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PROLOGUE
« H2 » va et vient à travers des rangés de chaises identiques. Les yeux fermés, comme si
aveugle (si possible jusqu’à ce qu’indiqué), il tâtonne pour se déplacer ; au sol de la laine.
5 Quand le public est assis des « H0 » (groupe d’individus unis, identiques, ayant un sac où
ranger leurs journaux) rentrent et retirent les chaises. « H1 » (Grand CoMédiateur, dicta-
teur omniprésent) les presse de sortir et les suit. H2 s’étonne de ne plus trouver de
chaises, « PF » ("Petite Fille" est vêtue d’un large costume l’englobant toute entière dans
une poche pleine de pelotes de laine) rentre à la sortie des autres et se place derrière H2
10 au devant de la scène… elle ne le touche pas. (Voir les croquis des costumes sur le site / fin du
document. NB : Même décor/agencement qu’à la fin.)
H2 ne s’adressant pas au public justement installé : J’ai 8 ans, je vois encore devant
moi… Puis quelques docteurs ont affirmé que cela ne durerait pas alors, à 10
ans, me voilà parti pour le Franklinzin, petite bourgade où vivait seul un oncle…
15 un ami… quelqu’un de connu de mes parents… du moins je crois. J’ai pris le train
pour la première fois… Il est magnifique, merveilleux même… le plus beau de
tous les trains qui n’aient jamais existé… Souvenirs de gamin déjà nourris
d’imaginaire… d’inventions blotties, piochées au fond d’un sac. H1 et un H0 (nu-
méro "4") rentrent chacun de leur côté sur la scène… ils sont en fond et ne perturbent
20 en rien H2 et PF au premier plan (H2 continue de parler). H1 croise l’autre, ils vont cha-
cun là d’où s’en vient l’autre… De l’intérieur il me semble le sentir rugir comme
font les chats à la veille des neiges. On me bouscule pour monter. Les portes en
fracas, le brouhaha, les appelles... Elle s'éloigne avec les bruits déjà convertis au
silence ! Je restais là, assis sur une sorte de banquette… rembourrée de
25 mousse… aux extrémités froides, glacées même (découvre ce qui l’entoure par le
touché). Des H0 rentrés progressivement l’entourent sans bruit. Pas un bruit (ou si-
lence). Puis il me semble qu'il y eut un élan en avant, indécis. Je suis seul pour la
première fois de ma vie. Ma voix résonne… les autres s’éloignèrent avec les pas,
les bousculades. Le calme raisonne celui qui l’écoute. Les reflets des rails traver-
30 sent mon oreille… Les secousses incessantes du wagon, chaque cris du dehors,
chaque silence, chaque frisson, chaque parfum... H1 sort 4 des coulisses et le
pousse violemment. 4 est moins vêtu qu’à sa précédente apparition au contraire de H1…
Ils ne font pas de bruit, H2 est dans ses pensées. Les H0 rentrés avec H1 entourent H2
sans le toucher. Et pour moi tant de vitesse, d’indécision à capter, à garder là,
35 tout contre. S’y retrouver dans ce chaos : des films de westerns, et d’indiens,
des départs, des images. Le sol siffla pour la cent trente-quatrième fois, alour-
dissant mon corps sous le poids du temps et de l'ivresse fulgurante d’un pay-
sage... invention de mouvements verdoyants… le temps défile. (Courte pause où il
45 H2 (méfiant) : Non !
PF : Bien ! Si tu préfère discuter tout seul… (Fait mine de partir.) Et puis je ne suis
50 pas vraiment inconnue. (H2 ne fait signe et regarde ailleurs) Faites à votre guise…
H2 : C’est pour cela que nous partons… Nous partons ? Je ne sais même plus si
nous rentrons… ou si nous nous en allons.
60 PF : Je ne sais pas... Quelle heure penses-tu qu'il soit ? (Elle ferme les yeux pour
l’écouter.)
PF (détails habillant l’Oncle –cf. costumes–) : Tout à fait ! Il met son gros blouson
65 marron, serre ses chaussures… Il ajuste sa casquette en l’embrassant… Elle est
toute… des images qui lui restent de… ça… Elle a la peur qu’il…
PF : Et les fleures sur le papier peint. Pour une fois en avance pour…
H2 : En avance ? Les cours ! Maman j’y vais… mon sac… je suis en retard…
70 PF (place de la mère) : Calme toi ! Voilà, du calme, regardes-moi… ici… là… bien.
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H2 : Tu vas faire le voyage avec moi ? Il est long, tu sais mais… mais… L’oncle sera
content de te voir ! J’espère qu’on arrive bientôt.
PF : En tout cas je ne partirai pas sans toi… Et arrête : je ne suis pas ta mère !
H2 : Ils savent que tu es là ? Qui sont-ils pour que je sois là avec toi ? Qu’as-tu
75 fais ? Pourquoi ce voyage…
80 H2 : À cette époque-là, je lui disais "tu" (« tu » es dit avec PF). Elle était ma petite
sœur avant de faire partie de moi. Pause. Immobile le train ouvrit ses portes...
PF : Prends ça et, quand tu voudras te souvenir de moi, serres-la très fort contre
ton cœur. (H2 sort une pelote de laine de sa poche.)
H2 : C’est doux !
PF en s’éloignant : Il n’y a plus que toi ici (à l’écart elle se rapproche doucement de H2
alors que la lumière revient et que H2 cherche autour de lui). L’oncle n’est pas encore
là… Mais n’es pas magnifique ? Ça ne te rappelle rien ? On est déjà venu ici…
H2 : Je…
H2 : Nous…
PF : C’est beau ?
H2 : Oui !
PF : Qu’y a-t-il ?
H2 : Du calme…
110 PF : Où ?
H2 : Loin de tout !
PF : Tu aimes cet…
H2 : Oui…
PF : Et cette Primalodérodonna ?
115 H2 : Oui !
120 H2 est tout essoufflé et s’assoit puis se recroqueville en boule, il est dans le contact avec
lui-même, avec son corps… PF se rapproche de lui, elle le rassure puis elle place son dos
contre le sien (comme chacun d’un côté d’une porte fermée ils ne se touchent pas).
125 H2 regarde derrière lui, colle son oreille contre celle de PF : Il… Tu l’entends, il ronfle !
PF : Quand pourrons nous la franchir, entrer ? De ce côté tout est calme… Tu…
c’est vrai qu’il ronfle ! Tu es là ?
H2 : Il est assis dans son fauteuil en cuir rembourré. Il ne le quitte presque plus.
130 H2 : En fait il est fatigué ou peut-être… C’est qu’il n’en a plus besoin, plus envie.
PF : Tout autour un cercle aux fées… des cendres ici… tout autour de lui ?
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135 PF + (avec) H2 : À destiner… À deviner…
140 PF : Ils ont condamné portes et caveaux… pour eux il n’existe rien au-dedans…
Lui a décrété, ils ont entendu puis suivi la dance… Tout le monde s’est dés-
habité, dés-intimé, appelle ça comme tu veux ! Il n’y aurait plus de secret, ils sont
partis. On dirait des abris avec leurs fenêtres, leurs portes barricadées de
l’extérieur… pas du « vide ». -Cf. plus bas, ordre d’enfermement partie 4)-
H2 : Il devait être bon quand je l’ai connu… (Réfléchi un instant) on n’attend pas
l’inconnu avec cette envie tenace qui me tient ici, dans mon oubli, tâtonnant.
PF : Tu lâcheras ma main pour voir de tes propres ailes… Allé viens nous avons
bien assez attendu, rentrons !
PF en s’éloignant quand il l’appelle : Moi aussi… H2 la cherche. Elle tente de s’en éloi-
gner puis, après un long silence : Contente toi de cette Primalédoré… ça ira.
PF : C’est à toi de voir ! Je sais juste que tout commença ainsi, dans ce wagon.
PF : Aveugles, plus que jamais… Elle observe H2 absorbé, pensif… tu retomberas sur
terre ! Tu me semble si fou, dans ton monde…
H2 hésitant : Je sais…
H2 : Le soleil changeait aussi souvent de robe que les pierres changent de sou-
190 venirs. Un jour, alors que je dormais, elle est revenue. Elle n’était presque plus…
Comme morte ? Je ne veux pas leur ressembler ! C’est ça que j’ai dû lui dire. Eux
ils ont répondu : (avec les H0) Rendors toi si on ne te plait pas ! (L’écran s’éteint -H1
disparait-. H2 se couche. Les H0 lisent debout, peuvent sortir/rentrer sur scène, sans
bruit, identiques, imperturbables. 4 réaménage les chaises en une seule ligne/rangée
195 comme sur un quai, face aux railles.)
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PREMIÈRE PARTIE
L’écran s’allume, présence de H1 même si non présent, H2 se lève, apeuré et reste de-
bout tourné vers les coulisses... Dialogue entre les deux H0 : numéro "1" et "2". 4 s’est
200 assis à l’écart, absorbé dans sa lecture (absent).
— Cf. Ce passage sur le quai est vu différemment par H2 en PARTIE 5 où il en raconte un avant et un après : mise en situa-
tion, autre temporalité. Des lumières dans les mêmes tons sont bienvenues. —
2 : Merci j’allais l’oublier. Comme que donc, dit donc que je suis absent ! (L’écran
s’éteint.)
2 : Mais…
2 : Je pense que… Lui il le voit alors lui il peut nous voir… C’est dans l’ordre de ces
choses ! Arrête un peu : On (Lui) va nous entendre, calme-toi tu veux ?!
2 : Tu as raison, il est même très étrange vêtu ainsi ! Lis, on ne devrait pas s’en
occuper ! (Lis un titre) Les Plumés prennent leurs ailes ! Nouvelle entente, 85…
225 2 : Tu veux appeler la sécurité ? H1 apparait à l’écran. Le train, il arrive dans deux
minutes.
1 : Je suis bien mieux chez moi à regarder et écouter… J’aime pas sortir ! Lui nous
parle, on à un tour d’hori… Il a encore regardé l’heure et dans le tunnel !
1 : Il va sauter…
235 2 : Un suicide ? Les trains s’arrêtent avant ! T’imagines pas sinon : on n’arriverait
jamais à l’heure !
1 : Il a une bombe !
H2 parle en même temps que ce qui suit : Les chaises sont déplacées dans l’agitation par
les H0 puis d’autres (nommés uniquement « H00 » pour partager les H0 en 2 groupes),
240 venus des coulisses s’assoient, le calme revient quand H1 rentre sur scène. Ils se mettent
à lire leurs journaux… (Extinction des lumières le temps que le public soit calme, attentif :
variable). H1 va et vient.
