Vous êtes sur la page 1sur 12

REPUBLIQUE DU SENEGAL

***
Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation

Université Gaston Berger de Saint-Louis du Sénégal


Unité de formation et de Recherche des sciences juridiques et Politiques

COOPERATION DECENTRALISEE

Sujet : les obstacles à une coopération réussite

Master 1 droit public


Gouvernance loclae et développement durable

Présenté par :

-SOULEYE SARR

-MALAL SOW

-PAPA DJIBY SOW

Année académique 2022-2023 Mr : KA


INTRODUCTION

Après l'accession à la souveraineté internationale, les autorités africaines se sont lancées


sur les sentiers périlleux et fastidieux du développement. Le Sénégal, à l'instar des autres pays
africains, a amorcé un processus de destructuration/restructuration, en vue de résorber la crise
socio-économique, politique et culturelle engendrée par l'échec des modèles de
développement venus du dehors. C'est dans cette perspective que le gouvernement sénégalais
a enclenché depuis 1972 une série de réformes politiques et administratives. Celles-ci
envisageaient non seulement de placer les populations au cœur des changements en cours,
mais aussi à les associer dans la gestion des affaires locales. Autrement dit, les autorités
sénégalaises avaient décidé de rompre avec les principes gouvernementaux de l'Etat
providence et conciliaient les acteurs à la base dans le processus de développement des
collectivités locales. C'est ainsi qu'on assiste à la consécration de la décentralisation qui, selon
Grigori LAZAREV est une des conditions sine qua none pour la réussite du développement
local. Cette politique réformiste, progressive et prudente a été complétée par la régionalisation
de 1996. Autrement dit, la décentralisation a engendré un réel « retour de l'acteur » dans la
gestion et la réalisation des plans de développement au niveau des collectivités locales. Cette
association des acteurs de base dans les affaires locales va être réellement perceptible dans les
différentes formes de déploiement de la coopération décentralisée qui, dans leur mise en
œuvre encontre des difficultés.

Le concept de coopération décentralisée articule deux notions importantes à éclaircir :


celle de coopération et celle de décentralisation. La coopération selon le dictionnaire Larousse
est, au plan économique, « une méthode d’action par laquelle des personnes ayant des intérêts
communs constituent une entreprise où les droits de chacun à la gestion sont égaux et où le
profit est réparti entre les seuls associés au prorata de leurs activités. » Il s’agit d’une action
de collaborer qui rapportée à l’international est, selon le même dictionnaire « une politique
d’aide économique, technique et financière à certains pays en développement. ». La
décentralisation, au sens strict redéfini les pôles de décision et la « centralité » autour des
collectivités locales qui deviennent garantes de la régulation des intérêts et de l’articulation
des forces sur leur territoire ; au sens large, elle multiplie les pôles de décision et redéfinit la
gestion des processus de décision entre ces « pôles », à la fois au plan vertical et au plan
horizontal. Le terme « coopération décentralisée » a été consacré par une circulaire du
Premier ministre en mai 1985. Il a été reconnu légalement par la loi sur l’administration
territoriale de la République de 1992, dont il sert d’intitulé au titre IV. La loi définit cette
coopération décentralisée comme « l’ensemble des actions de coopération internationales
menées par convention dans un but d’intérêt commun par une ou plusieurs collectivités ». Elle
ajoute que « les collectivités territoriales et leurs groupements peuvent conclure des
conventions avec des collectivités locales étrangères et leurs groupements dans les limites de
leurs compétences et dans le respect des engagements internationaux de la France » (art. 131).
Dons, les obstacles à une coopération réussite renvoient aux difficultés rencontrées par les
collectvités territoriales pour la mise en œuvre d’une coopération effective.

Ce faisant nous orienterons notre étude aux obstacles à une coopération réussite dans la
politique de déentralisation sénégalaise.

La coopération décentralisée a été utilisée pour valoriser, face au désengagement


progressif de l'Etat providence, le rôle des collectivités territoriales dans le concert
international. Ainsi, selon PERROT, la coopération décentralisée a surtout été perçue par les
autorités étatiques comme un moyen pour placer les acteurs locaux dans la dynamique de la
coopération internationale. Cependant les collectivités territoriales traversent des difficultés
qui sapent régulièrement les fondements de leur émergence. Souvent, nous constatons un
manque de rigueur scientifique dans le pilotage des affaires locales dans la mise en œuvre
d’une coopération réussite.

