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Relisant ce court texte écrit alors, je revois les images du film Beyrouth
sous le siège projeté dans une salle comble au Festival du film arabe
qui se déroulait précisément ce mois-là. Il s’agit de courts et très courts
films de réalisateurs professionnels ou amateurs tournés lors de la guerre,
réunis en un long métrage par Rania Stephan. Si la plupart des docu-
mentaires révèlent différents points de vue de sujets (individus) filmés
par un réalisateur, ici s’ajoute la diversité des regards des nombreux
réalisateurs. Tous subissent le même siège que les protagonistes qu’ils
filment de l’intérieur, à la fois spectateurs et acteurs. Un enfermement
que la sonorité du film renforce dans mon souvenir.
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Très peu d’espaces publics sont ouverts à tous sans restriction. Autour
du centre, il semble que le bord de mer (la Corniche) le soit. Je ne suis
pas parvenu à entrer « naturellement » dans l’enceinte de l’Université
américaine. Le parc Sanayeh est clos mais vivant – c’est ici que venaient
camper des familles pendant les bombardements. Les avions volent très
bas, prêts à atterrir plus au Sud. Le haut de la tour Hilton vide et trouée
agit comme un monument commémoratif (pour quelle communauté,
gagnante ou perdante ?) mais il est difficile de pénétrer dans le bas.
Le marcheur est invité à ne pas passer trop près de l’hôtel Phenicia.
Dans le centre, il reste des carrés en attente, traversés par des petits
raccourcis spontanés. Des chantiers en effervescence. Quelques blin-
dés, de nombreuses barrières, plusieurs contrôles. La place des Martyrs
est ouverte, peu de monde, une légère tension. Des camionnettes avec
drapeaux et figures de Nasrallah traversent le centre rapidement.
Ambiance chaude à l’ouverture du Festival du film arabe. L’ennemi
extérieur a réuni les communautés du pays.
Au Sud, les traces éclatées des bombardements. Des ponts, des routes,
des bâtiments, percés, en partie ou totalement démolis. De nouvelles
démolitions forcées. Un chaos, des vides, des restes, une attente. Les
espaces publics et privés bouleversés. Le quotidien entre tout. Ghobeïré,
Haret Hreik, quelques photos. Je marche, personne ne s’intéresse à ma
présence. Quelques haltes, quelques thés. Je me perds dans le quartier.
Cette force du chaos. La désolation de cette femme qui pleure.
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Le Sud est bouclé, je renonce à y aller, c’est vers là que les véhicules
roulent pour écouter Nasrallah.
Sur la Corniche : là, les habitués qui sont restés regardent la mer.
Au-dessus, la lune est pleine. Des jours à Bruxelles. Au Liban, des dépu-
tés sont enfermés à l’hôtel Phenicia – des vies en forme de voix pour
l’élection d’un futur président. Le site diplomatique français annonce
un degré de sécurité (moins ?) quatre. Le 3 novembre vers 23h50, Romain
est né (deuxième fois grand-père !). La Belgique est sous tension – les poli
ticiens ne savent plus comment régler la vie des communautés (linguis-
tiques). La Turquie voudrait intervenir au Kurdistan irakien – une région
réunira-t-elle un jour les Kurdes de différents pays ?
Vito Acconci ne vient pas. L’atelier est mené par Nadim Karam, architecte,
et Claudia Zanfi, qui par ailleurs organise l’ensemble des workshops
et séminaires dans le cadre d’aMAZElab, laboratoire culturel qu’elle
a fondé à Milan. Nous travaillons dans la bibliothèque de Haret Hreik.
Trop vite, dans la grosse jeep, nous passons en oblique devant un petit
carré de terre entre murs. Une ruine vivante. Des restes et du nouveau.
Une vigne déjà là, deux chaises apportées. Une atmosphère.
Très vite, lors des premières prises de vues, la présence d’un socle s’est
imposée. Je pensais à une palette de chantier, l’un des ouvriers de la
municipalité a amené une estrade couverte d’un feutre gris. C’est lui
aussi qui invitait (poussait) les passants à s’installer. Ce pas franchi,
debout ou assis sur l’estrade, chacun, chacune (ou un petit groupe) pre-
nait le temps d’être là ou de jouer. La personne qui posait se retrouvait
dans un dispositif dont elle avait plus ou moins conscience : la tente,
l’estrade et la chaise, l’appareil sur pied, la ou le photographe, l’espace
entre. Dans ce dispositif où chaque élément était nécessaire à l’entre-
prise, l’estrade a joué un rôle particulier. La séance a démarré sans, elle
aurait pu se poursuivre ainsi. C’est pourtant ce petit plateau surélevé
qui, pour chaque personne, isolait sa présence tout en l’intégrant dans
le projet collectif.
