Sidi
InfoSidi
N°19 - Fév. 2009 - Solidarité Internationale pour le Développement et l’Investissement
25 ans de la Chaine de Solidarité pour le
Financement...Continuons !
L
e 13 décembre 1981, le général
Jaruzelski prenait le pouvoir à
Varsovie et décrétait l'état de guerre
sur toute l'étendue du territoire polonais. A
la rigueur du régime militaire qui
interdisait le nouveau syndicat Solidarnosc
et toute activité démocratique s'est vite
ajoutée une grave disette, conséquence de
l'effondrement dramatique de l'économie
polonaise.
Répondant à l'appel de syndicalistes et de
l'Église de Pologne, le CCFD-Terre
Solidaire organise, avec un financement de
la Communauté Européenne des convois de
vivres avec le concours de la Fondation
Solidarité France-Pologne. Ces convois,
outre leur utilité propre, sont aussi le
moyen de maintenir des contacts avec les
organisations dissoutes. Au cours de ces
contacts, il est demandé au CCFD de
favoriser la création d'entreprises libres
pour donner du travail aux personnes
licenciées brutalement par le régime.
Le CCFD n'avait ni la capacité juridique, ni
les moyens financiers disponibles pour
devenir investisseur. Il fallait donc trouver
une formule juridique adaptée à une
activité commerciale et économique
répondant à ces demandes. Or, justement,
le gouvernement polonais venait d'ouvrir
assez largement les possibilités pour des
étrangers d'investir dans le pays.
La voie s'ouvrait pour une action possible
Lors de la « journée SIDI » organisée pour les 25 ans, tous les maillons de la
Chaine de Solidarité étaient présents : salariés, actionnaires, partenaires,
CCFD-Terre Solidaire et Alliés Européens
par l'investissement. Pour cela, une
société commerciale était nécessaire,
d'autant qu'il est plus difficile pour un
pouvoir de supprimer une entreprise
qu'une association.
Mais où trouver les capitaux
nécessaires, sachant que le CCFD, dont
l'essentiel des ressources provient de
dons, ne pouvait en aucun cas utiliser
ces fonds à des fins commerciales,
fussent-elles solidaires?
Or, depuis quelques années déjà,
Gabriel Marc, alors président du CCFD
et ancien président de l'ACI et de
Justice et Paix, travaillait avec des
congrégations et des communautés
religieuses féminines sur l'utilisation
des capitaux produits par des ventes de
terrains ou d'immeubles en conformité
avec le vœu de pauvreté et de solidarité
chrétienne.
En même temps que ces communautés,
sous l'impulsion de la Sœur Nicole
Reille, créaient le premier fonds éthique
français, elles acceptaient d'utiliser les
revenus de leurs avoirs pour financer
l'aide aux pays du Sud et d'une manière
générale des interventions de nature
économique : créations d'entreprises,
soutien à des coopératives, petits prêts,
etc..
Avec le Crédit Coopératif rencontré
grâce à Karol Sachs qui, était, par
Le mot du Président
Christian Schmitz, Président du Directoire
25 ans déjà! Rappelons-nous l’ «essence» des
mots S.I.D.I.: Solidarité, Internationale, Déve-
loppement, Investissement ! En 1983, le CCFD-
Terre Solidaire décidait de créer deux instru-
ments innovants pour promouvoir la solidarité
autrement : l’un pour accompagner et développer
la finance solidaire sur le terrain (la SIDI), l’autre
pour mobiliser une épargne en France qui veut
« partager » les revenus et donner SENS à son
argent (le Fonds Commun de Placement «Faim et
Développement» géré par le Crédit Coopératif).
A sa création, dès 1983, la SIDI décidait d’ac-
compagner et d’investir directement dans des
petites entreprises (du tourisme alternatif au Ma-
roc, en Turquie, en Thaïlande, une scierie en
Nouvelle-Calédonie, un atelier de couture au
Maroc, etc.…). Rapidement, il est apparu essen-
tiel d’investir dans des Sociétés Locales d’Inves-
tissement (au Chili, à Madagascar, en Colombie
et en Uruguay, en Thaïlande et au Laos, au Ma-
roc, etc.…) pour amplifier l’action de la SIDI en
mobilisant des actionnaires locaux. Dans ce nu-
méro, plusieurs témoignages vous permettront de
mieux comprendre comment tout cela a évolué.
Aujourd’hui, la « chaine de solidarité pour le
financement » à laquelle vous êtes associés per-
met d’apporter des services financiers adaptés à
plusieurs millions d’hommes et de femmes, dans
plus de 30 pays, qui peuvent développer des acti-
vités génératrices de revenus et améliorer ainsi
durablement leurs conditions de vie. L’augmenta-
tion de capital décidée lors de la dernière A.G. du
17 octobre 2008 va permettre d’aborder les nou-
veaux défis du plan stratégique 2009/2012 (voir
InfoSidi n°18 de novembre 2008). Il en est de
même avec le lancement de « Faim et Dévelop-
pement Agir CCFD », nouveau fonds qui vient
renforcer le FCP existant.
A l’aube de 2009, dans un environnement diffi-
cile lié à la crise financière, nous allons poursui-
vre notre travail de proximité avec les partenaires
de la SIDI sur le terrain pour continuer à démon-
trer qu’il existe un modèle alternatif aux modèles
financiers dominants, frappés dans leur logique
de croissance. Nous avons une approche fonda-
mentalement différente, centrée sur les relations
humaines et le partage de risque. Le nouveau
plan stratégique pour 2009/2012 veut notamment
concourir à l’amélioration durable des revenus
des producteurs ruraux. Nous allons donc pour-
suivre cette dynamique engagée aux côtés de nos
nombreux partenaires, actionnaires et alliés qui
partagent une vision d’une économie solidaire
pour mieux financer le monde rural, avec une
réponse adaptée aux besoins et de la valeur ajou-
tée sociale réelle.
J’espère que vous serez nombreux à vous asso-
cier à cette vision de la finance humaine et de
services financiers solidaires construits pour
contribuer à l’avenir de millions de personnes qui
en sont privés.
