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POSITION POPULAIRE

DE

.11A VRAIE RELIGION CHRÉTIENNE


L'USAGE

DE TOUTES LES COMMUNIONS .CIIRÉTIENNES,

P Ari S. A. BLANCHET,
A vneat. et. Conseiller Priifpeture.

1.{ bieu - lkionépe, aimau - notts 112!J uns


utres-., car Vautour est ilc Won, et, qui-
a
Cnipin1't 1111 r- est nt (le Dieu et e Irina
D'ici', Cg 1114 a".airrit , pniont tri co, nualt
poitit Diou, car Dieu est amour.
Je.% n ter.. 1v- 7, I.

SAKI' MAND (CmEn"


A Li k NO UV ELLE j EE USA LEM cler. Pon.re,
PARIS,
I, a.r4n-rtL, rue. ilnl ,IFI.-LiL 35 ;
cl à ,/ Prim. Te,r,tirT -Tu et evv
. .r libe.-r', , rtte de Lille, t
ytx, 7,
37n , e Ve DoNtinv-Dt:, ien;., erra Rte , Py•arn:ideel 8.
EXPOSITION POPULAIRE

LA VRAIE RELIGION
CHRÉTIENNE.
à

boN in-s—ulip
1tti ItIMERLE DE MADA ME VEUVE
Rue Saint—Louis, 40, nu Marais.
EXPOSITION POPULAIRE
DE

Li VRAIE RELIGION CHMTENINE


t'usAnn.

DE TOUTES LES COMMUNIONS CHRÉTIENNES,

PAR S. A. BLANCHET,
Avocat et Conseiller de Préfecture.

Mes bien-aitné, Ininonti-unuq les uns


les auteea, car l'autour est d in Dieu, et qui-
conque aime est n de - D'en et cannait
Dieu. Celui qui n.alrne point ne cuanait,

e3iint Dieu, car Dieu est amour.*


•.1r_hze, L. ép., IV= 7, 8
-

ral11 4141" ----

SAINT—AMIAND (CUER) 1
A LA LIBRAIRIE DE LA NOUVELLE JÉRUSALEM,
nuEz PORTE, Linn,,,wz ;
PARIS,.
{ M. HARTE L, rue du Mail, 36;
CITEZ TREUTTEL et. WURTZ, libraires, rue de Lille, 17;
ye DONDEY-Durai, libraire, rue des Pyramides, 8.

18-42-86
r.
EXPOSITION POPULAIRE

4
DE

LA -VRA I RELIGION ICHUTIENNE


A L'USAGE.

DE TOUTES LES commumoris CEIRÉTIENNES;

CHAPITRE PREMIER.

INTRODUCTION .

Je connais une famille heureuse ; ses mem-


bres sont unis, le calme règne dans la maison ;
une joie douce, une confiance mutuelle font le
charme de leur société. Au dehors, c'est la bien-
veillance, c'est la bonté pour tous, c'est la vraie
charité. Dans cette famille,, jamais on n'en-
tend de propos obscènes ou déplacés, jamais
de sévère critique, jamais de malignes inter-
prétations ; la plus exacte probité s'interdit
des attaques indiscrètes, et si elle gémit en
1
4 n11•n••••

grande partie des familles qui la composent?


Si l e s, pièces de détail sont vicieuses , com-
ment l'ensemble ne le serait-il pas?
Oui , reconnaissons-le, le mime mal qui
travaille la société est celui qui travaille la
famille ; et ce mal, c'est l'absence du vrai sen-
timent religieux et de toute croyance. Eh t
quelle importance voulez-vous qu'il attache à
la moralité de ses actions, celui qui n'en at-
tache aucune au principe de toute Moralité?
Il ne songera qu'il satisfaire ses sens, sa va-
nité, son amour-propre, son ambition per-
sonnelle, puisque ces choses sont les seules
auxrfuelles il donne une importance réelle.
Pour moi,: je n'ai vu le calme que dans les
familles vraiment chrétiennes ; c'est là seule-
ment que j'ai vu une moralité, une bonté réel-
les ; partout ailleurs je n'ai vu que désordre;
et pénétré de l'importance du vrai sentiment
religieux et de ses effets, j'ai essayé de résu-
mer les convictions que j'ai puisées dans la
méditation des admirables écrits de Swéden-
Inirg, que je considère comme le Révélateur
moderne, dont la doctrine inspirée de Dieu
doit régénérer la société. C'est pour donner
._..... 5
une faible idée de ses écrits que j'ai composé
cet opuscule.
Ce n'est ni aux savants ni aux eands de
ce monde que je l'adresse : trop préoccupés
des chimères qu'ils poursuivent et dans les-
quelles leur âme est passée tout entière, com-
ment pourraient-1ns m'écouter et me com-
prendre? Mais il est une classe plus humble,
qui n'est rien dans l'état, et qui cependant
constitue la force de la nation ; c'est la classe
des artisans, des travailleurs c'est à elle que
j'adresse la bonne nouvelle du salut, parce
que rien ne la détournera de me comprendre,
car l'ambition et l'orgueil de la propre intel-
ligence la tourmentent moins et ne la préoc-
cupent pas.
Il y a 'dix-huit cents ans, lorsque Jésus-
Christ, mon mailre et le leur, se présenta
lui-même au monde pour le régénérer, il
s'adressa à leurs semblables, et fut reçu par
eux avec joie,: tandis que les savants et les
grands de la terre le méconnurent ; ceux d'en-
tre eux qui adhérèrent à sa doctrine n'osè-
rent le confesser qu'en secret et le venir voir
—G—
que pendant la nuit (1); mais de pauvres
pécheurs, des artisans le cortfessrent à la face
du soleil, le suivirent partout, et reçurent de
lui d'avoir part à son royaume.
O' Seigneur, Dieu tout-puissant! aide-moi
dans mon oeuvre, qui est la tienne; et si ce
simple écrit ramenait à toi un seul de tes en-
fants , combien je m'estimerais heureux de
l'avoir entreprise! Accorde—moi donc, Sei-
gneur, et toi appui ton-puissant sans lequel
on ne. peut rien faire , et les célestes béné-
dictions sans lesquelles rien ne peut pro-
spérer.,

(1) Jean, HI. 1.. 2.

bormieramem•—.
CHAPITRE IL

La Doctrine de l'Évangile est la Doctrine


de l'Amour.
0 mes amis! êtes-vous tourmentés par le
doute? êtes-vous péniblement préoccupés des
objections des philosophes et des sceptiques ,
des indifférents et des libertins?
Descendez alors dans votre conscience, et,
détachés de toute autre préoccupation que .

celle du vif désir de la vérité , demandez à


Dieu l'éclairement ; dites-Lui du fond de votre
coeur que vous ne désirez fa vérité que pour
elle-même, que pour vous éclairer, pour
,

rendre votre COn dui te meilleure, pour glorifier


son nom, faire sa volonté, lui être soumis. Il
vous répondra [dors, et votre coeur lui-même
sera son interprète et son organe; il vous dira
(‹ Mon fils, as-tu réfléchi à mon amour pour
toi? le connais-tu dans toute son étendue?
sais-tu qu'il ne cesse un seul instant de veil-
—8—
ler sur toi? Rappelle-toi les bonnes inspira-
tions que tu as eues , c'est moi qui te les
donnais : n'éprouvais-tu pas, en les mettant
à exécution, une joie douce et pure? C'est
qu'alors ton coeur répondait à mon amour.
Compare cette joie avec les plaisirs auxquels
tu t'es livré en suivant les maximes du monde
et tes propres désirs : que de regrets ces plai-
sirs trompeurs ne laissaient-ils pa s toujours
i

après eux! Eh bien ! ces regrets, c'est encore


mon amour pour toi qui te les inspirait. Je
voulais t'arrêter au bord du précipice et te
ramener librement à moi , qui peux seul te
donrier le bonheur... Non, tu n'as pas réflé-
chi à mon amour ; non , tu. ne me connais
pas... Si tu me connaissais, tu saurais tout,
la religion n'aurait plus de mystères pour
toi , car mon amour est la clef de tous les
rnystèees... Veux-tu tout savoir, veux-tu me
connaître , veux-tu te connalltre toi-même?
Va, instruis-toi de l'Amour Divin : la religion.

est' le culte de cet Amour...!


J'ai recherché , ô mon Dieu! cet amour
ineffable ; j'ai réfléchi aux profondeurs de
son infinité , et j'ai été éclairé. 0 doctrine
_ 9
sublime, qui se résume d'un mot 1 0 religion
sainte , qu'un seul mot caractérise et expli-
que Dieu est Amour (1)0 Je comprends
maintenant que tous les hommes sont frères,
qu'ils sont fils d'un même Père , du Père le
plus tendre; et je saisis avec bonheur le sens
de cette admirable parole que tu as dite toi-
même à tes disciples «Je suis le Cep, et vous
êtes les sarments (2). »
Combien faut-il donc plaindre celui qui
nie Dieu dans son coeur! N'est—il pas plus
coupable qu'un fils ingrat qui, dans le monde,
méconnatt celui qui lui a donné le jour? Un
père terrestre peut laisser refroidir SO (à amour
pour ses enfants, mais l'amour de notre Père
céleste est toujours le même.
Oh ! quelques efforts que les hommes puis-
sent faire pour nier Dieu, il y a toujours dans
leur cœur, et à leur insu, un secret pressen-
timent de son existence et de sa miséricorde!
Voyez l'homme le plus indifférent à la bonté
divine, le plus aveuglé sur les célestes véri-
tés , même le pins dépravé ; qu'un danger
ep. IV. 8.
(1) Jean, I.
(2) Jean, XV. 5.
1 .
— 10 —
imminent le menace, qu'un malheur soudain
vienne le frapper, quel est son premier cri ,
son cri le plus involontaire ; quel est celui
qu'il invoque tout d'abord , comme malgré
lui, de toute la puissance de son énergie?...
0 mon Dieu., s'écrie-t-il.
Oui, quelque chose qu'il ne sait pas, dont
il n'a pas la conscience, est encore eh lui
une étincelle de confiance en la miséricorde,
en l'amour du Père céleste, se fait jour à
travers toutes les illusions, toutes les erreurs,
toutes les passions un instant muettes , et
fait explosion par ce cri 0 mon Dieu!
Il semble que l'Artie humaine sache, par
une intuition secrète, que le Seigneur est là,
toujours là, comme un ami prêt à essuyer les
larmes des yeux de son ami, comme un père
prêt à consoler son fils (1). Aussi, quel est
celui qui, s'étanttle plus éloigné de la D i vi-
nité, ayant même combattu contre elle, n'a
pas toujours trouvé son secours dans la cala-
mité et n'a pas été soulagé dans laetresse,
11;
s'il s'est adressé au Seigneur comme un fils

(i) Parabole de l'Enfant prodigue. Lue, :XV.1.1 32.


,
j

s'adresse à son père qu'il a long-teraps of-


fensé ! pas éprouvé un canne qu'il
n'avait pas ressenti dans une position en ap-
parence meilleure? Et combien n'y en
pas gui ont plus tard béni l'affliction par la-
quelle ayant été momentanément terrassés,
ils furent ramenés à. leur Dieu
cc Venez à moi, vous tous qui êtes travail-
lés et chargés, et je vous soulagerai, dit le
Seigneur ; chargez mon joug sur vous, et ap-
prenez de moi que je suis doux et humble de
coeur, et vous trouverez le repos de vos étoles;
car mon joug est aisé et mon fardeau lé
ger (1). »

(1) Matai., Xi, 28, 29, 30.


-- —

CHAPITRE III.

Des faits de l'Évangile.

Les Juifs étaient dans l'attente généfÉde


du Messie promis et décrit à leurs pères. Un
homme se présente et dit Je suis le Christ.
Cet homme, profondément versé dans l es Écri-
tureg , sait que le Chsist doit faire le bien ,
faire des miracles pour prouver sa mission ,
qu'il doit cependant ètre mis au nombre des
scélérats, et périr, ainsi qu'il est écrit, de la
main de ceux qu'il vient sauver (t).
Si cet homme, dont la naissance a d'ailleurs
été accompagnée de prodiges (2) , se soumet
à tout, et subit avec la plus grande résigna-
tion la loi qui est en quelque sorte imposée
au Christ ; s'il a tous les caractères décrits
dans les prophéties (3) , caractères divins
(t), Ésaïe, L111. 12.
(2) Luc, I. ii. Matth., i8 à 23. II. à 20.
3) VI, XI, L, LI, LlI e eLc.
—. 1 5 —

qu'aucun homme n'a jamais réunis; s'il n'a


jamais fait le mal , s'il n'a jamais fait que le
bien , s'il nous a donné ainsi l'exemple de la
vie la plus sainte, et s',i1 périt en persistant...
ô mes amis ! pourquoi douterions-nous
Voulez-vous que je le croie un imposteur?
Mais un imposteur n'eût pas apporté la mo-
rale la plus pure w il se serait d'ailled'rs trahi
quelquefois. Quelle imposture qve celle qui
aurait les traits les plus admirables, les plus
sublimes I comment sera la vérité, si le men-
songe a ces caractères?
Jésus-Christ un imposteur ! Et quel profit
peut-il trouver à :ii.suer ce râle, et quelle ré-
compense autre que l'ignominie ou la mort?
Ne doit-il pas être mis au rang des scélérats?
Ne doit-il pas être attaché au bOis ? Ne doit-il
pas être conduit au supplice comme un
agneau? Ne doit-d pas être muet comme une
brebis devant celui qui la tond g)? Ses pieds
et ses mains ne doivent-ils pas être percés (2)?
Ne sait-il pas toutes ces choses? N'en pré-
vient-il pas ses disciples avant que l'événe-
(1) Ésaïe, LM. 12, 8,, 7, (h
(2) Psawn., XXII. 17. —Zach., XIII. 6.
14
ment arrive? Et cependant il se soumet aux
injures, aux mépris de tout genre, à la pas-
sion la plus douloureuse, à une mort infOtrne,
et tout cela, pour satisfaire l'ambition d'en
imposer à quelques hommes simples et sans
influence dans la société! et non-seulement
d'en imposer aux hommes, mais encore à son
Dieu (car du moins il est trop sage et trop
simple dans sa conduite et dans ses discours
pour qu'on l'accuse d'athéisme). Cependant
meurt, il meurt en bénissant ses bourreaux
et en demandant leur gràce « Pardonne-
leur, mon Pêre, s'écrie t il, car ils ne savent
- -

ce qu'ils font (4). » Il meurt comme il a


vécu; il est parfait sur la croix, comme a
été parfait parmi les hommes ;. et dans cet
instant solennel, où l'homme ne ment plus ,
en présence de l'éternité qu'il atteste, il pro-
met la vie éternelle â celui des compagnons
de son supplice que le repentir a touché (2).
Il meurt la veille de la Pâque (3), —c'est alors
qu'on immolait l'agneau,—et les Juifs man-

(1) Luc, 34.


