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n°1-juillet 2010

« Les hommes naissent et


demeurent libres et égaux en La Lettre
droit. Les distinctions sociales ne d'info des
e
encadrants d
peuvent être fondées que sur
l’utilité commune. »
Article 1er de la Déclaration des
la CGT de la
Droits de l’Homme et du Citoyen Ville de Paris
de 1789.

Edito
Au moment où le gouvernement lance une politique volontariste de destruction des services
publics, le syndicat CGT des cadres et techniciens de la Ville de Paris crée une lettre
d’information que nous aimerions mensuelle ; une lettre pour tous les cadres de la Ville
pour apporter, sans agressivité ni compromission, notre pierre à l’édifice commun.
Formuler notre part de vérité.
Accepter, les bras ballants et la bouche béante, « l’argumentaire » du gouvernement n’est pas
pour nous. Dire ce que nous pensons, ce que nous souhaitons pour notre avenir à tous.
Notre but légitime est la poursuite et même l’amélioration du service public auquel nous
croyons à destination de tous les Parisiens. Ce grand service public de qualité doit pouvoir se
faire dans un respect réel et sincère de l’humain.
La plus grande richesse de la Ville et du Département de
Paris sont les hommes et les femmes qui y travaillent,
malgré des conditions de plus en plus difficiles: se levant
tous les matins dans le but d’accomplir avec dévouement
leurs tâches, quelque soit notre corps.

Les cadres assument des missions diversifiées et


complexes. La municipalité compte sur leur
professionnalisme, pourtant la reconnaissance n’est pas au
rendez-vous. Ce premier numéro ne prétend pas faire un
inventaire exhaustif de tous les problèmes rencontrés. Le
propos est d’aborder les sujets qui nous préoccupent,
librement, afin de les replacer dans un contexte
législatif, économique ou sociétal plus général (Carrière,
Représentativité, Temps de travail…) Ne restons pas isolés, à
se lamenter,au contraire
Cette tribune pourra également évoquer l’actualité
rassemblons nous et
politique et sociale, commenter les événements, recueillir
des témoignages, assurer une veille juridique. agissons !
Cette lettre saura être la vôtre. Osons renouer un Plus nous serons
dialogue ouvert et constructif des cadres de la Ville pour
nombreux, plus la Ville
participer ensemble à la qualité du service public de
demain. N’hésitez pas, qui que vous soyez, à nous sera en mesure de nous
contacter pour participer à cette lettre, à donner votre entendre !
point de vue. 1
Position de la CGT en Commission Administrative Paritaire (CAP)
La section syndicale CGT des cadres vise
l’obtention à terme d’un ratio promus-
promouvables sur la base des 100% des
cadres A.
Les ratios actuels aboutissent à des choix qui
bloquent les carrières du plus grand nombre, qui
divisent souvent le personnel d’un même corps.
A l’heure où l’Etat allonge la durée des
carrières, la municipalité parisienne doit
répondre par un vrai déroulement de carrière
des cadres A, plus rapide, en adoptant de façon
transparente une durée d’avancée minimum dans D’un coté l’administration
les échelons.
Nous pensons que c’est en motivant l’ensemble veut mutualiser les moyens,
de l’encadrement que le service public Parisien de l’autre la municipalité
progressera. La division organisée des crée une concurrence
responsables par le biais des quotas ne fait
qu’affaiblir notre efficacité et favorise à terme
malsaine entre les agents.
la privatisation de nombreux services Où va-t-on ?
CAP : Changer de grade, c’est de la reconnaissance acquise !
Comme pour l’attribution des primes, il n’y a
aucune transparence dans la nomination au choix
des agents.
La DRH a instauré la pénurie des postes. Mais
alors, sur quels critères distribue-t-elle les
tickets de rationnement ?
Depuis des années la CGT demande à la DRH de
s’expliquer:
Sur les droits de tirage accordés à
chaque Direction,
Sur les critères de sélection des
candidats retenus ou disqualifiés,
Aujourd’hui, les nominations au choix demeurent trop souvent le fait du prince !
CAP : Changer de grade, c’est du pouvoir d’achat en plus !

La CGT s’oppose La CGT revendique!


Des ratios à 100% garantissant le droit à un
à la mise en concurrence des
déroulement de carrière complet tout au
agents entre eux ! long de sa vie professionnelle,
C’est tous ensemble, que nous Un temps minimum  passé dans l’échelon,
La priorité donnée, lors des nominations,
pouvons exercer nos missions
aux agents qui passent les examens
de ce service public auquel nous professionnels, surtout lorsqu’ils ont été
sommes attachés! admissibles. 2
✗ Le pouvoir de dire ‘OUI’! Le cadre se rebiffe ?

