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Introduction

Dans un pays moderne, la centralisation absolue c’est-à-dire la concentration de


l’ensemble des compétences entre les mains du pouvoir central, se heurte à une
difficulté voire une impossibilité manifeste en raison notamment de la diversité des
tâches qui incombent à l’Etat. Dès lors, il est nécessaire que les décisions d’intérêt
local soient prises au niveau local afin d’éviter toute paralysie des organes centraux. A
cet effet, il s’est agi de mettre en place deux techniques de gestion administrative
pour désengorger le pouvoir central. Il s’agit de la déconcentration et de la
décentralisation. La décentralisation est présentée comme le droit pour les
collectivités territoriales ou locales de s’administrer librement et de gérer des affaires
propres en vue de promouvoir le développement à la base et de renforcer la
gouvernance locale.

I- L’Acte I de la décentralisation de 1972

Le processus de décentralisation au Sénégal, a subi plusieurs mutations ponctuées


par des réformes importantes de l’indépendance à nos jours. Ces réformes
s’interprètent comme des tentatives d’approfondissement de notre politique de
décentralisation qui, dans sa mise en œuvre, reste confrontée à de multiples défis et
limites qui sont à la fois d’ordre institutionnel, organisationnel, technique et
financier. Au total trois grandes réformes sont notées au cours de cette période. La
première grande réforme dénommée « acte I » de la décentralisation, est intervenue
en 1972, avec comme acquis majeur, l’entrée de la décentralisation en milieu rural
avec la création des communautés rurales qui inaugure l’ère de la participation des
populations rurales à la gestion des affaires locales.

II- La régionalisation de 1996

Dès son accession à la souveraineté internationale, le Sénégal a opté pour une


politique de décentralisation prudente, progressive et irréversible. Cette option a été
confirmée au cours des différentes phases qui ont marqué cette politique. La
première réforme majeure de 1972 pose l’acte précurseur de libertés locales plus
affirmées, avec la création des communautés rurales, la promotion de la
déconcentration et la régionalisation du plan. La deuxième réforme majeure, réalisée
en 1996 « dans le souci d’accroitre la proximité de l’Etat et la responsabilité des
collectivités locales », consacre la régionalisation avec, notamment, l’érection de la
région en collectivité locale, la création de communes d’arrondissement.

La réforme de 1996 a constitué un tournant décisif dans le processus sénégalais de


décentralisation puisqu'elle modifie, fondamentalement, les relations entre l'Etat et
les collectivités locales en enfonçant l'autonomie de gestion par, entre autres, la libre
administration et l’allègement du contrôle, ainsi que les compétences de ces dernières
dans neuf domaines. Elle a, également, été marquée par l'institution de nouveaux
dispositifs destinés au renforcement des moyens financiers, humains et matériels des
collectivités locales afin qu'elles puissent assurer une bonne gestion de leurs
compétences.

III- L’Acte III de la décentralisation de 2013


Le contexte et la faiblesse de ces politiques appliquées jusque-là, entraînent la nécessité
d’initier des alternatives susceptibles de corriger les déficiences et de réaliser des
progrès significatifs à l’échelle nationale et un développement territorial harmonieux
et durable.
Ainsi l’option est prise par le Chef de l’Etat de «construire, dans le cadre d’un dialogue
consensuel et prospectif, le renouveau de la modernisation de l’Etat, à travers une
décentralisation cohérente dans ses principes et performante dans sa mise en œuvre ».
Le projet de réforme dénommé « Acte III de la décentralisation » est ainsi né à partir
de cette option « de refondation majeure de l’action territoriale de l’Etat ».
L’Acte III de la décentralisation vise à «organiser le Sénégal en territoires viables,
compétitifs et porteurs de développement durable à l’horizon 2022». Spécifiquement
il s’agit de : construire une cohérence territoriale par une réorganisation de l’espace et
l’émergence de pôles de développement ; assurer la lisibilité des échelles de
gouvernance territoriale en clarifiant les relations entre les acteurs et en articulant les
compétences à transférer aux ressources techniques, financières et humaines ; et
améliorer les mécanismes de financement du développement territorial et de la
gouvernance budgétaire.
Les résultats de l’acte III de la décentralisation sont notamment la communalisation
intégrale, qui offrira de nouvelles opportunités aux collectivités locales de base,
notamment celles du monde rural, d’améliorer, par des équipements, la plateforme
minimale des infrastructures socio-économiques de base, de recruter du personnel
qualifié, d’accéder facilement aux financements des partenaires au développement et
de la coopération décentralisée ; le département, qui s’érige en collectivité locale en
même temps qu’il reste circonscription administrative et qui offre l’avantage de former
des entités territoriales intermédiaires favorisant une gouvernance locale, une
démocratie avec participation citoyennes et un développement territorial dans une
dynamique d’intégration rural-urbain ; la suppression de la région et la création des
pôles de développement économique, visant au rééquilibrage des investissement sur
les territoires en fonction des enjeux et des objectifs développement.
La réussite de la réforme de l’Acte III de la décentralisation réside dans plus de moyens
aux collectivités locales, avec une fiscalité locale appropriée et des mécanismes
innovants de financement pertinents. Mais il y a aussi des mesures d’accompagnement
très importantes: la rationalisation de la répartition des compétences à transférer entre
l’Etat et les Collectivités territoriales; le transfert effectif des ressources
concomitamment aux compétences transférées ; la mise en œuvre effective de la loi sur
la fonction publique locale; un plan de formation des acteurs de la décentralisation
notamment des élus; etc. La conclusion est que cette réforme majeure contribue à
renforcer le pouvoir des autorités déconcentrées dans le sens d’une synergie entre
acteurs territoriaux dans le seul but de permettre un développement économique et
social à la base. L’Acte III de la décentralisation va, sans conteste, favoriser la création
d’emplois et de richesse, et ainsi lutter contre la pauvreté et participer à la promotion
d’un Sénégal émergent.

