Dr BELLIFA Nazim LA RAGE • La rage est une zoonose (c'est à dire une maladie animale qui peut être transmise à l'homme)
tous les animaux à sang chaud, des mammifères
aux oiseaux, sont réceptifs à la rage. De l'animal à l'homme : les conditions requises
• 1° des réservoirs de virus
Des mammifères sauvages qui hébergent le virus pendant une très longue durée. • 2° des distributeurs de virus (les vecteurs) Distributeurs primaires: animaux sauvages deviennent excréteurs de virus dans la salive et le transmettent par morsure Distributeurs secondaires: animaux doméstiques • 3° des hommes Écologie de la rage animale la rage urbaine ou « rage des rues » • Les chiens constituent le réservoir et le vecteur principal du virus dans le monde. • L'OMS estime que la rage des rues est responsable de plus de 99 % des cas de rage humaine responsable d' au moins 50.000 décès chaque année. • Les chiens errants sont les intermédiaires entre la rage sauvage et la rage urbaine : ils transmettent la rage à d'autres animaux sauvages, aux herbivores et aux carnivores domestiques non vaccinés (chiens, chats). LES VIRUS DE LA RAGE • Les virus de la famille des Rhabdoviridae 1 font partie de l'ordre des Mononégavirales • leur génome est un ARN − non segmenté • ce sont des virus enveloppés : par conséquent des virus fragiles, • Les virus de la rage appartiennent au genre Lyssavirus 2 . • La détermination de la séquence du génome viral codant la protéine N permet de définir 7 génotypes La structure d'un virus de la rage • Les Rhabdovirus se présentent sous la forme d'un bâtonnet (∅ = 80 nm, longueur variable de 120 à 180 nm) avec une extrémité plate et l'autre arrondie, leur conférant un aspect en "balle de revolver" tout à fait caractéristique : • le virus de la rage Le brin génomique d'ARN − • et la protéine N qui le recouvre forment une nucléocapside hélicoïdale condensée en un. • La face interne de l'enveloppe est tapissée par la matrice (protéine M). • La glycoprotéine G est insérée dans l'enveloppe sous forme de trimères (spicules) responsables de l'attachement et de la fusion • Nucléocapsides et virions s'amassent dans une matrice fibreuse et forment des inclusions caractéristiques observables au microscope optique : les corps de Negri
Neurone du cerveau d'un bovin victime de la rage À
droite du noyau, en position intracytoplasmique, l'amas ovalaire fléché constitue un corps de Negri PHYSIOPATHOLOGIE DE LA RAGE • 1 - la pénétration du virus Le virus de la rage est le plus souvent inoculé à son hôte lors de la morsure par un animal • 2 - l'invasion centripète du système nerveux Les virions qui bourgeonnent du neurone infecté, libérés dans l'espace intersynaptique et infectent le neurone post-synaptique suivant. Le virus parvient au cerveau où il se réplique • 3 - la diffusion centrifuge à partir du cerveau Le virus se dissémine ensuite dans tous les tissus par voie centrifuge, infectant les glandes salivaires mais aussi l'œil, les follicules pileux, le pancréas et les reins. LA CONTAMINATION HUMAINE •la voie cutanée • . La contamination humaine par voie cutanée est la modalité la plus fréquente (99 %). Elle résulte : • le plus souvent de la morsure par un animal enragé et excréteur de virus, et, • plus rarement : d'un léchage sur une plaie fraîche, une peau excoriée, d'une griffure (chat) par des griffes souillées • de la manipulation d'un animal enragé (mort ou vivant). • ( le virus peut franchir les muqueuses le léchage ou la projection de gouttelettes de salive virulente sur les muqueuses conjonctivale, olfactive ou labiale présente un risque théorique plus grand que le léchage de la peau excoriée. La voie aérienne • il s'agit d'une modalité exceptionnelle : l'inhalation d'un aérosol de particules virales (qui sont ensuite véhiculées par le nerf olfactif) est tout à fait exceptionnelle : • • visite d'une grotte habitée par des colonies importantes de chauves-souris (1 cas aux États-Unis). • • manipulations au laboratoire (2 cas) • La multiplication du virus dans le cerveau déclenche inexorablement une encéphalite mortelle dont l'expression clinique est variable : Incubation • L'incubation, totalement silencieuse, dure en moyenne six semaines. La durée de l'incubation est raccourcie en cas de morsures profondes ou multiples de la face et des mains • − régions riches en terminaisons nerveuses • − Chez l'enfant, la durée d'incubation est significativement plus courte