 25 ans de la Chaine de Solidarité pour le Financement
ailleurs l'animateur de « Solidarité France-
Pologne » le CCFD a créé deux entités
complémentaires : un Fonds commun de
placement (Faim et Développement) qui,
pour la première fois en Europe associait un
placement financier et un don d'une partie
du revenu, et une société commerciale, la
SIDI (à l’époque Société Internationale
d'Investissement et de Développement
International). Le mot société était destiné à
rassurer les autorités polonaises sur la
nature économique de son activité.
Ainsi, la SIDI a vu le jour avec un capital
de 500 000 FF ( 76 225 € ) apporté par ces
communautés qui plaçaient dans le même
temps 2.500.000 FF ( 38I 125 €) dans le
fonds « Faim et Développement ». Ainsi les
ressources provenant de ce fonds
permettaient l'alimentation financière de la
SIDI et surtout la part de son
fonctionnement liée à ces activités risquées
et lointaines.
Malheureusement, il fut impossible de
réaliser le moindre investissement en
Pologne, l'administration refusant pour des
prétextes divers tous les projets présentés
par le promoteur polonais.
C'est alors que des immigrés marocains en
Belgique rencontrés par l'intermédiaire du
CCFD proposèrent à la toute jeune SIDI de
s'associer avec eux pour créer au Maroc une
menuiserie susceptible de leur fournir du
travail et de créer des emplois locaux. Ce
fut la première activité commerciale de la
SIDI. Suivirent les investissements dans
une autre entreprise marocaine, une agence
de voyage en Turquie créée par d'anciens
syndicalistes libérés des prisons du régime
Marc Dufumier et Pierre Rabhi sont venus exposer de surproduction. Les politiques
leur vision du développement agricole
militaire, puis une exploitation forestière
canaque en Nouvelle Calédonie.
Mais très vite, après ce rodage, on s'aperçut
qu'il fallait, pour être plus efficace,
s'associer à des partenaires étrangers pour
mettre en place des outils locaux de
financement, mais ceci c'est une autre
histoire, ou du moins la même qui continue.
Jean-Paul Vigier
Président du directoire de la SIDI de
1983 à 1995
Le défi du
financement rural
Le 18 octobre 2008 furent invités à la SIDI
tous les acteurs de la Chaine de Solidarité
pour le Financement, qu’ils soient
partenaires du Sud, actionnaires, alliés du
nord…pour réfléchir ensemble sur un
thème ambitieux, qui correspond au défi
actuel pour la SIDI du financement du
monde rural : « L’investissement social
face aux défis du développement rural ».
Deux spécialistes ont été invités à nous
faire partager l’état actuel de leurs
réflexions, dont voici les principaux
éléments.
Marc Dufumier est agronome et spécialiste
des questions de développement. Il ouvre le
débat, en allant droit à l’essentiel, sans
détours et sans concession.
« Il y a 200 fois plus de travail dans
un riz de la Casamance que dans un
riz de Floride ou de Camargue. Les
mettre en compétition, c’est faire
courir un coureur à pied contre une
formule 1, et en plus, la F1 est
subventionnée »
Marc Dufumier montre que les
difficultés de l’agriculture, qui
entretiennent un cercle vicieux de la
misère dans le monde, ne sont pas une
fatalité.
Le constat actuel est pourtant
redoutable : les prix augmentent, il est
à craindre une généralisation des
disettes, de même l’aide alimentaire
attendue n’arrive pas. Quelles sont les
causes d’une telle situation ?
ο Un déficit agricole actuel dans de
nombreux pays, alors qu’il y a deux
ans le monde était dans une situation
Infosidi n°19—février 2009 / Page 2
agricoles du Sud ont joué la carte des
importations alimentaires à bas prix.
Les pays du Sud risquent de le payer
très cher : en effet les producteurs ne
dégagent pas assez de revenus pour
vivre, et sont contraints de diminuer
leur production (par manque de
moyens), voire de quitter la terre.
La concurrence des pays riches dont
l’agriculture est à la fois hautement
productive et très subventionnée. Au
Sénégal, sur les marchés, le riz de
Casamance coûte aussi cher que le riz de
Thaïlande, de Camargue… Or en
Casamance, il y a 200 fois plus de travail
qu’aux Etats-Unis pour produire la même
quantité de riz, vendue au même prix.
Comment est-il possible que des gens qui
gagnent 200 fois moins soient compétitifs ?
Les solutions :
ο Acheter plus cher pour mieux rémunérer
les producteurs : que les politiques
acceptent le principe d’un prix
rémunérateur, incitatif et stable afin que
les producteurs augmentent leur
production.
ο Produire de manière durable. Les
engrais azotés sont très coûteux en
pétrochimie. Il nous faut penser à la
manière de produire davantage sans
recourir aux engrais (meilleur usage des
surfaces de captation, meilleure
utilisation des associations
légumineuses/cultures vivrières…).
ο Permettre aux paysans d’avoir une
épargne et des crédits pour investir, car
ces systèmes « durables » coûtent moins
en intrants fossiles mais sont plus
coûteux en unités de travail. Il n’y a,
contrairement à une idée reçue, pas plus
productif que le crédit à la
consommation dans les zones rurales.
Car quand vous prêtez pour deux mois,
vous évitez aux paysans de vendre la
petite chèvre, le petit cochon, autrement
dit de « décapitaliser » pendant la
période de soudure, et vous lui rendez
un grand service…
ο Des droits de douane importants : ne
pas renoncer qu’à l’OMC on mette des
droits de douane. Cela aurait sur les
agricultures du Sud un effet beaucoup
plus important que l’Aide Publique au
Développement.
Pierre Rabhi est paysan, auteur (La part du
Colibri), philosophe et conférencier. Il
appelle à une « sobriété heureuse » pour
fédérer ce que l’humanité a de meilleur et
 25 ans de la Chaine de Solidarité pour le Financement
industriel de ce pays.