Dès lors, il convient de se poser la question suivante : Quels sont les défis liés aux
obstacles à une coopération réussite ?

La mise en œuvre de la Coopération Décentralisée a révélé un certain nombre


d’insuffisance, ces difficultés et défaillances posent l’exigence des reformes afin que la
Coopération Décentralisée soit plus apte à répondre aux préoccupations.

En effet, elles tiennent d’abord au champ de compétence des collectivités locales et


aussi à la rigueur du contrôle de l’Etat. Au plan institutionnel, c’est-à-dire, des structures qui
encadrent la Coopération Décentralisée, on note une prolifération des structures qui entrainent
de sérieux problèmes d’harmonisation des actes menés au plan local. De ce fait, pour nourrir
la démocratie locale sur des questions de développement, il est nécessaire de favoriser la
rencontre et la concertation entre élus locaux, organisations citoyennes et représentants de
l’État. Le législateur doit aller dans le sens de l’assouplissement du contrôle exercé par le
représentant de l’Etat sur les actes locaux, qui semble remettre en cause la libre administration
des collectivités locales.
Afin de répondre à la problématique posée, notre travail sera axé dans une double
démarche consistant dans une première partie à identifier les différents obstacles à une
coopération réussite (I) puis en second lieu nous proposerons les solutions aux obstacles à une
coopération réussite (II).

I. L’identification des obstacles à une coopération réussie

Les obstacles à une coopération réussie sont entre autres des obstacles institutionnels
(A) et des obstacles juridiques (B).

A. Les obstacles institutionnels

En ce qui concerne les obstacles à la coopération décentralisée, il est important


d'examiner les problèmes rencontrés au niveau institutionnel, c'est-à-dire les structures qui
encadrent cette forme de collaboration. Une prolifération de ces structures a été identifiée, ce
qui engendre des difficultés majeures en matière d'harmonisation des actions menées au
niveau local. Le service de coopération et d'action culturelle de l'ambassade de France a
d'ailleurs souligné les nombreux défis liés à l'établissement des actions de coopération sur le
terrain. Ce foisonnement de structures facilite malheureusement les abus tels que les
détournements de fonds.

En outre, l'absence de maîtrise des outils, la lenteur des transferts et de l'inscription des
ressources de la coopération dans les budgets des collectivités bénéficiaires constituent des
contraintes majeures à la mise en œuvre efficace de la coopération décentralisée. De plus, la
dimension de la réciprocité, qui implique une reconnaissance mutuelle des partenaires du
Nord et du Sud, ainsi que leur capacité à donner et à recevoir, n'est pas toujours prise en
compte de manière adéquate. Les partenariats actuels semblent souvent s'inscrire dans une
logique d'aide plutôt que de véritable échange équilibré. Les actions susceptibles de nourrir la
réciprocité ne sont pas clairement identifiées ni programmées, ce qui limite la nature
véritablement collaborative de la coopération.

Dans le contexte du Nord, on peut également citer l'émergence d'attitudes hostiles envers la
coopération décentralisée, comme illustré par le slogan "la Corrèze avant le Zambèze". Ce
courant de pensée, parfois appelé cartiérisme, préconise de résoudre d'abord les problèmes
internes avant de s'engager dans des actions de coopération internationale.
Au Sud, il est constaté que la dimension participative de la coopération décentralisée reste
souvent insuffisamment développée. Les études sur la décentralisation révèlent que les
populations sont rarement associées à l'exercice du pouvoir local, ce qui appelle à la mise en
place de procédures pour renforcer leur rôle dans la réalisation effective de la coopération. Il
est nécessaire de revoir les procédures pour que les citoyens des deux côtés soient pleinement
impliqués dans la coopération. Des réformes sont indispensables pour donner davantage de
poids au principe de réciprocité et promouvoir un échange équivalent entre les partenaires.

La dimension participative doit être réévaluée et impliquer l'ensemble des acteurs des
collectivités locales, qu'ils soient économiques, associatifs, etc. Les sociétés locales devraient
être associées à la définition et à la sélection des idées de développement de leur propre pays,
et les populations locales doivent être en mesure de s'approprier les projets de
développement. À cet égard, la formation de tous les acteurs territoriaux concernés est
primordiale pour assurer la réussite de la coopération.

