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FISCALITE DES COLLECTIVITES TERRITORIALES

Examen critique et perspectives à la lumière


des principes d’équité et de justice fiscale

Ce rapport a été élaboré par A.Messaoudi, expert en finances publiques,


dans le cadre du projet « Justice fiscale », réalisé par l’Espace Associatif
avec l’appui financier d’Oxfam.
«Les résultats, opinions et conclusions exprimés dans ce document sont entièrement
ceux de l’Espace Associatif et ne reflètent en aucun cas les positionnements
d’Oxfam.»

Abdelaziz Messaoudi

Espace Associatif
Fiscalité des collectivités territoriales

SOMMAIRE

Introduction………………………………………………………………… 4

I. Etat des lieux……………………………………………………………. 6

A- Dispositif fiscal local actuel : répartition des compétences


et des ressources………………………………………………………………. 6

1. Les ressources fiscales propres des collectivités locales…………………. 6

11. Les taxes instituées au profit des collectivités locales…………………… 6

1.1.1-Taxes gérées par la D.G.I. pour le compte des collectivités locales…. 7

a. Taxe Professionnelle……………………………………………………………….. 8

b. Taxe d’Habitation…………………………………………………………………… 13

c. Taxe de Services Communaux…………………………………………………… 17

1.1.2-Taxes gérées par les collectivités locales…………………………………... 19

1.2. Redevances instituées au profit des collectivités locales…………………. 19

2. les ressources fiscales transférées de l’Etat aux collectivités locales…… 20

2.1. Transfert du produit de l’I.S. et de l’I.R………………………………….. 20

2.2. Transfert du produit de la T.V.A……………………………………………. 20

3. Ressources fiscales spécifiques aux régions………………………………… 21

3.1. Quelques acquis à travers la loi n° 47-96……………………………………… 22

3.2. Aperçu sur le financement des régions dans la loi n° 47-96……………… 23

3.3. A qui incombe l’initiative de création des régions ?............................... 23

3.4. Appréciation critique de la loi 47-96……………………………………………. 24

3.5. Evolution récente du concept de région………………………………………………… 25

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3.6. La région, choix stratégique ou simple réponse à une situation


contingente ?................................................................................................. 26
3.7. Potentiel économique des régions……………………………………………… 26