Le taux de nominations est défini par un Le constat : les conditions de travail se
arrêté du Maire de Paris. Il peut fixer des dégradent, le cadre souffre. Il se retrouve
ratios à 100% !Rouages essentiels pour la bien trop souvent seul face à des contraintes
gestion et la modernisation de multiples, des exigences et des objectifs
l’administration parisienne, les encadrants parfois impossibles à tenir. Entre le marteau
se voient de plus en plus soumis à de fortes et l’enclume, soumis à mille injonctions
pressions : paradoxales, il constate être un pion dans
Augmentation de la charge de travail ; l’échiquier de la politique de la commune. Une
de nouvelles missions nous sont confiées sans prise de conscience émerge. Soumis comme
accompagnement par créations de postes tous au contrôle des horaires, il avait pris
administratifs correspondants, l’habitude de ne pas compter son temps.
Stagnation des carrières en termes Comme il accumule des RTT, son Compte
d’avancement ou de fonctions accessibles, Épargne Temps déborde. Comme les autres, il
Horaires de travail à rallonge, sans se plie aux sacro-saintes règles de la
réelle possibilité de prendre les jours de continuité du service public, c’est le principe
RTT générés, même du travail du fonctionnaire. Mais les
Conditions de travail dégradées, pressions de tous ordres lui pèsent trop :
Accès aux formations internes limité, impossibilité de choisir ses congés,
et quand bien même, dans ce contexte toute régularisations récurrentes sur Chronogestor,
absence provoque une surcharge de travail réunions tardives, astreintes, déplacements…
ingérable au moment du retour. il est corvéable à merci ?…
Sous prétexte d’un faux «travailler plus pour
gagner plus», ou d’un motivant « travailler plus
pour rendre un meilleur service au public», le
cadre s’est rendu disponible, ses horaires sont
flexibles, toujours en quête de mobilité car
c’est bon pour sa carrière. Il s’interroge sur le
sens…

Liberté ?
Les cadres sont extrêmement sollicités, et 0
peuvent occuper des fonctions stratégiques.
Avec l’utilisation mal comprise des nouveaux
moyens de communication (mobiles, internet…)
ils sont joignables 24h sur 24 sous prétexte C’est sociétal nous dit on, ça vient du privé, de
d’efficacité. la mondialisation, de l’insécurité de l’emploi. Le
N’encourageons pas cette « servitude mauvais du privé s’installe dans les services
volontaire » ! publics, on en parle peu ou uniquement à
Pour améliorer nos performances ou nos l’occasion des drames. Les cadres ne sont pas
résultats : subir des stages de management épargnés, bien au contraire. La souffrance au
odieux, gérer chez soi notre stress travail s’installe au point que des services
professionnel, optimiser toujours plus notre « curatifs » sont mis en place.
temps de travail, diriger une réunion et aussi Et si, plutôt qu’applaudir ces solutions
en rédiger le compte-rendu et le diffuser. palliatives nous combattions le mal en nous
Jusqu’où irons nous ? organisant autrement? 3
Fraternité ?
La division et la compétitivité érigée en
système n’améliorent pas les relations
interpersonnelles. Avec des objectifs
contradictoires, les pressions subies sont
répercutées à tous les niveaux et dégradent la
nature du travail. On en oublierait l’évidence:
un bon travail se fonde sur l’écoute, l’échange
et le respect mutuel.
On n’entend plus parler que de Développement
Égalité ? Durable, d’Économie sociale et solidaire, lien
La compétition sur les carrières, les social, concertation, en des mots assénés mais
stratégies personnelles, la course à la pour quelle réalité dans le travail ? Il est
promotion ou aux responsabilité nous temps que la ville sorte des incantations. Ne
aveuglent ; dans ce jeu, nous sommes tous soyons pas dupes et complices. Assumons nos
perdants. Les énormes inégalités de revendications de solidarité, nos
traitements tant au plan humain que dans le responsabilités dans le système afin que les
déroulement des carrières constituent de conditions du travail de tous, y compris les
réelles discriminations. cadres, s’améliorent.
Un cadre résidant en banlieue est perçu Si l’individualisme s’est fortement ancré dans
comme moins disponible qu’un parisien, une « la culture du cadre », nous savons bien que
cadre femme est suspectée de manque seul, nous ne sommes rien. Face à une
d’assiduité (temps partiel, grossesses, difficulté ? Un accident de carrière ? Une
absences pour cause de maladie infantile …). mise au placard ? Vers qui pouvons-nous nous
Les mobilités et les promotions sont opaques, tourner?
les évolutions carrières prédéterminées par
ton cursus universitaire, ou des affinités
électives. Les compétences réelles sont
rarement prises en compte, souvent laissées
au bord du chemin quand elles ne sont même
cassées.
Positionnons nous sur les réformes de la fonction publique, les conditions de travail
et leur cadre juridique. La Commission d’Hygiène et de Sécurité et la mise en application du
« travail prescrit »/« travail réel » nous concernent pleinement.
Soyons prêts à être force de proposition : après les catégories C et B, la réforme de
la fonction publique met à l’ordre du jour la catégories A. Mobilisons nous avant qu’il ne soit trop
tard !
Agissons maintenant, refusons d’être complice-acteur d’un système dans lequel
nous avons tout à perdre. Le calendrier des projets de réforme s’accélère, ne restons pas
passif ! Du côté des retraites, le gouvernement a présenté le 16 juin les détails de sa réforme :
un passage progressif à 62 ans d’âge de départ , une durée de cotisation de 41 ans et un
trimestre. Le taux de cotisation du public (7,85 %) s’alignerait avec celui du privé : 10,55 %, sur
dix ans, amputant ainsi le pouvoir d’achat des fonctionnaires. Le régime du secteur public se
déshabille, réagissons ! Faisons entendre notre désaccord avant qu’il ne soit trop tard : l’examen
du projet de loi est prévu en septembre.

La CGT c'est vous, CGT vous ! 4

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