La revalorisation de la dimension participative devrait également inclure une restructuration


des collectivités locales, ainsi que des réformes législatives pour accorder davantage de
liberté et de pouvoir aux collectivités locales. Il est crucial de clarifier les domaines dans
lesquels les collectivités locales peuvent intervenir, tout en renforçant le principe de la libre
administration et en allégeant le contrôle exercé par l'État. Une révision des liens entre les
collectivités territoriales et le pouvoir central est également nécessaire pour améliorer la
maîtrise des budgets et des transferts financiers.

Dans une étude du "Groupe Pays Senegal", d'autres obstacles sont également mis en lumière.
Certains élus sénégalais redoutent que leurs partenaires français imposent leurs propres
modèles démocratiques et plaident pour la spécificité de leur contexte. Par ailleurs, l'absence
de clarté dans les attentes et objectifs entre les partenaires français et sénégalais crée des
décalages dans la coopération. Les acteurs français tendent à percevoir leurs partenaires
sénégalais comme ayant principalement besoin de ressources et de solutions ponctuelles,
tandis que les acteurs sénégalais semblent moins préoccupés par les attentes spécifiques de
leurs homologues français. Cette absence de communication et de compréhension mutuelle
limite la pleine efficacité et l'équilibre de la coopération décentralisée.

En conclusion, l'analyse des obstacles à la coopération décentralisée révèle des problèmes


institutionnels complexes qui nécessitent des réformes, des ajustements et une meilleure
communication entre les partenaires pour permettre une collaboration plus efficace et
équilibrée.

B. Les obstacles juridiques

En explorant les défis entravant la coopération décentralisée, on découvre des obstacles


de nature juridique qui revêtent une importance cruciale. Tout d'abord, ces obstacles se
trouvent en grande partie liés aux domaines de compétence des collectivités locales et à
l'étendue du contrôle exercé par l'État. Traditionnellement, l'État détient le monopole de la
conduite de la coopération internationale en raison de sa souveraineté. Toutefois, l'émergence
de la démocratie locale a conféré davantage de droits et de libertés aux entités infranationales.
Cette situation soulève une problématique complexe de conciliation entre la reconnaissance
de la souveraineté exclusive de l'État et la reconnaissance de la marge de souveraineté des
collectivités territoriales.

Une difficulté majeure réside dans la limitation de la marge de manœuvre des collectivités
territoriales. Cette limitation est clairement perceptible lorsqu'on examine les compétences qui
leur sont transférées. Actuellement, seule une poignée de domaines de compétence (9 en tout)
a été transférée aux collectivités locales. Par conséquent, en dehors de ces domaines
spécifiques, il est raisonnable de penser que les collectivités territoriales ne peuvent pas
établir de relations dans des secteurs tels que l'agriculture, l'élevage, etc. qui sont pourtant des
secteurs clés du développement national. Cette restriction des compétences entrave
considérablement les collectivités locales, les empêchant d'agir dans des domaines relevant de
la compétence exclusive de l'État. De plus, l'État jouit du pouvoir de définir les limites de
compétence des collectivités territoriales, ce qui peut être interprété comme l'État ayant "la
compétence de la compétence".

Un autre défi majeur découle de la rigueur du contrôle exercé par l'État sur les actes des
collectivités territoriales. Bien que l'on puisse affirmer que la tutelle a été supprimée, ce
contrôle reste contraignant. L'article 245 du code des collectivités locales illustre cette
limitation, exigeant que certains actes soient soumis à l'approbation préalable du Représentant
de l'État. Parmi ces actes se trouvent des aspects cruciaux tels que le budget, les emprunts, les
plans de développement locaux, les affaires domaniales, les participations dans certaines
entreprises, et les conventions financières de coopération internationale dépassant un certain
montant. Cette disposition constitue un frein majeur pour les collectivités locales, les
contraignant à des engagements de moindre envergure. Par conséquent, cela peut
compromettre le principe de libre administration tel que stipulé dans la constitution à l'article
102.

Par ailleurs, l'analyse du texte de loi met en lumière la persistance d'un contrôle a priori.
L'article 245 stipule que certains actes nécessitent l'approbation du représentant de l'État.
Parmi ces actes figurent ceux liés à la Coopération Décentralisée, y compris les conventions
financières dépassant un certain montant. Cette réalité pose un défi fondamental à la
coopération décentralisée.

En outre, la notion d'intérêt local se révèle restrictive et peut être utilisée pour ériger des
obstacles à la croissance de la coopération décentralisée. Cela souligne le fait que les
collectivités locales peuvent se heurter à des barrières non seulement d'ordre institutionnel,
mais également d'ordre conceptuel.

