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Pénétration coloniale : Le malentendu entre autochtones a joué


au profit des envahisseurs
vendredi 2 avril 2010.
 
Le Burkina célébrera le 11 décembre prochain le cinquatenaire de son indépendance. Que de luttes
d’émancipations portées par nos devanciers même si par les vicissitudes de l’Histoire De Gaule préféra octroyer
les indépendances aux pays de la communauté Franco‐ Africaine, tirant leçon du précédent algérien et vietnamien.
N’empêche que pour le peuple de Haute‐Volta, il a fallu se battre comme dit l’hymne, contre " la rapacité venue de
loin nous asservir il y a cent ans. "

Dans une de ses chansons en mooré le regretté Sandwidi Pierre disait à peu près ceci : " La Haute‐Volta a souffert,
elle a souffert de la politique et de son morcellement… Pour son envahissement le rapport de force n’était pas
équilibré parce que du fusil et de l’arc il n y a pas de témoin autrement dit il n y a pas de comparaison ". Ce
morceau patriotique chanté par un musicien issu de la gauche voltaïque de l’époque, résume combien les
explorateurs ont pris d’assaut les terres de la Volta de nos aïeux. Dans les années 1800 le Yatenga, porte par
laquelle les explorateurs sont entrés en pays moaga était en proie à des difficultés.

Difficultés liées à un conflit de succession au trône du royaume. Un prince rebelle se proclama chef et se donna le
nom de naaba Baongho, ce qui l’opposa au chef légitime, le naaba Tontsaogha. Ils ont mené bataille à Bogoya où
le naaba Tontsoagha avait déplacé ses troupes, sans que l’un ne vienne à bout de l’autre. Pour ce faire,
Tontsaogha se retira à Gomboro, un village samo ou il était allié. Le naaba Baongho se dirigea à Sissamba un
autre village. Après un temps de répit, les deux troupes s’affrontaient à nouveau à Gomboro. Avec ses alliés
samo, naaba Tontsaogha infligea une défaite cuisante à Baongho. Sûr de lui, pendant son départ pour livrer
bataille, ce dernier avait amené sa femme favorite et son premier fils qui périrent tous deux à Gomboro. Mais
Baongho ne s’avoua pas pour autant vaincu. Passé un relatif long moment, naaba Tontsaogha meurt de mort
naturelle.

Il fut remplacé par Baagaré dont le nom de trône est naaba Boulli.
Malgré la disparition de Tontsaogha, Baongho demeura hargneux. Il alla
voir l’explorateur Destenave afin qu’il l’aide à vaincre le naaba Boulli.
Mais le capitaine Destenave montra peu d’empressement à assouvir
son dessein. Excédé d’attendre, le naaba Baongho décida d’en
découdre avec Boulli à Thiou. Boulli reçut le soutien du chef peulh de
Thiou et mit Baongho hors d’état de nuire. Après le meurtre de
Baongho à la bataille de Thiou, les français croyaient le problème
résolu. Ils avaient désormais un seul interlocuteur qui était Boulli. Sur
conseil du chef peulh de Thiou qui était déjà allié aux français, une
délégation de naaba Boulli se rend en mai 1895 chez le capitaine
Destenave à Bandiagara pour lui offrir des présents1. C’est ainsi que le
Yatenga prêta allégeance à la France.

Dans la même période, les pays ex‐colonisateurs envoyaient des agents


dans les autres territoires du pays moogha. A Ouagadougou chez le
naaba Wobgo, une kyrielle d’émissaires se présentent à la cour royale.
En 1895, les Allemands envoyèrent Gruner, Von Karnap, Von Zeck. Les
britanniques déléguèrent Lugard celui qui créa plus tard le Nigeria. Les
français voyant ce ballet diplomatique, dépêchèrent Alby, Décoeur,
Baud, Vermersch pour signer le traité d’accord avec le reste du
moogho, les gourounsis et les lobis. Ibrahim Guira, un yarga ancien
commerçant devenu espion arriva à Ouagadougou et se fait conduire
chez l’imam de Ouagadougou. Il était l’émissaire des français qui
désiraient prendre langue avec le monarque.

