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Thème - Les conflits sociaux

Chapitre - Conflits et mob


ilisation sociale
Partie 1 – La
conflictualité et ses
acteurs dans les
sociétés
industrielles
I – L’analyse marxiste des conflits

.
.
LE MARXISME: toute évolution politique et sociale dépend de l’évolution économique.

Alfred Krupp 1870


Punch. 1843. Capital/travail

Karl Marx 1818-1883


MARX constate, vers le milieu du XIXe siècle,
Le creusement des écarts entre deux classes:
Les ouvriers ou prolétaires:
Henri Schneider Il les explique par la plus-value que réalisent
→à l’origine constituent une
les propriétaires sur la seule vraie richesse:
la bourgeoisie la force de travail de leurs salariés.
classe en soi (une classe
monopole de la non mobilisée)
propriété des moyens →qui subit une exploitation
Lutte des classes croissante
de production.
→classe exploiteuse →donc elle entre en lutte
→ accumule le capital contre la bourgeoisie
Révolution →elle développe une
→remplace l’homme Inéluctable, prise
par la machine en charge par conscience de classe pour
→est à l’origine d’une un parti au nom du soi
prolétariat →les luttes se multiplient
constitution d’une
armée industrielle de une contre culture se
réserve Dictature du prolétariat développe
→qui assure une pour parvenir à une →et des partis et syndicats
exploitation toujours société communiste sont créés
plus poussée sans classes
Conclusion

Donc selon Marx :

1- l’existence des classes n’est liée qu’à des phases


historiques déterminées du développement de la production

2- la lutte des classes mène nécessairement à la dictature du


prolétariat

3- cette dictature ne représente qu’une transition vers


l’abolition de toutes les classes et vers une société sans
classe. (1852)
II – Syndicalisation et conflits dans les
sociétés industrielles
Evolution du taux de syndicalisation entre 1945 et
Quelques années après la guerre, en 1949, 1975 en France
plus d’un salarié sur quatre était syndiqué.
Le syndicalisme, à dominante ouvrière,
regroupait alors plus de trois millions
d’adhérents.
La France n’a certes jamais été un pays de
syndicalisme de masse : pour des raisons
qui tiennent à l’histoire plus lente de son
industrialisation et à l’émergence
d’une classe ouvrière moins urbanisée, elle
n’a pas connu les grandes concentrations
ouvrières de l’Angleterre et de
l’Allemagne du XIXe siècle ; par ailleurs,
elle n’a pas opté pour un syndicalisme de
service comme en Europe du Nord.
Toutefois, les organisations syndicales ont
longtemps pu se prévaloir d’une
base militante étendue dans les entreprises
et les administrations.

Source : La transformation du paysage syndical depuis 1945 ;Thomas Amossé, Maria-Teresa Pignoni
III- Explication

On peut représenter horizontalement


l’intensité des inégalités
Source : Diapos
7 à 14:
Présentation
réalisée par
et verticalement celle Pascal Binet à
des identités partir de la
collectives, c’est-à-dire conclusion de
de la conscience de l’article de Louis
classe. Chauvel “Le
retour des classes
sociales”,Revue
de l’OFCE
n°79,Octobre
2001
+ La situation de classes en
lutte (1) est conflictuelle et
confronte au risque d’une
Conscience conflagration sociale,
de
classe

_
_ Inégalités
+
+
sauf à trouver une autre issue
Conscience négociée avec la diminution
de des inégalités économiques
(2).
classe

_
_ Inégalités
+
A partir de la position (1), l’issue (4) par la
+ perte de la conscience de classe ne paraît pas
très vraisemblable, puisque, face à des
inégalités intolérables, les identités de classe
Conscience doivent en toute logique se
de reconstituer — mais la question est bien
classe celle-ci : comment les sociétés
inégalitaires arrivent-elles à tolérer leurs
inégalités ?

_
_ Inégalités
+
+
Conscience
de
classe
Il est possible de partir du cas de la France
préindustrielle de 1830, marquée par des
inégalités économiques très fortes, mais où
l’identité du prolétariat est encore loin d’être
constituée.
1830
_
_ Inégalités
+
La suite du siècle fut bien la montée en
+ puissance de cette identité ouvrière et
l’entrée dans le jeu politique du marxisme.
1890
Conscience
de
classe

_ 1830

_ Inégalités
+
1950
+ 1890
A partir des Trente glorieuses et de
l’édification d’un système social-
Conscience démocrate,
de
classe

_ 1830

_ Inégalités
+
1970
1950
+ 1890
…les inégalités ont été
Conscience fortement régulées, sans que la
de conscience de classe ne se soit
classe dissoute pour autant.