(2) Lue, XXIII. 43.
(3) Jean, XIX. 31.
gentragneau pascal, le signe de la délivrance
du peuple, pendant que le tombeau se re-
ferme sur l'Agneau du. inonde, le libérateur
éternel, doit l'autre n'était que le type. Que
ce rapprochement est frappant! quelle éton-
nante précision dans l'accomplissement ide la
prophétie 1
Il ne devait point maudire ; il n'a que béni,
que pardonné ; mais le peuple juif a prononcé
lui-même sa propre sentence, en s'écriant :
Que son sang retombé sur nous et sur nos
ent;gnts MI Or, il est écrit que ce malheu-
reux peuple, après la mort du Christ, serait
dispersé sur toute la terre, sans pouvoir ja-
mais se réunir en corps de peule; et la pré-
diction s'accomplit, et elle est encore vivante
de nos jours.
Cet Évangile sera prêché dans toute la
terre, a dit Jésus-Christ (2); les anciennes
Écritures le disaient aussi ; mais y avait-il la
moindre probabilité, alors que son auteur pé-
rissait du dernier supplice et que ses disci-
ples ignorants et timides étaient dispersés?...
(I) Matthieu, XXVII. 25, .
(2) i'llatthieu, XXIV, 14.
--- 6
Et cependant l'Évangile est aujourd'hui par-
tout.
Si Jésus-Christ eeLt été un imusteur, sa
mort aurait tout terminé, car elle n'est été
suivie d'aucun événement. Comment espé-
rez—vous encore, disait—on aux apôtres, alors
que celui en qui vous espérez n'a pu se sau-
ver lui-méme de la main des Juifs? sa mort
n'est-elle pas une preuve de son imposture et
de son impuissance? Mais quel esprit tout à
coup les anime, les soutient et les pousse à
aller dans tout le monde prêcher l'Évangile?
Cômment réxplitluer, si réellemeht irs n'ont
pas vu, comme ils l'attestent, le Christ vi-
vant, ressuscité, suivant ses promesses (1)?
D'où leer est venu ce courage qui Ibur a
manqué dans l'occasion (2)? Doù leur sont
venues ces connaissances, eux nés dans la
classe la plus humble, la plus ignorante, la
plus méprisée? et pourtant avec quelle au-
torité ils instruisent I
Peuvent-ils être trompés ou trompeurs ?
(/) Voir les Actes des Apôtres et notamment les pré-
dications de Pierre et de Paul.
(2) Reniement de Pierre et fuite des Apôtres; aucun
d'eux ne Vint le défendre devant Les Juifs.
- 7 .-
Trompés! ils ne piekvent I axe été par le
témoignage de leurs sens ils ont tous vu les
miracles ils ont tous vu le Sauveur ; ils sou-
tiennent au xnilieu des tourments les plus af-
freux, non des opinions qui peuvent plus ou
moins exalter les imaginations, mais bien des
faits, des faits qu'ils ont vus; et ce qu'ils ont
vu, c'est Jésus-Christ ressuscite, codversant
plusieurs fois avec eux demis sa résurrection,
et soufflant sur eux le Saint-Esprit qui les
anime etles porte à des actions extraordinaires.
Trompeurs ! Et à quoi leur eût servi leur
tromperie qui les conduisait à la mort? leur
persistance animait encore la fureur de leurs
bourreaux. Oh ! les hommes trompent-ils
ainsi ?
Mais cette religion, sans appui, sans res-
sources, soutenue par des hommes que la so-
ciété dédaigne et repousse, cette religion gai
ne combat point, qui ne force point, qui,
méprisée, persécutée, voit périr ses membres
dans les arènes, dans les tourments, dans
l'ignominie, et qui, selon toutes les appa-
rences, devait succomber, alors surtout que
l'abjection, le ridicule, s'attachaient ela qua-
-1g —

lification de chrétien-, d" di lui vient cepen-


dant cette puissance extraordinaire qui la fait
persister, qui lui fait braver et surmonter
tous les obstacles prévus par son Divin Fon-
dateur, et qui des classes les .plus humbles
la fait arriver jusqu'au trône des rois, ainsi
qu'il était également prédit ? Est-ce hasard
ou providence? O bonté infinie! dois-je vous
croire imposture et perfidie? Apôtres mar-.
tyrs, disciples persécutés, qui scellie.z de votre
sang le témoignage que vous donniez, alors
que vous méprisiez tout ce que les hommes
estiment et. que vous résistiez à tout ce qu'ils
craignent, étiez-vou.s donc aussi des impos-
teurs, disciples du grand imposteur votre
maître ? mais dans quel but?
Demandons-nous, mes amis, sur quoi nous
décidons dans la vie„ et sur quel témoignage
nous jugeons. Nous ne doutons pas de l'his-
toire de César, de Marc-Aurèle, de Napo-
léon; mais est-il un seul fait de l'histoire deas
hommes et des peuples aussi fortement con-
staté par des témoignages humains? et quels
témoins que des martyrs (1) !
(1) Ce met si juste est d e M
i de Staël Holstein.
9
Si j'examine maintenant les prophéties,
que de preuves je trouve encore dans ces li-
vres que les Juifs eux-mêmes ont pris soin de
conserver dans toute leur intégrité ! J'y vois
tous les détails de la vie du Sauveur, son ca-
ractère, sa passion, sa mort et la dispersion
des Juifs. Enfin, une particularité bien ex-
traordinaire de ces preuves, c'est que les
Juifs, croyant à l'Ancien Testament, auraient
dei se rendre au Nouveau, où se trouvaient
pour eux de si puissants témoignages ; mais
il était écrit, qu'ils seraient frappe's d'aveu-
glement, et qu'ayant des yeux pour voir et
des oreilles pour entendre, ils ne verraient
et n' entendraient point. L'aveuglement de ce
peuple est donc un caractère aussi frappant
que sa dispersion.
Je pourrais citer mille autres preuves, j'en
rapporterai seulement une pour terminer :
c'est la conversion de Paul ; elle m'a tou-
jours frappé.
Juif et pharisien zélé, Paul ou Saul était
surtout connu par son aversion pour la nou-
velle secte. Il avait participé aux persécu-
tions, il avait adhéré au supplice d'Etienne
20
par tous ces motifs il fut agréé pour une expé-
dition terrible contre les chrétiens de Damas..
Déjà l'on redbute son arrivée ; brûlant de .
zèle et d'intolérance, il. se rend dans cette
ville pour exécuter sa mission de sartg. Mais
comment se fait—il que cet lipmrne ardent,
au lieu de mettre Damas en feu, se calme
tout à coup, ne se livre à aucun acte de vio-
lence, n'exécute aucun des ordres qu'il a re-
çus, et changeant subitement sa croyance et
les opinions de. sa vie entière,. adhère tout
aussitôt à cette secte qu'il méprisait,- et re-
nonçant à tous les avantages de la naissance
et de la fôrtune (1), s'expose à la haine, au
mépris de ses anciens coreligionnaires, de ses
concitoyens, qui vont devenir ses persécu-
teurs ?
Il n'y a qu'une cause extraordinaire qui
ait pu détourner un homme aussi ferme,
aussi résolu.
Cette cause, il nous l'a fait cormaittre
même (2).
A la moitié du chemin de Damas, une voix

(1) 11 était citoyen romain.


(2) Actes, IL I à 21.
- 2 -
se fit entendre et lui dit, Sala, Saul, pour-
quoi me persécutes tu? Il tomba la face con-
-

tre terre, ainsi que sa suite, qui crut enten-


dre un coup foudre. Cependant i1 répon-
dit Seigneur, qui es-tu? et Dieu l'instruisit
airsqu'il était ce Jésus dont il persécutait
l'Église. Telle fut la cause de la conversion
de Paul. immédiatement frappé de cécité, il
lui fut ordonné de continuer sa route vers
Damas, et des choses qui devaient lui arriver
dans cette ville lui furent annoncées, ainsi que
sa guérison et sa, mission prochaine. Il arrive
à Damas , aveugle ; tout s'accomplit ainsi
qu'il lui avait été annoncé, et guéri par Ana-
nie, il commence aussitôt à prêcher.
.22.

CHAPITRE IV.
••••••nn

Dé la. morale de l'Evangile.

Un docteur de la loi demandant au Sei-


gneur quel était le plus grand commande-
ment, Jésùs lui répondit : T aimeras le Sei-
gneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute
ton âme et de toute ta pensée ; c'est là le plus
grand et le premier commandement et voici
te second, qui lui est semblable : Tu aimeras
ton prochain comme toi-mémo. Toute la loi
'et les prophètes sont renfermés dans ces deux
commandements (1). »
Toute la religion est là.
L'amour de Dieu, l'amour du prochain,
voilà tout ce qui est nécessaire, indispensa-
ble; et remarquez que le Seigneur unit ces
deux propositions, ou commandements, d'un
tien indissoluble, lorsqu'il dit : Et voici le
Mattb. st$ à 40.
— &—
second, qui est semblane au premier. C'est
en effet le caractère distinctif de la vraie re-
ligion. Et pour ne pas laisser de doute sur
son intention, et ôter tout prétexte à la pré-
somption et à l'intolérance, après avoir mon-
tré à ses disciples le Dieu qu'ils doivent
adorer, Te Seigneur leur enseigne l'humilité,
lorsqu'il leur dit : « Quiconque voudra de-
venir grand parmi vous, qu'il soit votre ser-
tu de même que le fils de l'homme est
venu, non pour être servi, mais pour Ser-
vir (I). »
ii enseigne encore l'humilité par l'image
d'une cérémonie symboliee, lorsqu'il lave
lui-mère les pieds à ses disciples (2).
11 enseigne aussi la tolérance lorsqil'il dît
à Jacques et à Jean qui lui demandaient s'il
voulait qu'ils fissent d.escendre le feu du ciel
sur les habitants d'un bourg qui n'avaient pas
voulu les recevoir : cc Vous ne savez de quel
esprit vous êtes (animés ) (3). »
Ii enseigne quel est le prochain qu'on doit
(1.) lidatth., XX. 26, 29.
(2) Jean, XIII. 4 et
Ç.3). Lue ) IX. tik4 ù 30.
— 24 —
aimer, en montrant, par la parabole de
l'h ciannme tombé entre les mains des voleurs,
que le prochain est celui qui exerce la misé-
ricorde (1). Et don-seulement il enseigne
rameur da prochain, mais encore le pardon
des inj ures et l'amour pour nos ennemis, pré-
ceptes qu'aucune dispensation antérieure
n'avait encore enseignés. c Vous avez en-
tendu qu'il a été dit Tu aimeras ton pro-
chain et tu haïras ton ennemi. Mais moi je
vous dis Aimez vos ennemis, bénissez ceux
qui vous maudissent, faites du bien à ceux
qui vous haïssent, et priez pour ceux qui
v'ousoutragent et qui vous persécutent ; afin
que vous soyez les enfants de votre Père
qui ( est) dans les cieux ; car il fait lever-
son k'oleil sur les méchants et sur les bons,
et il fait pleuvoir sur les justes et sur les
injustes. Car si vous n'aimez que ceux
qui vous aiment, quelle récompense en au-
rez-vous? les publicains ne le font-ils pas
aussi (2)? »
Il perfectionne tout. Quelle morale!
(1) Lue, X. 30 à 37.
(2) Matth., V. 43 à 46.
-5 -

quelle douceur I quelle modestie I quelle ab-


négation de soi ! et surtout, quelles moeurs !
u Vous avez entendu qu'il a été dit aux an-
ciens Tu ne commettras point adultère . Mais
moi je vous dis que quiconque regarde une
femme pour la convoiter, a déjà commis l'a-
dultère avec elle dans son cœur »
Il enseigne enfin qu'il est le Dieu de bonté,
lorsqu'il dit qu'il aime mieux la miséricorde
que le sacrifice (2); férsque sous la touchante
image de l'enfant prodigue il nous montre sa
bonté infinie qui ne se lasse jamais, mais qui
est, au contraire, toujours prête à nous rece-
voir en grâce, quand un repentir sincère nous
ramène à lui (3) ; et enfin lorsque sous celle
de la brebis égarée que le bon pasteur re-
trouve avec délices, après l'avoir longtemps
cherchée, il nous décrit la joie du ciel à la
conversion du pécheur (4).
Amour de Dieu, amour du prochain, tolé-
rance universelle, humilité, modestie, pu-

(1) Matth., V. 27, 28.


(2) Mattb., XII. 7.
(3) Lue, XV. 11 à 324
(4) Lue, XV, 3 à 10.

ret& espérance en la miséricorde infinie, tels


sont les sentiments que la vraie religion chré-
tienne inspire.
Quels admirables effets elle produirait si
l'on était fidèle à ses préceptes qu'on se fi-
gure dans la vie d'un peuple la réalisation de
cette belle théorie, qui peut seule donner une
idée de la vie céleste... Alors quel bon-
heur 1, Oui, la vie de l'Évangile rendrait
si bon, elle procurerait aux hommes tant
de jouissances pures , qu'il est impossible
d'admettre que le doute soit tombé d'abord
sur l'Èvangile lui-même, il a d nécessaire-
ment venir d'autre part. Si la religion s'était
conservée pure, quel, est l'homme qui eût
douté d'elle , alors qu'il en aurait goûté les
délices, et qu'il aurait trouvé par elle le calme
de l'esprit et dû coeur ?
Supposez qu'un honime vous comble de
ses bienfaits et qu'il ne démente en rien
sa conduite à votre égard, douterez-vous de
sa-bienfaisance ? et, quelle que soit d'ailleurs
la forme mystérieuse de ses sublimes conseils,
que dans votre faiblesse vous ne pourriez en-
tièrement comprendre , et quel que soit le
— 27 —
voile dont il couvre ses bienfaits, l'en aime-
rez-vous moins ? et alors que vous éprouvez
les effets de son amour, une curiosité indis-
crète et injuste vous fera-t-elle soupçonner
et haïr votre bienfaiteur? Non sans doute.
Eh bien ! cette supposition est un fait ,
mes amis, et c'est précisément celui que j'exa-
mines
Si donc quelqu'un de vous s'est éloigné
de hi religion, par suite des abus qui ont été
commis en son nom , je l'en conjure ici
comme frère, comme ami,, qu'il se pénètre
bien de cette vérité , la plus importante de
toutes: DIEU EST AMOUR; qu'il sache que
ce Dieu d'amour a recommandé à tous ses
enfants de scruter les Ec•itures (I); qu'il fasse
donc usage de Ia raison dont Dieu l'a gratifié;
qu'il lise attentivement l'Évangile en deman-
dant au Seigneur l'éclairement nécessaire
pour le comprendre, et il reconnaîtra et se
convaincra par ltii-même que Dieu est amour;
et alors il saura distinguer dans la religion
les vérités divines d'avec les superStitions

(I) Jean, V. 39.