La SIDI et les rois mages
La SIDI a apporté son aide financière et son
Etre solidaire c'est non pas subir la mécanique des marchés mais penser l'interdépen- appui technique à cette institution qui s’est
dance volontairement organisée pour un mieux être de tous en liant territoires, géné- développée rapidement. CENTENARY
rations et groupes sociaux. La SIDI est depuis un quart de siècle en ce domaine parmi BANK a pris le statut de banque
les avants postes non seulement de la réflexion mais de l'action via sa mobilisation des commerciale, ce qui lui a permis de
liens de finance. recueillir l’épargne des particuliers : elle a
Elle a montré et démontré que la finance ne se réduit pas à l'appât du gain mais pu ainsi financer son portefeuille de crédit
qu'elle peut être un vecteur de partage de moyens et d'expériences. Se tenant à dis- grâce à ces ressources généralement plus
tance d'une médiatisation de diseurs et d'illusions, la SIDI est dans les projets qu'elle stables. Elle est devenue aujourd’hui la
soutient parmi les faiseurs d'avenir, un peu à la manière des rois mages qui un jour première banque de micro crédit
prirent la route en suivant une étoile. d’Ouganda, avec le deuxième réseau
bancaire du pays. Elle a ouvert une
Professeur J. M Servet, auteur de « Banquiers aux pieds nus » trentaine de succursales, pour la plupart en
zone rurales, et le nombre des ses déposants
sortir du mythe de la croissance indéfinie. pas. L’argent est une chose mais quand on s’élève à 650 000, dont 90 000 bénéficiaires
En apportant une bouffée d’oxygène et une lui demande d’assouvir tous nos désirs, cela de micro crédits.
expérience de vie très concrète au débat de ne peut pas aller. L’écologie est le
ce samedi matin, il renvoie à la fondement de la vie et non pas un La SIDI détient 10% du capital. Elle est
responsabilité de chacun, « la part du paramètre. Car sinon on devra choisir entre représentée au Conseil d’Administration.
Colibri ». la bourse et la vie. L’éducation toute entière L’organisation et le fonctionnement de
doit être réformée. Ce n’est pas un choix Centenary Bank sont assez particuliers : en
« C’est la frustration programmée (par la mais un ultimatum. Une élévation de la effet, un grand nombre de décisions
publicité) qui fait tourner le système conscience. remontent au niveau du Conseil
économique. La réponse contraire, c’est la d’Administration ou de Comités spécialisés,
sobriété. » Catherine Bellin-Schulz sans pour autant porter atteinte aux
Responsable Géographique SIDI responsabilités de l’Administrateur
Aujourd’hui, 1/5ème de la population Directeur Général. Ces Comités se
dispose des savoirs et consomme les réunissent quatre fois par an et leurs
4/5ème de la planète. Cela remet en décisions sont soumises pour accord au
question toute la valeur morale du système La Centenary Bank en Conseil d’Administration
humain, à savoir permettre à chaque L’Eglise Catholique Ougandaise,
humain de manger, se vêtir… Nous vivons
une confiscation des biens collectifs.
Ouganda majoritaire, peut exercer son contrôle sur la
Direction générale. La SIDI pour sa part,
Lorsque dans les années 50, Pierre Rabhi bien qu’actionnaire minoritaire, peut ainsi
s’est installé avec sa femme en Ardèche, il participer activement à la gestion dans le
Centenary Rural Development Bank, a été cadre de ces comités spécialisés.
a compris qu’une logique agricole insensée
créée juste après la période dramatique de
s’était mise en place : « je produis mais je
la dictature d’Idi Amin Dada : plus de Une telle organisation, héritage d’une
détruis aussi ». Il a décidé de mettre en
400 000 personnes avaient disparu et le époque d’influence britannique, n’est pas
place l’agriculture biologique, d’abord à
pays était devenu exsangue. comme on pourrait l’imaginer un obstacle
son niveau dans sa ferme, puis au Burkina
Le Cardinal de l’Ouganda a alors pensé au fonctionnement de CENTENARY
Faso, au Maroc, en Palestine…
qu’il fallait essayer de contribuer à sortir le BANK. Au contraire, la croissance de
pays de la situation économique dans l’activité de la banque a été en moyenne de
Pour Pierre Rabhi, deux problèmes
laquelle il se trouvait en lutant contre la 37% par an au cours de ces trois dernières
essentiels se posent aujourd’hui sur le plan
pauvreté. Il envoya alors, un ecclésiastique années, la diversification des services
agricole :
en Europe (et notamment en France) où il proposés est bien adaptée à la population
prit conseil auprès du responsable du qu’elle prétend desservir, et l’importance de
Le système agronomique actuel détruit les
développement du CCFD-Terre Solidaire. l’impact sur une telle population permet de
ressources : à court terme, en consommant
Les études ainsi entreprises lui ont permis constater qu’elle a pleinement rempli sa
en ressources externes environ 80% de ce
de comprendre que le micro crédit était une mission. C’est ainsi qu’elle est devenue
qu’il produit ; mais aussi à long terme en
des solutions susceptibles d’apporter une l’une des banques de référence dans
stérilisant progressivement les sols et plus
aide financière à la population, et l’économie solidaire en Afrique.
largement l’environnement.
notamment aux personnes trop pauvres
C’est ainsi que l’agro-écologie est la seule
pour pouvoir ouvrir un compte dans une Les domaines où la SIDI a pu jouer son rôle
réponse possible. banque classique et ainsi bénéficier de sont les suivants :
services financiers nécessaires à son - Elaboration et mise en œuvre de la
En 2002, avec un groupe d’amis, Pierre activité.
Rabhi lance un message politique, celui de stratégie à long terme
la décroissance (qui prône la modération). Il - Gestion actif/passif
C’est ainsi qu’est née CENTENARY - Gestion des risques
préfère maintenant le terme de sobriété BANK, qui a apporté sa contribution à la
heureuse. Les êtres humains se posent - Politique de crédit et décisions concernant
lutte contre la pauvreté, au développement les demandes de crédits d’un montant
aujourd’hui la question : qu’est ce que je de l’agriculture, du petit commerce et à la
fais, quel est le sens de ma vie, malgré important
création de nombreuses micro entreprises, - Audit interne et inspection générale
l’argent ? Il y a quelque chose qui ne va participant ainsi à la constitution du tissu
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 25 ans de la Chaine de Solidarité pour le Financement
Le mot des Auxiliatrices Une institution
Bonne année 2009 à toute l'Equipe de la financière qui a
SIDI et à tous les partenaires.