En somme, les obstacles d'ordre juridique à la coopération décentralisée sont multifacettes et


profondément ancrés dans la dynamique des compétences territoriales et du contrôle étatique.
Ces défis, allant de la limitation des compétences à la rigidité du contrôle, ont un impact
significatif sur la capacité des collectivités locales à participer activement à la coopération
internationale.

Dans son mémoire de 2007, intitulé "La coopération décentralisée entre la région de Saint
Louis (Sénégal) et la région Nord Pas de Calais", rédigé par Dianko Mballo, les difficultés
juridiques entravant la coopération décentralisée sont exposées de manière éloquente. Bien
que ce mémoire ait été élaboré avant l'adoption du nouveau code des collectivités territoriales
au Sénégal en 2013, qui a introduit d'importants changements dans la structure et la
répartition des compétences, ses observations demeurent toujours pertinentes et éclairantes.

Il est relevé que certaines dispositions du code des collectivités locales, en vigueur à l'époque,
compromettent le plein épanouissement des entités locales sénégalaises. L'article 1 de la loi
96-07, par exemple, consacrant le monopole de l'État dans l'exercice des missions de
souveraineté, limite les collectivités territoriales, dont la région de Saint Louis, dans leurs
prérogatives. Ces dernières doivent respecter strictement les compétences qui leur sont
transférées, alors que des domaines essentiels tels que la défense, l'économie, la police et la
diplomatie demeurent du ressort exclusif de l'État. La loi 96-07 identifie neuf compétences
transférées aux collectivités locales, définissant ainsi les contours de leurs actions. Pourtant,
cette contrainte restreint la marge de manœuvre de la région de Saint Louis dans la signature
de conventions de coopération, notamment dans les domaines du transport et de l'agriculture.

Même si le nouveau code des collectivités territoriales en 2013 a apporté des changements
structurels, redéfinissant les collectivités en communes et départements, les défis demeurent.
Les communes et les départements, dotés d'un champ d'action plus large, se trouvent toujours
limités par la compétence exclusive de l'État dans des domaines cruciaux. Cela se traduit par
une incompatibilité entre les besoins locaux et les compétences réellement transférées. Par
exemple, la région de Saint Louis ne peut toujours pas coopérer dans des domaines non
transférés tels que le transport, malgré le potentiel bénéfique que cela pourrait avoir sur
l'accessibilité de la région.

De plus, l'article 19 du Code des Collectivités Locales continue de poser un défi juridique en
exigeant que les actions de coopération soient conformes aux compétences propres des
collectivités locales. Cette contrainte demeure, tout comme l'obligation d'obtenir l'approbation
préalable du représentant de l'État pour les engagements financiers importants, telle que
stipulée par l'article 245 du CCL.

En comparant avec le côté français, l'article 311-I5 précise que les collectivités territoriales ne
peuvent entreprendre des actions de coopération à l'étranger que dans les limites de leurs
compétences et du respect de la politique étrangère de la France. Cette approche, bien que
différente de celle au Sénégal, soulève des questions similaires concernant les actions de
solidarité, les aides humanitaires et leur compatibilité avec l'intérêt local.

En somme, bien que le contexte législatif ait évolué depuis la rédaction du mémoire de
Dianko Mballo en 2007, les défis juridiques qu'il a identifiés restent pertinents aujourd'hui.
Les nuances introduites par la réforme de 2013, en redéfinissant les collectivités territoriales,
n'ont pas nécessairement résolu les problèmes fondamentaux liés aux compétences exclusives
de l'État, à la limitation des domaines d'action et aux contraintes juridiques pesant sur les
coopérations décentralisées.

II. Les solutions aux obstacles à une coopération réussie

Il nous faudra voir dans un premier temps la revalorisation de la dimension


participative de la coopération décentralisée(A) et dans un second temps l’allègement du
contrôle de l’Etat(B).
A. La revalorisation de la dimension participative

La coopération décentralisée se caractérise par sa dimension participative, qui implique


la participation active des citoyens et des acteurs locaux dans la définition et la mise en œuvre
des projets. La participation citoyenne est devenue aujourd’hui, avec l’avènement du concept
de développement local, un élément incontournable. Le citoyen peut, au-delà du choix des
élus locaux, intervenir pour donner son point de vue sur toutes les décisions ou projet
entrepris par la collectivité territoriale, sur l’élaboration, le suivi et l’évaluation des
programmes de développement local menés dans sa collectivité. Cette nouvelle approche de
penser le développement qui consiste à le définir selon un territoire, avec ses potentialités et
ses aléas, nécessite la mobilisation de tous les acteurs autour de projets essentiels qui se
définissent dans les limites de la communauté.

