Université Mohammed V

Sujet de doctorat proposé :

La décentralisation fiscale & le développement locale des
collectivités territoriales au Maroc: Examen critique et
perspectives de développement

Proposé par :

Mohammed MAACH

Lauréat de la faculté des sciences juridiques économiques et sociales

de
Rabat – Agdal
D’un Master spécialisé en gestion des risques financiers et assurantiels

Année Universitaire
2022-2023
Introduction

La dynamique actuelle encadrée par la constitution de 2011 et les lois organiques de 2015
interpelle notre réflexion autour d'un nouveau cadre des relations financières entre l'État et les
collectivités territoriales, dans le cadre d'une cohérence globale de notre système financier
public. Cette dynamique réformatrice, ambitionne une nouvelle appréhension de l'organisation
territoriale de notre pays, un nouvel encadrement des rapports entretenus entre le pouvoir
central et les acteurs territoriaux et un basculement de la gestion locale vers une culture de
performance des politiques publiques territoriales. A travers ces diverses configurations, le
pouvoir financier des collectivités territoriales, représente un pilier central de la réforme
territoriale, du fait qu'il participe au renforcement des ressources financières des acteurs
territoriaux, à l'amélioration de leurs compétences financières et à la modernisation du cadre
financier et comptable local, et partant, à la modernisation de la gestion publique locale en
générale. Notre recherche se propose d'apporter des propositions autour d'un nouveau modèle
financier territoriale, en faveur d'une gestion performante des deniers publics, d'une meilleure
harmonie de la décision politique territoriale et d'une convergence des politiques publiques
territoriales au service des territoires et des citoyens. Cette démarche doit porter sur une
meilleure articulation entre les compétences locales et les ressources financières, une répartition
des charges entre l'État et les collectivités territoriales, un renforcement du pouvoir financier
local et partant un repositionnement des compétences financières locales.

Partant de ce cadre général, la problématique de notre projet de thèse se présente ainsi

: Dans quelle mesure la décentralisation fiscale contribue-t-elle au développement locale
des collectivités territoriales au Maroc ? Il s’avère, aussi nécessaire d’interpeller la nature du
système financier des collectivités locales marocaines à travers la question majeure des
mécanismes d’évaluation des finances locales qui peuvent être envisagés pour une gouvernance
locale au Maroc. Les questions majeures qui se posent se rapportent ainsi aux diverses mesures
et actions prises pour évaluer la gestion des finances locales au Maroc et la place de l’évaluation
des finances locales dans les pratiques de la gouvernance.

Mots clés : Finances locales, libre administration, autonomie locale, fiscalité́ locale, décentralisation,
collectivités territoriales, ARDL, réforme
Les orientations du projet de thèse

Ces orientations conduisent tout d’abord à justifier l’intérêt du projet (A), puis la
problématique du projet (B) avant d’exposer l’approche empirique qui sera l’outil de validation
des hypothèses de note projet (C).

A.- L’intérêt du projet

En théorie comme dans la pratique, la décentralisation et le droit des finances publiques

locales sont indissociables. En effet, la constitution de 2011 a hissé les collectivités territoriales
au rang des institutions publiques autonomes distinctes de l’État. A travers ce mouvement
réformateur et d’institutionnalisation, il a donc posé les fondements juridique et technique de
la décentralisation, les conditions d’existence des entités décentralisées et les moyens à la fois
politiques, administratifs, financiers et techniques qu’elles doivent disposer pour exercer leurs
compétences. Notons que la garantie de cette institutionnalisation des pouvoirs locaux dépend
de leur pouvoir politique, administratif et surtout financier et fiscal.

Cependant, il importe de souligner que, même si le législateur a favorisé la mise en

œuvre de la décentralisation, des interrogations ne cessent de soulever sur son avenir et celui
des collectivités territoriales.

Au plan des finances locales en particulier, la situation des organismes territoriaux reste
un sujet de débat et de préoccupation. Selon le ministre de l’intérieur1, Abdelouafi Laftit, les
collectivités territoriales ont été incapables de résoudre les problèmes auxquels fait face la
population à cause de leurs ressources financières limitées, étant donné que durant la dernière
décennie, plus de 80% des ressources fiscales des collectivités territoriales proviennent des
recettes fiscales transférées ou gérées par l’État. Une dépendance qui ne peut être profitable
pour les collectivités territoriales qu’en la présence d’un bon système fiscal national, mais il
n’en demeure pas moins qu’elle met les finances locales en situation de risque, surtout

1
L’opinion : Finance locale et système fiscal : Laftit expose ses réformes pour moderniser les collectivités
territoriales. Rédigé par Souhail AMRABI le Jeudi 30 Juin 2022
qu’aujourd’hui le système fiscal de l’État ne génère pas de ressources suffisantes, en vue de la
conjoncture morose.