_ 1830

_ Inégalités
+
Partie 2- Vers la disparition de la
conflictualité ?
I – Un effondrement de la conflictualité en
France
A- Constat

1 – L’évolution du nombre de jours de grève

Opérez une
périodisation
de l’évolution
du nombre de
jours de grèves
2 – Une analyse longitudinale du taux de
syndicalisation

Opérez une
périodisation
du graphique
3 – Evolution de la population ayant le
sentiment d’appartenir à une classe sociale en
%
69

67

65

63

61

59

57

55
1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005

Source : Source : IFOP en 1966 et SOFRES de 1976 à 1994 (Michelat et Simon, 1996) présenté dans Dirn (1998). Complété par
"Panel Electoral Français 2002 » Cevipof.
B - Explications
1- les effets de l’évolution des inégalités
sur la conscience de classe
1970 Source : Diapos
1950
+ 21 et
Présentation
22

En définitive, il faut 1890 réalisée par


attendre le Pascal Binet à
Conscience ralentissement partir de la
de économique des années conclusion de
classe 1970 et 1980 pour voir l’article de Louis
s’atténuer la conscience Chauvel “Le
de classe, alors que les retour des classes
inégalités ont cessé de sociales”,Revue de
1982 diminuer. l’OFCE
n°79,Octobre 2001

_ 1830

_ Inégalités
+
23
1- les effets de l’évolution des
inégalitésur la conscience de classes
1970 1950
+ Comme Ulysse et les siens
repris par la tempête devant 1890
Ithaque, c’est là que s’éloigne
Conscience le rêve de la société sans
de classes, parce que le discours
classe égalitariste perd de ses et le discours inverse
soutiens, marque des points dans le
débat public. La
reconstitution d’inégalités
1982 plus fortes est alors en
route.

_ 2000
1830

_ Inégalités
+
24
2 – Les transformations de la
structure sociale
45

40
Ouvriers (dont contremaîtres)
35

30
Employés
25

20
Professions intermédiaires
15
Cadres
10
Patrons
5 Agriculteurs
Chômeurs n’ayant jamais travaillé
0
1969 1974 1979 1984 1989 1994 1999

Source: Enquêtes emploi, France, INSEE 1969-2000


3 - Le paradoxe du « free rider » de Mancur
Olson...

Source: J.Dornbush,
http://ecomultimedia.free.fr/term.html
Une approche individualiste de
l’action collective

 Rappel : l’individualisme
méthodologique
Les faits sociaux se
C’est une démarche comprennent à partir des
théorique, à distinguer de logiques de l’action
l’individualisme au sens individuelle
courant
Les individus sont
supposés rationnels sur
le modèle de l’homo
oeconomicus
Mancur Olson

Pour Mancur
Olson, l’intérêt
partagé ne suffit
pas à expliquer
l’action
collective : à
partir du
document,
expliquez
pourquoi l’action
collective peut
être qualifiée de
« paradoxe ».

Eric Neveu, sociologie des mouvements sociaux, La Découverte 2005


Le « paradoxe de l’ action collective »

 Pourquoi l’action collective peut-elle


être qualifiée de paradoxe ?

o n
L’action Les
coû
p t i m i se s i c ts d
o
L’indiv
i
i
n
d
d
u
i v i d ue l p a r u n collective n div
i
ollec e l’
due tive acti
intérê t t ag e l s m s o on
calc u l c o û t / a va n
n’aura jamais s o n t a
col s lesi nt
l ec
t i f s gai ns
S’il enlieu
est ain!si le
comporteme
nt le plus
rationnel est
la passivité
Le paradoxe de Mancur Olson

 Un individu « rationnel » (qui ne recherche que son intérêt


individuel et la maximisation de ses gains) n’a pas intérêt à
s’associer pour l’obtention ou la production d’un bien collectif.
Pourquoi ? Cela a un coût : faire grève, c’est se priver de
salaire, se faire mal voir de son chef...

 Puisque le bien créé est collectif, c’est-à-dire accessible sans


condition (l’augmentation de salaire est versée à tous,
grévistes ou non), le comportement « rationnel » est de laisser
les autres l’obtenir ou le produire, sans payer sa quote-part.

