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La DPA est une notion essentiellement légale et administrative. L'article L1225-17 du code de
la santé publique stipule en effet que toutes les femmes enceintes ont droit à des congés
maternité rémunérés, d'une durée au moins égale à 16 semaines, et dont les bornes sont
déterminées de part et d'autre d'une "date présumée de l'accouchement". Néanmoins le texte
légal ne stipule pas le mode de calcul de la DPA. Les praticiens sont tenus de l'inscrire sur les
documents du suivi de grossesse à chaque consultation. Nous n'avons pas pu trouver une
définition claire de la DPA qui soit unanimement utilisée. Beaucoup s'accordent sur une durée
de 280 jours à partir de la date des dernières règles (JA), soit très exactement 40 semaines
d'aménorrhée (SA). D'après la distribution de la durée des grossesses de Kieler et al. ([1],
données basées sur une estimation échographique de la date de conception, voir encadré
données chiffrées), une telle définition correspond à la médiane de la distribution : 50% des
femmes accouchent avant, et 50% après. Il faut néanmoins garder présent à l'esprit que cette
distribution est très large, avec un écart type (déviation standard) de une semaine et demi.
Dans le but d'arrêter à l'avance les dates de congés maternité, prendre la médiane serait tout
à fait logique puisque cela minimise l'écart entre la date réelle et la date présumée.
Le terme de la grossesse est à l'inverse une notion médicale. Strictement parlant le terme réel
d'une grossesse devrait correspondre au jour réel de l'accouchement ... D'un point de vue
médical le terme correspondrait à la durée la plus longue d'une grossesse normale (hors
pathologie). Dans les faits beaucoup s'accordent sur une durée de 41 SA, soit 287 JA. C'est
aussi la définition adoptée par le groupe de travail de la HAS sur le "Déclenchement artificiel
du travail après 37 semaines d’aménorrhée" [2]. D'un point de vue statistique, toujours en se
basant sur le travail de Kieler et al., 287 JA correspondent au 80e percentile de la distribution.
Le 90e percentile est atteint à 291 JA. Dans les recommandations de la HAS, 41 SA = 287 JA
est un seuil à partir duquel une surveillance du risque du syndrome de post-maturité doit être
mise en place jusqu'à 287+6JA.
Nous voyons donc que la DPA et le terme n'ont aucune raison d'être confondus en une seule
et même date. Les deux ont un sens radicalement différent. La DPA est un outil permettant de
calculer les dates des congés maternité en minimisant l'erreur par rapport à la date réelle de la
naissance, tandis que le terme définit l'approche de la durée maximale des grossesses
normales à partir de laquelle une surveillance rapprochée est instaurée. Dans la pratique, le
calcul de la DPA par les praticiens est très opaque pour les usagers. Le calcul du terme est
moins hermétique, mais il est loin d'être unifié. Il est de notoriété publique que certains placent
le terme à 40 SA, d'autres à 41 SA. D'autres encore, comme dans le réseau Aurore (région
lyonnaise) placent le terme à 280+3 JA. Ce dernier chiffre provient de la médiane de
distributions anciennes basées sur une date des dernières règles rapportée par les femmes
enceintes et non pas corrigée à partir de la datation échographique. Que ce soit 280 ou 283
JA, toutes deux médianes de distributions différentes, les appeler "terme" est incorrect d'un
point de vue statistique ou/et médical. Ce sont des DPA, non des termes. Inversement, si un
Du point de vue des usagers, on peut dire que la confusion est totale. La DPA ou le terme
sont transformés dans le langage courant en "jour J", à partir duquel on retranche ou ajoute
des jours. Personne ou presque ne s'imagine même que les deux dates puissent signifier deux
choses différentes. Le fameux "jour J" est perçu à l'heure actuelle comme un couperet. D'une
façon qu'il n'est pas aisée de cerner, le jour J s'est propagée dans la population comme
signifiant que le bébé devrait être né, que l'accouchement doit être déclenché ou a minima que
le bébé est « en retard ». L'approche de ce jour J induit donc une très grande anxiété chez les
femmes enceintes. Cette anxiété est palpable sur les forums de discussions, où l'on peut
assister à des confusions extraordinaires dues au fait que le "J" n'est pas le même pour toutes
les internautes, comme nous l'avons montré lors des dernières Rencontres Prescrire [3] ...
