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Voiturade

♪ ♬

Empereur y es-tu ?
Oui.
D'où viens-tu ?
Château-fantôme.
Où vas-tu ?
Lomekatt.
Par quelle voie, quel chemin ?
Ouroboros.

Le cortège tamponné GN routait moteur ronflant, passant mers et monts et


merveilles cauchemardesques.
Dans l'une des voitures —celle en tête de file—, s'ensardinaient six
membres de la team Z et deux invités surprise.
Direction le désert –pas si désert– d'Ouroboros.
Le namek des six tenait lieu de conducteur, pour avoir jadis passé le permis
en même temps que Son Gokū, surtout pour avoir eu —contrairement à ce
dernier—, la mauvaise idée de réussir l'examen, se condamnant par là
même à devenir the chauffeur de service. Tout le monde sait, pourtant, qu'il
ne faut jamais être le seul d'une bande donnée à avoir le permis. Jamais.
Nappa se devinait particulièrement dispensable dans la voiture, stature
herculéenne oblige, qui étouffait ces messieurs à l'arrière. À l'exception de
Végéta, lui ne saurait être importuné puisque campé sur le toit du véhicule.
En tailleur, bras croisés.
Et si le prince s'en fut monter le toit, c'est bien qu'il se savait persona non
grata, au sein de l'habitacle. Déjà que sa simple présence dessus la cime de
l'auto suffit à convaincre la moitié des occupants du véhicule en question de
migrer vers l'autre berlyne en queue de file. Le mépris envers le prince
n'avait d'égal que la peur inspirée et en cela, il s'apparentait à C-17 qui —
n'en déplaise— n'avait, pour son compte, jamais pris la peine de sortir du
véhicule. Il dormait aux droites de Nappa et Gohan, écouteurs aux oreilles,
tige de blé au bec.
La seule fois, finalement, où le beau-frère de Krilin daigna ouvrir les yeux,
disons un œil, fut pour jeter le même œil au compartiment ouvert réservé
aux pédales, sachant que Piccolo —comme beaucoup—, eut fini par prendre
l'habitude de se déchausser par souci de confort sinon en vue d'améliorer
l'adhérence des pieds à l'accélérateur et autres pédales d'embrayage.
L'apparence des pieds de Piccolo ibn Daimaō, justement, voilà qui alors
poussa C-17 à écarter les paupières, une fois, le meuporg n'alla pas au bout
de laquelle quête, préférant tout bien posé conserver le mystère, ou
s'épargner un traumatisme (Piccolo en chaussettes!).
La suite de berlynes noires traversait un très large sentier aride, sur un
tapis de feuilles mortes longeant la friche inhospitalière et mal ponctuée —
dirait-on une phrase beaucoup trop longue— car si peu d'habitats, eux en
pierre décrépie ; et ceinturée aux deux flancs par cette allée de glycines
formant quelque interminable, olympien, opaque tunnel mauve composé
d'arbres têtes bèches, ainsi prosternés par la seule force du vent
d'apocalypse qui sifflait toujours aussi sinistrement, et charriait —sur des
kilomètres à la ronde— une apparente odeur d'encens dont l'immense feu
de forêt découpé dans l'arrière-cour du château-fantôme plus loin devant,
semblait être le fourneau. Les gens dudit château avaient dû immoler plus
d'une trentaine de kodarticaceae odoranta, ces arbres qui si mis à feu et à
sève, donnaient cette fragrance auguste toute particulière.
Encore un effet de mise en scène supposé aggraver la que trop solennelle
marche de l'Empereur.
Piccolo remonta les vitres de la voiture, histoire d'épargner à son petit
monde l'odeur qui se voulait impressionnante, et les hurlements trop
décourageants d'un vent chargé de Ki, celui incroyablement vicié et lacérant
du réputé C-0, et son cortège de marcheurs, congénères dits démons du
froid, dits nihiliens.
Bientôt, le bruit d'une moto se fit entendre. Et quelques instants de suite
après, Chaoz et Tenshinhan ralliaient l'avant-garde du cortège de berlynes, à
bord de leur Harley Halliday tantôt réquisitionnée.

