
encore faire progresser la civilisation et
8 Les étapes de l’éducation

améliorer l’homme à travers l’enfant. Il


faut bien s’imprégner de cette idée que
la contribution la plus positive à la paix
sociale réside dans l’éducation de
l'enfant.
Ce qu’on appelle « la nouvelle éduca­
tion » représente donc un mouvement
social profond.
Pour bien s’orienter dans ce mou­
vement, il faut comprendre que l’éduca­
tion moderne a totalement changé son
point de vue initial : une première étape
de l’éducation est celle qui part de la
Révolution française, quand, au nombre
des droits de l’homme, on proclama le
droit de s'instruire. Dans les écoles ainsi
créées, tout se réduit, en effet, à
instruire, à transmettre, par l’ensei­
gnement verbal, les connaissances, tant
Les étapes de l’éducation 9

intellectuelles que morales. La popula­


tion enfantine est contrainte de les
assimiler dans une attitude de soumis­
sion passive, et il faut qu’elle les assimile
à tout prix; la discipline est, par
conséquent, la base morale sur laquelle
s’érige l’enseignement. À quel prix la
culture s’est-elle ainsi transmise? Les
observations de l’hygiène scolaire et de
la psychologie l’ont indiqué. C’est à ce
programme d’éducation qu’ont été
sacrifiés la santé physique, l’énergie
mentale et le caractère des nouvelles
générations.
Tout à coup, commence une nouvelle
étape: l’éducation passe sur un plan
différent, prend un caractère opposé.
Cette éducation dite « nouvelle » se
propose essentiellement de développer
la personnalité de l’enfant et de
10 Les étapes de l’éducation

l’adolescent, et cela, à tout prix, même


en sacrifiant la vieille discipline et une
grande partie de la culture.
Dans ce but nouveau, on réduit les
programmes, on essaie d’abolir les
matières d’étude qui semblent les plus
arides, telles que la géométrie et la
grammaire, et les heures d’études cèdent
le pas au jeu et au repos. Sur le monde
des petits plane une révolution : on aspire
au désordre et à l’ignorance. Comme en
toute révolution sociale profonde et
subite, ces vues nouvelles sont en opposi­
tion absolue avec les précédentes.
Le contraste de ces deux points de
vue a fait surgir autour de l’éducation
les problèmes les plus passionnants et
qui ont laissé les réformateurs
perplexes.
Les étapes de l’éducation 11

En vérité, la vie sociale réclame


aujourd’hui des hommes forts, à l’esprit
équilibré; aussi, la libération de l’enfant
et l’expansion de sa personnalité
semblent-elles urgentes. Mais, d’autre
part, pour répondre aux exigences du
progrès scientifique, caractéristique de
notre époque, la culture est devenue
plus nécessaire que jamais et devrait
être intensifiée, plutôt que réduite. La
discipline, elle aussi, est rendue de plus
en plus nécessaire par la complication
de l’organisation sociale. Dans la société
actuelle où les règles se multiplient de
jour en jour dans toutes les activités, il
est indispensable que l’observance de
ces règles soit sans cesse plus
minutieuse.
Il suffit, pour s’en rendre compte, de
réfléchir que se promener sur le trottoir
12 Les étapes de l’éducation

ou traverser une rue appelle des règle­


ments sur lesquels on ne discute pas : il
faut obéir ou mettre sa vie en péril.
Comment combiner ces exigences
opposées ?
Bien des éducateurs autorisés ont
déclaré un tel problème insoluble. En
effet, comment donner la liberté en
augmentant la discipline? Et comment
éviter la fatigue mentale en intensifiant
la culture ? Aussi ladite éducation
nouvelle est devenue un effort d’accom­
modation : comme en une joute diplo­
matique, on cède sur le plan de la
discipline, oui... mais pas trop; ou bien
on diminue la culture, oui... mais dans
certaines limites. Ainsi que le dit
Claparède: « Il faut réduire le mal au
minimum. »
Les étapes de l’éducation 13

Il semble qu’on se trouve devant le


fameux problème insoluble, qui consiste
à vouloir superposer deux triangles
égaux orientés différemment, en les
déplaçant sur un plan. Ce problème est
insoluble, non par rapport aux triangles
eux-mêmes, mais par rapport à l’espace
dans lequel on peut les mouvoir. En
effet, si la troisième dimension inter­
vient et qu’on puisse soulever les
triangles, ce qui semblait impossible
devient la pure et simple superposition
de deux objets égaux.
Quelque chose d’analogue s’est
produit pour l’éducation. Un élément
nouveau a pu, non pas résoudre le
problème, mais faire disparaître les
problèmes qui semblaient insolubles.
14 Les étapes de l’éducation

Cet élément, c’est l’enfant qui nous


l’a apporté avec la révélation de son âme
libérée.
Quand, il y a trente ans, dans la
première Maison des Enfants, nos petits
élèves, avec la plus grande simplicité,
accomplirent presque un miracle, ils nous
démontrèrent que le travail est une néces­
sité de la croissance aussi indispensable
que l’aliment pour le corps, et que la
liberté et la discipline ne sont rien d’autre
que deux aspects de la même chose.
Vérités stupéfiantes que, seul,
l'enfant pouvait révéler. La magnifi­
cence des résultats ne pouvait être
apportée que par la générosité de la vie
en train de créer la vie : la vie, riche au-
delà du calcul humain et assez savante
pour confondre la logique des hommes.
Les étapes de l’éducation 15

Je décris dans mon livre L’Enfant ces


phénomènes surprenants chez des
enfants de trois à six ans: ceux-ci ne
travaillaient pas seulement avec atten­
tion, mais avec une concentration qui
les extrayait du monde extérieur; le
travail accompli les laissait vigoureux et
sereins alors qu’auparavant, ils étaient
fatigués et agités. Ce furent ces enfants-
là qui apprirent à écrire à quatre ans et
demi et le firent brusquement, comme
par explosion. Ce furent eux aussi qui
mirent à la mode la fameuse leçon de
silence, résultat de l’immobilité absolue
de toute une classe nombreuse. L'ordre
et la discipline étaient réalisés avec une
exactitude qui atteignait la perfection.
De tout cela, aucune maîtresse n’avait le
mérite. La liberté de ces enfants était si
grande que la maîtresse s’était faite
passive ; elle pouvait même être absente
16 Les étapes de l’éducation

sans qu’aucun changement survînt dans


le travail paisible, intense de la classe.
i Voilà donc que le travail est non
1seulement compatible avec le bien-être,
mais qu’il est indispensable au dévelop­
pement de la personnalité] Et quand,
par la suite, la liberté et la discipline se
développent ensemble, l’une insépa­
rable de l’autre, résultat et contrôle
l’une de l’autre, il n’est pas seulement
possible, mais nécessaire et naturel
d’allier discipline et liberté.
Les problèmes avaient été résolus
spontanément par les enfants non par
un effort logique mais par la simple
réalisation d’une vie normale. Ces faits
ont commencé à démontrer que, dans
l’enfant, existent des caractères
supérieurs restés cachés jusqu'alors.
Les étapes de l'éducation 17