---- 2 8 ---
humaines , et joyeux d'avoir retrouvé son
Dieu , ce Dieu si bob qu'on lui avait fait si
terrible , il goûtera le véritable bonheur-, en
ne s'occupant plus qu'à rechercher ce que son
Père Céleste désire de lui, afin de, le mettre
exécution.
9„9 Ilwar

CHAPITRE V.

De la Rédemption.

Les crimes de nos pères nécessitèrent la


rédemption les hommes s'étaient totale-
ment éloignés de Dieu ; en: vain les prophètes
les avaient rappelés à la loi du Seigneur, ils
avaient battu les uns A tué les autres ; mais
Dieu, qui est l'amour infini , ne voulut pas
abandonner son ingrate créature; or, com-
ment la pureté divine pouvait-elle s'approcher
de l'humanité pervertie ?
Il faut que vous sachiez, mes amis, que la
toute-puissance de Dieu n'est pas capricieuse
comme la puissance des rois de la terre; elle
ne consiste pas à détruire le lendemain ce qui
a été fait la veille ; 1 a toute-puissance de Dieu
: .

consiste à suivre les lois de l'Ordre qu'il a


lui-même établi eu créant l'univers. Ainsi,
Dieu se conforme toujours aux lois de son
Ordre Divin. Vous en trouvez . un exempte
-- 50 --
frappant dans les lois de l'ordre naturel ,
qui sont toutes invariables , et cet exemple
prouve assez qu'il en est de .méme des lois
de l'ordre spirituel. Vous ne serez pas non
plus étonnés que la plupart de ces lois spi-
rituelles soient inconnues des hommes , si
vous réfléchissez qu'on ne connaît •encore
qu'une partie des lois qui régissent le monde
matériel. Remarquez d'ailleurs combien cette
'panière de considérer la Toute-Puissance Di
vine se trouve d'accord avec l'essence même
de: Dieu , qui est amour; si Dieu exerçait un
pouvoir arbitraire comme celui des despotes,
serait-il l'amour ? s'il changeait les lois qu'il
a une fois établies, non-seulement il se mon-
trerait inconstant, ce qu'on ne saurait sup-
poser de la part de celui qui est l'amour
même, mais en outre iLdonnerait une preuve
d'imprévoyance. Non, mes amis, Dieu a tout
prévu, et c'est parce qu'il a tout prévu, qu'il
est Tout-Puissant, et que sa Toute-Puissance
consiste à maintenir les lois de son Ordre
Divin en s'y conformant lui-môme.
Dieu ne pouvait racheter les ,hommes, ne
pouvait les retirer de la damnation qu'en
prenant l'Humanité; car la rédemption a été
la subjugation des enfers, l'ordination des
Cieux et l'établissement d'une nouvelle: glise.
Or Dieu, d'après- les lois de son Ordre Di-
vin, n'a pu exécuter ces opérations que par le
moyen de- l'Humanité. Comment Dieu, qui est
dans les essences intimes et par conséquent
les plus pures, aurait-il jamais pu passer aux
essences dernières et les plus corrompues
dans lesquelles sont les enfers et dans les-
quelles étaient les hommes de ce temps-là ,
sans se revêtir de l'Humanité? Peut-on vain-
cre des ennemis qui ne sont point en pré-
sence, ou qu'on ne peut approcher ? Il était
donc aussi impossible à Dieu d'opérer la ré-
demption sans prendre l'Humanité qu'il se-
rait impossible. à un conquérant d'Europe
de subjuguer les Indiens sans transférer dans
leur pays ses soldats.
Obligé d'après cela de prendre l'humanité,
Dieu l'a prise selon l'Ordre; il n'a donc pu
faire autrement que d'être conçu, d'être porté
dans un sein maternel, de naître , d'être
élevé , d'être introduit dans l'intelligence et
la -sagesse, et de passer ainsi par toutes les
- 3 '2 —
périodes de la vie il a été enfant , adoles-
cent, et il est devenu homme.
Vous serez sans doute étonnés en appre-
nant cime Jésus-Christ, qui a vécu trente-
trois ans sur notre -terre, est lui-même le
'lieu qui a créé l'univers . Je sais qu'à ce sujet
heaucop d'objections vont s'élever dans vo-
tre esprit, mais attendez.
tous vous rappelez que, dans votre en-
fance , on vous a souvent répété que Jésus-
Christ était le fils de Dieu, en vous le présen-
tant comme une personne distincte de Dieu
le Père ; mais qu'est-il réselté de let? C'est
qu'étant arrivés à l'Age de raison , vous n'a-
veepu comprendre comment Dieu avait eu. un
fils, et qu'alors Jésus-Christ a été seulement
pour vous un homme éminemment vertueux,
si toutefois vous n'avez pas, à l'exemple de
plusieurs, douté même de son existence.
Compreudrez-vous mieux comment Dieu a.
pi) prendre lui-même un corps de chair? Obi,
si vous désirez sincèrement ccinnaUre votre
Dieu afin d'accomplir sa volonté; non, si vous
n'êtes mus que pur un simple désir de curio-
sité sans vous soucier de suivre sa loi divine.
-

Chacun ,de vous sait que son corps .g. est di-
rigé par un être intérieur qu'on nommp âme :
l'âme est véritablemenehomme, ar le corps
n'est que poudre et retourne en poudre lors-
que cette âme l'abandonne. Notre àrne est ce
qui vit en bous , mais notre àme n'a pas la
vie en elle-même ; elle tire seulement sa
vie de Dieu, qui seul, est la source de la vie,
et par conséquent la vie même. Eh bien, mes
amis, l'âme de Jésus-Christ, au lieu d'être,
comme les nôtres, une simple etincelle de
la vie , était la vie même, on, ce qui est la ,

même chose, était Dieu.


i>ons allez saïs deep me dire Le corps
de Jésus-Christ tant, somme les nôtres, un
corps de chair, comment pendant son séjour
parmi mous Dieu a-t-il pu gouverner l'uni-
vers? Cette objection sera faYcilement levée,
si vous réfléchissez un moment sur la nature
de vLoke âme. L'âme tturnAige sait s'affran-
chir, fiiiand elle le veut, des obstacles que lui
présente la matière ; pour elle, il n'y a ni
espace ni temps; elle parcourt l'ui4yers dans
tous les sens, se plonge dans l a nuit des siècles
ou s'élance dans les temps futurs, quoique ern-
- 34 -
prisonnée dans notre corps. Renfermé dans
sôn cabinet , Nap té,ion rie gotiverna it--il pas
une
... partie à.e l'Europe ? Lorsqu'on voit rilirie
humaine opérer tant e merveilles, il n'est
eus permis de s'étork er qùe Dieu, ou nuite
e
.vine, qu.oique
le
dans le corps de Jésus-Chris,
ait pegouverner l'univers.
Si je tre viliis avais pas «éjA donné les mo-
tifs pour lesqes la Divinité suit toujours les
lois de son Qrdre, vous pourriez entre me
dire : Pourquoi Dieu n'a-t-il pas pris imtn4i--
diatement l'humanité sans passer par toutes
les périodes de la. vie Ordinaire ? poureZi à
l' instant d e l'enfantement ne s ' es t—itpas dressé
sur ses pieds en stature d'homme adulte et
perfettionné, etea—t-ilepas tenu sur-le-camp
le langage de la divinp sagesse? Vous pourriez
encore ritultiplicr les questions; mais vous
devez voir maintenant que si Dieu en a agi
ainsi, c'est parce que cela était co£orme aux
lois d'e soteOrdre Divin; et pourcfuni, dirai-je
à mon tour, Dieu se serait—il écarté des l'Ob is
qu'il a établies , et qui sont celles de la sa—
gesse eue, pour suivre celles detetre ima-
gination ?
— '5 5
Ainsi Dieu s'enveloppa, se revètit, selon
l'ordre éternel de la création, de l'humanité
qui de mettait en contact avec khomme pé-
cheur; il vit lit montrerramour et l'humi-
lité dont il s'était tout à fait éloigné; il vint
lui prescrire de no veaux préceptes.
Mais les Juifs aveent méprisé la Parole
sacrée dont ils ne voulaient pas connaître
le sens; aussi lorsque cette Paroltlivante (t),
le Dieu de leurs pères, se présenta lui—même
dewnt eux, I' ne le reconmirent pas, 4uoi-
eitt Lions les caractères qu'elle décrit(2);
et semblables à ceux qui one,des yeux el ne
voient point, selon ce qui est eeore prédit,
ils le vieent et le méconnurent , et ils firent
tomber sur lui les mêmes traitements que,
dans un senstsymbeque qu'ils ignoraient
ils avaientjait éprouver à sa Parole- Toutes
les profanations furent renouvelées:sur lui,
La Parole a dt6 taire chair , ot cire a habitd
parmi nous. » Jean, I. 14.
(2) P nous a paru un objet de mépris, le dernier des
hommes,, un homme de douleur et qui sait ce que c'est
que souffrir,- son visage dtait comme caché, ii paraissait
arx dprisable, et nous n'en avons fait aucune e$ fano. »
— Ésaïe, LUI. 3.

ke
3

toutes, en cette mystérieuse et terrible


passion, jusqu'à ce qu'enfin tout frit con-
sommé (1).
Alors l'alliance ancienne fut rompue, fut
consommée aussi; une nouvelle alliance com-
mença, cimentée du sang de Dieu-Homme,
fondée sur l'accomplissement des mystères de
l'ancienne , renfermée dans les prophéties et
dans les représentations du culte , l'Agneau
véritable, le vrai Sauveur , ayant remplacé.
l'Agneau pascal de la délivrance égyptienne,
qui n'en était que la figure.
S'étant rapproché de l'homme , s'étant en
quelque sorte revêtu de ses misères par sa
naissance, le Seigneur l'instruisit immédia-
tement lui. communiqua son esprit, le lui
promit encore et le souffla sur lui après sa
résyrection. Il glorifia à jamais l'Humanité
qu'il avait prise en la rendant Divine, fonda
une nouvelle Église alors eue l'ancienne ve-
nait de se détruire elle-rméme ; puis, dans le
Ciel et dans l'Enfer, il opéra les choses qu'il
devait exécuter pour rétablir l'ordre.
Nous aurez à remarquer, mes amis, quand
(1) Jean, XIX. 30.
37

vous lirez les Ecritures, que le Seigneur, pen-


dant son séjour dans le monde, a passé par
deux états bien distincts, qu'on nomme l'état
exinanition ou d'abaissement, et I iiétat de
glorification. Le premier état est décrit dans
les Psaumes, dans les Prophètes, et principa-
lement dans Ésaïe, où il est dit qu'il a abaissé
son nie jusqu'à la mort, et °là. tous les ou-
trages sont énumérés; le Seigneur était dans
cet état lorsqu'il est dit, dans l'Évangile, qu'il
s'adresse au père et qu'il implore son secours.
Le Seigneur était dans l'état de glorification,
qui est aussi celui d'union de la Divinité avec
l'Humanité , se transfigura devant
ses disciples , lorsqu'il faisait des miracles,
ainsi que toutes les fois qu'il dit que le Père
et Lui sont un, que le Père est en Lui et
Lui dans le Père,, que tout ce qui est à son
Père est à Lui , et enfin quand il dit après
son union plénière (après sa résurrection) pie
toute puissance lui est donnée dans le ciel
et sur la terre (1).
Je vous ai dit que la Rédemption était la
subjugation des enfers, l'ordination des cieux, .

lm rira =III. 18.


5 8 ---
et par l'un et l'autre de ces actes la prépara-
tion à -une autre Église. Il est vrai que de-
puis cet. acte mémorable le monde a continué
à offrir un tableau bien affligeant; mais je
vous ferai observer que la rédemption n'a
pas consisté à sauver les hommes malgré
eux : si les hommes avaient pu étre sauvés
malgré enx, ils l'auraient tous été, et il n'y
aurait point d'enfer ; car Dieu est l'amour
méme, et l'arreur méme veut le bonheur de
tous ; mais l'amour ne peut pas forcer celui ,

qui le rejette à l'aimer ; il ne peut que-k-ele


solliciter, et c'est ce que fait continuellement
le Seigneur ; mais l'homme, qui a été créé
libre, et qui serait un pur automate et non
un homme s'il n'était pas libre, rhomme,
dis je, a presque toujours résisté à la voix

de son Dieu.
En quoi, me direz-vous, consistent donc
les avantages de la Rédemption par rapport à
l'homme? Pour répondre à cette question,
il faut que vous sachiez, mes chers amis,
qu'à l'époque oit le Seigneur a pris l'huma-
nité, l'équilibre spirituel était sur le point
d'être rompu. L'excès des maux sur les biens
39 -
et des faussetés sur les vérités était devenu
si grand, qu'il n'y aurait plus eu la moindre
possibilité qu'un seul homme reit sauvé, si
cet état de désordre n'eût été promptement
réprimé ; et c'est pour cela que je vous ai dit
que la Rédemption avait été la subjugation
des enfers et l'ordination des Cieux, et par
conséquent le rétablissement de réquilibre.
C'est le Seigneur seul qui a opéré cette grande
oeuvre par sa vie dans ce monde, par les com-
bats qu'il a soutenus contre les maux et les
faussetés, par les victoires qu'il a rempor-
tées sur eux, et par, la Divinisation complète
de son Humanité, de sorte que depuis cgtte
époque glorieuse sa Divine Humanité gou-
verne les cieux et comprime les efforts inces-
sants de l'enfer, qui ne peut maintenant dé-
passer ses limites. Ainsi les avantages de la
Rédemption par rapport à l'homme consis-
tent en ce que le genre humain, qui était alors
tombé sous la domination seule de l'enfer, a
été replacé dans l'équilibre, et qu'en consé-
quence, depuis cette mémorable époque, cha-
que homme a eu la posginlité de se sauver
en écoutant la voix du Seigneur, tandis que
- 4 0
sans cette Rédemption il n'y aurait pas eu la
moindre possibilité pour aucune des hommes
de se sauver, car la voix de Dieu n'aurait pas
pu être entendue. ,

Aihsi, mes amis, sachez bien que la Ré-


demtion a été une oeuvre -purement divine
que Damour du Seigneur a seul conçue et
exécutée, et qu'elle ne pouvait avoir lieu qtia
par spn incarnatiqp. Cet adorable mystère,
mis aujourd'hui à la portée des intelligences
les plus simples, doit nous pénétrer de plus
en plus de. reconnaissance*. Eh! pourrions-
nous en avoir jamais assez pour ce tendre
Père qui nous a donné des preuves si éton-
nantes de son immense amour !
—41—

CHAPITRE 171.

