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Objet d’étude : la littérature d’idées du XVIè au XVIIIè siècle/Parcours : Ecrire et

combattre pour l’égalité

Œuvre étudiée : Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de


Gouges (1791)

TEXTE 1 : « A la Reine »
Madame,

Peu faite au langage que l’on tient aux rois, je n’emploierai point l’adulation des
courtisans pour vous faire hommage de cette singulière production. Mon but, Madame, est
de vous parler franchement ; je n’ai pas attendu, pour m’exprimer ainsi, l’époque de la
Liberté ; je me suis montrée avec la même énergie dans un temps où l’aveuglement des
Despotes punissait une si noble audace.
Lorsque tout l’Empire vous accusait et vous rendait responsable de ses calamités,
moi seule, dans un temps de trouble et d’orage, j’ai eu la force de prendre votre défense.
Je n’ai jamais pu me persuader qu’une Princesse, élevée au sein des grandeurs, eût tous
les vices de la bassesse.
Oui, Madame, lorsque j’ai vu le glaive levé sur vous, j’ai jeté mes observations entre
ce glaive et la victime ; mais aujourd’hui que je vois qu’on observe de près la foule de
mutins soudoyée, et qu’elle est retenue par la crainte des lois, je vous dirai, Madame, ce
que je ne vous aurais pas dit alors.
Si l’étranger porte le fer en France, vous n’êtes plus à mes yeux cette reine
faussement inculpée, cette Reine intéressante, mais une implacable ennemie des
Français. Ah ! Madame, songez que vous êtes mère et épouse ; employez tout votre crédit
pour le retour des Princes. Ce crédit, si sagement appliqué, raffermit la couronne du père,
la conserve au fils, et vous réconcilie l’amour des Français. Cette digne négociation est le
vrai devoir d’une Reine. L’intrigue, la cabale, les projets sanguinaires précipiteraient votre
chute, si l’on pouvait vous soupçonner capable de semblables desseins.

TEXTE 2 : « Les droits de la femme »


Homme, es-tu capable d'être juste ? C'est une femme qui t'en fait la question ; tu ne
lui ôteras pas moins ce droit. Dis-moi ? Qui t'a donné le souverain empire d'opprimer mon
sexe ? Ta force ? Tes talents ? Observe le créateur dans sa sagesse ; parcours la nature
dans sa grandeur, dont tu sembles vouloir te rapprocher, et donne-moi, si tu l'oses,
l'exemple de cet empire tyrannique.
Remonte aux animaux, consulte les éléments, étudie les végétaux, jette enfin un
coup d'œil sur toutes les modifications de la matière organisée ; et rends-toi à l'évidence
quand je t'en offre les moyens. Cherche, fouille et distingue, si tu le peux, les sexes dans
l'administration de la nature. Partout, tu les trouveras confondus, partout ils coopèrent
avec un ensemble harmonieux à ce chef- d'œuvre immortel.
L'homme seul s'est fagoté un principe de cette exception. Bizarre, aveugle,
boursouflé de sciences et dégénéré, dans ce siècle de lumières et de sagacité, dans
l'ignorance la plus crasse, il veut commander en despote sur un sexe qui a reçu toutes les
facultés intellectuelles ; il prétend jouir de la Révolution, et réclamer ses droits à l'égalité,
pour ne rien dire de plus.
TEXTE 3 : « Le postambule »

Femme, réveille-toi ; le tocsin de la raison se fait entendre dans tout l'univers ;


