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Eco-conception

Dr. Messaoudi Yosra

BIO5 – INSAT 2023 - 2024


L’éco-conception est une
démarche qui intègre dès la
phase de conception d’un
produit ou service, des critères
environnementaux, afin d’en
réduire les impacts tout au
long de son cycle de vie :
 extraction des matières
premières,
 production,
 distribution, Un des principes fondamentaux de l’éco-
 utilisation conception consiste à éviter le transfert
 et fin de vie. de pollution notamment d'une étape à
une autre.
Les étapes du cycle de vie d'un produit :
Matières premières : cette étape comprend toutes les matières et l'énergie nécessaire à la réalisation du
produit concerné, ainsi que les transports nécessaires à l'approvisionnement des matières.

Fabrication : cette étape regroupe les différentes étapes de production et fabrication nécessaire à la
réalisation du produit. Elle comprend toutes les étapes de mise en forme, d'assemblage, les processus
industriels ainsi que le conditionnement avant expédition. Sont également pris en compte le cas échant les
déplacements entre sous-traitant et sites de production.

Logistique : cette étape correspond à toutes les étapes depuis la sortie d'usine de production jusqu'à
l'arrivée chez l'utilisateur final, et considère les phases de stockage, de transport, de manutention.

Usage : cette étape représente l'ensemble de la durée de vie du produit, pendant lequel il remplit la
fonction pour laquelle il a été conçu. Sont pris en compte les consommables et consommations liées au
scénario d'utilisation considéré.

Fin de vie : Une fois que l'usage est terminé, le produit entre en fin de vie, qui peut arriver pour plein de
raisons : obsolescence fonctionnelle, esthétique, règlementaire, etc. Cette étape détaille le processus dans
lequel entre le produit une fois que son utilisateur l'abandonne (procédés, transports…).
Produit eco-conçu

Un produit dit "éco-conçu" est donc un produit qui a été pensé et fabriqué de façon à
limiter ses consommations de ressources naturelles, ses impacts sur l’environnement et
sur la santé humaine tout au long de son cycle de vie.
L’eco-conception peut contribuer à la
prévention de la production de
déchets, à la réduction de la
consommation d’énergie, de
pollution de l’air et de l’eau, etc.

Elle s'appuie sur des études basées


sur des ACV (Analyses de Cycle de
Vie) approfondies et est normalisée
au niveau international par les
norme ISO 14000, 14040, 14044...
La famille de normes du cycle ISO 14000 constitue la base fondamentale de l'Analyse du Cycle de Vie,
réalisée sous la forme d'un guide de bonnes pratiques qui insiste plus sur la rigueur (cohérence entre
l'objectif de l'étude et sa réalisation, transparence et justification des hypothèses ...) que sur la précision ou
l'exhaustivité de la méthodologie.

Le cycle de normes ISO 14000 a été initialement composé de 4 normes, respectivement :

1.La norme ISO 14040 qui décrit les caractéristiques essentielles de l'ACV et les bonnes pratiques de
conduite d'une telle étude. C'est la première norme du cycle, elle a été publiée en 1998.
2.Les normes ISO 14041 à 14043 ont été publiées par la suite, elles s'adressaient plus aux experts réalisant
l'ACV et décrivaient plus précisément chaque étape d'une ACV :
1. La norme 14041 était dédiée à la définition de l'objectif, du champ de l'étude et sur l'analyse de
l'inventaire.
2. La norme 14042 indiquait les principales caractéristiques de la phase d'évaluation de l'impact du
cycle de vie.
3. La norme 14043 enfin, précisait des exigences et des recommandations pour mener
l'interprétation du cycle de vie.
Les 4 normes précitées ont été fusionnées par la suite en raison d'une révision pour obtenir les 2 normes
actuellement utilisées mondialement : NF EN ISO 14040 et NF EN ISO 14044 . Il s'agit tout simplement
d'une révision éditoriale dont le but était d'homogénéiser le vocabulaire et la forme sans modifier les
contenus.
L’analyse de cycle de vie (ACV)

L’analyse du cycle de vie (ACV) est l’outil le plus abouti en matière


d’évaluation globale et multicritère des impacts environnementaux.
Cette méthode normalisée permet de mesurer les effets quantifiables de
produits ou de services sur l’environnement.

L’ACV fait l’objet d’une standardisation internationale par la norme ISO


14040 « Management environnemental – Analyse du cycle de vie -
Principes et cadres », complétée par la norme ISO 14044 « Management
environnemental – Analyse du cycle de vie – Exigences et lignes
directrices ».
L'Analyse du Cycle de Vie, parfois appelée écobilan, est une méthodologie d'évaluation
"du berceau à la tombe" qui permet de quantifier l'impact environnemental des
produits, services ou systèmes de production depuis l'extraction des matières premières
qui les composent jusqu'à leur élimination en fin de vie, en considérant également les
phases de distribution et d'utilisation.

Selon la norme ISO 14040, « l'analyse du cycle


de vie (ACV) est une technique d'évaluation des
aspects environnementaux et des impacts
environnementaux potentiels associés à un
système de produits ».

