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Territoire : Aire de développement, d’aménagement et de gestion, de taille variable où la

responsabilisation des acteurs locaux est susceptible de fournir, en articulation avec les autres
protagonistes, une réponse aux besoins et aux aspirations des concitoyens.

Territorialisation : Processus de construction d’un projet de société de territoire.

Développement local : Ensemble de mesures et d’actions volontaristes visant, par une


organisation prospective de l’espace, à utiliser un territoire de manière rationnelle en fonction
de ses ressources et potentialités dans le but de satisfaire les besoins immédiats et futurs de la
population.

Développement territorial : Une démarche de mobilisation des acteurs locaux pour


l’élaboration et la mise en œuvre d’un projet commun à un territoire donné en vue de le
construire durablement.

Territorialisation des politiques publiques : Inscrire les politiques publiques de manière


coordonnée et complémentaire au sein des territoires et doit aboutir à une meilleure
appropriation de celle-ci par les acteurs concernés au niveau local.

Territorialisation de l’action publique : Tendance à une définition plus localisée des


politiques publiques et des moyens de prise en charge de ces politiques.

Organisation territoriale : S’inscrit dans un mouvement de coopération entre les


collectivités, d’intercommunalité qui, à toutes les échelles, implique des logiques
d’organisation négociées, contractualisées et sous-tendues par de nouveaux modes de
gouvernance

Pôle de développement : Organisé autour des potentialités du territoire, le pôle est un foyer
de concentration économique générateur d’activités motrices avec une forte puissance
d’entrainement d’où sa centralité et son attractivité.
L’impératif de rééquilibrage des fonctions territoriales passe par une politique
d’aménagement globale et intégrée, pensée en fonction des spécificités de chaque territoire,
mais avec une vision d’ensemble, prenant en compte l’équilibre au plan national et l’équité,
notamment dans le traitement des villes, des zones rurales et des régions du Sénégal.

Le territoire, légitimé par les politiques de décentralisation qui ont eu cours en Afrique et dans
le monde, depuis plusieurs années, s’affirme comme une référence incontournable dans la
recherche de nouvelles démarches d’action publique et de nouveaux modes d’organisation et
de gestion territoriale alternatifs par rapport aux logiques dites descendantes.

A l’analyse, la pratique effective de la politique de décentralisation montre que le


développement local a du mal à afficher les résultats à la hauteur des espoirs suscités. Les
changements souhaités sont loin d’être amorcés, car étant jusque-là caractérisés par une
concentration sur les aspects institutionnel, politique, social et technique. Les limites
observées, qui relèvent à la fois de l’Etat, des collectivités locales, de la société civile et des
autres acteurs de la décentralisation, traduisent aussi l’impuissance des stratégies et politiques
de développement appliquées et sont articulées autour de :

i) La faiblesse du cadre organisationnel et fonctionnel de la décentralisation


ii) Le manque de viabilité des territoires, à la valorisation limitée de leurs
potentialités de développement et à la faiblesse de la politique d’aménagement du
territoire.
iii) à la faiblesse de la gouvernance territoriale et la multiplicité d’acteurs avec des
logiques et des préoccupations parfois différentes ;
iv) à l’incohérence et à l’inefficience des mécanismes de financement du
développement territorial.

Parallèlement, d’autres processus de réforme sont engagés au niveau du Sénégal :

(i) Réforme des institutions de la République


(ii) Réforme foncière
(iii) Charte de la déconcentration
(iv) Réforme de la gestion des finances publiques, conformément au cadre harmonisé
de l’Union économique et monétaire de l’Ouest africain (UEMOA).

En outre, des projets sont lancés par différents acteurs au bénéfice des territoires en
application des directives du Chef de l’Etat, lors de Conseils présidentiels et ministériels.
Dès lors, il s’agira d’articuler ces différentes initiatives et préparer un cadre adéquat pour
la territorialisation des politiques publiques et des offres de services publics et de
diligenter l’élaboration et la mise en œuvre du projet territorial de l’État en Casamance, le
cas échéant dans toute autre région pilote.

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Les logiques politiques, qui ont présidé le plus souvent au découpage territorial, se
traduisent par la définition d’entités incohérentes sur les plans économique ou spatial et ne
pouvant répondre, de manière pertinente, aux préoccupations des populations.