De l'Unité, de Dieu et de la Trinité Divine.


Dieu avait appris aux' hommes qu'il était
UN. Cette importante vérité, se trouvait in-
scrite dans une infinitd de passages des an-
ciennes Écritures. Pour la rendre plus res-
pectable encore et plus présente tous, il en
fit l'objet du premier des dix commande-
ments promulgués sur le malt Sinaï:
Tu n'auras point d'autres dieux devant ma face. »

Il avait promis à l'homme déchu qu'il aurait


un Rédempteur et Sauveur ; mais pour ne
laisser aucun doute, il dit aussi C( Moi, Jé-
hovah! je suis ton SAUVEUR et ton RÉDEMP-
TEUR (I). il n'y a point d'autre Dieu que
Moi, et ii n'y a point de Dieu juste et SAII-
VEUR que Mot (.2.,).
Ainsi, d'après l'Écriture, Jéhovah ou Dieu
(1) tsaïe, XLIX. 26.
(2) Ésaïe, XLV. 21.
- 42 -

créateur, est en même temps le Rédempteur


et. le Sauveur, il est donc le même que Jé-
sus-Christ; aussi le Seigneur dit
Moi et le Père nous sommes tin. Or, comme
k Dieu créateur dit expressément qu'il n'y a
pas d'autre Dieu que Lui, c'estdonc le même
Dieu qui nous a créés, le même qui est des-
cendu, a pris l'humanité, et est venu nous
sauver, le même enfin qui nous régénère et
qui nous sanctifie.
Ainsi, Jéhovah ou le Père, Jésus Christ ou
-

le Fils, et le Consolateur , eu le SaintlEsprit,


c'est le même Dieu, une même personne, un
même L'Ire Toul-Puissant, se manifestant à
nous de trois différentes manières. Et si pen-
dant que le Seigneur a parcouru dans ce
monde la période de l'incarnation jusqu'à
l'union absolue de son Humanité avec sa
Divinité, si, dis-je, pendant cette période,
ils semblent deux, toutefois le Seigneur Lui-
même a pris soin d'expliquer cette union de
la Nature Humaine et de la Nature Divine
qui s'opérait successivement en Lui.
En effet, l'apôtre Philippe ne pouvant pas
comprendre l'incarnation de Dieu dans un
— .45 —

corps humain, c'est-à-dire l'union de Jého-


vah avec Jésus-Christ, dit à Jésus: Montre-
nous le Pare, et il nous suffit- Et Jésus ré-
pondit : y a si long-temps que je suis avec
vous, Philippe, et tune M'as pas connu ! Je te
le dis en vérité , Philippe, celui qui me voit,
VOIT AUSSI LE PÈRE ; CAR LE PÈRE ET MOI

NOUS SOMMES UN. Comment donc me dis-tu :


_Montre-nous le Père O.) ?
Cette réponse si claire convainquit Phi-
lippe et les autres apôtres.
ils ne conservèrent plus de doute depuis, et
après la passion et la résurrection, alors que
l'union était absolue, l'apôtre bîen atmé re-
-

cannait que Jésus-Christ est le vrai Dieu et


la vie éternelle (2); et Paul dit aussi que la
pl,dnitude de la Divinité réside corporelle-
ment dans notre Seigneur Jésus-Christ (3).
Telle est l'idée si simple des saintes Écri-
tures sur l'unité de Dieu, idée qu'on a tant
obscurcie par les effets des discussions inter-
minables de la théologie humaine.

(f) Jean, X[V. 8 à 1O.


(2) Jean, I. ép., V. 20.
(3) C0056., II. 9.
' — 44 —
Cependant l'Écriture-Sainte fait aussi
mention d'une Trinité divine; Jésus-Christ
.1s
dit, en effet, à ses disciples : Baptisez-les
au nom, du Père et dur Fils et ,.??1 Saint-Es-
prit (1). Ii y a donc en. Dieu, ère, Fils et
Saint Esprit ; mais remarquez, mes amis, que
-

rien dans ecriture ne dit que ce soient là


trois personnes, ei par conséqueitt
i.,.
trois êtres
distincts l'ign de Paierie_ Si le ,g ère, le Fils
et le Saint - Esprit étaient trois personnes di-
vines, ireviduelles, distinctes, il y aurait
réellement trois dieux; et la bouche dirait en
vain que ces trois dieux ne sont qu'iln seul
li.
dieu, elle serait alors en contradictio% avec
la pensée !pli swtout, d'après la théologie
humaine, se représente le Pare comme un
dieu offensé qui doit satisfaire aux droits sa-
crés de sa justice, le Fils 'comme un Dieu
qui s'est offert ppur victime à la place de
l'homme pécheur, et le Saint Esprit comme
-

un dieu imFutant le mérite de l'innocence en


régénérant les cœurs. Comment concilier
une telle doctrine avec l'Unité de Dieu pro-
clamée si souvent et si hautement dans ta
(f) Irai th., XXVIII. 19.
- 45 —
Bible? Et d'ailleurs l'idée de trois dieux ne
révolte-t-elle pas elle-même la raison et le
sens commun? Les partisans d'une telle doc-
trine disent que c'est un mystère ; mais avec
ce mot mystère on pourrait- consacrer les plus
grandes absurdités, et fermer la bouche des
personnes simples en criant à leurs oreilles :
Mystère !
Voyons donc, mes ais, si te Trinité D iv Ike
ne pourrait pas être conciliée avec l' Unité de
Dieu, du plein assentiment de la raison hu-
maine : la Bible nous dit que Dieu a créé
l'homme à son image, selon sa ressemblance.
Si l'homme est l'image de Dieu, et qu'il y
ait en Dieu une Triatité Divine, il-doit y avoir
en l'hommç une image de cette Trinité
ou. une trinité humaine, Examinons donc
l'homme : Ce qui constitue l'homme, c'est
son âme, son corps et ractiori que son âme
exerce continuellement par son corps. Ces
trois essentiels de l'homme, l'âme, le corps
et l'action, peuvent être et sont en réalité
distingués l'un de l'autre; car l'âme n'est
pas le corps, et le corps n'est pas Faction;
mais beannuoins ils sont liés entre eux, et ne
- 4 6

constituent qu'une seule et même personne,


et non pas trois personnes distinctes. Il en
est de même du Père, du Fils et du Saint-
Esprit : de Jésus-Christ, nous l'avons
déjà vu, est Dieu même ou le Père ; le Corps
de Jésus-Christ, avec lequel il est ressus-
cité et qu'iii a divinisé, est le _Fils et l'Ac-
tion continuelle que l'Amie de Jésus-Christ,
ou le Père, exerce par l'intermédiaire de son
Corps, ou du Fils, pour gouverner le Ciel
et la terre, est le Saint Esprit. Le Père, le
-

FiJs et le Saint-Esprit saut donc trois Essen-


tiels de la Divinité, et non trois personnes
divines et distinctes l'une de l'autre. Dieu,
considéré comme Créateur de l'univers, est
le Père; considéré comme Rédempteur des
honlmes, il est le Fils, et considéré comme
Régénérateur, comme Sanctificateur, il est
le Saint Esprit ; mais c'est toujours le même
-

Dieu, copsidéré sous trois aspects diffé-


rents.
Il devient donc facile maintenant de com-
prendre comment le Père, le Fils et le Saint-
Esprit ne sont qu'un seul et même Dieu en
une seule et même personne, puisqu'il suffit
— 47 —
de remarquer que Pàme, le corps et l'acte ne
sont dans un homme qu'une seule .et même
personne, et de savoir que l'homme a été
créé à l'image et à la ressemblance de Dieu.
C'est ainsi que la Trinité est dans l'Unité,
et que l'Écriture se trouve conciliée avec
elle-même du plein assentiment de-la raison .

humaine.
0 mes amis! quand vous voulez affirmer
solennellement un fait, vous dites : C'est
vrai comme il n'y a qu'un seul Dieu ! cette
locution populaire est l'expression d'une haute
et primitive vérité que rien ne doit affaiblir
en vous; car il est abominable de croire à
plusieurs dieux, et c'était là qa grande erreur
des païens, dont le Christianisme a détruit
les temples et les idoles. Or, rien n'est plus
important que d'avoir une juste idée du Seit-
gneur, afin de pouvoir être en conjonction .

avec lui. Veillez donc attentivement, chers


amis, à ce que, sous de trompeuses paroles,
votre pensée intime ne soit pas contraire au
grand principe de l'UNITÉ DE DIEU. Pensez
toujours qu'il a dit lui-même dans le Déca-
logue : Tu N'AURAS PAS D ' AUTRES DIEUX
— 48

DEVANT MA FACE (1.) Jésus-Christ est donc


ce même Dieu manifesté aux Juifs, sous les
noms de Jéhovah, de J'ah et d'Adonaï, aux
chrétiens scius celui de Christ et de Jésus...
à Lui, à Lui Seul appartiennent le règne,
la puissance et la gloire dans tous les siècles
des siècles !

(i) Dans la Communion Catholique-Romaine on l'a


traduit ainsi Un seul Dieu tu adoreras, etc.
- 4 9 -
LÀ.

CHAPITKV VIL

-Qe la Repentance et de la Régénération ou


Bapte'lne et de la Sainte-Cène ou Eu-
charistie.
Si un homme ne unit de nouveau,
il ne peut noir te royaume des. Cieux_
JEAN, 7C t. $.

La corruption des bommes ayant été la


cause déterminante de leur rédemption, ils
en perdent le fFuit s'ils s'éloignent du Sei-
gneur et des voies qu'il est venu lui-mêmp
tracer au monde.
Ainsi la régénération de l'humanité étant
le but de la Rédemption notre régénération
particulière et individuelle doit être aussi le
tout de tous nos efforts, et l'immensité de sa-
crifice auquel le Seigneur s'est soumis doit
nous prouver combien est nécessaire la ré-
généiration saris laueele le bienfait de la Ré-
demption est perdu pour nous et nous dé-
vient dès lors inutile.
3
,3 0
dur.. 3 ....ro

Eh ! mes amis, que nous servirait de con-


naître tous les mystères de la religion, d'avoir
la foi dans ses célestes vérités, si notre coeur
restait froid devant cet amour immense du
Seigneur? Ne serions-nous pas plus coupables
si, pénétrés des vérités de la religion, notre
vie ne se conformait pas à notre croyance?
Qu'il s'éloigne donc de la vérité celui qui
ne veut pas réformer sa conduite, la vérité
n'est point pour lui_
Celui qui est initié dans la doctrine, qui
est instruit et convaincu des vérités divines,
n'a fait que la moitié du chemin , et je dirai ,

même, la moitié la moins rude et la moins


difficile.
Mais c'est, lorsqu'il doit réaliser dans sa vie
les actes qu'exige sa nouvelle croyance que
des difficultés sans nombre vont se présenter
à chaque pas. C'est alors que va commencer
un combat à outrance contre lui—même, contre
ses anciennes passions, ses anciens vices, les
haines , l'ambition , les médisances la co-
lère, l'envie. C'est alors qu'il lui faut ducou-
rage et de la persévérance , car c'est alors
qu'il doit mourir en quelque sorte à toutes
-54 —
les choses qui constituent sa vie antérieure à
sa conversion, et commencer une nouvelle vie
toute d'amour et de dévouement au bien,
c'est-à–dire à Dieu et aux hommes; c'est alors
seulement qu'il comprendra toute la vérité de
ces paroles du Seigneur : Sï r homme ne naît
de nouveau, i ne peut entrer dans le royaume
de _Dieu-
arrive souvent que ace combat de l'homme
contre ses mauvaises passions le soumet à des
tentations, à des épreuves très-pénibles, mais
nécessaires pour que sa régénération soit. réelle
et complète, et pour qu'il arrive à ce point
d'aimer Dieu par dessus tout et le prochain,
-

comme lui mt4me ; car c'est en cela que con-


-

siste la régénération ; elle est sollicitée par


l'amour de Dieu, et son complément le plus
parfait se trouve dans ce mème amour.
Il y a donc plusieurs degrés dans la régé-
nération; c'est d'abord la repentance des maux
de la vie, leur éloignement , la résistance
contre leur retour; puis l'amour de Dieu est
substitué dans l'homme â sa volonté mauvaise
et corrompue; l'homme fait alors les ϝvres
de Dieu, il est en communion avec lui et se

nourrit dela nourriture céleste quiiost l'a o_t $ ur.


La religion nous apprend elle—même par
ses deux sacrements, le Baptême et la sainte
Cène ou l'Eucharistie, que la régénération a
ses degrés.,
Le Baptême est l'introduction dans l'É-
glise. Jean (fi.), dans le Baptême, avait pour
objet de porter les hommes repentance (2);
Jean, baptisait dans le Jourdain à l'entrée de
la terre de -Canaan, dont ce fleuve était la li-
mite : or, chacun sait que la terre de Canaan
représentait l'Église et même le Ciel. Mais le
baptême de Jean, comme aussi le baptême
des chrétiens de majeurs, était—il suffisant
pour sauver , ou suffit-il à l'homme d'avoir
été baptisé ? Ne nous a-t-on pas appris, au .

contraire, que dans l'âge de raison nous de-


vons renouveler .10, promesse qui a été faite,
pour nous lors du baptéme? Or leèbaptême,
comme toutes les ablutions de l'Église israé,
lite, signifie la lavation, la purification inté-
rieure des maux qui sont en l'homme, et leur

(1) Les anciens docteurs l'appellent Jean le baptisr.


taire, dont on a fait Jean—Baptiste.
(2) Lgich In t 8, 8.
éloignement; mais si le signe extérieur West
pas suivi de la purification réelle, il est sans
aucun effet.
Il en est de mêMe de la Sainte Cène 6u
de l'Eucharistie; la Sainte Cène ou l'Eucha-
ristie est ]a chose la plus importante, la, plus
sainte du culte ;' elle est le signe de l'union
parfaite du chrétien avee le Seigneur, sous
les deux. espèces symboliques du pain et du
Vin e le pain étant le symbole de l'amour et
le vin le symbole de la vérité (I); car Dieu,
comtne il l'a dit lui-même , est amour et vé-
rité (2). Mais si l'homme n'est pas réellement
dans l'amour et dans la vérité par le Seigneur,
s'il' n'est pas régénéré, si le mal est encore
en lui et qu'il ne fasse aucun, effort pour le
chasser, s'il est à tout autre qu'à Dieu, que
devient le symbole?
Il en est alors de cet homme comme de
celui qui s'étant mis à la table du prince sans
avoir la robe nuptiale, en fut rejeté.

