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ME CONTACTER : 7 rue Anatole France 78110 Le Vésinet // Blog : http://demain-comme-jamais.-
5 blogspot.com/
…Mon Blog pour un échange avec les lecteurs. On y trouve : ma présentation du projet, des
commentaires… mes vidéos ainsi que les croquis des costumes…
PROLOGUE
H2 est aveugle mais à l’aise dans ces déplacements qu’il débute sur
10scène avant l’arrivée du public qu’il ignore. Le décor est sobre (atem-
porel, indéterminé). Une vidéo (image) est projetée derrière lui…
[Autre mémoire comme le sera le répondeur… Procédé utilisé par H1
pour communiquer : médiation] PF (pour petite fille) est derrière H2,
et, sans le toucher, semble le guider sans bruit.
H2 (méfiant) : Non !
H2 : J'ai vu juste ?
H2 : C’est doux…
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parlent…Tous alignés, imperturbablement présents. Et toi, tu... tu
m'observes... C'est ça ?
PF : Je t'observe…
PF : Tu trouve ça beau ?
H2 : Je…
H2 : Nous…
H2 : Non !
PF : C’est beau ?
H2 : Oui !
PF : Qu’y a-t-il ?
130H2 : Du calme…
PF : Où ?
H2 : Loin de tout !
PF : Tu aime ?
H2 : Oui…
H2 : Oui !
PF : Tout autour un cercle aux fées… des cendres ici… tout au-
tour de lui ?
PF et H2 : A destiner… A deviner…
190H2 : Tu vas attendre que tous mes repères prennent place… Que
toutes mes envies animent le silence ?
PF : Tu es fou !
255PF (en aidant H2 à s’allonger sur scène) : Du calme. Attend moi ici…
2 : Merci j’allais l’oublier. Comme que donc dit donc que je suis
absent ! (H2 se lève alors que les deux autres sont absorbés dans leur
lecture.)
2 : Mais…
1 : Il nous a vus ?
2 : Je pense que… Lui le voit alors il peut nous voir… C’est dans
l’ordre de ces choses ! On va nous entendre, calme toi à la fin !
280Lis !
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4 Rentrant au niveau de 1 et 2, il passe sa main devant leurs yeux
comme pour les endormir : On se sent mieux, là : ce ciel bleu, ces
soucis qui s’envolent, ce silence… Merci qui ? Dit en sortant :
295Merci la grande CoMédia !
3051 : Lui nous parle sans nous poser de questions… Il a encore re-
gardé l’heure et dans le tunnel !
1 : Il va sauter…
1 : Il a une bombe !
335H1 tourne autour de H2, l’ausculte puis donne une leçon au public Il
est à la fois excité et fier : L'Homme est assis devant moi, à-Veugle.
Il n'a ni lecture ni pensée avec lui. Bonne cachète, ingénieux si-
lences… Il n'a rien, et c'est bien triste de le voir surgir dans le si-
lence en cette fin de journée. Il n'est pas si jeune que ça. Il a pris
340sa tête dans ses mains. Il n'a plus que sa tête à porter vu qu'il n'a
rien amené ! Il y a le « Matin sup' » et le « CityParici » qui
viennent de sortir. Mais il n'a rien. On (avec les H0/H00 et depuis
les coulisses) se va toujours, portant la lecture sous le bras... pour
voir… je dirais... (Il sort un journal de sa poche) une guerre… une
345famine… quelques titres et mots pour instruire la journée. Par
exemple ce matin, (Les H0 sont au courant de ces informations et ac-
compagnent H1… Il dicte et écrit (selon si sur scène ou à l’écran) on
compte 56 arrestations, 2 interpellations, 3 délits non traités. Il y
a eut 19 inaugurations. On compte 68 points de naissance et
350donc, comme je vous l’expliquais tout à l’heure, chose toujours
inexpliquée : 1 décès. Quelques offres d'emploi, 53 abandons
dont 3 graves. 69 directives en cours d'abrogation... Il loupe
quelque chose ! Ses yeux sont tout mouillés ! Il ne pleut pas au
dehors. Tout est clair dehors.
355Un arrêt de métro : nom de gare, annonce (de H1). Extinction des lu-
mières puis retour très progressif jusqu’à l’aveuglement du public. PF
rentre et se met à son aise sans se soucier de H1.