Comment se fait-il qu’ils étaient


apparus précisément à cette époque, en
1906 ?
Non, ils étaient déjà apparus bien
souvent, et certains d’entre eux avaient
été observés et décrits par Pestalozzi et
par Tolstoï. En des conditions non préci­
sées, il était arrivé que des enfants élevés
par Pestalozzi à l’école de Stanz avaient
pris brusquement un aspect tout dif­
férent des enfants ordinaires, travaillant
tout seuls et s’enseignant l’un l’autre,
tandis que Pestalozzi se sentait envahi
d’humilité et de stupeur. Et Tolstoï fut,
lui aussi, troublé quand il vit les petits
paysans d’Iasnaïa Poliana étudier avi­
dement l’histoire: il considéra l’éduca­
tion comme l’ultime et suprême idéal
de la vie. Ces phénomènes, de caractère
occulte, qui apparaissaient brusquement,
18 Les étapes de l'éducation

tel un miracle, prouvaient une réalité ; et


s’ils se montraient si rarement, c’est que,
dans le champ psychique, les caractères
tendent à se cacher et à se masquer
devant chaque obstacle extérieur; et
dans ce jeu entre le conscient et le
subconscient, que la psychanalyse
explique si bien, un fait réel peut surgir
et disparaître.
Bien que ce ne soit pas chose
courante que de faire se produire ces
phénomènes, c’est-à-dire de libérer
l’âme humaine, dans nos Maisons des
Enfants une lumière suffisante s’est faite
pour procéder à l’élaboration d’une
méthode d’éducation, tracée, dans ses
lignes fondamentales, par les enfants
eux-mêmes.
Les étapes de l'éducation 19

Étudier ces phénomènes représentait


une tentative pour pénétrer les secrets
de la nature: et, en effet, mon effort
pour comprendre ce qui se passait sous
mes yeux m’amena enfin à la décou­
verte des « périodes sensibles » dans la
vie psychique de l’enfant : on peut dire
qu’elles constituent la clef pour
comprendre sa croissance psychique et,
en même temps, tracer un plan sûr
d’éducation.
Les périodes sensibles avaient déjà été
étudiées au point de vue biologique.
Ugo De Vries avait repéré les périodes
sensibles dans la vie des animaux en
voie de croissance. En effet, tous les
êtres qui naissent accomplissent des
transformations, subissent parfois des
métamorphoses, font des acquisitions
successives qui s’achèvent lorsque la
20 Les étapes de l'éducation

reproduction de l’espèce est assurée.


Toutes ces transformations avaient été
indiquées avant De Vries par le terme
vague d’« hérédité »; mais les périodes
sensibles expliquent comment se réalise
cette hérédité. Elle apparaît petit à petit
chez l’être nouveau, sous l’effet d’une
sensibilité et d’impulsions périodiques
qui sont des instincts passagers et qui
conduisent à l’acquisition de caractères
définis. Ceux que l’on appelle « dons de
la nature » peuvent être considérés
comme une laborieuse activité de l’être
en voie de formation qui accomplit des
efforts et des travaux plus pénibles dans
leur genre, que ceux qu’accomplira
ensuite l’animal adulte poussé par les
instincts définitifs de la race.
Eh bien, l’enfant ne fait pas exception
à cette loi générale: il est dirigé par la
Les étapes de l’éducation 21

nature durant sa période de croissance,


et les sensibilités psychiques qui le
guident ont la force de lois naturelles;
s'y soustraire, c’est aller contre la nature,
altérer la fonction, c’est-à-dire entrer
dans la pathologie. C’est précisément
dans les périodes sensibles que se trouve
la clef de ces manifestations miracu­
leuses, exubérantes, que nous avons
constatées pour la première fois à la
Maison des Enfants; et c’est aussi dans
les périodes sensibles que se trouve
l’explication des réactions de défense et
des déformations de caractère, considé­
rées aujourd’hui par la psychanalyse
comme les conséquences de répressions
subies pendant l'enfance. La période
sensible est comme un accumulateur
d’énergie qui laisse des traces aussi bien
dans la Construction que dans la
destruction de la personnalité.
22 Les étapes de l’éducation

Voilà donc un concept assez positif


qui surgit dans cette étape de l’éduca­
tion. Si la croissance psychique est
dirigée par des mécanismes naturels, un
problème nouveau se pose à nous :
lequel, de l’homme normal ou de
l'autre, dévié de la normale, va se perdre
dans le champ infini des misères
humaines ? Cette situation de faits
donne à l’éducation une importance qui
dépasse les problèmes de la culture,
impose une lourde responsabilité, mais
donne aussi le sentiment exaltant de
pouvoir vraiment améliorer et sauver
l’humanité.

Une éducation qui se base sur les


périodes sensibles peut sembler extrê­
mement difficile. En effet, si la psycha­
nalyse était nécessaire pour les faire
Les étapes de l’éducation 23

affleurer, comment pourrait-on prati­


quement se baser sur elles, et quels
procédés pourrait-on adopter pour l’ins­
truction à l’école?
Il faut avoir la clef de cette méthode
d’éducation.
Si celle-ci se base sur des faits qui
arrivent à surprendre l’éducateur, c’est
donc que ce n’est pas l'éducateur qui les
provoque. Par conséquent, il n’est pas
nécessaire que le maître fasse une
espèce de diagnostic des périodes sen­
sibles.
Ce sont par contre les conditions de
l’ambiance qui sont importantes.
Il faut préparer à l’enfant une
ambiance adaptée à ses besoins
24 Les étapes de l’éducation

psychiques. En effet, pendant les


périodes sensibles, des rapports étroits
s’établissent entre l’individu et
l’ambiance d’où il doit recueillir les
moyens nécessaires à son dévelop­
pement; et c’est seulement quand cette
ambiance est favorable et que les obs­
tacles sont réduits au minimum, que
l’enfant fonctionne pleinement et qu’il
révèle ses caractères cachés.
C’est pour cela que l’ambiance de nos
écoles est une ambiance révélatrice. On
peut dire que sa préparation résume la
forme de cette pédagogie. Son premier
principe est de substituer à l’ensei­
gnement exclusivement verbal des
maîtres et des professeurs, un matériel
qui, présenté par une maîtresse qualifiée,
permette de vaincre, de façon tangible,
toutes les difficultés qui se présentent
Les étapes de l’éducation 25

dans l’acquisition des différentes disci­


plines. Ici, le matériel n’est pas une aide
pour faire comprendre ou pour démon­
trer ce qu’explique le maître; non, le
matériel est véritablement une substitu­
tion au maître enseignant; et il enseigne
d’une manière individuelle et intime;
tandis que la parole du maître s’enfuit,
le matériel reste présent ; si la parole du
maître donne la description ou l’indica­
tion d’une chose, le matériel représente
cette chose comme un fait réel.
L’individualité de chaque élève est mise
en contact avec la réalité même et, au
contact de cette réalité, le raisonnement
et l’intuition s’activent, qui conduisent,
au-delà de la connaissance, vers la
découverte. L’enfant, dans la joie de
raisonner, de suivre son intuition, de
découvrir, travaille tout seul avec
enthousiasme dans cette concentration
26 Les étapes de l’éducation

libre où il ne craint ni interruption ni


critique: il réalise la construction de sa
personnalité.
Ce travail a l’immense avantage de
supprimer la perte d’énergie provoquée
par les émotions inévitables quand
l’enfant est en rapport direct avec le
maître, quand le maître explique et
force l’attention et intimide par la
menace ou par la punition; ou bien
quand il exalte le sentiment de compé­
tition entre camarades, excitant la
rivalité ou l’avidité aux louanges et aux
prix. Le sentiment d’admiration ou
l'attachement au maître, aussi bien que
la répugnance, la colère et jusqu’à la
haine qu’il peut inspirer, sont des causes
de perte d’énergie spirituelle.
Aujourd’hui, la psychanalyse illustre
avec beaucoup de force les périls des
Les étapes de l'éducation 27

émotions enfantines et leurs consé­


quences chez l’adulte.
On comprend donc comment, dans
un état de concentration et de paix,
peut surgir la libération des énergies
réprimées. Il n’est pas étonnant qu’il en
découle une précocité dans les acquisi­
tions et une tranquillité ordonnée de
l’esprit qui engendre la discipline.
Il arrive toutefois quelque chose de
plus que ces résultats logiquement
compréhensibles: c’est la révélation de
caractères cachés, de possibilités encore
inconnues; l’âme s’ouvre pour nous
découvrir ses secrets.
Une des manifestations les plus
intéressantes au point de vue pratique
de l’école fut celle de l’enfant pendant
28 Les étapes de l’éducation

sa période d’instruction élémentaire.


