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PROLOGUE
H2 est aveugle mais à l’aise dans ces déplacements qu’il débute sur
scène avant l’arrivée du public qu’il ignore. Le décor est sobre (atem-
porel, indéterminé). Une vidéo (image) est projetée derrière lui…
5[Autre mémoire comme le sera le répondeur… Procédé utilisé par H1
pour communiquer : médiation] PF (pour petite fille) est derrière H2,
et, sans le toucher, semble le guider sans bruit.
40PF : Avec toi. Cela fait longtemps que je t'observe. Je peux m’as-
seoir maintenant ?
H2 (méfiant) : Non !
H2 : J'ai vu juste ?
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PF : (place de la mère) Calme toi ! Voilà, du calme, regardes-moi…
ici… là…
H2 : C’est doux…
PF : Je t'observe…
H2 : Je ne sais pas…
PF : Tu trouve ça beau ?
115H2 : Je…
H2 : Nous…
PF : C’est vert ?
H2 : Non !
H2 : Oui !
PF : Qu’y a-t-il ?
H2 : Du calme…
PF : Où ?
PF : Tu aime ?
H2 : Oui…
H2 : Oui !
PF : Tout autour un cercle aux fées… des cendres ici… tout au-
155tour de lui ?
195PF il la cherche. Elle tente de s’en éloigner puis, après un long silence :
Nous n’aurions pas dû franchir leurs remparts… ils nous en
veulent d’être d’un notre côté…
205PF : Tu es fou !
250PF sort et les H0 restent sur scène… l’écran s’éteint (H1 disparait).
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PREMIÈRE PARTIE
H2 est couché sur scène. Les H0 se lèvent sans y faire attention et
alignent des chaises comme sur un quai. Des spots en direction du pu-
blic les mettent en contre jour... L’écran s’allume, présence de H1. Dia-
255logue entre les deux H0 : « 1 » et « 2 ».
2 : Merci j’allais l’oublier. Comme que donc dit donc que je suis
260absent ! (H2 se lève alors que les deux autres sont absorbés dans leur
lecture.)
2651 : Non… le grand qui est debout derrière la ligne. Il regarde l’-
heure…
2 : Mais…
2 : Je pense que… Lui le voit alors il peut nous voir… C’est dans
l’ordre de ces choses ! On va nous entendre, calme toi à la fin !
Lis !
1 : Il va sauter…
1 : Il a une bombe !
Un arrêt de métro : nom de gare, annonce (de H1). Extinction des lu-
mières puis retour très progressif jusqu’à l’aveuglement du public. PF
350rentre et se met à son aise sans se soucier de H1.
H1 est sur scène et sur l’écran d’où les H0 peuvent le voir : Trois
hommes vont entrer. Ils vont s’assoir comme le font toutes per-
sonnes qui vont pour êtres assises (les H00/H2 s’assoient). Ils
ouvrent leur journal page une, comme le font toutes personnes
355qui ouvrent leur journal page une. Il est assis, lui aussi. On ouvre
son journal (ordre)… Merci. Tout va comme tout va, ils vont ! Ils
sont tous tombés sur la fameuse demande d'emplois qui va nour-
rir l'espoir du soir. Ils ont tout le temps qu'ils veulent. Et quand la
lumière se fera… il aura sûrement disparu (H2). Tous sortent. L’é-
360cran s’éteint et PF se met face à H2.
H1 (voix off) : Il est parmi nous. Il s’est assis comme font toutes
les personnes en s’asseyant… Euh… Il respire… Il a les yeux ou-
390verts… Comme nous… Mais il n’a de lecture ni d’idée. Il transite.
Si vous le rencontrez merci de nous le préserver. Excusez le pour
ce désagrément.
Tous se tournent vers H2, assis, et, dès qu’il bouge, font mine de
395ne pas l’avoir vu.
H1 (En parlant de H2 depuis l’écran) : Il... H1 marque une pause et on
entend le nom de la station : on sort/rentre. Il ne bouge pas. Il n'a
pas de journal. Le « A nous Patous » vient de paraître ce matin.
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H2 : Ca me manque aussi !
