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INSTITUT LA CONFÉRENCE H I P P O C R AT E
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La Collection Hippocrate
Épreuves Classantes Nationales
HÉPATO-GASTRO-ENTÉROLOGIE
PÉDIATRIE
Vomissements
du nourrisson
III-345
Dr Stéphane AUVIN
Chef de Clinique
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III-345
Vomissements
du nourrisson
Objectifs :
– Devant des vomissements du nourrisson, de l’enfant ou de l’adulte,
argumenter les principales hypothèses diagnostiques et justifier les
examens complémentaires pertinents.
– Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi de
l’évolution.
2. Éliminer le RGO
● Il s’agit d’un diagnostic différentiel fréquent : en fait, de régurgitation et non de vomisse-
ments. En pratique, il est parfois difficile de faire la différence soit en raison de difficultés
liées à l’interrogatoire, soit parce qu’il s’agit d’un RGO sévère où la différence entre régurgi-
tations et vomissements peut être difficile à établir.
3. Retrouver la cause
Mémo : CNIT + causes gastro-entérologique, métabolique ou psychogène
(Cf. tableau ci-dessous)
(CNIT : Chirurgie, Neurologie, Infection, Toxique)
Signes évoquant une cause chirurgicale :
Vomissements bilieux
Défense
Altération de l’état général
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VOMISSEMENTS DU NOURRISSON
A/ Diagnostic positif
● Les vomissements se définissent par des rejets du contenu gastrique et/ou intestinal s’ac-
compagnant de contractions musculaires abdominales.
● Ils sont classiquement distingués :
– des régurgitations, qui sont de simples rejets post-prandiaux qui surviennent sans effort ;
– du mérycisme, qui se définit par une remontée volontaire ou automatique des aliments dans
la bouche, suivie de leur redéglutition (rumination). Il survient habituellement sur un ter-
rain neuro-psychiatrique particulier.
● Les vomissements sont un symptôme très banal en pédiatrie. Ils sont présents dans de nom-
breuses pathologies digestives et extradigestives et justifient donc toujours un examen cli-
nique complet.
B/ Étiologies
1. Une urgence chirurgicale doit toujours être éliminée dans un premier
temps
● Surtout lorsqu’il existe :
– des vomissements bilieux ;
– une altération de l’état général ;
– des signes pariétaux.
● Il peut s’agir :
– d’une invagination intestinale aiguë ;
– d’un étranglement herniaire (intestinal ou de l’ovaire) ;
– d’un volvulus du grêle (sur bride postopératoire, sur anomalie de rotation mésentérique) ;
– d’un diverticule de Meckel (par volvulus autour du diverticule, par invagination iléo-iléa-
le) ;
– d’une appendicite aiguë ;
– d’un obstacle anatomique congénital (sténose duodénale, duplication digestive).
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b) Plus rarement
● Une gastrite (Helicobacter pylori, allergie aux protéines du lait de vache, infection à cytomé-
galovirus, aspirine),
● Un bézoard gastrique (cheveux, végétaux, épaississants du lait).
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C/ Explorations paracliniques
Il n’y a pas de démarche paraclinique systématique. Les examens seront choisis en fonction des
données de l’examen clinique. Nous indiquons des éléments qui peuvent avoir un intérêt dia-
gnostique sans que ceux-ci soient nécessaires ou suffisants.
1. Biologie
● Un ionogramme sanguin permet d’évaluer le retentissement hydroélectrolytique des vomis-
sements.
● On pourra trouver une hypernatrémie reflétant le degré de déshydratation intracellulaire.
● Un pH capillaire permet d’évaluer, d’une part, le retentissement des vomissements (alcalose
hypochlorémique des vomissements prolongés et notamment dans la sténose du pylore) et,
d’autre part, le degré de souffrance cellulaire dans les syndromes occlusifs ou dans les chocs
(acidose métabolique à trou anionique élevé secondaire à une hyperlactatémie).
● Un bilan inflammatoire (NFS, CRP) permet d’orienter vers une cause infectieuse.
2. ASP
Il permet de montrer un syndrome occlusif radiologique avec, dans certains cas, des éléments
en faveur du siège grélique ou colique de l’occlusion.
3. Échographie abdominale
Elle permet le plus souvent une recherche étiologique précise :
– indication nécessaire en cas de suspicion de sténose du pylore, invagination intestinale
aiguë ;
– indication possible : appendicite aiguë.
4. Scanner abdominal
La place du scanner abdominal dans le syndrome occlusif de l’enfant reste à préciser.