L’imam en fit le compte rendu à naaba Wobgo qui fit immédiatement appel à ses ministres. Les questions à l’ordre du jour furent : fallait‐il accepter les blancs, bien les
traiter et les laisser repartir ? Les laisser rentrer pour ensuite les exterminer tous ? Leur refuser l’accès au pays poliment ou brutalement ? Il y eut une longue discussion et
la majorité s’est dégagée pour dire à Wobgo : "Majesté, accepter les blancs, c’est abdiquer toute autorité en leurs mains. Les blancs veulent faire chez nous ce qu’ils ont
fait ailleurs. C’est‐à‐dire prendre nos femmes, pour les donner à ceux qui n’en ont pas ; libérer tous les captifs traditionnels et faire de nous, à leur manière, de nouveaux
esclaves de leurs intérêts ; faire de votre majesté un roi salarié, donc asservi.

Voilà la vraie signification de leurs visites et le sens profond de leurs incessants messages 2". Apr ès le conclave, on envoya Poussougou, un des porte parole de naaba dire
à Ibrahima Guira, l’agent des français qu’on avait marre de ses va et vient. L’on refusa les cadeaux qu’il apporta de la part des blancs au Moogo et on l’enjoigna de dire
aux blancs qu’ils pouvaient organiser leurs pays comme bon leur semble mais pas le moogho.

Par l’entremise d’espions africains qui travaillaient à la solde des français, le capitaine Destenave avait appris l’arrivée jusqu’à Koupéla de Ferguson avec une soixantaine
de noirs bien entraînés et bien armés. Comme arsenal, ils avaient un canon " le grand fusil qui d’un coup, tue cent ". Ferguson s’est replié parce que le Moogho naaba
l’avait sommé de quitter ses terres. Impatient et anxieux d’être devancé à Ouagadougou par la gent britannique ou germanique, Voulet voulait traverser rapidement le
Yatenga. Mais il fut obligé de marquer le pas pendant deux semaines au Yatenga. La ville de Yako subit son courroux. Il nourrissait une haine viscérale depuis 1885 contre
les autorités de cette contrée. Yako fut cassé et livré à la fureur des flammes. Tous les nobles arrêtés furent sommairement exécutés.

Le 27 août 1896, la voie de Ouagadougou était ouverte. Le 31 août 1896, Voulet campait aux abords de la capitale du royaume Ouagadougou à un jet de pierre du palais
impérial. Il voulut négocier son entrée dans la ville mais essuya un refus catégorique. Ce n’est que le 1er septembre 1896 au matin qu’il donna l’ordre à sa troupe de
Par l’entremise d’espions africains qui travaillaient à la solde des français, le capitaine Destenave avait appris l’arrivée jusqu’à Koupéla de Ferguson avec une soixantaine
de noirs bien entraînés et bien armés. Comme arsenal, ils avaient un canon " le grand fusil qui d’un coup, tue cent ". Ferguson s’est replié parce que le Moogho naaba
l’avait sommé de quitter ses terres. Impatient et anxieux d’être devancé à Ouagadougou par la gent britannique ou germanique, Voulet voulait traverser rapidement le
Yatenga. Mais il fut obligé de marquer le pas pendant deux semaines au Yatenga. La ville de Yako subit son courroux. Il nourrissait une haine viscérale depuis 1885 contre
les autorités de cette contrée. Yako fut cassé et livré à la fureur des flammes. Tous les nobles arrêtés furent sommairement exécutés.

Le 27 août 1896, la voie de Ouagadougou était ouverte. Le 31 août 1896, Voulet campait aux abords de la capitale du royaume Ouagadougou à un jet de pierre du palais
impérial. Il voulut négocier son entrée dans la ville mais essuya un refus catégorique. Ce n’est que le 1er septembre 1896 au matin qu’il donna l’ordre à sa troupe de
marcher sur Ouagadougou. Le naaba Wobgo constatant son incapacité à résister à la troupe de Voulet, se retira à l’intérieur de ses terres. Il poursuivit sa fuite jusqu’au
Ghana à Zangoyiri. Il noua des alliances avec les Anglais et tenta plusieurs fois de reconqu érir son royaume sans que ses moyens ne le lui permettent. Il mourut à Zangoyiri
au Ghana. A son enterrement son griot, un troubadour peulh lui composa cette chanson "Ô Lion, dors enfin ! Tu as refusé l’esclavage, tu voulais la liberté ! Or Dieu a
donné la victoire aux français ! Mais ta cause a été droite, et ta querelle était légitime ! Donc, un jour les yeux de tes enfants verront ce qu’ont vu tes yeux :
L’indépendance ! Que la terre te soit fraîche, Ô Lion, fils de Lion, Géant d’hier, d’aujourd’hui et de demain." .