Ce n'était-là qu'un clone de Tenshinhan ; mais c'était bien là le véritable


Chaoz, le seul, l'unique, lui-même ; qui fut radié de la GN pour un scandale
médiatique de frais de maquillage à 26000 zenis.
D'ailleurs et à en voir l'affublement du Tenshinhan ci-présent, Chaoz
commençait à avoir une, sinon mauvaise, en tout cas certaine influence sur
lui.
Le nain au fond de teint blanc excessif toqua contre la vitre côté conducteur,
lui vert de carnation.
— Je peux monter avec vous ? souffla Chaoz.
Et Piccolo Jr. s'arrêta de rouler.
Tchappah, chauffeur de la voiture en queue de file, passa alors devant,
aussitôt suivi par Tenshinhan au volant de la Harley.
Junior s'apprêta à redémarrer de suite après avoir embarqué Chaoz, quand
Végéta l'interrompit sautant du toit, pour sitôt trotter vers les fourrés un
peu plus loin, au dos du régiment d'arbres versant ouest.
— J'ai envie de pisser, je reviens tout de suite, annonça le prince, s'éloignant.
— Moi aussi, souffla timidement Gohan, levant la main à l'arrière du
véhicule, intérieur crème.
Piccolo considéra le métis d'un regard grave, puis lui fit signe de filer, d'un
mouvement de tête.
— Moi aussi…, osa alors Krilin, levant la main à son tour, sans grande
conviction que la troisième puisse jamais être la bonne.
Piccolo soupira, et accorda une nouvelle autorisation.
Krilin tout ravi décampa sans demander son reste.
— Nappa, tu as envie de pisser toi aussi, viens, lança alors Végéta depuis le
lointain.
— Non, j'ai pas particulièrement envie de pisser, moi.
— Si. Tu as envie.
Ce qui sonnait au départ comme une invitation… résonna comme un ordre.
— Qu'il aille se faire mettre, j'ai pas envie de pisser, murmura Nappa.
— Tu ne veux pas l'accompagner ? se tourna Gokū, depuis le siège passager
tout à l'avant.
— Non. À tous les coups il veut causer du fait qu'il m'ait tué il y a quelques
années. Juste après le moment où tu m'as cassé la gueule en Kaiôken. Tu te
souviens ? Je suis sûr qu'il ne s'attendait pas à me voir vivant avec vous dans
la voiture.
— Eh bien, pourquoi ne pas aller tout de suite en parler avec lui dans ce cas
? Ça vous permettra de mettre les œufs à plat et d'arrondir les mangues.
— Il n'y a rien à dire. Il a essayé de me tuer ce jour-là. Fin de l'histoire,
grogna le colosse, dans sa moustache.
— Euh… Bon…, céda Gokū, revenant face à lui-même. Bon. Au moins, Végéta
aura l'occasion de discuter avec Krilin et Gohan. Ils ont aussi des comptes en
cieux datant du même jour. D'ailleurs ça m'étonne que Végéta n'ait toujours
pas demandé après C-18. Elle aussi, il avait un compte en cieux avec, si je ne
m'amuse…
Piccolo et son air pressé n'écoutaient pas, tout à leur guet du retour de ces
messieurs, les trois autres incontinents.
— Ah d'ailleurs, eh beh dis-moi donc Piccolo, 'faut qu'on parle toi et moi !
héla, tout soudain, le Gokū. J'ai une mauvaise nouvelle, une très mauvaise
même.
Tout à l'heure, j'ai eu Kaiô au téléphone. Je lui ai demandé de venir
s'occuper vite fait de C-0, si ce dernier s'avère trop fort pour nous, et il a dit
qu'il avait poney ce soir. Il ne sera libre que demain à pareille heure.
Toutes les mines se renfrognèrent.
Tous ou presque, comptaient sur le roi Kaiô, pour assurer les arrières.
— Du coup je me suis dit, poursuivit Son. C'est pas tellement perdu. Suffit de
tuer le temps d'ici à l'arrivée de Kaiô. En tenant surtout compte du temps
qu'il lui faudra pour arriver ici, sachant qu'il part du GBOP de Lomekatt
mais ne se déplace qu'avec sa voiturette qui va moins vite qu'un escargot
aux pneus crevés, sans ironie. Autrement dit : suffit qu'on tienne 24 heures
contre C-0. C'est tout. Tu penses que c'est jouable si on se relaie senzu à
l'appui ?
Aucune réponse.
Et encore, que Gokū n'avait-il pas, à dessein d'éprouver la volonté de Piccolo
et des autres, trop minoré le temps à tenir.
Au constat que personne n'était déjà chaud pour un combat de 24 heures, le
saiya-jin révéla finalement qu'il était même plutôt question de 72.
— Il a dit poney ce soir. Et piscine demain… et abdos-fessiers après-
demain… Bon entre nous, c'est déjà un miracle qu'il ait décroché. Merci
l'appel masqué. Après, je ne sais pas ce qu'on perd. Personne n'a jamais vu
Kaîo se battre, à ma connaissance…
Mais ! Et j'en viens à ce qui m'intrigue. Il semblait laisser entendre qu'on
n'avait pas besoin de lui car tu allais régler le problème à toi seul. En fait, il
semblait même dire que tu es plus fort que moi ! sourit Gokū, sur un ton