H1 est sur scène et sur l’écran d’où les H0 peuvent le voir : Trois
hommes vont entrer. Ils vont s’assoir comme le font toutes per-
360sonnes qui vont pour êtres assises (les H00/H2 s’assoient). Ils
ouvrent leur journal page une, comme le font toutes personnes
qui ouvrent leur journal page une. Il est assis, lui aussi. On ouvre
son journal (ordre)… Merci. Tout va comme tout va, ils vont ! Ils
sont tous tombés sur la fameuse demande d'emplois qui va nour-
365rir l'espoir du soir. Ils ont tout le temps qu'ils veulent. Et quand la
lumière se fera… il aura sûrement disparu (H2). Tous sortent. L’é-
cran s’éteint et PF se met face à H2.
395H1 (voix off) : Il est parmi nous. Il s’est assis comme font toutes
les personnes en s’asseyant… Euh… Il respire… Il a les yeux ou-
verts… Comme nous… Mais il n’a de lecture ni d’idée. Il transite.
Si vous le rencontrez merci de nous le préserver. Excusez le pour
ce désagrément.
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Tous se tournent vers H2, assis, et, dès qu’il bouge, font mine de
ne pas l’avoir vu.
H1 (En parlant de H2 depuis l’écran) : Il... H1 marque une pause et on
entend le nom de la station : on sort/rentre. Il ne bouge pas. Il n'a
405pas de journal. Le « A nous Patous » vient de paraître ce matin.
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population aurait récemment pu répondre positivement à cette
480affirmation... (Pause, il appuie pour annoncer la nouvelle station. Des
H00 rentrent et certains sortent. Il fait 64°4 F en cabine et 30°C en
extérieur.
505PF rentre et dépose une dizaine de pelotes de laine à ses pieds (elle
les sort de sa poche : son costume²) et les H0/H00 se jettent dessus
comme des charognes affamées.
H2 : Alors, tu abandonnes tout : tes envies, tes rêves, tes
conquêtes ? Sans toi, je ne suis rien… Mais sans moi, il te reste
510des passés. Notre oncle, maman, papa, cette nuit d’étoiles,
Frankzin… nos voyages… toi… et qui sait tout ce que j’y ai lais-
sé ?
PF : Elles ne m’appartiennent plus (elle montre les pelotes pré-
sentes dans sa poche) Et puis vois comme ils sont affamés ! Ils
515n’en ont pas eu depuis longtemps… Seul toi, dernier de notre
longue lignée tournée vers ton espérance… Écoute, ils vont tout
brûler, tout ça… Tu seras seul, sans toi… perdu dans les rues…
Plus d’étoiles… Des murs sans barreaux ni fenêtres… plus d’é-
toiles… Laisse-toi aller sans tous ces murs qui t’entourent… la
520plus haute des tours… Le plus beau détour… Plus d’étoile.
Extinction des lumières le temps de la réplique de H2.
H2 : La fenêtre est fermée sur la maison. Une nuit et tout s’é-
vapore… des murs sans barreaux ni fenêtres…
PF2 : Carl, Léonie ? Tout, vraiment ? Ton nom ? Ma main sur ton
épaule ?... Tu ne te souviens plus où nous en sommes ?
615H2 : L’oncle va-t-il s’en sortir ? Hein ? S’il y a une chose dont je
me souviens c’est qu’il avait promis que nous retournerions au
chêne, avec lui… Ca te dit quelque chose le… le chêne ? A son
retour… il est…
625PF : (voix-off) C’est moi qui fais couler tes yeux… Tu n’es plus à
Veugle… Vois ce qui t’a toujours été refusé, tout ce que le soleil
t’a laissé de liberté… imaginé démaginé… oublier. La lumière va
en diminuant.
635H2 : Tu…
H2 : Il faut choisir. Alors qu’elle va pour le serrer dans ses bras : re-
tour immédiat d'une lumière très forte...
Les H0/H00 (rentrés sur scène dans le noir) reprennent leurs journaux,
645terrifiés, et lisent à voix haute les prévisions météorologiques : 60 °F
pour 35 °C, temps orageux, prévision de tempête ascendante par
nord nord est sud-ouest… Les conseils sont : rester calfeutré
chez soi… n’adresser la parole à personne, pas même à ses voi-
sins… Consolider ses portes à l’aide n’importe quoi. Cyclone et
650vent agité à très agité, à très très agité en quart nord nord sud-
PF : Ils…
H2 : Qui ?