Voix off (H2) : Même sous la torture je parlerai… Qu’on comprenne ce qui s’est
passé ! C’est ce que j’aurais dû faire dès mes premiers pas ici bas… crier.
245 H1 parle à H2 qui est pensif : Ceux qui sont debout se sont rassis (H0, assis, se relè-
vent puis se rassoient…) Et tout ce bruit a déjà agité quelques branches sur les
cimes, lointaines comme elles sont ! De temps d'aujourd'hui on n'a pas vu d'en-
tendre ça. Il y a eu certains rêveurs, des clowns en pate, des analphabètes, des
étourdis, étouffés, neutralisés par le Média (Futur « HD » qui peut être interprété par
250 un H00) : essoufflés… (Il éclate de rire puis tourne autour de H2, l’ausculte puis donne
une leçon au public. Il est à la fois excité et fier.) L'Homme est assis devant moi,
aveugle. Il n'a ni lecture ni pensée avec lui. Bonne cachète, ingénieux silences… Il
n'a rien, et c'est bien triste de le voir surgir dans le silence en cette fin de jour-
née. Il n'est pas si jeune que ça. Il a pris sa tête entre ses mains. Il n'a plus que sa
255 tête à porter vu qu'il n'a rien apporté ! Il y a le « Liberta » et le « CityParici » qui
viennent de paraître ! Il n'a rien de tout cela. —Cf. PARTIE 5 H1 parle des rêveurs disparus puis,
dans ce qui suit de données précises connues de H0—
(Dit avec les H0/H00 et depuis les coulisses et/ou sur scène) On se va toujours, portant
la lecture sous le bras... (Feuillette un journal) pour voir… je dirais... une guerre…
260 une famine… quelques titres et mots pour instruire la journée. Par exemple ce
matin, (Les H0 sont au courant de ces informations. H2 dicte et écrit selon qu’il est sur
scène ou à l’écran) on compte 56 arrestations, 2 interpellations, 3 délits non trai-
tés. Il y a eut 19 inaugurations. On compte 68 points de naissance et donc,
comme je vous l’expliquais tout à l’heure, chose toujours inexpliquée : 1 décès.
265 Quelques offres d’avenir, 53 abandons dont 3 graves. 69 directives en cours
d'abrogation... Il loupe quelque chose ! Ses yeux sont tout mouillés ! Il ne pleut
pas au dehors. Tout est clair dehors. (Un arrêt en station : nom du lieu, de la gare,
annoncé par H1. PF rentre, se met à son aise, sans se soucier de H1 sur scène et à l’écran.
H0/H00 rentrent et sortent.) Trois hommes vont entrer. Ils vont s’assoir comme le
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270 font les gens qui vont pour être assises (les H00/H2 s’assoient). Ils ouvrent yeux
page une comme le font tous les gens qui ouvrent un journal page une. Il est as-
sis, lui aussi. On ouvre son journal ! Merci. Tout va comme tout va, ils vont ! Ils
sont tous tombés sur la fameuse demande d'emplois qui va nourrir l'espoir du
soir. Ils ont tout le temps qu'ils veulent… Nous le trouverons. H1 sort.
275
H0/H00/PF : Peut-être aura-t-il disparu ? (L’écran s’éteint PF se met face à H2,
H0/H00 sortent pour rentrer avec des habits qu’ils font essayer à PF imperturbable.)
H1 (voix off) les H0/H00 rentrent PF sort : Il est parmi nous. Il s’est assis comme font
toutes les personnes en s’asseyant… Euh… Il respire… Il a les yeux ouverts…
Comme nous… Mais il n’a de lecture ni d’idée. Il transite. Il est d’ailleurs, vêtu
300 d’ailleurs, pensant d’ailleurs. Si vous le rencontrez merci de nous le préserver.
Excusez le pour ce désagrément. Tous se tournent vers H2, assith, et, dès qu’il bouge,
font mine de ne pas l’avoir vu. (H1 reprend en parlant de H2 depuis l’écran) : Il... (H1
marque une pause et annonce le nom d’une gare imaginaire : des H0 sortent/rentrent
transitent.) Il ne bouge pas. Il n'a pas de journal. Le « CoMédian : Un œil sur le
305 monde ! » en kiosque ce matin… Ils sont seuls. H1 annonce le terminus : tout le
monde sort sauf H2 et un H0 -dans le rôle de « Machin » cf. partie suivante-.
H2 : J’ai peur de m’être mal fait comprendre… Elle est partie… partie… Il y a
quoi deux, trois, cinq jours ? Je ne sais plus… Je me disais que comme on ne se
connait pas vous auriez peut-être une idée ? Vous me semblez serviable !
H2 : Les gens n’ont pas d’idée c’est pour ça que… D’abord qui êtes vous ?
H2 : Vous êtes nombreuses en ce moment ? J’aime bien vous voir : la grande fa-
mille… C’est bien à vous que j’ai demandé mon chemin là, au coin ? Si, là juste en
320 bas… vous partez en voyage ? Si c’est le cas hors de question que je te retarde !
H2 : Et vous avez pensé à faire autre chose. Je me sens si seul… J’ai envie de…
H2 : Non… j’y ai pensé aussi mais il y a tant de choses à voir dans le monde ! Je…
330 Machin (le coupant) : Je ne pense pas, j’obéis : commandez et vous aurez ce que
vous voulez ! Un sourire vermeil sur une glace à la vanille, des…
H2 : Bon conseil ! Mon vieux mais vous avez raison ! Du plaisir, des parfums !
Machin : Veuillez renifler votre carte. Bon appétit ne rend pas la journée-
monnaie-bonne-faire-à-point. (En sortant) Et, entre nous, ils te disent mort... pour
ce que ça change !
H2 alors que PF rentre : Laisse-moi un peu parmi eux. J’ai le droit de voir…
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340 PF : Comme tu veux mais ne tarde pas trop alors, c’est plus prudent…
H2 : Laisse-moi ! J’en ai assez, va-t-en ! Ils m’observent, eux ils ne partent pas !
PF sort. Depuis les coulisses, ou dans le public H0 annoncent à la criée des titres de jour-
naux dont « CityParici », « Liberta »… puis ils rentrent sur scène, vont et viennent.
H2 est au milieu d’eux, assis, et défaisant la pelote que lui avait donnée PF en à la sortie
345 du train dit : Je ne sais pas ce qui m'arrive... Je me suis réveillé et je ne me rap-
pelle de… de si peu de choses en fait. Si seulement je pouvais être sûr d’avoir
oublié quelque chose... Ah si... quand même, Je me souviens que c'était bien.
Elle m’a laissé… ça… je l’aime (il sert la pelote contre lui, les H0 se calment, se mettent
à son niveau).
350 Des passages où deux textes se mélangent (entre H0 et H00), doivent être pensés ainsi :
un groupe vient compléter l’autre, le déformer, lui et son propos… Les souvenirs ouverts
vont disparaître et s’unifier en empêchant toute réinterprétation (H1 y veille).
H1 par l’écran (avec les H0/H00) : Les nouvelles donnes ont fait de la banque Nam-
bruss une banque du présent d’avenir : 60% de la population aurait récemment
365 pu répondre positivement à cette affirmation... (Pause, il appuie pour annoncer la
nouvelle station : on se lève, sort, rentre.) Il fait 64°4F en cabine et 30°C en extérieur.
H2 à mi-voix comme s’il oubliait : Je me suis levé et j'ai... j'ai... H1 coupe H2,
l’empêche d’avancer, de finir sa phrase, de penser.
370 H1 : Un homme se serait évadé cette nuit de sa chambre. Il est comme vous. Si
vous le trouvez, merci de me le signaler au plus vite. Il serait assis et habillé. Il n’a
pas de journal avec lui et voyage seul. Les H0/H00 s’observent discrètement, craintifs.
L’écran (présence de H1) s’éteint : agitation des H0/H00. H1 rentre sur scène, discret.
H0 et H00 + H1 ce qui les divise, les énerve, ils parlent vite : Le vent crépite dans
375 l’instant. Il n'y a personne dehors. Le parfum humide d'un été qui rappelle sa fin.
Le silence lancine et tout se vide. Marcel rentre et Lui l'entend / l’attend. Le noir
cri du ciel ; il pleut ! Et il n'y a rien... absolument rien. Le vent siffle et joue,
s’esclaffe dans ce sommeil outragé. C'est tout. Il est entré et par l'interphone
chuchota : Silence, rien ici : que le son d'un acte qui oublie déjà sa fin. Les
380 H0/H00/H1 sortent.
PF rentre et dépose une dizaine de pelotes de laine à ses pieds (elle les sort de sa poche :
385 son costume) et les H0/H00 se jettent dessus comme affamés.
PF : Ecoute, ils vont tout brûler, tout ça… Et je les regarde s’agiter, comme tu le
400 fais quand tu discutes avec la machine à frites. Ça me change, tout change… Il y a
juste que ça ne me ressemble pas de m’en préoccuper. H0/H00 laissent H2 airer.
H2 : Mais c’est ça… tout ça, toute cette agitation, ces débiles chroniques qui se
bousculent. (Silence) Toi aussi alors tu n’en peux plus ? Que nous est-il arrivé ?
C’est passé si vite et mal, ça reste coincé là, dans la grrra… la gorge.
405 PF : Oui, tel un retour de vacances. Le temps ne s’est pas arrêté, regardes-les !
H0/H00 s’adressent à H2 : Vous vous êtes peut-être trompé de canaris. Vous au-
riez dû dire que c'était le plus beau jour de votre vie jusque là. Vous oubliez tou-
jours l'essentiel et mes biscuits ! (Ils lui tendent des « MédiaCaments » qu’il ne
410 prend pas.) Vous pourriez raconter, continuer... préciser... sans tout dévoiler...
mais dites-le maintenant... Ce temps qui vous connaît n’attend pas.
H2/PF : Et je n'ai rien dis à cette merveille/de cette réalité qui me... (Réflexion, ils
se regardent, court silence.) Que demain/hier n’existe plus.
H00/H0 +H1 (la Co-Média, grande éloquence que les H0/H00 suivent affolés) : Bienve-
415 nue parmi nous… Un oubli magnifique, des absences formidables ! La Grande
CoMédia vous salut, splendides portes fermées, belles craintes, belles cages,
heureuses fausses et cachots ! Nous allons murer tout ça… Et puis pourquoi ne
pas choisir la couleur tant que vous y êtes ? Laissez-nous/vous faire !
