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PHILOSOPHIE CITATIONS ROUSSEAU BCPST 1

Liberté

P 40-42 : « La liberté de l’enfant doit néanmoins être une liberté bien réglée » qui cite la page 77. Cette question de
la liberté renvoie à la P 159 « ta liberté ton pouvoir ne s’étendent qu’aussi loin que tes forces naturelles et pas au-
delà » ... Dégager ce n’est pas faire un enfant roi, pas faire croire à l’enfant que tout lui est possible. A faire des
enfants rois, on fabrique de petits tyrans, des esclaves, incapables de se détacher des autres et de leurs caprices. Il
ne faut pas aller au-delà de ce qui nous est possible.

P 170 : liberté réglée « laissons à l’enfance l’exercice de la liberté naturelle qui l’éloigne au moins pour un temps des
vices qui l’éloignent de l’esclavage. » écho à la P 159 et P 161 « faites que de toute part il n’aperçoive autour de lui
que le monde physique » le monde physique s’oppose au monde social mais se rapproche de la nature. Il faut que ce
soit la nature qui règle les libertés et par les normes sociales.

P 41 : « observez la nature et suivez la route qu’elle vous trace » observer veut aussi dire éprouver par son propre
corps. Le maitre dégage, il désentrave, il permet à l’enfant de ne pas être immédiatement agripper par les usages
sociaux et qu’il puisse librement découvrir la nature. En société, nous sommes spontanément asservis, le maitre sert
à dégager, libérer Emile de cet asservissement

Nature / Naturel

« Au moins il a joui de son enfance, nous ne lui avons rien fait perdre de ce que la nature lui avait donnée »
Jouir renvoie à joie. Jouir c’est laisser sa présence s’ouvrir à son possible. La joie ne s’attend pas, n’est pas prévu.
Jouir du temps présent n’est pas profiter mais se laisser être. Il faut se laisser atteindre par la joie en dépit de toute
volonté. Si Emile a joui de son enfance, c’est qu’on l’a pleinement laisser être ce qu’il voulait être. Jouir ne produit
rien, dans la jouissance on est conduit à notre propre néant. La joie est improductive, elle n’est pas utile. Pour jouir
du temps il faut laisser au temps de vous offrir ce qu’il a à vous offrir. Si l’enfance peut être joyeuse, c’est qu’on ne
l’a soumise à aucune attente ; alors elle peut s’ouvrir et s’offrir à son possible. S’offrir à son possible c’est s’ouvrir à
l’existence au-delà de la représentation qu’on peut en avoir. On ne jouit ou on est joyeux que de s’être laissé
réinventer par le possible. C’est pour ça qu’il faut être courageux. « Emile, je ne transigerai pas avec la joie qui sera
la tienne » Le précepteur ne sait pas où et comment Emile va jouir. La négativité à l’œuvre c’est laisser l’enfance
découvrir tout ce que l’homme peut être. La joie c’est la possibilité de la réinvention de l’homme. C’est la raison
pour laquelle étudier l’enfance joyeuse c’est peut-être réétudier ce que pourrait être l’homme en son possible. La
joie serait la forme la plus accomplie de la connaissance humaine. On n’a pas occupé l’enfance d’Emile pour le faire
être qqun socialement. On n’a pas dénaturé l’homme, on a suivi la route de la nature. Autrement dit, on ne s’est pas
empressé de produire un fruit, on lui a laissé le temps de la maturation. L’enfance est comme un temps de jachère.

« Le métier que je veux lui apprendre est le métier d’homme »


Emile est éduqué à son humanité et ne sera pas perverti par la société. Il n’est ni bien ni mal. Il ne connait que la
droite route de la nature. C’est une moralité de l’homme et non pas une moralité sociale que le précepteur doit
développer chez Emile. La moralité sociale est une moralité des meures (us et coutumes d’une société donnée à un
moment donné). La moralité de l’homme ne dépend que de l’homme singulier. Dans sa conduite morale, l’homme
est libre. Il est exigé à Emile d’être complétement libre.

Ce qui ouvre la route, ce qui donne l’élan est ce que rousseau appelle « la marche de la nature » P 47 ou encore
« observez la nature et suivez la route qu’elle vous trace » P 76. Le mot nature chez Rousseau ne renvoie pas à un
ensemble de lois déterminée et déterminant les comportements de l’homme. La nature chez Rousseau c’est la
puissance du devenir et pas une borne fixe qui détermine l’homme.