H1 : Sortez !
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PF s’enfuit et H2 s’évanouit et les H0/H00 le retiennent puis l’assoient
en finissant d’installer le décor... PF rentre et lui met une pelote de
laine dans la poche en lui adressant un adieu.
600PF2 : Carl, Léonie ? Tout, vraiment ? Ton nom ? Ma main sur ton
épaule ?... Tu ne te souviens plus où nous en sommes ?
PF : (voix-off) C’est moi qui fais couler tes yeux… Tu n’es plus à
Veugle… Vois ce qui t’a toujours été refusé, tout ce que le soleil
620t’a laissé de liberté… imaginé démaginé… oublier. La lumière va
en diminuant.
H2 : Tu…
H2 : Il faut choisir. Alors qu’elle va pour le serrer dans ses bras : re-
tour immédiat d'une lumière très forte...
Les H0/H00 (rentrés sur scène dans le noir) reprennent leurs journaux,
terrifiés, et lisent à voix haute les prévisions météorologiques : 60 °F
pour 35 °C, temps orageux, prévision de tempête ascendante par
640nord nord est sud-ouest… Les conseils sont : rester calfeutré
chez soi… n’adresser la parole à personne, pas même à ses voi-
sins… Consolider ses portes à l’aide n’importe quoi. Cyclone et
vent agité à très agité, à très très agité en quart nord nord sud-
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sud. Il est également conseillé de dormir jusqu’à nouvel ordre…
645Silence
660H2 : Je ne sais pas ce qui m’attend, j’ai tout oublié quand ils
m’ont trouvé.
PF : Ils…
H2 : Qui ?
HD : … Vous attendez ?
690 HD : Seulement, elle s’en est allée. Vous êtes seul… avec moi bien
sûr.
H2 (ne voit pas PF) : Je n’ai pas osé lui dire à quel point…
PF : Toute cette poussière pour rien… pas une lettre sur cette
épaisseur de toile… Tendue comme à l’enfance. Tu te souviens ?
750Silence
PF : Elle souffle comme sur une vitre pour y écrire un mot (sur la buée)
Je suis là…
PF : Tu…
H1 et HD ricanent à l'écran.
PF : Ces restent de toi qui coulent… (Touche son visage, mime des
larmes) Elle, elle, elle (goute par goute)... ça fait mal ?
805PF : Ils…
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Attentes... tendues...
Ou sourire ou périr ?
Ou sourire de souffrir ?
Un sas avant de passer...
840D'être d'autre rive en visage ?
Présage du naufragé... s'aborder ?
D'autres rides au passage... y aller ?
Partir ou s'abandonner aux siens, seul.
De construire comme pré vu... survivre...
845Dé construire, courir et mourir... se sentir libre...
Ou oublier au masculin et sans "e"... l'oubliée ?
Des rives en visage où se nicher et écrire dans l’âge...
Inspirer avant d'exprimer... Exprimer sans respirer ?
Comme une pause en suspension sur de l'abysse qui prend.
850Poudrière poussiéreuse... oublieuse des oubliettes à
mèche.
Sur un lit de mots qu'on prend pour des cailloux... des grains...
Du temps pausé, allongé, sur la grève, la peau salée,
sablée...
855Ces montagnes, belles majestés, face à l'inconnue des horizons
nés...
Ces grains au sol aux vents et terres azurées tenaient
face, un silence.
Et les plus grands réduits au nombre de leur taille... passés,
860passif...
Du temps à naître... à n'être plus rien qu'une masse, sans
couleur...
Une autre rive... une rivale qui s'éclate de rire au rocher.
Qui s'entend vivre dans une vague ivresse tangue...
865Comme les gens mélangés d'êtres...
Poum, Poum, Poum !
Ce on qui n'est rien...
Ces mélanges...
Ces sons...
870Cessons.
Ce con.
Qu'on.
Ce on.
Con.
875-----Bref flash et extinction des autres lumières. Seul l'écran reste
allumé. Les H0/00 reprennent leurs journaux, terrifiés... L’un d’entre
eux chasse PF…----
H2 prend un café, s’allume une cigarette qu’il écrase aussi tôt. Il s’as-
soit, se relève de suite puis cherche quelque chose qu’il ne trouve pas.