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H2 : qui ne l’a pas vu rentrer (après un court silence) Tu me
manques.
HD : Seulement, elle s’en est allée. Vous êtes seul… avec moi bien
sûr.
745H2 (ne voit pas PF) : Je n’ai pas osé lui dire à quel point…
755PF : Toute cette poussière pour rien… pas une lettre sur cette
épaisseur de toile… Tendue comme à l’enfance. Tu te souviens ?
Silence
PF : Elle souffle comme sur une vitre pour y écrire un mot (sur la buée)
765Je suis là…
780PF : Tu…
H1 et HD ricanent à l'écran.
790PF : Ces restent de toi qui coulent… (Touche son visage, mime des
larmes) Elle, elle, elle (goute par goute)... ça fait mal ?
PF : Ils…
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s'éteint alors que l’on voit H1 reprendre une lecture et sortir de scène)
H2 prend un café, s’allume une cigarette qu’il écrase aussi tôt. Il s’as-
925soit, se relève de suite puis cherche quelque chose qu’il ne trouve pas.
Répondeur (l’annonce est cette fois une voix artificielle) : Vous n'a-
vez pas de nouveaux messages…
940H2 : J'ai pris un café trop noir... Elle est morte… elle est morte…
morte !
PF : L’oncle est mort… Veugle, Marcel, moi… nous.
H2 : Je ne peux plus…
PF : Tu ne peux pas… Non !
945H2 : Des prises qui s’éloignent à mon regard. (Il tente de s’agripper
à des H0 qui se retirent à son approche.)
Voix (PF) S’il te plaît… S’il te plaît… Dis-moi que tu vas le faire.
Dis-moi que tu ne vas pas tout laisser tomber… Continue, tu es
seul maintenant… Je ne t’empêcherai plus d’y retourner. Tu n’as
950pas répondu, enfin... Tu as surement tout fermé comme Lui l’a
demandé… Ce répondeur te laisse.
0H : Je la décolorai alors…
H2 : Non !
1080H2 : Je…
H2 : Je…
H2 : Du silence…
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menteur, va encore... mais la fanfare qui vient... j'espérais la
reconnaissance d'un pareil service. Cette réaction qu’ont les gens
m'étonne toujours. Voir à quel point ceux qui ont peur de moi
1105peuvent être si inconsidérément prêts à me tourner le dos alors
que nous nous-nous, nounours, nounous… nous-nous
connaissons, que je les connais si bien... Oublions ce que j'ai pu
dire. Tu devras souffrir pour être belle... Vois là ! (Il fait des allés
retour comme pour un défilé de mode… ensuite il retourne en
1110coulisses.
11350H : Non !
HD : Génialisimospectaculario !
2 : On en a trouvé un dehors !
2 et 1 : Eh bien, non !
3 (H2) : Nom/Non ?
1 : Il n’a pas honte l’ami ? (3, hésitant secoue la tête dans tous les
sens)
2 : Un miraculé !
12151 : Oui, regarde, ils ont bien dû le raser ! (il montre le costume de
H2 avec de courts bouts de laine colorés). Moi je ne me savais
même plus aimer quand je m’en suis sauvé !
PF : Moi aussi ! Je… porte tous ces pas dépassés… Tous ces
bouts de passés qui attendent… Je…
4 : Et nous ?
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culture intime, l’impalpable, la folie, le secret, l’unique, l’humani-
té de Veugle… Bientôt des plus-values…
1305PF : Attendez jusqu’à demain… pour lui… pour nous deux… qu’il
se souvienne de de(ux)main(s) tendu(es) vers lui !
H0 : Ils ne firent rien… ou plutôt ils brûlèrent tout… Que Lui, seul,
ne leur reproche rien.
2 : Où l’as-tu trouvé ?
2 : Des journaux ?
13502 : Bien ! Alors, nous vous laissons là… Vous êtes libre, après
tout !
1 : Tenez… (Il lui met un journal dans sa poche et récupère une pelote
dedans puis ils sortent –H0/H00 restent sur scène, toujours
silencieux-).
1375PF (voix off comme un souffle –elle est hors de la scène-) : Conviens
que tu t’es toujours appelé Marcel…
H00 (1, 2 et 5…) absorbés dans leur lecture : Votre nom, c’est Ko-
mindo Nabami !