reconnais tes droits. Le puissant empire de la nature n'est plus environné de préjugés, de
fanatisme, de superstition et de mensonges. Le flambeau de la vérité a dissipé tous les
nuages de la sottise et de l'usurpation. L'homme esclave a multiplié ses forces, a eu
besoin de recourir aux tiennes pour briser ses fers. Devenu libre, il est devenu injuste
envers sa compagne. Ô femmes ! Femmes, quand cesserez-vous d'être aveugles ? Quels
sont les avantages que vous recueillis dans la révolution ? Un mépris plus marqué, un
dédain plus signalé. Dans les siècles de corruption vous n'avez régné que sur la faiblesse
des hommes. Votre empire est détruit ; que vous reste-t-il donc ? La conviction des
injustices de l'homme. La réclamation de votre patrimoine, fondée sur les sages décrets
de la nature ; qu'auriez-vous à redouter pour une si belle entreprise ? Le bon mot du
Législateur des noces de Cana ? Craignez-vous que nos Législateurs français,
correcteurs de cette morale, longtemps accrochée aux branches de la politique, mais qui
n'est plus de saison, ne vous répètent : femmes, qu'y a-t-il de commun entre vous et
nous ? -Tout, auriez-vous à répondre. S'ils s'obstinent, dans leur faiblesse, à mettre cette
inconséquence en contradiction avec leurs principes ; opposez courageusement la force
de la raison aux vaines prétentions de supériorité ; réunissez-vous sous les étendards de
la philosophie ; déployez toute l'énergie de votre caractère, et vous verrez bientôt ces
orgueilleux, non serviles adorateurs rampants à vos pieds, mais fiers de partager avec
vous les trésors de l'Être Suprême. Quelles que soient les barrières que l'on vous oppose,
il est en votre pouvoir de les affranchir ; vous n'avez qu'à le vouloir.
Objet d’étude : la littérature d’idées du XVIè au XVIIIè siècle/Parcours : Écrire et
combattre pour l’égalité

TEXTE 4 : Discours de la servitude volontaire d’Étienne de La Boétie (1576)


Pauvres et misérables peuples insensés, nations opiniâtres en votre mal et aveugles en
votre bien, vous vous laissez emporter devant vous le plus beau et le plus clair de votre
revenu, piller vos champs, voler vos maisons et les dépouiller des meubles anciens et
paternels ! Vous vivez de sorte que vous ne vous pouvez vanter que rien soit à vous /…/
Celui qui vous maîtrise tant n’a que deux yeux,
n’a que deux mains, n’a qu’un corps, et n’a autre chose que ce qu’a le moindre homme du
grand et infini nombre de nos villes, sinon que l’avantage que vous lui faites pour vous
détruire. D’où a-t-il pris tant d’yeux, dont il vous épie, si vous ne les lui baillez ? Comment
a-t-il tant de mains pour vous frapper, s’il ne les prend de vous ? Les pieds dont il foule
vos cités, d’où les a-t-il, s’ils ne sont des vôtres ? Comment a-t-il aucun pouvoir sur vous,
que par vous ? Comment vous oserait-il courir sus, s’il n’avait intelligence avec vous ?
Que vous pourrait-il faire, si vous n’étiez recéleurs du larron qui vous pille, complices du
meurtrier qui vous tue et traîtres à vous-mêmes ? Vous semez vos fruits, afin qu’il en
fasse le dégât ; vous meublez et remplissez vos maisons, afin de fournir à ses pilleries ;
vous nourrissez vos filles, afin qu’il ait de quoi soûler sa luxure ; vous nourrissez vos
enfants, afin que, pour le mieux qu’il leur saurait faire, il les mène en ses guerres, qu’il les
conduise à la boucherie, qu’il les fasse les ministres de ses convoitises, et les exécuteurs
de ses vengeances ; vous rompez à la peine vos personnes, afin qu’il se puisse mignarder
en ses délices et se vautrer dans les sales et vilains plaisirs ; vous vous affaiblissez, afin
de le rendre plus fort et roide à vous tenir plus courte la bride ; et de tant d’indignités, que
les bêtes mêmes ou ne les sentiraient point, ou ne l’endureraient point, vous pouvez vous
en délivrer, si vous l’essayez, non pas de vous en délivrer, mais seulement de le vouloir
faire. Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres. Je ne veux pas que vous le
poussiez ou l’ébranliez, mais seulement ne le soutenez plus, et vous le verrez, comme un
grand colosse à qui on a dérobé sa base, de son poids même fondre en bas et se rompre.

TEXTE 5 : « Les animaux malades de la peste » de Jean de La Fontaine, Fables


(1678)