II. Principales insuffisances de la fiscalité locale………………….. 29

1. Au niveau des textes législatifs et réglementaires…………………………… 29

2. Au niveau de la gestion des impôts locaux……………………………………… 31

3. Structures des recettes des C.T par type de collectivités…………………… 33

4. Rendement des taxes locales ………………………………………………………. 35

4.1. La taxe professionnelle…………………………………………………………….. 35

4.2. La taxe des services communaux………………………………………………… 35

5. Répartition régionale des recettes fiscales……………………………………… 36

6. Taxes locales gérées par les communes…………………………………………. 36

7. Redevances gérées par les communes……………………………………………. 37

8. Recouvrement…………………………………………………………………………… 37

9. Le Contentieux………………………………………………………………………….. 38

10. Administration…………………………………………………………………………. 38

11. Principales recommandations……………………………………………………… 39

12. Autres recommandations…………………………………………………………… 39

III- Le partage des ressources fiscales entre l’Etat et les régions à


travers certaines expériences internationales……………………… 40

1- Partage du pouvoir fiscal…………………………………………………………….. 41

2- Partage du produit de l’impôt………………………………………………………. 42

IV - Axes de réflexion sur la répartition des ressources fiscales


entre l’Etat et les futures Régions……………………………………… 43

CONCLUSION………………………………………………………………………………...47

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Introduction

L’impôt est le meilleur exemple pour illustrer la nature des rapports qu’entretient l’Etat
avec les citoyens, que ce soit au niveau national, régional ou local, qu’il s’agisse
d’entreprises ou de simples particuliers ayant ou non un revenu.
Le système fiscal marocain a connu une grande refonte à partir de 1985 dans le cadre du
Plan d’ajustement structurel. Cela s’est traduit par la mise en place de la TVA en 1985,
de l’Impôt sur les sociétés en 1986 et de l’Impôt sur le revenu en 1990, tout en
maintenant les Droits d’enregistrement et du timbre, introduits depuis le début de
l’époque coloniale.
Cependant, malgré cette « réforme », la fiscalité locale a été faiblement touchée. De
même, de nombreuses taxes parafiscales se sont ajoutées et brouillent le système fiscal,
le rendant plus opaque et plus complexe. D’autres taxes demeurent gérées par
l’Administration des Douanes et des Impôts indirects. Tel est le cas de la taxe intérieure
à la consommation qui, en fait, fait double emploi avec la TVA.
Cette situation explique la faible transparence et le déficit de gouvernance du système
fiscal au Maroc.
Les recettes fiscales dites ordinaires, versées dans le budget général de l’Etat, ont atteint
presque 200 milliards de dirhams, en 2013 (199,9 milliards de dirhams)1. Elles
constituent la principale source des finances publiques.
De nombreuses dérogations/exonérations sont accordées. Depuis plusieurs années, elles
font l’objet d’évaluations sous forme de dépenses fiscales. Cependant cette évaluation ne
permet pas de connaître l’impact socio-économique de ces dépenses. Très souvent ces
dérogations sont arrachées par des lobbies bien organisés et capables d’exercer la
pression sur les pouvoirs publics.
Les questions fondamentales relatives à tous système fiscal ont trait à la l’équité fiscale.
Les articles 39 et 40 de la Constitution de 2011 réaffirment clairement le principe
fondamental de l’équité fiscale.
Article 39 : « Tous supportent, en proportion de leurs facultés contributives, les
charges publiques que seule la loi peut, dans les formes prévues par la présente
Constitution, créer et répartir ».
Article 40 : « Tous supportent solidairement et proportionnellement à leurs
moyens, les charges que requiert le développement du pays, et celles résultant des
calamités et des catastrophes naturelles ».
Néanmoins, la réalité est tout autre. En effet, en matière d’Impôt sur le revenu, presque
75% des recettes provenant de cet impôt sont celles prélevées à la source des revenus
salariaux et assimilés. En matière d’Impôt sur les sociétés, à peine 2% des sociétés
rapportent pas moins de 80% des recettes provenant de cet impôt. Enfin, la TVA, impôt
sur la consommation, est la principale source des recettes fiscales.
Les causes de non équité fiscale sont à rechercher d’abord dans les choix de politique
fiscale. Elles résident aussi dans le mode effectif de gestion de l’impôt.
Qui paie l’impôt ? Autrement dit comment est répartie la charge fiscale ? Le principe
constitutionnel est-il respecté ?

1
Source : Ministère de l’Economie et des Finances. Année 2015.
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Fiscalité des collectivités territoriales

L’examen critique du système fiscal au Maroc peut aider à mieux comprendre l’échec des
politiques publiques dans la lutte contre la pauvreté et dans l’établissement d’une justice
sociale.
Les années récentes ont permis de constater des tâtonnements plus que de véritables
réformes. D’une part, une taxe introduite en 2013 pour une durée limitée (jusqu’en
2015) pour alimenter un compte d’affectation spéciale destiné à renforcer la cohésion
sociale, c'est-à-dire à lutter contre la pauvreté mais avec une logique caritative et une
approche percevant la pauvreté comme s’il s’agissait d’une catastrophe naturelle et non
pas comme étant la conséquence des politiques publiques de développement poursuivies
depuis l’indépendance. D’autre part, paradoxalement, la non remise en cause
d’avantages ou privilèges fiscaux injustifiés qui constituent une aberration et provoquent
l’indignation. C’est notamment le cas du secteur agricole, où les grandes exploitations
ont bénéficié pendant trois décennies d’une exonération fiscale. C’est l’un des exemples
illustrant le mieux la violation du principe d’équité énoncé clairement dans la
Constitution.
Aussi, à ce jour, le système fiscal est en contradiction flagrante avec les déclarations
officielles de réduction des inégalités sociales, source principale de la pauvreté. Au
contraire, l’évolution récente de ce système a accru ces inégalités et a donc aggravé la
situation des droits économiques et sociaux de la majorité de la population au Maroc.
Etablir un état des lieux du système fiscal au Maroc, procéder à son analyse critique pour
en faire ressortir les faiblesses, les causes de ces faiblesses et proposer des alternatives
d’amélioration et de progrès, dans le sens du développement de l’équité fiscale et de la
justice sociale, tel est le rôle et le devoir des acteurs dynamiques de la société civile.
L’espace associatif, fédérant plusieurs acteurs associatifs partageant ce souci de
contribuer à l’élaboration de politiques publiques qui répondent réellement aux attentes
des citoyens, intègre parfaitement dans sa stratégie la contribution à l’amélioration des
politiques fiscales pouvant impacter positivement le bien être collectif de la population
marocaine.

