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Formation en pratique

pédagogique

La séquence pédagogique
Cadre théorique
I. Qu’est-ce qu’une séquence pédagogique ?

• Une séquence pédagogique est une unité


d'enseignement correspondant à un ou plusieurs
objectifs d'apprentissage à atteindre en un
temps limité.
• Séquence ≠ Séance (durée continue d’enseignement)
1 séance = le temps d’un cours
1 séquence = un objectif, peut durer plusieurs séances
Dans une séquence pédagogique, on
trouve :
• un objectif communicatif
par ex. : exprimer des quantités

• des sous-objectifs linguistiques ou socio-culturels


par ex. : les partitifs, les jours fériés en France,…

• les supports et les outils utilisés


par ex. : (document audio ou écrit, illustration, le tableau ou le rétroprojecteur …)

• la gestion de la classe durant les activités


par ex. : formation de petits groupes

• la durée de la séquence et des activités

• la détermination du public
par ex. : âge, niveau, taille du groupe, nationalité(s) …
II. La perspective actionnelle
• Après l’approche communicative des années 80, nous
sommes maintenant, depuis le milieu des années 90, dans
une nouvelle approche pédagogique appelée "approche
actionnelle".

• Celle-ci propose de mettre l’accent sur les tâches à réaliser


à l’intérieur d’un projet global.

• Cette perspective considère avant tout l’apprenant d’une


langue comme un acteur social ayant à accomplir des
tâches (qui ne sont pas seulement langagières) dans des
circonstances et un environnement donnés.
Qu’est-ce qu’une tâche ?
• Est définie comme tâche toute action devant
parvenir à un résultat donné en fonction d’un
problème à résoudre, d’une obligation à remplir,
d’un but qu’on s’est fixé.
par ex. : « proposer une sortie »

• Pour réaliser cette tâche, l’apprenant va


mobiliser ses savoirs, savoir-faire et savoir-
être.
III. La conceptualisation grammaticale
• Depuis longtemps déjà, pédagogues et didacticiens préconisent un
enseignement qui fait appel à la participation active et
consciente des apprenants. C'est ce processus que nous
appelons une démarche active.

• Pendant longtemps, la grammaire a été la reine de l’enseignement


du français, mais aujourd’hui elle voit sa suprématie remise en
question par les approches communicative et
actionnelle/fonctionnelle : La grammaire ne constitue qu’un
outil permettant de réaliser une tâche langagière.

• Comment alors envisager l’enseignement de la grammaire


aujourd’hui?
• L'enseignement des règles ne saurait garantir
leur mise en application.

• La démarche active de découverte en grammaire


fait appel aux capacités d'observation,
d'expérimentation, de raisonnement et
d'argumentation des élèves.

• Le cours de français doit amener l'étudiant à


comprendre le fonctionnement de la langue en
lui faisant adopter une approche réflexive et
consciente de la langue.
Le corpus
• Cette réflexion se fait grâce à un corpus à étudier
(dialogue, texte, chanson,…), contenant suffisamment
d’occurrences du point grammatical à étudier.

• Ce corpus doit afin d’être recevable :


1. contenir plusieurs occurrences du point grammatical traité et sous
différentes formes.
2. être facilement accessible aux apprenants.
3. être pertinent d’un point de vue communicatif.
4. être accompagné d’une illustration si les apprenants sont débutants.
Ex : conceptualisation de l’article défini ou
indéfini
• La première étape consiste à observer le corpus, et à
vérifier rapidement la compréhension du contenu, qui doit
être guidée par des questions de l’enseignant.

• Voici un exemple de corpus :


« —Regarde, j’ai acheté des gants, un parapluie,
une jupe et un imperméable.
   — C’est pour toi ?
   — Non, les gants et le parapluie sont pour
Stéphane, la jupe et l’imperméable pour Nadia. »
• La seconde étape concerne le repérage, qui est fait à
partir de questions posées par le professeur : qu’est-ce
qui précède/suit/change… ?

• Il est important de ne pas donner la solution aux


apprenants, de leur laisser le temps de la réflexion.

• Ils vont se rendre compte qu’avec le même mot, on


emploie parfois un, une, des, et parfois le, la, les.
• La troisième étape n’est autre que l’émission d’hypothèses par
les apprenants, suivie d’une vérification et d’une synthèse de
l’enseignant.

• Les apprenants doivent ici réfléchir sur le fonctionnement des


articles en langue française, et vont émettre des hypothèses avec
leurs propres termes, ou même en langue maternelle si nécessaire.

• Des exemples hors du corpus pourront parfois être utiles, pour


parvenir à conceptualiser le point grammatical, faire une synthèse
et reformuler ce à quoi les apprenants sont parvenus.

• Les apprenants devraient découvrir qu’on emploie un, une, des


quand on parle d’un objet ou d’une personne qui n’est pas supposée
connue par l’interlocuteur, et qu’on emploie le, la, les quand on
évoque une chose ou une personne connue par l’interlocuteur.
• La quatrième étape est celle de
l’appropriation.

• Il est temps de vérifier la maîtrise de l’emploi du


point grammatical avec des exercices, souvent
structuraux, avant de passer à une activité de
production.
Exemple
• 1. A l’écrit, l’enseignant peut préparer des micro-dialogues où il manque
les articles. Les apprenants doivent compléter en vérifiant à chaque fois le
choix de l’article.

• 2. A l’oral, le professeur demande aux élèves de travailler en groupe ou en


tandem, et de préparer un micro-dialogue contenant des articles. Quelques
courtes minutes de préparation suffisent avant de jouer devant les autres
groupes le dialogue finalisé.
Exemples  :
 — Tu sais, hier, j’ai acheté un pull et un nouveau pantalon.
 — De quelle couleur ?
 — Le pull est rouge et le pantalon est noir.

