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Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation
COOPERATION DECENTRALISEE
Présenté par :
-SOULEYE SARR
-MALAL SOW
Ce faisant nous orienterons notre étude aux obstacles à une coopération réussite dans la
politique de déentralisation sénégalaise.
Dès lors, il convient de se poser la question suivante : Quels sont les défis liés aux
obstacles à une coopération réussite ?
Les obstacles à une coopération réussie sont entre autres des obstacles institutionnels
(A) et des obstacles juridiques (B).
En outre, l'absence de maîtrise des outils, la lenteur des transferts et de l'inscription des
ressources de la coopération dans les budgets des collectivités bénéficiaires constituent des
contraintes majeures à la mise en œuvre efficace de la coopération décentralisée. De plus, la
dimension de la réciprocité, qui implique une reconnaissance mutuelle des partenaires du
Nord et du Sud, ainsi que leur capacité à donner et à recevoir, n'est pas toujours prise en
compte de manière adéquate. Les partenariats actuels semblent souvent s'inscrire dans une
logique d'aide plutôt que de véritable échange équilibré. Les actions susceptibles de nourrir la
réciprocité ne sont pas clairement identifiées ni programmées, ce qui limite la nature
véritablement collaborative de la coopération.
Dans le contexte du Nord, on peut également citer l'émergence d'attitudes hostiles envers la
coopération décentralisée, comme illustré par le slogan "la Corrèze avant le Zambèze". Ce
courant de pensée, parfois appelé cartiérisme, préconise de résoudre d'abord les problèmes
internes avant de s'engager dans des actions de coopération internationale.
Au Sud, il est constaté que la dimension participative de la coopération décentralisée reste
souvent insuffisamment développée. Les études sur la décentralisation révèlent que les
populations sont rarement associées à l'exercice du pouvoir local, ce qui appelle à la mise en
place de procédures pour renforcer leur rôle dans la réalisation effective de la coopération. Il
est nécessaire de revoir les procédures pour que les citoyens des deux côtés soient pleinement
impliqués dans la coopération. Des réformes sont indispensables pour donner davantage de
poids au principe de réciprocité et promouvoir un échange équivalent entre les partenaires.
La dimension participative doit être réévaluée et impliquer l'ensemble des acteurs des
collectivités locales, qu'ils soient économiques, associatifs, etc. Les sociétés locales devraient
être associées à la définition et à la sélection des idées de développement de leur propre pays,
et les populations locales doivent être en mesure de s'approprier les projets de
développement. À cet égard, la formation de tous les acteurs territoriaux concernés est
primordiale pour assurer la réussite de la coopération.
Dans une étude du "Groupe Pays Senegal", d'autres obstacles sont également mis en lumière.
Certains élus sénégalais redoutent que leurs partenaires français imposent leurs propres
modèles démocratiques et plaident pour la spécificité de leur contexte. Par ailleurs, l'absence
de clarté dans les attentes et objectifs entre les partenaires français et sénégalais crée des
décalages dans la coopération. Les acteurs français tendent à percevoir leurs partenaires
sénégalais comme ayant principalement besoin de ressources et de solutions ponctuelles,
tandis que les acteurs sénégalais semblent moins préoccupés par les attentes spécifiques de
leurs homologues français. Cette absence de communication et de compréhension mutuelle
limite la pleine efficacité et l'équilibre de la coopération décentralisée.
Une difficulté majeure réside dans la limitation de la marge de manœuvre des collectivités
territoriales. Cette limitation est clairement perceptible lorsqu'on examine les compétences qui
leur sont transférées. Actuellement, seule une poignée de domaines de compétence (9 en tout)
a été transférée aux collectivités locales. Par conséquent, en dehors de ces domaines
spécifiques, il est raisonnable de penser que les collectivités territoriales ne peuvent pas
établir de relations dans des secteurs tels que l'agriculture, l'élevage, etc. qui sont pourtant des
secteurs clés du développement national. Cette restriction des compétences entrave
considérablement les collectivités locales, les empêchant d'agir dans des domaines relevant de
la compétence exclusive de l'État. De plus, l'État jouit du pouvoir de définir les limites de
compétence des collectivités territoriales, ce qui peut être interprété comme l'État ayant "la
compétence de la compétence".
Un autre défi majeur découle de la rigueur du contrôle exercé par l'État sur les actes des
collectivités territoriales. Bien que l'on puisse affirmer que la tutelle a été supprimée, ce
contrôle reste contraignant. L'article 245 du code des collectivités locales illustre cette
limitation, exigeant que certains actes soient soumis à l'approbation préalable du Représentant
de l'État. Parmi ces actes se trouvent des aspects cruciaux tels que le budget, les emprunts, les
plans de développement locaux, les affaires domaniales, les participations dans certaines
entreprises, et les conventions financières de coopération internationale dépassant un certain
montant. Cette disposition constitue un frein majeur pour les collectivités locales, les
contraignant à des engagements de moindre envergure. Par conséquent, cela peut
compromettre le principe de libre administration tel que stipulé dans la constitution à l'article
102.