Vivre en collectivité ou en communauté, faire face à des besoins collectifs ou communs,


mobiliser en conséquence des ressources communes fiscales et autres, tel est le défi
quasi quotidien pour toute société.

Les mécanismes budgétaires devant être mis en place doivent être fondés sur des
principes d’équité et de solidarité, tels que prévus par les articles 39 et 40 de la
Constitution.

L’impôt est la principale source de financement des dépenses publiques aussi bien au
niveau national qu’au niveau local. Cependant l’impôt est aussi un « lien social ». C’est à
travers l’impôt que se concrétise/matérialise le rapport entre l’Etat ou les CT et le
citoyen.

Mais pour créer une véritable dynamique participative, les collectivités territoriales ne
devraient pas seulement pouvoir disposer de ressources pour accomplir leurs missions et
leurs tâches. Elles devraient disposer aussi de pouvoirs propres leur permettant de créer
des ressources propres adéquates à leurs besoins. Car les ressources transférées de
l’Etat central vers les collectivités territoriales, quelque soit leur importance, ne
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Fiscalité des collectivités territoriales

permettent pas à une collectivité de développer sa maturité et sa responsabilité. Les


ressources transférées peuvent constituer des relations de dépendance et réduire la
marge de manœuvre opérationnelle des CT. Aussi est-il nécessaire de procéder à une
description du dispositif actuel de la fiscalité locale pour pouvoir ensuite l’apprécier de
manière critique et proposer des alternatives au système actuel.

I. Etat des lieux

A- Dispositif fiscal local actuel : répartition des compétences et des


ressources

Actuellement, le dispositif de financement des collectivités locales par les ressources


fiscales se fait selon deux modes :

 la perception de taxes et redevances instituées à leur profit et qui constituent


leurs ressources fiscales propres ;

 le transfert d’une part du produit des impôts d’Etat à leur profit. Il s’agit des
ressources fiscales transférées.

1. Les ressources fiscales propres des collectivités locales

Ce sont les taxes instituées par la loi n° 47-06 relative à la fiscalité des collectivités
locales promulguée dans le cadre de la réforme de la fiscalité locale de 2007 et les
redevances prévues par la loi n° 39 – 07 relatives aux taxes et redevances dues aux
collectivités locales.

11. Les taxes instituées au profit des collectivités locales

La loi n° 47-06 précitée a fixé à 17 le nombre des taxes instituées au profit des
collectivités locales réparties comme suit :
- 11 au profit des communes urbaines et rurales,
- 3 au profit des préfectures et provinces,
- 3 au profit des Régions.

Les règles d’assiette, de recouvrement et de contrôle de ces taxes ont été entièrement
revues dans le cadre de la réforme de 2007 dans le sens :
- de la simplification par la suppression de certaines taxes dont le rendement était
dérisoire (le nombre des taxes locales a été réduit de 40 à 17) ;
- de l’harmonisation avec la fiscalité d’Etat et l’uniformisation des
procédures, notamment par l’institution du régime déclaratif, et les sanctions;
- du renforcement des prérogatives des conseils communaux en matière de fixation

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Fiscalité des collectivités territoriales

des tarifs.