H0/H00 +H1 : Un rire dans le silence, un sourire, un œil qui me cherche, des
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larmes/lames… je m’écoule… léger, au sol vert. Mon cœur sur l’herbe… un œil
qui me cherche, mon cœur qui me traverse, un rire qui m’éveil. Je suis tout pré-
425 sent… Le souffle cour, je regarde… j’échappe, j’ai le cœur qui bat, la tête ici. Un
silence puis un son, un mot, un œil qui me cherche, un sourire… J’ai peur ! Ils
sortent.
H2 : Peut-être que ton seul combat est de vivre… Je ne veux pas paraitre condes-
430 cendant, ni te juger : vie à ton idée, soit comme bon te semble… avec tout ce
bordel qu’ils veulent brûler ! Si ce que tu dis est vrai je te suis ! (Long silence. H2 et
PF s’assoient à distance, ils se font dos…) Je ne te comprends pas toujours, le monde
est comme ça, autre, terriblement différent, parfois déstabilisant… (PF vient le
couper : elle le sert dans ses bras, dos au public.) Reste, que je ne sois pas rentré sans
435 raison…
450
H0/H00 (discrets) Il a pris un café trop noir... Bisou, mon gros nous nous nous-
455 nounours. PF revient sur scène, apporte un verre d’eau et des MédiaCalements. Elle
s’est changée : elle ne garde de son costume que la robe rouge qu’elle avait apparente
sous son costume (autre perception de PF : « PF2 »). Elle fait des pelotes de couleur et
tire le fil de la pelote de H2 restée dans sa poche. Elle s’assoit devant lui avant son réveil.
Un H0 embrasse H2 sur la joue, ce qui le réveille en sursaut.
460 H2 ouvre ses yeux fermés jusque là : Il s’est passé que… c’était beau…
H2 qui n’est plus aveugle : Aurais-je veillé ? Il ya là-bas un soleil qui ne veut de mal
à personne…
PF2 avec H2 : Mais il n’y a rien dans la demeure… reste tranquille ! Tu me ra-
conte toujours tes rêves au réveil… Avec le temps que tu passe à dormir c’est
une seconde vie ! Et puis d’abord comment es-tu rentré ? Tu sais bien : c’est
fermé ! (Elle va vérifier dans les coulisses si les portes sont verrouillées.) Ça va…
470 H2 : Je… tu y étais toi aussi. Allé, je sais que c’était toi ! J’ai fixé le soleil dans tes
yeux et puis plus rien, du rouge, de la lumière puis… je suis là, à l’inter…
PF2 : Ma main sur ton épaule ? Tu ne te souviens plus où nous en sommes ? Allons bon !
Arrête tes MédiaCalements si ça te met dans ces états !
H2 : Tu crois qu’ils vont nous trouver. Ils se rappellent de nous ? PF remet son cos-
tume sur scène (fait parti du décor/dans une armoire). L’oncle va-t-il s’en sortir ?
Hein ? S’il y a une chose dont je me souviens c’est qu’il avait promis que nous
retournerions au chêne, avec lui… Ça te dit quelque chose le… le chêne ? À son
480 retour… Et oh, y a quelqu’un ? Tu le cache où dis ? Il est…
PF : Il est au front, à la porte de la Grande Co-Média. Il n’a jamais été aussi seul…
à se sentir battre le cœur. Quand t’as disparu il s’est engagé pour savoir. Avec
ton départ et les nouvelles du dehors qui son filtrées on… Mais tu… Tu pleur ?
H2 : De l'eau, restée longtemps dans mes yeux a décidé de voir dehors, ailleurs,
485 en espérant... peut-être que c'est cela...
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PF : C’est moi qui fais couler tes yeux… Tu n’es plus à Veugle… vois ce qui t’a tou-
jours été refusé, tout ce que le soleil t’a laissé de liberté… imaginer les choses à
ton image (elle prend les mains de H2 et les pose sur son visage)… oublier, te dégui-
ser… tu es de retour. La lumière va en diminuant.
490 H2 : Ça n’a pas changé alors ? J’imaginais tout cela en plus grand !
PF : Si, lui il a changé… ce regard et celui là, et l’autre ou celui-ci ! (Parlant des ob-
jets l’environnant.) Ils t’observent, tous, tournés vers toi. Tout le monde te dévi-
sage, tu le sens qui te respire et eux qui se répondent en ta présence…
H2 : Il faut choisir. Alors qu’elle va pour le serrer dans ses bras : retour immédiat d'une
lumière très forte... Ils restent serrés l’un contre l’autre, les H0/H00 investissent l’espace.
H1 affolé depuis l’écran -cf. Partie 1- (avec les H0/H00) : Trois nouveaux complexes et
500 deux découvertes sont présentés nouvellement en page 8 et 12, dans leurs ru-
briques respectives. On note également une nette amélioration des censeurs et
des CoMédiateurs, des spectateurs… (H0/H00 reprennent leurs journaux, terrifiés, et
lisent à voix haute les prévisions météorologiques H1 les accompagne) 60 °F pour 35 °C,
temps orageux, prévision de tempête ascendante par nord-nord-est-sud-ouest…
505 Les conseils sont : rester calfeutré chez soi… n’adresser la parole à personne, pas
même à ses voisins… Consolider portes et fenêtres à l’aide n’importe quoi (H1
sort. Les H0/H00 poursuivent) Cyclone : vent agité à très agité, à très très agité en
quart nord-nord-sud-sud. Il est également conseillé de dormir jusqu’à nouvel
ordre ! (H2 sert la pelote, lumière moins forte, tous se rapprochent de lui.)
510 H0 et H00 : Je dois retourner au chêne déterrer les trésors que j’ai caché… Me rappeler
du goût de l’oubli, de la patience de l’absence et retrouver le plaisir de parler des
langues mortes… (Ils sortent sauf 4 absorbé dans sa lecture.)
PF : J’oublie parfois… (La lumière revient doucement jusqu’à la fin de sa réplique. Ils
reprennent leur conversation). Quand je dors, je laisse toutes mes craintes, délivrée
515 au-delà des rives… eaux des rives, sans barrages... À Veugle, libre.
H2 : Je ne sais pas ce qui m’attend, j’ai tout laissé quand ils m’ont trouvé mais je vais de
l’avant. Je ne sais plus ce qui m’a poussé dans ce train, au départ… et toi tu as…
4 : Aux dernières nouvelles un complexe hôtelier serait implanté dans les bas-
fonds de la ville. Toute rébellion s’est dissipée…
H2 : Qui ? Qui sont-ils à la fin… ils vont, ils viennent, ils vivent dans un monde de
papier… Ils sont désillusionnés, ils ont peur de la magie : dis moi !
PF : Reste ici le patron m’attend… Ils iront brûler ces terres à Veugle, éclairer
cages et puits secrets ! Dénicher savoirs et entourloupes, tout voir… pour voir…
530 pouvoir. Je n’en ai pas pour longtemps, juste… reste ici, je reviens.
PF sort en même temps que rentre HD vêtu d’une cape réversible blanche et noir.
H2 ferme les yeux et ne l’a pas vu entrer : Tu me manques. – Cf. H2 sans PF avec Machin / 0H
partie 4 ou encore sa méfiance envers PF dans le PROLOGUE –.
H2 : Non !
HD : Vous n’avez pas à vous en faire… Elle va vous laisser la retrouver votre
mémoire elle je ne sais… Vous l’attendez depuis longtemps ?
HD : Ah ! Et elle s’en est allée, je vois ! Vous êtes seul… avec moi bien sûr.
545 H2 : Je… Je ne suis même pas sûr de la reconnaître. Elle vous a dis quelque
chose ?
HD : Elle est partie il y a longtemps ? Une clope ? Non, vous ne fumez pas,
c’est juste ! Moi l’amour ça me fait fumer ! Attendez un instant. (Il met en
place les quelques éléments de décor qu’il apporte dans une mâle. Il a un calepin, il
550 note sans arrêt.) -Cf. PARTIE 4 H1 changeant le décor d’un H0 (4)-.
HD : Cette chaise je viens de l’amener… elle est née avant votre arrivée
bien sûr !
H2 : Avant c’était moi qui… Elle ne serait pas entrée sans ma permission…
555 en général je l’oubliais ! Tout cela était plus… cachotier, prudent, secret,
compliqué… H0/H00 rentrent.
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HD : Vous savez j’y ai veillé ! Bon bien heu… Prenez donc du StriconBarfiolé
6500… Quelque chose comme 2… non 3 Stripoliozéthamines de Milon en
Mthase 34 sans A33 à 100 dosettes par paquet, venez me voir quand vous
560 n’en aurez plus… C’est dans la poche ! Ah et aussi une injection de Crio-
donnée… (Épelle Criodonnée) en 9 millilitres. Ça ira ou je vous le note ? Ça
ira ! La vie sera plus… douce !
HD/H0 et H00 : Il est déjà 8 heures… Ça vous dirait, un thé ? Ah non… C’est
juste, vous ne buvez pas de thé ? Tais-toi ! Une glace, alors ? Ah non, vous
565 n’aimez pas les glaces ! Voulez-vous voulez vous asseoir ? Non, c’est juste,
vous vous sentez mieux debout… dehors ! Vous allez bien ? Vous avez
faim ? Assez ! Es que ça vous fait mal on dirait ! (H2 prend des MédiaCa-
ments.) Extinction progressive de la lumière le temps de la prochaine réplique. HD
sera sorti.
570
H0/H00/[avec H2] : Il est entré, et de mémoire on ne s'en souvenait pas. [On a es-
sayé de se souvenir] si on s'était souvenu... [Mais le temps qu'on] se souvienne,
nous, nous, nous, nous avions oublié. Oublié la réponse, la question qui devait
suivre. Puis nous-nous sommes réveillés. Et Lui aussi… Et, dans ce jardin, nous
575 avons oublié les biscuits... Ou plutôt nous n'étions pas invités. [Marcel est arrivé
de l'autre côté, heureux, merveilleux dans son costume, fidèle à lui-même, tran-
quille...] à l’heure du thé. Et il n'a rien dit, plongés dans cet éclat de soleil. Depuis,
nous, nous nous, nous, nous, nous, nous ne savons plus. Et il a préféré tout ou-
blier : ce qui resterait. La grande bâtisse…
580 PF (rentre et les coupe) : Un avenir écrit il y a longtemps déjà, ne vous moquez pas
de lui ! Sortez ! (Les H0/H00 obéissent.)