  — J’ai trouvé un stylo, c’est à qui ?


  — C’est le stylo de Sophie, Madame.
Le déroulement de la
séquence pédagogique
1. La sensibilisation
• Il s’agit de sensibiliser les apprenants à l’objectif
de la séquence pour créer un intérêt à travailler
cet objectif.

• On peut présenter une situation en lien avec l’objectif en


s’appuyant sur des documents déclencheurs, lancer
un remue-méninge, poser des questions pour que
les apprenants trouvent l’objectif ou la thématique de la
séquence eux-mêmes.
2. Compréhension globale
• Présentation du document support (il peut être
écrit, audio, vidéo …).

• Première écoute ou lecture rapide du document.

• Il s’agit de poser des questions générales (quel


type de document, comment on peut l’identifier,
…)
3. Compréhension fine
• Qui ? où ? comment ? quoi ?  questions pour
détailler le texte

• On peut proposer plusieurs activités pour


vérifier la compréhension : vrai/faux, Q.C.M.,
questions ouvertes,…
4. Conceptualisation
• C’est la phase où l’objectif linguistique est
abordé.
Par ex. : souligner tous les verbes et réfléchir sur leur construction,
Relever toutes les expressions qui permettent de donner un conseil.

• Le but est d’orienter les apprenants afin qu’ils


trouvent la règle grammaticale eux-mêmes.
5. Exercices d’application
Une fois que la règle est dégagée, il est temps de l’appliquer.

• Exercices à trous  : met en jeu la relation des différents éléments entre eux
• Exercices structuraux  : ils consistent à reproduire une structure identique à travers divers
énoncés syntaxiquement analogues (substitution, transformation…)
• Exercices de reconstitution  : le travail porte ici sur la recherche de la cohérence syntaxique
et sémantique → associer des paires (mots, phrases…), structurer une phrase, reconstituer des
paragraphes, des petits textes...
• Exercices d’expansion  : enrichir une phrase ou un texte, mettre des énoncés en contexte. Ce
sont des exercices ouverts qui sollicitent une production libre intégrant des contraintes
linguistiques.
• Exercices de reformulation  : travail sur la forme (comment dire la même chose d’une autre
manière ?). Un énoncé ou une suite d’énoncés est donné(e). L’élève doit redire ou réécrire les
énoncés sans en changer le sens.
• Exercices d’expression avec contrainte linguistique  : Motiver l’expression des élèves, en
français, en les faisant produire en situation de communication écrite simulée. L’objectif est de
contextualiser des réemplois en produisant des écrits de caractère authentique (lettre, message,
récit, mode d’emploi…)
6. Production
• Il peut s’agir de production écrite ou orale, de
jeux de rôle…
Par ex. : créer un petit dialogue, parler de ses goûts et trouver des
points communs avec son voisin, écrire un courriel pour accepter
une invitation, restituer un fait divers à la manière d’un article de
presse,…
Rappel des phases importantes de la conceptualisation
grammaticale :

• Observation et lecture du corpus (accompagné ou non d’une


illustration), vérification rapide de la compréhension du
contenu, guidée par des questions.

• Repérage : Qu’est-ce qui précède, qui suit, change…

• Emission d’hypothèses par les apprenants/ vérification et


synthèse de l’enseignant.

• Appropriation, en vérifiant l’emploi du point grammatical


abordé, en contexte (par exemple, travail en groupe pour préparer des
micro-dialogues contenant le point grammatical)
7. Phases complémentaires
• Pour compléter cette séquence pédagogique, il reste à prévoir une ou des
séquences sur la dimension (inter)culturelle que véhicule le genre
discursif.

• Cette dimension (comportant données historiques/sociologiques/


économiques/ anthropologiques... démarche interculturelle, c’est-à-dire
passage par la culture étrangère pour découvrir le caractère construit,
l’arbitraire de sa propre culture) peut être ventilée, selon votre appréciation,
à différents moments de la séquence didactique.

• De plus, pensez à concevoir une phase phonétique si le texte support s’y


prête particulièrement (et en précisant la langue 1 du public visé : en effet,
tel point de correction phonétique sera par exemple pertinent pour des
locuteurs hispanophones, mais non pour des sinophones et inversement).
Réflexion didactique
• Introduction d’un point grammatical :
▫ Y a-t-il un texte de départ ou un autre document permettant d’introduire le point grammatical
(images, BD, mini dialogues, exercices spécifiques…) ?
▫ Le document de départ sert-il bien à introduire le point grammatical choisi en fonction de l’objectif
actionnel défini ?
▫ Est-ce que le document est bien adapté au niveau des apprenants ?
▫ Le nombre d’occurrences dans le corpus ou dans les énoncés du document sont-ils présents en
nombre suffisant ?

• Approche pédagogique :
▫ Le corpus donne-t-il bien lieu à une phase de recherche des apprenants ?
▫ Peut-on organiser grâce aux énoncés des opérations de classement, l’élaboration d’un tableau
récapitulatif provisoire ?

• Exercices et activités :
▫ Quel type d’exercices peut-on proposer ?
▫ Quel est l’objectif pédagogique de tel ou tel exercice ?
A vous !
• A partir du corpus que vous avez à votre disposition, déterminez un
objectif communicationnel.

• Imaginez la démarche que vous allez adopter afin de permettre à un


groupe d’apprenants de niveau A1-A2 une réflexion sur un point
grammatical et la constitution d’une règle qui pourra encore
évoluer.

• Vous penserez à un type d’exercice de réemploi adéquat et


communicatif.

• Vous désignerez dans votre groupe un rapporteur, qui exposera la


séquence de cours.

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