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Commentaire linéaire sur : Rousseau, Émile ou de

l’éducation (page 170-172)


La Philosophie de Jean-Jacques Rousseau naît d’une
conviction : l’homme est né bon, et c’est la société qui
le corrompt. L’éducation tient donc une part
importante dans sa pensée, puisque c’est par elle que
l’on peut préserver les qualités naturelles de l’enfant.
Pour lui, l’étude fondée sur les livres et les leçons
déforme l’esprit des élèves ; au contraire,
l’apprentissage au contact de la nature permet à
l’enfant de cultiver ses bonnes dispositions innées.
C’est pour défendre cette théorie qu’il écrit Émile ou
de l’éducation, un traité de pédagogie qui suit
l’éducation d’un jeune garçon fictif nommé Émile. À
l’abri de tout contact avec la société, en pleine
campagne, Émile est seul et libre. Loin de lui imposer
son savoir, son professeur lui apprend à réfléchir par
lui-même. Dans ce texte, Jean-Jacques Rousseau
explique comment initier un élève à la géographie. Il
conseille deux promenades pour observer le coucher
du soleil, phénomènes naturels qui, en sollicitant les
sens de l’enfant et en réveillant sa réflexion, lui
tiendront lieu de leçon. Nous nous demanderons
comment Jean-Jacques Rousseau place ainsi
l’expérience sensible au cœur de son projet
d’éducation. Ce texte s’offre d’emblée comme un
manuel de pédagogie novateur qui peut surprendre le
lecteur car il ne fonde l’apprentissage que sur
l’observation, l’expérimentation et le sentiment de la
nature.
Comment Jean-Jacques Rousseau place-t-il
l’observation de la nature au cœur de l’éducation ?
Dans un premier temps nous verrons comment nous
est présenté ce manuel de pédagogie novateur, dans
un deuxième temps comment Rousseau envisage un
apprentissage fondé sur l’expérience puis pour finir,
comment Rousseau favorise le contact à la nature.

Premièrement il est important de noter que ce traité


de pédagogie est très novateur pour son époque (celle
de Rousseau) car il propose des idées nouvelles
auxquelles les gens n’étaient pas habitués ou n’avaient
pas envisagés. On peut constater que ce texte est doté
de beaucoup de verbes à l’impératif (ex : ligne
1“rendez”, ligne 3 “pressez” et “mettez”...) jusqu’au
lignes de la fin (ex : ligne 44 “parlez ”et “laissez”). Ces
verbes à l’impératif nous permettent de comprendre
que Rousseau s’adresse à des éventuels professeurs
n’ayants pas appliqué sa méthode d’enseignement. En
effet on peut déduire cela car ces verbes à l’impératif
servent à donner des conseils (en l’occurrence ici il
s’agit de conseils sur l’éducation des enfants).
Cependant il ne faut pas oublier la présence de verbes
impératifs à la forme négative (ex : ligne 43 “n’ajoutez
rien...” ou encore ligne 44 “n’y répondez point”). Ces
verbes-là expriment plutôt une injonction afin de
guider au mieux les professeurs et de les former à
l’enseignement.
De plus, Rousseau souhaite que le professeur ne
réponde pas aux questions de l’enfant qu’il enseigne
(contrairement à la tradition qui veut que le professeur
réponde à toutes les questions qu’un élève lui pose).
On le voit dans le texte aux lignes 3-4, 43-44 et 4-5
avec respectivement les phrases “Mettez les questions
à sa portée et laissez-les lui résoudre”, “s’il vous fait
des questions, n’y répondez point” et “Qu’il ne sache
rien parce que vous le lui avez dit, mais parce qu’il l’a
compris lui-même”. Ces phrases ci-dessus nous
confirment l’appartenance de Rousseau au
mouvement des lumières et le fait que Rousseau
souhaite que à travers la forme d’enseignement qu’il
propose, les enfants éveillent leur esprit critique et
réfléchissent par eux-mêmes. Cette pédagogie que
propose Rousseau prône les discussions et les débats
entre le professeur et l’élevé afin que celui-ci puisse
raisonner, certaines fois Rousseau conseille même aux
professeurs de garder le silence (ligne 40 “gardez
quelques moments de silence”). Rousseau cherche
vraiment à, au travers des professeurs qui appliqueront
ses conseils, stimuler l’autonomie des enfants (ligne
44-45 “laissez-le à lui-même”). À travers tous ces
conseils, Rousseau est sûr qu’un monde d’élites se
formera car il a confiance en les enfants et leur
capacité à réfléchir (ligne 45 “soyez sûr qu’il y
pensera”).