925Répondeur (l’annonce est cette fois une voix artificielle) : Vous n'a-
vez pas de nouveaux messages…
H2 : J'ai pris un café trop noir... Elle est morte… elle est morte…
935morte !
PF : L’oncle est mort… Veugle, Marcel, moi… nous.
H2 : Je ne peux plus…
PF : Tu ne peux pas… Non !
Voix (PF) S’il te plaît… S’il te plaît… Dis moi que tu vas le faire.
Dis-moi que tu ne vas pas tout laisser tomber… Continue. Tu es
seul maintenant… Je ne t’empêcherai plus d’y retourner. Tu n’as
pas répondu, enfin... Tu es seul maître à ton bord… Ce répondeur
945te laisse.
9500H : On n'est jamais mieux servi par soi que par soi-même ! Tu as
du doute en toi ?… Rappelles-toi !
995H2 : Non !
0H : Je la décolore…
H2 : Non !
0H : Ah vraiment…
0H : Jamais !
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H2 (comme au milieux d’une foule) : Mais si !
0H : Mais nan…
H2 : Mais si !
10550H : Mais nan… Et vous pensez que l’avenir se fera sans nous ?
Vous y croyez, vous, à tout ça ? Il faut choisir ses rêves… Moi, je
ne fais pas dans le raccommodage ! Tout ce qui est resté depuis
la chute de la tour jusqu’à l’essor de la Grande CoMédia… Tout
est là, sous vide, préusagé, arrivé par mes secrets… Libre à toi
1060de tout défaire ou de t’en défaire ! (Flashs lumineux puis lumière
aveuglante vers le public à qui 0H s’adresse.) Vous n’en reviendrez
pas… Offres réduites pour les moins de 6 mois et les synes-
thètes. D’ailleurs, si vous en connaissez… ils se font plutôt rare,
et j’ai toujours adoré me lier à eux… ce tissage… visage qu’ils
1065mettent au monde. Ma carte de visite, au cas où ! (Il lui – à H2 –
tend une carte qu’il fait tomber à ses pieds . Demande-lui, à elle, si tu
veux rentrer. Elle pourra peut-être t’aider ? ! Tu veux rentrer
maintenant que nous t’avons sorti dans ce beau jardin ?
H2 : Je… Je ne sais pas tu sais j’ai…
10700H : Ah ne compte pas sur moi pour t’éclairer là-dessus ! Moi, les
choix… J’observe les conséquences… j’emmagasine ce qui se
transforme en demain.
10750H : Mais moi je te laisse voir, farfouiller, faire ton choix et es-
sayer de sortir tout ça de son aile qui te protège !
H2 : Je…
H2 : Je…
H2 : Du silence…
1125H2 : Vous avez les poches pleines… Vous tenez trop à vous…
Votre poussière vous ressemble… vous n’avez plus prise sur
moi ! (Il se met une claque et poursuit) En oubliant ce qui
m’entoure, je m’en protège. Il ferme les yeux. Cette chaise est
rose, cette girafe orange… Je me laisse de la place… Un coin à
1130l’ombre, à Veugle… Tant de portes fermées ! Une courgette
cleptomane, une paire de chaussons paumée, des phares à
brouillard…
0H : Non !
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PF (rentrée discrètement par derrière) : Le monde te modèle par sa
présence, son regard… Fais-lui farce !
HD : Génialisimospectaculario !
2 : On en a trouvé un dehors !
2 et 1 : Eh bien, non !
1 : Ton nom ?
3 : (H2) Nom/Non ?
12101 : Il n’a pas honte notre ami ? (3, hésitant secoue la tête dans tous
les sens)
2 : Un miraculé !
2 : Combien de doigts ?
1220H2 (réfléchit puis, face à son oubli décide d’inventer quelque chose) :
Douze !
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1 : Ils arrêtent tout ? Les coupes ? Les…
12702 : Adieu les utopies… Nous allons de l’avant : nos rêves se réa-
lisent à présent !