su évoluer
Au milieu de la bourrasque financière qui secoue
notre monde c'est le moment de formuler quel-
ques vœux: que cette année nous incite plus que
jamais, à travailler pour la paix et la dignité de Aujourd’hui, alors que la SIDI
tous. fête ses vingt-cinq ans, tout ceux
qui participent à son quotidien :
Cette crise va-t-elle être une occasion de actionnaires, épargnants,
changement? consultants bénévoles et
collaborateurs lui souhaitent de
poursuivre encore longtemps son
La menace sera-t-elle si puissante que les autori-
action.
tés politiques et financières en viendront à prendre
des décisions efficaces? Comment ne pas le sou-
haiter? J’ai souvent eu à répondre à la
Mais l'opinion publique y est-elle favorable? Des question « Que fait la SIDI ? »
voix s'élèvent pour que le souci du pauvre, et du Elle travaille à fournir des services
moins favorisé soient reconnus sur tous les conti- financiers de proximité aux micro-
nents, et que chacun accepte de privilégier le bien entrepreneurs des pays émergents
commun avant ses seuls intérêts, pourtant, ces non bancarisés, à travers la
réactions sont encore trop limitées. création ou le renforcement
d’institutions de micro-finance
C'est pourquoi je me réjouis malgré tout, en ce (IMF). Les IMF sont souvent
début d'année de savoir que toutes les sœurs Auxi- initiées par la volonté des acteurs
liatrices, non seulement acceptent, mais désirent locaux, qui veulent que ceux qui
que notre engagement dans les placements soli- ne sont pas considérés comme
daires se maintiennent et si possible augmentent. dignes de confiance par les
Elles savent que pour cela une plus grande rigueur banques puissent bénéficier de
sera nécessaire dans leurs propres budgets. Mais services financiers. En nouant des
cette solidarité est stimulante. La dimension inter-
partenariats de confiance avec ces
nationale de cet engagement, la qualité du suivi
IMF, la SIDI s’engage à leur
et de l'accompagnement qui sont offerts, l'auto-
nomie et la dignité de ceux qui en bénéficient apporter des ressources
financières et une assistance
font une brèche dans la morosité et le décourage-
technique.
ment ambiants.
Merci à la SIDI ainsi qu'à tous les partenaires qui
avec ce soutien, collaborent à la construction d'un La SIDI n’est pas une ONG
développement plus durable. caritative, et doit, par son statut de
société anonyme, veiller à
Marie-Thérèse Gaud préserver les capitaux qui lui sont
Econome Générale des sœurs Auxiliatrices, confiés par ses actionnaires et en
Membre du conseil de surveillance a s s u r e r une r é mu n é r a t i o n
de la SIDI minimum. Si, par certains égards,
elle peut être considérée comme un
« investisseur social », ou un fonds
de financement des IMF dans les pays
- Gestion de l’actionnariat émergents, son action ne s’arrête pas là. La
- Gestion des ressources humaines confiance conjuguée de ses propres
actionnaires et des épargnants du FCP
Ainsi la SIDI n’a pas été limitée aux « Faim & Développement », dans le Nord,
responsabilités qui sont habituellement lui fournit les moyens de déployer son
celles d’un Administrateur, mais elle a pu, action en toute indépendance politique et
au travers des Comités spécialisés, financière. Elle peut ainsi dépasser les
participer aux décisions de gestion dans le limites de sa structure juridique et assumer
domaine économique et dans le domaine auprès des IMF le rôle d’un partenaire
social. «patient» et «attentionné».
Je suis arrivée à la SIDI à la fin de l’année
René EHRMANN 1996. Après un parcours de 15 ans dans la
Bénévole, représentant de la SIDI auprès
finance internationale, la micro-finance
de Centenary Bank
m’est apparue comme un objectif plus
motivant, avec sa proximité vis-à-vis des
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clients et son écoute de leurs besoins
financiers, loin du seul souci de rendement.
C’est en constatant sur le terrain, en Asie et
en Amérique Latine, toutes les difficultés
auxquelles doivent faire face les micro-
entrepreneurs, que j’ai pu appréhender la
problématique de l’accès au financement.
Mon arrivée coïncidait avec un changement
de direction et de stratégie à la SIDI.
Pendant dix ans, la SIDI a pratiqué un mode
d’intervention qui peut se résumer comme
une duplication de son propre « modèle »
transposé dans les pays du Sud. En
coopération avec des organisations locales :
ONG, établissements financiers, personnes
physiques engagées, … la SIDI participait à
la création de sociétés d’investissements
locales (SLI), qui relayaient dans leurs
pays, l’action internationale de la SIDI. Ces
SLI se chargeaient d’identifier des
initiatives entrepreneuriales, de leur
apporter des ressources (capital et fonds de
roulement), de les aider à bâtir leur plan
d’affaires, et de leur fournir une assistance
technique rapprochée, de manière quasi
permanente. C’est ainsi qu’en Asie, la SIDI
a participé à la création de SMED au Laos,
de RCP en Thaïlande, d’une association au
Vietnam (avec un bureau d’études et une
banque privée, dans l’environnement
politique spécifique de ce pays), d’INDES
au Chili, et de SAINDESUR en Uruguay.
Au terme de ces dix années et après une
réflexion pour évaluer l’impact de son
action, il a été jugé que ce mode
d’intervention ne répondait que
partiellement aux attentes suscitées. Par ses
besoins importants de ressources
(financières et humaines), au cours d’une
période relativement longue, ce modèle de
« capital risque » auprès des micro-
entrepreneurs ne permet d’en appuyer
qu’un nombre limité, et le dénouement
attendu (vente de la participation avec une
plus-value) reste souvent aléatoire.