H2 (ne voit pas PF, ailleurs) : Je n’ai pas osé lui dire à quel point…
H2 : Tout ça m’a donné faim… être entouré ça creuse… Madame la chaise, si vous
585 voulez bien vous assoir… (La sert dans ses bras. Puis va se préparer un sandwich.) Je
crève la dalle, j’ai faim, manger (comique, il ne se contrôle pas, comme terrestre, ani-
mal) ! — Cf. 0H tentant H2 (P4) ou H1 donnant à manger aux H0 (P5) —.
PF (lui tourne autour mais il continue d’agir sans y être perceptif, elle ne le touche pas) :
Tu te souviens hein ? De cet air de piano ? J’en frisonne en… J’étais comblée ! Tu
590 m’as manqué. Quand j’ai su qu’ils t’avaient retrouvé… Je regardais si tu n’avais
pas écris un mot. J’ai laissé toute la poussière sur les meubles, les murs… les
portes ouvertes… en grand.
H2 : Et bien oui, y-avait bien du monde ici ! Peut-être est-il temps de faire un poil
de rangement, de me donner un visage amical, me sentir ici chez moi.
595 PF : Toute cette poussière pour rien… pas une lettre sur cette épaisseur de toile
tendue comme à l’enfance. Tu te souviens ? Silence, il s’assoit.
PF souffle sur une vitre pour y écrire un mot (sur la buée) : Je suis là… Arrête donc de
600 te moquer de moi, viens me serrer dans tes bras, allé !
HD rentre énervé avec les H0 et H00 : Alors eux... vous les entendez ! (Il rallume
l'écran à l'arrière... sur lequel apparaît H1) Bisou mon gros nounours ! Et tâche d'être
un peu seul ! Je reviens (il sort, PF s’approche de H2).
605 PF : Coucou…
PF : Ces restes de toi qui coulent… (Touche son visage, mime des larmes) Elle, elle,
610 elle (goute par goute)... ça fait mal ? Ils t’ont fait mal ?
H2 : Une table !
620 PF : Tu es bientôt un homme dis moi ! Tu devrais voir dehors… Ils se lèvent pour
répéter ce qu’ils ont répété la veille… et c’est ainsi un beau refrain. Ils ont trouvé
leur rythme, leurs pas, leurs costumes… Tu m’y vois, hein ?
H2 : Ils ne peuvent pas rentrer… Ce n’est pas ici que se joue leurs vies. Pour moi
ce n’est que…
625 = H2/PF/H0 et H00 qui sortent après leur réplique et rentrent pour la répéter. =
…
Sur...
Saut...
Suspend.
630 Des gens...
Me veulent...
Pressant le pas.
Que tout avance...
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Poum, Poum, Poum !
635 Du meilleur au pire ?
Est-il mieux d'attendre...
Que ma tête s'en remette...
Et que tout reprenne place...
Pour réfléchir ce qui me vient...
640 Voir ce qui a ma rive n'advient ?
Passeur des passés, des sources.
S'asseoir et se voir en reflet...
Soi, ici, à la barre posé, fort.
Attente... attendrissante...
645 Attendre... Attendre...
Attentes... tendues...
Ou sourire ou périr ?
Ou sourire de souffrir ?
Un sas avant des passés…
650 D'être d'autre rive en visage ?
Présage du naufragé... s'aborder ?
D'autres rides au passage... y aller ?
Partir ou s'abandonner aux siens, seul.
De construire comme pré vu... survivre...
655 Dé construire, courir et mourir... se sentir libre...
Ou oublier au masculin et sans « e »... l'oubliée ?
Des rives en visage où se nicher et écrire dans l’âge...
Inspirer avant d'exprimer... Exprimer sans respirer ?
Comme une pause en suspension sur de l'abysse qui prend.
660 Poudrière poussiéreuse... oublieuse des oubliettes à mèche.
Sur un lit de mots qu'on prend pour des cailloux... des grains...
Du temps pausé, allongé, sur la grève, la peau salée, toute sablée.
Ces montagnes, belles majestés, face à l'inconnue des horizons nés...
Ces grains au sol aux vents et terres azurées tenaient face, un silence.
665 Et les plus grands réduits au nombre de leur taille... passés, passif, ici.
Du temps à naître... à n'être plus rien, une masse, sans couleur...
Une autre rive... une rivale qui s'éclate de rire au rocher.
Qui s'entend vivre dans une vague ivresse tangue...
Comme les gens mélangés d'êtres... houle.
670 Poum, Poum, Poum, Poum !
Ce on qui n'est rien...
Ces mélanges...
Ces sons...
Cessons.
675 Ce con.
Qu'on.
Ce on.
Con.
On.
680 = PF et H2 s’allongent pour s’endormir =
L’Oncle vêtu d’une chemise de nuit encombrante, d’une casquette verte et d’un sac
(croquis) s’adresse aux H0/H00 : Allez, dégagez, y a personne qui écoute vos conne-
ries (les H0/H00 se couchent pour dormir). Il a besoin de temps avec elle, avec lui-
même, elle avec lui. Vous comprenez ? Il n’a pas besoin d’intermédiaire, vous
685 vous prenez pour qui, des Médiateurs ? Entre lui et quoi ? Ils vont s’en sortir,
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QUATRIÈME PARTIE
H1 (depuis l’écran mais entre également sur scène en criant) : Silence ! Silence ! Si-
695 lence ! Les groupes terroristes ont, cet après-midi, tenté de renverser l’Etat ins-
tauré par… par moi et votre coopération dévouée. La nouvelle est grande : Le
Médiateur a résolu cette discontinuité protubérante afin de vous assurer le
calme qui nous est requis pour le bon déroulement des alinéas communicatifs de
l’ordre et du silence. Merci pour votre concentration. Votre dévoué CoMédia-
700 teur… Entre vous et les mondes : Recto-Verso ! (H1 sort en même temps que les
H0/H00… Seul 4 reste sur scène absorbé par autre chose, assis dans un fauteuil.)
H2 : J’ai fondu en larmes… recoloré ce reste de moi, ce reste d’un mois d’été… un
passé si lointain. Un trésor nourri à l’ombre d’un chêne trop bavard. Je suis reve-
705 nu à ma chambre, et j'y ai dormi il me semble. (H2 s’assoit recroquevillé dans le fond
de la scène, il s’endort. Les lumières s’éteignent complètement ainsi que l'écran.)
–Cf. PARTIE 1 quand H1 cherche H2 et qu’avec PF il se « nettoie le visage ». Ce qui suit : PF aidant H2 à voir / HD / 0H–
4 : Que me voulez-vous ?
H1 : Je me suis dis pourquoi ne pas passer voir mon ami ? Je sais ça fait long-
715 temps. J’aurais pu téléphoner, j’avais envie de te voir ! Pourquoi téléphoner ? Je
suis content de te trouver, t’en a changé de coupe, de quartier, de… magnifique
décoration !
4 : Je suis… c’est que je viens d’emménager, ce n’est pas à moi tout ça...
H1 : Content de me voir ?
720 4 : Oui c’est ça je suis vraiment content ! Mais pourquoi venir me voir moi… J’ai…
H0 et H00 s’activent d’avantage, 4 est au devant de la scène avec H1, il ne les voit pas.
H1 lit dans un livre ou une feuille et complète la phrase de 4 : … bien la céramique, les
réfrigérateurs chromés, les chasses d’eaux organisées, les cartouches d’encre
indélébiles, les pichets de biles heureuses, les conservatoires de muses déshabil-
730 lées, les missives, les lampes de chevés, les honoraires achevés, les constitutions
4 : Je…
4 : Vous…
4 : Vous… Il me semble… Vous n’auriez pas répété les paracétamols ? Cela m’est
proscrit…
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H1 : Ordonné dès aujourd’hui par l’ordonnance que voici (HD lui tend) ! Vous
voyez qu’on se connaît bien. Au fait, bel intérieur, high-tech ! (Les H0/H00 ont
770 changé le décor.)
775 4 : À bientôt alors ! Il regarde derrière s’il n’a rien oublié (comme sur le départ).
H1 et 4 sortent chacun de leur côté ; H1 rentre discrètement. HD ausculte H2 qu’il va
chercher au fond de la pièce sans le réveiller puis sort.
L’oncle rentré du même côté que H1 et s’adresse plutôt à PF que H2 (Ils dorment tou-
jours) : Mais… vraiment hideuse cette déco ! Tu sais ce qui me fait le plus rire ? Je
veux dire en dehors de tes pitreries instables ! Non, tu ne vois pas ? Mais si al-
lons, tu ne vois plus que ça… ce silence lancinant à qui tu cause… Tu t’ennui, je
790 sais que tu t’ennui. Je suis moi-même resté un moment à airer ici, à trifouiller les
interrupteurs pour créer une gamme de clics parfaitement chromatiques : la cui-
sine, le salon, le deuxième du salon à côté du buffet, les chiottes, la lampe de
chevet, celle de la table basse, l’entrée… Je passe de temps en temps voir ce que
tu trafique, comment tes journées se remplissent, comment tu te charge du
795 temps. Et s’il n’était pas là ? Hein, que ferais tu ? Tu sais très bien ce qu’il y a de-
hors… même les yeux fermés ! Tu es comme eux, je sais que ça te dégoûte. At-
tend je le répète : tu es comme eux ! Tu remplis le temps qui se contient entre le
point A et B… entre hier et demain alors que l’un s’éloigne l’autre approche. Tu
gesticule, tu t’agasse, tu rêve, tu invente, tu es amoureuse, tu espère, tu hais…
800 Bref tu fais ton super marché. Ils te dégoutent parce qu’ils n’ont plus de… oh tu
ne veux pas que je te le dise ? Allons, tu es une grande fille, intelligente et belle à
ce qu’on dit, je suppose que ça doit être vrai en quelques sortes. Ils veulent ou-
blier leurs bévues et toi tu propose de belles vues… Oui tu t’ennui à en crever
d’ennui ! Puis peu à peu… Oh non je ne veux pas te dire ce qu’il en est vous êtes
805 si mignon ensemble ! Bon alors à bientôt ma belle : Gros bisous, ton oncle (il
sort)…
H2 se réveille, garde les yeux fermés, prend un café, s’allume une cigarette qu’il écrase
aussi tôt. Il s’assoit, se relève de suite puis cherche quelque chose qu’il ne trouve pas. Il
trébuche sur un H0 immobile.