Il peut avoir son intérêt en cas de recherche d’une atteinte pancréatique ou dans la recherche
d’un foyer infectieux profond.
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A/ Physipathologie
● Le péristaltisme intestinal fait progresser le segment invaginé.
● Favorisé par l’absence d’accolement des mésos, la progression se déroule le long du cadre
colique parfois jusqu’au rectum. En effet, seule la longueur du méso peut freiner l’invagina-
tion.
● Au niveau du collet d’invagination, il existe un étranglement responsable d’un obstacle au
retour veineux, de l’apparition d’un œdème puis d’une ischémie du segment invaginé.
B/ Étiologie
● Elles sont nombreuses.
● La plupart du temps, les invaginations sont idiopathiques. On incrimine alors un hyperpé-
ristaltisme ou une hypertrophie des plaques de Peyer (hypertrophie secondaire à une infec-
tion virale).
● Parfois, on trouve une étiologie telle qu’un polype intraluminal, une tumeur, un angiome, un
diverticule de Meckel, un lymphome, une malformation digestive. Certains terrains sont éga-
lement favorables : le purpura rhumatoïde, les traitements par chimiothérapie et le « post-
opératoire ».
C/ Diagnostic
1. Âge de survenue
La majorité des IIA surviennent entre 2 mois et 2 ans. Après 2 ans, elles sont plus rares mais
sont volontiers provoquées plutôt qu’idiopathiques.
2. Sex-ratio
Trois garçons pour 2 filles.
3. Clinique
● La forme clinique typique n’est malheureusement pas la plus fréquente, elle associe :
– douleurs abdominales paroxystiques (cris de survenue brutale avec pâleur se calmant en
quelques minutes pour reprendre quelques instants plus tard) ;
– entre les cris, une phase de récupération avec somnolence ;
– refus du biberon ;
– vomissements alimentaires ou bilieux ;
– rectorragies qui sont souvent tardives.
● D’autres tableaux sont possibles :
– forme neurologique avec somnolence pouvant évoquer le diagnostic de méningite ;
– forme occlusive souvent évocatrice d’une invagination iléo-iléale ;
– forme vue tardivement avec état de choc et syndrome occlusif.
4. Examen clinique
● On peut retrouver, dans les jours précédents, un épisode infectieux (rhino-pharyngite, otite,
hyperthermie…).
● L’abdomen est souple, souvent indolore en dehors des crises douloureuses. On s’efforce de
trouver le boudin d’invagination, tuméfaction ovalaire ferme et mobile située sur le cadre
colique (retrouvé dans 1/3 des cas).
● Le toucher rectal peut trouver du sang dans les selles.
● Vu tardivement, l’enfant présente une altération de l’état général avec choc septique et abdo-
men douloureux, voire un tableau de péritonite.
● Mais un examen normal n’élimine pas une IIA.
● En fait, tout enfant de 2 mois à 2 ans doit être suspect d’invagination s’il présente des dou-
leurs abdominales et/ou des vomissements et/ou un refus du biberon et/ou des rectorragies
et/ou des épisodes de pâleur cutanée contemporains des douleurs.
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5. Examens complémentaires
b) Échographie
Elle correspond à l’examen à visée diagnostic de première intention. On retrouve une zone
échogène entourée d’un halo hypoéchogène.
c) Lavement opaque
● Il est à la fois diagnostique et thérapeutique.
● Réalisé en présence du chirurgien et de l’anesthésiste, on utilise un produit hydrosoluble
tiède, certains insufflent de l’air sous pression contrôlée.
● Les contre-indications sont rares : le pneumopéritoine, un diagnostic tardif et l’état de choc.
Un syndrome occlusif peut également être une contre-indication pour certaines équipes.
● Le lavement opaque montre un arrêt de la progression du produit de contraste sur la tête du
boudin sans opacification du segment d’amont (donnant l’aspect typique de pince de crabe
de profil ou de cocarde de face). L’augmentation progressive de la pression (parfois jusqu’à
100 cm d’eau) repousse peu à peu le boudin vers le cæcum.
● On affirme la réduction complète lors de l’inondation massive du grêle sur au moins 20 cm
avec un cæcum totalement opacifié.
● En cas d’échec, le lavement peut parfois être recommencé 2 à 3 fois jusqu’à la désinvagina-
tion complète.