PF : Moi aussi ! Je… porte tous ces pas dépassés… Tous ces
bouts de passés qui attendent… Je…
1290PF : Ne lisez pas… Leurs places… Vous allez prendre leurs places
dans leurs mascarades… Et Lui ou lui (peut montrer l’écran et
H2)… Vous devez choir l’un des deux (H2 ou H1) ! Il a besoin de
nous… de ces passés qu’il porte… C’est temps des passés qui
l’emportent… de moments qu’il apporte… Pour naître de nou-
1295veau.
4 : Et nous ?
Ils pourraient tous s’asseoir et faire des pelotes de laine (fils tirés depuis
les coulisses)…
PF : S’inventer l’autre.
PF : Il nous attend…
H0 : Ils ne firent rien… ou plutôt ils brûlèrent tout… Que Lui, seul,
ne leur reproche rien.
1380 H2 : Lui entreprit de réveiller ceux qui suivirent leur fou. On ouvrit
les yeux de ceux qui s’en dormaient (H1/HD rentrent et bousculent
ceux qui dorment. Puis ils sortent tous sauf H2/PF qui se sont rapproché
l’un de l’autre, assis dans un coin)… Alors, il leva les yeux sur le
monde implacable qui frappait à sa porte. A l’abri de la lune, com-
1385 pagne fidèle… Marmoneuse… (Pause avant que 1 et 2 rentrent sur
scène accompagnés de deux personnes qui restent extérieures à leurs
agissements –H0/H00-)
2 : Où l’as-tu trouvé ?
2 : Des journaux ?
2 : Bien ! Alors, nous vous laissons là… Vous êtes libre, après
tout !
14001 : Tenez… (Il lui met un journal dans sa poche et récupère une pelote
dedans puis ils sortent –H0/H00 restent sur scène, toujours
silencieux-).
1430H00 (1, 2 et 5…) absorbés dans leur lecture : Votre nom, c’est Ko-
mindo Nabami !
14351 (H00) : Nous savons quel furent nos erreurs… Tout est écrit,
nous avons gagné !
H0 : Si, la paix…
H00 : L’entente…
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PF / H2 : C’est à vous… A toi que je veux parler !
H0 On écoute…
PF Tient la tête de H00 pour qu’il l’ait orientée vers l’extérieur.
1455
H2 : Et là, 5 cm au-dessus ? Vous ne savez plus ce que c’est que
la haine, la guerre, l’union, l’amour…
PF : Je… Marcel…
PF : L’oncle…
1520PF : Il…
1535PF2 + H1 /H0 : Rien ne change plus, les rêves des enfants s’é-
vaporent et ils marcheront sans broncher sur nos pas sans explo-
rer les coins d’ombres, les taillis abandonnés des regards. Tout
restera dans l’ordre consenti. La nature cessera de croire, et
tout finira en cancer… dans un accord mélodieux lancé d’une
1540corniche… Il avait raison.
PF2 : Nous avons vécu toute notre vie ensemble… Nous nous…
nous, nous…
PF : Et Lui ?
H2 et PF : Jamais ?
PF : Ce qui compte…
Le décor d’intérieur est remis (par les H0/H00) très vite dans l’agitation
et le bruit (joué)… Saut inattendu dans le temps. H2 s’assoit sur le pre-
1625mier fauteuil venu puis attend… Long silence, ancrage, calme… Tout
se repose – coupure d’électricité, puis retour faiblard de la lumière
(lampe avec ampoule et à allumage lent).
PF : Tu en penses quoi ?
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H2 : s’adresse au public : Allez, sortez, partez rejoindre vos
femmes, vos gamins, vos maris, vos curés… Sortez de chez moi !
Si je pouvais, je vous cracherai dessus. Arrêtez de me regarder
1635 comme ça ! Vous trouvez mon épopée intéressante : tous ces
diables, ces géants, ces histoires qui ne vous font même plus rire
ou pleurer…
PF : Alors non ?