 Comme ce raisonnement peut être fait par chacun, il se peut


alors qu’aucune action collective ne tente d’obtenir ou
produire ce bien...
Comment expliquer alors l’action
collective ?
 Olson évoque les « incitations sélectives »

Eric Neveu, sociologie des mouvements sociaux, La Découverte 2005

Donnez des exemples d’ « incitations sélectives » dans les


conflits du travail contemporains
Les « incitations sélectives »

 Défense individuelle des salariés


par les organisations syndicales
(en cas de contentieux, de mes
avantages
mutation, de sanction...).
 Perspectives d’obtenir des
avantages : considération des
collègues, heures de
«délégation», carrières
syndicales.
Partie 2 – Vers l’apparition de nouveaux
mouvements sociaux
Introduction- La notion de
« mouvement social »

 Deux acceptions :

 - la première, d’usage courant, synonyme de « conflit


social, grève » ;

 - la seconde, acception est un concept sociologique


(Alain Touraine, Le mouvement ouvrier, 1984) :

« Un mouvement social est la combinaison d’un principe


d’identité, d’un principe d’opposition et d’un principe de
totalité »
Introduction- La notion de
« mouvement social »
 Principe d’identité = définition d’un acteur social par
lui-même (« Qui suis-je ? » : des métallos en colère ; des
paysans pauvres du Chiapas ; des cheminots défenseurs du service
public ; des écologistes amoureux des oiseaux, etc.)

 Principe d’opposition = définition par cet acteur de son


adversaire, avec lequel il est en conflit (« Contre qui ? » :
contre l’employeur, les patrons ; contre le gouvernement ; contre
les chasseurs, etc.)

 Principe de totalité = définition de son projet (ce qu’il


veut, ce qu’il espère : « Pour quoi lutte-il ? » : pour une meilleure
société, pour une nature accueillante, pour le service public, pour
des retraites décentes...
I. Une catégorie auxMaîtrise
contours flous
de l’historicité
Un sociologue
Une= contrôler
thèse le sens
que l’on peut
comme Alain
(orientation
inscrire dans le
Touraine pense cette prolongement de celle de
question au travers /signification) du
la moyennisation, de la
de la notion d’« mouvement historique,
fin des classes, etc.
historicité » enjeu central des
conflits sociaux

Contexte
Problématique
YRecul dedes
a-t-il la conflictualité
« Nouveaux ouvrière classique / avec
Mouvements poids »
Sociaux
croissant sur la scènedu
qui hériteraient politique nationale des
rôle central et internationale
conflits du
de mouvements comme : les sans (papiers, emplois, logis),
travail et de la classe ouvrière dans la société
les altermondialistes, les féministes (NPNS), les anti-
industrielle
guerre… ?
II . Les caractéristiques des NMS

 ne sont plus centrés sur le salariat

On peut parler
de l’émergence
Par exemple les
de nouveaux «
thèmes de
lieux »
l’environnement,
(abstraits) de
les modes de vie…
conflit
L’importance des valeurs
 les valeurs, la dimension symbolique ont une
importance accrue
Gay pride
Mobilisations
antiracistes
Conflits sur le
Des voile islamique à
exemples ? l’école

Conflits autour
de l’école Article de loi sur
publique / école le rôle positif de
privée la colonisation
De nouveaux
Cela acteurs
reflète
l’affaiblissement des
S’appuyer sur le D1 p 168
Le terrain sentiments
professionnel n’est Les liens sociaux, les
Même
 plus
alors celui où desd’appartenance
si les travailleurs y participent,aux les mouvements
identités sont
sociaux
identités ne sont classes
se forgent plus centréssociales choisies et
sur l’identité professionnelle.
et s’expriment de revendiquées plutôt
façon privilégiée. que subies.

D’autres Plus larges :


caractéristiques citoyenneté
sociales sont
mises en avant :
Plus étroites :
de nouvelles catégories : femmes
orientation sexuelle,
, jeunes , classes moyennes minorité ethniques
De nouveaux enjeux
Mouvements contre
Mouvements
le nucléaire
contre l’extension
des aéroports
S’appuyer sur les Docs 1 et2 p.168-169
 La question des modes de vie prend le pasAnti-pub sur les («
thématiques du niveau de vie, des contions de travail. à
résistance
l’agression
publicitaire »
Inglehart parle
de Rejet du
revendications productivisme
«post
matérialistes » Contestation du
consumérisme
(journée sans achats)
Un changement d’échelle
 Les NMS peuvent se dérouler à une échelle plus grande
(internationale) ou au contraire plus petite (locale) que les
luttes ouvrières classiques

Mobilisations
Des
altermondialistes exemples ?

