Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Palais de l'Elysée
55, rue du Faubourg Saint-Honoré
F – 75008 Paris
FRANCE
Nous estimons qu’une telle attribution serait contraire non seulement aux
intérêts de la France mais aussi aux idéaux de l’Union européenne. Le
parcours politique de M. Van Rompuy est, effet, caractérisé par des positions
antifrançaises constantes, conformes à celles du parti auquel il appartient
depuis si longtemps. Des positions qui bafouent les principes démocratiques
partagés en Europe en visant à la suppression des protections linguistiques
des francophones de Bruxelles et de sa périphérie, et à la subordination
économique, financière et politique de la Wallonie.
Votre souhait de voir cet homme politique accéder à un poste d’une telle
importance nous semble dicté par l’aspect sage, réfléchi et consensuel qui se
dégage de sa personne, ainsi que par son excellente connaissance de notre langue
et de notre culture. Aussi nous paraît-il essentiel de soulever ici quelques points
2
d’une réalité belge dont les milieux décisionnels français n’ont, pour la plupart,
qu’une vague connaissance.
Dans une précédente « Lettre ouverte », nous vous avons exposé la raison pour
laquelle le système fédéral belge, officiellement mis en place depuis 1993, s’est
soldé par un échec : la Flandre ne se comporte plus en entité fédérée, mais bien en
véritable Etat-nation, dont les milieux dirigeants poursuivent le but soit de
s’assurer le contrôle total de l’Etat belge en subordonnant sa communauté
française, soit de le briser pour se débarrasser de la Wallonie, tout en conservant
Bruxelles, troisième Région, à 90 % de langue française et enclavée en territoire
flamand.
Le but poursuivi est évident. En effet, selon un principe de droit international, les
délimitations administratives admises au sein d’un Etat font généralement autorité
pour la définition d’une frontière nouvelle, au cas où cet Etat serait appelé à se
scinder. Comme l’arrondissement en question chevauche la limite linguistique
des deux communautés, sa scission faciliterait la tâche de ceux, qui, dans le nord
du pays, préparent le contrôle total de Bruxelles par le renforcement de son
enclavement total en Flandre, étape préalable à l’indépendance flamande. La
scission de BHV permettrait de parachever l’homogénéité territoriale et
linguistique de la Flandre, par l’effacement de toute présence de la langue
française autour de Bruxelles.
3
Il nous faut dénoncer ici avec force la duplicité de M. Van Rompuy. En signant
une proposition de loi visant à scinder l’arrondissement de Bruxelles-Hal-
Vilvorde, il a lui-même placé sous son propre gouvernement la bombe qui risque
de le faire sauter au printemps. Car les positions sont à ce point éloignées qu’on
voit mal une solution négociée intervenir d’ici là, sauf lâcheté partagée des partis
francophones. On ne peut donc être surpris par le fait que, depuis sa désignation
au poste de Premier ministre, en décembre 2008, M. Van Rompuy ne soit pas
parvenu à démêler l’écheveau communautaire belge, dont BHV est aujourd’hui le
nœud principal, action qui aurait permis à la Belgique de retrouver une certaine
sérénité après les dix-huit mois de profonde instabilité vécus depuis les élections
législatives de juin 2007.
Monsieur le Président,
Monsieur le Président,
…,
au nom du Collectif « Union pour une Belgique française »