Logiques de découpage sectoriel

Des logiques de découpage sectoriel se juxtaposent aussi à ces différents niveaux


d’organisation, en fonction des modes opératoires et des objectifs des différentes
politiques publiques mises en œuvre.

A partir des divisions administratives de base, sont définies des divisions de gestion
sectorielle. Certaines administrations ont tendance en effet à construire leurs territoires
propres de gestion : la santé a ses régions médicales et ses districts sanitaires ; l’éducation
dispose de sa carte scolaire ; l’agriculture a défini des zones de développement rural
souvent impulsées par des sociétés nationales. Il existe, également, des circonscriptions
téléphoniques, électriques, de transports, tandis que l’armée nationale a une organisation
territoriale épousant le découpage en sept régions, etc. Ces divisions complexifient
davantage la problématique du découpage territorial.

Logiques de découpage d’aménagement du territoire

Dans le cadre du Plan national d’Aménagement du Territoire (PNAT), vingt et une (21)
zones ont été identifiées sur la base de leurs potentialités naturelles et économiques.
L’objectif de ce zonage homogène était d’assurer le développement des territoires à partir
de leurs ressources spécifiques.

Mode de gouvernance des échelons territoriaux

Le mode de gouvernance, développé au Sénégal, depuis les indépendances, pour


l’organisation administrative, repose sur deux techniques administratives que sont la
déconcentration ("rapprocher l'administration des administrés") et la décentralisation
("création-responsabilisation de collectivités locales compétentes").

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Forces et faiblesses de la déconcentration

Les forces de la déconcentration sont :

i) l’existence d’un arsenal juridique et institutionnel organisant l’administration territoriale


du Sénégal ;

ii) les délégations de pouvoirs des ministères au profit de l’administration territoriale ;

iii) la mise en place au niveau déconcentré d’un personnel technique par les ministères.

Les faiblesses de la mise en œuvre de la déconcentration sont entre autres :

i) le caractère diffus de la dévolution des compétences aux différents échelons ;

ii) la multiplication et le cloisonnement des services déconcentrés ;

iii) la faiblesse des moyens financiers et l’insuffisance des crédits de fonctionnement


alloués aux autorités administratives et aux services déconcentrés ;

iv) la faiblesse des ressources humaines des services déconcentrés, du fait, entre autres, de
l’inexistence d’organigrammes-types avec détermination des profils requis.

Forces et faiblesses de la décentralisation

Les forces de la décentralisation sont :

i) les acquis politiques et juridiques conférant aux collectivités locales la responsabilité de


l’opportunité de leurs décisions en conformité avec les lois et les règlements en vigueur ;

ii) la promotion de la gouvernance locale à travers la mise en application des principes


d’imputabilité et de participation citoyenne ;

iii) la responsabilisation des acteurs locaux et des élus dans l’exécution des projets de
développement local.

Les faiblesses de la décentralisation sont :


i) les faiblesses des stratégies de coordination des investissements locaux et des actions de
développement ;

ii) la persistance des confusions de rôle entre la région et les collectivités de base que sont
la commune et la communauté rurale ;

iii) l’impossibilité pour la région d’assurer ses fonctions de coordination des actions de
développement de l'État et des Collectivités locales de base du fait de l’absence de
maîtrise du territoire régional ;

iv) la faiblesse des ressources financières et humaines des collectivités locales et l’absence
de cadre de concertation entre collectivités locales d’une même région.

En définitive, le constat est à l'éparpillement et à l'illisibilité croissante du système actuel


qui justifie une décentralisation à conforter et une déconcentration à réhabiliter.

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Le but d’un découpage territorial pertinent est d’assurer l’efficacité et une meilleure
territorialisation des politiques publiques socio-économiques.

Il doit reposer, à la fois, sur l’identité des territoires, leur réalité économique, le rôle des villes
et leur articulation avec l'espace rural.

Il doit aboutir à des logiques de construction de bassins de vie, de bassins économiques et à


une grande lisibilité de l'action publique et des moyens mis en œuvre.

Aucune logique de construction territoriale cohérente ne peut expliquer la "boulimie" de


découpage territorial au Sénégal. Malheureusement, ces dernières années, le principal critère
de découpage territorial ne repose que sur des ajustements politiques. Cette logique se traduit
par la définition d’entités qui n’ont ni cohérence, ni viabilité économique ou spatiale, pouvant
répondre, de manière pertinente, aux préoccupations des populations.

