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Goethe, Johann Wolfgang von

1 PRÉSENTATION
Goethe, Johann Wolfgang von (1749-1832), poète, écrivain et dramaturge allemand dont l’œuvre,
depuis les Souffrances du jeune Werther jusqu’à Faust, est considérée comme l’une des plus
importantes de la littérature mondiale.
Goethe jouit d’un statut exceptionnel dans l’histoire littéraire, par son œuvre elle-même, où figurent
en bonne place ses ouvrages critiques, ses textes autobiographiques et sa vaste correspondance,
mais aussi par la très grande influence qu’il a exercée sur les écrivains de son temps, allemands ou
non, durant sa riche et longue existence (elle commence dans l’ancienne Europe monarchique pour
s’achever dans un monde bourgeois et industriel). Goethe apparaît ainsi comme le « centre évident
de la littérature allemande », pour reprendre les mots d’un critique anglais du XIXe siècle, Matthew
Arnold.
2 ENFANCE DU POÈTE
Né à Francfort-sur-le-Main, Goethe est le fils d’un fonctionnaire. Son père veut faire de lui un
homme de loi et l’envoie étudier à l’université de Leipzig. Là, il fait, sans plaisir, son droit de 1765
à 1768, alors qu’il éprouve déjà une forte inclination pour la littérature et la peinture. Durant ses
études, il découvre les œuvres de ses illustres contemporains, tels que Friedrich Klopstock et
Gotthold Ephraim Lessing, et ses premiers écrits doivent beaucoup à ces auteurs sur le plan formel ;
sur le plan thématique, Goethe y évoque, entre autres choses, son affection pour la fille d’un
marchand de vin, Catherine Schönkopf. Retenons, par exemple, un recueil de poèmes intitulé les
Nouveaux Lieder et Mélodies (1769), une comédie en vers en un acte, le Caprice de l’amant (1767),
et une tragédie, également en vers, les Complices (1768-1769).
À l’automne de 1768, à l’occasion d’une grave maladie, le jeune Goethe retourne à Francfort où,
durant sa convalescence, il étudie l’ésotérisme, l’astrologie et l’alchimie. Sous l’influence de
Suzanne Katharina von Klettenberg, une amie de sa mère aux convictions piétistes, il approfondit
également ses connaissances dans le domaine du mysticisme religieux. Sa santé recouvrée, c’est à
Strasbourg qu’il décide de poursuivre son droit. Il y reste de 1770 à 1771, continuant de cultiver sa
passion pour la musique, l’art, l’anatomie et la chimie.
3 ANNÉES DE FORMATION
3.1 Influences et amitiés
Durant ses années strasbourgeoises, Goethe noue deux amitiés décisives. Il rencontre Frédérique
Brion, fille du pasteur de Sesenheim, qui lui inspire un amour platonique et lui servira de modèle
par la suite pour plusieurs personnages féminins (parmi lesquels celui de Marguerite dans son
poème dramatique Faust), et se lie également avec Johann Gottfried Herder ; sur le plan
intellectuel, cette relation avec le philosophe et critique littéraire est l’expérience la plus
déterminante de sa jeunesse. En effet, c’est au contact de Herder que Goethe devient critique à
l’égard des conceptions du classicisme français : il exprime alors son désaveu de la règle des trois
unités (temps, lieu et action) qui caractérise la tragédie classique ; le théâtre de Shakespeare, en
revanche, le séduit profondément parce que la première place y est donnée à l’expression des
émotions et des sentiments. C’est toujours sous l’influence de Herder que Goethe prend conscience
de la valeur de la poésie populaire et de l’architecture gothique allemandes, comme source
d’inspiration pour la littérature (De l’architecture allemande, 1773).
Après avoir obtenu son diplôme, il retourne à Francfort et devient auditeur à la Chambre d’Empire.
3.2 Sturm und Drang
C’est à Francfort qu’il rédige Götz von Berlichingen (1773), un drame gothique publié à compte
d’auteur. Construit sur le modèle des pièces de Shakespeare et nourri des récits pittoresques de
Walter Scott, ce drame reprend l’histoire d’un chevalier du XVIe siècle qui, par ses exploits, devient
le champion de la révolte du peuple allemand contre l’autorité impériale et cléricale. Cette pièce,
que Lessing qualifie de « barbare », connaît un certain succès auprès du public et inaugure le
fameux Sturm und Drang (littéralement « Tempête et Élan » ou « Tempête et Assaut »), ce courant
littéraire qui constitue le premier moment du romantisme en Allemagne (1770-1790).
3.3 Les Souffrances du jeune Werther
En 1774, Goethe publie les Souffrances du jeune Werther, roman épistolaire qui devait le rendre
immensément célèbre en quelques mois. Cette histoire sentimentale tragique trouve ses racines dans
l’amour sans espoir qu’il éprouve pour Charlotte Buff, la fiancée de l’un de ses amis. Il prête à
Werther ses états d’âme les plus déchirants et en fait un jeune homme qui, vivant son amour pour
Lotte comme une souffrance de tous les instants, laisse la passion le ronger et le pousse à mettre fin
à ses jours. Ce personnage d’inspiration autobiographique cristallisera parfaitement le
désenchantement et la mélancolie d’une génération : à sa publication, le roman provoque chez les
jeunes gens un phénomène d’identification tel qu’il engendrera parmi eux une véritable vague de
suicides.
