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MINISTERE DE L’ADMINISTRATION REPUBLIQUE DU MALI

TERRITORIALE Un Peuple - Un But - Une Foi

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DIRECTION GENERALE DES COLLECTIVITES
TERRITORIALES

Adama Sissouma
Directeur Général des Collectivités Territoriales

Communication sur le Thème 9 : les questions de


réorganisation et de découpage territorial en lien avec
l’approfondissement de la régionalisation
I. Rappel des questions, problématiques et préoccupations évoquées sur le
thème dans la note de cadrage :

Les questions et préoccupations contenues dans la note de cadrage sont centrées au tour des cinq
points ci-après

- de réfléchir sur les échelons de la décentralisation ;


- de l’adéquation du découpage territorial actuel (atouts, contraintes)
- des propositions de solutions pour résoudre les litiges nés du découpage territorial ;
- de la régionalisation comme 2ème étape de la reforme après la communalisation, pour mieux
affirmer le rôle et la vocation de la région dans la promotion du développement national,
régional et local cohérent et durable ;
- de l’aménagement du territoire et de la coopération entre collectivités territoriales

Ce thème fait l’objet de deux interventions. La première présentée par le Directeur Général de
l’Administration du Territoire, se concentre sur le découpage territorial et répond donc aux 3
premiers points ci-dessus.
La présente communication évoque brièvement ces points et se concentre sur le 4ème « la
régionalisation comme 2ème étape de la reforme après la communalisation, pour mieux affirmer
le rôle et la vocation de la région dans la promotion du développement national, régional et local
cohérent et durable ». Elle prend également en charge le 5ème point sur l’aménagement du
territoire et la coopération entre collectivité.

LA REGIONALISATION AU MALI

La note présente les avancées dans le domaine et les possibilités d’approfondissement. Elle s’inscrit
dans le cadre du renforcement du processus de décentralisation qui cible la région comme le niveau clé
pour l’amélioration des conditions de vie des populations et la promotion du développement
économique. Enfin, elle propose des arguments justifiant la nécessité d’une décentralisation politique se
fondant sur la région.

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- DGCT 2013
II. Etat de la question

1. Définition de la régionalisation
Au sens général, une région est un territoire ou une étendue géographique définie en fonction de critères divers :
caractéristiques identiques sur le plan climatique, géographique, économique, linguistique, de la population.

Le terme de « régionalisation » est en général entendu comme une forme de décentralisation au profit des
régions auxquelles un Etat accorde une responsabilité administrative et transfère certaines de ses
prérogatives. La déconcentration, autre dimension de la régionalisation consiste à déléguer ou transférer
certains pouvoirs de l’administration centrale vers les Services déconcentrés.

La déconcentration, comme la décentralisation, est basée sur le principe de subsidiarité qui fait que l'échelon
le plus élevé ne doit assurer que les missions ne pouvant pas être exercées à un niveau inférieur.

2. Les principaux acquis, contraintes et possibilités :

2.1. La mise en place des collectivités territoriales

Au Mali le processus de décentralisation, amorcé depuis plusieurs décennies, s’est généralisé à


l’ensemble du territoire en 1999 avec la mise en place de 703 communes, 49 cercles, 8 régions et le
District de Bamako.

De par les textes qui consacrent la décentralisation (loi 93-008 du 11 février 1993 déterminant les
conditions de la libre administration des Collectivités Territoriales et 2012-007 du 07 février 2012 portant
code des Collectivités Territoriales en République du Mali), la Région est aussi une collectivité
territoriale, au même titre que les collectivités Cercle et Commune avec lesquelles elle partage le même
territoire.

Les compétences de la Région concernent principalement l'aménagement du territoire, le


développement économique, la formation professionnelle, la construction et l'entretien des lycées, …
(les compétences des régions sont précisées en annexe n°1).
Ces prérogatives peuvent évoluer dans le cadre de l’approfondissement des processus de
décentralisation.

L’effectivité de l’exercice de ces compétences par les régions est liée au transfert par l’Etat des
compétences, ainsi que des ressources qu’il mobilisait jusque là pour les assurer.