C’est pour cela, qu’aujourd’hui, le débat sur la situation dramatique des finances locales
au Maroc se pose avec acuité. En effet, les dispositifs juridiques antérieurs portés sur la
décentralisation et le développement des collectivités territoriales, n’arrivent pas à atténuer les
interrogations quant à l’efficience réelle du système financier local.

En somme, au-delà̀ des simples constats d’inefficacité́ , il apparait indispensable, à partir

des expériences, bilans et enseignements tirés de la mise en œuvre de la politique de
décentralisation, de s’interroger sur l’impact de la décentralisation fiscale sur le développement
locale des collectivités territoriales au Maroc. De ce point de vue, l’intérêt d’une telle recherche
est incontestable lorsqu’on sait que le développement des finances locales est la garantie d’une
bonne conduite de la décentralisation et d’une bonne exécution des compétences des institutions
locales décentralisées.

B.- La problématique du projet

Depuis de très nombreuses années et dans la plupart des États décentralisées, les
finances publiques locales occupent une place de plus en plus importante dans l’organisation
de la décentralisation et dans la mise en œuvre des compétences des pouvoirs publics locaux.
Dans ce contexte, l’étude des finances locales, dans le contexte de la décentralisation au Maroc,
est nécessaire afin de comprendre son évolution dans le cadre de la mise en œuvre de l’action
publique locale.

S’il est admis que la Constitution de 2011 a défini les collectivités locales comme étant
des personnes morales de droit public dotées de l’autonome politique, administrative et
financière, il s’agit de s’interroger sur la réalité de leurs moyens financiers. En outre, il convient
d’apprécier les effets de la décentralisation fiscale au profit de la population locale. Quel rapport
existe-t-il entre la fiscalité locale et le développement locale ? Y a-t-il une interaction entre les
deux ? L’objectif de notre étude vise à clarifier la corrélation entre la variable « fiscalité locale
» comme input et la variable « développement locale » comme out put. Ces interrogations
justifient pleinement l’objectif visé par cette recherche doctorale consacrée au système des
finances locales au Maroc.
C.- Étude empirique

Sur le plan empirique, pour évaluer l’impact de la décentralisation fiscale sur le

développement locale des collectivités territoriales au Maroc, il a été jugé nécessaire
d’examiner ces deux hypothèses qui front l’objet de notre étude de recherche.

La première est la suivante :

H1 : La décentralisation fiscale exerce un effet positif sur le développement locale

des collectivités territoriales.

La deuxième à pour objectif d’étudier l’impact des dépenses publiques locales sur le
développement locale.

H2 : Les dépenses publiques locales exercent un effet négatif sur le développement

locale des collectivités territoriales.

C’est pourquoi, dans une première étape, nous utiliserons le modèle autorégressif à
retards échelonnés (ARDL) pour le calcul des deux indices, à savoir L’indice de
décentralisation fiscale mesuré par les recette et L’indice de décentralisation fiscale mesuré par
les dépenses. Ensuite, l’indice du développement locale qui sera construit selon la méthode
ACP à partir des variables suivantes: le PIB par habitant; Taux d’emploi; Nombre des inscrits
au secondaire; Productivité du travail; Taux d'électrification rurale (%); Taux d'alimentation en
eau potable en milieu rural (PAGER) (%); Nombre d'établissements de soins de santé primaire;
Espérance de vie à la naissance (an).

La deuxième étape du travail consiste à régresser l’indice du développement locale

construit sur l’indice de décentralisation fiscale calculé en utilisant l’approche ARDL pour
analyser la relation à long terme. Deux modèles sont estimés dont la variable exogène est
alternativement l’indice de décentralisation fiscale mesuré par les recettes et l’indice de
décentralisation fiscale mesuré par les dépenses.

- Sources des données

les recettes fiscales et des dépenses des collectivités territoriales, elles sont tirées de la
base de données de la Direction des Études et des Prévisions Financières (DEPF) qui relève du
Ministère d’Économie et des Finances DEPF. Pour les autres variables qui ont servies pour
construire l’indice du développement locale, elles trouvent leur origine dans la base de données
de la Banque Mondiale.