Présentement, la politique d’aménagement du territoire au Sénégal est mise en œuvre dans le


cadre de la décentralisation. Or, avec le découpage actuel et la création tous azimuts de
collectivités locales qui ne comptent que sur l’aide de l’État, la contribution des pouvoirs
locaux à la mise en valeur de l’espace national et à la réalisation d’équipements et
d’infrastructures reste dérisoire.
Un remodelage du territoire national, prenant en compte la problématique de la mise en valeur
des ressources et potentialités des territoires ainsi que la création d’entités viables au plan
économique et environnemental, permettra donc de bénéficier des opportunités offertes par
les externalités émanant de l’expansion des villes notamment.

Anomalies du découpage administratif

Le découpage administratif actuel est caractérisé par un certain nombre d’anomalies parmi
lesquelles figure la multiplication des échelons de gouvernance et de contrôle territorial. Pour
un pays d’une superficie aussi modeste, se superposent ou se font concurrence 785 paliers
administratifs. L’observation de la carte du maillage territorial montre des variations
considérables, aussi bien dans la forme que dans la taille des territoires et met en évidence des
inégalités et des aberrations.

La CR de Oudalaye (région de Matam), l’échelle de base du découpage territorial, a une


superficie 17 fois plus grande que la région de Dakar. Elle est plus grande que les régions de
Diourbel, de Kaolack, de Thiès, de Fatick, de Sédhiou et de Ziguinchor. En plus elle est 280
fois supérieure à la communauté rurale la plus petite, celle de Darou Nahim (région de
Diourbel) qui couvre 35 km².

La distribution statistique de ces superficies est extrêmement dissymétrique : 65% des


communautés rurales, ont une superficie inférieure à 500 km² et concentrent 62% de la
population du Sénégal. 45 communautés rurales à elles seules, sur 385, couvrent plus de la
moitié du territoire national pour 13% de la population du Sénégal.

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ACTE 3 DE LA DECENTRALISATION

Relever le défi des inégalités de développement

1- Disparités démographiques

Les anomalies du découpage territorial sont, à la fois, une cause et une conséquence des
disparités de développement entre les régions aux plans démographique et économique.

La répartition des densités montre un fort contraste dans la distribution de la population sur
l’ensemble du territoire avec une forte concentration de celle-ci à l’ouest et au centre du pays.
Ainsi, la région de Dakar a une densité 75 fois supérieure à la moyenne nationale qui se situe
à 65 habitants au km².

Le taux actuel d’urbanisation est estimé à 47,5% pour un pays agricole (un habitant sur 2,5 vit
en ville).

La poursuite de cette tendance entraînera un taux d’urbanisation égal à 56,4% en 2021. Il


apparait que les zones les plus densément urbanisées sont situées à l’ouest du pays. La ville de
Dakar et son doublet Pikine-Guédiawaye polarisent l’essentiel de la population urbaine.

2- Disparités économiques

Accessibilité différenciée aux services sociaux

Les densités démographiques et les maillages les plus denses en activités économiques et
services sociaux se retrouvent dans les territoires de petite taille, du point de vue de la
superficie. C’est le cas de la région de Dakar et de certaines localités de la frange côtière
occidentale du Sénégal.

En revanche, plus les territoires ont une superficie importante, plus leurs densités
démographiques et leurs maillages en activités économiques et services sociaux sont faibles.
C’est le cas de la région de Tambacounda.

Des écarts de développement économique :

Selon le Document de Stratégie nationale de Développement économique et social (SNDES,


2013- 2017), en 2011 les régions de Kolda, Kédougou, Sédhiou, Fatick et Ziguinchor
présentaient les niveaux de pauvreté les plus élevés. Paradoxalement, certaines de ces régions
recèlent d’énormes potentialités agricoles et minières. Il résulte des déséquilibres
susmentionnés une inégale répartition de la richesse et de la pauvreté sur le territoire national.

Cette situation est, également, liée à la concentration des industries, des emplois, des
investissements et des opportunités économiques dans les secteurs secondaires et tertiaires au
sein de la région de Dakar, ce qui la rend, plus attractive et plus compétitive que les autres.
Ces inégalités doivent, impérativement, être corrigées pour ne pas compromettre l’objectif de
l’équité territoriale en matière de développement économique et social.