2.2. L’accompagnement du développement régional

Progressivement les appuis aux régions se sont développés. En 2004 – 2005 l’Etat a conçu des
programmes d’appui aux Régions, en particulier ADERE-Nord (Programme d’Appui au Développement
des Régions du Nord) qui a démarré fin 2005 au niveau des 3 régions du Nord. ADERE a constitué le
« banc d’essai » de l’appui aux régions, complété par la suite par d’autres programmes notamment le
Projet d’Appui à la Décentralisation et au Développement Economique Régional (PADDER) et le Projet
d’Appui au Décentralisation dans la Région de Koulikoro (PADK) ainsi que plusieurs coopérations
décentralisées, notamment la Région Rhône Alpes (France) qui ont ciblé leurs appuis sur la collectivité
région. Le renforcement de l’importance du niveau régional s’est ensuite traduit en 2010 par la mise en

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- DGCT 2013
place du Programme d’Appui à la Réforme Administrative, à la Décentralisation et au Développement
Economique Régional (PARADDER) qui fait du développement régional une priorité.

Suite à ces différents appuis et interventions, le poids des collectivités régions s’est progressivement
renforcé. C’est ainsi qu’il a été proposé, dans le cadre de l’étude sur « le Bilan et les perspectives de la
décentralisation au Mali » réalisée en 2010 et dont les résultats ont été partagés lors du forum national
sur la décentralisation tenu en juin 2011, « d’engager la régionalisation, comme 2ème étape de la
réorganisation territoriale et de la décentralisation ».

Il s’agit « d’entamer la phase de la régionalisation en ouvrant un débat national impliquant tous


les autres acteurs afin de redonner un second souffle à la réforme de décentralisation ». Cette 2e
phase de la réorganisation du territoire doit se traduire concrètement par : i) la création de nouvelles
régions et ii) la conception et la mise en œuvre d’un programme national de régionalisation.

Dans cette perspective, la création de nouvelles régions est intervenue depuis le 2 mars 2012 à
travers la loi 2012-017 du 02 mars 2012 portant création de circonscriptions administratives en
République du Mali. Cette loi crée 19 régions qui remplacent les 8 existantes (auxquelles s’ajoutent le
district de Bamako).

Ce nouveau découpage n’est pas effectif et semble difficile à mettre en œuvre en l’état. Un travail paraît
nécessaire pour préciser et revoir ce découpage. Il s’agira notamment de bien réfléchir au nombre de
régions à mettre en place en lien avec le maintien ou non du niveau cercle. En effet, si les régions crées
permettent un rapprochement du niveau régional avec la base, le niveau intermédiaire que constitue le
cercle ne semble alors plus nécessaire. Dans tous les cas il s’agira de relancer la réflexion à l’appuyant
sur des études précises permettant de dégager des critères objectifs sur lequel le redécoupage pourrait
être fait et surtout sur des consultations élargies des acteurs, au niveau de la base, pour définir les
volontés de s’inscrire dans une dynamique commune. Ces consultations pourront largement s’inspirer
de la méthode qui avait été mise en œuvre lors de la constitution des communes. Les études réalisées
devront constituer des supports d’aide à la décision qui alimenteront ces concertations à la base.

2.3. L’intercollectivité pour répondre à la problématique de viabilité des


collectivités territoriales
La réussite de la régionalisation est liée au bon fonctionnement et la bonne articulation avec les autres niveaux
de collectivités territoriales. Or la viabilité de ces collectivités pose question. En effet, au niveau des
communes en particulier, beaucoup de collectivités ne disposent pas de ressources financières
suffisantes pour faire face efficacement à la fourniture de services adaptés aux besoins des
populations. Un renforcement volontariste des dotations de l’Etat basé sur un système de péréquation
constituerait une partie de la solution à ce problème. Une solution complémentaire, déjà largement
amorcée dans certaines régions est constituée par l’intercollectivité permettant de mettre en commun
les moyens pour prendre en charge certaines fonctions mutualisables.
Un travail de définition et d’appréciation du seuil de viabilité des communes mériterait d’être conduit
pour définir des critères objectifs et mesurables. Sur cette base il pourrait être mis en place un
mécanisme d’incitation à l’intercollectivité pour les communes ayant le plus de difficultés. Il s’agirait, à
travers des outils existants comme la Dotation Intercollectivité (DIC) du Fonds National d’Appui aux
Collectivités Territoriales (FNACT) de renforcer l’intérêt à la mutualisation des moyens pour mieux
répondre aux besoins des populations.
Cette problématique de viabilité renvoie aussi à la question du découpage territorial.