que chez l'adulte. Du fait de leur taille, les enfants sont plus souvent mordus au visage. Progression Signe cliniques • La période d'état : la phase encéphalitique Caractérisée par l'apparition des signes neurologiques, cette période, habituellement fébrile, peut prendre trois aspects : - la forme spastique (ou hydrophobique) - La forme furieuse (ou psychiatrique) - la forme paralytique (ou tranquille): Elle est plus rare et de diagnostic beaucoup plus difficile. prévention • Abattage des chiens errants • Compagne de sensibilisation – désinfecter les plaies, l'élimination mécanique et chimique du virus étant la protection la plus efficace : • on lave la région mordue avec du savon ou un détergent (qui sont des virucides) puis on rince abondamment. • on applique ensuite de l'alcool à 60°, de la Bétadine ® ou de l'eau de Javel diluée (éviter l'eau oxygénée et le mercurochrome). • on ne suture pas la plaie mais on pense à la prévention du tétanos ! (un rappel de vaccin). • une antibiothérapie est prescrite pour éviter l'infection de la blessure par d'autres agents pathogènes Diagnostic Les techniques plusieurs techniques sont employées pour le diagnostic : 1° – identifier les antigène rabiques dans les cellules • par immunofluorescence directe • par une méthode ELISA (technique sandwich) On réalise une immunocapture des antigènes rabiques. Vaccination sérum antirabique • Le vaccin "traitement" Le vaccin est, dans les pays développés, un vaccin inactivé obtenu en culture cellulaire • Les autres pays produisent des vaccins inactivés fabriqués sur cerveau de mouton ou de souriceau nouveau-né, responsables d'accidents neurologiques sévères : encéphalites et myélites d'origine immuno-allergique. Protocole classique de l'OMS • 5 injections IM (dans le deltoïde) d'une dose de vaccin : J0 J3 J7 J14 J30 conclusion • L'entrée d'un virus dans une cellule cible implique le franchissement de la membrane plasmique. • Ce processus met en jeu l'interaction spécifique de protéines virales avec les récepteurs du virus exprimés à la surface des cellules cibles • L'identification de ces récepteurs cellulaires permet d'appréhender les bases moléculaires du tropisme du virus. • De plus, la capacité d'un virus à utiliser un récepteur particulier pour envahir son hôte constitue un des aspects de son pouvoir pathogène. • la caractérisation des récepteurs viraux contribue à une meilleure compréhension de la pathogenèse virale Le virus de la rage est un virus essentiellement neurotrope in vivo . Son tropisme cellulaire restreint est en faveur de l'existence de récepteur(s) spécifiquement exprimé(s) à la surface des neurones in vivo. De ce fait, le virus de la rage constitue un bon modèle viral d'étude des interactions entre un virus et son(ses) récepteur(s) cellulaire(s). •La rage reste un problème de santé publique à l'échelle planétaire : bien qu'elle ait été éradiquée dans les pays industrialisés, de nombreuses victimes sont encore •recensées dans les pays en voie de développement. • Si seulement 1 326 cas de rage humaine ont été déclarés à l'OMS en 1991, le nombre réel de cas est estimé à plus de 300 000 en Inde, 600 au Mexique et 1 000 au Brésil. •La rage peut être prévenue par la vaccination, par administration préventive classique, mais aussi après exposition. •En revanche, une fois les signes cliniques de la maladie apparus, il n'existe pas de traitement. La mise au point d'un traitement antirabique complémentaire à la vaccination postexposition reste donc d'actualité. Le virus de la rage est le plus souvent inoculé à son hôte lors de la morsure par un animal contaminé. Il pénètre dans le système nerveux au niveau des terminaisons nerveuses libres et des jonctions neuromusculaires, soit directement, soit après une courte étape de multiplication au niveau du site d'inoculation, dans les cellules musculaire. La transmission du virus est ensuite strictement neuronale . Les virions (particules enveloppées), et peut-être aussi la nucléocapside nue, se propagent de neurone à neurone par les synapses : les particules virales bourgeonneraient du neurone infecté, seraient libérés dans l'espace intersynaptique et infecteraient le neurone post-synaptique suivant. Après avoir envahi le système nerveux central par voie centripète, le virus se dissémine dans des tissus extraneuraux par voie centrifuge, et infecte notamment les glandes salivaires, le pancréas et les reins.