L'ACV joue donc le rôle d'un outil d'aide à la


décision permettant de déterminer des
priorités d'action grâce auxquelles les impacts
environnementaux d'un produit pourront être
diminués.
Démarche de l'Analyse du Cycle de Vie

Pratiquement, on met on œuvre une Analyse du Cycle de Vie en réalisant dans un


premier temps l'inventaire des flux de matières et d'énergies entrants et sortants à
chaque étape du cycle de vie.
On appelle cette démarche inventaire du cycle de vie : ICV.
On procède ensuite à l'évaluation des impacts environnementaux à partir des données
recueillies grâce à des coefficients pré-établis permettant de calculer la contribution de
chaque flux aux divers impacts environnementaux étudiés.
Selon les normes en vigueur l'Analyse du Cycle de Vie est un processus itératif
constitué de 4 étapes principales, respectivement :

 la définition des objectifs et du champ de l'étude,


 l'analyse de l'inventaire,
 l'évaluation des impacts,
 l'interprétation des résultats.
Méthodologie de réalisation de
l'Analyse du Cycle de Vie
Quelles sont les étapes d’une analyse de cycle de
vie ?

L’étape clé
C’est une résultante
de l’analyse de cycle
de vie effectuée

Chaque phase d’une ACV utilise les résultats des phases précédentes et des allers-
retours sont fait à chaque fois.
Phase I de l’ACV : Définition des objectifs et du champ de l’étude

Pour cela, on définit plusieurs choses. D’abord, la fonction. Lors d’une étude
comparative, il est essentiel de comparer des systèmes (ou produits) sur la base d’une
fonction commune. La fonction joue un rôle central car c’est en la définissant
correctement qu’il est possible de comparer des produits entre eux.
Une bonne définition de la fonction permet également de définir correctement les
frontières du système à l’étude.
Exemple de fonction pouvant servir pour de la peinture : protéger et colorer un mur

Une fois la fonction du système définie, on définit l’unité fonctionnelle. Le rôle principal
de l’unité fonctionnelle est donc de fournir une référence par rapport à laquelle les
intrants et les extrants seront définis et normalisés afin d’assurer la comparabilité des
résultats d’une ACV sur une base commune
Il est important ensuite de déterminer le flux de référence dans chaque système de
produits afin que la fonction prévue soit remplie. Ce paramètre désigne donc la
quantité de produits nécessaire pour remplir la fonction précisée par l'intermédiaire
de l'unité fonctionnelle. C'est seulement grâce à l'utilisation des flux de références que
des comparaisons entre systèmes peuvent être faites sur la base des mêmes fonctions
et quantifiées en utilisant les mêmes unités fonctionnelles

Flux de référence
Le flux de référence désigne la quantité du produit analysé et de consommables
utilisés par ce produit, nécessaires pour rencontrer les besoins de l'unité fonctionnelle.
Exemple:
Pour une peinture, les paramètres clés peuvent être la durée de vie d'une couche de peinture et la
quantité de peinture nécessaire pour couvrir adéquatement une surface
Dans le cas de la protection d'un mur, le flux de référence pourrait être :
•Pour une peinture de bonne qualité (nécessite seulement 2 couches en 20 ans) : 5 kg.
•Pour une peinture de moins bonne qualité (nécessite 3 couches en 20 ans) : 7 kg.
•Pour du papier peint mural (à changer une fois en 20 ans) : 2m² + 100 g de colle...
A>>B
Fabrication de 1 kg de peinture.
A a des consommations et des rejets deux fois plus important que 1 kg
de B lors de la production.
B=A
Pouvoir couvrant de la peinture.
A est deux fois supérieure à la peinture B : pour peindre une surface
de 1m2, il faudra utiliser deux fois plus de B que de A.
A<<B
Durée de vie de la peinture.
A a une durée de vie deux fois supérieure à B.
Définition de l'unité fonctionnelle - exemple de Donc pour peindre 1m2 de surface pendant 10 ans, il faut encore deux
comparaison pour deux peintures
fois plus de B que de A.
Dans le cas de la fonction précédemment proposée, l'unité fonctionnelle peut être de
couvrir 1m² de mur pendant 2 ans.

La fonction et l'unité fonctionnelle ainsi définies sont suffisamment ouvertes pour


comparer des peintures entre elles, mais aussi du papier mural dont la fonction est la
même.
Phase II de l’ACV : Inventaire des flux, collecte et analyse des données

Au cours de cette phase les différents flux traversant le système étudié sont quantifiés. Le
principe de calcul d'un inventaire est relativement simple, contrairement au recueil de
données. Ce travail est toutefois facilité par le développement des bases de données
dont la plus connue s'appelle eco-invent

Les bases de données d'Inventaires de Cycle de Vie les plus fournies concernent les
matières premières courantes, l'énergie et les transports. Certains groupements
d'industriels ou organismes professionnels ont rassemblé des données sur les impacts
environnementaux de certains matériaux tout au long de leur cycle de vie ou, plus
fréquemment, sur la partie amont de ce cycle, et les mettent à disposition des utilisateurs
afin qu'ils les intègrent dans leurs propres Analyses de Cycle de Vie.
Les données d'inventaires sont constituées de flux de matières (ressources naturelles
notamment) et d'énergies entrant dans le système étudié respectivement des flux
sortants correspondants (déchets, émissions gazeuses, liquides, etc.).