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ACTE 3 DE LA DECENTRALISATION

Réussir la cohérence territoriale par une architecture rénovée des collectivités


territoriales

Contribuer à la territorialisation des politiques publiques

Vers des « territoires viables, compétitifs et porteurs de développement durable à


l’horizon 2022».

Les critères d’identification des territoires

Le remodelage proposé apparait, également, comme un résultat entre des considérations


économiques, naturelles et humaines, d’inégale importance suivant les régions, mais avec des
pondérations tenant compte de :

 La zonation éco-géographique et des potentialités ;


 L’historique (socio-culture) qui prend racine dans la mise en valeur traditionnelle des
terroirs ;
 La cohérence d’ensemble et de son caractère fonctionnel ;
 l’étendue territoriale ;
 l’existence d’un réseau d’établissements humains ;
 la proximité et l’accessibilité géographique et aux services.

Enfin, les nouveaux échelons de gouvernance territoriale proposés offriront un cadre plus
rationnel et cohérent de contrôle territorial et d’impulsion du développement économique, car
reposant sur les exigences d’aires territoriales plus homogènes aux plans socioculturel, éco-
géographique et économique.

COLLECTIVITÉS LOCALES VERSION ACTE 3 DE LA DÉCENTRALISATION :


POUR UNE STRATÉGIE DE LA DÉCENTRALISATION ANCRÉE DANS LES
TERRITOIRES

La commune : échelon de gestion de proximité et de développement à la base

Le département, échelon intermédiaire

La Région, nouvelle assise du développement durable et du rayonnement des territoires.


La Région constitue l’échelon de mise en cohérence des outils de planification des actions de
développement dans un espace socio-économique et culturel approprié par ses habitants. Elle
forme, ainsi, un espace homogène au plan éco-géographique, historique, socioculturel et
économique.

Ainsi, il est proposé le remodelage du pays en six (6) Régions : Casamance, Dakar-Thiès,
Diourbel-Louga, Fleuve, Sénégal oriental et Sine-Saloum.

La région de la Casamance sera le pôle pilote pour l’application de la réforme. Elle


fusionnera les régions de Ziguinchor, de Sédhiou et de Kolda, soit 28.350 km² pour 1.551.600
habitants. Activités phares : élevage, tourisme balnéaire, écotourisme, production et
transformation agricole.

La Région « Dakar-Thiès » regroupe les deux régions des mêmes noms. Activités phares :
Entreprises de Services, Maraichage dans les Niayes, Pêche industrielle et artisanale,
Tourisme d’affaires, Tourisme balnéaire, Ecotourisme, Industries chimiques et Pêche
artisanale. Port autonome de Dakar (PAD), Aéroport international.

La Région Diourbel-Louga fusionnera les territoires de Louga et de Diourbel. Elle aura une
vocation agro-pastorale.

Le Région du Fleuve comprendra les anciennes régions de Saint-Louis et de Matam. La


région pourrait se spécialiser dans : la riziculture, le maraichage, l’industrie agroalimentaire
(SOCAS, CSS), l’Ecotourisme, la pêche artisanale et l’exploitation minière.

La Région du Sine-Saloum couvrira les anciennes régions de Kaolack, Fatick et Kaffrine.


Activités phares : production agricole (arachide) et écotourisme.

La Région du Sénégal Oriental fusionnera les anciennes régions de Tambacounda et de


Kédougou. Activités phares : exploitation minière et forestière, écotourisme, polyculture.
FICHE TERRITORIALISATION DES POLITIQUES PUBLIQUES

ETAT DES LIEUX

La mise en œuvre de politiques locales dans les domaines de compétences transférées et qui
sont de première importance pour la vie quotidienne des citoyens et le degré d’autonomie
consacré par les dispositions légales, sont aujourd’hui entravés par la faiblesse des ressources
humaines et financières allouées aux collectivités locales. Aussi, la faible implication des
collectivités locales (CL) dans la planification des actions, dans l’exécution et le suivi
évaluation des politiques publiques, ne milite pas en faveur d’une coopération multisectorielle
et un développement harmonieux des territoires.

OBJECTIFS VISES

L’objectif poursuivi est d’organiser le Sénégal en « territoires viables compétitifs et porteurs


de dynamiques de développement durable ».