1 (H00) : Nous savons quel furent nos erreurs… Tout est écrit,
nous avons gagné !
H0 : Si, la paix…
H00 : L’entente…
PF : Je… Marcel…
1465PF : L’oncle…
H2 : Laisse-moi !
PF : Il…
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H2 : … Il est grand le parc, immense, j’ai failli me perdre… Je
passe par-dessus les grilles maintenant… (Courte pause.) Avant…
1470Avant, elle poussait la porte. Il me parait si vide sans elle… Ca
présence à emplir mon monde : celui qui m’était réservé. Tant de
vide maintenant que j’y vois !
1480PF2 + H1 /H0 : Rien ne change plus, les rêves des enfants s’é-
vaporent et ils marcheront sans broncher sur nos pas sans explo-
rer les coins d’ombres, les taillis abandonnés des regards. Tout
restera dans l’ordre consenti. La nature cessera de croire, et
tout finira en cancer… dans un accord mélodieux lancé d’une
1485corniche… Il avait raison.
1510PF : Et Lui ?
Ils se regardent puis s’assoient face au public, sans bouger… (ils sont
face à un couché de soleil ou un beau paysage… attendris par le si-
lence, le calme : un autre lieux… Ils ne tiennent pas compte du public
1515et profitent juste d’un moment présent même si ailleurs).
Le décor d’intérieur est remis (par les H0/H00) très vite dans l’agitation
1525et le bruit (joué)… Saut inattendu dans le temps. H2 s’assoit sur le pre-
mier fauteuil venu puis attend… Long silence, ancrage, calme… Tout
se repose – coupure d’électricité, puis retour faiblard de la lumière
(lampe avec ampoule et à allumage lent).
H2, plus calme : J’ai cette vague idée que rien ne m’aurais retenu
1530 ici… une chambre minable, une vue sur rien, des en-vies… oui
des en-vies en bocaux… Comme boire, manger et boire et dormir
et reboire tant qu’il est encore soif ! Ne plus dormir avec tout ce
café dans le sang… Je m’dégoûte… Ce n’est même pas du café :
c’est du Kroumf (en regardant un pot de café sur sa table) ! Et j’ai de
1535 moins en moins envie… Je préfère mes conserves maintenant !
Me préserver de ce que seule la vie garde en réserve ! À quoi
cela peut-il me servir de rembobiner tout ça ? On ne peut pas re-
vivre son passé, alors que… tout est là ! Il hurle puis grimace, fait le
clown ou imite un lapin, une grenouille avant de se jeter dans un fau-
1540 teuil où, après un peu de calme, il s’endort… nécessite une bonne « im-
provisation ». Les H0/H00 le portent dans un autre fauteuil… et re-
mettent quelques bibelots en place et rajoutent des éléments choisis,
anachroniques, grotesques. La lumière diminue, la nuit tombe (la lu-
mière projetée sur l’écran s’éteint et ne se rallume pas)… puis la lu-
1545 mière revient doucement (avec le jour). Dans ce temps, on entend des
annonces radiophoniques invitant au calme et à l’arrêt d’émeutes. Les
15853 : Ils défoncent les portes, ils démurent… Puis ils bouclent tout :
nul lieu où se cacher, où ne pas être retrouvé.
1 : Au diable !
4 : Oui (ou cris de joie alors qu’il se sépare de ses pelotes de laine) !
Ils se battent (3 empêche 1. 4 ne comprend rien.)
16003 : Ils ne voient rien venir… Rien. Face à un grand brouillard qu’ils
n’osent traverser…
3 : Ils ne la regardent plus. Ils sont « pressés » Lui avait-il dit. Elle
est belle ce soir.
16051 : Elle doit se sentir bien mal aimée par tout ceux et celles qui
l’oublient cette « sphère ».
3 : Alors, c’est fini ? Les farces, les inepties, les choses de la vie,
les interdits, les nuits de fête et d’oubli passagère, les courses
après son ombre?… les folies de la vie qui la rendent…
16101 : Vivante !
3 : Ces histoires qui font vivre debout, ces savoirs et ces doutes
de toujours… ce silence…
3 : Ces mots qui lançaient les journées des hommes dans l’incon-
nu de leur temps.
16153 : Et si on dormait ?
1 : Bonne idée !
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1 : Des comme nous il n’y en aura plus beaucoup ! Les autres
ours auront trois oreilles au moins et des palmes au bout des
pates arrière !