Deux méthodes sont couramment utilisées pour le calcul de l'inventaire :


•l'approche processus,
•l'approche input-output (entrants-sortants).

L'approche "processus" consiste à multiplier l'inventaire de production par des facteurs d'émission ou
d'extraction. On comprend par inventaire de production l'ensemble des intrants (énergies et matières
consommées). L'inventaire de production regroupe donc les flux intermédiaires correspondant aux
processus unitaires du système ainsi que les flux de référence. Les facteurs d'émission et d'extraction
sont issus des bases de données et expriment la quantité de chaque substance émise/extraite par unité
d'intrant prise en compte.
Dans l'approche input-output l'inventaire se calcule en multipliant les dépenses par unité fonctionnelle
avec les facteurs d'émission par unité monétaire dépensée.
Analyse de l'inventaire
L'étape d'analyse d'ICV consiste à répertorier l'ensemble des flux à l'intérieur et à
l'extérieur du système pris en compte pour l'étude.
Deux catégories de flux sont identifiées pour une Analyse du Cycle de Vie :
 les flux économiques qui représentent les flux de matière, énergie, services
 les flux élémentaires (matières premières, déchets remis dans l'environnement,
émissions).

L'inventaire et son analyse se font en 4 étapes :


1. Quantification des flux (économiques et élémentaires) associés à chaque processus
élémentaire.
2. Mise à l'échelle de ces flux en fonction d'une valeur (flux) de référence.
3. Quantification des émissions et extractions pour chaque processus élémentaire, le
but étant d'identifier tous les éléments qui ont un impact environnemental à chaque
étape.
4. Agrégation des flux élémentaires.
Phase III de l’ACV : Évaluation des impacts du cycle de vie

La troisième phase de l’ACV, appelée l’évaluation des impacts du cycle de vie (ÉICV), est
l’interprétation des résultats de l’analyse de l’inventaire du cycle de vie du système de
produits étudié afin d’en comprendre la signification environnementale.

Durant la phase d’ÉICV, certains enjeux environnementaux, appelés catégories


d’impacts, sont modélisés et des indicateurs de catégories sont utilisés pour condenser
et expliquer les résultats de la phase d’inventaire.
Exemple 1
La Figure illustre le mécanisme environnemental pour la catégorie d’impact :
« Réchauffement global ».

Les catégories d’impacts souvent considérées en ACV sont les suivantes :


 Réchauffement global
 Appauvrissement de la couche d’ozone
 Acidification  Eutrophisation
 Smog photochimique A‐13
 Toxicité humaine
 Écotoxicité
 Utilisation des ressources abiotiques
 Utilisation des terres
 Utilisation de l’eau
Exemple 2
Considérons les résultats suivants issus de l'ICV d'un produit qui sont présentés dans
la première colonne du tableau ci-après :
Considérons également les indicateurs d'impact changement climatique (sur une
durée de 100 ans), calculé selon la méthode IPCC 2007, et acidification
calculé selon la méthode CML 2001. La conversion des résultats en unité commune
à chaque indicateur permet d'obtenir les valeurs indiquées dans le tableau ci-après.
Phase IV de l’ACV : Interprétation, analyse de sensibilité,
incertitudes

Les objectifs de la quatrième phase de l’ACV, appelée interprétation, sont d’analyser


les résultats, d’établir des conclusions, d’expliquer les limites et de fournir des
recommandations en se basant sur les résultats des phases précédentes de l’étude et
de rapporter les résultats de l’interprétation du cycle de vie de manière transparente
de façon à respecter les exigences de l’application telles que décrites dans l’objectif
et le champ de l’étude.
Exemple d’une
analyse de cycle
de vie

Résultat de l’analyse
de cycle de vie d’un
bouton connecté.

Ce graphique nous permet d’identifier quelle phase du cycle de vie a le plus d’impact. C’est
ainsi que l’on observe que la phase de production, en orange sur le graphique, est la plus
coûteuse dans l’empreinte environnementale du produit.
Fiabilité et limite de l'ACV
L'analyse du cycle de vie prend en compte divers critères pour encourager les acteurs
économiques à adopter des stratégies plus respectueuses de la nature. Cependant, si
cette méthode est efficace pour diminuer l'utilisation des ressources, elle présente
aussi quelques points faibles.
L'évaluation des impacts écologiques d'un produit repose sur plusieurs critères,
néanmoins, la totalité d'entre eux n’est pas prise en compte par l'ACV. En effet, le bruit,
la pollution lumineuse, l'odeur, le temps et les conséquences sur le paysage n'entrent
pas dans la méthodologie d'analyse du cycle de vie.

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