Les matières préférées des enfants ne
furent pas les lettres, mais bien toutes
les études où pouvait s’exercer l’exacti­
tude, où il est nécessaire d’obéir à des
règles minutieuses et où le contrôle de
l’erreur est possible, telles que l’arith­
métique et la géométrie ; où il est néces­
saire d’exercer une discipline de la
main, comme dans l’exécution de
dessins géométriques et décoratifs très
compliqués.
A peine un enfant est-il initié à
l’arithmétique, qu’il commence à faire
des opérations avec des nombres
énormes, absurdes, qui ne pourraient
avoir aucune utilité pratique. Il fait, par
exemple, des additions de nombres de
quinze à vingt chiffres, et il est capable
de mettre tant de ces nombres colossaux
Les étapes de l’éducation 29

en colonnes qu’il arrive à en remplir


toute une page. Ou bien, il fait des
multiplications fantastiques, avec des
nombres de trente chiffres, si bien qu’il
est obligé de coller plusieurs feuilles de
papier ensemble pour contenir le
patient calcul inutile. Un jour, je vis un
enfant qui avait collé deux grandes
feuilles de papier pour faire entrer en
une ligne horizontale les termes d’une
division entre deux nombres colossaux ;
et il restait perplexe parce que, faisant et
refaisant l’opération, il ne trouvait
jamais plus de deux chiffres au
quotient: c’était vraiment dispropor­
tionné }
Il est bien évident que ce ne sont pas
les maîtres qui donnent ni suggèrent de
pareils travaux; qui voudrait d’ailleurs
se donner la peine de les vérifier?
30 Les étapes de l'éducation

Le raisonnement autour d’une diffi­


culté et les recherches minutieuses
passionnent aussi les enfants quand ils
ont huit ou neuf ans; ils sont fascinés
par l’algèbre et par les puissances
algébriques devant lesquelles ils restent
longuement occupés avec un intérêt
profond et ils exécutent des opérations
difficiles, telles que l’extraction de
racines carrées ou cubiques.
Quelquefois, l’enfant fait des décou­
vertes qui rendent perplexe la
maîtresse: « Est-il vrai, demandait un
enfant, que si un carré a un côté égal à
la diagonale d’un autre, il a le double de
superficie? »
La maîtresse réfléchit prudemment
parce qu’elle ne l’avait jamais
enseigné.
Les étapes de l’éducation 31

Ce qui peut paraître étrange repré­


sente précisément la forme normale du
travail de l’enfant. Dans une école
élémentaire de Hollande, un enfant
découvrit une loi sur la somme des n
premiers nombres entiers: et l’on peut
citer par dizaines des théorèmes trouvés
par des enfants travaillant avec le
matériel de géométrie.
Quand on assiste à ces faits répétés,
on se rend compte qu’une des
souffrances mentales des enfants dans
les écoles ordinaires doit être l’ennui de
devoir étudier des choses trop faciles et
qui ne prêtent à aucune gymnastique de
l’intelligence. L’enfant ne suit pas
spontanément cette voie facile,
parcourue à petits pas, en faisant de
petits progrès successifs, ce à quoi il est
obligé dans les autres écoles. Et c’est
32 Les étapes de l’éducation

pour cela que l’ennui ne lui permet pas


de fixer son attention: son intelligence
s’enfuit et vagabonde dans les champs
de la fantaisie. L’étude forcée qui n’a
pour lui aucun intérêt finit par provo­
quer de véhémentes répugnances qui lui
font détester le travail. En effet, on sait
que les mathématiques provoquent par
excellence un de ces états mentaux que
la psychanalyse appelle « barrière
mentale »: c’est, pour la vie, l’impossibi­
lité de comprendre les mathématiques;
eh bien, ce sont précisément les mathé­
matiques qui sont les matières préférées
des enfants, parce qu’elles constituent le
meilleur terrain pour la gymnastique de
l’esprit.
Un autre fait intéressant qu’ont
démontré les enfants, c’est que la
culture ne s’acquiert pas d’une façon
Les étapes de l’éducation 33

régulière, en surmontant des difficultés


successives : ou plutôt, les difficultés ne
sont pas relatives à la discipline en soi,
mais aux conditions psychiques de
l’enfant. Il arrive par exemple que
certaines connaissances difficiles à
assimiler pour un enfant plus grand,
disons de huit ans, soient au contraire
faciles et stimulantes pour un enfant de
six ans. Il arrive que les enfants aient
une clarté et une vivacité mentales
supérieures à celles de la maîtresse. Il
peut se faire que la maîtresse se trompe
et non l’enfant; que la maîtresse
s’embrouille et que l’enfant aille droit
au but. Ce sont précisément ces consta­
tations qui nous ont mis sur la trace des
périodes sensibles.
En effet, il y a dans les périodes sen­
sibles des possibilités que l’adulte a
34 Les étapes de Téducation

perdues ; et, dans ce cas, il ne peut plus


égaler l’enfant, pas plus qu’un papillon
ne pourrait tisser un cocon. Une des
preuves les plus évidentes de la supério­
rité de l’enfant pendant une période
sensible de la croissance a trait à l’acqui­
sition du langage. Jusqu’à sept ans,
l’enfant s’assimile spontanément la
construction logique du langage et les
détails minutieux des inflexions; c’est
parce qu’il fait cette acquisition pendant
une période sensible. Par contre, les
adultes n’ont pas d’autres moyens pour
apprendre une langue étrangère que
d’en apprendre par cœur la grammaire,
et jamais ils n'arrivent à la posséder
complètement. Tandis qu'un enfant au-
dessous de sept ans qui va dans un pays
étranger, peut s’assimiler la nouvelle
langue en la pratiquant, la mère ét le
père ne peuvent en faire autant et,
Les étapes de l’éducation 35

même en l’étudiant, ils continueront


toujours à faire des erreurs de
grammaire en la parlant ou en l’écri­
vant.
En raison de ces périodes sensibles, ce
que nous appelons « le libre choix »,
c’est-à-dire la liberté pour l’enfant de
choisir son travail, a une grande impor­
tance pratique à l’école; et c’est préci­
sément le libre choix qui a révélé à la
fois ces possibilités merveilleuses et
l’existence de lois régissant la construc­
tion psychique de l’enfant.
C’est l’ambiance révélatrice qui a non
seulement permis de le connaître, mais
qui a permis de préparer une nouvelle
étape pratique de l’éducation.
Aujourd’hui cette étape s’étend, sur
le plan de la culture, bien au-delà des
36 Les étapes de l’éducation