Un mal qui répand la terreur,


Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Peste [puisqu'il faut l'appeler par son nom]
Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
On n'en voyait point d'occupés
A chercher le soutien d'une mourante vie ;
Nul mets n'excitait leur envie ;
Ni Loups ni Renards n'épiaient
La douce et l'innocente proie.
Les Tourterelles se fuyaient :
Plus d'amour, partant plus de joie.
Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune ;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents
On fait de pareils dévouements :
Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
L'état de notre conscience.
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
J'ai dévoré force moutons.
Que m'avaient-ils fait ? Nulle offense :
Même il m'est arrivé quelquefois de manger
Le Berger.
Je me dévouerai donc, s'il le faut ; mais je pense
Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse.
- Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Et bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
En les croquant beaucoup d'honneur.
Et quant au Berger l'on peut dire
Qu'il était digne de tous maux,
Etant de ces gens-là qui sur les animaux
Se font un chimérique empire.
Ainsi dit le Renard, et flatteurs d'applaudir.
On n'osa trop approfondir
Du Tigre, ni de l'Ours, ni des autres puissances,
Les moins pardonnables offenses.
Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
L'Ane vint à son tour et dit : J'ai souvenance
Qu'en un pré de Moines passant,
La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et je pense
Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net.
A ces mots on cria haro sur le baudet.
Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
Qu'il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l'herbe d'autrui ! Quel crime abominable !
Rien que la mort n'était capable
D'expier son forfait : on le lui fit bien voir.
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

Objet d’étude : Le théâtre du XVIIè au XXIè siècle


Œuvre étudiée : Le Malade imaginaire de Molière (1673)
TEXTE 6 : Acte I, scène 2
ARGAN, TOINETTE

TOINETTE, en entrant dans la chambre. - On TOINETTE – Ha !


y va.
ARGAN. - Quoi il faudra encore que je n'aie
ARGAN – Ah ! chienne ! Ah ! carogne... pas le plaisir de la quereller ?

TOINETTE, faisant semblant de s'être cogné TOINETTE - Querellez tout votre soûl, je le
la tête - Diantre soit fait de votre impatience, veux bien.
vous pressez si fort les personnes, que je me
suis donné un grand coup de la tête contre la ARGAN - Tu m'en empêches, chienne, en
carne d'un volet. m'interrompant à tous coups.

ARGAN, en colère – Ah ! traîtresse... TOINETTE - Si vous avez le plaisir de


quereller, il faut bien que de mon côté, j'aie le
TOINETTE, pour l'interrompre et l'empêcher plaisir de pleurer ; chacun le sien ce n'est pas
de crier, se plaint toujours, en disant – Ha ! trop. Ha !

ARGAN - Il y a... ARGAN. - Allons, il faut en passer par là.


Ôte-moi ceci, coquine, ôte-moi ceci.
TOINETTE – Ha ! (Argan se lève de sa chaise.) Mon lavement
d'aujourd'hui a-t-il bien opéré ?
ARGAN - Il y a une heure...
TOINETTE. - Votre lavement ?
TOINETTE – Ha !
ARGAN - Oui. Ai-je bien fait de la bile ?
ARGAN - Tu m'as laissé...
TOINETTE. - Ma foi je ne me mêle point de
TOINETTE – Ha ! ces affaires-là, c'est à Monsieur Fleurant à y
mettre le nez, puisqu'il en a le profit.
ARGAN. - Tais-toi donc, coquine, que je te
querelle. ARGAN - Qu'on ait soin de me tenir un
bouillon prêt, pour l'autre que je dois tantôt
TOINETTE - Çamon, ma foi, j'en suis d'avis, prendre.
après ce que je me suis fait.
TOINETTE. - Ce Monsieur Fleurant-là, et ce
ARGAN. - Tu m'as fait égosiller, carogne. Monsieur Purgon s'égayent bien sur votre
corps ; ils ont en vous une bonne vache à
TOINETTE. - Et vous m'avez fait, vous, lait ; et je voudrais bien leur demander quel
casser la tête, l'un vaut bien l'autre. Quitte à mal vous avez, pour vous faire tant de
quitte, si vous voulez. remèdes.

ARGAN. - Quoi, coquine... ARGAN. - Taisez-vous, ignorante, ce n'est


pas à vous à contrôler les ordonnances de la
médecine.
TOINETTE. - Si vous querellez, je pleurerai.
Qu'on me fasse venir ma fille Angélique, j'ai à
lui dire quelque chose.
ARGAN. - Me laisser, traîtresse...
TOINETTE. - La voici qui vient d'elle-même ;
TOINETTE, toujours pour l'interrompre – Ha ! elle a deviné votre pensée.

ARGAN. - Chienne, tu veux...


TEXTE 7 : Acte II, SCÈNE II

ARGAN, TOINETTE, CLÉANTE.