(I) L'amour et la vérité ou le bien et le vrai sont la


noVriLure l'âme, comme le pain et le via sont la
nourriture du corps.
(2) Jean, I. ép. IV. S." XIV. 1L
4, ---

• Il faut donc pour que: le sacrement ne soit


pas profané, pour que l'union avec le Seigneur
sit complète, il faut que l'état intérieur de
l'homme soit en rapport avec la sainteté du
sacrement; alors le symbole est accompli, la
figure est une réalité ; alors il y a union vé-
ritable,présence réelle du Seigneur en nous,
et c'est alors qu'on peut dire avec vérité qu'on
mange la chair et qu'on boit le sang du Sei-
gneur, le pain et le vin du Ciel et des Anges!
On voit donc les rapports de la repentance
et de la régénération avec le baptême et la
Sainte Cène ou l'Eucharistie ; l'un est l'in-
troduction dans la voie du Seigneur ; l'autre
est l'intérieur du sanctuaire, la salle du festin
des noces de l'Agneau, la communauté des
délices du Ciel ...
Mais si l'homme mécon naissant les bienfaits
de sa nouvelle existence, revenait ensuite à
ses anciennes erreurs, à - ses anciennes pas-
sions , s'il dédaignait l'amour de Dieu après
l'avoir connu, oh! qtfil y prenne garde F Son
état serait affreux et il -aurait mieux valu pour
lui qu'il ne ftit pas né de nouveau.
La Bible est remplie d'images terribles
pour peindre l'état affreux de l'homme dans
ce genre de profanation; c'est là sans doute
ce qui a été marqué par la punition de la
fernrine de Loth qui jetait encore un regard de
regret sur Sodome en feu; dont le Seigneur
Pavait retirée. C'est aussi cette profanation
qui est représentée par l'état de cette Arne net-
toyée et parée que l'esprit impur avait aban-
donnée, mais vers laquelle il retourne ensuite
avec sept esprits plus méchants que lui, et
alors, est-il ajouté-, la dernière condition de
cet homme devint pire que la première (t).
Cet état est si affreux que la Providence
tend toujours à le prévenir; et c'est ce qui
nous explique pourquoi la vérité est reçue par
si peu de personnes, quoique ses témoigna-
ges soient si manifestes; car il est plus avan-
tageux pour l'homme de ne pas connaître la
vérité que de la connetre s'il doit un jour la
profaner.
La Régénération est' le triomphe de Pa-
Tnour de Dieu en nous. Le Seigneur , dans
son infinie bonté, agit sans cesse pour nous
porter à la repentance et nous ramener à lui,
. (1) Matait., XII. 43 'à 45.

mais nous ne pouvons apercevoir la marche .

qtf il 'suit; cependant on s'accorde à recon-


nattre que' l'homme coupable doit 'souvent son
salut à une bonne qualité qui était restée en
lui, qu'il ne soupçonnait même pas, et que
dans son orgueil ii se reprochait comme une
faiblêsse; te faible lien, le Seigneur s'en est
servi pour retenir l'homme à lui, pour le pu-
rifier et l'arracher aux amours de sa vie passée.
Oh ! oui, s'il reste une étincelle de bonté dans
l'homme, c'est avec la plus tendre sollicitude
que le Seigneur s'en sert pour ranimer le
foyer de son âme. Mais les maux antérieurs
de la vie pouvant encore venir l'éteindre, les
plus grandes trécautions sont prises par le
Seigneur pour prévenir ce malheur, et forti-
fier celui qu'iliespêre sauver, tout en le lais-
sant toujours l'arbitre de sa destinée. Sa Di-
vine Providence emploie une infinité de moyens
pour l'aider à détruire les faussetés dont son
esprit est encore inresté, pour ranimer en lui
l'amour des choses honnétes,•pour l'empêcher
de revenir à ses anciens écarts, et pour Pa-
mener au point de les détester et de les ou-
blier.
57
Oh! la régénération n'est pas .'oeuvre d'un
jour, mes amis .! Nous ne saurions la C•M-
mencer trop tôt; el:1i-- elle est d an tant plus dif-
ficile et d'autant plus périlleuse que nous la:
retardons plus long-temps
e

'CHAPITRE VIII.

Du Sentiment religieux et de la Providence .

1. DU surnumszir

Le Seigneur est le foyer éternel de tout


amour , de toute sagesse et de toute intelli-
gence; c'est de lui que partent les rayons qui
alimentent et animent toutes les parties du
vaste système spirituel, intellectuel et moral
de l'univers, de même que du Soleil partent
les rayons qui alimentent et font subsister le
monde physique.
C'est dans le Seigneur que prend sa source
le sentiment religieux.
Tout ce qui. émane de ce foyer d'amour et
de sagesse se ressent de son origine, mais se
modifie suivant les divers usages auxquels il
s'applique et surtout suivant les objets par
lesquels il est reçu.
Le sentiment religieux prend, à l'insu même
de celui dans lequel il est, la forme de ses
t9 —
pensées; il se mêle même à ses préjugés, à
ses passions, qu'il tempère par son influence
et qu'il dirige autant que possible vers le bien,
sans nuire à sa liberté morale.
Ainsi l'on trouve le sentiment religieux
sous le nom de sentiment du devoir, sous
celui d'exactitude et de probité : on le re-
trOuve dans la fidélité, dans la reconnaissance,
dans l'amitié, dans l'amour, dans le respect
filial, dans l'amour maternel.
Le juge qui rend exacte justice a lb sen-
timent religieux. il en est de même dans
toutes les .professions; quiconque remplit
loyalement les devoirs de son état a le senti-
ment religieux. Ce sentiment est aussi dans
l'accomplissement de 'don les sacrifices, dans
tout dévouément louable, dans toute détermi-
nation généreuse et désinteressée.
Le sentiment religieux dirige la conscience;
c'est par elle qu'il détourne l'homme du mal
qu'il doit éviter, et qu'il lui indique le bien
qu'il doit faire.
On réduirait à d'étranges limites le sen-
timent relikieux, si on le plaçait seulement
dans l'exercices extérieur du culte, comme si
— Go
le culte extérieur constituait seul b religion,
tandis que le culte extérieur n'est véritable-
ment religieux qu'autant qu'il accompagne le
culte intérieur , car alors il se trouve vivifié
par la charité et par la foi.
Ainsi le sentiment religieux est intérieu-
rement dans la moralité de la vie , et non
dans de simples actes extérieurs de religion.
Combien dès lors est grande l'erreur des per-
sonnes qui pensent qu'une foi stérile suffit et
que la vie morale est inutile pour le salut, et
qui, d'après cela, placent le sentiment reli-
gieux uniquement dans cette foi,, et nulle-
ment dans le bien de la vie
Une antre erreur grave de ces mêmes per-
sonnes consiste à faire du genre humain deux
familles, dont l'une, de prédilection et d'a-
mour, a exclusivement le sentiment religieux,
et dont l'autre, prédestinée pour le malheur
et la malédiction éternelle, ne saurait partici-
per aucunement à ce sentiment.
Quelle -injure plus grave peut-on faire
la Divinité, à la suprême bonté r.
0 mes amis ! prenez-y garde , repolissez
une aussi funeste croyance. Sachez que le
_ 61 -

Seigneur a créé tous les hommes pour les


rendre heureux, qu'il les a tons destinés pour
le ciel, leur patrie. Ç'est l'hon?Lme lui-méme
qui s'éloigne de cette patrie céleste en cédant
aux séductions du mal; mais nul n'est pré-
destiné pour l'enfer. Et quelle idée auriez-
vous d'un père de famille qui, ayant deux fils,
donnerait à l'un, dès sa naissance, tout son
amour et le destine ait à lui succéder dans
tous ses biens , et n'attribuant pour partage
son- frère qu'une haine profonde, le con-
damnerait au plus der esclavage pendant
toute sa vie ? Ce père ; de famille ne serait-il
pas un monstre? Mais non, rues mis, croyez-
en votre cœur, non, ce n'est point là la jus-
tice et la miséricorde du Seigneur. Que
l'homme soit dans le lien de la vie, et ce bon
Père le rendra hgureux dès cette vie même et
dans l'éternité.
ir„Retenez donc bien ces vérités importantes,
que le sentiment religieux doit être essen-
tiellement dans la vie ou qu'il n'est rien;
que La foi salvifique - est celle qui se réalise
dans la vie de charité ; et que la charité est
aussi indispensable que la foi pour le salet.
- 62 -

.£3 II. rie LA prtoviprffeig.

Vdus venez d'entrevoir ce que c'est que la.


PrC:vidence. Pour laisser à l'homme toute sa
liberté morale, la Providence agit par des voies
secrètes et diverses, qui tendent toutes à un
but unique, le perfectionnement de i'huma-
nité', bien que ce perfectioÉMement paraisse
lent et Tete la marelle des événements semble
qyelquefois indiquer une impulsion rétro-
grade. Aussi voi-on souvent que les évéime-
ments, les plus opposés en apparence à ce
but, ont nue influence immense sur les masses,
tout en froissant passagèrement les individus.
D'autres fois le foyer semble êteirnt, mais il
n'en agit pas moins sous les débris qui le re-
couvrent, et ses progrès ne sont que plus
rapides, quôique plus inaperçus.
La Providence est donc le gouvernement
du Seigneur, c'est assez dire qu'elle est uni-
verselle, et que Dieu n'est étranger à rien
de ce qui se passe.
Le système des philosophes tend en gé-
néral à isoler Diu de son ouvrage. Ils ie. re-
présentent comme gouvernant le monde par
6.3
des lois générales, le supposant trop éloigné
de nous pour s'occuper de nos misères. Comme
ils n'admettent des lois générales qu'abstrac-
tion faite des faits particuliers, ils attribuent
au hasard et: ' la prudence humaine la plus
grande part, dans les choses •de ce monde, si
toutefois ils ne leur attribuent pilis toute la
puissance : ils détachent tellement la Provi-
dence de ses attributs essentiels, que ce mot
reste vide de sens, et qu'ils ne seitablent lb
conserver encore que pour ne pas prêcher
ouvertement l'athéisme_
Le eliétien, au contraire, voit le Seigneur
présidant à son .ouvrage, attentif aux moin-
dres actions des hommes, comme un bon père
aux progrès, aux bonnes qualités ou aux dé-
fants de ses infan ts _ Cette image d' unbon père,
la plus touchante et la plus vraie, puisque
Jésus-Christ l'a lui—même fort souvent pré-
sentée, explique mieux pour lui la Providence
que tout ce qu'on pourrait lui dire pour la
lui démontrer ; et puisque Dieu n'a pas dé-
daigné de prendre notre propre nature, de
venir nous instruire Lui-même en s'abaissant
jusqu'à nôtre faiblesse, de revêtir nos misè-
64 —
ros, de se soumettre à notre torutalité, et de
souffrir enfin la mort pour nous, comment
peurrionnouspie croire que sa hont pater-
nelle ne veille pas con tinuelyment sur ses en-
fants avec la plus exacte sollicitude?
Oui, mes amis, la Providence existe pour
les plus petites eoses comme pour les plus
grandes ; elle ne se laisse pas voir, il est vrai,
ou ne se montre à. nous qu'avec un voile, car
si nous la voyions découvert, nous perdrions
notre libre arbitre ; mais elle n'en existe pas
moins pour cela, et la foi en son existence fait
la consolation du chrétien. Dieu me voit, dit
le pauvre; et cette idée le console, Je sou-
tiefft dans ses épreuves ; si vous la, lui ôtez,
par quoi la remplaceriez-vous?
Cette différence entre le philosophe et le
chrétien a du reste sa cause dans l'orgueil
contre lequel la phtilliosoRhie reste impuissagte
L'homme est naturellement porté à s'at-
Ir tribuer tout ce qu'il sait et tout ce qu'il l'ait;
c'est pour cela qu'il refuse à la Providence
sa part dans la direction des événements, dans
les progrès de la civilisation et de l'humanité.
C'est à sa prudence et à sa propre intelligence
- 6
que l'homme attribue tout, parce que cette
idée de sa puissance flatte son orgueil, et que
d'ailleurs la cause réelle restant cachée, il
s'en tient à la cause apparente. En un mot,
l'homme, ayant pris l'habitude de se com-
plaire dans sa propre intelligence et de s'at-
tribuer tout le mérite Ide ses actions, nie la
Providence ou stn oceLipe pe/, plrce qu'en
reconnaissant son action, il serait forcé de
s'abéitetir, et de renoncer à ce qui fait les
4=IP
délices de son am pur-propre.
Mais le vrai chrétien, accoutueépé à voir
Dieu diriger tout, accoutumé à abaisser sa
pensée devant la sienne, à soumettre sa vo-
litinté à celle de si:›n Créateur, et à rapporter
au Seigneur seul le bien de ses actions, le
vrai de son intelligence, le chrétien peut seul .

reconnattre la Providence, car podr lui nul


obstacle n'empêche cette reconnaisi sance qui
fait son bonheur.