● Critères de réduction :
– cliniques :
* disparition des signes cliniques,
* enfant se calme et s’endort,
* amélioration de l’état général ;
– radiologiques :
* visualisation de l’ensemble du côlon,
* reflux massif de produit dans les dernières anses grêles,
* absence d’encoches pariétales sur le cæcum ou sur le côlon,
* cæcum en place,
* absence de signes de réinvagination sur les clichés d’évacuation.
D/ Traitement
En cas d’échec du lavement, le traitement sera chirurgical.
1. Indications :
– Contre-indications au lavement opaque.
– IIA non réduite au lavement.
– IIA secondaire (lymphome, polype, diverticule de Meckel…).
– IIA récidivante.
2. Technique
● Intubation et voie veineuse
● Incision : MacBurney ou transversale droite pouvant être agrandie.
● La réduction se fait par pression douce sur le boudin extériorisé hors de l’abdomen. La trac-
tion sur l’anse peut provoquer facilement une perforation digestive par déchirure de l’anse et
du méso.
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● En cas d’échec de réduction, on réalise une résection-anastomose, de même, si l’anse est très
abîmée avec un risque de perforation ou de sténose.
● En présence d’une cause organique, la lésion responsable de l’IIA est enlevée dans la résec-
tion. Une analyse anatomopathologique est systématique.
3. Suite
● Simple en général après réduction, il existe cependant un risque de récidive, même s’il est
moindre que dans les réductions par lavement opaque (20 % lors d’une réduction par lave-
ment versus 6 % après chirurgie).
● Dans les résections anastomoses, on maintient une aspiration digestive comme dans toute
chirurgie digestive avec sutures.
4. Évolution - pronostic
● Favorable malgré le risque de récidive.
Ces enfants sont gardés en observation pendant 48 heures, après réduction au lavement, l’ali-
mentation est reprise immédiatement.
● Après chirurgie, l’évolution est celle d’une laparotomie ou d’une résection-anastomose.
● Le pronostic de l’IIA est lié à la précocité du diagnostic. Le taux de mortalité est de plus en
plus faible, mais on dénombre encore des décès dans certaines séries. ■
POINTS FORTS
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STÉNOSE HYPERTROPHIQUE
DU PYLORE
A/ Anatomopathologie
● La lésion anatomique est constituée par une hypertrophie des fibres musculaires circulaires
du pylore (myome) qui va progressivement enserrer la muqueuse pylorique et en rétrécir sa
lumière jusqu’à l’obstruer totalement. L’anomalie n’atteint que la musculeuse pylorique, alors
que la muqueuse est indemne. Il s’agit d’une hypertrophie musculaire extramuqueuse.
● L’étiologie est inconnue.
B/ Épidémiologie
● Il s’agit d’une affection fréquente atteignant 2/1 000 nouveau-nés en France.
● Elle atteint plus souvent les garçons (75 à 80 % des cas).
● Sa récurrence à l’intérieur d’une même famille est connue (15 % des cas).
C/ Diagnostic
1. La clinique est souvent évocatrice
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POINTS FORTS
● La sténose hypertrophique du pylore est liée à une hypertrophie des fibres musculaires
circulaires du pylore qui en rétrécit la lumière. Il s’agit d’une hypertrophie musculaire
extramuqueuse.
● Elle est fréquente et atteint surtout les garçons (75 à 80 % des cas).
● Il s’agit typiquement d’un nourrisson âgé de 3 à 5 semaines qui présente, après un
intervalle libre après la naissance, des vomissements en jet et jamais teintés de bile.
● L’état d’hydratation doit être évalué et corrigé avant la prise en charge chirurgicale.
● Le diagnostic est confirmé par l’échographie qui révèle l’hypertrophie musculaire
(épaisseur du muscle pylorique ≥ 4 mm et diamètre transversal du pylore ≥ 13 mm).
● Le traitement est toujours chirurgical. l Après une réanimation préopératoire, il est réa-
lisé une pylorotomie extra-muqueuse longitudinale.
● Les complications postopératoires sont exceptionnelles.
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Échographie avec
malrotations intes-
tinales et mésentère
Mésentère commun ou malrotation complète : commun en écho-
- ensemble du cadre colique, situé sur le bord graphie doppler :
gauche du rachis ; - inversion des
- cæcum en fosse iliaque gauche ; vaisseaux
- ensemble du grêle dans la moitié droite mésentériques
de l’abdomen. supérieurs : artère
(AMS) à droite
de veine (VMS).
Échographie avec
sténose hypertro-
phique du pyloré :
- hypertrophie du
muscle pylorique
en échographie
(> 3 mm).
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