A cet effet, quatre objectifs spécifiques ont été identifiés :

 Promouvoir la cohérence territoriale en vue de pouvoir disposer d’une architecture


administrative harmonieuse et simplifiée ;
 Clarifier les compétences et les rôles que doivent jouer les acteurs (Etat et collectivités
locales) ;
 Développer la contractualisation entre les collectivités locales et les services
déconcentrés ;
 Moderniser la gestion publique territoriale, par une réforme des finances locales et la
promotion soutenue de la qualité des ressources humaines.

ORIENTATIONS

En somme, la vision se décline en trois orientations majeures :

 faire de la décentralisation et de la déconcentration, les moteurs de la territorialisation


des politiques publiques ;
 assurer le décloisonnement fonctionnel des services déconcentrés et promouvoir des
dispositifs interministériels de coopération, au niveau local ;
 faire évoluer le mode de programmation des investissements publics en mettant en
place des programmes de développement territoriaux intersectoriels, à même de
favoriser la mise en place d’une contractualisation Etat/Collectivités locales, autour de
programmes d’investissement pluriannuels.

La réponse à cette dernière question se trouve dans une directive du Président de la


République lors du Conseil des Ministres du 2 mai 2013. A cette occasion, il a invité à
convertir les programmes régionaux de développement en Projets d’Actions Stratégiques de
l’Etat dans les Régions (PASER) qui seront, eux-mêmes, déclinés dans chaque département,
en Projets d’Actions Stratégiques de l’Etat dans les Départements (PASED).

PERSPECTIVES

• Conception et test d’outils de planification

- la conception de PASER et PASED et leur test en Casamance ;

- la conception des plans d’assistance - conseil aux collectivités locales.

• Renforcement de la capacité institutionnelle des CL pour assurer leurs fonctions

- la mise en œuvre de la fonction publique locale ;

- la conception et la mise en place d’un mode de contractualisation Etat-CL ;

- le test, en Casamance, du mode de contractualisation conçu et approuvé ;

- le renforcement des cadres locaux de concertation ;

- l’évaluation des ressources relatives aux compétences transférées aux CL


LES LACUNES DE L’ACTE III DE LA DECENTRALISATION

La suppression des régions collectivités locales : du jamais vu dans l’histoire planétaire


de la décentralisation

Supprimer la région collectivité locale et maintenir la région circonscription administrative,


c’est retirer la gestion de la région des mains des populations pour la retourner à l’Etat, c’est
nier aux populations de la région le droit acquis depuis 1996 de décider, à travers leurs
représentants démocratiquement élus, des affaires régionales.

L’érection du département en Collectivité locale brandie pour consoler les populations n’est
certes pas mauvaise en soi, mais sa réussite est incertaine.

Comment la région peut-elle être efficace alors que la loi lui accorde très peu de possibilités
de ressources propres (absence de fiscalité régionale) ?

Il était possible, par exemple, tout en maintenant l’acquis démocratique de la décentralisation


régionale, soit d’ériger un système de financement innovant qui permette à la région d’exercer
intégralement et efficacement ses responsabilités, soit de l’alléger en transférant une partie de
ses compétences aux départements pour la recentrer sur des missions d’aménagement et de
planification notamment.

La communalisation intégrale : la promotion de la confusion

Jusque-là, la commune était assise sur un espace réduit avec une vocation essentiellement
urbaine (habitat, services, voirie, espaces verts, etc.) alors que la communauté rurale
correspond à de vastes espaces à faible densité humaine et à vocation essentiellement
agricole.

La communalisation universelle crée des confusions inextricables parce qu’elle soumet la


communauté rurale devenue commune à des règles qui n’ont de sens que dans un espace de
densité urbaine. Par exemple, l’article 2 de la loi n° 2009-23 du 8 juillet 2009 portant Code de
la construction dit bien que «Nul ne peut entreprendre, sans autorisation administrative, une
construction de quelque nature que ce soit ou apporter des modifications à des constructions
existantes sur le territoire des communes, ainsi que dans les agglomérations désignées par
arrêté du ministre chargé de l’Urbanisme.» Faut-il alors admettre que l’éleveur de Namarel,
parce qu’il est dans la commune de Gamadji Saré, doit, pour construire sa case dans un espace
totalement inoccupé, requérir un permis auprès du maire ?

Le Sénégal est un pays essentiellement rural. Ce qui intéresse les paysans sénégalais qui
composent la majorité de la population, ce n’est pas vraiment la mutation sémantique de la
communauté rurale à la commune, mais la prise en charge de problèmes récurrents comme la
sécurité foncière, l’accès aux intrants et aux technologies agricoles, le vol du bétail,
l’écoulement de la production, etc. Et la départementalisation a peu d’effets sur ces questions,
étant entendu que l’agriculture n’est pas une compétence transférée aux collectivités locales.