Par ailleurs, l'analyse du texte de loi met en lumière la persistance d'un contrôle a priori.
L'article 245 stipule que certains actes nécessitent l'approbation du représentant de l'État.
Parmi ces actes figurent ceux liés à la Coopération Décentralisée, y compris les conventions
financières dépassant un certain montant. Cette réalité pose un défi fondamental à la
coopération décentralisée.
En outre, la notion d'intérêt local se révèle restrictive et peut être utilisée pour ériger des
obstacles à la croissance de la coopération décentralisée. Cela souligne le fait que les
collectivités locales peuvent se heurter à des barrières non seulement d'ordre institutionnel,
mais également d'ordre conceptuel.
Dans son mémoire de 2007, intitulé "La coopération décentralisée entre la région de Saint
Louis (Sénégal) et la région Nord Pas de Calais", rédigé par Dianko Mballo, les difficultés
juridiques entravant la coopération décentralisée sont exposées de manière éloquente. Bien
que ce mémoire ait été élaboré avant l'adoption du nouveau code des collectivités territoriales
au Sénégal en 2013, qui a introduit d'importants changements dans la structure et la
répartition des compétences, ses observations demeurent toujours pertinentes et éclairantes.
Il est relevé que certaines dispositions du code des collectivités locales, en vigueur à l'époque,
compromettent le plein épanouissement des entités locales sénégalaises. L'article 1 de la loi
96-07, par exemple, consacrant le monopole de l'État dans l'exercice des missions de
souveraineté, limite les collectivités territoriales, dont la région de Saint Louis, dans leurs
prérogatives. Ces dernières doivent respecter strictement les compétences qui leur sont
transférées, alors que des domaines essentiels tels que la défense, l'économie, la police et la
diplomatie demeurent du ressort exclusif de l'État. La loi 96-07 identifie neuf compétences
transférées aux collectivités locales, définissant ainsi les contours de leurs actions. Pourtant,
cette contrainte restreint la marge de manœuvre de la région de Saint Louis dans la signature
de conventions de coopération, notamment dans les domaines du transport et de l'agriculture.
Même si le nouveau code des collectivités territoriales en 2013 a apporté des changements
structurels, redéfinissant les collectivités en communes et départements, les défis demeurent.
Les communes et les départements, dotés d'un champ d'action plus large, se trouvent toujours
limités par la compétence exclusive de l'État dans des domaines cruciaux. Cela se traduit par
une incompatibilité entre les besoins locaux et les compétences réellement transférées. Par
exemple, la région de Saint Louis ne peut toujours pas coopérer dans des domaines non
transférés tels que le transport, malgré le potentiel bénéfique que cela pourrait avoir sur
l'accessibilité de la région.
De plus, l'article 19 du Code des Collectivités Locales continue de poser un défi juridique en
exigeant que les actions de coopération soient conformes aux compétences propres des
collectivités locales. Cette contrainte demeure, tout comme l'obligation d'obtenir l'approbation
préalable du représentant de l'État pour les engagements financiers importants, telle que
stipulée par l'article 245 du CCL.
En comparant avec le côté français, l'article 311-I5 précise que les collectivités territoriales ne
peuvent entreprendre des actions de coopération à l'étranger que dans les limites de leurs
compétences et du respect de la politique étrangère de la France. Cette approche, bien que
différente de celle au Sénégal, soulève des questions similaires concernant les actions de
solidarité, les aides humanitaires et leur compatibilité avec l'intérêt local.
En somme, bien que le contexte législatif ait évolué depuis la rédaction du mémoire de
Dianko Mballo en 2007, les défis juridiques qu'il a identifiés restent pertinents aujourd'hui.
Les nuances introduites par la réforme de 2013, en redéfinissant les collectivités territoriales,
n'ont pas nécessairement résolu les problèmes fondamentaux liés aux compétences exclusives
de l'État, à la limitation des domaines d'action et aux contraintes juridiques pesant sur les
coopérations décentralisées.
Ensuite, dans le cadre législatif, la participation citoyenne est prévue par la section II
du titre premier de la loi de 2013-10 du 28 Décembre 2013 portant code général des
collectivités locale. Cette loi dispose en son article 6 : « Toute personne physique ou morale
peut faire, au président du conseil départemental et au maire, toutes propositions relatives à
l’impulsion du développement économique et social de la collectivité locale concernée et à
l’amélioration du fonctionnement des institutions ». Cette disposition donne la possibilité aux
citoyens locaux, indépendamment de toute initiative venant des conseils élus, de participer, à
travers leurs propositions, à la mise en œuvre des politiques locales de développement et de
veiller à l’amélioration des institutions locales. En plus, selon l’article 7 de la même loi, « En
vue de garantir une bonne participation des populations dans la gestion des affaires publiques,
l’organe exécutif local peut instituer, au sein de la collectivité locale, un cadre de concertation
consulté sur : les plans et les projets de développement local ; les conventions de coopération
et les contrats plans.