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3. Les défis et leçons tires

La régionalisation doit permettre d’améliorer les services rendus aux populations et d’accroitre les
performances économiques régionales. La région doit en particulier jouer un rôle clé en matière de
coordination et de mise en synergie des efforts de l’Etat et des acteurs locaux notamment dans le
domaine du développement économique.

La régionalisation correspond ainsi à la prise en charge institutionnelle des intérêts propres liés
à la promotion d’un territoire et de ses populations au plan économique, social, culturel et
politique.

3.1. La Coordination et la mise en synergie des interventions

L’approche développement local s’est développée « en réaction » à une planification «centralisée et


descendante » en donnant la priorité aux dynamiques locales, aux acteurs locaux et à leurs stratégies.
Le développement régional constitue une dimension et un aboutissement du développement
local en constituant un cadre pour la mise en synergie de toutes les dynamiques de développement
local qui se mettent en place au niveau infrarégional.

Les régions maliennes ont donc un rôle prépondérant dans la conception, la programmation, la
mise en œuvre et le suivi des actions de développement d’initiatives locales au niveau de leur
territoire. Elles jouent dans ce cadre un rôle central en matière d’aménagement du territoire.
Pour assurer ce rôle les collectivités régionales se sont progressivement dotées de stratégies et
d’outils de planification : les Schémas Régionaux d’Aménagements du Territoire (SRAT) et les Plans
Stratégiques de Développement Régionaux (PSDR). Elles ont également développé leurs capacités
de maîtrise d’ouvrage et de suivi de ces actions de développement. Ces instruments se sont appuyés
sur un travail de connaissance du territoire (diagnostic) et d’animation locale visant à renforcer la
participation de l’ensemble des acteurs.

Des avancées importantes ont été réalisées dans ces domaines mais globalement les démarches,
instruments et outils nécessitent encore d’être améliorés sur la base d’une capitalisation de ces
premières expériences.

La région a également un rôle fondamental d’articulation des interventions de l’Etat avec les
dynamiques locales. Des avancées dans ce sens ont été enregistrées à travers notamment la prise en
compte des stratégies, priorités ou avis des Régions pour la définition des interventions de l’Etat.

Pour dépasser ce premier niveau, purement consultatif, le Mali prévoit la mise en place de Contrat de
Plan / Projet Etat Région. Ces derniers constitueront un cadre de partenariat entre l’Etat et la Région
qui doit permettre à cette dernière de négocier certaines interventions de l’Etat pour répondre aux
objectifs qu’elle s’est fixée.

Cette dynamique de contractualisation doit ensuite s’étendre au niveau infrarégional. La région


pourra notamment à son tour contractualiser avec des collectivités ou des regroupements de
collectivités pour mettre en œuvre les interventions prévues dans les CPER et assurer la gestion des
services publics créés au profit des populations.

Ces attributions s’inscrivent parmi des compétences transférées par l’Etat aux régions. Les textes
actuels prévoient un large transfert de compétences de l’Etat aux régions mais dont des pans
importants ne sont pas encore effectifs.
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L’accélération des transferts de ressources pour l’application effective par les régions des
compétences définies par les textes constitue une priorité de la phase actuelle de la
décentralisation. Dans cette perspective le transfert des ressources doit être effectif et soutenu
par une volonté politique forte.

A cet égard, il faut rappeler que l’essoufflement du processus actuel de décentralisation est dû au faible
engagement du politique, notamment des départements sectoriels à respecter la maitrise d’ouvrage des
collectivités dans les domaines transférés.