H2, plus calme : J’ai cette vague idée que rien ne m’aurais retenu
ici… une chambre minable, une vue sur rien, des en-vies… oui
des en-vies en bocaux… Comme boire, manger et boire et dormir
1645 et reboire tant qu’il est encore soif ! Ne plus dormir avec tout ce
café dans le sang… Je m’dégoûte… Ce n’est même pas du café :
c’est du Kroumf (en regardant un pot de café sur sa table) ! Et j’ai de
moins en moins envie… Je préfère mes conserves maintenant !
Me préserver de ce que seule la vie garde en réserve !
1670 H2 (Le texte souligné indique que le peuple parle : voix extérieure. HD
est sur scène à orchestrer, à danser, à courir : effervescence.) : J’ai vu
ce sphinx majestueux renaître de ses cendres… A la plus haute
sphère, On s’est affirmé. On a chanté que rien ne serait plus
comme avant. 90% de la population a cru à ce rêve si bleu. (Sou-
1675 ligné : Pas forcément dis… Portrait de ce qui peut être joué sur scène.)
Et on a déposé des dizaines de pelotes de laine d’un bleu prus-
sien (si le costume le permet des pelotes sont découpées de ce der-
nier)… Des brouettes emplies de ces belles pelotes bleues brin-
guebalées, bondissantes… de ces fils fuyards qui s’en mêlent,
1680 qui s’en fuient… Des enfants qui rient. Un amour inconditionnel
pour l’avenir ou plutôt une joie du présent… une satisfaction
béate ! Des enfants crient tant ils sont tous heureux, là, à jouer
avec ces bouts d’laine qui s’entassent dans les rues et qui
enflent… qui enflent … qui enflent… Ils ont laissé leurs espé-
1685 rances dirigées par eux, se sentant plus que jamais soudés, unis
dans ces idéaux...
4 : Tant de bonheur !
1 : Au diable !
17154 : Oui (ou cris de joie alors qu’il se sépare de ses pelotes de laine) !
Ils se battent (4 empêche 2. 1 ne comprend rien.)
3 : Ils ne la regardent plus. Ils sont « pressés » Lui avait-il dit. Elle
est belle ce soir.
1 : Elle doit se sentir bien mal aimée par tout ceux et celles qui
l’oublient cette « sphère ».
17253 : Alors, c’est fini ? Les farces, les inepties, les choses de la vie,
les interdits, les nuits de fête et d’oubli passagère, les courses
après son ombre?… les folies de la vie qui la rendent…
1 : Vivante !
3 : Ces histoires qui font vivre debout, ces savoirs et ces doutes
1730de toujours… ce silence…
3 : Ces mots qui lançaient les journées des hommes dans l’incon-
nu de leur temps.
3 : Et si on dormait ?
1 : Bonne idée !
3 : J’aime les ours ! Ils sont si doux dans leurs grottes à entendre
le temps passer, à dessiner sur les murs des histoires rêvées…
1 : Tu crois que les ours, ceux qui dorment… tu penses qu’ils sont
1745plus intelligents ou plus heureux ?
17503 : Et sentir les poils qui leur poussent sur le dos… (Ils sont très
joueurs)
1 : Sur les oreilles… C’est là qu’ils sont le plus long à leur réveil ?
17554 : J’aimerais bien être coiffeur d’ours… J’ai toujours voulu aider
les ours.
H2 : C'est-à-dire que…
H2 : Quels médicaments ?
1785 H2 : Je…
HD : Vous n’y voyez pas plus clair… je ne parlais pas de mon vi-
sage mais d’hier. C’est toujours aussi flou pour vous… Vous avez
tout oublié et même vos souvenirs intimes quand, à votre enfance
1795 vous dessiniez le monde avec des crayons…
H2 : Je…
1800 H2 : Sortez…
H2 : Ils sont tous mes restes des passés… Prenez le reste je n’en
ai plus besoin… Mais vous le savez déjà. Partez maintenant.
1805 HD retire les éléments du décor et le sort par les coulisses puis sort à
son tour.
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H0 à l’écran ou en voix off : Je suis fou… (Succèdent d’autres per-
sonnes telles que PF et PF2 ou H2.. qui reprennent cette réplique
comme des condamnés.)
1810H0 : Le nouveau pouvoir est déjà en place. Que vous est-il arrivé
enfin ?