Au-delà de l’anecdote, cet ouvrage est le premier roman important de la littérature moderne
allemande. En France comme en Allemagne, il servira de modèle à de nombreux récits qui se
caractérisent par le goût de l’absolu, dans l’amour, l’art et la pensée.
3.4 Après Werther
Entre 1772 et 1775, Goethe rédige deux pièces de théâtre, Clavigo (1774) et Stella (1776), ainsi que
plusieurs essais critiques sur des sujets littéraires. En 1773, il met la première main à son Urfaust
(littéralement « Faust primitif » ou « Premier Faust »). Cependant, il se montre peu soucieux
d’exploiter le succès de Werther et ne cherche guère à publier les œuvres de cette période,
constituées pour une large part de textes fragmentaires et expérimentaux. À cette époque, il se
fiance à Lili Schöneman, fille d’un riche banquier, mais sera vite embarrassé par l’atmosphère
conformiste dans laquelle se complaît la jeune femme. Il se tournera alors vers la nature, où il
trouvera une source d’inspiration pour de nombreux poèmes lyriques et des odes.
4 PÉRIODE DE WEIMAR
4.1 Entre l’expérience et la littérature
L’année 1775 marque un tournant dans la vie de Goethe, et donc dans l’histoire de la littérature
allemande : cette année-là, Charles-Auguste, héritier du duché de Saxe-Weimar, invite le jeune
poète à venir s’établir à Weimar, centre intellectuel et littéraire de l’Allemagne. Goethe accepte et
accède ainsi au rang de conseiller de légation du prince.
En 1776, Goethe s’installe à Weimar. Il ne quittera plus cette ville jusqu’à sa mort (à l’exception de
son voyage en Italie) ; cependant, son influence se répandra sur l’ensemble du territoire
germanique. Sa collaboration avec Herder et avec l’écrivain Christoph Martin Wieland, ainsi que
son amour pour Charlotte von Stein à laquelle il adresse une abondante correspondance, lui
permettent d’enrichir sa vie personnelle et intellectuelle. Mariée et cultivée, Madame von Stein,
répondant à ses lettres en termes chaleureux mais toujours amicaux, lui enseignera en effet le
renoncement et la maîtrise de soi. Son expérience des fonctions officielles lui apporte, en outre, une
bonne connaissance du monde des affaires.
Goethe occupe des postes importants au sein du gouvernement de Weimar ; nommé conseiller
secret dès 1776, il devient ministre en 1782, année de son anoblissement. Il poursuit parallèlement
ses travaux scientifiques, notamment en minéralogie, géologie, botanique et ostéologie ; c’est à lui
qu’on doit la découverte de l’os intermaxillaire chez l’Homme.
Durant les dix premières années passées au service du duché, il consacre moins de temps à écrire
qu’à étendre ses connaissances et à leur trouver des applications utiles à la collectivité. Il compose
toutefois quelques poèmes remarquables, inspirés par Charlotte von Stein, parmi lesquels la célèbre
ballade intitulée le Roi des aulnes, que Schubert mettra en musique en 1815. Il entreprend
également la rédaction, d’abord en prose, de certaines de ses créations les plus connues, comme la
pièce de théâtre Iphigénie en Tauride (1786) ou les deux drames Egmont (1787) et Faust. Goethe
remaniera ultérieurement ces trois œuvres, à la lumière du séjour qu’il fera en Italie. Sur le plan
esthétique, ce qu’il rédige à cette période marque une évolution, depuis les tourments et le lyrisme
du Sturm und Drang, vers un idéal de pureté et d’harmonie.
4.2 Séjour en Italie (1786-1788)
Plusieurs raisons incitent Goethe à partir pour l’Italie : lassé de son existence à la cour de Weimar,
trop petite et trop provinciale, déçu par les résultats de ses efforts dans les domaines économique,
social et politique comme dans sa relation avec Charlotte von Stein, il ressent le besoin de se
régénérer. En Italie, il trouvera le nouvel élan artistique qu’il cherchait et aura la révélation de la
grandeur du monde antique. Après la visite des villes du Nord et un séjour à Naples puis en Sicile, il
s’établit finalement à Rome.
La Ville Éternelle est à la hauteur de ses rêves de jeunesse, et son séjour est l’une des périodes les
plus heureuses et les plus fécondes de son existence. Il y étudie l’art et l’architecture, se plonge dans
les écrits des Anciens et découvre les œuvres de la Renaissance. Les connaissances qu’il y acquiert
sur le classicisme, fondé sur l’harmonie, l’équilibre et la perfection des formes, font naître en lui le
souhait d’aborder, dans sa propre création, des thèmes aussi universels que la sagesse humaine, la
Beauté et la mesure de toute chose.