3 : J’aime les ours ! Ils sont si doux dans leurs grottes à entendre
1625le temps passer, à dessiner sur les murs des histoires rêvées…
1 : Tu crois que les ours, ceux qui dorment… tu penses qu’ils sont
plus intelligents ou plus heureux ?
3 : Et sentir les poils qui leur poussent sur le dos… (Ils sont très
joueurs)
1 : Sur les oreilles… C’est là qu’ils sont le plus long à leur réveil ?
1650 HD (rentre par les coulisses) : Il se fait tard… Je me suis toujours de-
mandé ce qu’il y avait dans cette bâtisse…
H2 : C'est-à-dire que…
H2 : Quels médicaments ?
H2 : Je…
1670 H2 : Je ne suis plus à Veugle depuis que j’ai retrouvé cette « formi-
dable capacité qu’est la vision »… J’ai perdu tous mes souvenirs,
mes rêves… elle est partie, vous avez ce que vous vouliez, sortez
d’ici avant que je ne vous fende le crâne en deux !
HD : Vous n’y voyez pas plus clair… je ne parlais pas de mon vi-
1675 sage mais d’hier. C’est toujours aussi flou pour vous… Vous avez
tout oublié et même vos souvenirs intimes quand, à votre enfance
vous dessiniez le monde avec des crayons…
H2 : Je…
H2 : Sortez…
1685 H2 : Ils sont tous mes restes des passés… Prenez le reste je n’en
ai plus besoin… Mais vous le savez déjà. Partez maintenant.
HD retire les éléments du décor et le sort par les coulisses puis sort à
son tour.
Tout le monde, sauf H2, sort de scène. Une série de regards (yeux ou-
verts de face) sont projetés, sur deux écrans... cela répond directe-
ment à la suite de personnes venues annoncer leur folie… Elles
1705pleurent et sont souriantes (filmé au préalable).
H2 est dans une réflexion qui va peu à peu le submerger et dans la-
quelle il va rentrer et changer d’espace. Il peut, pour différencier les
degrés de présence, agir librement (en se préparant à manger ou en
nettoyant son appartement..) et perdre peu à peu la concentration sur
1710son activité et la donner plutôt à ce qu’il pense. Les questions qu’il se
pose trouvent alors une réponse… L’idée est donc qu’il se parle et
prenne peu à peu conscience de son état… PF peut être face à lui mais
il ne s’adresse pas à elle qui le regarde. La présence de HD est pos-
sible.
H2 (parlant de plus en plus fort il fait face et s’affirme) Quand elle m’a
regardé dans les yeux, elle a pleuré. Elle se voyait comme je l’a-
vais vue… unique force et réalité au monde… Ces pas de danse
1755 au parc… Elle comprit que non, jamais je n’avais pu l’oublier…
Que Veugle était là, tout proche…
H2 : C’est pour cela que nous sommes partis ? C’était toi dans le
train en partance pour le Franklinzin ?
A la place de la vidéo des regards la vidéo de métro est projetée sur les
écrans : lieux vides, déserts… lenteur.
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ÉPILOGUE
H2 : Nous ne formions plus qu’un. Elle connut les battements
1815 d’un cœur, le froid du vent sur sa peau, la conscience du poids
de ses os, de la tension de ses muscles… Une concentration…
une présence spontanée qui fait d’un acte une réalité qui se ré-
pond en conséquence…
PF2 rentre sur scène aveuglée par un flash. H2 se met derrière elle
comme elle l’avait fait au début de la pièce, éclairage de H2 due des-
sus, douche ne l’éclairant que lui (retournement de situation).
Note pour les prochaines répliques : quand H0 coupe PF, c’est comme
1830s’il avait laissé échapper un mot en respirant ce qu’elle allait lui dire.
H0 : …vide… On sait.
H0 : N’y retourne pas avec lui… c’est à la porte qu’il doit se co-
gner, gratter. On a failli le perdre la dernière fois… Ça faisait trop
d’y être pour lui… trop à saisir pour un être de Veugle.
PF2 : Je…
1860H0 Merci.
PF2 : N…
1865PF : Et tout son oubli lui donnerait une nouvelle liberté… vierge
mais à son image… sans même qu’il s’en souvienne.
1900PF : Oui.
PF et H2 : Oui.
H2 : Oui.
PF : Mais…
1920PF : Tu…
1925PF : Nous…