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Le workshop « Communities and Territories on Public Sphere & Public Librairies » était orga-
nisé par amazelab (Milan) sous la direction de Claudia Zanfi, avec l’aide de la fondation
Heinrich Böll, bureau du Moyen-Orient, représentée à l’atelier par Dina Fakoussa, et la
collaboration de la Zico House, dirigée par Roula Kobeissi. Le workshop était animé par
Nadim Karam, assisté de Ramona Abdo. Participants : Marwa Arsanios, Stéphanie Dadour,
Balsam Madi, Sara Makki, Pascal Martel, Jean-François Pirson, Georges Rabbath. Studio
photo : Marwa Arsanios, Jean-François Pirson. Pour mener à bien le travail, nous avons
reçu l’aide du personnel de la bibliothèque et de la municipalité de Haret Hreik ainsi que des
habitants du quartier qui se sont spontanément pris au jeu photographique.
Cahier de Beyrouth n°3
Ateliers # 1/2
17 et 18 avril 2008
Vendredi 18 avril
25 étudiants sur le toit terrasse de l’ALBA.
Petits carnets de dessin A6, à partir d’A3. Introduction sur le dessin-
prise-de-notes-rapide. Le nombre d’étudiants permet plus d’interventions
ponctuelles, notamment sur la plastique, la relation, les limites. Mais trop
peu de temps pour monter, comprendre, démonter, reprendre…
Les étudiants applaudissent l’intervention sans en exprimer le sens.
Ateliers # 3/4
2 et 3 avril 2009
cartographie de ma naissance
Partition provisoire :
D’abord trois à quatre feuilles A4, pliées en deux, coupées, pliées à nou-
veau en deux, agrafées pour constituer le carnet de bord (A6) ; disposer
d’un sac d’environ 60 litres (sac à dos, sac-poubelle, …).
20 février 2009
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Marcher,
autour et dans la Forêt des Pins
13-15 avril 2009
avec
Darine Choueiri, Giulia Fiocca, Lama Sfeir
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À l’ouest, la Forêt des Pins est bordée par une travée en long,
bien dégagée, ouverte au public. Elle est séparée, par un grillage, du
magnifique jardin central où seules peuvent pénétrer les personnes
âgées de plus de trente-cinq ans, munies du permis adéquat. De ce
contexte restrictif est née l’idée d’un pique-nique qui rassemblerait des
habitants proches se rencontrant, pour la première fois, au centre du
parc. La situation de celui-ci est particulière, puisqu’il suit, au Sud-
Est, la limite administrative du Mouhafazat 1 de Beyrouth et s’inscrit
dans la mémoire du tracé de la ligne verte 2 ; il se situe aussi au cœur de
la ville, si l’on considère que la banlieue Sud en fait partie intégrante. Au
cours de marches préalables, nous avons suivi la limite du Mouhafazat,
entre la mer et la mer ; distribué des passeports, en guise d’invitations,
autour de la Forêt des Pins et plus loin ; déambulé dans la partie « privée »
et vide du parc, après de longues palabres avec les gardiens des lieux.
Deux heures avant le pique-nique, le retrait de l’autorisation, obtenue
quelques semaines auparavant, et les trois heures de pluies diluviennes
qui devaient tomber durant la semaine ont miné l’entreprise.
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1. Gouvernorat
2. La ligne verte tire son nom de la végétation qui s’était répandue dans
la zone de démarcation entre l’Est et l’Ouest, pendant la guerre civile.
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Forêt des Pins, 1997, source inconnue.
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Instigateurs des marches et du pique-nique avorté :
Darine Choueiri, Libanaise, architecte, avec un Master en architecture et culture urbaine;
Giulia Fiocca, Italienne, architecte, avec un Master en architecture et culture urbaine,
collaboratrice du Satlker-Osservatorio Nomade (Rome);
Jean-François Pirson, Belge, artiste-pédagogue;
Lama Sfeir, Libanaise, architecte, avec un Master en architecture (Architecture et Pouvoir).