.14,•• n•
I.
- 6i

CHAPITRE IX.-

De la Résurrection de l'Homme.
L'hoil e n'est qu'un passager sur .cette
terre ; soumis par son corps matériel à la loi
invariable de la nature qui ne compose qu'au
moyen de décompositions , il vient figurer un
instant sur le théâtre du monde pour céder
sa place à un autre qui plus tard• sera aussi
remplacé. Le- moment si redouté où l'homme
quitte ce monde, on l'appelle la mort, et ce
mot aujourd'hui a malheureusement pour
beaucoup de personnes la même signification
que l'anéantissement ; mais j'en appelle au
sentiment intérieur qui vous affecte , mes
chers am i s, lorsque vous rendez les devoirs
funèbres à une personne qui vous est chère :
pensez-volis alors à son anéantissement com-
plet? N'y a-t-il pas en vous quelque chose
qui vous dît que la séparation ne peut pas
être éternelle et que vous reverrez un jour
6 7 -

l'objet de votre affection? Et quand vos pen-


sées se reportent avec attendrissement sur
une mère que vous avez chérie, sur un père
que vous avez aimé, sur une épouse avec la-
quelle vous avez passé vos plus beaux jours,
pourriez-vous vous rappeler leur mémoire
avec quelque plaisir, s'il n'y avait pas alors
en 'vous un espoir de retrouver ces êtres
chéris?
Mais pourquoi dans d'autres moments ou-
blie—t-on les promesses de l'Evangile et cet
avertissement secret, et doute—t-on de la ré-
surrectiodde l'homme? Pourquoi ! Il y a plu-
sieurs causes, mes amis ; mais la principale,
celle d'où dérivent tontes les autres, c'est que
les hommes, en s'attachant exclusivement aux
choses de: ce monde de misères, se sont éloi-
gnés de leur Dieu, et ont perdndpar cet éloi-
gnement les saines notions qui concernent
l'homme intérieur et sa véritable patrie.
Les premiers chrétiens avaient sur l'âme
des idées hien plus saines que celles qui ont
régné depuis et qui règneni encore aujour-
d'hui. On parle beaucoup maintenant de
l'immortalité de l'âme ; mais, faute de sa-
6S
'Mir ce-que eest einie l'me, ceiit obme qui fi

en parlent le plus parviennent difficilement à


se convaincre eux-nuêtries de son irnmorta--
lité; comment dès lors •pourniient-ils en cou-
vatnere les autres? De là ce doute qui -dent
déchirer le cœur des personnes ainlantes
l'idée seule de hi mort.
Il n'en était pas ainsi dans les prerdiers
siècles du Christianisme; car alors on reassi.
mitait pas l'âme à un souffle, eâ une vapeur
aérienne ; pour les premiers chrétiens l'âme
n'était pas une vapeur subtile, insaisissable;
c'était uti corps organisé, mais te . corps spi-
rituel dans la même forme que le corps glo-
rieux du Seigneur que beaucoup d'entPe eult
avaient vu pendant l'intervalle qui sépara sa
résurrection de son ascensiort. Paul dît: Ce
qui est semé ers animal ressuscitera corps
spirituel ; IL -1` A UN CORPS ANIMAL ET IL Ir
A UN -d:1011PS SPIRITUEL (I). Ainsi, loin d'être
une vapeur subtire„ l'âme est un être réel
organisé spiritgellement, c'est-à-dire, a3rant
des sens et tout ce qui cousette un cietS
humain spirituel. Ainsi, loin de cesser cl'exis-
on 1. Corint., XV. 44.
— 69
ter en quittant cette terre, Piiomme continue
de subsister avec un corps spirituel. Ce cOrps
spirituel, c'est son âme, cette âme qui le fai-
sait agir dans ce monde, et qui, par sa -sépa-
ration d'avec le corps matériel, ne laisse plus
qu'un cadavre qui est mis dans la tombe;
mais l'homme vit avec ce corps spirituel dans
un monde dont je vous entretiendrai bien.
tôt.
Tel est, mes amis, le véritable dogme de
la résurrection de l'homme. Mais, au lieu
de continuer à le présenter au-s_ hommes ainsi
qu'on l'avait fait au commencement du Chris-
tianisme, on a bûti un système que le simple
bon sens aurait dû faire rejeter. On a pré-
tendu que la résurrection annoncée dans l'm
vangile est la réunion- !matérielle de rârae
avec lo corps, comme si le corps qui meurt
ne devenait pas dans la tombe la pâture des
vers ; comme si les éléments qui le compo-
sent ne p; issaient pas dans d'autres substances ;
comme s]i lui-même ne changeait pas périe-

diquemem tt, de sorte qu'il est rarement à


l'instant Cie la mort ce qu'il avait été pendant
la vie ; co;mrrie si, en un mot, la matière 4tait
susceptible d'entrer dans un monde tout im-
matériel I
Un tel système ne pouvait produire que de
funestes résultats ; non—seulement il fournis-
sait des armes puissantes à l'incrédulité pour
combattre les vérités du Christianisme, mais
il enlevait encore aux hommes réellement
chrétiens une des plus douces consolations de
la religion, celle dese retrouver aussitôt après
la mort avec les personnes qu'on a aimées.
En effét, si l'âme ne doit se rejoindre à
son enveloppe qu'à la fin des temps, que de-
vient-elle en quittant ce monde ? L'âme n'é-
tant plus qu'un souffle et n'ayant ainsi ni
substance ni forme, est par cela mème inca-
pable de voir, d'entendre, dé parler, de tou-
cher ; car il faut des yeux pour voir, des
oreilles pour entendre, une langue et une
bouche pour parler, et des mains pour tou-
cher. Que fait donc l'âme en quittant notre
'corps? cette questiim qui se présente si na-
turellement, que répond—on ? on avoue qu'on
l'ignore ; mais on ajoute que l'âme jouira de
tous ces sens quand elle sera réunie à son ..

corps. Voilà certes une belle perspective.


7j :

qu'on offre aux hommes. Comment! depuis


des milliers d'années que le monde existe,
aucun époux na pu enebre rejoindre son
épouse, aucun père n'a pu embrasser son
fils, aucune mère presser sa fille sur son
sein, aucun ami serrer la main de son ami!
Et nous, nous qui mourrons demain, nous
devrons donc aussi, pendant des milliers d'an.
nées, attendre que la fin des temps arrive,
pour sortir de cet état d'apathie qui ressemble
à l'anéantissement! Faut-il donc que dès
présent nous appelions de tous nos voeux la
prompte destruction de ce monde pour pou-
voir renaître plus tôt à la vie ! Mais réjouissez-
vous, mes amis, ce dogme est non-seulement
en opposition avec notre raison et les secrets
pressentiments de notre coeur, mais il est
encore contraire aux paroles de l'Évangile,
car Jésus-Christ sur là croix a dit lui-même
au bon larron : Je te dis en vérité que tu se-
ras AuxouRD'Etui avec moi dans le para-
dis (1).
Je n'ai fait que vous présenter le véritable
dogme de la résurrection de l'homme si
(1) Lue, XVIII 43.
70

vous voulez avoir des détails précieux sur la


nature de l'âme et des preuves rationnelles
'de sou existence en forme humaine, même
pendant qu'elle est renfermée dans notre
corps matériel , vous les trouverez dans tes
ouvrages de Swédenborg, et principalement
dans son Traité. Du. Ciel ci de l'Enfer (1).

(1.) Du Ciel et de l'Enfer, trad. de Mea. A Paris,


chez lei. Hartel, rue du Mail, 36, et à Saint-Amand (Cher),
chez Porte, libraire.

CHAPITRE X.

Du Ciel et de l'Enfer.

Puisque l'homme vit après la mort, cette


nouvelle vie ou plutôt cette continuation de
sa vie doit être conforme aux oeuvres qu'il
aura faites sur la terre. Si ses oeuvres ont été
bonnes, il vivra éternellement dans un séjour
de bonheur; si elles ont été mauvaises ,
vivra éternellement dans un séjour de mal-
heur : c'est ce que nous dit l'Écriture dans
mille endroits différents , et surtout quand
elle nous déclare positivement que nos œu-
vres nous suivront ; c'est aussi ce que la raison
et la justice confirment.
Si nous sommes dans l'amour de Dieu et
du prochain, cet amour augmentera encore,
et sera à lui-même sa récompense ; car toutes
les délices sont dans l'amour , et l'on ne se
lasse jamais d'aimer.
4
Î4
Mais si nous méprisons l'amour de Dieu
et si nous n'aimons que nous-mêmes , cet
amour qui n a pu nous porter qu'à des ac-
tions nuis les aux autres, et par conséquent
mauvaises, se continuera; et l'homme trouve
ainsi son tourment en lui-même et dans sa
propre méchanceté.
Voilà le Ciel, et voilà l'Enfer :
Le Ciel, communauté d'amour, de bons
sentiments, de pensées pures.
L'Enfer, réunionde toute affection vile, de
toute méchanceté invétérée, de toute pensée
impure.
Dans le Ciel, les vrais amis se retrouvent,
car il n'y a de véritable amitié qu'entre ceux
qui vivent dans la charité, c'est—à-dire dans
l'amour pour le prochain, et cet amour con
duit au Ciel. Là tous ceux qui ont vécu dans
le bien se trouvent réunis, et jouissent de la
plus parfaite félicité en se rendant mutuelle-
ment des services, et chacun s'oublie pour
les autres et veut le bonheur des autres sans
penser an sien ; mais comme il en est de
même de tons les autres à son égard, il en
résulte (luii en reçoit mille fois plus d'amour
- 'j

qu'il n'en donne; den un inelifable emheur


dont nous ne pouvons nous faire ici qu'une
bien faible idée_ O mes amis I qui de vous
n'a pas quelquefois pensé au bonheur dont
il jouirait s'il pouvait vivre au milieu d'un
cercle d'amis dont toutes les affections et les
pensées seraient en parfaite harmonie avec
les siennes? C'est bien là, vous en convien-
drez , la plus belle idée que nous puissions
nous former du bonheur ; eli-bien, mes amis,
cette idée n'est point une chimère ; elle se
réalisera complétement pour nous et bien
au delà de nos désirs, si, résistant dans ce-
monde aux impulsions de notre nature mau-
vaise. , nous suivons la loi du Seigneur en
nous laissant diriger par Uni Seul.
Dans l'enfer, chacun est aussi réuni à ses
pareils , et des tourments affreux résultent
de cette réunion ; là, chacun veut dominer ;
là , ''chacun n'aime que soi seul , détesté
duvertement tous les autres. L'amour, ainsi
concentré, n'est plus ce feu vivifiant: qui ré-
pand de tous côtés une chaleur bienfaisante
et une lumière qui réjouit ; c'est un feu ren-
fermé dans le sein d'un volcan, et qui ne
laisse ed1apper que des latves destructives,
fICCO.i tsj!. ;nées d'une lumière rougeittre. : De
là, dés luttes, ces combats, qui. font le tôtir
ment des êtres malheureiutx. qui habitent ce
séjoititr. Lorsque: vous voyez sur la terre des
hommes qUi , réunis ensemble, ne peuvent
jamais •titre d'accord et sont toujours à lutter
les uns contre les autres,. ne dites-vous pas
C'est un. enfer? Hélas I otii, ines amis, c'est
un enfer anticipé ; mais combien plus doulou-
reux est l'enfer véritable! car ici, ces hommes
peuvelit se séparer et sont du restt encore
retenus. par quelques considérations, qui les
eznechent souvent de se livrer toute llef-
fervleScence de leurs passions ; mais dans
l'enfer réel ceux qui oit les mêmes vices
e peuvent se :séparer, une sorte d'attraction
les retient liés. les uns aux autres, et die plus
ils nesont arrétés .aucpne espèce de con-
sidération et s'abaiiiii, onrxent à toute la fougue
de leurs passions Mauvaises.
La plupart des hommes, dans l'ignprance
ois ils sont du véritable dogme de la résurrec-
-

tion, se perdent dans leurs conjectures lors-


qu'ils pensent à l'état de rberege après la
-- 7 .7

mort ; plongës dans la matière et voyant nos


coXps de chair rendus à la terre„ i s neeuvent
se former de notre état futur aucune idée
qui satisfasse leur raison , et dès lors ils
to-mhént dans le dtute. Ce doute sur un
point aussi essentiel est dans tous les esprits
qui n'ont pas une confiance absolue dans la
bonté et la sagesde d'in Seigneur. Les témoi-
gnages sensibles ne manquent pas piour celui
qui veut ci-oire la nature elle-rilièrne nous
présente dans ses transformations des ana-
logies qui pe vent jusqu'à un certain point
nous fetre âmi'refidre les divers états de
t'âme ou de l'esprit de l'homme.
Voyez ce ver insecte d'une organisation
impaerete, rampe sur la terre ; il n'y fit
guère que du mal, il détruit la vvdure, il
anéantit souvent tout l'espoir du cultiveeur.
Puis , quaiid cette période de son exietenL
est pasée, il travaille à soin tombeau, s'en-
veloppe comme d'un limée ;l et meurt. Mais,
bientôt après, laissant dans sa [omble le vête--
ment grQs sier de son existence terrestre,
.

renalt avec des facultés nouvelles, avec une


existence perfectionnée ; il ne rampe plus sur
Ta terre, s'élance dans les airs et se nourrit
du parfum des fleurs.
N'est-ce pas là une image sensible de la
vie de Flemme sur la terre où il rampe
aussi , lui, et où, entrainé par sa nature
mauvaise, il ne sait guère faire que le mal?
N'est-ce pas encore une image de sa vie npu-
velle , de ses facultés nouvelles dans un
monde nouveau pour lui?
Et, du reste, Paul ne donne-t-il pas antre
chose que des analogies sur l'état futur de
l'hômme ? Voyez comment il s'exprime
Quelqu'un dira w Comment les morts res-
Susciteront - , et en quels corps vien-
Insensd ! cc qeue hie sèrhes prend-il
vie, s'il, ne meurt auparavant? Et quant à
ce que tu sèmes, tu ne sèmes pas le corps qui
doit naître, mais le grain tout nu selon qu'il
se rencontre de blé ou de quelque autre se-
mence ; mais .Dieu lui donne le corps comme
il veut, et à chaque semence le corps qui lui
est propre.... Il y a des cers CÉLESTES et
des Cours TEBRESTRES ; mais autre est l'éclat
des corps •edlfstes et autre celui des terres-
tres». Ce qui est se-red corruptible, ressus-
70
ci(era 2ncorruTtible ; ce qui est semé corps
animal , ressuscitera corps spirituel; il y a
lin Coups 4 rmArbi, et il y ( un CORPS SPIRI
TUEL (1)
Paul avait eu la perception de ces choses,
parce qu'il avait été mis dans l'état spirituel.
l avait été ravi, comme, il le dit lui-même,
jusqu'au troisième Ciel, et il y avait entendu
des .choses ineffables (2).
Rapprochez maintenant ceci de toute la
Bible , de toutes les visions des patriarches
et des prophètes, lorsqu'ils ont été mis aussi
dans l'état spirituel. Quand ils ont vu
Anges, dans quelle forme les ont-ils vus?
n'est-ce pas dans la forme humaine? Lors
de la transfiguration , les Apôtres virent
Moïse et r2Iiie auprès de Jésus ; comment les
virent-ils? n'est-ce pas en forme humaine?
Les saintes femmes qui vinrent au jardin où
était le tombeau de Jésus-Christ et qui y
virent des Anges, les décrivent tellement en
forme humaine que l'une d'elles prit un des