Par exemple une femme dit : "déclenchement à J+7 donc 41 SA" …, signifiant par là que son
médecin calcule le terme à 40 SA. Plus subtilement, la pratique de ce médecin donne
l'impression d'être en accord avec les recommandations de la HAS, et peut-être même le croit-
il de bonne foi. .... Mais en réalité il démarre la surveillance rapprochée et programme des
déclenchements une semaine trop tôt. Il pratique donc environ 10% de déclenchements à tort
sur sa clientèle, et induit une surcharge du service en faisant surveiller environ 45% des
femmes enceintes au lieu de 20% (voir encadré données chiffrées). On peut lire aussi : "Dans
ma maternité c'est surveillance jusqu'à J+10". Immédiatement on a tendance à penser que
cette maternité prend plus de risque sur le syndrome de post-maturité que stipulé dans les
recommandations ... jusqu'au moment où l'on finit par comprendre que ce "J" est égal à 283
JA. Les recommandations sont donc bien suivies quant au terme de la surveillance (283+10 =
287+6 JA), mais elles démarrent 4 jours trop tôt, sans raison médicale, induisant une anxiété
inutile pour environ 15-20% des femmes enceintes, et à nouveau une surcharge de travail
inutile dans le service. Il pourrait être embarrassant pour le corps médical de se rendre compte
que certaines internautes futées finissent par comprendre les sources de la confusion et
concluent :"Ah ces médecins !".
L'autre confusion, de plus en plus répandue dans le grand public, porte sur la signification de
ces dates. Sur la majorité des sites internet, y compris professionnels, la date "présumée" est
devenue la date "prévue". Il y là une interprétation plus que malheureuse du "P" de DPA. Si
certains usagers mieux informés savent que cette date doit être relativisée de au moins une
semaine et demi de part et d'autre, d'autres la prennent quasi au pied de la lettre. De multiples
sites internet offrent des calculateurs de "la date d'accouchement", assénant parfois sans
précaution : "Vous accoucherez le" suivi d'une date au jour près. Bien entendu ces
calculateurs donnent des résultats différents, puisque certains prennent 280 JA et d'autres 287
JA. Reprenant la courbe de Kieler et al., on peut déduire que la probabilité d'accoucher
strictement à 280 JA est de l'ordre de 6%, celle d'accoucher à 287 JA de environ 3%.
Autrement dit la DPA n'a aucune valeur prédictive quant au jour réel de l'accouchement; le
seul sens que l'on puisse lui donner c'est que la probabilité d'accoucher avant est la même
que celle d'accoucher après. Le terme à 287 JA n'a aucune valeur prédictive sur le jour réel de
l'accouchement non plus; tout ce qu'il signifie c'est qu'une femme enceinte à 8 chances sur 10
d'avoir accouché avant, et 2/10 d'accoucher après.
Nous sollicitons donc la HAS pour établir des recommandations sur le calcul de la DPA et du
terme, en faisant la synthèse de la littérature médicale pour examiner les différentes
définitions, et idéalement en réalisant une méta-analyse des distributions de la durée des
grossesses publiées. Une remise à plat des modèles utilisés pour dater les grossesses avec
des mesures échographiques serait également utile, au moins pour tenir compte d'une
incertitude réaliste. Ces recommandations devraient prévoir une large diffusion auprès des
professionnels pour limiter les mauvaises pratiques, tout particulièrement les déclenchements
Données chiffrées venant à l’appui de la demande * (données sur les pratiques professionnelles,
données de consommation, données de prescription, données épidémiologiques, données
budgétaires) :
L'argumentation de cette saisine est basée sur la courbe de distribution de durée des
grossesses de Kieler et al. [1]. En théorie nous aurions pu en étudier d'autres, néanmoins
celle-ci avait la propriété d'être accessible aux usagers en version électronique. Leur figure 1
montre la distribution de la durée des grossesses pour 865 femmes ayant eu un
accouchement sontané et un cycle de rigoureusement 28 jours où la date de conception a été
déterminée par une mesure échographique du diamètre bipariétal à 18 SA. A l'heure actuelle
les datations sont idéalement pratiquées avec une échographoe à 11-13 semaines. La
médiane est de 280 jours, l'écart type de la distribution de un peu moins de 10 jours. Leur
figure 2 montre la distribution lorsque la durée a été calculée à partir de la date des dernières
règles rapportée par les femmes. Ils confirment que cette distribution est décalée par rapport à
celle obtenue avec des mesures échographiques, la médiane étant de environ 283 jours. Nous
avons digitalisé la figure 1 afin de faire quelques estimations supplémentaires, les résultats
devant être relativisés en regard de la faible statistique et du calcul sur des pas entiers :
Percentiles :
Étant donné que la courbe n'est pas symétrique il nous a semblé utile de calculer aussi les
probabilités d'accouchement dans des intervalles de dates autour de la valeur médiane :
Il n'existe pas à notre connaissance de données chiffrées permettant d'estimer la pratique des
professionnels pour le calcul de la DPA. Nous n'avons pas trouvé non plus de documents
permettant de connaître la fraction de praticiens plaçcant le terme à 280 JA, 283 JA, ou 287
JA. Les témoignages indiquent que la pratique plaçant le terme une semaine trop tôt est
fréquente, concernant une fraction non négligeable des praticiens. La pratique consistant à
mettre le terme à 283 JA semble au moins être généralisée dans les maternités participant au
réseau Aurore.
