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Edito
Au moment où le gouvernement lance une politique volontariste de destruction des services
publics, le syndicat CGT des cadres et techniciens de la Ville de Paris crée une lettre
d’information que nous aimerions mensuelle ; une lettre pour tous les cadres de la Ville
pour apporter, sans agressivité ni compromission, notre pierre à l’édifice commun.
Formuler notre part de vérité.
Accepter, les bras ballants et la bouche béante, « l’argumentaire » du gouvernement n’est pas
pour nous. Dire ce que nous pensons, ce que nous souhaitons pour notre avenir à tous.
Notre but légitime est la poursuite et même l’amélioration du service public auquel nous
croyons à destination de tous les Parisiens. Ce grand service public de qualité doit pouvoir se
faire dans un respect réel et sincère de l’humain.
La plus grande richesse de la Ville et du Département de
Paris sont les hommes et les femmes qui y travaillent,
malgré des conditions de plus en plus difficiles: se levant
tous les matins dans le but d’accomplir avec dévouement
leurs tâches, quelque soit notre corps.
Liberté ?
Les cadres sont extrêmement sollicités, et 0
peuvent occuper des fonctions stratégiques.
Avec l’utilisation mal comprise des nouveaux
moyens de communication (mobiles, internet…)
ils sont joignables 24h sur 24 sous prétexte C’est sociétal nous dit on, ça vient du privé, de
d’efficacité. la mondialisation, de l’insécurité de l’emploi. Le
N’encourageons pas cette « servitude mauvais du privé s’installe dans les services
volontaire » ! publics, on en parle peu ou uniquement à
Pour améliorer nos performances ou nos l’occasion des drames. Les cadres ne sont pas
résultats : subir des stages de management épargnés, bien au contraire. La souffrance au
odieux, gérer chez soi notre stress travail s’installe au point que des services
professionnel, optimiser toujours plus notre « curatifs » sont mis en place.
temps de travail, diriger une réunion et aussi Et si, plutôt qu’applaudir ces solutions
en rédiger le compte-rendu et le diffuser. palliatives nous combattions le mal en nous
Jusqu’où irons nous ? organisant autrement? 3
Fraternité ?
La division et la compétitivité érigée en
système n’améliorent pas les relations
interpersonnelles. Avec des objectifs
contradictoires, les pressions subies sont
répercutées à tous les niveaux et dégradent la
nature du travail. On en oublierait l’évidence:
un bon travail se fonde sur l’écoute, l’échange
et le respect mutuel.
On n’entend plus parler que de Développement
Égalité ? Durable, d’Économie sociale et solidaire, lien
La compétition sur les carrières, les social, concertation, en des mots assénés mais
stratégies personnelles, la course à la pour quelle réalité dans le travail ? Il est
promotion ou aux responsabilité nous temps que la ville sorte des incantations. Ne
aveuglent ; dans ce jeu, nous sommes tous soyons pas dupes et complices. Assumons nos
perdants. Les énormes inégalités de revendications de solidarité, nos
traitements tant au plan humain que dans le responsabilités dans le système afin que les
déroulement des carrières constituent de conditions du travail de tous, y compris les
réelles discriminations. cadres, s’améliorent.
Un cadre résidant en banlieue est perçu Si l’individualisme s’est fortement ancré dans
comme moins disponible qu’un parisien, une « la culture du cadre », nous savons bien que
cadre femme est suspectée de manque seul, nous ne sommes rien. Face à une
d’assiduité (temps partiel, grossesses, difficulté ? Un accident de carrière ? Une
absences pour cause de maladie infantile …). mise au placard ? Vers qui pouvons-nous nous
Les mobilités et les promotions sont opaques, tourner?
les évolutions carrières prédéterminées par
ton cursus universitaire, ou des affinités
électives. Les compétences réelles sont
rarement prises en compte, souvent laissées
au bord du chemin quand elles ne sont même
cassées.
Positionnons nous sur les réformes de la fonction publique, les conditions de travail
et leur cadre juridique. La Commission d’Hygiène et de Sécurité et la mise en application du
« travail prescrit »/« travail réel » nous concernent pleinement.
Soyons prêts à être force de proposition : après les catégories C et B, la réforme de
la fonction publique met à l’ordre du jour la catégories A. Mobilisons nous avant qu’il ne soit trop
tard !
Agissons maintenant, refusons d’être complice-acteur d’un système dans lequel
nous avons tout à perdre. Le calendrier des projets de réforme s’accélère, ne restons pas
passif ! Du côté des retraites, le gouvernement a présenté le 16 juin les détails de sa réforme :
un passage progressif à 62 ans d’âge de départ , une durée de cotisation de 41 ans et un
trimestre. Le taux de cotisation du public (7,85 %) s’alignerait avec celui du privé : 10,55 %, sur
dix ans, amputant ainsi le pouvoir d’achat des fonctionnaires. Le régime du secteur public se
déshabille, réagissons ! Faisons entendre notre désaccord avant qu’il ne soit trop tard : l’examen
du projet de loi est prévu en septembre.