écoles élémentaires. Du fait que les


progrès spontanés sont plus rapides, il
est arrivé que, voulant étendre la
méthode à toutes les matières élémen­
taires, on est entré de plain-pied dans la
culture aujourd’hui réservée aux écoles
secondaires. La facilité de ces progrès a
conduit nombre de mes disciples à
continuer à peu près sur les mêmes
directives toute l’instruction secondaire
jusqu’à l’université; et ils sont ainsi
arrivés à épargner à beaucoup d’enfants
les tourments qui dépriment ordinai­
rement la jeunesse dans les écoles
secondaires.
Mais, d’après ce que je vois par ma
propre expérience, on peut obtenir
beaucoup plus que de faciliter sim­
plement les études. En effet, les
périodes sensibles se produisent dans les
Les étapes de l’éducation 37

premières années de la vie pour la


construction de la personnalité; elles
révèlent ensuite les instincts fondamen­
taux de l’homme social, dont l’éveil doit
être considéré comme l'aube d’une
époque nouvelle dans la vie de l’homme
où la culture peut être un moyen mais
non une fin.
En effet, une des périodes les plus
délicates de l’éducation, et particuliè­
rement de nos jours, est celle qui
commence avec l’âge de la puberté.
Dans toutes les civilisations anciennes,
dans les civilisations égyptienne et
hébraïque, dans les civilisations
classiques, romaine et grecque, l’âge de
la puberté a retenu l’attention de la
société comme représentant une période
extrêmement importante pour la race;
l’initiation solennelle de l'enfant pubère
38 Les étapes de l’éducation

constitue la reconnaissance publique de


l’entrée de l’homme dans la société.
L’adolescent sort d’une vie accomplie:
celle de l’enfant qui crée l’homme; et le
voici, une fois encore, un nouveau-né : le
nouveau-né social. En tant que nouveau-
né, il a besoin de soins délicats. Au point
de vue psychique, l’homme qui devra
vivre et travailler en homme, s’associant
aux autres hommes, n’existe pas encore;
mais il est déjà né. Et son ambiance, sa
forme de culture doivent essentiel­
lement changer. Le problème ne relève
certes pas de la culture ni de méthodes
particulières et il ne se résout pas en
suivant la même voie que celle de
l’enfance, c’est-à-dire en utilisant un
matériel qui fait comprendre, en le
concrétisant, un exercice isolé ; en
respectant le libre choix et le libre
travail. Cela ne résout pas le problème :
Les étapes de l’éducation 39

l’enfant est achevé, l'homme commence.


Et si la liberté de l’enfant consistait à lui
donner des moyens de se construire une
personnalité, la liberté de l’adolescent
consiste à lui fournir les moyens de
s’orienter dans la société pour se
préparer à en acquérir la conscience.
C’est de cela que nous avons besoin.
Nous avons besoin d’hommes neufs qui
aient une claire conscience sociale et une
force morale pour combattre les erreurs
qui obscurcissent notre destin; sans cela,
nous n’aurons que des hommes cultivés.
Mais nous en avons déjà tant! Faciliter la
culture à un petit nombre de privilégiés
pour leur épargner la fatigue, ce n’est pas
cela qui apportera des avantages
nouveaux à la société. Je dirais presque
que ce serait s’écarter du but glorieux de
l’éducation: celui d’améliorer les
hommes.
40 Les étapes de l'éducation

Le véritable secret de la liberté de


l’adolescent consiste à le mettre dans
une ambiance qui fasse surgir les carac­
tères cachés en nous apportant de
nouvelles révélations : les révélations de
l’adolescent; de cet adolescent qui,
grâce aux périodes sensibles qui le
conduisent vers son destin social, passe
par des moments de lucidité telle que
l’adulte en est confondu. Si nous atten­
dons une aide de l’enfant pour résoudre
nos problèmes sociaux, cette aide nous
viendra de l’adolescent libéré, qui sent
monter de son subconscient, de ses
instincts créateurs, une forme nouvelle
de sagesse.
Il nous faut préparer cette ambiance
pour que, dans l’adolescent, puisse se
développer l’homme avec son destin
supérieur: une ambiance d’activité
Les étapes de l’éducation 41

sociale, qui lui permette de revivre


l’expérience de l’homme qui a construit
la civilisation. Pour cela, la culture doit
nécessairement intervenir; et même une
culture plus profonde que celle
d’aujourd’hui; mais une culture qui soit
un moyen et non une fin. Celui qui
sacrifierait les trésors cachés de l’âme de
l’adolescent pour en faire un homme
cultivé saperait la grande espérance de
l’humanité.
Et maintenant, si l’on pense que, dans
les classes élémentaires, nos enfants
acquièrent des connaissances qui,
aujourd’hui, font partie de l’ensei­
gnement secondaire, et qu’ils gagnent
ainsi deux ans, on en arrive aussitôt à la
possibilité d’une réforme pratique: ces
deux années peuvent être destinées à
une vie nouvelle qui soit un repos et qui
42 Les étapes de l'éducation

apporte une aide à la vie physique elle-


même, à l'âge où le corps est redevenu
fragile, comparable à celui du nouveau-
né. L’adolescent devrait, à l’âge de la
puberté, être envoyé aux champs, vivre
d’une vie primitive au contact de la
nature, là où tout germe et se multiplie,
offrant à l’homme les moyens primitifs
de l’existence. C’est là que les adoles­
cents, séparés du milieu étroit de la
famille dans lequel ils ont été traités en
enfants, devraient revivre les premières
expériences de l’humanité, comprendre
les premiers efforts des hommes pour
construire la vie sociale.
Travailler, non pour apprendre à
travailler, mais pour faire les premiers pas
dans la construction d’une conscience
sociale et dans la voie de l’indépendance.
En travaillant, en récoltant, en voyant les
Les étapes de l’éducation 43

produits de leur travail, les adolescents


expérimenteraient les premiers fonde­
ments nécessaires à la collaboration et
aux échanges qui établissent les rapports
vitaux entre les hommes. C’est là que
sont les germes des questions écono­
miques et politiques; et voilà un exercice
primitif de vie sociale pratique, adaptée
aux adolescents.
La collaboration et la coordination
des travaux amènent nécessairement
l’entière interdépendance et la disci­
pline et donnent naissance au sen­
timent de la responsabilité collective.
L’adolescent se libère des liens qui le
retenaient enfant pour contracter ceux
qui le feront homme. Le travail de
l’enfant, en rapport avec les besoins de
sa croissance, est un exercice qui
construit sa personnalité; le travail de
44 Les étapes de l’éducation

l’adolescent, en rapport avec les besoins


sociaux, est un exercice pratique qui
construit la société.
Mais pour qu’il en soit ainsi il ne
suffit pas d’apprendre, il ne suffit pas de
travailler, il ne suffit pas de vivre aux
champs : ce qu’il faut, c'est se sentir une
responsabilité; c’est obtenir une
production véritablement utile qui
apporte la satisfaction d’avoir atteint un
but. L’exécution d'un ordre ou l’ensei­
gnement du maître ne comble pas ce
besoin intime de l’âme sociale
naissante: ce qui est important, c’est
l'association d’un groupe d’êtres, colla­
borant pour atteindre un but utile
précédemment déterminé par eux.
Voilà le vrai problème de l’éducation
à cette période.
Les étapes de l'éducation 45

Il y a quelque chose qui doit être la


base de la culture; c’est ce que nous
appelons d’un terme vague : l’éducation
du caractère; mais il s’agit là d’une
coordination véritable et précise des
instincts vitaux. L’absence de cette base
qui engendre la dignité personnelle, la
confiance en soi, peut obscurcir l’intelli­
gence même, et faire surgir ce qu’on
pourrait appeler une barrière sociale,
allant jusqu’à la délinquance, jusqu’à la
répugnance envers ses semblables,
jusqu’à l’impossibilité de continuer ses
études.
Ce problème est à la base de l’éduca­
tion à tous les âges successifs. Que dire
des étudiants à l’université qui, étant
adultes, sont encore soumis comme des
enfants et vivent sous la dépendance de
leurs maîtres et de leurs parents sans
46 Les étapes de l'éducation

aucune des responsabilités qui les


élèvent à la catégorie d’hommes
sociaux ?
Il est bien certain que les difficultés
rencontrées dans les études universi­
taires leur paraissent encore plus
grandes du fait qu’ils ont été élevés de
cette façon.
La culture, je le répète, est moyen et
conséquence; mais non pas l’essence de
l’éducation; en effet, de tout temps on a
eu l’intuition qu’il existait une chose
plus importante que la culture : l’éduca­
tion morale.
Eh bien, l’éducation morale est le
fondement de tout: elle ne peut être
donnée par « l’enseignement » seu­
lement, mais bien par les expériences
Les étapes de l’éducation 47