(1) I. Corint. 3a
1 à 38. 40, 42, 44.
(2) IL. Corint. XII. à 4.
—80
Anges pour le jardinier (1), et lui demanda
où l'on avait mis le corps du Seigneur.
Ainsi la Bible ne laisse aucun doute sur
ce point. Ayons donc toute confiance, mes
amis 1 soyons dans le bien , exécutons avec
abnégation les volontés divines , et nous
jouirons du bonheur en ce monde et dans
l'autre. « Cherchez premièrement le royaume
de Dieu et sa justice , a ait le Seigneur , et
toutes choses vous seront données par sur-
croît (2) »
je suis revenu ici sur le sujet important de
la résurrection de l'homme avec son corps
spirituel, parce qu'on ne saurait trop insister
pour le graver profondément dans l'esprit des
chrétiens.
Quant au mode d'existence dans l'autre
vie, il a été donné au pieux Swédenborg, cet
homme simple et savant que le Seigneur avait
préparé dès son enfance, il lui a, dis-je, été
donné de voir les merveilles dia Ciel et les
horreurs de l'Enfer , et de les décrire avec
beaucoup de détails. Vous pouvez lire ces
(1) Marc, XVI. S. Lue, XXIV. 4, Jean, XX. 15.
(2) Matth., VI. 33 .
- 81 -
étonnantes descriptions dans l'ouvrage spé-
cial que j'ai déjà cité. Vous y recorinattrez
que ce monde, dont on n'avait pu jusqu'ici se
former que des idées très-vagues et presque
toujours en contradiction avec la vraie nature
de l'homme, n'est pas un monde sans aucune
consistance, créé seulement par une imagi-
nation brillante , mhis que c'est un monde
véritable et aussi réel que le nôtre. Plusieurs
veuves affligées, plusieurs mères Inconsolables
de la mort de leurs enfants, ont trouvé dans
cet ouvrage des consolations que nulle autre
chose au monde n'avait pu leur donner.
Je viles ai souvent répété, mes amis, que
Dieu est amour , que tous les hommes sont
ses enfants , et qu'il les aime tous sans dis-
tinction. Comment , d'après cela , Dieu ne
réunit—il pas tous ses enfants près de lui?
pourquoi un enfer? l'existence d'un pareil
séjpur peut—elle se concilier avec la bonté
infinie de Dieu?
Cette objection a souvent été présentée,
et parce qu'on n'a pas pu la résoudre, ou
plutôt parce qu'on Fa mal résolue, il en est
résulté que beaucoup de personnes ain eut
82

mieux ne pas croire à l'enfer que de douter


de la bonté influe de Dieu. Mais si Fon n'a
pas pu- la résoudre, ou plutôt si on l'a mal
résolue , c'est parce qu'on avait perdu les
véritables notions chrétiennes sur la Toute-
Puissance Divine, sur le Monde Spirituel, et
sur la nature intérieure de l'homme.
Nous savez maintenant que la Toute-Puis-
sance de Dieu consiste à maintenir les lois de
son Ordre Divin ; vous savez aussi que d'après
une de ces lois immuables l'homme jouit du
libre: arbitre, et que le Seigneur, tout en
agissant sans cesse pour attirer l'homme à
Lui, ne le contraint cependant jamais, parie
que si l'homme était privé de son libre arbi-
tre, il cesserait par cela même d'être hornrne
et ne serait plus qu'un automate.. Or, pen-
dan ison existence dans notre monde, l'homme
par son libre arbitre se crée en lui-même un
amour dominant qui règne en véritable ty-
ran sur tous ses autres amours; c'est cet
amour dominant qui devient la vie propre de
l'homme, et il ne peut être changé: que par
lui-même et pendant qu'il existe dans ce
monde; si Dieu l'arrachait forcément de son
_
s3
coeur, l'homme serait anéanti, ce qui ne sau-
rait etre, puisque l'homme d'après les lois de
l'ordre a été créé pour vivre éternellement.
Pour vous montrer que l'amour dominant
règne sur tous les autres amours de l'homme
en véritable tyran et les fait agir en esclaves, il
me suffira de prendre pour exemple un joueur,
c'est-à-dire un homme dont l'amour domi-
nant est de s'enrichir promptement et sans
travailler. Tant que le joueur a de l'argent.
ses autres passions sont pour ainsi dire as-
soupies, il est tout entier au jeu; mais l'ar-
gent lui fait-il défaut, elles sont aussitôt
mises en activité pour lui en trouver; si la
ruse ne réussit pas, il aura recours au simple
vol, puis au vol à main armée; enfin il ira
même, s'il le faut, jusqu'à l'assassinat. Ce-
pendant l'amour du vol et celui d ru meurtre
n'étaient que très-secondaires en lui ; s'il a
été voleur et assassin, c'est parce que son
amour dominant, voulant être satisfait, a
commandé en maître aux autres passions et
s'est fait obéir.
Ce n'est donc pas le Seigneur qui damne
l'homme ou qui le précipite dans l'enfer
- -

c'est l'homme qui s'éloigne librement du


Seigneur et du ciel. Si le Seigneur pouvait,
sans anéantir l'homme le retirer de l'enfer,
l'enfer n'existerait pas; mais sa bonté étant
in nie, l veille continuellement sur ces mal-
heureux qui l'ont volontairement repoussé ,
et il modère autant que possible leurs fureurs
et leurs frénésies; car sa Providence s'étend
sur l'enfer comme sur le Ciel et régit Fun et
l'autre.
D'ailleurs comment l'homme dont la vie a
été mauvaise et, dépravée dans ce monde pour-
;

rait4I éprouver autre chose que du dégoùt


pour les douces joies que procurent le bien et
le vrai? Commenit celui qui n'a dans son cœur
qu'un abîme d'impuretés et d'infamies pour-
rait-il demeurer dans le séjour de la pureté,
de l'innocence et de la chasteté ? Voyez, même
dans ce monde, ces êtres dégradés qui, nés
des üne condition aisée, se sont, én s'aban-
donnant à le urs passions, entiè.,'.rernent plon-
$

gés dans la fange ; en vain vous leur offririez


tout ce qui leur est nécessaire, à la condition
de vivre honnêtement, ils préfèrent rester dans
la misère plutôt, que de renoncer â leu,rs
85 --

I
Un poisson ne 'peut vivre hors de l'eau, et
l'homme pour respirer a besoin d'une at-
mosphère qui soit propre à sa nature. L'at-
mosphère céleste est aussi opposée à la nature
de l'homme pervers que l'atmosphère infecte
des enfers est contraire à la nature de l'homme
juste et bon.
Chacun dans l'autre vie est attiré vers ses
serfiblables, et c'est avec eaux seftnaent qu'il
peut respirer et vivre.
Ainsi, de même que l'homme, qui est dans
la bonté et dans l'amour, se sent attiré vers le
séjour où règnent la bonté et l'amour, de
même aussi l'homme corrompu se sent attiré
vers ses semblables et ne désire rien aillant
,
que leur société, car il est avec eux dans l'é-
lément qui convient à sa vie.
86—

CHAPITRE Xi.

Du Monde des Espriis ou Monde inter-


médiaire.
Vous ayez vu, mes amis, que les, Anges,,
quand elles quittent leu,r dépouille mortelle
n'errent pas isolées comme des souffles dans
l'imrnensit,O, mais qu'elles SO, réunissent dans
un séjour spirituel, rewétues elles-mémes d'un
corps spirituel dans une véritable forme hu-
maine. Lorsqu'elles sont dans ce nouvel état,
pn les apiRglle en général .sprats, puis Anges
ou démons, selon que d'aprs leur vie dans
ce monde, elles sont introdhites dans le ciel
ou se précipitent elles-mêmes dans l'enfer.
Les Esprits sont doeiac les hommes qui sont
morts, ou, pour parler plus exactement, qui
ont laissé dans notre monde leur corps ma-
tériel.
Gardez-vous cependant de croire, parce
que l'homme devenu esprit a un corps, que
— 87 —
son âme soit passée d'un corps dans un autre
pour s'épurer et se régénérer, comme ont
prétendu certains discinles de Pythagore.
Non, mes amis, il n'en est pas ainsi: la naé-
tempsycose est une erreur que le christia-
nisme repousse de toutes ses forces. Le corps
de l'homme-esprit lui appartenait pendant sa
vie dans le monde, il était dans son intérieur, .

ou, pour être plus exact, son corps matériel


était moulé sur ce cows spirituel qui seul
possédait la vie et qui l transmettait au corps
matériel; car par elle-même la matière est
incapable de sentir , de même qu'elle est
incapable de voMoir et de penser ; et comme
ce corps spirituel possédait seul la vie, il vous
est facile de voir que l'homme en quittant sa
dépouille mortelle n'a pas cessé pour cela de
vivre, et qu'au contraire sa vie n'étant plus
emprisonnée dans la matière doit avoir beau-
coup plus d'énergie et par conséquent beau-
coup plus d'activité.
Mais où vont les âmes en sortant de notre
monde ? sont-elles directement admises dans
le ciel, ou se précipitent-elles de suite dans
l'enfer? Pour résoudre cette question, il
4. 88

suffit de considérer que leTitl ne saurait être


habité par celui *mi conserve encore dans
son'cœur quelque chose de mai et de faux,
et que l'enfer ne peut pas f être non plus par
celui qui possède encore quelque chose de bien
et de vrai. Or, quand la mort vient frapper
l'homme, a-t-il entièrement effacé en lui
toute trace da mal et du faux? ou sa vie est-
elle tellement dépravée «il ne reste plus en
lui aucune trace du bien et du vrai ?
Il est rare que l'homme de bien n'ait rien .

ceervé de souillé par suite de son contact


avec les méchants.
Il est rare aussi que le méchant ait entiè-
rement étouffé tout bon sentiment dans son
Cœur.
Il faut donc nécessairement qu'il y ait tin
séjtur spirituel tenant le milieu entre le Ciel
et l'enfer, où se rendent provisoirement ceux
qui ne sont pas encore ou tout-à-fait bons ou
tout-à-fait méchants. C'est ce séjour qui est
appelé Monde des Esprits ou Monde inter-
médiaire.
Ce séjou r n'est que provisoire, parce que
:

pour l'homme il n'y a de demeure déüuitive


- 89 -
que Te Ciel ou l'Enfer. Tout homme a été
créé pour le Ciel, mais celui qui refuse, en
vertu de son libre arbitre, de se laisser di-
riger par le Seigneur vers le Ciel, ne peut
trouver que dans l'enfer la demeure qui con-
vient à la vie qu'il s'est faite.
Dès l'instant que l'homme quitte le monde
naturel , son sort est définitivement arrèté,
quoiqu'il n'en sache rien ; il s'est jugé lui-
même pour le Ciel ou pour l'Enfer par les oeu-
vres qu'il a faites ici-bas, et qui le suivent ;
c'est son, mour dominant qui dorénavant le
conduira, et qui le traitera en esclave s'il est
mauvais, sans qu'il y ait pour lui aucune pos-
sibilité de le changer. Dans ce monde, il pou-
vait le modifier et parvenir ainsi à le changer;
hors de ce monde, cela ne lui est plus possi-
ble. Si donc son amour dominant est bon, il
ira plus tard dans le Ciel, parce que cet amour
chassera successement de son coeur tout ce
qui s'oppose encore à son admission; si son
amour dominant est mauvais, il ira plus tard
en Enfer, parce a ue cet amour le dépouillera
successivement de tout ce qu'il-pouvait avoir
conservé de bien et de vrai.
- 90 -
Te I homme a menéune vie morale en appa-
rence; il a été scrupuleux observateur des
lois et des pratiques extérieures du culte :
il a joui d'une réputation de rigorisme, de
Vertu. Arec toutes ces choses cependant il a
eu l'Enfer en lui : l'amour de soi a été SQ1:1
Dieu récli; il a été lui-même sou idole. Ce
n'est, ni par amour pour le Seigneur , ni par
un véritable amour du bien public, qu'il a
affecté le puritanisme des moeurs, l'amour de
ta relirion et de la patrie; c'est pour sa seule
réputatien„ pour elle seule; c'est à elle qu'il
a tout sacrifié; mais le libertinage et d'autres
mauvaises passions , qu'on ne lui a jamais
sotpçon-nées, satisfaites dans le secret, étaient
toutes-puissantes au fond de son coeur. On
l'a vu souvent s'occuper des affaires publi-
ques; il a désir et obtenu de grauds emplois;
son nom e été mêlé à nos grands débats et a
même acquis de la popularité. Il semblait dé-
youé aux intérêts de l'état ou de la commu-
nauté; il le persuadait aux autres, il se le per-
suaclait à lui-même, et cependant rien ne
lui était plus indifférent en réalité; car, es
sentiellement égoïste, il n'était, dévoué qu'a

son orgueil, à sa vanité, à ses passions.


Or dans le monde spirituel , où tout est prisé
selon sa valeur intrinsèque et réelle, où chacun
est forcé de paraltre ce qu'il eeZ, et de parler
selon ce qu'il pense dans son cœur, l'hypo-
crisie de moeurs ou de religion est impossible
et se découvre bientôt. Les qualités extérieures
et fausses de cet homme de bien sont donc dé-
molies pièce à pièce ; et lorsqu'il est démas-
qué , il cesse de jouer l'hypocrisie , se livre
ouvertement à ses mauvais penchmits inté-
rieurs, ne trouve plus aucun plaisir avec les
esprits honnêtes, forme de nouvelles sociétés
de plus en plus mauvaises, et enfin le Monde
des esprits ne lui offrant plus rien qui con-
vienne à sa vie infernale , il se précipite lui-
mèrne au fond des enfers, où son amour do-
minant , l'égoïsme, le pousse à aller se réunir
aux êtres dégradés qui lui ressemblent.
Tel autre, an contraire, poussé par les mau-
vaises influences , attiré., retenu longtemps
dans le vice et l'infamie, a été flétri et repoussé
avec horreur par la société ; mais au milieu
des débordements de sa vie, il a été cepen-
dant plutôt entraîné que vicieux; et malgré
I

--- 9 2 -
ses écarts, on l'a vu dans telle circonstance
dévoué aux malheur, constant dans ses affec-
tions; souvent il a éprouvé un sentiment de
repentir et de douleur à la vue de ses fautes;
mais l'inexorable société l'a refoulé dans la
fange dont il dit voulu sortir; il a perdu la
possibilité de se réintégrer ici bas aux yeux
des hommes.
Si ear son repentir cet homme a modifié
son amour dominant; si chez lui il y a eu vé-
ritable désir de suivre la voie du cbien , et
qiif il neen ait éteérlipéché que- par suit
sute
e de sa
cruelle position dans la société; si, en un mot,
ce désir du bien est devenu dominant chez
lui, et qu'il l'ait traduit en acte autant qu'il
lui a été possible; après sa mort, lorsqu'il vient
dans le monde des esprits, cet amour domi-
nant chasse successivement de son cœur toutes
les mauvaises passions ; alors il recherdlle de
plus en plus les sociétés des bons esprits,
et lorsqu'il est parvenu à se dépouiller de
tous les maux et de toutes les faussetés qui
étaient en lui, il est introduit. dans le Ciel.
Voilà, mes amis, ce que c'est que le Monde
intelmédiaire dans lequel afflutet chaque
93

instant tous ceux qui quittent la vie terrestre


pour entrer dans cet état préparatoire, après
lequel leur vie doit être définitivement con-
sommée dans le bien ou d'ans le mal, dans le
Ciel ou dans l'enfer, Vous voyez que c'est là
que s'accomplit la conclusion de la parabole
des talents Il sera donné à celui qui a, et il
aura encore davantage ; mais à celui qui n'a
pas, on lui citera même ce qu'il croit avoir (1) .
L'état de préparation de l'homme pour le
Ciel ou pour l'enfer dure quelquefois plusieurs
années, et quelquefois peu de jours seulement,
selon que par l'état de sa vie antérieure, son
âme a été plus ou fnoins imbue d'affections
célestes ou infernales (2).