La participation citoyenne est en effet, repensée dans la stratégie de développement à long


terme du Sénégal, définie dans le document Plan Sénégal Émergent (PSE) et décidée par les
réformes.

Dans un premier temps, la participation des citoyens à la gestion de leurs collectivités


territoriales est consacrée par la constitution. Le titre XI de la constitution de 2001 modifié
par la loi constitutionnelle n° 2016-10 du 05 Avril 2016 est intitulé : des collectivités
territoriales. L’article 102 de la constitution dispose : « Les collectivités territoriales
constituent le cadre institutionnel de la participation des citoyens à la gestion des affaires
publiques. Elles participent à la territorialisation des politiques publiques, à la mise en œuvre
de la politique générale de l’Etat ainsi qu’à l’élaboration et au suivi des programmes de
développement spécifiques à leurs territoires. ». La lecture de cette disposition fait apparaitre
clairement la consécration de la participation citoyenne.

Ensuite, dans le cadre législatif, la participation citoyenne est prévue par la section II
du titre premier de la loi de 2013-10 du 28 Décembre 2013 portant code général des
collectivités locale. Cette loi dispose en son article 6 : « Toute personne physique ou morale
peut faire, au président du conseil départemental et au maire, toutes propositions relatives à
l’impulsion du développement économique et social de la collectivité locale concernée et à
l’amélioration du fonctionnement des institutions ». Cette disposition donne la possibilité aux
citoyens locaux, indépendamment de toute initiative venant des conseils élus, de participer, à
travers leurs propositions, à la mise en œuvre des politiques locales de développement et de
veiller à l’amélioration des institutions locales. En plus, selon l’article 7 de la même loi, « En
vue de garantir une bonne participation des populations dans la gestion des affaires publiques,
l’organe exécutif local peut instituer, au sein de la collectivité locale, un cadre de concertation
consulté sur : les plans et les projets de développement local ; les conventions de coopération
et les contrats plans.

Le cadre de concertation peut, en outre, être consulté sur toute autre matière d’intérêt local.
L’implication de la population dans la gestion des affaires publiques revêt d’une importance
capitale car il permet de restaurer la confiance entre les citoyens et les élus locaux et renforce
leur sentiment d’appartenance à leur localité. C’est en ce sens que le philosophe Aristote
disait : « Un citoyen au sens absolu ne se définit par aucun autre caractère plus adéquat que
par la participation aux fonctions judiciaires et publiques en générale ». Sans cette
participation, les citoyens auraient le sentiment que la collectivité est plus une contrainte
qu’un moins d’épanouissement, car comme le dit un proverbe africain « Tout ce qui se fait
pour vous sans vous est contre vous ».

Il existe de nombreuses façons de favoriser la participation des citoyens et des acteurs


locaux dans la coopération décentralisée. Parmi les méthodes les plus courantes, on peut
citer :

* Des jumelages qui lient dans un premier temps les communes françaises, animées par
la volonté de développer des liens d'amitié avec les populations des communes allemandes.
Puis, pendant la guerre froide, les jumelages principaux cadres d'échanges culturels, se sont
développés avec les communes des pays d'Europe de l'Est. Et enfin, dans les années 1960-
1970, les indépendances des pays sahéliens changent la nature des jumelages lorsque des
communes d'Europe occidentale s'engagent dans des actions concrètes de solidarité en
Afrique subsaharienne, formalisées en tant que « jumelages-coopération ». L'idée d'une
solidarité Nord-Sud y trouve son fondement car les jumelages-coopération unissent des
collectivités locales de pays "industrialisés" avec celles de pays "en voie de développement ".
Dans cet ordre d'idées, dès 1968 les communes de Dakar et Marseille signent un accord de
jumelage. Cette forme de jumelage est caractérisée par des donations et des échanges
interculturels.