vécues, par les conquêtes successives


que doit faire l’individu, lui-même aidé
par la société.
Je voudrais ajouter un mot encore sur
un sujet affligeant: celui des examens.
L’humanité continue à passer outre à
cet attentat à la vie psychique des
nouvelles générations, bien qu’elle en
déplore les conséquences. L’examen
prouve précisément que l’éducation est
donnée de façon telle que l’on arrive au
bout d’une année de vie en commun
sans que l'on sache ce qui s’est passé
dans l’esprit des élèves. La nécessité de
cette épreuve officielle démontre que la
vieille culture fait totalement abstrac­
tion de la personnalité.
La jeunesse qui a déjà dépensé tant
d’énergie dans des émotions et des
48 Les étapes de l'éducation

efforts angoissants pendant toute une


année d'études forcées doit, à la fin, être
jugée par un tribunal qui possède la loi,
mais non le cœur, tout comme les tribu­
naux pour délinquants. Si, actuel­
lement, on a modifié les tribunaux pour
mineurs en leur donnant un règlement
plus humain ou s’ils ont été abolis, que
devrait-ce être, à plus forte raison pour
les examens ? Il faut que la science et la
civilisation trouvent des moyens plus
modernes pour instruire et pour
connaître la jeunesse, espérance de
notre avenir.
Et, de fait, aujourd’hui dans ce qu’on
appelle « nouvelle éducation », où l’on
se préoccupe de la personnalité avant de
se préoccuper de la culture, on a
proposé d’examiner les étudiants au
moyen de tests mentaux, afin de juger le
Les étapes de l’éducation 49

degré de leur maturité psychique en soi,


plutôt que leur degré de culture. On
pratique déjà cette nouvelle forme
d'examen à titre d’expérience aux
États-Unis, et elle est en train de se
diffuser en Angleterre.
Mais permettez-moi de faire remar­
quer que cette deuxième forme aussi est
illusoire : parce que la valeur de
l’homme ne peut se mesurer comme le
rendement d’une machine. Le
psychisme humain est plein de mystère ;
il est couvert de masques, tant que
l’homme ne se connaît pas lui-même.
Aussi, les tests ne jugeraient-ils pas la
valeur de l’homme, mais les consé­
quences de la répression, c’est-à-dire les
barrières mentales, les fugues
psychiques, les états liés aux complexes
d’infériorité comme la timidité, le
50 Les étapes de l’éducation

découragement, le manque de confiance


en soi et la confusion mentale qui en
découle. Et c’est pour cela que ce n’est
pas juger véritablement l’homme, mais
l’état auquel l’a réduit une vie déviée.
Dans nos écoles, l’examen est rendu
absolument inutile. Ou, bien mieux, tous
les élèves passent continuellement des
examens: il suffit de les observer pour
savoir ce qu’ils sont en train d’apprendre;
et le développement de la personnalité se
poursuit au plein jour. L'examen d’un
moment, tel que le pratiquent les écoles
ordinaires, serait bien peu de chose dans
nos écoles, et prendrait la forme d’une
simple conversation, d’une interruption
dans le travail.
Aussi ce sont précisément nos élèves
qui peuvent se présenter aux examens
Les étapes de l’éducation 51

ordinaires sans en souffrir. Habitués à


travailler devant un public qui les
questionne, sûrs d’eux-mêmes, pas
fatigués, ils semblent absolument
adaptés à affronter les épreuves de
l’examen.
D’ailleurs, ils s’y sont souvent
présentés, particulièrement pour
l’admission aux écoles secondaires,
surmontant l’épreuve avec beaucoup de
facilité. Mais ce qui est curieux, c’est
l’impression faite sur quelques-uns de
nos enfants qui se sont présentés aux
examens de passage d’une classe
élémentaire à une autre. C’était, pour
eux, comme s’ils allaient causer dans un
salon ; et ils ne comprenaient rien à cette
solennité. Les questions des examina­
teurs, répétées sur le même sujet pour
confondre l’enfant et pour voir s’il avait
52 Les étapes de l’éducation

vraiment compris ce qu’il répondait, ont


produit parfois une impression
inattendue : « C’est curieux, disait un de
nos élèves, que des personnes si
instruites ne comprennent pas ce qu’on
leur dit et qu’elles continuent à
questionner et à questionner encore sur
des sujets aussi simples! »
Oui, l’enfant nous a ouvert un monde
nouveau, et nous a révélé un homme
meilleur. Cet homme, nous ne devons
pas seulement l’instruire : il nous faut le
défendre tout comme le trésor le plus
précieux de l’humanité; et il nous faut
le servir afin qu’il nous fasse ses révéla­
tions parce que nous avons besoin de
lui. De grandes inconnues pèsent sur
notre monde d’adultes : l’homme
s’ignore lui-même et l’enfant peut nous
révéler quelques secrets de notre vie.
Les étapes de l'éducation 53

Jusqu’à présent, nous nous sommes


intéressés presque exclusivement au
monde extérieur; nous en avons décou­
vert les énergies et les lois; nous l’avons
utilisé jusqu’à réaliser des miracles avec
les machines, avec l’électricité, avec les
rayons. Eh bien, maintenant, il nous faut
nous retourner vers l’âme humaine. Elle
aussi, elle contient des trésors cachés, des
énergies inconnues, des secrets qui
attendent de se révéler. Et, de l’âme
humaine, nous obtiendrons le plus grand
miracle et le plus urgent: celui d’amé­
liorer l’humanité. Et je suis convaincue
que la solution de bien des problèmes
sociaux pourra aussi être aidée par la
contribution de l’enfant. Notre avenir
réclame d’urgence sa collaboration : c’est
pour cela qu’il faut la réforme radicale
de l’éducation et la reconnaissance des
droits de l’enfant devant la société.
MARIA MONTESSORI
AUJOURD'HUI
Maria Montessori
en quelques dates

1870: Le 31 août, naissance à Chiaravalle


(province d’Ancône) de Maria, fille
de Alessandro Montessori et Renilde
Stoppani.
1896: Maria est la première Italienne
diplômée de médecine. Elle repré­
sente l’Italie au Congrès interna­
tional pour les droits des femmes à
Berlin.
1897 : Assistante à la clinique psychiatrique
de Rome.
1896-1898: Voyage en France (institut
Boumeville).
1898 : Naissance de son fils Mario. Dirige
l’institut d’orthophrénie de Rome.
Travaille avec des enfants déficients.
1904-1916: Titulaire de la chaire
d’anthropologie à l’université de
58 Les étapes de l'éducation

Rome. Publie L’Anthropologie pédago­


gique (1904).
1907 : Ouverture de la Maison des Enfants
à San Lorenzo, Rome.
1912-1918: Publication de La Méthode
Montessori, best-seller international.
Nombreux séjours et conférences
aux États-Unis.
1916 : Chargée de cours à Barcelone.
1917 : Conférences à San Francisco devant
cinq mille personnes.
1920-1930: Conférences en Autriche,
Allemagne, Pays-Bas, Italie,
Argentine. Des sociétés Montessori
voient le jour un peu partout.
1929: Premier congrès international
Montessori au Danemark :
l’Éducation et la Paix.
Création de l’Association Montessori
internationale à Amsterdam.
1936 : Quitte l’Italie fasciste et s’installe en
Hollande.
1939-1946: En Inde.
1946 : Conférences à Londres et en Écosse.
1947-1949: En Inde et à Ceylan. Reçue
au Parlement indien. Ouverture
Maria Montessori en quelques dates 59

d’une université Montessori à


Madras.
1949-1950: France, Norvège. À Paris, elle
est publiée chez Desclée de Brouwer.
1949-1951 : Candidate pour le prix Nobel
de la paix pour son livre L'Education
et la Paix.
1950 : Reçue et honorée à l’Unesco.
1951 : Participe au congrès international
Montessori à Londres.
1952: Le 6 mai, Maria Montessori s’éteint à
Noordwijk en Hollande. Son fils
Mario Montessori (1898-1982) a
poursuivi son œuvre, bientôt relayé
par sa petite-fille Renilde Montessori
qui a été la présidente de l’Association
Montessori internationale jusqu’en
2005.
Maria Montessori,
la première femme médecin
en Italie