[3] Le déclenchement de l'accouchement à terme : la qualité pour tous vue par les usagers
C. Loup pour le CIANE, Revue Prescrire août 2010, tome 30 No332
625-626, sous presse
Diminuer les déclenchements artificiels trop précoces dus à un mauvais calcul du terme.
Diminuer la surcharge de travail des services induite par des surveillances trop précoces inutiles.
• Enjeux pour les patients ou les usagers du système de santé : par exemple,
nécessité de prendre en compte leurs questions, leurs attentes et de les impliquer dans
2
la réalisation du projet, amélioration attendue de leurs connaissances (permettant une
plus grande implication dans leur propre prise en charge)
• Enjeux de santé publique : par exemple, événements évitables, mésusage, impact sur
la morbi/mortalité, qualité de vie, risques d’incapacités ou de handicaps, compensation
X
d’un handicap, objectifs de la loi de santé publique, plans de santé publique, risques
émergents ou crises, implication des usagers et patients, …
• Enjeux éthiques
• Enjeux sociaux
• Autres enjeux : …
Pour les professionnels il s'agit avant tout de bien séparer les aspects réglementaires des
aspects médicaux du suivi des grossesses en intégrant la nécessité de calculer deux dates,
DPA et terme, dont la signification statistique et médicale est différente. Certains devraient
ainsi abandonner la pratique courante qui consiste à confondre ces deux dates en une seule.
Les pratiques inter-établissements, inter-réseaux, ou inter-praticiens, devraient être
uniformisées. Cela permettrait de calculer les congés maternités de façon optimale partout, de
diminuer le taux de déclenchements, et de diminuer la charge de travail des surveillances post-
terme. Ceci acquis il devrait être du devoir des praticiens d'informer clairement les femmes
enceintes de la signification de ces deux dates. Il leur revient aussi de les informer que le jour
de l'accouchement n'est pas prédictible : l'accouchement est le plus probable dans une
fourchette de environ 3 semaines.
Pour les usagers il est impératif de sortir de la confusion généralisée actuelle. Les usagers
devraient être informés correctement et intégrer ainsi à leur vécu de grossesse une incertitude
intrinsèque quant à la date de la naissance. Toute prédiction d'un "jour prévu de
l'accouchement" relève de l'escroquerie. L'information transmise devrait aussi leur permettre
de comprendre que le jour défini comme le terme de la grossesse n'indique en rien une date
probable d'accouchement, mais un moment où la majorité des femmes ont déjà donné
naissance et à partir duquel une surveillance régulière est instaurée, sans pour autant que ce
seuil soit déjà une situation pathologique. Ces explications devraient vraisemblablement
contribuer à diminuer l'anxiété des femmes enceintes à l'approche de ce fameux "jour J".
Aspects réglementaires
Congé Maternité
La demande a-t-elle été déjà faite auprès d’un autre organisme ? OUI X NON
Que les femmes enceintes ne voit pas leur terme modifé en fonction de leur interlocuteur.
Que l'ensemble des professionnels et la sécurité sociale s'accordent sur une même définition
de la DPA pour calculer au mieux les dates des congés maternité. Que le mode de calcul soit
inscrit en clair dans les textes réglementaires est à discuter.
Que l'approche du terme ne soit plus perçue par les femmes enceintes comme un signe
d'anormalité, voire de danger, et donc réduire une anxiété non seulement inutile mais délétère.
Que la DPA ou le terme ne soit plus interprétés à tort par la population comme une prédiction
du jour de l'accouchement.
Faire passer les esprits d'un état de besoin de certitude, quitte à ce qu'elle soit fausse, à
l'acceptance d'une incertitude intrinsèque à la durée des gestations humaines, serait une
avancée culturelle remarquable, démontrant une compréhension acquise des outils
statistiques en accord avec les données de la science.
Quelles sont les mesures d’accompagnement prévues ? Quelles en sont les modalités de
mise en œuvre et le calendrier prévisionnel ? *
Le CIANE envisage d'ores et déjà certaines actions dans l'année à venir, quelle que soit l'issue
de cette saisine, entre autres la rédaction d'une fiche pratique sur la DPA et le terme
accessible aux usagers sur notre site internet. Nos moyens sont cependant limités et ne nous
permettent pas (ou très peu) d'influer directement sur les pratiques professionnelles. Le reste
des modalités de mise en oeuvre devra être spécifié par les corps professionnels, et
éventuellement par les médecins de santé publique ou la commission Naissance du ministère
de la santé. Notons que la mise en oeuvre impliquera la modification de certains documents et
des outils de calculs existants.
8. Délais souhaités1 *
1
Les délais proposés seront discutés dans le cadre de la procédure d’élaboration du programme de
travail de la HAS, des arbitrages seront à prévoir au regard de l’ensemble des demandes retenues.