3.2. Le développement économique première priorité de la régionalisation

Le développement économique est essentiel pour assurer une amélioration des conditions de
vie des populations. La région constitue une échelle pertinente pour favoriser ce développement
économique qui se trouve d’ailleurs au centre des priorités régionales. Le Développement
Economique Régional (DER) constitue ainsi un enjeu majeur de la régionalisation au Mali. Un
dispositif spécifique d’appui au DER a été mis en place avec l’appui de différents programmes
(PARADDER et PADDER notamment).

Ce dispositif vise en premier lieu à renforcer les capacités des collectivités régionales en matière
d’analyse économique de leur territoire, de définition de stratégies et de programmes dans le domaine
économique, de conception et de mise en œuvre d’instruments pour la réalisation et le suivi d’activités
économiques. A leur niveau les collectivités région doivent en particulier veiller à favoriser
l’implication de tous les acteurs économiques en premier lieu le secteur privé. Pour permettre cette
implication des instruments spécifiques doivent être développés tel que le Partenariat Public Privé
(PPP) qui constitue une première étape actuellement à l’étude.

Le dispositif doit être complété par l’appui aux acteurs économiques qui peut être développé en
synergie entre l’Etat, les collectivités et les organisations professionnelles (formation professionnelle,
appui à la structuration et l’organisation, financement…).
Ces appuis doivent être impulsés, coordonnés suivis et capitalisés par l’Etat qui a mis en place pour
cela pour cela une Commission Nationale d’Appui au Développement Economique Régional (CNADER
et travaille sur l’élaboration d’un cadre national d’orientation du Développement Economique
Régional.

4. Les perspectives de la régionalisation :


Sur les principes de base :

La régionalisation s’opère dans le respect des principes suivants :

la reconnaissance du droit de la liberté d’exercice dans le cadre indissoluble de l’unité nationale


(indivisibilité du territoire national) ;
la reconnaissance de la nature décentralisée de l’Etat dans la Constitution ;
la solidarité entre l’Etat et les régions (suppléance) ;
la subsidiarité.

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Sur le plan institutionnel et réglementaire
L’approfondissement de la décentralisation sur le plan institutionnel est guidé par le principe de
subsidiarité inscrit dans les dispositions du Code des Collectivités Territoriales.

La subsidiarité est complétée par le "principe de suppléance", selon lequel lorsque des problèmes de
responsabilité publique dépassent les capacités d'une petite entité à les résoudre, l'échelon supérieur a
alors le devoir de la soutenir, dans les limites du principe de subsidiarité.

L'objectif de l'association des principes de subsidiarité et de suppléance est de trouver le niveau


pertinent et le plus efficient de l'action publique, dans le cadre des lois de décentralisation et du respect
des compétences des collectivités territoriales.

Sur la base du principe de subsidiarité la décentralisation au Mali vise à renforcer les prérogatives
des acteurs locaux dans la gestion de leurs affaires. La régionalisation dans le cadre de la
décentralisation, portée par des collectivités territoriales, confère déjà une large liberté de décisions et
d’initiatives aux acteurs locaux.

Les véritables contraintes actuelles résident, entre autres, dans :


- la non effectivité des transferts de ressources liées aux compétences transférées ;
- le non-respect de la maîtrise d’ouvrage des collectivités Territoriales dans la réalisation des
actions relevant de leurs compétences.

Par ailleurs, il est important de signaler que certains pays ont des systèmes qui vont encore plus loin
en matière de liberté de décisions et d’initiatives notamment à travers la Régionalisation
politique (régionalisme institutionnel). Sur le plan juridique, la régionalisation politique se caractérise,
par rapport à la décentralisation régionale, par l’attribution éventuelle d’un pouvoir législatif à une
assemblée régionale, par des compétences plus vastes dont le contenu est défini et garanti par la
Constitution, ou tout au moins par un texte de nature constitutionnelle et, pour l’exercice de ces
compétences, par un exécutif qui présente les caractéristiques d’un gouvernement régional (ce
type de régionalisation existe par exemple en Espagne, en Italie… ou en Afrique en République
Démocratique du Congo).

La répartition des compétences entre l’Etat et les Régions peut être variable, toutefois globalement
l’Etat conserve le monopole du pouvoir constituant et judiciaire.

L’annexe n°2 propose une analyse de la répartition des pouvoirs et compétences en fonction du type et
du niveau d’approfondissement de la régionalisation.