Le cadre de concertation peut, en outre, être consulté sur toute autre matière d’intérêt local.
L’implication de la population dans la gestion des affaires publiques revêt d’une importance
capitale car il permet de restaurer la confiance entre les citoyens et les élus locaux et renforce
leur sentiment d’appartenance à leur localité. C’est en ce sens que le philosophe Aristote
disait : « Un citoyen au sens absolu ne se définit par aucun autre caractère plus adéquat que
par la participation aux fonctions judiciaires et publiques en générale ». Sans cette
participation, les citoyens auraient le sentiment que la collectivité est plus une contrainte
qu’un moins d’épanouissement, car comme le dit un proverbe africain « Tout ce qui se fait
pour vous sans vous est contre vous ».
* Des jumelages qui lient dans un premier temps les communes françaises, animées par
la volonté de développer des liens d'amitié avec les populations des communes allemandes.
Puis, pendant la guerre froide, les jumelages principaux cadres d'échanges culturels, se sont
développés avec les communes des pays d'Europe de l'Est. Et enfin, dans les années 1960-
1970, les indépendances des pays sahéliens changent la nature des jumelages lorsque des
communes d'Europe occidentale s'engagent dans des actions concrètes de solidarité en
Afrique subsaharienne, formalisées en tant que « jumelages-coopération ». L'idée d'une
solidarité Nord-Sud y trouve son fondement car les jumelages-coopération unissent des
collectivités locales de pays "industrialisés" avec celles de pays "en voie de développement ".
Dans cet ordre d'idées, dès 1968 les communes de Dakar et Marseille signent un accord de
jumelage. Cette forme de jumelage est caractérisée par des donations et des échanges
interculturels.
Le contrôle de l'État dans la coopération décentralisée est le processus par lequel l'État
surveille et supervise les activités des organisations de coopération décentralisée (ODC).
Cette clause limitative ou attributive de compétence constitue un blocage énorme et les
collectivités locales ne peuvent tourner leurs actions vers certains domaines qui relèvent de la
compétence exclusive de l'Etat. Et l’Etat « A la compétence de la compétence » c’est-à-dire
qu’il appartient à l’Etat de définir la compétence des collectivités territoriales. Autres
difficultés, on peut citer la rigueur du contrôle qu’exerce l’Etat sur les actes des collectivités
territoriales. Ce contrôle est contraignant malgré l’affirmation selon laquelle la tutelle a
disparu. L’article 245 du code des collectivités locales pose cette limitation : « par dérogation
au caractère exécutoire des actes prévus aux articles 243 et 244 du présent code, reste soumis
à l’approbation préalable du Représentant de l’Etat, les actes pris dans les domaines
suivants »: le budget, les emprunts, les plans de développement des collectivités locales, les
affaires domaniales… Dans ces domaines figurent des actes de Coopération Décentralisée.
Cette circonstance constitue un problème fondamental. La notion d’intérêt local est une notion
restrictive. Elle peut être invoquée pour poser des obstacles au développement de la
coopération décentralisée.
Face à ces obstacles pour une coopération réussite, le principe de la libre administration des
collectivités territoriales devrait etre beaucoup plus effectif.
Tout d’abord, il permet aux collectivités territoriales de défendre leur autonomie. Le principe
de libre administration implique que les pouvoirs essentiels au sein de collectivités
territoriales soient confiés à des assemblées élues.
La libre administration des collectivités dépend aussi des moyens financiers qui leur sont
reconnus. Le Code général des collectivités locales contient des dispositions financières
classiques pertinentes pour promouvoir de la croissance économique parmi lesquelles on a les
fonds de dotation de la décentralisation qui appuient les compétences transférées, les fonds
d’équipement des collectivités locales pour le financement des investissements locaux, les
fonds de concours spéciaux pour financer les projets d’intérêt général agréés par l’Etat. La
décentralisation du budget consolidé d’investissement, créée en 2006, permet aux collectivités
territoriales d’être responsables financièrement et techniquement de l’exécution de dépenses
en capital inscrit dans le budget des ministères et qui dépendent de leurs missions. C’est un
véritable transfert budgétaire. A ce niveau, il faut accélérer la modernisation de l’Etat pour
permettre d’avoir une bonne articulation des politiques et projets et un cadre juridique unifié
qui simplifie la visibilité.