Ce qui montre le manque de rationalité de cette mesure, c’est que les conseils des
communautés rurales érigées en communes prennent, dans la nouvelle loi, l’appellation de
Conseil municipal, comme si l’on pouvait trouver des municipalités en milieu rural. Il aurait
été plus raisonnable de distinguer la commune rurale de la commune urbaine et de donner à la
commune rurale l’appellation juridique de commune urbaine dès l’instant qu’elle le devient
dans la réalité, en s’appuyant sur des critères liés à la densité de la population, à la consistance
du budget, etc.

L’oubli du genre : la preuve d’un manque de sincérité

Les conventions ratifiées par le Sénégal dans le domaine de la promotion des droits humains
en général et des droits de femmes en particulier, imposent à l’Etat le devoir d’éliminer les
discriminations et les disparités entre les hommes et les femmes et de prendre des mesures
positives en faveur de l’autonomisation et de l’épanouissement des femmes. La Stratégie
nationale pour l’égalité et l’équité de genre adoptée au Sénégal s’inscrit dans cette logique.
Elle promeut en particulier l’intégration effective du genre dans les interventions de
développement dans tous les secteurs. Le Sénégal s’oblige donc à intégrer le genre dans
l’élaboration, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des politiques publiques. Or, en
examinant le nouveau Code général des collectivités locales, en particulier l’exposé des
motifs et même le contenu du texte de loi, on constate que l’intégration du genre n’est pas une
préoccupation fondamentale et clairement exprimée des concepteurs de la réforme.

Il n’y aura pas de développement local si on ne prend pas des mesures législatives et
réglementaires, donc contraignantes, pour autonomiser la frange majoritaire de la population
(les femmes) pour une contribution appréciable au progrès social en promouvant son accès
équitable et effectif à la terre, à l’eau à usage agricole, au crédit, aux intrants et à toutes les
sources de production de richesse. Ces lacunes tendent à compromettre le décollage des
collectivités locales.

Conclusion

Une fois encore, on a esquivé le vrai débat (promotion de l’économie locale) en se


concentrant sur des solutions purement institutionnelles (suppression des régions,
départementalisation, communalisation) à la rentabilité douteuse.

Le développement territorial n’est pas dans les mots, mais dans la pratique. Même avec
l’ancien dispositif, les collectivités locales pouvaient développer leurs territoires respectifs. La
région avait compétence pour élaborer le Plan régional de développement intégré (PRDI) et le
Schéma régional d’aménagement du territoire. La commune avait les mains libres pour
développer son espace à travers le Plan d’investissement communal, le Plan directeur
d’urbanisme, le Schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme, le Plan d’urbanisme de
détails, etc. La communauté rurale avait les mêmes opportunités avec le Plan local de
développement, les plans d’aménagement forestiers, etc. Mais la compétence Aménagement
du territoire reste l’une des moins effectives. La solution n’est donc pas dans les changements
institutionnels, mais d’abord dans le dynamisme et le volontarisme des hommes et des
femmes chargés d’animer les collectivités locales, mais aussi et surtout dans la disponibilité
des moyens financiers et techniques pour développer les territoires.

Par ailleurs, la question de la gestion des terres demeure sans solution. Elle est même
exacerbée par la spéculation illicite sur le domaine national, la pression légitime des femmes
pour accéder à la terre au même titre que les hommes et la rapacité foncière des investisseurs.
Comment prétendre réformer la décentralisation sans clarifier la nébuleuse foncière alors que
95% des terres du pays sont gérées par les collectivités locales, actrices principales de cette
décentralisation ?

La solution est pourtant toute simple. Il suffit d’ajourner l’application du nouveau texte
litigieux, de tenir les élections régionales, municipales et rurales sur la base de l’ancien code
et de prendre le temps de préparer une bonne réforme avec toutes les précautions
pédagogiques et en s’attaquant cette fois aux vrais problèmes : la qualité des hommes et des
femmes à placer à la tête des collectivités locales, le dispositif de mobilisation des ressources
financières à la hauteur des responsabilités des collectivités locales, la rationalisation de la
gouvernance foncière, notamment.

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