C’est ainsi que la SIDI a décidé de cibler
son action auprès des IMF, nécessitant des
fonds propres ou du refinancement, autant
qu’un appui technique au niveau
opérationnel. C’est sur cette base que la
SIDI a concentré ses recherches de
nouveaux partenariats. En Asie, le premier
à en bénéficier, en 1996, fut le réseau des
coopératives CCSP, au Laos. La SIDI en fut
l’unique « associé » étranger. En 1999, le
GRET, opérateur d’un projet de
développement rural au Cambodge, a
sollicité la participation de la SIDI dans la
transformation de ce projet en société
anonyme. Le Cambodge sortait alors des
années difficiles qui ont suivi le régime des
khmers rouges et dépendait fortement de
 25 ans de la Chaine de Solidarité pour le Financement
l’aide internationale privée et publique. Les
investisseurs, mêmes «sociaux», n’étaient
pas encore prêts à assumer le risque
politique. La SIDI le fit, et fut l’un des deux
actionnaires fondateurs d’Ennatien
Moulethan Tchonnebat (EMT), société
anonyme dédiée à la micro-finance, sous la
supervision de la banque centrale
cambodgienne. L’année suivante, dans une
démarche similaire, un second partenariat a
été noué avec HATTHA KAKSEKAR, une
autre organisation de micro-finance. Au
Vietnam, où fourmillent des initiatives de
micro-entreprise, la SIDI s’est rapprochée
de CEP (Credit for Employment of the
Poor), une organisation sociale créée par la
Fédération des Travailleurs de
Hochiminhville.
A l’exception de CEP, la SIDI a appuyé
toutes ces initiatives avec une assistance
technique importante et participé
activement à leur gouvernance. Grâce
notamment à une politique
gouvernementale appropriée, les deux IMF
cambodgiennes ont réussi un parcours
exceptionnel (atteignant respectivement
plus de 100.000 et 8.000 clients) et une
performance opérationnelle remarquable.
En 2008, la SIDI a vendu la totalité de sa
participation dans EMT (aujourd’hui
appelée AMRET) étant arrivée à la limite
de sa valeur ajoutée financière, technique et
sociale et avec la satisfaction d’un travail
bien accompli. En ce qui concerne
HATTHA KAKSEKAR, la SIDI a
contribué aux deux récentes augmentations
de capital : par sa présence auprès de la
direction, elle a rassuré les nouveaux
investisseurs. La représentante de la SIDI a
été unanimement reconduite à la présidence
du Conseil d’Administration pour les trois
prochaines années.
En Amérique Latine, la SIDI a contribué au
développement d’autres types d’actions,
notamment, deux fonds dédiés aux IMF.
Créé en 1995 par quatre organisations
sociales (dont la SIDI), PROFUND, le
premier fonds de financement des IMF, a
réussi à collecter 22 millions de dollars
avec la participation de bailleurs
multilatéraux (FOMIN/BIAD, Banque
Mondiale, …). PROFUND a contribué au
renforcement des fonds propres d’une
dizaine d’IMF parmi les plus importantes
en Bolivie, Colombie, Equateur, Haïti,
Mexique et Paraguay, avant de clôturer ses
activités en 2005, au terme des dix ans de
sa durée statutaire. LACIF, un fonds de
refinancement, a été créée en 2000 pour une
durée limitée à huit ans et une taille
d’environ 25 millions de dollars. La SIDI
en fut l’un des membres fondateurs.
Reconnus comme des initiatives pionnières,
La SIDI et le Crédit Coopératif : 25 ans de
confiance et de travail en commun
Le Crédit Coopératif est fier d’accompagner, depuis 25 ans, la Sidi.
Créée ex-nihilo en 1983, cette belle société a réussi à s’inscrire, en mettant le dévelop-
pement humain au cœur de sa stratégie, comme un acteur fiable et pérenne du dé-
veloppement Nord-Sud.
Initiée en même temps que le 1er fonds de partage en Europe, « Faim et Développe-
ment « (géré par le Groupe Crédit Coopératif), la Sidi en est le plus important béné-
ficiaire au travers des dons des épargnants versés au CCFD-Terre Solidaire.
Du fait de sa grande proximité avec le CCFD, dont le Crédit Coopératif est également
un partenaire historique, la Sidi a réussi à amplifier son action en développant et en
fluidifiant des circuits financiers solidaires, à la frontière de l’humanitaire.
C’est pourquoi la Sidi a été invitée à rejoindre la Fédération Européenne des Banques
Ethiques et Alternatives (FEBEA), dont le Crédit Coopératif est membre fondateur.
La Sidi y apporte sa connaissance et son expérience de l’hémisphère Sud.
La Sidi et le Crédit Coopératif se retrouvent également au sein des associations Fi-
nansol et Epargne sans Frontière. Et nos deux organismes ont encore de nombreux
projets de développement communs… parmi lesquels, en 2009, le doublement de la
participation de la banque dans la Sidi ! Longue vie à la Sidi !
Laurence Moret
Représentante du Crédit Coopératif au Conseil de Surveillance de la Sidi
à
leur clôture, les deux fonds ont rempli
toutes les conditions financières et PALESTINE :
techniques préconisées.
Aujourd’hui, la SIDI tourne prioritairement
accompagner malgré
son attention vers le monde rural. Des
partenariats sont en cours avec des les difficultés
organisations de paysans, qui développent
des activités d’assistance technique, de
commercialisation auprès d’acheteurs L'actualité mortifère au Proche-Orient
internationaux pratiquant des prix n’empêche pas d’établir une approche en
équitables, et, le cas échéant, de prêts pour tant que partenaire financier solidaire vis-à-
l’achat d’intrants et de petits équipements. vis de la Palestine : nombreuses sont encore
C’est un nouveau chapitre qui commence... les personnes qui souhaitent vivre sur leur
territoire, même s’il est occupé de manière
A la fin 2008, j’ai pris ma retraite. Je me illégale et violente.
réjouis d’avoir pu partager une partie de la
vie de la SIDI et projette de continuer à La SIDI travaille en Palestine depuis plus
collaborer avec elle, en qualité de bénévole. de 15 ans et accompagne l’association Arab
Center for Agricultural Development
Alka COUET (ACAD) depuis près de 10 ans. ACAD
Responsable Géographique à la SIDI accorde des prêts aux paysans et petits
entrepreneurs ruraux, à travers 7 antennes.
Les missions de la SIDI ces dernières
années montrent les conditions très
particulières du travail de financement
solidaire dans le contexte de la Palestine.