Sur le plan du développement régional


L’approfondissement et le renforcement des dispositifs de contractualisation constituent
l’orientation majeure pour asseoir les dynamiques de développement régional. Les CPER en constitue
une première étape importante. Ces derniers devront être opérationnalisés rapidement et
progressivement améliorés.
Ces outils contractuels doivent notamment permettre aux régions d’accéder à différents
financements tel que l’Aide Budgétaire Sectoriel (ABS), des financements de PTF ou encore d’accéder
aux facilités qu’offrent l’UEMOA dans sa politique d’appui à l’harmonisation des Schémas de
développement.
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5. Conclusion
La dynamique de régionalisation ouvre la voie à l’instauration de nouveaux rapports entre l’Etat et
les collectivités territoriales régionales basés sur le partenariat et la régulation plutôt que sur la
tutelle.

Cela se traduit notamment par la reconnaissance de la prééminence du niveau régional pour


coordonner et intégrer les visions, les plans et les programmes des autres collectivités territoriales et de
l’Etat impactant la région, dans le respect de la liberté de décisions et d’initiatives dans le respect des
lois et des règlements.

III. Rappel des recommandations sur le thème

1. Les recommandations issues de l’étude sur le bilan et les perspectives de la


décentralisation :
1. organiser de larges concertations sur les propositions de création des nouveaux cercles
et/ou des nouvelles régions annoncées par le Président de la République ;
2. préparer et lancer un programme national de conception et de mise en œuvre de la
régionalisation comme 2ème étape de la réforme de décentralisation ;
3. Régler les litiges issus du découpage territorial mené lors de la phase de communalisation.

2. Les recommandations issues du forum national sur la décentralisation au


mali bilan et les perspectives de juin 2011 :
1. L’organisation d’un large débat sur le renforcement du rôle de la région dans le
développement territorial ;
2. L’élaboration du Schéma National d’Aménagement du Territoire en articulation avec le
Schéma des différents niveaux de Collectivités Territoriales;
3. L’élaboration et l’adoption de la loi d’orientation de l’aménagement du territoire et d’une
politique nationale de développement régional ;
4. L’élaboration de Schémas Directeurs d’urbanisme pour l’ensemble des Chefs -lieux de
communes urbaines du Mali ou Centres secondaires ;
5. Le renforcement de l’application du principe de subsidiarité ;
6. L’exhortation de l’UEMOA à assurer la mise en cohérence des Schémas Communautaires
et Nationaux d’Aménagement du Territoire ;
7. L’expérimentation des contrats- programmes par secteur entre l’Etat et les Collectivités
Territoriales avec l’appui des Partenaires Techniques et Financiers ;
8. La création d’un équilibre entre fiscalité propre des Collectivités Territoriales Régions et les
dotations de l’Etat ;
9. Le développement du partenariat Public- Privé ;
10. L’exploitation des mécanismes de financement existants (PTF, Fonds structurels de
l’UEMOA, Emprunts) ;
11. Le réaménagement des dispositifs juridiques et le renforcement du pilotage politique et
stratégique du développement du territoire par l’Etat ;
12. La sensibilisation de l’ensemble des acteurs par rapport à l’importance de la culture du
terroir dans le développement durable