- Méthodologie du travail

S’agissant de la méthodologie, deux grandes démarches seront mises en œuvre. La

première est orientée autour d’une recherche documentaire dans le but d’atteindre la
connaissance la plus approfondie sur les finances publiques locales. Pour cela, de nombreux
travaux scientifiques et techniques (ouvrages, revues...), seront collectés et analysés afin de
comparer des théories développées par certains chercheurs et universitaires, politiques,
spécialistes et d’autres acteurs sur la question des finances locales.

La seconde méthode viendra pour renforcement de la première et vise à diagnostiquer

l’État des lieux du management de la fiscalité́ locale (obstacles techniques et juridiques,
institutionnelles et de management ...). Il promeut une réflexion sur l’impact de la fiscalité
locale sur le développement locale, il projette, aussi, un éclairage sur les défaillances du
management de l’impôt local et ses limites.

- Proposition du plan du travail

La thèse sera structurée en trois parties : la première, intitulée « Diagnostic des finances
locales : état des lieux », sera consacrée à l’organisation financière locale du Maroc. Cette partie
permettra de dresser l’état des lieux des finances locales au Maroc, leur genèse, leur évolution,
les principales sources de financement et leurs limites.
La deuxième partie, intitulée sera consacrée essentiellement à l’évaluation de l’impact
de la fiscalité locale sur le développement locale des collectivités territoriales, en se basant sur
le modèle autorégressif à retards échelonnés (ARDL).
En fin, la dernière sera consacrée à la question des exigences d’une véritable
modernisation de l’administration financière locale. Un intérêt particulier sera accordé à la fois
à la réforme des sources de financement des collectivités territoriales et à la réforme de la
gestion financière et aux modes de management des finances locales afin de déboucher sur un
modèle de management susceptible d’améliorer la gouvernance locale dans notre pays.
Ouvrages consacrés à la décentralisation et aux collectivités territoriales

ARDOUIN Eric, BEAUDOUIN Jean-Christophe (dir.), Le management public des

territoires, Editions de l’Aube, France, 2012

AUBER Emmanuel, CERVELLE Delphine, Les collectivités territoriales, 2e édition,

Éditions Sedes, Paris, France, 2012

AUBY Jean-Bernard et al., Droit des collectivités locales, 6eme édition (mise à jour),
PUF, Paris, France, 2015

BAGUENARD Jacques, La décentralisation, collection : Que sais-je, PUF, Paris,

France, 2004

BRUNET Françoise, La Décentralisation en Afrique Subsaharienne,Direction du

Développement, Paris, France, 1997

COMBEAU Pascal (dir.), Les contrôles de l’Etat sur les collectivités territoriales
aujourd’hui, L’Harmattan, Paris, France, 2007

Angel (Gurría 2009), L’amélioration de l’efficacité des systèmes fiscaux des pays en
développement est la nouvelle frontière de la politique de développement, OCDE – (avril 2009).

Abderraouf Yaïch (2002), Théorie fiscale, des éditions RaoufYaïch, (P 9).

BARILARI André, BOUVIER Michel, La LOLF et la nouvelle gouvernance financière

de l’État, 3e édition, L.G.D.J, Paris, France, 2010

BEZES Philippe, SINE Alexandre (dir.), Gouverner (par) les finances publiques,
Presses de Sciences Po (P.F.N.S.P.) « Académique », 2011

CLEREMBAUX Joël, Abécédaire des finances locales, Territorial éditions, 2012

CLEREMBAUX Joël, Comprendre les finances locales : Les acteurs, le cadre, le

budget, Territorial éditions, Imprimerie Les Deux-Ponts, Bresson, France, 2014

COQUART Philippe et al., Décentralisation et financement des collectivités locales en

Afrique Subsaharienne : Le cas de l’Afrique de l’Ouest, septembre 2010

L-G. Françoise, « Durabilité urbaine et gouvernance, enjeux du xxie siècle », Revue

internationale des sciences sociales, (n° 193-194), pp. 373-385, 2007.

Conseil Economique et Social – France (CES - France), « Fiscalité et finances publiques

locales: à la recherche d’une nouvelle donne. Avis et rapports du conseil économique et social
», Rapport présenté par M. Philippe Valletoux, Paris, France, décembre 2006.

E. Gateau, « Le financement des collectivités locales Les défis du 21e siècle », 2ème
Rapport mondial de Cités et Gouvernements Locaux Unis sur la Décentralisation et la
Démocratie locale, BRUYLANT, Gold II, 2010