Maria Montessori est née le 31 août 1879 à


Chiaravalle, en Italie, non loin d’Ancône.
Alors qu’elle a douze ans, ses parents s’ins­
tallent à Rome pour qu’elle y poursuive
une bonne scolarité. Ils aimeraient qu’elle
devienne enseignante, un métier ouvert aux
femmes. Mais elle veut être médecin...
même si aucune Italienne n’est jamais
entrée à la faculté de médecine. Alors,
malgré l’opposition de son père et grâce au
soutien de sa mère, Maria Montessori
poursuivra des études de médecine. En
1896, à vingt-six ans, elle est la première
femme diplômée de médecine en Italie et
complète sa formation par des études de
biologie, de philosophie et de psychologie.
62 Les étapes de l’éducation

Des enfants déficients mentaux aux


enfants de San Lorenzo
Assistante en clinique psychiatrique à l’uni­
versité de Rome, Maria Montessori
rencontre des enfants que l’on appelle alors
« arriérés » ou «idiots ». Devant leurs condi­
tions de vie inhumaines, elle émet une
hypothèse : les déficiences ne sont peut-être
pas au centre du problème. La solution
serait-elle pédagogique plutôt que
médicale ? Maria Montessori observe
notamment que si l’on donne à ces enfants
un environnement favorable, certains passe­
ront leurs examens de la même façon que
leurs congénères : «La médecine ne suffit pas
à traiter les enfants déficients, il faut une
nouvelle pédagogie », déclare-t-elle.
En 1898, le ministre de l’Instruction
publique Guido Baccelli, qui a eu vent de
ses travaux, lui demande de donner une
série de conférences. Peu après, elle crée et
dirige une école d’orthophrénie pour
adolescents déficients. Passionnée par les
questions pédagogiques, elle se plonge dans
les écrits du docteur Itard - qui s’est occupé
La première femme médecin en Italie 63

de Victor, l’enfant sauvage de l’Aveyron -,


et d’Édouard Séguin, son élève - qui a
développé du matériel sensoriel pour les
enfants sourds. Elle adhère à leurs décou­
vertes: le développement des sens réveille
l’activité musculaire et motrice, et avec elle,
l’intelligence. Comme eux, le médecin se
fait alors éducateur. Elle comprend bientôt
l’importance des années de l’enfance,
jusqu’à six ans.
Tout en continuant ses recherches, elle suit
des cours de philosophie et de psychologie
expérimentale et .publie L'Anthropologie
pédagogique (1904), ce qui lui vaut d’être
nommée à la chaire d'anthropologie pédago­
gique de l’université de Rome.
En 1907, Guido Baccelli lui demande de
prendre en charge les enfants défavorisés
du quartier de San Lorenzo à Rome. Dans
ce quartier ghetto, peuplé d’immigrants
venus du sud de l’Italie dans l’espoir de
trouver une vie meilleure au Nord, les
enfants sont livrés à eux-mêmes et non
scolarisés.
Pour Maria Montessori, c’est l’occasion
de travailler avec des enfants non déficients
64 Les étapes de l’éducation

mentaux et de mélanger le social et le


pédagogique. Elle commence d’ailleurs par
les éduquer à l’hygiène. Dans un appar­
tement au rez-de-chaussée d’une maison,
elle installe la salle de classe, fait construire
pour les enfants des tables et des chaises
adaptées à leur taille et crée bientôt un
matériel pédagogique qui deviendra le
matériel Montessori. Elle explique : « Notre
école est une Maison des Enfants plutôt
qu’une véritable école, c’est-à-dire, un lieu
préparé spécialement pour l’enfant, dans
lequel il assimile la culture diffuse de cette
ambiance, sans qu'il soit besoin d’un ensei­
gnement. »
La première « Casa dei Bambini » et la
« Pédagogie Montessori » ont ainsi vu le
jour à San Lorenzo, ce qui valut à Maria
Montessori une reconnaissance internatio­
nale.
La reconnaissance internationale
En 1909, elle publie Pédagogie Scientifique.
La Maison des Enfants qui est traduit dans de
nombreuses langues et l’a fait connaître dans
La première femme médecin en Italie 65

le monde entier. À la suite de San Lorenzo,


elle fonde d’autres Maisons des Enfants et
écoles, elle devient formatrice en pédagogie
Montessori. Des stages sont organisés à
Londres, Nice, Berlin, Amsterdam,
Barcelone, San Francisco, Madras et Karachi.
Elle formera personnellement quatre à cinq
mille étudiants. En 1912, aux USA, elle
fréquente alors Graham Bell dont l’épouse
était présidente de l’Association pour l’édu­
cation montessorienne. En 1917, Sigmund
Freud lui écrit de Vienne pour lui dire que sa
fille Anna Freud est une de ses disciples.
Celle-ci le confirmera d’ailleurs dans ses
textes. Deux ans plus tard, deux mille
personnes s’inscrivent à la conférence que
Maria Montessori doit donner à Londres.
Bertrand Russell se réjouit de ce que son fils
de trois ans fréquente une classe Montessori
en Angleterre.
En 1929, elle fonde l’Association
Montessori internationale (AMI). En 1931,
le Mahatma Gandhi lui écrit son admira­
tion. Jean Piaget fonde et préside jusqu’à sa
mort la Société Montessori suisse. Il fut son
élève au cours de 1934 à Nice.
66 Les étapes de l’éducation

En 1937, Maria Montessori part en Inde,


alors colonie britannique. Avec la Seconde
Guerre mondiale, elle est mise en résidence
surveillée parce que l’Italie est puissance
ennemie de la Grande-Bretagne. Elle y
travaillera jusqu’en 1946, avant de regagner
l’Europe.
Maria Montessori s’est éteinte en 1952.
en Hollande à quatre-vingt-deux ans. Son
fils Mario a continué son oeuvre. Sa petite-
fille Renilde Montessori fut présidente de
l’Association Montessori internationale
(AMI) jusqu’en 2005.
De l’Éducation nouvelle à la Nouvelle
Éducation, une démarche d'avant-garde
« Bien que l’éducation soit reconnue
comme l’un des moyens d’élever l’huma­
nité, on ne la considère encore que comme
l’éducation de l’esprit, fondée sur de vieux
principes, sans penser à en extraire une
force novatrice et constructrice », expli­
quait Maria Montessori.
Celle-ci avait constaté qu’il était vain de
soumettre les enfants déficients aux
La première femme médecin en Italie 67

procédés de pédagogies traditionnelles. À


San Lorenzo, elle a défini les grandes lignes
de la pensée scientifique et montré de
façon générale que l’enfant doit être consi­
déré dans son développement, de manière
globale, afin qu’il s’épanouisse.
Pour Maria Montessori, l’enfant a
l’immense tâche de construire l’Homme en
lui et nous, éducateurs (parents, éduca­
teurs), avons la tâche de l’accompagner en
construisant son environnement qui répond
à ses besoins de développement.
Selon la pensée de Maria Montessori, tout
être humain arrive sur terre avec la poten­
tialité de se développer et de s’adapter à son
environnement, pourvu que celui-ci
respecte ses besoins les plus profonds.
L’une des découvertes de Maria
Montessori fut de reconnaître chez l’enfant
trois périodes embryonnaires. L’une que
tout le monde connaît, prénatale, et les
deux autres, postnatales.
La première période embryonnaire est la
période postnatale de l’embryon spirituel.
Elle va de 0 à 3 ans et la seconde, l’embryon
social, de 3 à 6 ans.
68 Les étapes de l’éducation