presque défiant. Ça date de quand ça ? eut-il le temps d'ajouter avant d'être
interrompu par un nouvel et énième appel de Yamcha.
Le namek grommela.
Il n'y en avait que pour Gokū.
L'ex-mazokū aussi avait un téléphone, alors pourquoi les appels importants
ne passaient jamais par lui ?
Et non, Tom, le journaliste-interviewer, doublé d'un fanboy qui envoyait des
SMS compulsifs à toute la team Z depuis la voiture de Tchappah, ne comptait
pas comme important.
Les mauvaises langues diront d'ailleurs de Piccolo qu'il eut passé le permis
pour se donner l'importance qu'on lui refusait téléphoniquement.
Du reste, Nappa vit que Chaoz empruntait à un C-17 encore à moitié
endormi… l'un des deux écouteurs, à fin de se le glisser dans l'oreille. Sieur
cireux de teint dégaina alors le téléphone dont il était si fier, un
PonzuPok21, qu'il n'utilisait jamais, sauf là maintenant pour jouer au paon
et accessoirement jouer à Sugar Splash le temps que le cortège de berlynes
noires et rouges débarquât au pied de l'autoproclamé Empereur, alias C-0.
Nappa hésita entre révéler à Chaoz qu'ils avaient 3 ans de retard —lui et son
PonzuPok21—, et faire remarquer au même nain que l'heure était assez
grave pour s'empêcher de jouer sur téléphone, de s'abandonner par ailleurs
à de la musique meuporg douteuse.
Trois minutes plus tard, la voiture redémarrait enfin.
Végéta, de nouveau, s'en fut sur le toit, sans faire de vagues.
En outre —et en réalité—, Krilin jamais n'eut eu envie de se vider la vessie.
Comprendre qu'il se démerda au retour du bois pour s'établir à l'endroit du
siège arrière le plus à gauche, évitant par là même de s'en revenir jouer des
épaules et des coudes avec Nappa et C-17, deux énergumènes à ne pas trop
tutoyer des épaules et des coudes il faut dire, entre un taulard
multirécidiviste et un gardien de prison aux méthodes si peu orthodoxes…
Qui taulard et qui maton ?
Mais les deux.
Nappa et C-17 auront été des deux côtés de la rivière, et d'ailleurs, ils
s'étaient rencontrés comme cela, l'un gardien de l'autre, puis l'autre gardien
de l'un quelques mois plus tard par quelque ironie du sort.
— Chaoz, Yamcha vient de me dire pour #19 et votre tentative ratée de le
soulever, se tourna Gokū, sur un air grave. Toi aussi Krilin. Tous les deux,
vous ne devriez pas être là. Vous êtes toujours sur la liste noi…
— Vous n'y êtes pas, s'empressa Krilin, gêné dans ses entournures. Je veux
dire… vous, vous n'y êtes pas, précisa le bonze dégarni. Je veux dire, sur la
liste du géant.
Et vous n'y serez jamais, ne vous inquiétez pas, ce n'est pas contagieux.
Incurable, selon le MG4, mais pas contagieux.
— …
— N'y pense même pas. Gokū.
Sinon, Chaoz et moi, on s'est rendu compte que #19 avait changé de
stratégie et n'allait plus me “tirer” dessus tant qu'il n'en aurait pas fini avec
Chaoz. Or la technique qu'il utilise contre Chaoz se limite à Chaoz,
contrairement à moi où les gros dégâts de zone sont là inévitables.
Autrement dit : tant que Chaoz est vivant, vous, vous ne risquez rien sur le
papier.
— Et si Chaoz meurt ? Et on aura tous parfaitement compris, malgré ton
enfumage, que ce n'est plus qu'une question de temps, expectora Piccolo
entre deux changements de vitesse.
— Si Chaoz meurt je m'en vais. Mieux encore : je passe en mode bombe-
humaine et je me glisse chez l'ennemi, rassura Krilin, mais il ne rassura que
Piccolo, Gokū lui s'inquiétait, précédant toute autre considération, pour ses
deux amis de petite taille, et cherchait Krilin du regard (l'autre étant sur le
téléphone) sans trouver les mots.
Chaoz ne mourra pas si vite de toute façon, car il n'est qu'en 3e position de
la liste, #19 a d'autres cibles avant lui, dont le ministre Zâbon. Alors
espérons que monsieur le ministre des affaires étrangères tienne le coup le
plus longtemps possible, de son côté.
— Il y a une manière pour vous, de rallonger artificiellement votre nouvelle
espérance de vie, intima Piccolo. Vous êtes certes condamnés, mais vous
pouvez passer d'une espérance de vie de quelques jours à une espérance de
vie de quelques semaines. Il suffit pour ce faire d'ajouter des noms sur la
liste noire, puis d'espérer que ces noms passent en priorité et fassent
reculer votre position sur la même liste. En injectant beaucoup de noms, ou
des noms importants, il serait même possible de passer à une espérance de
vie de plusieurs mois, voire plusieurs années.
— Huuh ? Tu veux ajouter ton nom ? taquina Krilin, sur le ton de
l'incrédulité.