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3. Les recommandations du « forum des Collectivités Locales sur la gestion
de la crise au Mali : une décentralisation immédiate et intégrale pour la
sortie de crise » de novembre 2012
Pour la promotion du développement économique, il a été proposé :
1. L’application immédiate des dispositions législatives et réglementaires qui stipule la
dévolution intégrale de la maitrise d’ouvrage du développement régional et local aux
collectivités territoriales, dont les instruments comme le PDESC, le SRAT, les PSDR
excitent en vue d’alléger l’Etat central de la gestion des contingences locales(en particulier
les ressources humaines employés au niveau local ;
2. le renforcement des compétences des élus et agents des services des CTD pour la
gestion de la maitrise d’ouvrage en partenariat avec tous les acteurs locaux et
spécifiquement le secteur privé ;
3. le renforcement des stratégies de mise en cohérence des programmes de développement
régional et local avec les orientations et stratégies nationales ;
4. la territorialisation et l’aménagement du territoire à travers la régionalisation et la pleine
responsabilisation des institutions locales et régionales en cohérence avec les politiques et
stratégies nationales ;
5. l’amélioration de la fiscalité locale (Elargissement de l’assiette et le transfert de nouveaux
impôts) ;
6. l’amélioration et le développement de la communication institutionnelle et éducative,
spécifiquement entre l’Etat central et Collectivités Territoriaux, entre les CTD et les
citoyens ;
7. la concrétisation de la mise en œuvre des contrats plans et des contrats projets ;
8. la relecture et la clarification des textes régissant la mise à disposition des services
techniques aux Collectivités Territoriales en simplifiant les procédures ;
9. la création d’une structure de gestion de la fonction publique des Collectivités Territoriales
décentralisées ;
10. la révision du dispositif de la décentralisation pour mieux l’adapter aux besoins
stratégiques de la réforme.

4. Les recommandations sur le volet décentralisation du « Plan pour la relance


durable (PRED) du Mali 2013-2014 »
1. Renforcement de la territorialisation et de l'aménagement du territoire s'appuyant sur la
régionalisation : la problématique de l’aménagement du territoire est prise en charge par
l’Etat depuis plus d’une trentaine d’années, avec la décentralisation cette fonction a été
partagée avec les collectivités territoriales. Ce partage nécessite de bien définir et articuler
les compétences de chaque niveau, processus en cours à renforcer, et de mettre en place
les instruments d’aménagement du territoire support de cette articulation. L’élaboration
d’un schéma national d’aménagement du territoire est ainsi la priorité afin de poser le
cadre global de la gestion de l’espace. Ce dernier servira de support de dialogue entre
l’Etat et les collectivités décentralisées autour du développement territorial (notamment
dans le cadre de Contrats Plan/Projets Etat Régions). Parallèlement il conviendra
d’améliorer les instruments d’aménagement du territoire et de planification au niveau
régional et local en renforçant notamment la mise en cohérence entre les différents
niveaux. La région constitue le niveau privilégié d’articulation, la régionalisation est ainsi
l’enjeu central de l’approfondissement de la décentralisation. Des pistes de renforcement
des prérogatives des régions ont été ébauchées mais restent à être validées. De même
une révision du découpage régional a fait l’objet d’une loi en mars 2012, mais n’est pas
effective et nécessitera surement d’être modifiée.

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2. En parallèle le renforcement de l’intercommunalité permettra la mutualisation de moyens
en vue de palier au problème de viabilité économique auquel sont confrontées certaines
collectivités. Et le développement de la coopération décentralisée permettra d’accroitre
leurs moyens d’actions. Les textes disponibles permettent d’agir efficacement dans ces
domaines, l’enjeu étant de mieux informer les collectivités sur les possibilités et de les
accompagner dans leur mise en œuvre.
3. Promotion du Développement Economique Régional (DER) comme stratégie pour le
développement territorial équilibré et global : dans le cadre de l’approfondissement de la
décentralisation le Mali a opté au milieu des années 2000 pour un renforcement de la
dynamisation des économies locales en s’appuyant en priorité sur les régions. Cette
dynamique est en cours, tant au niveau national que régional, autour du renforcement des
capacités des régions, de l’observation de l’économie locale, de la mobilisation et de
l’accompagnement du secteur privé et de la mise en place de systèmes de financement
(notamment les Contrats Projets Etat Région et les Partenariats Public Privé).