* Des consultations publiques. Le département de l'Aube travaille depuis 15 ans avec le


département de Mbour au Sénégal, avec pour interlocuteur un « cadre de concertation », qui
associe la commune de Joal et plusieurs communautés rurales, des associations de jeunes, de
femmes, professionnelles, etc. De même, le département de Savoie coopère avec la ville de
Bignona, chef-lieu de département dans le sud du Sénégal. Des communautés rurales du
département se sont peu à peu associées à cette coopération. Dans ce cas encore, « un cadre de
concertation » entre collectivités publiques sénégalaises et associations a été mis en place, que
le département de Savoie considère comme un de ses interlocuteurs.

* Des ateliers de formation. Compte tenu du niveau de scolarisation des populations de


Diamaguene, les structures associatives se sont d'abord penchées sur la question de la
sensibilisation, de l'éducation et de la formation des membres. Ainsi, les leaders d'association,
avec l'aide des institutions qui s'activent dans le cadre de la CD Lille/Saint-Louis, vont
essayer de faire bénéficier à certains de leurs membres des formations (souvent les plus
instruits) afin qu'ils rendent compte à la base.

B. L’allègement du contrôle de l’Etat

Le contrôle de l'État dans la coopération décentralisée est le processus par lequel l'État
surveille et supervise les activités des organisations de coopération décentralisée (ODC).
Cette clause limitative ou attributive de compétence constitue un blocage énorme et les
collectivités locales ne peuvent tourner leurs actions vers certains domaines qui relèvent de la
compétence exclusive de l'Etat. Et l’Etat « A la compétence de la compétence » c’est-à-dire
qu’il appartient à l’Etat de définir la compétence des collectivités territoriales. Autres
difficultés, on peut citer la rigueur du contrôle qu’exerce l’Etat sur les actes des collectivités
territoriales. Ce contrôle est contraignant malgré l’affirmation selon laquelle la tutelle a
disparu. L’article 245 du code des collectivités locales pose cette limitation : « par dérogation
au caractère exécutoire des actes prévus aux articles 243 et 244 du présent code, reste soumis
à l’approbation préalable du Représentant de l’Etat, les actes pris dans les domaines
suivants »: le budget, les emprunts, les plans de développement des collectivités locales, les
affaires domaniales… Dans ces domaines figurent des actes de Coopération Décentralisée.
Cette circonstance constitue un problème fondamental. La notion d’intérêt local est une notion
restrictive. Elle peut être invoquée pour poser des obstacles au développement de la
coopération décentralisée.

Face à ces obstacles pour une coopération réussite, le principe de la libre administration des
collectivités territoriales devrait etre beaucoup plus effectif.
Tout d’abord, il permet aux collectivités territoriales de défendre leur autonomie. Le principe
de libre administration implique que les pouvoirs essentiels au sein de collectivités
territoriales soient confiés à des assemblées élues.

Ensuite, le principe de libre administration sous-tend l’existence d’attributions effectives que


la loi doit reconnaître aux conseils élus. La loi 96-07 remodèle le cadre juridique de la
décentralisation, entérinant le transfert de neuf domaines de compétence de l’Etat vers les
collectivités : 1) les domaines et le foncier ; 2) l’environnement et la gestion des ressources
naturelles ; 3) la santé, la population et l’action sociale ; 4) la jeunesse, les sports et les
loisirs ; 5) la culture ; 6) l’éducation et la formation professionnelle ; 7) la planification ; 8)
l’aménagement du territoire ; 9) l’urbanisme et l’habitat. La notion d’attributions effectives
suppose que les collectivités territoriales puissent disposer d’une capacité de décision qui leur
permette de gérer leurs propres affaires.

La libre administration des collectivités dépend aussi des moyens financiers qui leur sont
reconnus. Le Code général des collectivités locales contient des dispositions financières
classiques pertinentes pour promouvoir de la croissance économique parmi lesquelles on a les
fonds de dotation de la décentralisation qui appuient les compétences transférées, les fonds
d’équipement des collectivités locales pour le financement des investissements locaux, les
fonds de concours spéciaux pour financer les projets d’intérêt général agréés par l’Etat. La
décentralisation du budget consolidé d’investissement, créée en 2006, permet aux collectivités
territoriales d’être responsables financièrement et techniquement de l’exécution de dépenses
en capital inscrit dans le budget des ministères et qui dépendent de leurs missions. C’est un
véritable transfert budgétaire. A ce niveau, il faut accélérer la modernisation de l’Etat pour
permettre d’avoir une bonne articulation des politiques et projets et un cadre juridique unifié
qui simplifie la visibilité.

Vous aimerez peut-être aussi