— Ce que j'essaye de t'expliquer, c'est que je pense que Kiwi a aussi son
nom sur la liste, et qu'il a justement appliqué sur vous, la stratégie que je
viens d'expliciter. Pour faire reculer son propre nom.
— …
Je n'y avais pas pensé…, réalisa l'ex-disciple du temple d'Ōrin, fuyant le
regard inquiet de Gokū, fuyant surtout la déduction qu'il sentait déjà
poindre en Gohan, à l'esprit bien échauffé par les quelques exercices de
maths que l'enfant terrassait une heure plus tôt à peine.
— Qui est actuellement en première position de la liste ? cru effectivement
comprendre le jeune métis, espérant très fort se tromper.
— S… Shen, vendit enfin Krilin dans un murmure mal assuré.
— …
— Ah. C'est pour ça… la bougie que tu n'arrêtes pas de tenir dans la main,
déduisit alors Piccolo, dans un crachat au dehors. Si la flamme s'éteint, tu
sauras que Shen est mort, et que Zâbon est donc le prochain sur la liste.
Puis Chaozū.
Puis toi.
Tss.
— …
— Et toi Chaozū, qu'est-ce qu'il fait Ten Shin Han ? s'enquit le namek, qui
fixait le nain en question, dans le rétroviseur interne à la voiture.
Chaoz répondit sans lever le nez de son téléphone.
— Il arrive. Il est allé chercher des armes à lui, mais comme ça prend du
temps, il m'a dit de revenir vers vous avec un clone qui pourrait être utile au
combat, ou pour ce que vous déciderez.
— Et sinon, tu te fous de la gueule de qui exactement, à jouer avec ton
téléphone ?
— …
Chaoz ne répliqua pas. Piccolo n'insista pas non plus. Il n'était pas d'assez
mauvaise humeur pour ça.
Gokū fut premier à tenter de détendre l'atmosphère. Sur sa maladresse
habituelle.
— Hey, Krilin, pourquoi tu as fui la place à côté de Nappa ?
— P… pourquoi tu dis ça ? murmura un Krilin tout rouge, qui se gratta la
joue dans un rire nerveux.
— Mais de quoi tu as peur ? Tu es plus fort que lui voyons ! surenchérit
Gokū.
— Ha… hahah… haha… tu crois ça ? s'entendit bégayer le sans nez, bien
roulé par ailleurs, dans sa tenue orange. Tu sais, en prison, il a
probablement appris à faire fluctuer son énergie, histoire de laisser planer
un doute salutaire sur sa puissance maximale. Donc ce que tu sens
actuellement de lui ne veut p…
— Et alors ? S'il a appris à contrôler son énergie, ça ne lui fait jamais plus
que 3 ou 4 ans de retard sur toi en la matière, enfonça ingénument Gokū,
dont on ne saurait plus trop dire s'il essayait d'encourager son meilleur ami
ou de mettre des coups d'épaule espiègles à Nappa, dans le but de pousser
ce dernier à cracher le morceau quant à sa puissance réelle.
Nappa prit la chose avec le rire.
— Je ne sais pas s'il a appris à contrôler son énergie, mais une chose est
sûre, il n'a pas appris à sentir les énergies, sinon notre… ami, ne serait pas
en train de rire, souffla Tortue-Géniale, depuis le spacieux coffre de la
berlyne, qu'il occupait, s'épargnant le manque de place à l'avant. Je ne vous
vois pas de là où je suis, mais rien qu'à entendre vos timbres de voix
respectifs, je peux dire qu'il n'y a guère que Piccolo –ici– qui ait compris la
puissance de C-0.
Krilin, Gohan, Gokū, ça m'étonne de vous trois… que vous n'ayez même pas
pris la peine de mesurer sa force.
Krilin et Gohan ne comprirent pas.
Quoi encore ? La force potentielle du présumé C-0 ne se hissait-elle pas à
110k unités tout rond comme en témoignaient les scouters Impériaux ?
D'ailleurs Nappa, lui-même soufflé par les propos de Tortue-Géniale, vérifia
via détecteur, et confirma le chiffre questionné.
— Ce chiffre est bidon, objecta Muten Roshi. Si vous aviez pris la peine,
comme Piccolo, de vérifier par vous-mêmes le niveau de C-0 et sa cohorte,
vous auriez su que le chiffre est trafiqué je ne sais comment. D'ailleurs le
chiffre rond, trop rond, aurait dû vous intriguer.
Le bonze et le métis vérifièrent empiriquement, effectivement.