810 H2 : Il n'y avait personne à l'intérieur. Alors, j'ai écouté le répondeur à bande.
H2 : Original, je me suis dit. (Il va prendre des MédiaCaments, H0 et H00 sortent.) Aucune
nouvelle du dehors… des cimes, des hommes et leurs hauts de forme de la…
815 Voix (PF2) : Nabami... Nabami ? Décroche, s'il te plaît ! Il faut qu'on se revoie pour
en parler... au parc Heligs. Prends soin de toi. Bisou, mon gros nounour... rap-
pelle-moi... — Cf. C’est ainsi que 4 le nomme en PARTIE 5 (0H en parlait plus haut). H2 parle du parc en PARTIE 5—
H2 (trébuche sur un H0 après que les autres se soient éloignés) : Des prises qui
s’éloignent à mon regard : quel souque ici ! Après s’être assis, au calme : T’es bien
825 pommé ça c’est sûr ! H2 débute un dialogue avec lui-même : « 0H » (monologue).
0H : On n'est jamais mieux servi par soi que par soi-même ! Tu as du doute en
toi ?… Rappelles-toi !
830 H2 : En fait tu me connais déjà : je n’en sais plus grand-chose, tout est là, au
creux de ma main (sort la pelote de sa poche), encore assez pour être… J’ai tout
laissé pour venir te voir, tout ! Et toi tu te contente de me dire que le problème
est d’être parti à Veugle. Quel ingrat tu fais !
0H, détaché, peu accueillant, désagréable : Le « problème » est plutôt que tu te sou-
835 viennes, de moi… Lui ne va pas apprécier ! Tu imagine vraiment avoir dormi pour
échapper à une « voix » ? Ce café ne t'a pas arrêté... Je regarde ? (Il se penche
dans une direction, vers les coulisses côté cour) Non ! Crois-moi, c’est fort inutile... La
Grande CoMédia a dressé ses drapeaux, et plus personne ne le conteste. Tous,
excepté toi, parti à Veugle, seul et trop tôt, à temps... tu veux juste rentrer chez
840 toi ! Tu n’as plus besoin d’elle. Elle n’est qu’un mensonge qui laissera place à ta
liberté ! La vraie : celle de voir cette béate cruauté, ce condensé de CoMédiens
en tutus !
845 H2 : Pour quoi être venu ici ? Je ne sais même plus d’où je viens… Vous… vous ?
24 >> vincent.bonnefille@gmail.com
H2 : Non, je lui rendrai… C’est que je n’ai confiance qu’en elle pour garder, re-
850 garder ce qui me suit, ce que je suis… J’ai besoin d’elle face à la cruauté que vous
rendez au monde ! (Ferme les yeux un court instant.)
0H : Mais il est ainsi fait, plus nu que dur, poignant ! Cette chaise (se frappe viole-
ment contre une chaise), ce visage… À Veugle tu as vu le monde ainsi, à tâtons…
Ouvre les tes petits yeux, (les H0 portent à manger) mange toi cette belle plâtrée et
855 remplis toi la panse, serre moi tout contre toi ! Ça colle, ça pue, c’est comme ça !
(H2 ne voulant pas manger les H0/H00 rentrent tous sur scènes et se ruent, s’empiffrent.)
— Cf. H2 affamé (P3), H1 donnant à manger aux H0/H00 (P4) pour les persuader —.
0H : Vraiment ? Tous ces échecs ? Toutes ces mascarades qui t’étripent ? Rend la
moi et tu seras ce qu’il en est… ce que tu as quitté pour elle !
H2 : Sans ces masques, je ne suis rien ! Alors laisse moi je n’ai plus envie de te
865 voir ! Je ne veux plus de ces réalités futiles, de ces matins où l'on m'appelle Mar-
cel, de ces nuits où j'ai tellement hâte de me réveiller que je ne dors plus...
0H : Allez !
870 H2 : Non !
0H : Je la décolorer…
H2 : Non !
0H : Ah vraiment…
Les H0/H00 rajoutent des meubles au décor jusqu’à rendre la scène inexploitable, comme
875 un grenier où tout s’entasse, beaucoup de laine.
H0/H00 : Cette fois, je ne pense pas que tu puisses oublier. Qu’est-ce qu’oublier
sinon renaître ailleurs, sans soi pour se porter, pour se déporter, se reprocher,
se rapprocher, se reprocher ?
0H : Non… je, je… je… Je n’ai rien oublié : tout est là, ça t’étonne !
H0/H00 (ensemble ainsi que H2) : Puis à vivre, à courir, à s’élancer au jardin…
libre, au soleil… sans nous, sous le soleil et un ciel… tout simplement : les pieds
H2 : Lui, que t’a-t-il dit sur moi, sur elle, ces pays qui lui sont inconnus ?
0H : Ils me nomment Marcel… C’est à elle à qui tu nous dois ce nom ridicule (il est
très énervé) ! Ce que tu veux dépoussiérer sans peur, ça, tu n’y connais rien ! Alors
écoute bien : je ne vais pas te laisser entrer si facilement… Personne ne vient
890 plus voir ce qu’il a laissé derrière lui ! Voir le soleil en face te brûlerait moins les
ailes que tout ce que nous allons, ensemble, ouvrir… Tout ce que tu as abandon-
né pour Veugle est là. —Cf. sur le prénom : PF sur le répondeur puis par 1 découvrant H2 (P4), puis 4 (P5) —
H2 : Tout, vraiment ? (0H à une mimique/cigarette fumée que lui seul utilise.)
0H/H2 (avec un H0 ou H2…) : T’as raison… Bon me regarde pas comme ça ! Oui
j’aurais pu ranger j’ai tellement de temps à perdre ! Tout est là, sans différence…
Une lumière à la barque, un son d’automne à la cannelle, la douceur d’une
nappe amidonnée… Les tartes dorées au four sur une crème pleine d’amour (se
900 mime en train d’en manger les yeux fermés)…
0H (le coupant) : On ne peut retourner dans son avenir… Il vaut mieux oublier. Ce
ne sont que choses dépassées ! On m’appelle Marcel ici, comment elle t’appelait
déjà ? Je ne me souviens plus, ça m’allait bien.
H2 : Continuez, ne vous arrêtez pas, j’en veux encore ! S’il vous plait !
905 0H (agacé) : Moi, je suis spécialisé dans le passé… Pas de rêves qu’elle appelle
« révélations créatrices » ou « élévations »… Mais dans les antiquités de pous-
sière, les parchemins de mensonges, les passes-passes et les clefs rouillées, les
sortilèges, les sorties de secours… Enfin, tous ces trucs-là ! Alors, ne venez pas
me salir le plancher ! Il y en à assez de ce monopole high-tech. Je suis un artisan :
910 vous pensez qu’on peut survivre, nous, face à la montée du marché de l’autre
continent ?… Ah ! C’est qu’il faut se rendre compte, mônsieur, que bientôt il n’y
aura plus le choix si on se laisse marcher sur les pieds !
915 0H : Mais nan, vous pensez que l’avenir se fera sans nous ? Vous y croyez, vous, à
tout ça ? Lui me fait bien rire ! Il faut choisir ses rêves… Moi, je ne fais pas dans le
raccommodage ! Là-dessus, je te l’accorde, elle a raison ! C’est soit blanc soit
rouge ! Tout ce qui est resté depuis la chute de la tour jusqu’à l’essor de la
Grande CoMédia… Tout est là, sous vide, pré-usagé, arrivé par mes secrets…
920 Libre à toi de tout défaire ou de t’en défaire ! J’y jetterai bien un petit coup d’œil,
ce n’est pas la curiosité qui manque !
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H2 : Tu la veux… je n’en ais plus besoin, toi si ! Remballe tout ça… je me suis rele-
vé ailleurs, dans des bras plus calmes, une peau plus libre… je vais m’y essayer.
0H : Vous n’en reviendrez pas… Offres réduites pour les moins de 6 mois et les
925 synesthètes. D’ailleurs, si vous en connaissez… ils se font plutôt rare, et j’ai tou-
jours adoré me lier à eux… ce tissage… visage qu’ils mettent au monde. Ma carte
de visite, au cas où ! (Il lui tend –à H2– une carte qu’il fait tomber à ses pieds et qu’il
ramasse.) Demande-lui, à elle, si tu veux rentrer. Elle pourra peut-être t’aider ? !
Tu veux rentrer maintenant que nous t’avons sorti dans ce beau jardin ?
H2 : Du silence…
935 H2 : Deux grandes portes ont fait face… Deux imposantes gardiennes de mys-
tères. Oui, du mystère et cette voix pour se subvenir à ses mémoires : passeuse.
0H déstabilisé : Toutes les… Très belle décoration... Toutes les demandes sont
d'abord... Joli mobilier... Tu vas devoir sentir...
0H se met une claque, s’allume une cigarette : Quel ingrat ! Je peux vous tutoyer ?
940 Moi qui t'ai tant volé, pillé, menti, violé, saccagé, estampillé... te laissant partir,
hop là ! J'espérais la reconnaissance d'un pareil service. Cette réaction qu’ont les
gens m'étonne toujours. Voir à quel point ceux qui ont peur de moi peuvent être
si inconsidérément prêts à me tourner le dos alors que nous nous nous, nou-
nours, nous nous nous-nous connaissons, que je les connais si bien...
945 H2 : Vous ne tiendrez plus longtemps : vous n’avez même plus de prénom !
0H : C'est là tout mon pouvoir de n’en avoir aucun. Et puis on passe mieux les
frontières quand on peut se charger de babioles au retour. C’est Carl qui le di-
sait… je sais que tu t’en souviens… le cher Papa, le géant des foires. « Tu te trim-
balles avec un ouvre-boîte et quelques coupe-ongles et tu restes planté deux
950 jours au poste à expliquer tes relations avec ton épicier la veille du
jour de la Pâque... Non, toi, si tu veux ».
H2 : Vous avez les poches pleines… Vous tenez trop à vous, votre poussière vous
ressemble… vous n’avez plus prise sur moi ! (Il se met une claque et poursuit) Un
coin à l’ombre, à Veugle… Tant de portes fermées ! Une courgette cleptomane,
955 une paire de chaussons paumée, des phares à brouillard…
H2 : Les portes sont ouvertes, je n’ai plus de raison d’entrer. Reprenez tout ce
fatras, ces chaises et autres demoiselles, je n’en ai pas besoin… tu es là.