ARGAN - Monsieur Purgon m’a dit de me CLÉANTE - J’ai ouï dire que Monsieur était
promener le matin dans ma chambre, douze mieux, et je lui trouve bon visage.
allées, et douze venues ; mais j’ai oublié à lui
demander, si c’est en long, ou en large. TOINETTE - Que voulez-vous dire avec votre
bon visage ? Monsieur l’a fort mauvais, et ce
TOINETTE - Monsieur, voilà un... sont des impertinents qui vous ont dit qu’il
était mieux. Il ne s’est jamais si mal porté.
ARGAN - Parle bas, pendarde, tu viens
m’ébranler tout le cerveau, et tu ne songes ARGAN - Elle a raison.
pas qu’il ne faut point parler si haut à des
malades. TOINETTE - Il marche, dort, mange, et boit
tout comme les autres ; mais cela n’empêche
TOINETTE - Je voulais vous dire, Monsieur... pas qu’il ne soit fort malade.

ARGAN - Parle bas, te dis-je. ARGAN - Cela est vrai.

TOINETTE - Monsieur... CLÉANTE - Monsieur, j’en suis au désespoir.


Je viens de la part du maître à chanter de
Elle fait semblant de parler. Mademoiselle votre fille. Il s’est vu obligé
d’aller à la campagne pour quelques jours ; et
ARGAN - Eh ? comme son ami intime, il m’envoie à sa
place, pour lui continuer ses leçons, de peur
TOINETTE - Je vous dis que... qu’en les interrompant elle ne vînt à oublier
ce qu’elle sait déjà.
Elle fait semblant de parler.
ARGAN - Fort bien. Appelez Angélique.
ARGAN - Qu’est-ce que tu dis ?
TOINETTE - Je crois, Monsieur, qu’il sera
TOINETTE, haut - Je dis que voilà un homme mieux de mener Monsieur à sa chambre.
qui veut parler à vous.
ARGAN - Non, faites-la venir.
ARGAN - Qu’il vienne.
TOINETTE - Il ne pourra lui donner leçon,
Toinette fait signe à Cléante d’avancer. comme il faut, s’ils ne sont en particulier.

CLÉANTE - Monsieur... ARGAN - Si fait, si fait.

TOINETTE, raillant - Ne parlez pas si haut, TOINETTE - Monsieur, cela ne fera que vous
de peur d’ébranler le cerveau de Monsieur. étourdir, et il ne faut rien pour vous émouvoir
en l’état où vous êtes, et vous ébranler le
cerveau.
CLÉANTE - Monsieur, je suis ravi de vous
trouver debout et de voir que vous vous
portez mieux. ARGAN - Point, point, j’aime la musique, et je
serai bien aise de... Ah ! la voici. Allez-vous-
en voir, vous, si ma femme est habillée.
TOINETTE, feignant d’être en colère -
Comment "qu’il se porte mieux" ? Cela est
faux, Monsieur se porte toujours mal.
TEXTE 8 : Acte III, scène 10

TOINETTE, en médecin, ARGAN, BERALDE

d'importance, de bonnes fièvres continues,


avec des transports au cerveau, de bonnes
TOINETTE fièvres pourprées, de bonnes pestes, de
Monsieur, je vous demande pardon de tout bonnes hydropisies formées, de bonnes
mon coeur. pleurésies avec des inflammations de poitrine
: c'est là que je me plais, c'est là que je
ARGAN triomphe; et je voudrais, monsieur, que vous
Cela est admirable. eussiez toutes les maladies que je viens de
dire, que vous fussiez abandonné de tous les
TOINETTE médecins, désespéré, à l'agonie, pour vous
Vous ne trouverez pas mauvais, s'il vous montrer l'excellence de mes remèdes et
plaît, la curiosité que j'ai eue de voir un l'envie que j'aurais de vous rendre service.
illustre malade comme vous êtes ; et votre
réputation, qui s'étend partout, peut excuser ARGAN
la liberté que j'ai prise. Je vous suis obligé, monsieur, des bontés
que vous avez pour moi.
ARGAN
Monsieur, je suis votre serviteur. TOINETTE
Donnez-moi votre pouls. Allons donc, que
TOINETTE l'on batte comme il faut. Ah ! Je vous ferai
Je vois, monsieur, que vous me regardez bien aller comme vous devez. Ouais ! Ce
fixement. Quel âge croyez-vous bien que j'aie pouls-là fait l'impertinent ; je vois bien que
? vous ne me connaissez pas encore. Qui est
votre médecin ?
ARGAN
Je crois que tout au plus vous pouvez avoir ARGAN
vingt-six ou vingt-sept ans. Monsieur Purgon.