Mouvements «
Nimby » = not
in my back
yards
Le rapport aux médias
 Les NMS comportent souvent des actions d’éclat
dont la répercussion visée est médiatique.

NMS = attitude Opposition


active envers les
médias
Mouvements
syndicaux :
rapport
routinier,
institutionnalisé
aux médias
De nouveaux adversaires / interlocuteurs

 Dahrendorf, 1957 : « Classes et conflits de classes


dans la société industrielle »
Opposition
NMS =
l’adversaire se
caractérise par le
pouvoir, l’autorité
(technocratie) Lutte de
classes :
l’adversaire se
caractérise par
Exemple : la
la propriété
direction d’EDF,
l’UNEDIC…
Une nouvelle structuration
 structurés horizontalement, en réseaux
 Refus de la délégation de pouvoir à des
organisations permanentes dotés d’une idéologie
complète.

Développement des Importance


coordinations d’Internet qui se
(lycéens, caractérise par
intermittents…) l’absence d’un «
centre »
Nouveau rapport au politique

 crise ou renouveau de la vie démocratique ?

Crise de la Essor d’une


démocratie démocratie
représentative
participative ?
(partis
(société civile)
institutionnalisés)

Mais les NMS s’inscrivent plus dans une logique de


recherche d’autonomie que de conquête du pouvoir
Recours à l’expertise / aux
personnalités reconnues
 Les NMS sont souvent animées par des associations qui
proposent une expertise dans un domaine précis : sécurité
alimentaire, emploi…
Les antis-OGM,
les écologistes
Exemple : ATTAC (réchauffement
qui produit une de la planète)
littérature
d’analyse
économique et
sociale. Le Réseau d’Alerte
sur les Inégalités
(BIP 40)
Conclusion

 L’émergence des NMS doit être articulée avec les transformations


de la société.
 Les NMS ne doivent pas être surestimés
Une catégorie unifiée ?
Les NMS ne
reflètent-ils pas
autre chose que
l’absence de
L’altermondialisme
perspective
ne s’inscrit-il pas
unificatrice des
dansluttes
ce contexte
sociales ? de
recherche d’une
nouvelle perspective
Perspective
réformisteunificatrice
: (projet de
Perspective
déception liée à société) révolutionnaire :
l’alternance effondrement de
(Mitterrand, Blair, l’URSS
Schröder…)
Les NMS en voie
d’institutionnalisation ?
 exemple du mouvement écologiste

Forme radicale à
Réintégration dans
l’origine
la vie politique
institutionnelle
De même les
organisations de sans-
logis peuvent devenir Rappel : pour les
les interlocuteurs des sociologues, le conflit a
pouvoirs publics en aussi une fonction de
matière de logement régulation…
Partie 3 – Les formes traditionnelles de
mobilisation et de conflictualité n’ont pas
disparu
I – Les déterminants de la
mobilisation ont peu évolué
A – Les préoccupations des français

Évolution des
principales
préoccupations
depuis mars
2004

Etude réalisée par la Sofres pour la croix, mars 2009


Temps de rattrapage ___________et la
_________ des salaires _________
Rapport du Croissance annuelle temps de
salaire moyenne depuis 5 ans du rattrapage
cadres / pouvoir d’achat du salaire (années)
ouvriers ouvrier (%)
1955 3,9 4,8 29,1
1960 3,9 2,8 49,7
1965 4,0 3,5 40,0
1970 3,8 3,7 36,8
1975 3,4 3,5 35,7
1980 2,9 1,6 65,1
1985 2,7 0,3 371,9
1990 2,8 0,3 353,0
1995 2,6 0,3 316,2
1998 2,5 0,6 150,6

Source: Séries longues sur les salaires, France, INSEE 1950-1999


Note : en 1955, le salaire moyen des cadres est 3,9 fois plus élevé que celui des ouvriers ; de 1950 à 1955, le taux de
croissance annuelle du pouvoir d’achat du salaire ouvrier était de 4,8 % par an ; en 1955, à ce rythme, le temps
nécessaire pour rattraper le pouvoir d’achat du salaire des cadres de 1955 est de 29,1 ans.
B- sont en adéquation avec les
motivation des conflits
C – Et expliquent la compréhension des
grèves par les français

http://www.ifop.com/europe/docs/greve190309.pdf
D- Une relativisation de la disparition
de la conscience de classe