H2 (H0/H00 rajoutent des détails visuels à ses souvenirs… —Cf. PROLOGUE— On peut imagi-
ner quelque chose complètement fou, des marionnettes, de la musique, la fête…) : Puis je
me suis réveillé à 21 ans. Je me souviens de ce jour où avec papa nous nous
sommes rendus à la grande fête du village. Il y avait tant de monde pour notre si
970 petite ville. Pour la première fois de ma vie je découvrais les pavés de nos rues
invisibles, piétinés par tant d'inconnus. Mon papa m'a emmené manger ces
nuages roses qui collent aux doigts. J'en ai mis dans ces oreilles toutes poilues
parce que je fais trop de bruit. Puis nous avons continué tout droit sur l'allée
principale bordée d’arbres taillés en pièce. Et je ne sais plus très bien... Il m'a re-
975 posé au sol. Je me suis agrippé à sa jambe comme il aime que je fasse. Je savais
qu'il était heureux de m’avoir à son côté. A midi le soleil s'est placé au dessus de
nos têtes. Mon papa me fait de l'ombre avec sa main. Les gens le regardent.
Mon papa aime bien qu'on le regarde, il dit. Mais ces yeux étaient tout bazar. Je
ne sais pas trop ce que c'était, mais mon papa il avait l'air ailleurs comme ça... si-
980 lencieux, des gens, des bousculades, des cris… puis le calme, comme quand on se
lève le matin et qu'on pensait être parti de la chambre. Et, pour finir, il a plu un
temps, de très très très grosses grosses gouttes sont tombées sur mon nez et j'ai
éternué... c'était froid et la barbe à papa a toute fondue.
H0/H00 tous +H1 (rentré) : Qu’est-ce qu’oublier sinon renaître ailleurs ? Sans soi pour se
985 déporter, pour se supporter, se détacher, se dépasser ? Puis à courir au jardin… Au de-
hors dehors… tout simplement : les pieds dans l’herbe, les yeux dans ce vert, dans les
cieux, à s’écouter… à s’essouffler… à Rêver… à réveiller ce qui tiens, ici, dans le creux de
sa main. Les cris usés d’un fou foulé par un pied lumineux. Les H0/H00 sortent.
H2, avec H1 qui l’observe : Puis je me suis réveillé à 18 ans cette fois. Avec ce re-
990 gard nouveau… porté sur Veugle et ses remparts. Je n'ai pas oublié qu'il était plus
grand que moi, c'était un géant... Et c'est ainsi qu'il m'abandonna pour faire les
foires, attirer le passant. La cage était là… et les gens le regardaient : fières d’une
liberté acquise. Mon père était heureux et ils étaient certains qu’il réfléchissait
leur arrogance… Mon père aimait me raconter cette histoire. Il disait qu’en être à
995 regarder avait fait de lui un gardien. Un père comme lui ça n’existe pas (H1 sort) !
Il est tout dans son monde, prêchant la parole folle, annonçant qu'il sauvera ceux
et celles qui y croient, là, depuis sa cage aux barreaux sciés. H2 sort et rentre aussi
tôt en marchant à reculons montré du doigt par 1 et 2 (qui rentrent).
2 : On en a trouvé un dehors !
1000
1 : Encore un ? Où donc ? (Ambigüité sur leur rôle… Sont-ils là pour le soutenir ?)
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2 : Hors zones pardi ! (Ils sont tout excités.)
2 et 1 : Eh bien, non !
1005 1 : Ton nom ? — Cf. la question du prénom (P4) par PF sur le répondeur puis par 0H deux fois, par 4 (P5) —.
1 : Il n’a pas honte notre ami ? (3, hésitant secoue la tête dans tous les sens)
2 : Un miraculé !
1 : Oui, regarde, ils ont bien dû le raser ! (il montre le costume de H2 avec de courts
1015 bouts de laine colorés). Moi je ne me savais même plus aimer quand je m’en suis
sauvé ! En tout cas « Triton » et moi même sommes ravis de t’avoir rencontré !
1020 H2 (réfléchit puis, face à son oubli décide d’inventer quelque chose) : Douze !
1 et 2 vont pour serrer/retenir H2 dans leurs bras mais PF prend sa place et H2 se relève.
H1 rentre avec les H0/H00 restant : Un seul mot aujourd’hui : Ceux qui sont debout se
sont rassis. Et tout ce bruit a déjà agité quelques branches sur les cimes. De temps d'au-
jourd'hui on n'a pas vu d'entendre ça. Il y a eu certains rêveurs, des clowns en pate, des
analphabètes, des étourdis, étouffés, neutralisés par le Médiateur : essoufflés… Il n'a ni
1045 lecture ni pensée avec lui. Il se penche encore sur cette page de top, ce supplément… Il
est le premier ici, en cette matinée. Il y a le « Liberta » et le « CityParici » sont sortis (il
sort et eux restent). —Cf. PARTIE 1 H1 a déjà eu ces propos—.
H1 et HD depuis l’écran alors que 4 lit leur message : « Nous voulons faire lumière
sur nos divergences passées. »
2 : Adieu les utopies… Nous allons de l’avant : nos rêves se réalisent à présent !
4 : Plus besoin de penser tout bas ce qu’on aimerait ne pas avoir à crier… Le
monde nous attend, sortons le serrer dans nos bras !
1065 1 regarde H2 : Vous voulez y aller… les rejoindre ? Sortir et réclamer une parution
du présent ? C’est ça qu’ils offrent, non ? Ils offrent leur liberté et ses règles que
Lui seul conteste pour son confort du dimanche ! Et si c’était un piège ?
4 : C’est prévu dans ce dit contrat ! (Indique le passage concerné dans les journaux.)
30 >> vincent.bonnefille@gmail.com
PF : Moi aussi ! Pour demain…
4 : Alors, pourquoi se cacher ici, fuir ? (Il distribue les tractes.) Pourquoi espérer
1075 sans cesse ce qui là, à notre portée ? Pourquoi attendre d’être enfin heureux ?
PF : Ne lisez pas… Leurs places… Vous allez prendre leurs places dans leurs mas-
carades… Et Lui ou lui (montre l’écran, H1, et H2)… Vous devez choisir l’un des
deux ! Il a besoin de nous… de ces passés qu’il porte… Ces temps des passés qui
l’emportent… de moments qu’il apporte… Pour naître de nouveau.
PF : Il m’aime ! Il vous aime… et bientôt il n’aura plus honte de ces choses qu’il
déterrera pour nous nourrir, nous rendre nos regards.
PF : On ne doit pas le laisser disparaitre ! C’est tout ce qu’il reste de… (Les autres
1085 sortent et elle va pour les retenir sans finir sa phrase)… Attendez ! Allez parler avec
eux, qu’ils aient de quoi discuter et s’animer… Il n’y a chez vous que la culture
intime, l’impalpable, la folie, le secret, l’unique, l’humanité de Veugle… Bientôt
des plus-values…
PF : Attendez jusqu’à demain… pour lui… pour nous deux… qu’il se souvienne de
de(ux) main(s) tendu(es) vers lui ! Après je vous le laisse.
Tous s’assoient, Ils commencent à lire, PF est débout, elle observe H2 qui se lève.
1095 — Cf. Même aménagement qu’au début de la première partie—
Derrière H2 et PF H1 vient lancer de la nourriture aux H0/H00… Ils sont affamés, se battent. — Cf.
H2 s’abandonnant à la nourriture (P3) et quittant PF… 0H invitant H2 à manger (P4)… —.
H2 se souvient – cf. PARTIE 1, sur le quai –: Il y a deux choses que j’ai vues la nuit de mon re-
tour. L’une m’a déplu… J’étais perdu. En même temps une irascible envie de com-
1100 prendre le monde, de retrouver mes repères, d’être chez moi, pieds à terre, re-
trouvant des racines me pris. Ce qui m’a plut par la suite fut de sentir mon corps,
de lui donner sa forme, de me rendre lourd, de me retrouver. J’ai pris une grande
respiration car toute fois c’était une première que de sentir mon cœur battre et
mes mains rugueuses, mes doigts anguleux, mes épaules larges accueillant le
1105 souffle d’un être affolé, seul, comme parachuté en Terra Incognita... Je me rappel-
lerai toujours de cette machine à frite si polie, si courtoise avec moi, du regard des
gens, des autres, de cette grouille, de cette valse précipitée… Puis du silence après
la tempête dans ces couloirs vidés, nus dans une résonnance sourde. Une horloge
1120 PF avec H2 : L'homme tomba, par hasard, sur ce bout qu'il cherchait pour se re-
faire. Il alla à la rue réclamer son dû mais nul parmi la foule ne l'écouta… Il n’y avait
personne. Juste une masse affolée par de pareils secrets divulgués. Un reflet de ce
qui lui était apparu depuis Veugle… On le prit pour un fou qui oubliait de se taire.
Ils le laissèrent là, inconscient, dépouillé.
1125 Les H0/H00 : À vous entendre nous ne vous aurions pas écouté ? Pour quoi
l’écouter ? Laisse le finir tu veux !
H2 avec les H0/H00 : Ils prirent les paroles et les choses que Lui ne veut plus croire
et les offrirent à un fou dans une foire… un fou que l'on prendrait pour un fou, à
notre tour.
1130 PF : Un géant, un étrange personnage qui faisait peur aux femmes, aux enfants
comme aux hommes… tous égaux.
1140 H1 depuis l’écran ainsi que des H0/H00, ouvrent leurs journaux, se redressent.
—Cf. PARTIE 1 : Les H0/H00/H1 se répètent… et cela sera répété « Tout est revenu »…—
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1150 tut. Aujourd’hui il fait beau. Il ne pleut pas. Aujourd’hui les gens sont de bonne
humeur. La banque Nambrus célèbre ses 35 ans et ses 98 pour cent d’adhérant
globaux. Aujourd’hui tout le monde arrivera à l’heure : ni suicide ni embouteil-
lages : tout marche comme sur des roulettes ! Il loupe quelque chose ! Ses yeux
sont tout mouillés ! Il ne pleut pas au dehors. Tout est clair dehors. Il annonce une
1155 station et sort.
H2 : C’est comme si ces mots résonnaient encore et toujours dans ma tête pour
1160 la première fois. Comme si…
PF (voix off comme un souffle. Sur scène elle est derrière H2 et semble le guider sans le
toucher) : Tu t’appelle Marcel…
H2 : (…) Comme s’ils ne m’appartenaient pas vraiment… Comme s’ils étaient d’un
autre passé là, devant moi. H1 apparaît sur scène et aide H2 à sortir en le tenant par
1165 l’épaule !
PF ne s’interposant pas : Je m’appel Marcel ! Elle se rend compte qu’elle est seule et
s’allume une cigarette qu’elle éteint aussi tôt, laisse passer un peu de temps.
1170 4 et H00 lisant, absorbés : Votre nom, c’est Komindo Nabami ! — Cf. PARTIE 4 —
H2 : Oh vous… (Il se met à l’écart.) Pauvres mecs ! (Long silence… 1/2/4 lisent). Abruti,
sagouin, strombonistes cradin ! Alcarvans ! (*…+ Il s’emporte, PF essaye de le retenir.)