TOINETTE TOINETTE
Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! J'en ai quatre-vingt- Cet homme-là n'est point écrit sur mes
dix. tablettes entre les grands médecins. De quoi
dit-il que vous êtes malade ?
ARGAN
Quatre-vingt-dix ! ARGAN
Il dit que c'est du foie, et d'autres disent que
TOINETTE c'est de la rate.
Oui. Vous voyez en effet des secrets de mon
art, de me conserver ainsi frais et vigoureux. TOINETTE
Ce sont tous des ignorants. C'est du poumon
ARGAN que vous êtes malade.
Par ma foi, voilà un beau jeune vieillard pour
quatre-vingt-dix ans ! ARGAN
Du poumon ?
TOINETTE
TOINETTE
Je suis médecin passager, qui vais de ville en Oui. Que sentez-vous ?
ville, de province en province, de royaume en
royaume, pour chercher d'illustres matières à ARGAN
ma capacité, pour trouver des malades Je sens de temps en temps des douleurs de
dignes de m'occuper, capables d'exercer les tête.
grands et beaux secrets que j'ai trouvés dans
la médecine. Je dédaigne de m'amuser à ce TOINETTE
menu fatras de maladies ordinaires, à ces Justement, le poumon.
bagatelles de rhumatismes et de fluxions, à
ces fiévrottes, à ces vapeurs et à ces
migraines. Je veux des maladies
ARGAN TOINETTE
Il me semble parfois que j'ai un voile devant Ignorant !
les yeux.
ARGAN
TOINETTE Du veau.
Le poumon.
/…/
ARGAN
J'ai quelquefois des maux de coeur. ARGAN
Vous m'obligerez beaucoup.
TOINETTE
Le poumon. TOINETTE
Que diantre faites-vous de ce bras-là ?
ARGAN
Je sens parfois des lassitudes par tous les ARGAN
membres. Comment ?

TOINETTE TOINETTE
Le poumon. Voilà un bras que je me ferais couper tout à
l'heure, si j'étais que de vous.
ARGAN
Et quelquefois il me prend des douleurs dans ARGAN
le ventre, comme si c'étaient des coliques. Et pourquoi ?

TOINETTE TOINETTE
Le poumon. Vous avez appétit à ce que vous Ne voyez-vous pas qu'il tire à soi toute la
mangez ? nourriture, et qu'il empêche ce côté-là de
profiter ?
ARGAN
Oui, monsieur. ARGAN
Oui ; mais j'ai besoin de mon bras.
TOINETTE
Le poumon. Vous aimez à boire un peu de TOINETTE
vin. Vous avez là aussi un oeil droit que je me
ferais crever, si j'étais à votre place.
ARGAN
Oui, monsieur. ARGAN
Crever un œil ?
TOINETTE
Le poumon. Il vous prend un petit sommeil TOINETTE
après le repas, et vous êtes bien aise de Ne voyez-vous pas qu'il incommode l'autre,
dormir ? et lui dérobe sa nourriture ? Croyez-moi,
faites-vous-le crever au plus tôt : vous en
ARGAN verrez plus clair de l'oeil gauche.
Oui, monsieur.
ARGAN
TOINETTE Cela n'est pas pressé.
Le poumon, le poumon, vous dis-je. Que
vous ordonne votre médecin pour votre /…/
nourriture ?
ARGAN
ARGAN Me couper un bras et me crever un oeil, afin
Il m'ordonne du potage. que l'autre se porte mieux ! J'aime bien mieux
qu'il ne se porte pas si bien. La belle
TOINETTE opération, de me rendre borgne et manchot !
Ignorant !

ARGAN
De la volaille.
Objet d’étude : Le théâtre du XVIIè au XXIè siècle

Parcours : Spectacle et comédie

TEXTE 9 : Le Jeu de l’amour et du hasard de Marivaux (1730) : acte I, scène 1


(extrait)