Et alors, on ne les entendit plus du tout.


De tout le trajet.


— Non attendez…
Toutes les énergies du cortège du mal sont entremêlées. Il y a des meuporgs
qui savent faire ça. Ils doivent en avoir un avec eux. Ils l'ont fait exprès. Vu
qu'ils sont au moins 60, vous n'avez aucun moyen de savoir quelle est la
puissance individuelle de C-0. Ce que vous sentez, c'est la puissance de 60
personnes réunies. Peut-être que C-0 pèse pour la moitié de cette puissance,
dans ce cas, effectivement il y aurait de quoi paniquer. Mais peut-être qu'il
ne pèse que pour 1/10e voire 1/20e. On doit s'approcher plus près pour
avoir des chiffres plus précis. Quand on sera à moins de 100 mètres, je vous
renseignerai sans faute, promis Nappa.
Gokū tourna la tête vers son fils, et le regarda longuement, puis sourit d'un
sourire comme seul Gokū savait en faire. Décidément, résolument, Gohan ne
comprit pas pourquoi son père le fixait et lui souriait tout d'un coup, comme
ça, sans raison.
Le grand, le vaillant Son Gokū, se détourna ensuite pour regarder droit
devant lui, d'un air moins grave qu'amusé.
— Alors si je comprends bien, tu n'as toujours pas pris la peine de ressentir
la puissance de C-0 ? souffla Piccolo, regard rivé sur la route.
— Pas plus que je n'ai essayé de sentir celle de Végéta, confirma Gokū, sur
un sourire persistant jurant avec son regard désormais sérieux, mais posé.
— Tu ne veux pas savoir à quel point Végéta a progressé depuis votre
dernière rencontre ?
— Je garde la surprise.
— Alors tu n'es pas au bout de tes surprises, ricana cruellement Piccolo.
“Je vois… Gokū, tu ne souris que quand tu sais que quelqu'un te regarde,
n'est-ce pas ?” percuta enfin le doyen, loin derrière ses lunettes. “Alors
merci. Merci à toi…… Merci pour le martyr.
Par contre, le coup du arrondir les mangues et autres si je ne m'amuse, tu
aurais pu éviter, c'était trop gros pour être crédible… huhu…”
— Maître, si vous avez senti…
— Deviné, corrigea Tortue Géniale.
— Si vous avez deviné la puissance de C-0, ça veut dire que vous vous savez
d'autant plus déclassé, alors comment se fait-il que vous soyez encore avec
nous dans cette voiture ? s'enquit Gokū, sur le même ton avec lequel il eut
provoqué Nappa, et Piccolo avant lui. Auriez-vous par hasard des arguments
à faire valoir dans le combat à venir, des arguments dont je n'aurais pas
encore entendu parler ? termina le père de Gohan, tout sourire et non moins
intéressé. D'ailleurs à part Nappa et Umi Game, vous me devez tous 1 zeni
symbolique. Je vous avais bien dit que la paix ne durerait pas éternellement
et que Végéta ne serait pas notre tout dernier adversaire… et qu'un nouvel
ennemi viendrait forcément après lui un jour ou l'autre pour menacer le
monde ! Moi j'ai pris mes précautions, je me suis entraîné !
— Pour répondre à ta question, si tu parles de puissance brute, alors désolé
de te décevoir, mais non, je n'ai pas particulièrement progressé à ce niveau-
là, assura tranquillement l'ermite qui terminait son dîner dans le coffre,
assis en tailleur, entouré de plats en plastique et autres bouteilles
difficilement cassables. Mais ne t'inquiète pas pour moi petit Son, je n'ai pas