Pendant ces périodes embryonnaires, le


petit d’homme va construire l’ensemble des
caractères de son espèce.
- Station verticale, utilisation de la main,
langage, conscience d’appartenir à un
groupe, capacité d’abstraction.
Pour Maria Montessori, l’acquisition de
ces caractères est déterminée dans le temps.
C’est ce qu’elle a nommé Périodes sensibles
et qu’elle revendique comme l’une de ses
découvertes.
Le Petit d’Homme, pour se développer,
se construire, s’humaniser, a besoin d’ordre
(c’est à partir de l’ordre extérieur qu'il
structurera sa sécurité intérieure), d’un
environnement qui favorise le mouvement,
afin que celui-ci se coordonne et le mène à
la station verticale puis à la coordination de
ses mouvements de plus en plus précis et
fins. Il a besoin d’entendre parler, d’être pris
dans un bain de langage, il a besoin de
réaliser des expériences sensorielles et
sociales, pour construire sa pensée, son
intelligence et se réaliser dans le groupe
social auquel il appartient. C’est à travers et
La première femme médecin en Italie 69

par ces périodes sensibles que le dévelop­


pement physique, psychique, émotionnel et
spirituel de l’enfant, se réalise.
Maria Montessori appartenait au mou­
vement de l’Éducation nouvelle qui s’est
développé en Europe dans les années vingt
(congrès de Calais, 1921). Mais, très vite,
elle s’en démarque en revendiquant sa
particularité. Il ne s’agissait pas d’aller
réformer la pratique pédagogique, mais de
considérer fondamentalement l’enfant
autrement, comme un être qui a ses besoins
propres, qui est en devenir, et qui porte en
lui toutes les possibilités d’Humanité.
La tâche de l'enfant est de construire son
humanité. Il s’agit bien de la tâche de
l’enfant. C’est ce qu’elle appellera la
Nouvelle Éducation.
Les points essentiels de la pédagogie
1. Le premier chemin que l’enfant doit
trouver est celui- de la concentration.
C’est par la concentration que se fait
le véritable travail de construction
psychique.
70 Les étapes de l’éducation

2. La liberté de l’enfant est au centre de


notre travail, non pas cette liberté
extérieure, mais bien la construction
de la liberté intérieure. Elle se
construit à travers un environnement
qui favorise le mouvement qui a un
but, l’activité autonome, le respect du
rythme et des intérêts de l’enfant.
C’est ainsi que discipline et liberté ne
varient plus en sens inverse. Plus de
liberté, ce n’est pas moins de discipline
et réciproquement. Mais, au contraire,
plus de liberté nécessite plus de disci­
pline et de la discipline intérieure naît
la liberté se déployant dans l’activité.
3. Le but de l’éducation montessorienne
est de permettre à la personne d’agir
par elle-même et de penser par elle-
même.
L’éducation comme une aide à la vie
• L’ambiance préparée: l’éducateur
doit préparer l’environnement
pour proposer aux enfants un
milieu structuré. « L'enfant doit
La première femme médecin en Italie 71

trouver dans l’ambiance, quelque


chose d'organisé en rapport avec son
organisation intérieure », écrit Maria
Montessori.
L'activité autonome : l’enfant
choisit l’activité qui l’intéresse et
choisit aussi de s’y atteler seul ou
avec d’autres. Il suitainsi le cours
de sa propre socialisation. Il peut
aussi ne rien faire ou discuter avec
un camarade.
«Aide-moi à faire par moi-même »:
l’intervention des éducateurs doit
être indirecte, l’enfant se
développe à son rythme. En effet,
l’enfant doit apprendre par sa
propre expérience directe. « Se
substituer à l’enfant dans l’accom­
plissement de ses actions formatrices,
avec la louable intention de l’aider,
n’est pas ce dont il a besoin », écrit
encore la pédagogue.
Le respect de l'autre : l’enfant
prend tout son temps pour l'acti­
vité qu’il a choisie. Il peut la
recommencer autant de fois qu’il le
Les étapes de l’éducation

désire. Elle n’est terminée que


lorsque l’enfant a rangé le matériel
et l’a remis en place. Il apprend
ainsi la vie en communauté. En
outre, le matériel est toujours en
un seul exemplaire. Si deux enfants
veulent faire la même chose, ils
doivent se mettre d’accord.
Le corps et l'esprit : la main est au
centre du développement, c’est
« l’outil de l’esprit » selon Maria
Montessori. Il se construit à travers
la répétition, le perfectionnement
d’un geste acquis avec une préci­
sion croissante (verser de l'eau dans
un verre, laver un objet, etc.].
L’attention : la véritable découverte
de Maria Montessori est le phéno­
mène de l’attention; à travers des
activités simples mais structurées
de la vie quotidienne, l’enfant
accède à la concentration et les
autres ne doivent pas venir
déranger leur camarade concentré.
Les éducateurs: ils/elles sont à la
fois « savants et saints », au fait des
La première femme médecin en Italie 73

dernières découvertes en psycho­


logie et pédagogie, et acceptant avec
humilité que le guide est bien
l’enfant. « L'indépendance, écrit aussi
Maria Montessori, n'est pas statique:
c'est la conquête d'un travail continu
qui porte en soi, non seulement la
liberté, mais la force d'une auto­
perfection. » Ils/elles respectent la
concentration de l’enfant tout en
restant prêts à intervenir s’il le faut.
La pédagogie Montessori conduit l'enfant
à:
• agir et penser par lui-même,
• être en communication avec les
autres,
• respecter et protéger les autres et
son environnement,
• aimer et se laisser aimer.
L’organisation du système éducatif
La pédagogie Montessori distingue dans
l'enfance trois grandes étapes de dévelop­
pement :
74 Les étapes de l’éducation

1. De la naissance à trois ans, l’enfant


absorbe les informations autour de lui,
fait peu à peu la différence entre lui et
le monde : embryon spirituel.
2. De trois à six ans, l’enfant va
construire sa confiance en soi.
Capable à trois ans de dire « moi, je »,
il a acquis les bases du langage, de la
motricité et du développement senso­
riel. Il faut lui donner les moyens de
s’organiser. Les enfants fréquentent
alors la Maison des Enfants, qui
correspond à l’école maternelle. À six
ans, l’enfant peut dire « nous » :
nouveau-né social.
3. De six à neuf ans, et de neuf à douze
ans, c’est l’Ecole Montessori élémen­
taire durant laquelle l’enfant construit
sa pensée autonome et intellectuelle. Il
a besoin de vivre en société, en groupe,
de comprendre les gens et leurs actes.
En même temps, il devient un être de
sens moral et de justice.
La première femme médecin en Italie 75

Dans la Maison des Enfants, les enfants


de trois, quatre, cinq et six ans sont dans la
même ambiance. Maria Montessori avait en
effet constaté que cela avait une influence
positive sur les relations sociales: « Les
petits voient ce que font les aînés, et
demandent des explications que les plus
grands leur donnent volontiers », racon­
tait-elle. La collaboration et l’entraide
prennent le pas sur la compétition. Les
occasions pour un enfant de se sentir
valorisé sont plus nombreuses que dans la
configuration classique, surtout qu’il n’y a
pas l’angoisse du passage dans la classe
supérieure.
Patricia Spinelli-Delivré
Institut supérieur Maria
Montessori
Agréé par l’Assodation Montessori Internationale
Présentation générale

L’Institut supérieur Maria Montessori créé


le 23 février 1998 s’inscrit dans la longue
histoire de la formation d’éducateurs
Montessori en France.
En effet, c’est en 1947 que Maria
Montessori elle-même fut à l’origine de la
création du premier Cours Montessori
international en France.
Sous l’égide de l’Association Maria
Montessori, Georgette Bernard puis Anne-
Marie Gillet et enfin Patricia Delivré-
Spinelli ont assumé la direction des cours
internationaux jusqu’en 1991.
78 Les étapes de l’éducation