Il y a lieu de préciser que parmi les 11 taxes instituées au profit des communes urbaines
et rurales, trois sont gérées par la D.G.I. pour le compte des collectivités locales. La
gestion de l’ensemble des autres taxes relève des collectivités locales.

1.1.1-Taxes gérées par la D.G.I. pour le compte des collectivités locales

Les taxes gérées par les services de la D.G.I. sont : la taxe professionnelle, la taxe
d’habitation et la taxe de services communaux.

Le produit de ces taxes est réparti entre le budget des communes, le budget général de
l’Etat et les chambres professionnelles selon les clés de répartition suivantes :

Taux de
Taxe Collectivité locale bénéficiaire
répartition
80 % communes du lieu d’imposition
Chambres de commerce, d’industrie et de
services, chambres d’artisanat et chambres des
Taxe professionnelle
10 % pêches maritimes et de leurs fédérations.
(La répartition entre les chambres et les
fédérations est fixée par voie réglementaire).
10 % Budget général au titre des frais de gestion
90% Communes du lieu d’imposition.
Taxe d’habitation
10% Budget général au titre des frais de gestion.
Taxe de services 95 % Communes
communaux 5% Régions.

En effet, outre ses missions d’assiette et de recouvrement des Impôts d’Etat, la


Direction Générale des Impôts gère également pour le compte des Collectivités
locales, l’assiette de trois impôts locaux : la taxe professionnelle, la taxe
d’habitation et la taxe de services communaux.

a. Taxe Professionnelle

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Fiscalité des collectivités territoriales

Personnes et activités imposables

La taxe professionnelle s’applique à toute personne physique ou morale de


nationalité marocaine ou étrangère qui exerce au Maroc une activité
professionnelle.

Sont également soumis à cette taxe, les fonds créés par voie législative ou par
convention ne jouissant pas de la personnalité morale et dont la gestion est
confiée à des organismes de droit public ou privé. L’imposition est établie au
nom de leur organisme gestionnaire.

Les activités professionnelles sont classées, d’après leur nature, dans l’une des
classes de la nomenclature des professions, annexée à la présente loi.

Exonérations et réductions

Certaines personnes sont totalement exonérées du paiement de cette taxe de


façon permanente, temporaire ou bénéficient d’une réduction permanente.
1- l’exonération totale permanente vise notamment :

 une personne physique qui travaille dans la fonction publique ;


 un exploitant agricole, pour les ventes réalisées en dehors de toute
boutique ou magasin, la manipulation et le transport des récoltes et des
fruits provenant des terrains agricoles exploités que vous exploitez ainsi que
la vente des animaux vivants élevés et des produits de l’élevage dont la
transformation n’a pas été réalisée par des moyens industriels.
Toutefois, sont exclus de cette exonération les personnes qui exercent une
activité professionnelle afférente aux opérations d’achat, de vente et/ou
d’engraissement d’animaux vivants.
 un promoteur immobilier, pour l’ensemble de ses activités afférentes à la
réalisation de logements sociaux et réalisant des opérations dans le cadre
d’une convention conclue avec l’Etat, assortie d’un cahier des charges,
en vue de réaliser un programme de construction de 2.500 logements
sociaux, étalé sur une période maximum de cinq (5) ans courant à
compter de la date de délivrance de l’autorisation de construire.
 un promoteur immobilier qui réalise pendant une période maximum de
trois (3) ans courant à compter de la date de l’autorisation de construire,
des opérations de construction de cités, résidences et campus
universitaires constitués d’au moins cinq cent (500) chambres, dont la
capacité d’hébergement est au maximum de deux (2) lits par chambre,
dans le cadre d’une convention conclue avec l’Etat assortie d’un cahier
des charges.

Cette exonération est accordée dans les conditions prévues par le Code
Général des Impôts.

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Fiscalité des collectivités territoriales

2- l’exonération totale temporaire pour l’exercice de toute activité


professionnelle nouvellement créée, pendant une période de cinq (5) ans
à compter de l’année du début de ladite activité.

