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de langues vivantes ; il semble difficile de se plaindre et de réclamer qu’on augmente encore

l’importance relative de cet enseignement. Aussi n’est-ce pas une augmentation du nombre
d’heures, mais une meilleure utilisation de ces heures, qui paraît désirable. Un premier
défaut, je dirai même un vice capital de l’organisation actuelle, c’est la séparation souvent
absolue entre l’enseignement du dessin géométrique et l’enseignement de la Géométrie.
Cette séparation est, d’ailleurs, d’autant plus grande, en général, que l’établissement
d’instruction est plus important ; à ce point de vue, les grands lycées de Paris sont très
inférieurs à la plupart des modestes collèges, où l’on est souvent obligé de confier au
professeur de Mathématiques l’enseignement du dessin géométrique. Il y a ainsi tout au
moins union personnelle entre ces deux royaumes ; mais, si cette union personnelle est
préférable à la séparation complète, elle est cependant insuffisante quand elle n’est pas en
même temps union réelle. L’enseignement de la Géométrie et celui du dessin géométrique
ne doivent pas constituer deux enseignements distincts, pas plus que le cours de Physique et
les manipulations. Si je me permets d’insister sur les inconvénients du système actuel, c’est
que j’ai eu l’occasion de voir de près, tout récemment, les conséquences absurdes auxquelles
il conduit. Je pourrais citer une classe de Mathématiques élémentaires où les élèves ont dû
faire, pour leur professeur de dessin géométrique, des constructions de coniques, de
tangentes aux coniques, etc., plusieurs mois avant que l’on ait pu parler des coniques dans le
cours de Géométrie ; ces constructions étaient faites d’après les explications données par le
professeur de dessin, explications purement graphiques, sans aucune justification théorique.
On voudrait croire que cet exemple est isolé ; mais il est une trop naturelle conséquence de
l’organisation actuelle pour qu’on puisse l’espérer. Faut-il bouleverser complètement cette
organisation ? Ce n’est, sans doute, pas possible ; ajoutons que cela ne paraît pas désirable.
Tous les professeurs de Mathématiques n’ont pas le goût, ni même peut-être la compétence,
d’enseigner ce qu’on peut appeler la partie technique du dessin géométrique ; il n’y a pas
d’inconvénients, surtout dans les classes élevées, à confier cet enseignement, soit à un
spécialiste, soit à celui des professeurs de Mathématiques du lycée qui s’y intéresse le plus.
Seulement on devrait admettre, comme un principe essentiel, que la haute direction de cet
enseignement appartient, pour chaque classe, au professeur qui enseigne la Géométrie dans
cette classe ; de même que, dans tout enseignement de Physique ou de Chimie où le
professeur ne dirige pas lui-même les manipulations, c’est d’après ses instructions qu’on doit
les organiser ; il paraîtrait absurde de les confier à un préparateur qui ferait faire des
expériences d’électricité pendant que les élèves suivraient un cours d’optique. C’est
cependant ce qui se fait en Géométrie. Une question liée à la précédente est celle de la
sanction à donner aux exercices pratiques. Dans le système actuel, ils sont jugés presque
exclusivement au point de vue de la pureté et de la régularité du trait ; comme conséquence
assez naturelle, il y a un prix spécial de dessin graphique, tout à fait indépendant du prix de
Géométrie. Pour des raisons déjà dites à propos des calculs numériques, ce système n’est pas
bon ; on aperçoit, d’ailleurs, plusieurs moyens de le modifier ; indiquons-en quelques-uns,
sans avoir la prétention de soumettre tous les élèves, quel que soit leur âge et le but qu’ils
poursuivent, à un régime uniforme. On peut cependant énoncer un principe général, sur
lequel, je pense, nous tomberons d’accord : on doit tenir très grand compte, dans
l’appréciation du dessin géométrique, de ce que l’on peut appeler son exécution technique ;
il y aurait, à négliger ce point, de graves inconvénients, sur lesquels il est inutile d’insister.
Mais cette exécution technique comporte deux qualités ; d’une part, l’aspect extérieur du
dessin, pour celui qui y voit simplement des lignes qui s’entrecroisent ; d’autre part,
l’exactitude et la précision des constructions. Ces deux qualités sont, d’ailleurs, très
étroitement liées l’une à l’autre ; c’est par le soin apporté au tracé des lignes qu’on arrive à la

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