Parmi les écrits datant de son séjour en Italie et de la courte période qui a suivi, on retient surtout les
versions en vers de Iphigénie en Tauride (1786), d’Egmont (1787) et de Torquato Tasso (1789).
Goethe consacre également beaucoup de temps et d’énergie à poursuivre son travail sur Faust. Une
partie des travaux rédigés en Italie paraît en 1790 sous le titre Fragments ; cet ouvrage influencera
profondément la littérature allemande par son sens de la mesure et de la discipline.
4.3 Retour à Weimar
Dès son retour à Weimar en 1788, Goethe se heurte à diverses difficultés. Ses principes littéraires
sont contestés et sa vie privée provoque un scandale à la cour — il vit maritalement avec Christiane
Vulpius, fille d’un petit employé de bureau. Sans doute eût-il quitté cette ville, lassé de ses
fonctions officielles, s’il n’avait été retenu par la direction de son théâtre de 1791 à 1817. Les
facilités qui lui sont accordées par le duc pour mener à bien ses études scientifiques l’incitent
également à rester dans ce centre artistique et intellectuel de grande renommée.
Avec un essai sur la Métamorphose des plantes, qui paraît en 1790 et préfigure, dans une certaine
mesure, les théories de Darwin sur l’évolution, il développe ses conceptions sur la morphologie
comparée. Il donne aussi un traité intitulé Contribution à l’optique, publié en deux parties en 1791
et 1792, et qu’il complètera par De la théorie des couleurs en 1810.
4.4 Amitié avec Schiller
Absorbé par ses travaux scientifiques, Goethe délaisse la littérature. Mais la rencontre de Friedrich
von Schiller, l’un des plus grands dramaturges allemands du siècle, réveille son intérêt pour
l’écriture. L’amitié que nouent les deux hommes, en 1794, durera jusqu’à la mort de l’auteur des
Brigands en 1805. Les deux hommes échangent critiques et suggestions, ce qui conduit Goethe vers
de nouvelles expériences créatrices : les résultats les plus probants sont sa contribution au journal de
Schiller, Die Horen, ainsi que sa défense de l’idéal grec tel qu’il est présenté dans les réflexions de
l’archéologue et historien de l’art Johann Winckelmann. Parmi les œuvres écrites à cette époque, on
peut citer les ballades intitulées l’Apprenti sorcier et la Fiancée de Corinthe (1797), le roman de
formation (Bildungsroman) les Années d’apprentissage de Wilhelm Meister, publié en 1795-1796,
et l’épopée bourgeoise Hermann et Dorothée (1797). Schiller encourage également Goethe à
reprendre le travail entrepris sur son Faust, dont la première version ne sera publiée qu’en 1808.
4.5 Dernières années
En dépit de la profonde tristesse que lui cause la mort de Schiller, la monotonie de sa vie conjugale
avec Christiane Vulpius — qu’il épouse en 1806 — et les bouleversements politiques provoqués
par les campagnes napoléoniennes (occupation de l’Allemagne en 1806), Goethe écrit beaucoup. Il
ne s’oppose pas à la « guerre de libération » (1813-1815) menée par les États allemands contre
Napoléon, mais se tient à l’écart des efforts d’unification de l’Allemagne, étant plutôt partisan du
maintien de petites principautés gouvernées par des despotes éclairés et bienveillants.
Parmi les ouvrages de la dernière période, les plus célèbres restent les Affinités électives (1809) et
les Années de pèlerinage de Wilhelm Meister (1821, révisé en 1829). Outre ces deux romans, il
achève le compte-rendu de son séjour romain, le Voyage en Italie (1816-1829), dicte à Eckermann
son autobiographie, Poésie et Vérité (1811-1814, publié en 1831), et compose le Divan occidental-
oriental (1819), recueil de poèmes lyriques.
4.6 Faust
Vers la fin de sa vie, Goethe écrit la seconde partie de son Faust, qui ne sera publiée qu’après sa
mort, le 22 mars 1832. Considéré comme l’un des chefs-d’œuvre de la littérature occidentale, ce
long poème dramatique représente l’accomplissement ultime de sa longue vie et le fruit de soixante
années de travail. Il ne s’agit pas seulement d’une nouvelle interprétation du célèbre mythe de
Faust, mais d’une allégorie de la condition humaine dans toute sa complexité. Le style et les idées
du poème reflètent la distance qui, chez Goethe, sépare la période rebelle du Sturm und Drang de la
sagesse des années de maturité, en passant par l’époque du classicisme mesuré. Tantôt en prose,
tantôt en vers, ce drame médiéval fait la part belle à la passion et à la provocation. Dans le Second
Faust, le savant, parce qu’il est motivé par le désir d’aller au-delà de lui-même, se voit finalement
accorder le pardon. Sous les traits de Faust, on peut naturellement reconnaître Goethe lui-même,
homme de science en perpétuelle quête de savoir.
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