« Des yeux au bout des doigts » P 254 Si Emile a une forme de sagesse, c’est dans la mesure où il sait être avec.
L’ouvert c’est ce qui ne cesse de se redécouvrir à chaque pas de l’enfance. La nature aime à se cacher. Plus il avance,
plus la nature elle-même se redécouvre. Il y a un jeu de présence/absence.
Société pervertie l’enfance

La société qui pervertit les enfants c’est précisément ce qui est illustré par Rousseau dans l’Emile par l’enfant des
villes. « Deux écoliers de la ville feront plus de dégât dans un pays que la jeunesse de tout un village » P 178 on
comprend toute la perversion de l’empressement. L’enfant des villes est licencieux, il va profiter du moindre espace
de non surveillance pour libérer tout ce qu’il ne peut pas être d’habitude. La licence n’est que le revers de
l’oppression. Le gouverneur n’accord rien d’autre à Emile que ce qu’Emile peut s’accorder à lui-même. Il ne connait
pas la licence, il éprouve chaque jour la liberté. La licence c’est prendre ou avoir quelque liberté tandis que la liberté
c’est s’ouvrir à l’être libre. L’éducation à la liberté ne se fait que par une éducation de la liberté. En effet la nature ne
détermine pas l’homme à être ceci ou cela. P 113 « nous ignorons ce que la nature nous permet d’être… »

Autonomie

« Notre manie enseignante et pédantesque est toujours d’apprendre aux enfants ce qu’ils apprendraient beaucoup
mieux par eux-mêmes » Rousseau
Si on doit intervenir en tant qu’enseignant c’est pour lui apprendre à apprendre tout seul. C’est un apprentissage
autonome à l’autonomie. Un être pédant est savoir mieux que qui conque ce qui est bon pour lui et comment il doit
faire. C’est ce que ne veulent pas Rousseau et le précepteur. Ils ne doivent pas se substituer à l’enfant dans son
apprentissage. Il faut accompagner l’enfance dans la découverte de son intelligence et dans sa manière de savoir.
L’enfance est toujours plus intelligente que ce qu’elle peut penser. Le précepteur est celui qui, par sa seule présence,
donne la confiance d’apprendre à marcher seul, c’est-à-dire à découvrir, notre propre intelligence de savoir.

Singularité

« Chacun avance plus ou moins selon son génie, son goût, ses besoins et ses talents » P 112
C’est ce rythme propre à chacun que le gouverneur doit écouter.

Bien malin celui qui pourrait prétendre savoir ce dont il est capable. « Je ne sache pas qu’un seul philosophe est
encore été assez hardi pour dire « voilà le terme où l’homme peut parvenir » » P 112 Le philosophe ne peut pas
prétendre le possible de l’homme. Que peut l’humain ? c’est à chacun singulièrement de le découvrir. « Nous
ignorons ce que notre nature nous permet d’être » P 113

« Préparer de loin le rêve de sa liberté et l’usage de ses forces en le mettant en état d’être toujours maitre de lui-
même » P 116. « Préparer de loin le rêve de sa liberté » signifie que jamais il ne connaisse pas le règne de son
esclavage. Il ne faut pas faire naitre en lui le sentiment de toute puissance qui tôt ou tard fera de lui un esclave. Un
esclave de son caprice et un esclave de sa propre puissance. « Ayez donc soin de le transporter souvent » P 119. Il ne
faut pas que le monde vienne à lui mais qu’Emile vienne au monde. Eduquer c’est accompagner Emile dans son
mouvement d’aller au monde (chacun y va à son rythme et à sa manière -> singularité).

Désirs/Ordres

« Les premiers pleurs des enfants sont des prières » P 124


Pleurer ne doit jamais être le moyen d’être sûr d’avoir. Si les pleurs deviennent le moyen d’avoir immédiatement,
sans avoir rien à faire, l’enfant n’entrera pas dans l’humanité. Chaque désir, pour s’inventer doit créer de la
médiation. On ne connait rien à l’enfance car l’enfance est un produit de consommation. A partir de quand fait-on
rentrer l’enfance dans la médiation de l’humanité ? Plus on assiste un enfant, plus on en fait de lui un petit tyran,
esclave de lui-même. Le tyran c’est celui qui n’est pas maitre de ses désirs. Le propre du tyran c’est de ne même pas
se maitriser lui-même. Caligula c’est la figure même du tyran. Il faut comprendre que le tyran n’est pas libre mais il
est l’esclave de ses désirs. Comment écouter les pleurs ? Il ne faut pas les écouter comme des ordres, sinon on fait
de lui un tyran. Le pire des esclavages c’est celui qui s’ignore.
De sorte que « Il importe de l’accoutumer de bonne heure de ne commander ni aux hommes ni aux choses car elles
ne l’entendent point » P 125. Pour nous être libre c’est faire ce qu’on veut et pouvoir commander. Mais ce n’est pas
ça en réalité, être libre c’est pouvoir demander aux autres. Un être libre ne donne pas d’ordre aux autres. La vraie
liberté est que tout ne nous est pas possible.

« Toute méchanceté vient de faiblesse » P 125-126


Si l’enfant est méchant c’est parce qu’il ne peut supporter sa faiblesse. Donc il faut le rendre fort. Se sentir faible
c’est se sentir incapable par sa mère de transformer une bouteille en autre chose qu’une bouteille. La méchanceté
vient de ce qu’on nous fabrique par l’impuissant. Si on apprend à l’enfant qu’il ne peut pas tout, on apprend aussi à
l’enfant qu’il peut beaucoup en déployant sa puissance. L’enfance ne vit pas d’abord la fragilité comme une
impuissance définitive. L’enfance est joueuse et dans sa fragilité elle se découvre puissante. Et rapidement elle sera
forte de son savoir jouer.

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