l'intention d'être le maillon faible de l'histoire, ne put alors s'empêcher de
sourire le maître des tortues, d'un sourire presque provoquant, sourire de
vieux de la vieille, en tout cas ni jaune, ni menteur ni mal assuré. Si vous
voulez débusquer le maillon faible, puisqu'il en faut un, regardez plutôt du
côté du p'tit bonhomme ici qui a trouvé le moyen de claquer 10000 zenis le
mois dans l'entretien de son unique cheveu, aux frais du contribuable.
Et Chaoz qui avait perçu l'allusion au fait qu'il était le meilleur candidat au
poste de maillon faible ce soir, car il faudrait bien un maillon faible, sourit à
son tour, simplement, d'un sourire éminent, éminemment réprobateur, en
tout cas ni jaune ni menteur ni mal assuré.
Il n'en disait pas plus…
… mais n'en pensait, n'en taisait, pas moins.
Voilà donc Gokū, tout ravi de cette ambiance de provoc' bon enfant qu'il
aura tant bien que mal réussi à instaurer dans la voiture. Rien de mieux
pour apporter un peu de chaleur malgré le froid incarné dehors ! Seul Gohan
finalement n'y prenait part, lui ne comprenait pas trop ce qu'il y avait de
drôle, lui trop sage –et accessoirement trop choqué par la puissance du
cortège composant la marche de l'Empereur– pour taquiner d'aucun au
risque de froisser les égos sur un malentendu.
Tellement sage qu'il avait, et cela n'eut échappé à personne, porté ni les
vêtements habituels de son père ni ceux de Piccolo, au risque de vexer l'un
ou l'autre. Gohan ce soir portait les sobres vêtements de la GN. Bien qu'il
n'en soit pas membre, il eut néanmoins reçu une tenue traditionnelle
comme tous les enfants de tous les membres en avaient reçu
symboliquement en un jour résolument cérémonieux dont Gohan aura déjà
oublié jusqu'à l'objet.
Gokū sourit intérieurement de voir par quelle astuce son fils s'était
finalement sorti de cette impasse vestimentaire. Le père n'aurait pas été
vexé le moins du monde de voir le fils abhorrer l'uniforme de la tortue pour
arborer les couleurs de Piccolo, n'empêche, Gokū fut curieux de voir
comment Gohan allait bien pouvoir s'en sortir.
Piccolo lui n'affichait aucune émotion ni aucun commentaire. Et tout le
monde se demandait ce qu'il pensait du geste impartial de Gohan, geste
généreux diront certains, pas très risqué oseront d'autres.
À l'instant, le namek se contentait de fixer le jeune garçon au travers du
rétroviseur interne.
Il le détaillait de la tête aux pieds, s'attardant sur l'austère tenue toute de
relief ouvragé, flanquée du sceau de la GN —et trouée en quelques rares
endroits—, et ces trous n'existaient pas avant la pause-pipi, c'est donc qu'ils
furent causés à ce moment précis, certainement par quelques étincelles
immortelles issues du feu de forêt pompeux qui s'émancipait au loin.
Piccolo remarqua aussi le sac de collégien que Gohan avait sur les genoux.
— Gohan, j'espère que tu as mis tes colères dans ton sac avant de venir,
parce qu'on va en avoir besoin ce soir, cracha encore le namek, qui passa
aussitôt la tête par la fenêtre de sa propre portière, lui définitivement
interloqué par ce qu'il se passait, apparemment, un peu plus loin devant.
Ce sur quoi Végéta avait déjà les yeux, d'ailleurs.

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