Repris de 1994 à 1997 par l’Association


psycho-pédagogique, placé sous la respon­
sabilité de Patricia Delivré-Spinelli, le
Cours Montessori international s’inscrit
alors dans le champ de la formation des
éducateurs de jeunes enfants.
En 1998, l’Institut supérieur Maria
Montessori sous l’impulsion de Marie-
Louise Pasquier et Dominique Dubrule, est
fondé.
Sa fonction première est la formation des
éducateurs à la pédagogie Montessori en
direction des enfants de trois à six ans, mais
bien vite d’autres activités y sont associées :
formation continue et gestion d’une
Maison des Enfants.
Notre travail de formation
Notre travail de formation s’inscrit dans
une perspective favorisant le dévelop­
pement du potentiel humain. L’ensemble
de la pédagogie Montessori tente de donner
une réponse à cette question fondamentale
qui traverse l’œuvre de Maria Montessori:
comment développer le potentiel humain ?
Institut supérieur Maria Montessori 79

Comment permettre à l’éducation de


devenir une véritable aide au dévelop­
pement et participer pleinement à la
construction de l’humanité en chaque
enfant, en chaque être humain ? Cette
question demeure la nôtre dans tous nos
actes de formation.
L’Institut supérieur Maria
Montessori

L’ISMM est agrée par l’Association


Montessori internationale AMI (fondée en
1929 par Maria Montessori afin de
promouvoir sa nouvelle approche de l’édu­
cation) et délivre le diplôme Montessori
international d'éducateurs et d’assistants. Il
est soumis à un contrôle pédagogique
permanent, ce qui garantit la qualité de la
formation dispensée.
Le Cours Montessori international
L’Institut supérieur Maria Montessori
(ISMM) propose une formation d’éduca­
teurs Montessori en direction des enfants
âgés de trois à six ans conduisant au
diplôme Montessori international.
82 Les étapes de l’éducation

Cette formation permet d’acquérir une


identité professionnelle à travers :
• La philosophie Montessori : l’éduca­
tion comme une aide à la vie.
• La théorie du développement de
l’enfant selon Maria Montessori.
• La préparation de « l’ambiance »: le
rôle de l’éducateur, de l’environ­
nement et les aides au dévelop­
pement.
Mais aussi à travers :
• Des stages d’observation.
• Des stages pratiques dans des
Maisons des Enfants.
• Des ateliers de manipulation du
matériel Montessori.
• Des groupes de réflexion et de
lecture.
Dossier d'inscription sur demande au 322,
rue des Pyrénées, 75020 Paris.
Tel. 01 43 58 89 79 - Fax. 01 43 58 84 74
Site : www.montessori-france.asso.fr
L’Institut supérieur Maria Montessori

La formation continue
L’Institut supérieur Maria Montessori
propose différentes formations en direction
des professionnels de l’enfance mais aussi en
direction des parents ou toutes les personnes
intéressées par la pédagogie Montessori.
Notre catalogue propose :
1. Un cours d’assistant(e) Montessori.
2. Différents stages d’information sur la
pédagogie Montessori
• en direction des enfants de la
naissance à trois ans ;
• en direction des enfants de
trois à six ans ;
• en direction des enfants de
six à douze ans.
3. Des journées d’études et de réflexions
sur différents thèmes.
L’Institut supérieur Maria Montessori
intervient dans des structures d’accueil de
la petite enfance et de l’enfance sur simple
demande :
84 Les étapes de l'éducation

• Supervision d’équipe.
• Stage de formation à la
pédagogie Montessori intra
muros.
Catalogue sur simple demande à l’ISMM :
322, rue des Pyrénées, 75020 Paris.
Ou sur site : www.montessori-france.asso.fr

La Maison des Enfants : Les « Oursons »:


28, rue Vignon, 75009 Paris.
(Ecole maternelle privée hors contrat)
Les Oursons Maison des Enfants d’appli­
cation de l’ISMM fut créée en 2000.
Les Oursons accueillent des enfants de
trois à six ans.
C’est un environnement spécialement
aménagé, adapté aux besoins physiques et
psychologiques des enfants.
Pour Maria Montessori, la tâche de l’édu­
cation doit être de réunir les conditions les
plus favorables pour permettre un dévelop­
pement harmonieux au cours des six
L'Institut supérieur Maria Montessori 85

premières années de la vie : l’éducation est


alors comprise comme une aide à la vie.
Les « Oursons »:
• Un lieu de vie pour les enfants.
• Un lieu d’observation et de pratique
pour les étudiants.
• Un lieu de recherche pour les éduca­
teurs.
L'accueil des tout-petits
L’institut supérieur Maria Montessori est
engagé dans l’accueil des enfants de trois
mois à trois ans : le Nido et la Communauté
enfantine.
En 1947 déjà, Maria Montessori faisait de
cette période de la vie la période la plus
importante au regard du développement de
l’homme.
Le Nido et la Communauté enfantine sont
des « ambiances » qui prennent en compte
les besoins fondamentaux des enfants.
Comité d’honneur
de l’Association Montessori
de France

Madame Marguerite DESPATURE


Ancienne élève Montessori
Madame Catherine D olto
Docteur, haptopsychothérapeute
Madame Grazia H o n egger -F r e sc o
Présidente de l’Association et du Centre
Nascita de Rome
Codirectrice de la revue II Quademo
Montessori
Monsieur Guy A v a n z in i
Professeur émérite à l’université de Lyon 2
88 Les étapes de l'éducation

Monsieur André GlORDAN


Directeur du Laboratoire de Didactique
et Épistémologie des Sciences de Genève
Monsieur Bernard GOLSE
Professeur, pédopsychiatre, psychanalyste
Monsieur Albert JACQUARD
Généticien, écrivain et humaniste
Monsieur Luciano M a zzetti
Professeur, président du Centre interna­
tional Maria Montessori de Perugia (Italie)
Monsieur Philippe M eir ieu
Professeur dê l’université de Lyon 2 en
Sciences de l’éducation
Monsieur Edgar MORIN
Sociologue, essayiste
Monsieur André R o be r fr o id
Président de l’Association Montessori
internationale
Composition et mise en pages réalisées par
Sud Compo - 66140 - Canet en Roussillon
043/2007
Achevé d'imprimer par Corlet Numérique -14110 Condé-sur-Noireau
N° d'imprimeur : 60453 - Dépôt légal : mai 2009 - Imprimé en France
Oune«importance
L’éducation a pris aujourd’hui
insoupçonnée : elle ne
vise pas seulement à évoluer à l’intérieur
de l’école, mais elle s’étend au-delà, pour
s’allier à la science, à la sociologie...
Les termes de “nouvelle éducation”, de
“pédagogie scientifique” s’appliquent
au mouvement ardent d’une réforme
qui est le résultat d’une aspiration
profonde, éprouvée par toute l’huma­
nité... Oui, l’enfant nous a ouvert un
monde nouveau et nous a révélé un
homme meilleur. Cet homme, nous ne
devons pas seulement l’instruire ; il
nous faut le défendre tout comme le
trésor le plus précieux de l’humanité ;
et il nous faut le servir afin qu’il nous
fasse ses révélations parce que nous
avons besoin de lui. »
Publié pour la première fois en
1936 chez Desclée de Brouwer, ce
livre reprend la grande conférence
prononcée à la Sorbonne en juin de la
même année par Maria Montessori
(1870-1952). Avec des accents de
profondeur et de sensibilité, la grande
pédagogue italienne présente de
manière ramassée les grandes intui­
tions de sa démarche.

8€
9 782220 059013
ISBN 978-2-220-05901-3

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