(1) Matth. xxv. 14 à 30.


(2) On peut. voir dans le Traité nu CIEL. ET DE L'E?ŒEn,
par Swédenbork, de plus amples détails sur l'état d'in-
struction et de purification des esprits: après la mort,•sur
les fonctions des Anges, sur l'état des enfants après la
mort, etc.
On peut voir aussi dans les divers ouvrages de Slivédenr
bord. et notamment dans les _.4rcanes célestes, 1`.A.po-
calypso révélde, et la Vraie Religion chrétienne, les
explications qu'il donne du sens interne ou spirituel de •

l'Écriture-Sajnte. îlien n'est plus remarquable ni plus


satisfaisant pour la raison de l'homme qui recherche la
— 941
Qu'on ne se bercelcibilc pas du chimérique
espoir que lû vie ici-bas avant été mauvaise,
on pourra, par un effet de la grdcc et du
don gratuit chl Seigneur, nee.pas suivre la loi
tberthtme qui entraînera vers le Mal où l'on
aura placé son cœur. Le Seigneur est la
bonté =teille, mes amis ; il vous offre tant de
"voies de salut!. D multiplie les nbcasiours et
les moyens pendant votre vie ; Mais si vous
les rejetez avec persévérance, si votre Arne
passe tout entière au mat, si voïts ne voulez
plus le bien, le Seigneur doit-il détruire
votre liberté et votre volonté? Doit—il ainsi
thanger la natiee dé vere être ?... Ne devez-
vous plus être hommes? Non, cela ne se peut.
Ne comptez donc point, mes bien-aimés, sur
la possibilité d'une réintégrations vous
n'aurez ni voulue, ni commencée ici-bas par
la repentance et le désir de la vie d'amour.
Je vous le répète, l'amour dominant est tout

'Vérité; rien au mode IiXe peut autant que cette lecture


arfermir , la Ohé ce qtti a déjà le bonheur d'être
convaine des vérités de la religion ; rien ne peut aittaut
que la médit 'ion de ces ouvrages élever notre tune vers

Dieu, et la pénétrer des sentiments de retonnaissance et LI,

d'amour quo nous lui devines.


95
l'homme : si cet amour est mauvais, l'homme
va pour l'éternité dans le séjour de tout ce
qui est mauvais.... Voyez donc l'éternel
ablime ouvert sous vos pas, et tremblez.
N'attendez pas l'heure de la mort, car l'a-
mour dominant ne saurait être changé en un
instant ; mais toluenez dès à présent vos re-
gards vers le Seigneur ; priez ce bon Père
de vous donner la force de résister au mal,
non parce que le mal serait nuisible à vos
intérÊts terrestres, mais parce qu'il est con-
traire aux lois do Son Ordre Divin ; deman-
dez-lai l'éclairement nécessaire pour vous
diriger, et le Seigneur, qui frappe toujours à
notre porte et qui n'attend pour pénétrer en
nous que le moment où nous ortreirons, lé
Seigneur, qui ne veut que le h 8 eur de tdus
ses enfants, vous donnera up, coeur ntitiveatt
et 11.11 esprit nouveau.
_ 9 6

CHAPITRE XII.

Du Culte.

Le culte est intérieur et.. extérieur.


Le cul, e intérieur est le principal ; le culte
extérieur est l'accessoire. Le premier peut
être comparé au corps, et le second au vête-
ment ; mais de même que le corps a besoin
d'un vêtement, de même le cuite intérieur
doit être accompagné de formes externes ou
d'un culte 'extérieur.
Le cuite intérieur est le même toujours et
partout.
Le culte extérieur doit être réglé par les
chefs de chaque Église particulière ; il peut
être modifié selon les temps, les lieux, les
moeurs et les circonstances.
Le coeur de l'homme de bien est le temple
le plus saint où le Seigneur puisse être ho-
noré.
Ne néglige pas cependant le culte pu-
blic, a dit un de nos amis ; cette réunion
général e des fidèles est le témoignage et la
Mani fest a tien devant Dieu et devant les
hommes de la foi individuelle. Là, chacun
des torts soutient, les faibles par sa piété os-
tensible. Là, chacun aussi reçoit de nouvelles
forces et de nouvelles lumières par les ex-
hortations et les discours des ministres du
Seigneur. Là, enfin, est la table où tous les
fidèles, sans distinction, viennent prendre la
nourriture spirituelle et céleste que Dieu
dispense à tous ses enfants. »
Le Seigneur nous a dit en parlant ses
disciples Je vous donne un commandement
nouveau, que vous vous aimiez les uns les
autres_ C'est à eel .a que tous connaltront que
VOUS' étes 'mes disciples, si vous avez; de l'a-
mour les uns pour les autres (1). Ayons donc
cet amour, cette bienveillance universelle
que le Seigneur recommande si souvent. Ce
sera là le prosélytisme le plus. efficace, le
moyen le plus certain de faire aimer et res-

',1) Jean, MU. 34, 35.


— 98 —
pecte .r la religion chrétienne- Il ne faut pas
cependant négliger l'instruction et l'éclaire-
ment de nos frères ; maïs avec quelle prir-
dence et quel scrupule ne devons-nous pas
annoncer les vérités divines, pour éviter de
les exposer à la profanation des méchants
L'amour, au contraire, ne compromet rien
l'amour doit vaincre-tous les obstacles ;
mour ne finira jamais (1)1
Les vrais chrétiens, comme je vous l'ai
déjà dit, doivent exercer avec exactitude et
fidélité les devoirs de leur état ou de leur
profession, et les considérer comme des de-
voirs de religion ; car c'est, principalement
dans l'accomplissement de ces devoirs que
consiste 1a vie chrétienne, chacun devant les
exercer pour le bien général de la société.
Quelle que soit la position dans laquelle
la Providence l'ait placé, le vrai chrétien sait
que cette position n'est que temporaire, qu'il
Wells •qu'un usufruit passager, et il agit en
conséquenée.
Dans toute position élevée ou pauvre, l'on

(1 ee La charité-ne finirojcemais.» -- 1. Corint. X1 1 S.


p9 —
peut faire le bien ; et l'on est même forcé de
reéonnaître qu'il se fait certainement plus' de
bien par ceux qui sont pauvres. que par ceux
qui sont riches; on trouve plus de véritable
dévouement chez les premiers, et dans les
grandes calamités, c'est chez eux qu'il faut
aller chercher les sublimes eXéYnples de colt-
rage, d'abnégation, de résignation.
il faut donc que les vrais chrétiens, dans
quelque condition qu'ils soient placés, aient
plus que -tout autre une conduite irrépro-
chable. 14s doivent être bons et aimants; ils
doivent chasser de leur coeur toute mauvaise
pensée, tout sentiment bas et vil. Leur cœur
doit être comme le temple du Seigneur, il
doit ressembler au Ciel, d'oit toute corrup-
tion est rejetée.
Non-seulemene le vrai chrétien doit donner
-des exemples à la société, mais il en doit aussi
à sa famille.
Le père doit veiller avec la plus grande
attention sur lui-même et sur ses enfants.
"Ri en n'est funeste comme, le mauvais exemple
père de famille.
Les frères aînés doivent aussi veiller avec
- 1 0 0 -
une grande attention sur eux-mêmes; ils
sont les modéles que leurs frères plus jeunes
cherchent presque toujours à imiter ; s'ils
sont dans le mal, ils se perdent et entraînent
avec eux leurs frères.
Que dirai-je des mères à l'égard de leurs
enfants? Si la mère de famille se corrompt,
la famille est tout-à-fait perdue.
L'éducation des enfants est un des devoirs
les plus sacrés des parents ; et le Seigneur
se sert souvent de l'aMour qu'il a mis dans
lenr coeur pour les retenir eux-mêmes dans le
bien. L'éducation morale et religieuse des
enfants, lorsque, les parents s'en occupent,
réagit sur eux—mêmes de la manière la plus
heureuse.
Le chef de famille est chez lui le chef du.
culte domestique. 1l est institué par le Sei-
c, neur I u i-même le ministre du culte dans sa.
maison. 11 n'en doit pas négliger les devoirs.
L'importance du cule domestique est im-
mense ; ce culte étant de tous les jours, se
confondant en quelque sorte avec toutes les
actions de la vie quotidienne, a l'influence
la plus grande sur la moralité de tous les
membres de la famille.
I 01

Dans le culte domestique ou de famille,


on fait tous les matins et tous les soirs la
prière en commun; le matin, pour appeler
la bénédiction du Seigneur sur les oeuvres
de la journée ; le soir, pour rendre grâces au
Seigneur de la journée qui s'est. écoutée. Les
prières doivent être courtes le Seigneur a
aboli lui-même les longues prières et les
froides formules; il n'a conservé qu'une
prière (1), dont la simplicité est si remar-
quable! et qui cependant s'applique à toutes
les situations de la vie, en ce que, si l'on de-
mande avec ferveur ce qu'elle contient, H ne
nous reste plus rien à demander_
Lisez aussi, avant la prière dei soir, quel-
ques passages de l'Évangile, et quand vous
serez réellement pénétrés des sublimes vé-
rités que contient ce Livre Divin, vous saurez,
mes amis, combien est grande l'influence de
a prière le chrétien peut seul comprendre
ses effets bienfaisants. La prière I._ olé! ne
fût-elle appropriée qu'au malheureux qui

(1) c'est le Notre Pêrc, ou l'Oraison Dominicale;


voir Mar..t.h.., Vi. 5 it 13.
- 102 --
trouve en elle des consolations si douces et
si efficaces, qu'elle serait encore un trésor
précieux ! mais qui d'entre nous peut se dire
au-dessus des afflictions du coeur et de l'es-
prit? et comment les surmonter si nous n'a-
vons pas recours â la prière? Le dédain qu'on
en fait, voilà ce qui rend en général les
hommes malheureux. Que de peines secrètes
seraient allégées si l'on savait prier ! Et ce-
pendant la prière est un sentiment s naturel
à l'homme ! Voyez surtout comme le mou-
vement intérieur qui le porte à prier se dé-
veloppe avec force dans les grandes calami-
tés; alors l'homme comprend que, bien qu'il
ait négligé, offensé le Seigneur, ce bon Père
ne cesse jamais d'être miséricordieux, et qu'à
l'heure du danger il est toujours présent
pour le soulager et mettre fin à ses peines.
0 mes amis I comment tant d'amour ne
vous toucherait-- fl pas?
105 —

T ABLE

ferui•

CtIAPITItle.. I. 1111.rOdUCLiali -

C11a.r. li. La Doctrine de l'.E.'vangile est la


-Doctrine de l'Amour..
Ill Des faits de _ 12
Cumi.. IV. De ta morale de l'Évangile. 94)
V.. De la la Rédemption . 29
CHAP L De l'unité de Dieu et de la Trinité
Divine 41.
C_I-Ltp. Vii De la Repentance et de la Régéné-
ration, ou du Baptême et de la
Sainte–Cène ou Eucharistie: 49
Cii.w. VIII. Du Sentiment et ,de la
Providence . 5;1
§. 1. Du Sentiment religieux Z•38
2. De la Providence G2
Ca ► , . IX. De la Résurrection de rllomme.. 66
Du Ciel et de l'Enfer. 73
XI. Du Monde des Esprits ou -Monde
irv termédiaire. . • ..... • — 86
Cuir. Du Culte . .. • ••• 96
IBR ► IRIE

LA I ouv•LLE orinus

Cet établissement forme un dépôt central de tous les


Ouvrages qui concernent directement ou indirectement
tris doetrides de la Nouvel-1.k: ÉGLISE. du Snicrrmurt ..11tsvs-
emezs-r. , signifiée par la N:01.5VELLE JÉRUSALEM.. 1( Ap0C.
XXI.. 1, 2. Le Gérant., G. Porte, se charge de procurer
quelques originaux latins des écrits de Svcédenborg.
Les ouvrages de •Swédenborg traduits en français sont
les suivants
Par Mot La Vraie Religion Chrétienne 2 vol.
10 fr , par la poste 13 fr. 50 c.—Du Ciel et de l'Enfer,
vo1.5 . tr..,pa.r la poste 6 fr. 50.—L'Apocalypse révélée,
2 vol. 10 fr., par ta poste 13 fr. 25.—Sagesse Angélique
sur le Divin Amour, 1 vol. 5. fr., par la poste 6 fr. —
Sagesse Angélique sur la Divine Provid•nce,. 1 vol.
5 fr., par la poste 6 fr. 25.—L'Amour conjugal, 1 vol.
5 fr., par la poste 6 fr. 75. —. Doctrine Céleste de la
NouvelIe Jérusalem, IL vot'14 fr., par la poAe 4 fr. 75.
jugeme-nt Dernier,-.1 vol. 2 fr. 50, par la poste 3 fr.
-- Des Terres dans Vire-avers , 1 vol. 2 fr.. 50, par la
poste 3 fr.
Par :Parr.ault -Commerce de (Arne avec le Corps,
vol. 1 fr. 50„ par la poste 1 fr. 80.
Par Le Boys des , G-uays Arcanes Célestes , â vol.
grand in-8 0 , 7 fr. CI, par ta poste 8 fr. 70.— Le second.
volume est sous presse.. — Doctrine de vie pour la
.'sfrouvelle Jérusalem, 1 vol in-80, 2 fr., par la poste
2 fr. 40, — In-18, 1 .fr., par la poste 1 fr. 20. — „Doc-
trine sur (Écriture Sainte, 1 vol. in-8o, 2 par la
poste 2 fr. 40. — In-18, 1 fr., par la poste 1 fr. 20.

S'adresser, franco, à St-Amand (Cher) chez G. Poicre,

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