LISETTE. sentiment-là, moi ; il est bel homme, dit-


Quoi, vous n'épouserez pas celui qu'il on, et c'est presque tant pis.
vous destine ?
LISETTE.
SILVIA. Tant pis, tant pis, mais voilà une pensée
Que sais-je, peut-être ne me conviendra- bien hétéroclite !
t-il point, et cela m'inquiète.
SILVIA.
LISETTE. C'est une pensée de très bon sens ;
On dit que votre futur est un des plus volontiers un bel homme est fat, je l'ai
honnêtes du monde, qu'il est bien fait, remarqué.
aimable, de bonne mine, qu'on ne peut
pas avoir plus d'esprit, qu'on ne saurait
être d'un meilleur caractère ; que voulez- LISETTE.
vous de plus ? Peut-on se figurer de Oh, il a tort d'être fat ; mais il a raison
mariage plus doux ? D'union plus d'être beau.
délicieuse ?
SILVIA.
SILVIA. On ajoute qu'il est bien fait ; passe.
Délicieuse ! Que tu es folle avec tes
expressions ! LISETTE.
Oui-da, cela est pardonnable.
LISETTE.
Ma foi, Madame, c'est qu'il est heureux SILVIA.
qu'un amant de cette espèce-là veuille se De beauté et de bonne mine, je l'en
marier dans les formes ; il n'y a presque dispense, ce sont là des agréments
point de fille, s'il lui faisait la cour, qui ne superflus.
fût en danger de l'épouser sans
cérémonie ; aimable, bien fait, voilà de LISETTE.
quoi vivre pour l'amour ; sociable et Vertuchoux ! Si je me marie jamais, ce
spirituel, voilà pour l'entretien de la superflu-là sera mon nécessaire.
société : Pardi, tout en sera bon, dans cet
homme-là, l'utile et l'agréable, tout s'y SILVIA.
trouve. Tu ne sais ce que tu dis ; dans le
mariage, on a plus souvent affaire à
SILVIA. l'homme raisonnable qu'à l'aimable
Oui, dans le portrait que tu en fais, et on homme ; en un mot, je ne lui demande
dit qu'il y ressemble, mais c'est un on dit, qu'un bon caractère, et cela est plus
et je pourrais bien n'être pas de ce difficile à trouver qu'on ne pense. On loue
beaucoup le sien, mais qui est-ce qui a ne vous ment pas d'un mot. Oui, fiez-
vécu avec lui ? Les hommes ne se vous-y à cette physionomie si douce, si
contrefont-ils pas, surtout quand ils ont de prévenante, qui disparaît un quart d'heure
l'esprit ? N'en ai-je pas vu, moi, qui après pour faire place à un visage
paraissaient, avec leurs amis, les sombre, brutal, farouche, qui devient
meilleures gens du monde ? C'est la l'effroi de toute une maison. Ergaste s'est
douceur, la raison, l'enjouement même, il marié ; sa femme, ses enfants, son
n'y a pas jusqu'à leur physionomie qui ne domestique, ne lui connaissent encore
soit garante de toutes les bonnes qualités que ce visage-là, pendant qu'il promène
qu'on leur trouve. Monsieur un tel a l'air partout ailleurs cette physionomie si
d'un galant homme, d'un homme bien aimable que nous lui voyons, et qui n'est
raisonnable, disait-on tous les jours qu'un masque qu'il prend au sortir de
d'Ergaste : Aussi l'est-il, répondait-on ; je chez lui.
l'ai répondu moi-même ; sa physionomie

TEXTE 10 : Les Bonnes de Francis Ponge (1947)

La chambre de Madame. Meubles Louis XV. Au fond, une fenêtre ouverte sur la façade
de l’immeuble en face. A droite, le lit. A gauche, une porte et une commode. Des fleurs à
profusion. C’est le soir. L’actrice qui joue Solange est vêtue d’une petite robe noire de
domestique. Sur une chaise, une autre petite robe noire, des bas de fil noirs, une paire de
souliers noirs à talons plats.

Claire, debout, en combinaison, tournant le dos à la coiffeuse. Son geste –le bras tendu–
et le ton seront d’un tragique exaspéré.

Et ces gants ! Ces éternels gants ! Je t’ai dit souvent de les laisser à la cuisine. C’est avec
ça, sans doute, que tu espères séduire le laitier. Non, non, ne mens pas, c’est inutile.
Pends-les au-dessus de l’évier. Quand comprendras-tu que cette chambre ne doit pas
être souillée ? Tout, mais tout ! ce qui vient de la cuisine est crachat. Sors. Et remporte tes
crachats ! Mais cesse !

Pendant cette tirade, Solange jouait avec une paire de gants de caoutchouc, observant
ses mains gantées, tantôt en bouquet, tantôt en éventail.

Ne te gêne pas, fais ta biche. Et surtout ne te presse pas, nous avons le temps. Sors !