Merneptah Noufou Zougmoré

 1 Gérard Kango Ouédraogo Chronique de soixante années de lutte politique… Un combat pour l’Afrique Imprimerie FGZ trading
 2 Salfo Albert Balima Légendes et Histoire des Peuples du Burkina Faso Edition JA Conseil

Les atrocités de la colonisation

Karamoko Sanogo grand érudit du pays Marka fut fusillé en 1896 parce que selon Voulet, il avait appelé à la révolte. Homme d’une grande stature intellectuelle les colons
s’inquiétaient de sa popularité et de son aura. Très pondéré et d’une grande sagesse, beaucoup d’historiens disent que c’est une conspiration ourdie pour le faire
disparaître parce qu’il constituait une menace pour l’ordre colonial. Voulet ne s’arrêta pas au forfait du meurtre du grand marabout de Lanfièra.

Il cassa les villages samo de Gassan et Ouellé dans une barbarie indigne des gens qui disent apporter la civilisation à d’autres peuples. Hommes, femmes enfants, jeunes
et vieux ont subi les atrocités du canon. Aucun parmi eux ne se rendit. Tous acceptaient la mort horrible plutôt que la servitude. Dans le même ordre, en pays Bwaba des
milliers d’âmes acceptaient de se jeter dans des puits pour fuir l’humiliation des blancs. Commis par les blancs, un des nôtres voulut tronquer l’Histoire. Malgré la
bravoure dont a fait montre les populations et les monarques de l’époque.

Albert Salfo Balima dans son livre intitulé Légende et Histoire des peuples du Burkina‐Faso termine le chapitre consacré à la résistance Africaine par ce qu’il appelle "des
tristes mensonges dictés aux temps de la domination coloniale à un noble moaga". Il faisait allusion au prince Antoine Augustin Ouédraogo dit Dim Delobsom qui écrivait
sous l’instigation de l’administrateur Robert Arnaud : " Les guerriers, en nombre certes, n’avaient pour toutes armes que des flèches empoisonnées, des casse‐têtes et de
simples fusils à pierre. La colonne n’eut pas à soutenir la bataille. Quatre coups de fusils tirés en l’air suffirent à mettre en déroute l’armée royale terrifiée à la vue des
chéchias rouges des tirailleurs. Ce fut une véritable débandade, un sauve‐qui‐peut général dans toutes les directions, les guerriers ne cherchaient m ême plus à regagner
leur maison.

La colonne campa dans la maison de l’empereur devenue vacante ; les ministres eux‐mêmes n’avaient pas pour la plupart suivi leur roi ; chacun alla loin, bien loin, là ou il
croyait trouver un asile sûr ". Il fait allusion à la retraite de Wobgo de Ouagadougou face à l’avancée de la colonne de Voulet. Mais sa narration des faits ne semble pas
conforme aux faits n

Merneptah Noufou Zougmoré

Qui était le naaba Wobgo ?

Le naaba Wobgo est né vers 1848. Il est le fils de Hawa Compaoré et de l’empereur Koutou. A la mort de son père, il était un adolescent de 22 ans et son frère aîné avait
25 ans. Il était très cultivé,intelligent et remuant et avait de la prestance. Il était le 2e enfant des 13 fils du monarque. A la mort de leur père, le collège des électeurs
préféra le prince Allassane, l’aîné qui était pourtant moins brillant et moins intelligent que Boukary. Allassane fut proclamé naaba Sanem en 1871 mais mourut en 1890
sans une postérité mâle. Il avait une seule fille du nom de Aminata. Le jour du couronnement du nouveau roi, Boukary fit irruption avec des guerriers pour conqu érir le
trône du royaume. Il surprit les grands électeurs en conclave. Pour que le sang ne coule pas sur le champ, on l’a intronisé roi et on lui demanda de donner ses noms de
guerre. Son premier nom : "Cent fantômes réunis ne peuvent pas effrayer un éléphant" c’est‐à‐dire Coalition de mes divers petits rivaux, je suis le grand ! Second nom :
"Le vieillard qui a su bien partager, conserve des cotes lisses" Ce qui signifie : vieux membres du collège, je ne vous briserai pas les côtes, puisque vous avez su me
donner ce que je voulais.

Merneptah Noufou Zougmoré

L’Evénement

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