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IV.ANNEXES

Annexe n°1 : Domaine de compétences des Régions transferts de


compétence de l’Etat aux régions

En vertu de loi 2012-007 portant code des collectivités territoriales au Mali les attributions de la région
sont les suivantes :
- Le schéma d’aménagement du territoire régional en cohérence avec le schéma national
- Les plans et programmes de développement économique social et culturel (PDSEC)
- La création et la gestion des équipements collectifs dans les domaines suivants :
o L’enseignement technique professionnel, l’éducation spécialisée et l’apprentissage
o La formation professionnelle
o La santé
o Les infrastructures routières et de communication classées dans le domaine régional
o L’énergie
- L’organisation des activités de promotion et protection sociale
- La gestion du domaine d’intérêt régional notamment :
o La lutte contre les pollutions et les nuisances
o L’organisation des activités agricoles et de santé animale
o La gestion des ressources forestières fauniques et halieutiques
o L’acquisition et l’aliénation des biens du patrimoine
- La création et le mode de gestion des services publics de la région
- L’organisation des interventions dans le domaine économique
- La fixation des taux des impôts et taxes de la région dans le cadre des bases et des minimas
fixés par la loi
- L’institution de redevance
- L’acceptation et le refus des dons, subventions et legs
- Les budgets et les comptes administratifs
- Les marchés de travaux et de fournitures, les baux et autres conventions
- Les emprunts et les garanties d’emprunts ou d’avals
- L’octroi de subvention
- La prise de participation
- Les projets de jumelage et les actions de coopération avec d’autres CT maliennes et étrangères
- Les modalités de gestion du personnel
- Le règlement intérieur prévoyant, entre autres, les modalités de fonctionnement des
commissions de travail
- La réglementation en matière de police administrative

Compétences transférées aux régions

Le code des collectivités territoriales offre une grande palette de compétences générales aux
collectivités en général et aux régions en particulier. Ces domaines de compétence ouvrent de grandes
possibilités en termes de liberté de décisions et d’initiatives des régions pour prendre l’orientation, la
planification et la gestion de leur développement en main.

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Toutefois l’effectivité de cette prise en main dépend de la répartition, dans chaque domaine, des
prérogatives précises des collectivités et de l’Etat. Avant la décentralisation l’Etat assurait la
programmation et la gestion de l’ensemble des domaines. Le personnel en charge de ce travail, ainsi
que les moyens financiers et matériels pour le réaliser, lui étaient quasi intégralement rattachés. Afin de
préciser les transferts de compétences de l’Etat aux collectivités des décrets ont été publié dans
différents domaines :
Les décrets fixent le cadre des compétences transférées mais leur mise en œuvre nécessite un
accompagnement notamment pour définir les transferts matériels et financiers qui doivent supporter les
transferts de compétences. Cela s’opérationnalise à travers notamment des plans d’action triennaux de
transfert des compétences mis en place au niveau des différents départements sectoriels.
Bien que de nombreuses avancées aient pu être réalisées le chantier des transferts de compétences
reste à approfondir et offre encore de fortes possibilités qui permettront de renforcer la liberté de
décisions et d’initiatives des collectivités territoriales en général et des régions en particulier :
- L’approfondissement de la mise en œuvre des décrets déjà effectif, notamment par le
renforcement du transfert des ressources constitue le premier niveau d’amélioration.
- A un deuxième niveau ces décrets peuvent faire l’objet de modifications et d’ajustements
permettant de renforcer les transferts.
- D’autres décrets restent à prendre dans plusieurs domaines qui élargiront les responsabilités
des collectivités.
- Enfin les transferts de compétences pourraient être fortement renforcés à travers un transfert
complet des ressources humaines techniques de l’Etat aux collectivités (passage de certains
services techniques jusque-là étatique sous la responsabilité des collectivités).

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Annexe n°2 : Analyse de la répartition des pouvoirs et
compétences en fonction du niveau d’approfondissement de la
décentralisation