Solange change soudain d’attitude et sort humblement, tenant du bout des doigts les
gants de caoutchouc. Claire s’assied à la coiffeuse. Elle respire les fleurs, caresse les
objets de toilette, brosse ses cheveux, arrange son visage.

Préparez ma robe. Vite le temps presse. Vous n’êtes pas là ? (Elle se retourne.) Claire !
Claire !

Entre Solange.

Solange

Que Madame m’excuse, je préparais le tilleul (Elle prononce tillol.) de Madame.

Claire

Disposez mes toilettes. La robe blanche pailletée. L’éventail, les émeraudes.


Solange

Tous les bijoux de Madame ?

Claire

Sortez-les. Je veux choisir. (Avec beaucoup d’hypocrisie.) Et naturellement les souliers


vernis. Ceux que vous convoitez depuis des années.

Solange prend dans l’armoire quelques écrins qu’elle ouvre et dispose sur le lit.

Pour votre noce sans doute. Avouez qu’il vous a séduite ! Que vous êtes grosse ! Avouez-
le !

Solange s’accroupit sur le tapis et, crachant dessus, cire des escarpins vernis.

Je vous ai dit, Claire, d’éviter les crachats. Qu’ils dorment en vous, ma fille, qu’ils y
croupissent. Ah ! ah ! vous êtes hideuse, ma belle. Penchez-vous davantage et vous
regardez dans mes souliers. (Elle tend son pied que Solange examine.) pensez-vous qu’il
me soit agréable de me savoir le pied enveloppé par les voiles de votre salive ? Par la
brume de vos marécages ?

Solange, à genoux et très humble.

Je désire que Madame soit belle.

Claire, elle s’arrange dans la glace.

Vous me détestez, n’est-ce pas ? Vous m’écrasez sous vos prévenances, sous votre
humilité, sous les glaïeuls et le réséda. (Elle se lève et d’un ton plus bas.) On s’encombre
inutilement. Il y a trop de fleurs. C’est mortel. (Elle se mire encore.) Je serai belle. Plus
que vous ne le serez jamais. Car ce n’est pas avec ce corps et cette face que vous
séduirez Mario. Ce jeune laitier ridicule vous méprise, et s’il vous a fait un gosse…

Solange : Oh ! mais, jamais je n’ai…


Objet d’étude : La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle

Œuvre étudiée : Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire (1857)

TEXTE 11 : C’est pour assouvir


Ton moindre désir
« L’Invitation au Voyage » Qu’ils viennent du bout du monde.
– Les soleils couchants
Mon enfant, ma sœur, Revêtent les champs,
Songe à la douceur Les canaux, la ville entière,
D’aller là-bas vivre ensemble ! D’hyacinthe et d’or ;
Aimer à loisir, Le monde s’endort
Aimer et mourir Dans une chaude lumière.
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
De ces ciels brouillés Luxe, calme et volupté.
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes. TEXTE 12 : « Spleen » (IV)

Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Quand le ciel bas et lourd pèse comme un
Luxe, calme et volupté.
(couvercle
Sur l’esprit gémissant en proie aux longs
Des meubles luisants, ennuis,
Polis par les ans, Et que de l’horizon embrassant tout le cercle
Décoreraient notre chambre ; Il nous fait un jour noir plus triste que les
Les plus rares fleurs nuits ;
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l’ambre, Quand la terre est changée en un cachot
Les riches plafonds, humide,
Les miroirs profonds, Où l’Espérance, comme une chauve-souris,
La splendeur orientale, S’en va battant les murs de son aile timide,
Tout y parlerait Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;
À l’âme en secret
Quand la pluie étalant ses immenses traînées
Sa douce langue natale. D’une vaste prison imite les barreaux,
Et qu’un peuple muet d’horribles araignées
Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Vient tendre ses filets au fond de nos
Luxe, calme et volupté. cerveaux,

Vois sur ces canaux Des cloches tout-à-coup sautent avec furie
Dormir ces vaisseaux Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Dont l’humeur est vagabonde ;
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.

— Et d’anciens corbillards, sans tambours ni


(musique,

Défilent lentement dans mon âme ; et,


l’Espoir
Pleurant comme un vaincu, l’Angoisse
despotique
Sur mon crâne incliné plante son drapeau
noir. TEXTE 13 : « Une Charogne »

Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,


Ce beau matin d'été si doux :
Au détour d'un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,

Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,


Brûlante et suant les poisons,
Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique
Son ventre plein d'exhalaisons.