1820Tout le monde, sauf H2, sort de scène. Une série de regards (yeux ou-
verts de face) sont projetés, sur deux écrans... cela répond directe-
ment à la suite de personnes venues annoncer leur folie… Elles
pleurent et sont souriantes (filmé au préalable).
H2 est dans une réflexion qui va peu à peu le submerger et dans la-
1825quelle il va rentrer et changer d’espace. Il peut, pour différencier les
degrés de présence, agir librement (en se préparant à manger ou en
nettoyant son appartement..) et perdre peu à peu la concentration sur
son activité et la donner plutôt à ce qu’il pense. Les questions qu’il se
pose trouvent alors une réponse… L’idée est donc qu’il se parle et
1830prenne peu à peu conscience de son état… PF peut être face à lui mais
il ne s’adresse pas à elle qui le regarde. La présence de HD est pos-
sible. Je ne donne pas plus d’indications… Ces deux protagonistes
manipulateurs sont là pour l’aiguiller dans sa réflexion. Leur éventuelle
agitation joue sur la perception de H2. Ils s’assoient pour manger. Ils se
1835moquent bien de H2.
PF : …Bla…
HD : …Bla !
HD : Il n’en a pas fini de se contre dire avec toi qui lui ment sur
1865 tout !
H2 (parlant de plus en plus fort il fait face et s’affirme) Quand elle m’a
regardé dans les yeux, elle a pleuré. Elle se voyait comme je l’a-
1890 vais vue… unique force et réalité au monde… Ces pas de danse
au parc… Elle comprit que non, jamais je n’avais pu l’oublier…
Que Veugle était là, tout proche…
H2 : C’est pour cela que nous sommes partis ? C’était toi dans le
1895 train en partance pour le Franklinzin ?
A la place de la vidéo des regards la vidéo de métro est projetée sur les
écrans : lieux vides, déserts… lenteur.
H2 : Merci… ça ira.
PF sort.
1945
H2 : (H0/H00) C’est ce qu’on appelle « retour » ? C’est à toi que j’ai
acheté mon dernier rêve ? Une pierre tombale, au hasard d’un larcin
fleuri… Un cœur essoufflé… une telle présence qu’il ne s’en relève-
ra pas… Telle une pierre tombée… Tant de… Et il n’a rien dit… si
1950bien que la question n’existerait plus… Nous nous nous nous… nours
nous… nounou nous nours… nounours… Inutilité sans fond… Aux
portes du parc fermé.
PF2 rentre sur scène (mais toujours présente à l’écran), aveuglée par
un flash. H2 se met derrière elle comme elle l’avait fait au début de la
pièce, éclairage de H2 due dessus, douche ne l’éclairant que lui (re-
tournement de situation).
Note pour les prochaines répliques : quand H0 coupe PF, c’est comme
1980s’il avait laissé échapper un mot en respirant ce qu’elle allait lui dire.
H0 : …vide… On sait.
PF2 : J’ai…
H0 ...peur...
PF2 : Non...
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taire… amoureuse… seule… oubliée… perdue… belle… éton-
nante… joyeuse… sans nom… sans visage…
H0 : N’y retourne pas avec lui… c’est à la porte qu’il doit se co-
1995gner, gratter. On a failli le perdre la dernière fois… Ça faisait trop
d’y être pour lui… trop à saisir pour un être de Veugle.
2000PF2 : Je…
H0 prend de plus en plus prise sur elle et divise… Il ne lui laisse plus
l’expression pour arme : il la retourne contre elle. Le spectateur doit se
rendre compte qu’elle cherche ses mots et qu’elle est de plus en plus
mal à l’aise. (H0 est un peu comme H1)
2005H0 : Il n’y aura plus rien, même au-dehors… rien que toi, nue.
Voilà qui il est maintenant… de quoi oublier et se réinventer…
2020H0 Merci.
PF2 : N…
2035PF : Tu…
2065PF : Oui.
PF et H2 : Oui.
H2 : Oui.
PF : Tu sais…
PF : Mais…
2085PF : Tu…
2090PF : Nous…