Le Mali est engagé dans une dynamique de décentralisation où la régionalisation tend à prendre une
place de premier plan. La régionalisation est un processus qui peut se traduire par une grande diversité
tant sur le plan institutionnel qu’opérationnel. Il est possible de définir diverses typologies de la
régionalisation en fonction de l’angle d’analyse souhaité. Ici nous choisissons de classifier la
régionalisation en fonction du niveau de liberté de décisions et d’initiatives des instances régionales.
Cette analyse s’appuie largement sur un rapport réalisé pour le parlement européen sur « la
régionalisation en Europe » par le GRALE en 1999. Ce rapport étudie les processus de régionalisation
dans l’Europe des 15 et au niveau des nouveaux candidats à l’adhésion au début des années 2000. Le
rapport propose une typologie de la régionalisation sur laquelle l’analyse suivante s’est basée en
l’adaptant aux problématiques actuelle du Mali en particulier le niveau d’approfondissement de la
régionalisation.
L’analyse est basée sur 4 types de régionalisation :
- La déconcentration régionale, consistant en une « simple » déconcentration de l’Etat au niveau
régional. Le Mali a mis en place ce processus depuis les années 80 et la déconcentration
régionale persiste au côté de la décentralisation régionale à laquelle elle a transféré une grande
part de ces prérogatives initiales.
- La décentralisation régionale, basée sur une collectivité territoriale régionale. C’est ce
processus qui caractérise actuellement la régionalisation au Mali. Mise en place dès 2000 les
collectivités régionales ont réellement pris leur essor vers 2005/2006 et la dynamique
d’appropriation et de renforcement de leurs prérogatives est en cours.
- La régionalisation politique qui vise à renforcer la liberté de décisions et d’initiatives régionale à
travers notamment la mise en place d’une instance législative et d’un gouvernement. Ce type
pourrait constituer une perspective de l’évolution de la régionalisation au Mali au cours des
prochaines années
- Enfin, même s’il ne s’agit pas à proprement parler d’une régionalisation mais d’une autre forme
d’organisation de l’Etat, le fédéralisme est présenté essentiellement pour mettre en perspective
les différences et les similitudes avec la régionalisation politique. Toutefois le fédéralisme ne
constitue pas dans l’état actuel des choses une perspective à court et moyen terme.
Chacun de ces types de régionalisation sont analysés dans le tableau ci-dessous selon 4 axes : i) leurs
modalités de constitution, ii) le niveau d’implication des acteurs régionaux, iii) les pouvoirs et
compétences de ces acteurs et leur lien avec l’Etat et iv) le rôle joué par la région vis-à-vis des autres
niveaux de collectivités.

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Les différents types de régionalisation :

Modalité de Niveau d’implication des Rôle vis-à-vis des


Pouvoirs et compétences / lien avec l’Etat1
constitution acteurs régionaux autres niveaux de CT
Décret / décision sur Consultation, le
Déconcentration
l’organisation des représentant de l’Etat Mise en œuvre des politiques de l’Etat Tutelle
régionale
services de l’Etat restant décisionnaire
Compétences en matière d’orientation, planification et
mise en œuvre des actions de développement
économique, social et culturel dans le cadre des lois
Décision et mise en nationales
Partenariat
Décentralisation œuvre de ces dernières Compétences administratives et règlementaires dans
Loi de création des CT (notamment
régionale par un exécutif régional les domaines définis par la loi
contractualisation)
élu Compétences fiscales limitées à la définition de taux
pour des taxes définies par l’Etat ou de redevances
Partenariat avec l’Etat pour mettre en œuvre le
développement régional (contrat plan notamment)
En plus des compétences de la décentralisation
Possibilité de définir et
régionale :
Pouvoir législatif via une transférer des
Compétences définies Pouvoir législatif et réglementaire
Régionalisation assemblée régionale et compétences
et garanties par la Compétences fiscales avec possibilité de définir une
politique exécutif à travers un spécifiques aux
Constitution fiscalité propre
gouvernement régional collectivités de la
Compétences judiciaires (en complément de celles de
région
l’Etat)
Les différents pouvoirs et compétences régionaux sont globalement plus importants dans le cas de la régionalisation politique que dans le cas de la
décentralisation régionale. Certaines compétences, notamment législatives et judiciaires ne peuvent pas exister dans le cadre de la décentralisation régionale et
deviennent possibles avec la régionalisation politique. Toutefois beaucoup d’autres domaines de compétences peuvent être exercés par le niveau régional dans
les 2 cas, la différence se fait alors sur l’importance des transferts de ces compétences. Donc au-delà des types de décentralisation la définition de la répartition
des compétences entre l’Etat et les instances régionales, basée sur les principes de subsidiarité et de suppléance, constitue un élément essentiel de la liberté
de décisions et d’initiatives des régions.

1
L’Etat central garde dans tous les cas les compétences en matière monétaire, de défense et des affaires étrangères
13
- DGCT 2013

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