Le soleil rayonnait sur cette pourriture,


Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint ;

Et le ciel regardait la carcasse superbe


Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.

Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,


D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.

Tout cela descendait, montait comme une vague,


Ou s'élançait en pétillant ;
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant.

Et ce monde rendait une étrange musique,


Comme l'eau courante et le vent,
Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique
Agite et tourne dans son van.

Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,


Une ébauche lente à venir,
Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement par le souvenir.

Derrière les rochers une chienne inquiète


Nous regardait d'un oeil fâché,
Epiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu'elle avait lâché.

- Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,


A cette horrible infection,
Etoile de mes yeux, soleil de ma nature,
Vous, mon ange et ma passion !

Oui ! telle vous serez, ô la reine des grâces,


Après les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.

Alors, ô ma beauté ! dites à la vermine


Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés !

Objet d’étude : La poésie du XXe siècle au XXIe siècle

Parcours : alchimie poétique : la boue et l’or

TEXTE 14 : J’aime l’araignée et j’aime l’ortie Victor Hugo, Les Contemplations,


« Autrefois »,
Livre troisième, XXVII (1856)

J'aime l'araignée et j'aime l'ortie, Passants, faites grâce à la plante


Parce qu'on les hait ; obscure,
Et que rien n'exauce et que tout châtie Au pauvre animal.
Leur morne souhait ; Plaignez la laideur, plaignez la piqûre,
Oh ! Plaignez le mal !
Parce qu'elles sont maudites, chétives,
Noirs êtres rampants ; Il n'est rien qui n'ait sa mélancolie ;
Parce qu'elles sont les tristes captives Tout veut un baiser.
De leur guet-apens ; Dans leur fauve horreur, pour peu qu'on
oublie
Parce qu'elles sont prises dans leur De les écraser,
œuvre ;
Ô sort ! Fatals nœuds ! Pour peu qu'on leur jette un œil moins
Parce que l'ortie est une couleuvre, superbe,
L'araignée un gueux ; Tout bas, loin du jour,
La vilaine bête et la mauvaise herbe
Parce qu'elles ont l'ombre des abîmes, Murmurent : Amour !
Parce qu'on les fuit,
Parce qu'elles sont toutes deux victimes Juillet 1842.
De la sombre nuit...

TEXTE 15 : « Ode inachevée à la boue » de Francis Ponge, Pièces (1962)

La boue plaît aux cœurs nobles parce que constamment méprisée.


Notre esprit la honnit, nos pieds et nos roues l'écrasent. Elle rend la marche difficile et elle
salit : voilà ce qu'on ne lui pardonne pas.
C'est de la boue ! dit-on des gens qu'on abomine, ou d'injures basses et intéressées. Sans
souci de la honte qu'on lui inflige, du tort à jamais qu'on lui fait. Cette constante
humiliation, qui la mériterait ? Cette atroce persévérance !
Boue si méprisée, je t'aime. Je t'aime à raison du mépris où l'on te tient.
De mon écrit, boue au sens propre, jaillis à la face de tes détracteurs !

Tu es si belle, après l'orage qui te fonde, avec tes ailes bleues !


Quand, plus que les lointains, le prochain devient sombre et qu'après un long temps de
songerie funèbre, la pluie battant soudain jusqu'à meurtrir le sol fonde bientôt la boue, un
regard pur l'adore : c'est celui de l'azur agenouillé déjà sur ce corps limoneux trop roué de
charrettes hostiles, - dans les longs intervalles desquelles, pourtant, d'une sarcelle à son
gué opiniâtre la constance et la liberté guident nos pas.
/…/
Assurément, si j'étais poète, je pourrais (on l'a vu) parler des lassos, du lierre des lutteurs
couchés de la boue. Ainsi sécherait-elle alors, dans mon livre, comme elle sèche sur le
chemin, en l'état plastique où le dernier embourbé la laisse...

Mais comme je tiens à elle beaucoup plus qu'à mon poème, eh bien, je veux lui laisser sa
chance, et ne pas trop la transférer aux mots. Car elle est ennemie des formes et se tient
à la frontière du non-plastique. Elle veut nous tenter aux formes, puis enfin nous en
décourager. Ainsi soit-il ! Et je ne saurais donc en écrire, qu'au mieux, à sa gloire, à sa
honte, une ode diligemment inachevée…

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