IV- L’évolution de la déconcentration Sénégal


L’étude de ce sujet a permis non seulement d’exposer le contenu de la phase une de « l’acte 3
» de la décentralisation, mais a également permis de soulever les problèmes rencontrés dans
le processus de la décentralisation qui n’ont pas été solutionnés par cette dite réforme. De
par leurs organes et leurs missions, les collectivités locales se présentent comme des actrices
incontournables pour une réelle promotion du développement au sein des entités locales. Si
depuis 1996 des avancées notoires ont été enregistrées en terme de responsabilisation des
entités locales dans la conduite des affaires locales, il n’en demeure pas moins que des
carences et des obstacles sont à noter dans la satisfaction des besoins sociaux des
populations. Partant, la carence en ressources humaines et financières constitue un sérieux
handicap pour le plein essor de la politique de décentralisation au Sénégal. Une prochaine
réforme devrait pouvoir apporter des solutions définitives à ces maux dont souffre
l’administration locale sénégalaise. En effet, il urge pour l’Etat de prendre des mesures
adéquates par rapport aux attentes des populations pour une bonne gouvernance locale. Il
devrait en être ainsi parce que si toutes les collectivités locales se développent, c’est tout le
Sénégal qui émerge. Ceci étant dit, il convient de souligner qu’il y’a encore beaucoup à faire
au niveau des textes mais également en ce qui concerne la distribution des ressources
(humaines et financières) pour permettre aux entités décentralisées de répondre aux besoins
des populations. La question fondamentale demeure le problème de l’autonomie financière
mais également celui de la capacité des élus locaux à faire face aux compétences qui leur sont
dévolues. Il est nécessaire de développer et de transformer le cadre institutionnel, le besoin
le plus évident aujourd’hui est de faire en sorte que les collectivités locales aient les capacités
nécessaires en matière d’infrastructures, de ressources humaines et surtout de moyens
financiers pour réduire cette pauvreté galopante. Une décentralisation effective constitue un
aspect qui favorise le processus de développement local. Ainsi, la collectivité locale se trouve
être le cadre idéal pour l’impulsion du développement et la consolidation de la citoyenneté.
Pour ce faire, il est essentiel que les dispositions législatives et réglementaires soient
adoptées en fonction des réalités des collectivités locales. Une décentralisation réussie
suppose la prise en compte de chaque spécificité locale pour l’impulsion d’un véritable
développement local. Il est aussi fondamental de doter les collectivités locales d’un réel
pouvoir de gestion propre à assurer une meilleure administration des affaires locales.
Conclusion

Au Sénégal, de l’indépendance jusqu’à nos jours, une panoplie de textes régissant la


politique de décentralisation a été mise en place. La décentralisation est ainsi une volonté
politique exprimée depuis l’indépendance. Conscientes de la mise en place d’une
administration de proximité, les autorités sénégalaises se sont lancées dans un processus de
désengorgement du pouvoir central mis en évidence par la politique de décentralisation. Les
défis locaux et globaux restent entiers et appellent des solutions urgentes,
coordonnées et efficaces de la part des institutions publiques locales/centrales et des
institutions privées.

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