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« L’enfance est un papillon qui se hâ te de brû ler ses blanches ailes aux

flammes de la jeunesse » Aloysius Bertrand, Gaspard de la nuit

Problématique : N’est-ce pas la société qui le fragilise de par l’éducation défectueuse qu’elle lui
dispense ?

I- L’enfance, fragilité et immaturité


1- Une constitution vulnérable
2- Une intelligence bornée

II- Une société complice : une éducation bâclée


1- Les manipulations de l’entourage
2- Une instruction quantitative et théorique qui néglige le savoir-vivre

III- L’enfance, une opportunité pour mieux outiller l’enfant


1- Protéger l’enfant de l’impact pernicieux de la société
2- Opter pour une éducation pratique qui éveille l’esprit critique

L’enfant est une créature faible et peu mature ; cela, tout le monde le sait sauf lui [Amorce].
Dans son œuvre célèbre Gaspard de la nuit, Aloysius Bertrand exprime ce constat d’une façon
poétique : « l’enfance est un papillon qui se hâte de brûler ses blanches ailes aux flammes de la
jeunesse » [Sujet]. Tout fait sens dans ce propos : « Un papillon » est un insecte beau, certes, mais
très fragile, « qui se hâte » illustre une attitude impulsive et irréfléchie, « brûler ses blanches ailes »
invoque un échec brusque dû à l’inexpérience. Or, mettre tout ce qu’il lui arrive sur le compte de
l’enfant serait une injustice : il n’est le plus souvent que ce que son milieu en fait [Analyse]. N’est-ce
donc pas la faute à la société qui n’a pas su le doter d’une paire d’ailes solide et efficace ?
[Problématique] En nous appuyant sur Emile ou De l’éducation de Rousseau et sur Contes
d’Andersen, nous allons montrer que si l’enfant se révèle une proie facile, c’est son entourage qui le
rend tel. D’où l’urgence de revoir notre conception de l’enfance et de l’éducation [Plan].

L’enfant a toujours hâte d’intégrer l’âge adulte. Fragile, immature et inexpérimenté, il court à sa
ruine sans s’en apercevoir. [Idée principale de la partie]

Tel « un papillon », l’enfant est un être frêle. Sa constitution physique ne le met pas à l’abri des
défis et épreuves qui le guettent. Il veut en finir avec son enfance sans se doter de moyens
nécessaires dans sa lutte contre les infortunes. « Nous naissons faibles, nous avons besoin de force »,
souligne Rousseau au tout début du premier livre de l’Emile. Un enfant, même à la veille de sa
jeunesse, demeure toujours chétif par rapport aux périls qui l’attendent. Ceci n’est pas sans rappeler
la condition du vilain petit canard. Un oiseau fragile qui vient d’éclore subissant, désarmé, les
brimades de toute la basse-cour parce qu’il est différent.

Pis encore, son petit esprit manque d’efficience. L’intellect de l’enfant est loin de tout concevoir.
Dans la vie, les apparences sont fallacieuses, or il ne perçoit que les dehors des choses. Rousseau
évoque aussi cette caractéristique de l’enfance : « Nous naissons stupides, nous avons besoin de
jugement ». Dépourvu d’un entendement affûté, l’enfant ne peut pas pénétrer au-delà du paraître.
Dans le conte d’Andersen, le crapaud est mû d’une curiosité aveugle. Il veut atteindre la margelle,
mais ne pense jamais aux conséquences de cet acte. Sa fin tragique, avalé par la cigogne, en dit long
sur l’immaturité des enfants.

L’enfant est donc la dupe de ses propres illusions. Il croit savoir plus qu’il ne sait. Or, si ses
chimères durent, c’est que son entourage les favorise. [Transition]

L’enfant est d’abord victime des travers de son entourage. On en fait un adulte raté avant
l’heure en l’initiant prématurément à des pratiques bien au-dessus de son âge. Rousseau reproche à
l’éducation de ne pas respecter l’étape de l’enfance. Elle fait tout pour précipiter sa maturité et ce
aux dépens de son évolution naturelle. « Si nous voulons pervertir cet ordre, nous produirons des
fruits précoces, qui n’auront ni maturité ni saveur », regrette Rousseau. Et c’est bien ce qui arrive. On
réveille dans son cœur des passions que l’esprit est inapte à gérer. Le sapin, dans les contes
d’Andersen, incarne bien cet état. Les cigognes et les moineaux, qui arrivent de loin, lui parlent d’un
monde idyllique mais mensonger. Le naïf petit arbre les croit sur parole et fait tout pour « pousser »
au plus vite.

L’instruction censée le sauver l’étourdit davantage. Elle le leste de connaissances vaines


étrangères à la vie réelle. Rousseau fustige cette instruction faussement érudite, notamment les
précepteurs qui font de leurs disciples « de jeunes docteurs », un savoir futile et inopérant pour
analyser les questions du quotidien. L’enfant ne tire aucun profit de cette phase, ne développe pas
de compétences pratiques. Le résultat, selon Rousseau, est un esprit « plein de science, et dépourvu
de sens ».

Une éducation digne de ce nom est donc tenue de conduire l’enfant à réaliser son autonomie, « à
savoir vivre ». [Transition]

Pour ce faire, il faut d’abord protéger l’enfant de l’influence délétère de la société. Avant
d’entamer quoi que ce soit, Rousseau incite la maman ou la famille « à garantir l’arbrisseau du choc
des opinions humaines ! », à « former de bonne heure une enceinte autour de l’âme de l’enfant ».
Car toues les mauvaises passions proviennent avant tout de la fréquentation précoce des adultes. La
laveuse, dans le conte Elle n’était bonne à rien, avait cette conviction. Quoique pauvre, elle entoure
son enfant de protection et le met à l’abri des jugements de la société.

Afin d’amener l’enfant à développer certains talents essentiels, encore faut-il substituer à ces
préceptes moraux abstraits une éducation pratique qui éveille l’esprit. Ainsi, au lieu d’un savoir
abstrait et coupé de la réalité, Rousseau préconise une expérience concrète du quotidien : « Ne
donnez à votre élève aucune espèce de leçon verbale ; il n’en doit recevoir que de l’expérience ».
C’est d’ailleurs ce qui fait la différence entre le précepteur, qui « donne des préceptes », et le
gouverneur qui est là pour « les faire trouver ». La maman cane, dans le conte Le vilain petit canard,
a fait le même choix : toutes ses leçons sont expérimentales.

Si l’enfant arrive au terme de son enfance désarmé et mal outillé, c’est que l’éducateur et
l’entourage ont raté leur mission. Il nait faible et immature, mais c’est un stade qu’on dépasse grâce
au soutien et à la perspicacité de ceux qu’on fréquente. Ainsi, ce n’est donc pas à l’enfant qu’il faut
s’en prendre, c’est sa famille qui dispose de son enfance et c’est elle qui en fait ce qui bon lui semble.
Or, il lui incombe de faire de cet âge une opportunité durant laquelle l’enfant puisse se procurer
l’intelligence nécessaire pour surmonter les écueils de la vie.

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