En effet, aux risques inhérents à la
microfinance, s’ajoute celui tenant à
l’occupation : que faire si le camion de
tomates est bloqué 2 jours à un check-point
(il y en a 630 sur un territoire grand comme
l’Oise) ? La récolte, le travail du paysan
seront perdus, sans que la qualité du projet
soit en cause. Les partenaires palestiniens
appellent cela pudiquement le « risque
contextuel ». Pour la SIDI, la
problématique centrale de l’appui porte sur
Deux productrices de tomates Palestiniennes le renforcement de la sécurisation du
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 25 ans de la Chaine de Solidarité pour le Financement
portefeuille d’ACAD, l’une des
dernières IMF travaillant en
Palestine, et plus largement de tout
le secteur microfinancier.
Un nouvel enjeu, jugé important
par la SIDI, est donc apparu :
comment appuyer une IMF jugée
pertinente, aux performances
techniques et financières très
convenables, dans un contexte de
crise structurelle dont les effets
peuvent porter atteinte jusqu’à sa
propre existence. Tout ce
processus a permis à la SIDI et à
ACAD de :
ο mieux appréhender la nature et
la réalité du risque encouru par
les IMF en Palestine, et
concrètement les effets de la
situation politique sur le
portefeuille d’ACAD. Cette
meilleure connaissance a été
apportée par les enquêtes de
l’équipe d’ACAD dans ses
différentes succursales. Une Mutuelle de Solidarité au Kivu, en République Démocratique du Congo : l’Assemblée Générale
vérifie que le montant d’argent contenu dans les caisses soit bien celui indiqué dans les comptes.
ο étudier comment couvrir un
risque contextuel tout en discernant et
différentiant bien les fonctions de
prêteur et de garant : toutes les systèmes
de garantie ne permettent pas de
répondre à la nature de ce risque
particulier.
ο concevoir et mettre en œuvre un
système de couverture du risque
contextuel : ce système est opérationnel
depuis le 1er Janvier 2008.
ο mobiliser, sur cette problématique,
largement d’autres Organisations de
Solidarité Internationale au niveau
français et européen (l’AFD, Banca
Etica/Italie, la Fondation UnSolmon/
Espagne).
ACAD communique chaque trimestre aux
partenaires du fonds de garantie le détail de
son portefeuille susceptible d’être soumis à
des risques contextuels. Les dossiers dont le
remboursement a été rendu impossible par
un risque contextuel sont instruits par un
cabinet indépendant à Ramallah, qui
soumet ses conclusions à la SIDI (c’est elle
qui gère le fonds de garantie pour le compte
de ses partenaires).
L’existence de ce fonds de garantie change
profondément l’état d’esprit des agents de
crédit chez ACAD. Ils adoptent une attitude
moins prudente, et cela leur permet dès
maintenant de risquer l’équivalent de 1,4
millions d’euros de prêts en plus de
l’activité précédente !
On voit l’enjeu pour les paysans et petits
entrepreneurs : débarrassés de l’angoisse
des conséquences d’évènements sur
lesquels ils n’ont pas de prise, ils peuvent
continuer à entreprendre pour faire vivre
leur famille malgré le contexte difficile. Il
faudrait amener le fonds de garantie à
500 000 € d’ici fin 2009 pour couvrir aussi
le portefeuille des autres institutions de
microfinance palestiniennes, ASALA et
FATEN.
Dominique Lesaffre
Responsable Géographique à la SIDI
La Mutuelle de
Solidarité: un outil de
développement
Les actionnaires de la SIDI connaissent
désormais bien la mutuelle de solidarité ou
MUSO et ses trois petites caisses verte,
rouge, bleue, dont ils ont lu des descriptions
et évolutions dans les rapports d’activité de
la SIDI et certains Infosidi. Certains ont pu
aussi entendre des témoignages de membres
et promoteurs de mutuelles de solidarité
lors de voyages d’actionnaires ou lors de la
venue de partenaires en France.
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Les épargnants au FCP connaissent moins
cet outil, alors que c’est l’argent collecté
grâce à eux qui permet à la SIDI de
consacrer une partie de son temps à sa
diffusion (objectif réaffirmé dans le plan de
développement 2009-2012). Cette diffusion
prend du temps sans engendrer
immédiatement et nécessairement de
produits financiers pour la SIDI. Petit état
des lieux à l’intention de tous.
La MUSO en bref
La MUSO est une organisation originale,
entre un groupe d’entraide, une tontine et
une banque villageoise, inventée par des
paysans sénégalais en 1995 et diffusée
ensuite par la SIDI dans d’autres pays.
C’est à la fois un groupe de personnes qui
veulent marcher ensemble, un outil de
financement populaire, et un espace de
structuration et de cohésion du milieu.
Un groupe d’entraide
La MUSO est d’abord un groupe de
personnes (paysans, artisans, commerçants)
qui se connaissent, se font confiance et
veulent chercher ensemble à résoudre leurs
problèmes (groupe d’entraide). Ils décident
de cotiser ensemble régulièrement et
égalitairement, et de s’organiser autour de
leur argent, avec rigueur et solidarité, sur le
principe « un homme, une voix ».
Un outil de financement populaire
La MUSO est un outil de financement
populaire de proximité, simple et plus
 25 ans de la Chaine de Solidarité pour le Financement
Le mot de Cordaid
Cordaid est un partenaire de la SIDI depuis
plus de 10 ans maintenant. Nous participons
au capital de la SIDI et avons été membre
du conseil de surveillance entre 2000 et
2008.
Cordaid s'est associé avec la SIDI à de nom-
breuses occasions. Ce que j'ai pu constater
lors de ces partenariats, c’est que la durabili-
té de leur travail est essentiellement due à
leur professionnalisme et à leur engagement.
Leur professionnalisme vient de ce que leurs
responsables géographiques sont bien for-
més, qu’ils bénéficient de l’appui de consul-
tants, et qu’ils collaborent dans une vraie
relation de partenariat avec les dirigeants
des organisations locales. Ils forgent un rap-
port étroit et efficace, sont accessibles à leurs
partenaires et ont une mentalité positive et
adaptée à la situation. En outre, au niveau
de la stratégie, la SIDI poursuit constam-
ment un effort d’innovation concernant son
travail, ses méthodes et ses instruments d’in-
tervention.