“la théorie de la fin des classes sociales s’est le plus souvent fondée sur
le constat de l’effondrement de la conscience de classes (ou de leur
identité collective) pour en inférer la disparition des inégalités objectives
qui la sous-tend, alors que ces deux dimensions sont sinon
indépendantes l’une de l’autre, en tout cas liées d’une façon non
mécanique. Une autre erreur manifeste de la théorie de la fin des classes
est de croire en la linéarité de l’histoire sociale : parce qu’une tendance a
été vraie lors des Trente glorieuses, beaucoup pensent qu’elle doit se
prolonger encore 30 ans après, au même rythme. Il s’agit là d’une des
plus grandes sources d’erreurs dans les diagnostics sociologiques.
L’histoire du XXe siècle est celle des fluctuations respectives de la
facette objective (les inégalités structurées) et subjective (les identités
collectives) des classes sociales.”
Louis Chauvel, page 39

Source : Diapos Présentation réalisée par Pascal Binet à partir de la conclusion de


l’article de Louis Chauvel “Le retour des classes sociales”,Revue de l’OFCE
D- Une relativisation de la disparition de
la conscience de classe

Autrement dit, ce n’est pas parce que la


conscience de classe disparaît que les inégalités
objectives qui la faisaient exister ont elles aussi
disparu.
Ce n’est pas non plus parce que la conscience de
classe s’est amoindrie au cours des trente glorieuses
qu’elle va finir par disparaître.
Louis Chauvel voit plutôt les évolutions conjointes
des inégalités et de la conscience de classe comme
une spirale :
“L’histoire du XXe siècle est celle des fluctuations
respectives de la facette objective (les inégalités
structurées) et subjective (les identités collectives)
des classes sociales.”
3
D- Une relativisation de la disparition de la
conscience de classe
Louis Chauvel ne donne pas d’explication concernant les
“esses” situées entre la situation de 1982 et celle de 2000. On
+ peut cependant penser qu’il s’agit des évolutions des
inégalités liées aux alternances politiques de 1986, 1988,
1993, 1997 ayant entraîné des modifications fiscales (CSG,
Conscience CRDS, impôt sur la fortune, baisse de l’impôt sur le revenu,
de prime à l’emploi…), dans un contexte d’accroissement de la
classe précarité de l’emploi, et d’un “tassement” continu de la
conscience de classe.

Source : Diapos
1982 Présentation réalisée par
Pascal Binet à partir de la

_ 2000
conclusion de l’article de
Louis Chauvel “Le retour
des classes
_ Inégalités sociales”,Revue de
+ l’OFCE
2001
n°79,Octobre
D- Une relativisation de la disparition de la
conscience de classe
 
Intensité des
identités
« Victoire du prolétariat » « Classes en soi et pour soi »

F 1970
F 1950

EU 1960
F 1890
EU 1940

F 1982 EU 1920
EU 1890
F 1830

EU 1980

F 2000 EU 2000

« Société sans classes » « Aliénation »

 
Intensité des inégalités

Note : les points représentent la France et les Etats-Unis à différentes dates. Les positions sont relatives et restituent
l’idée de dynamiques générales de différentes périodes.
D- Une relativisation de la disparition de
la conscience de classe
II – Les syndicats, un acteur toujours
majeur
A- Une chute de la syndicalisation très
inégale

1. Opérez une typologie


des pays en fonction du taux
de syndicalisation
2. Quels sont les modèles
que vous pouvez faire
Apparaître ?
3. Pouvez-vous en conclure
À l’existence d’une crise
Globale du syndicalisme?
B – Une transformation du rôle des
syndicats
1- Constat

Le taux de
syndicalisation
Est-il
Le seul à
Prendre en
Compte pour
Analyser la
Crise du
Syndicalisme ?
Comment
expliquez vous les
Différences
de classements de
La France entre
Les deux
Graphiques ?
1- Constat

La représentation
Syndicale évolue
t’elle dans le même
sens que le taux de
Syndicalisation ?
1- Constat

1. A partir de l’analyse du tableau montrez que la syndicalisation est très


différente de celle que l’on présente généralement .
2. A priori quelle est la catégorie sociale dont le taux de syndicalisation
est le plus fort ?
2 - Explications