1175
1 : Nous savons quel furent nos erreurs… Tout est écrit ici, conscience indélébile !
H2 : Mais lâchez moi ces… (PF passe derrière eux et met des pelotes colorées dans
1195 leurs poches.) Ça c’est de l’amour !
PF vient fermer les yeux de H2 avec ses mains et chuchote… : Imaginez l’illisible… Con-
naissez l’occulté… Écoutez les cris de derrière les portes des châteaux forts…
1 et 2 sortent en courant et 1 fait tomber son journal. PF garde fermés les yeux de H2 et
1200 l’aide à s’assoir face au public sur l’avant de la scène… PF retire ses mains et H2 a les
yeux fermés. Ils s’endorment, elle a une main posée sur ses yeux.
Oncle (qui rentre après quelques silences) : J’ai bien réfléchis… et comme au-
jourd’hui est un autre jour je suis venu m’excuser, tu sais, pour l’autre fois…
d’avoir claqué la porte je ne voulais pas te faire de peine. D’ailleurs je n’ai pas
1205 claqué la porte… je suis parti, c’est tout, comme si… non rien ne comptait, ni hier
ni demain. Ni toi ni elle… rien ! C’est drôle de parler de ça, tu n’en cause jamais
avec lui… Du point A. Enfin il t’en parle mais je suis sûr que… Tu ne lui a jamais
demandé de le faire, quel mauvais garçon ! « Sois sûr d’une chose mon petit : tu
es une ordure au milieu des autres » moi je m’en rappelle de ce point A de non
1210 retour, de premier départ : « Tu découvriras l’amour puis la mort ». (Prenant le
journal que 1 a fait tomber.) C’est toute cette crasse qu’ils abandonnent pour se
concentrer sur le propre présent… pas leur propre présent, le propre présent
calibré pour se défiler paisiblement, se défier au temps. « Control is control »,
« Past is under control », auquel j’ajoute « No Futur » ce qui garantis de ne pas
1215 se prendre la tête dessus si on y pense bien car on y pense, de ce fait, plus du
tout ! Un genre de rempart, un intermédiaire, un filtre… Ah on a tant de choses à
rattraper. Gesticule, amuse toi, écoute ce qui t’entoure, ce que tu es… Tu me
souviendras à temps, on se regardera en face. Bon, allez : Gros bisous, ton oncle
qui vous aime (Il sort).
1220 H0/H00 (parlent ensemble) accompagnés de H1 (rentrés) : Tout est revenu au point
de départ. Tout est en place pour démarrer une nouvelle journée ponctuée de
nouvelles croustillantes, de découvertes surprenantes. Je suis sûr qu’en fin les ga-
veurs d’oies à Prague ont retrouvé satisfaction et que plus encore la principauté
des Plumés s’empare de son présent statut. Aujourd’hui il fait beau. Il ne pleut
1225 pas. Aujourd’hui les gens sont de bonne humeur. La banque Nambrus célèbre ses
35 ans et ses 98 pour cent d’adhérant globaux. Aujourd’hui tout le monde arrivera
à l’heure : ni suicide ni embouteillages : tout marche comme sur des roulettes !
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SIXIÈME PARTIE [[[ Je pense supprimer cette partie, UN AVIS ? ]]]
1230 PF change de costume sur scène.
H2 : À mon avis vous devriez sortir d’avantage : vous avez raison il ne faut pas se
forcer. Quoi de neuf sinon ? Je vois que vous n’avez rien changé aux habitudes de
la maison… elle est toujours claustrophobe ? On lui en a fait voir des décora-
teurs, des poseurs de fenêtres… Mon dieu quelle affaire ! Nous laissions les
1240 portes grandes ouvertes pour l’aérer et ne rien changer à sa poussière, ne pas la
perturber vous voyez ? Ainsi elle se sent comme chez elle ! Les voisins ont eu du
mal à l’admettre mais si vous voulez mon avis on est bien mieux ici ! Leur mai-
son, là, à côté, elle… elle a tout d’une nymphomane, et avec tout le PVC qu’ils
ont rajouté on dirait… une junkie ! Enfin cela ne me regarde pas vraiment, j’ai
1245 passé l’âge d’écouter les portes ! En tout cas c’est un plaisir de faire votre con-
naissance ! Comme ma femme et moi on laisse les portes grandes ouvertes, c’est
aussi pour le retour de l’oncle, et bien il y a des visites, des fois des ratons la-
veurs… Vous n’avez rien du raton laveur, ces petites bêtes saccagent tout ! Nos
voisins nous on dit :
1250 PF2 (avec H2) « il serait plus simple de fermer portes et fenêtres… Vous ne
croyez pas ? »
H2 : Vous n’y pensez pas ! Je leur ai offert un café, ils l’ont refusé !
PF2 : Toujours pas de café, alors… comme tu veux. As-tu quelque chose à me
raconter de ta journée ?
1255 H2 : Tien pourquoi ne pas aller au Parc Heligs il est à deux pas d’ici… si on passe
en courant les voisins ne nous verrons même pas ! — Cf. PF en parle (P4) —.
PF2 : Tu y es retourné n’est-ce pas ? (H2 hoche de la tête, gêné comme le serait un
enfant face à un inconnu…) Vous ne devriez pas prendre ces choses-là ! Les… les
MédiaCaments… Ça va vous couper du monde !
PF : L’oncle…
PF : Il…
H2 : Il est grand le parc, immense, j’ai failli m’y perdre… Je passe par-dessus les
grilles maintenant. (Courte pause.) Avant… avant elle poussait la porte. Il me pa-
rait si vide sans elle… Ça présence à emplir mon monde : celui qui m’était réser-
1270 vé. Tant de vide maintenant…
H2 : J’y ai enterré ton cœur… je crois que c’était le tien ! Ils étaient hauts et pro-
1275 tecteurs. Là je n’y ai rien vu de tel !
PF : Rien ne change plus, les rêves des enfants s’évaporent et… Non c’est faut, ils
ont les leurs. Ils les gardent et souvent ils ne savent pas que ce sont des rêves.
Pourquoi cela les étonnent plus de voir leur héros tomber en pleures que
d’étriper des aliènes en plastique ? Ça ne colle pas, tout doit coller à leur imagi-
1280 naire, à un imaginaire de réalité ! C’est comique au fond !
PF : Les histoires n’auront plus l’envie de se cacher sous les lits… Les hommes
bleus déserteront nos villes pour s’enterrer avec leurs trésors… Ils se sont déjà
1285 sauvés, c’est mon avis ! Nous avons vécu toute notre vie ensemble. Nous nous…
nous, nous… L’oncle est peut-être en vie alors. Il va franchir le palier, il va…
H2 : Arrête avec ça. Il est trop tard… Le rideau est tombé… La Grande CoMédia
est seul public à ses représentations…
PF : Depuis le début je cherche à t’emmener avec moi. Que j’ai pu être… Arrête
1290 de raconter toutes ces histoires ! Tu y crois toi à ce délire.
H2 : Tout finira… Tout sera fini… Tout est fini. Nous arrivons au point de départ.
1295 H2 : Je voulais juste me souvenir que je les avais enterrés… Tu comprends ? Ils
appartiennent à un autre temps ! Aujourd’hui…
PF : L’oncle…
PF : Il s’est battu toute sa vie sans jamais prendre le repos et l’attente en ami.
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1300 H2 : Il devait être bon… Je me rappelle de sa casquette…
H2 : Je… je l’ai décidé, seul. Elle me manque elle aussi. C’est la seule chose de lui
que je pourrais reconnaitre maintenant que je ne suis plus à Veugle. C’est pour
elle que je suis parti… Le retrouver, aller de l’avant. (H2 rend la pelote à PF, elle
1305 sort.) Merci. (Il s’assoit à l’écart.)
H0/H00 accompagnés de H1 (rentrés) : Tout est revenu au point de départ. Tout est
en place pour démarrer une nouvelle journée ponctuée de nouvelles croustil-
lantes, de découvertes surprenantes. Je suis sûr qu’en fin les gaveurs d’oies à
Prague ont retrouvés satisfaction et que plus encore la principauté des Plumés
1310 s’empare de son présent statut. Aujourd’hui il fait beau. Il ne pleut pas. Au-
jourd’hui les gens sont de bonne humeur. La banque Nambrus célèbre ses 35 ans
et ses 98 pour cent d’adhérant globaux. Aujourd’hui tout le monde arrivera à
l’heure : ni suicide ni embouteillages : tout marche comme sur des roulettes !
1315
HD est accompagné par de plus en plus de monde (H0/H00 sortent, rentrent…) : Hier,
1330 nous vous promettions le changement… Aujourd’hui, je vous promets de ne plus
faire les erreurs passées ! Hier est dépassé… Les craintes de le revivre ont fait de
nous des hommes angoissés et fatigués de tout ce bagage affligeant… De tous
ces souvenirs macabres, qui, toujours plus vieux soient-ils, nous sont reprochés
comme aux premiers jours… Je vous promets la différence permanente… Un ou-
1335 bli des mots d’échec pour des horizons accueillants : une vie réussie ! (Ils se pla-
cent au fond de la scène et créent une chaîne, répètent les mêmes mouvements.)
2 : En somme, ils avaient bien raison là-haut… Une nouvelle ère commence ! Une
ère de miracles prônés par des miraculés qui s’en prennent aux dieux.
1340 3 : Odieux… T’as bien raison… On ne peut pas rester les bras croisés à les en-
tendre, à les voir, maintenant si heureux face au drame qu’ils bâtissent.
2 : Ils défoncent les portes, ils démurent… Que tout soit transparent. Détruire ces
espaces de liberté, nos cachètes !
1350 2 : Et celui qui les fait rêver (Lui) portera ce manteau d’histoires tissées entre les
hommes… Chaque matin les mêmes nouvelles oubliées dans la nuit.
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5 : Tant de bonheur !
3 : Au diable !
5 : Enfin (cris de joie alors qu’il se sépare de ses pelotes de laine) ! (1 et 2 empêchent 3
1355 de se battre avec 5 qui ne comprend rien.)
3 : Ils ne la regardent plus. Ils sont « pressés ». Elle est belle ce soir, la lune.
1360 2 : Elle doit se sentir mal aimée par tout eux qui l’oublient… cette « sphère ».
3 : Alors, c’est fini ? Les farces, les inepties, les choses de la vie, les interdits, les
nuits de fête et d’oubli passagère, les courses après son ombre?… les folies de la
vie qui la rendent…
1 : Vivante !