L'engagement de la SIDI envers ses parte-
naires est fort. Quand ils démarrent un par-
tenariat, c’est pour longtemps. Leur motiva-
tion est d'aider des organisations locales à
devenir autonomes et viables, donc capables
de répondre aux besoins des pauvres et des
populations vulnérables dans leur pays. De
tels développements peuvent prendre des
années, mais la SIDI restera à leurs côtés
pour le temps qu’il faudra.
Les politiques de Cordaid diffèrent parfois
un peu de celles de la SIDI. Il n'a pas toujours
été possible de trouver le terrain d'entente
entre les deux organismes pour travailler
ensemble. Cependant, la relation a toujours
été ouverte, transparente et cordiale entre
les deux organisations, avec un respect réci-
proque envers leurs propres responsabilités
et leurs stratégies. Je pense que ce type de
relations a été la clef d’une bonne collabora-
tion dans tous les projets où il a été prouvé
qu’il était possible de travailler ensemble sur
la base d’intérêts mutuels.
Cordaid est heureux des réalisations qui ont
été possibles dans le cadre de notre partena-
riat, et souhaite vivement d’autres opportu-
nités de collaboration.
Jakob Winter / Cordaid
souple qu’une banque villageoise : toutes
les règles sont fixées par les membres sauf
celles concernant la sécurité de l’argent.
Les groupes utilisent 3 caisses (et leurs
cahiers) facilement identifiables :
• 1 caisse verte pour les cotisations Témoignage de Xavérine Mukantabana trans-
récupérables, dont le montant mis par l’association Duhozanye du Rwanda :
constitue un fonds de crédit et qui
constitue un capital retraite pour les « Je suis avancée en âge, je me sentais seule, an-
membres goissée, toujours isolée, mais avec la
• 1 caisse rouge pour les cotisations MUSO ABATANGANA nous nous rencontrons
non récupérables, qui sert de caisse en partage de vie, d’expérience, de problèmes
de secours en cas de besoin. rencontrés durant le mois écoulé et les non réso-
• 1 caisse bleue pour les échanges lues sont soumis à l’association DUHOZANYE.
d’argent avec l’extérieur (SIDI par
exemple) Nous apprenons à épargner, à demander des cré-
dits ainsi que à rembourser, je trouve cela très
Un espace de structuration et de important dans la vie surtout que nous pensions
cohésion du milieu que l’épargne est faisable chez les salariés et que
La MUSO est un espace de nous nous sommes pauvres sans argent. Pour au-
structuration et de cohésion du jourd’hui nous nous trouvons capables d’épargnes
milieu, un ferment de changement et d’octroyer un crédit et rembourser.
social.
• Elle est d’abord un lieu convivial La MUSO est très utile, pour moi j’achète des
de mise en commun d’énergies et haricots que je vends ensuite pour gagner ma vie.
d’expériences autour des activités, Je me disais je suis inutile dans la société mais
joies et problèmes de chacun. maintenant avec la MUSO je suis utile dans la
• Elle peut devenir ensuite, au fil des société car je peux faire quelque chose en vivant
échanges et de l’apprentissage réalisé dans le groupe MUSO ; les enfants m’aident dans
dans la gestion de l’argent des les transports et à la maison ; je vends mes hari-
membres, le catalyseur d’autres cots aux voisins. Si la MUSO pouvait arriver à la
dynamiques : établissement d’une majorité rurale le développement serait rapide et
c a i s s e d ’ é p a r g n e - c r é d i t , efficace. »
approvisionnement collectif en
semences ou engrais, commercialisation sa petite taille, ce n’est pas un outil
commune, prévention santé, réactions obsolète, mais bien une porte d’entrée pour
face aux catastrophes naturelles, l’apprentissage de la gestion de l’épargne,
enregistrement sur les listes électorales, du crédit, de l’assurance, et la construction
réflexion sur l’énergie dans le milieu etc. de changements sociaux !
La dynamique MUSO dans le monde Et même si les montants cotisés suffisent
rarement à couvrir tous les besoins, comme
La SIDI travaille (formation, système l’investissement à moyen terme, ils sont
d’information, stratégie, financement) loin d’être négligeables pour l’amélioration
avec une dizaine d’organisations de la trésorerie familiale. Ainsi, en 6 ans,
promotrices de MUSOs, en Afrique au Nord-Kivu en RDC, plus de 1 million de
(Sénégal, Mali, Burkina Faso, RDC, dollars d’épargne ont été mobilisés par 600
Rwanda, Burundi), en Haïti et à MUSOs formées et accompagnées, qui sont
Madagascar, particulièrement en milieu ensuite devenues actionnaires à 80% de leur
rural. propre caisse d’épargne-crédit. Et les
cotisations dans la caisse rouge
Ces promoteurs (organisations (prévoyance) ont également grandement
paysannes, ONG de développement, facilité l’accès aux soins dans les
association de congrégations dispensaires de la province.
religieuses), travaillent fin 2008 avec
environ 50 000 personnes qui ont choisi Un succès jamais automatique
de marcher ensemble au sein d’environ 2 Cependant, le succès n’est jamais
500 MUSOs, dont plus de la moitié en automatique même si les principes et règles
RDC. C’est presque 2,5 fois plus que de la MUSO répondent à des besoins et
début 2005 ! D’autres MUSOs existent, nécessités, et si de nombreuses MUSOs ont
qui ne sont pas suivies par des été formées avec succès. La MUSO est une
partenaires SIDI, notamment en Haïti. organisation sociale autour de l’argent, et
elle pourrait, en étant mise en place à un
Petite mais utile rythme inadapté, ou simplement mal suivie,
La MUSO ne peut répondre à tous les être détournée de ses objectifs, mettre en
besoins, elle n’est qu’un outil de gestion de danger les cotisations des membres,
l’argent, pas une activité permettant de renforcer des inégalités, et créer des conflits
« faire bouillir la marmite », mais elle a internes, voire être exploitée par des
montré son utilité dans différents contextes institutions ou individus peu scrupuleux.