Deuxièmement, Rousseau rejette l’enseignement


traditionnel de la géographie car pour lui, pour
enseigner aux enfants la géographie, les professeurs
utilisent ce qu’il appelle “des machines” (ligne 11) et
qui sont en vérité des objets qui figurent dans l’espace
(“ des globes, des sphères”... ligne 10). Selon Rousseau,
l’espace doit se sentir, s’éprouver de manière physique
(“que ne commencez par lui montrer l’objet même”
ligne 11-12). Cela montre que Rousseau favorise les
sensations réelles aux fictions et à la théorie passive
(ou on n’applique pas les faits). Le philosophe propose
de faire vivre l’élève à travers des expériences ou ceux-
ci vivront réellement les cours. Pour cela, il utilise le
présent de narration (“on va se promener (…) et l’on
observe” ligne 14-16). Rousseau cherche à faire
comprendre que pour aider l’enfant à obtenir un bon
sens de l’orientation, il est nécessaire de le rapprocher
de la nature, au même endroit le soir et le matin, et de
le faire observer les lieux, les plantes et aussi le soleil
(pour repérer les points cardinaux). Grâce à cette
méthode d’apprentissage, l’enfant en déduira
facilement la notion d’astronomie puisqu’il
comprendra qu’il y’a présence d’un mouvement et
d’une certaine répétition des évènements. Cette leçon
apparait comme l’une des meilleures voire la meilleure
car elle stimule les sens de l’enfant (“un spectacle si
grand, si beau, si délicieux” ligne 35-36 et “leur
gazouillement faible” ligne 30). En plus de cela s’ajoute
le fait que l’enfant est naturellement curieux, donc il
cherchera à comprendre ce qu’il l’entoure et donc
s’instruira grâce à la nature.

Troisièmement, Rousseau décrit la nature comme


étant très belle. On le voit à cette gradation (“belle”,
“favorable” ligne 14, “embellie” ligne 25 puis
“enchantement” ligne 34). Rousseau met en évidence
la magie de la nature care celle-ci est si belle qu’elle
enchante (comme dans les récits de Homère avec les
sirènes, circée...). Selon Rousseau, le spectacle de la
nature fait ressentir de l’émerveillement et de
l’éblouissement à celui qui la regarde, à telle point que
personne ne sort de l’observation avec le même état
d’esprit que quand il est rentré dans celle-ci (“n’en
laisse aucun de sang-froid" ligne 35-36. Rousseau
utilise des adjectifs mélioratifs et ajoute l’adverbe
d’intensité “si” ce qui renforce la beauté de la nature
qui “pénètre jusqu’à l’âme” (ligne 34). Enfin, la
description du coucher du soleil peut être considérée
comme poétique car non seulement elle est
pédagogique, mais car elle montre uniquement la
beauté de la nature et du monde à travers les mot
utilisés (“les traits de feu” et “l’incendie” ligne 19-20).
On le voit aussi aux références sur les lumières sur le
fait que ces lumières éclairent le monde d’obscurité
(“Un point brillant part comme un éclair et remplit
aussitôt tout l’espace” et “le voile des ténèbres s’efface
et tombe” ligne 22-25).

Ainsi, dans ce traité de pédagogie, Rousseau renouvelle


la conception de l'éducation en favorisant l'autonomie
de l'enfant. Il ne s'agit plus pour le maître d'imposer
autoritairement son savoir, mais plutôt d'inviter l'élève
à penser par lui-même. Cet enseignement, qui éveille
la raison et encourage l'émancipation, est représentatif
de l'esprit des Lumières. Mais il se double ici d'une
dimension sensible propre à la pensée de Rousseau,
fondée sur l'expérience de la nature. L'observation du
soleil permet certes d'apprendre à situer l'est et
l'ouest, à comprendre que la Terre tourne sur elle-
même, mais elle incite surtout à prêter attention aux
sensations et à la beauté du monde, elle favorise une
rêverie poétique. C'est cette sensibilité à la nature qui
fait de cet auteur un précurseur du mouvement
romantique.

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