1365 3 : Ces histoires qui font vivre debout, ces savoirs et ces doutes de toujours… ce
silence…
2 : Ces mots qui lançaient les journées des hommes dans l’inconnu présent.
1 : On devrait y aller, rejoindre Veugle, il est encore temps ! Prend tes affaires…
3 : Et si on dormait ?
2 : Comme les ours. Et on reviendrait voir, un siècle ou deux plus tard, si tous les
fous sont morts ou réveiller les derniers… Debout les petits choux ! Debout, de-
bout, debout, debout, debout, debout, debout…
1 : Des comme nous il n’y en aura plus beaucoup ! Les autres ours auront trois
1375 oreilles au moins et des palmes au bout des pates arrière !
3 : J’aime les ours ! Ils sont si doux dans leurs grottes à entendre le temps passer,
à dessiner sur les murs des histoires rêvées…
2 : Vous croyez que les ours, ceux qui dorment… tu penses qu’ils sont plus intelli-
gents ou plus heureux ?
1 : Ils doivent ruminer leurs histoires et imaginer leurs futures conquêtes amou-
reuses, s’inspirant du vide qui les protège… de ces yeux fermés… pour dessiner
comme aux parois des grottes…
1385 1 : Sur les oreilles… C’est là qu’ils sont le plus long à leur réveil ?
3 : Sûrement ! Mais ils ont tellement voyagé, vu… vagabondant dans des restes
d’avenir.
5 : J’aimerais bien être coiffeur d’ours… J’ai toujours voulu aider les ours.
2 : Je pense que ça pousse mieux sur les épaules… C’est plus pratique les épaules
1390 poilues…
3 : Surtout, lorsqu’ils ont les yeux bleus et quand ça mange du caramel à la caca-
1395 houète…
1 : C’est bon les cacahouètes… pour les moustaches (Ils s’endorment tout souriant).
Oncle : Tu t’es rêveillé petit chanceux, tu es là, de retour et tu ne sais même pas
si tu es partis, si tu es naît ici… juste des clics et des clacs d’interrupteurs. Clic
clac. Tu n’as pas le cran de te rappeler de moi, t’espère y arriver avec eux… quit-
1400 ter ce point à Veugle pour voir combien t’en a bavé… « Je veux bien mais pas
tout seul quand même » : je pensais que je valais mieux que ça. Allez du nerf :
accomplis toi, souviens toi, soit toi-même ! Je repasserai, et arrête de compter
sur eux, ils m’appartiennent autant en A qu’en B : la boucle est bouclée ! Et
comme je le pensais ce qui t’effraye en eux… c’est toi, tu t’oublie à ta façon ca-
1405 ché dans des conte à Veugle… Je ne t’en veux pas, prend ton temps. Gros bisous,
ton oncle… (1 et 2 sortent. 5 restera couché jusqu’à la fin de la pièce, en retrait. — Futur
H2 : Epilogue —.)
HD : Il se fait tard… Je me suis toujours demandé ce qu’il y avait dans cette bâ-
tisse… (H2 le fait rentrer, HD est chargé de valises/males vides.)
1415 HD : Ah c’est vous ! Jolie, très belle décoration. Je croyais que nous étions
d’accord ! Je vous ai attendu à la boutique, ça fait un mois de ça. Vous dormiez ?
H2 : C'est-à-dire que…
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HD : Oui les Médicaments… Il vous en reste ?
H2 : Quels Médicaments ?
1420 HD : Vous êtes venu me voir… Je savais que la dose était trop forte !
H2 après réflexion : Ah oui vous enquêtiez sur mon passé, ça fait longtemps… je n’ai
pas besoin de vous… J’ai mieux à faire maintenant.
HD : Ne dites pas de sottises ! Je venais juste vous dire de diminuer les doses pres-
crites : vous devriez… vous vous sentirez mieux avec la moitié. Je vous redonne ma
1425 carte de visite, tenez...
H2 : Je…
HD : C’est la seule chose à faire pour retrouver votre vue et votre sang froid.
H2 : Je ne suis plus à Veugle depuis que j’ai retrouvé cette « formidable capacité
qu’est la vision »… J’ai tout perdu, elle est partie, vous avez ce que vous vouliez,
1430 sortez d’ici avant que je ne vous fende le crâne en deux !
HD : Vous n’y voyez pas plus clair… je ne parlais pas de mon visage mais de ce bout
de ficelle qui pend par votre poche. C’est toujours aussi flou pour vous… Une der-
nière petite question : Pourquoi vous obstinez vous à garder cette casquette ?
1435 HD : Vous n’avez besoin de rien d’autre si non de courage… A propos où est-elle
donc passée… vous savez, celle que vous aviez perdue !
H0 et H00 ouvrent leurs journaux, H2 s’assoit parmi eux. Pendant qu’ils parlent HD retire
les éléments du décor et les met dans une male/valises qu’il laisse sur scène… le reste est
1440 sorti par les coulisses. Il sort à son tour.
H0/H00 accompagnés par H1 : Tout est revenu au point de départ. Tout est en
place pour démarrer une nouvelle journée ponctuée de nouvelles croustillantes,
de découvertes surprenantes. Je suis sûr qu’en fin les gaveurs d’oies à Prague ont
retrouvés satisfaction et que plus encore la principauté des Plumés s’empare de
1445 son présent statut. Aujourd’hui il fait beau. Il ne pleut pas. Aujourd’hui les gens
sont de bonne humeur. La banque Nambrus célèbre ses 35 ans et ses 98 pour cent
d’adhérant globaux. Aujourd’hui tout le monde arrivera à l’heure : ni suicide ni
embouteillages : tout marche comme sur des roulettes ! (Ils sortent.)
H2 sort alors tout le monde rentre sur scène, PF puis les autres. Elle remplie les valises...
PF rentre en courant : Marcel ? Tu es déjà parti ? Allé ne joue pas à ça, on n’a pas
1460 le temps ils ne vont pas tarder… Je pars pour le Franklinzin. Je me suis vraiment
désolée… Reste si tu veux, oublie-moi ! Je me sens si…
PF après un moment : Alors, pourquoi n’avoir rien fait ? Quesque je vous ai fait ?
4 : Comme tu l’as dis, il n’y a rien à faire ; tu es seule maître ici… Voyons qui
1465 d’autre que toi aurais pût inventer pareils mystères et CoMédies ? Tu t’ennuyais
tant que ça ? Nous ne sommes pas à la hauteur de tes craintes ? Tu étais libre.
1470 1 : ...peur ? Non tu n’as pas peur, tu ne fais que répéter ces mots.
4 : Et c’est cela qu’il a fait… panser toutes ces plaies… penser à un oncle, une fa-
mille, partir. Nous, ici présent, n’avons jamais perdu le nord, nous attendions…
H1 : Un regard autre, c’est ça que vous nous demandez : avoir un ennemi qui soit
pire que vos maux et l’un des nôtres… ne plus souffrir seule !
2 : Vous vous êtes accrochés, l’un à l’autre, échangeant des mots d’où vous ve-
1480 niez. Il t’observe quand tu l’observe. Il te quitte quand tu le quitte ! Tu es tombée
amoureuse d’un des nôtres... Tu vas fuir pour un nouveau départ.
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4 : Vous étiez les petits derniers amusant notre galerie ! Nous t’avons suivie à
une époque, rêveurs… Va-t-en à présent ! Nous avons tout ce qu’il nous faut sans
1485 que tu viennes tout compliquer ! Ne me force pas à nier que je t’ai aimée.
PF : Partir où ? Pour…
1 : Vous avez cinq minutes pour débarrasser le planché. Partez ensemble si vous
voulez, le chemin est encore long mais… mais… Mais l’oncle sera content de te
voir !
1490 H1 : Laissez nous, il est temps de tenir chacun promesse… Ici tout est en place
pour commencer… sans vous : un présent sans regrets. Bonne chance à toi ! (Les
H0/H00 se préparent à disposer des chaises comme au tout début du PROLOGUE
– identique –, en retrait. Ils restent à l’écart écoutant H2… Tout est disposé à son départ.)
H2 rentre en courant (avec PF) : Et si dehors j’avais oublié quelque chose ? Si… Dans
1495 le jardin. Je cours. Le ciel est plus beau que tous les ciels… Je sens tout mon
souffle, tout mon corps, l’herbe sous mes pieds… Je cris ! J’ai le souffle court… je
regarde… j’échappe, j’ai le cœur qui bat… Un rire dans le silence, un sourire, un
œil qui me cherche, des larmes… je m’écoule… léger, au sol vert. Mon cœur sur
l’herbe… un œil qui me cherche, mon cœur qui me traverse, un rire qui m’éveille.
1500 Je suis tout présent… Le souffle cour, je regarde… j’échappe, j’ai le cœur qui se
bat, la tête ici. Un silence puis un son, un mot, un œil qui me cherche, un soupir…
Le vent qui vibre, la terre sous les pieds… je m’écoule… léger, au sol vert. Un rire
m’éveille. Le souffle cour, je regarde… j’échappe, j’ai le cœur sans questions…
L’heure y est, la terre sous les pieds, le vent qui siffle, un oiseau qui passe, les
1505 mains entrent dans les cheveux… Mon cœur sur l’herbe… un rire qui vermeil,
mon cœur qui courbe encore, qui tourne sous le soleil, le ciel si bleu. Et j’y suis,
pour de bon. Dans le jardin. Je cours. Le ciel est plus beau que tous les ciels… je
m’écroule… Plus de questions, juste le temps qui ne s’en pose plus. Rien entre
moi et le présent, plus rien… juste moi, lui… devant moi, le soleil, une main dans
1510 les cheveux, du vert dans les yeux. Mon cœur y va… J’ai toujours… J’avais ou-
blié… Ça me manque… Laisse-moi sortir ! J’ai fixé le soleil… (Les H0/H00 placent les
chaises comme indiqué plus tôt.)
PF : Allons-nous en chacun de notre côté, refaire nos vies… arriver à bon port,
poser pieds à terre… espérer que le soleil brûle nos ailes dans la grande chute.
1520 PF : Vivre où nos pas ne sont encore tracés, où survivre... Et qui sait, nos chemins
se recroiseront peut-être un jour ! H2 et PF sortent chacun d’un côté.
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DISTRIBUTION
Pensé pour 7-10
H1
LES COSTUME
::: Sur le SITE :::
http://demain-comme-jamais.toile-libre.org/Costumes.html
LE PROJET, TOUT
::: Avis, échanges, rassemblés sur le SITE :::
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