Le rôle des syndicats, en tant qu'organismes de gestion et de régulation, ne peut que s'accroître.
Dès aujourd'hui, les tâches de représentation dans l'entreprise, mais surtout dans une multitude
d'institutions économiques et sociales, absorbent d'ailleurs l'essentiel du temps des militants et des
permanents, dans le secteur privé comme dans le secteur public. [...] On recense ainsi près de 12000
administrateurs syndicaux dans les caisses primaires d'assurance maladie et dans les caisses
d'allocations familiales ; 10000 conseillers prud'hommes; des milliers de représentants syndicaux dans
les organismes chargés de l'emploi, de la formation, du logement, des retraites. [...]
La représentation dans l'entreprise est d'un autre ordre. [...] Les syndicats sont considérés, dans ce
cadre, comme des acteurs sociaux en interaction avec d'autres acteurs (les directions d'entreprise), ils
s'insèrent dans un système de relations professionnelles construit autour de conflits et de négociation.
[...]
Dans un cas, le syndicat est un acteur propre autonome, participant à la régulation des rapports sociaux.
[...]
Dans l'autre, il joue le rôle d'une sorte de « fonctionnaire du social », exerçant des tâches d'intérêt
général.
Source : Pierre ROSANVALLON, La question syndicale Hachette Littératures, collection Pluriel, 1998.

Comment P Rosanvallon explique t’il les mutations que


connaît le syndicalisme français ?
Le syndicalisme d’aujourd’hui : un
régulateur social ?
C’est un régulateur social :

 Il permet de signaler à l’employeur l’ampleur du mécontentement donc


d’anticiper les grèves (en particulier en Allemagne)

 Il encadre les grèves et « sait les terminer »...

 Il n’est pas un maximisateur de gains à CT : il sait que la relation sociale doit


durer…et que l’intérêt de tous est que l’entreprise soit compétitive

 Il évite les situations d’anomie en précisant, comme le soulignaient les


sociologues anglais Allan Flanders et Alan Fox (1965), « ce qui est juste et ce
qui est injuste, quelles sont les revendications et les espérances légitimes,
quelles sont celles qui passent la mesure »

 Mais surtout il est un gestionnaire qui participe à la gestion de la sécurité


sociale : la cogestion avec les organisations patronales
Mais aussi… C’est un co-décideur
 :

 Il participe à la fixation des règles du travail


 Il fait respecter les engagements  

C’est un contre-pouvoir :

 il l’oblige l’employeur à affiner ses décisions, mieux les instruire


 Il introduit des valeurs (citoyenneté, droit au travail, dignité, respect de la
personne humaine),
 oblige l’employeur à respecter ses engagements
 Il oblige l’employeur à rechercher des solutions techniques,
organisationnelles ou commerciales, de façon à maintenir un haut degré de
productivité et de compétitivité.
IV –Une critique de l’analyse d’Olson

 Il n’y a pas seulement une rationalité économique du gréviste : il peut


vouloir affirmer sa dignité, sa solidarité de métier, sa sympathie envers un
collègue, il peut agir par colère, etc.

 Il existe aussi une rationalité en valeurs : prendre le risque de perdre, ou


sacrifier un bien, au nom d’une morale, d’un projet, d’une idéologie

 D’où une rationalité d’ensemble : le gréviste sait que sa grève sert à


maintenir une pression sur l’employeur, donc sur les autres employeurs ; et
que les grèves des autres salariés servent également à maintenir la pression,
etc.
Il existe donc une rationalité de l’action collective,
au-delà des rationalités individuelles. De quoi
procède-t-elle ?

 1) L’intérêt individuel. L’action collective produit des biens


individuels : le syndicat offre à ses adhérents et à eux seuls des
conseils juridiques, des services sociaux et de loisir. L’individu a
donc intérêt à adhérer pour bénéficier de ces avantages.

 2) L’interdépendance des décisions. Tout le monde sait que s’il


n’y a pas assez de grévistes le jour dit, personne n’obtiendra rien...

 3) La visibilité des actions individuelles. Ne pas faire grève et


rester travailler dans l’atelier, c’est s’exposer. Une « roulante » se
chargera de « faire débrayer » (= d’obliger les salariés à quitter de
gré ou de force leur poste de travail...)
Mais aussi…

 4) La solidarité, la communauté. Le groupe social est soudé (« les copains


d’abord ! ») et chacun veille à maintenir cette solidarité...

 5) L’adhésion à un projet, une idée. Dans la conception anarcho-


syndicaliste cela correspond au mythe du grand soir de la grève générale

 6) La contrainte, la pression morale. Les individus pensent « ne pas


pouvoir se défiler » et anticipent la fin de la grève, quand il s’agira de
retourner travailler dans l’atelier...

 Conclusion : l’action collective est plus qu’une alliance d’intérêts, elle


repose sur des liens sociaux, une contrainte morale, non réductibles au
calcul...

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