économiques, politiques, culturels ; malgré
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 25 ans de la Chaine de Solidarité pour le Financement
L’expérience a montré que la connaissance
du milieu par les promoteurs, l’attention
portée à la dynamique sociale tout autant
qu’à la bonne gestion financière, la
méthodologie de promotion, la régularité et
la qualité du suivi, ainsi que les conditions
de refinancement et la volonté d’un
accompagnement viable sur le long terme,
avec des MUSOs expérimentées qui
deviennent de vrais partenaires, sont
déterminants pour que se forment des
MUSOs de qualité, autonomes, fiables, et
porteuses de changement social. C’est le
défi pour la SIDI que d’identifier et
d’accompagner des partenaires dans cette
voie.
Emmanuel Vuillod
Coordinateur MUSO à la SIDI
« nous faisons chemin en
marchant ensemble »
Internationales liées à l'Économie
Solidaire, ce qui m'a permis de rencontrer
des chefs d’entreprise disposant de très peu
de ressources, et voulant améliorer leur
niveau et leur qualité de vie. En outre, à
travers SIDI j’ai pu connaître d’importants
projets dans divers pays, tant de l'Amérique
latine, que d’Asie, d’Europe de l'Est,
d’Afrique et du Moyen Orient.
Ces 21 années de travail avec SIDI m'ont
permis de mesurer l'important impact d'une
politique visant les pauvres et les exclus
dans le monde urbain et rural, ce qui permet
à beaucoup de familles d'améliorer leurs
revenus, et contribuer ainsi à atteindre des
niveaux de vie dignes.
En 2002, Christian Schmitz, Président du
Directoire de la SIDI, et Alka Couet,
Responsable Amérique Latine, m’invitent à
collaborer dans d’autres pays de l'Amérique
Latine, parmi lesquels la Colombie et
l’Équateur, ce qui m’a permis d’entrer en
contact avec la réalité des petits producteurs
ruraux de fruits, cacao, banane, café,
travaillent avec de petits producteurs
ruraux. Ceci a abouti à la création de
FOPEPRO (Fonds de Petits Producteurs
Ruraux pour l'Amérique Latine), qui va
opérer à partir du second semestre 2009.
Ces 21 années, pour moi, ont été un
privilège d’œuvrer avec une équipe
humaine d'un grand engagement avec tout
le monde, développant une démarche de
solidarité pour le financement d'initiatives
économiques et sociales.
En ce moment, quand la crise économique
mondiale pose les plus grands défis au
monde et une grande opportunité pour le
futur de la SIDI, nous devons être encore
plus créatifs dans l'élaboration de
propositions d’appui et de solidarité.
C e l l e s - c i d ev ro n t p e r me t t r e l e
développement des politiques avec un
impact important pour que les secteurs
vulnérables puissent compter sur des
instruments leur permettant de faire face à
cette crise, dans de meilleures conditions.

produits laitiers et l'artisanat pour en Pour cette célébration des 25 années de la

Dans les débuts des années 80, et étant
retourné au Chili après 4 années d'exil en
Italie, nous créons, avec un groupe de
professionnels, « Taller Norte » , Centre
Urbain d'Assistance Technique, qui est une
ONG dédiée au développement urbain et
logement social avec des habitants de
quartiers de la Zone Sud-est de la ville de
Santiago.
nommer certains.
L'expérience de travailler avec des
producteurs ruraux m'a mis face à un défi
personnel : comment avec la SIDI pouvons-
nous développer le crédit et l'assistance
technique en Amérique Latine avec des
institutions, comme des coopératives, des
fondations et autres organisations, qui
SIDI, je voudrais envoyer mes salutations à
tous les collaborateurs qui font leur possible
pour que notre mission soit accomplie jour
après jour, et ainsi, contribuer à diminuer
les différences économiques et sociales
entre les personnes.
Juan Carlos Accorsi
Représentant de la SIDI au Chili

En 1987, vers la fin de la dictature imposée
par Pinochet au Chili, Jean-Paul Vigier
entre en contact avec diverses ONG
chiliennes pour proposer la création d'une
Institution financière privée, qui soutienne
directement des micro et petites entreprises
pour faire face au grand chômage qui sévit
depuis1982. A partir de cette année,
j’entame une collaboration avec SIDI
France, que je représente dans le Directoire
d'INDES au Chili.
Pendant ces 21 années de travail avec
INDES, mon principal objectif a été de
faire croître le nombre de crédit, celui-ci, de
nos jours, a atteint approximativement 20
millions USD.
Au début, jusqu'en 1997, INDES développa
le micro leasing comme principal produit
financier ; de nos jours l'institution a
développé ses produits financiers en
incorporant leasing, affacturage, et crédits
à court et long terme.
Mille actionnaires pour les 25 ans de la
Chaine de Solidarité
Un millier d’hommes et de femmes qui croient en la force de la solidarité internatio-
nale à travers une chaîne de solidarité financière.
Depuis 25 ans ils expérimentent que les plus pauvres se développent par eux-mêmes
quand on leur fait confiance en leur apportant quelques modestes moyens adaptés à
leurs projets. Tous les actionnaires individuels en témoignent : depuis 25 ans, cela
marche. Ils représentent un quart du capital de la SIDI. L’association « Epargne Soli-
darité Développement » (ESD) les regroupe. Elle permet l’expression de leur réflexion
et de leur expérience. Elle renforce leur témoignage d’épargnants et actionnaires soli-
daires dans leurs milieux et leurs réseaux de vie, et auprès de la SIDI. En ce 25éme an-
niversaire de la SIDI, en plein milieu du gué de l’augmentation de capital, le plus beau
cadeau d’ESD à la SIDI sera l’augmentation du nombre des épargnants solidaires qui
viendront ajouter leur maillon à ceux qui se sont déjà donné la main pour dire : l’ar-
gent qui fait vivre, c’est l’argent serviteur, patient, qui irrigue les projets
des hommes en commençant par ceux des plus pauvres.
Le Conseil d’Administration d’ESD (Epargne Solidarité Développement)
InfoSidi - Solidarité Internationale pour le Développement et l’Investissement

Grâce au travail effectué avec INDES j'ai Directeur de la publication : Christian Schmitz ■ Réalisation : Laurent Chéreau
pu me mettre en rapport avec divers Photos : SIDI ■ Imprimeur : Impression Directe
réseaux d'Institutions Chiliennes et SIDI - 12 rue Guy de la Brosse - 75005 Paris - 01 40 46 70 00 - Fax : 01 46 34 81 18 - www.sidi.fr
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