Il est à préciser que tout changement de l’exploitant et tout transfert d’activité


ne sont pas considérés comme activité nouvellement créée.
Cette exonération ne s’applique pas :
 aux établissements des entreprises n’ayant pas leur siège au Maroc
attributaires de marchés de travaux, de fournitures ou de services ;
 aux établissements de crédit et organismes assimilés, Bank Al-Marghrib et la
Caisse de dépôt et de Gestion ;
 aux entreprises d’assurances et de réassurances autres que les
intermédiaires d’assurances visés à l’article 291 de la loi n° 17-99 portant
code des assurances;
 et aux agences immobilières.

Bénéficient également de l’exonération totale temporaire :

 les entreprises autorisées à exercer leurs activités dans les zones franches
d’exportation pendant les quinze (15) premières années consécutives à
leur exploitation ;
 l’Agence spéciale Tanger-Méditerranée, ainsi que les sociétés intervenant
dans la réalisation, l’aménagement, l’exploitation et l’entretien du projet
de la zone spéciale de développement Tanger-Méditerranée et qui
s’installent dans les zones franches d’exportation pendant les quinze (15)
premières années d’exploitation.

3- Réduction permanente de 50% dans le cas où le domicile fiscal ou le


siège social se situent dans l’ex province de Tanger et exerçant une
activité principale dans le ressort de ladite province.

Détermination de la valeur locative, base de la taxe professionnelle :

La taxe professionnelle est établie sur la valeur locative annuelle brute, normale
et actuelle des magasins, boutiques, usines, ateliers, hangars, remises, chantiers,
lieux de dépôts et de tous locaux, emplacements et aménagements servant à
l’exercice des activités professionnelles imposables.

Pour les établissements industriels et toute autre activité professionnelle, la taxe


professionnelle est calculée sur la valeur locative de ces établissements pris dans
leur ensemble et munis de tous leurs moyens matériels de production y compris
les biens loués ou acquis par voie de crédit-bail sans que cette valeur locative ne
soit inférieure à 3% du prix de revient des terrains, constructions, agencements,
matériel et outillages.
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Fiscalité des collectivités territoriales

Pour les biens loués ou acquis par voie de crédit-bail, la valeur locative est
déterminée sur la base du prix de revient de ces biens figurant au contrat initial
de crédit-bail, même après la levée d’option d’achat.
Pour les professions industrielles, commerciale ou de prestation de services qui
utilisent des moyens matériels de production, la valeur locative peut être
déterminée par l’une des trois méthodes précitées avec un minimum fixé à 3% du
prix de revient des éléments servant à l’exercice de l’activité.
Il est à noter que le redevable qui exerce plusieurs activités professionnelles dans
un même local, est imposable d’après le taux de la classe de l’activité
principale.
Lorsque plusieurs personnes exercent des activités professionnelles dans un même
local, la taxe professionnelle est établie pour chaque redevable séparément au
prorata de la valeur locative correspondant à la partie occupée dudit local.

En ce qui concerne les établissements hôteliers, la valeur locative servant de


base au calcul de la taxe professionnelle est déterminée par application au prix
de revient des constructions, matériel, outillage, agencements et
aménagements de chaque établissement, des coefficients fixés en fonction du
coût global des éléments corporels de l’établissement considéré, qu’il soit
exploité par son propriétaire ou par le locataire.

Ces coefficients sont fixés comme suit :


 2 % lorsque le prix de revient est inférieur à 3 000 000 de dirhams ;
 1,50 % lorsque le prix de revient est égal ou supérieur à 3 000 000 et inférieur
à 6 000 000 de dirhams;
 1,25 % lorsque le prix de revient est égal ou supérieur à 6 000 000 et inférieur
à 12 000 000 de dirhams ;
 1 % lorsque le prix de revient est égal ou supérieur à 12 000 000 de dirhams.

Ces coefficients réduits ne sont cumulables avec aucune autre réduction de


cette taxe.

Liquidation de la taxe professionnelle

La taxe professionnelle est établie au lieu de situation des locaux et installations


professionnelles imposables. Les personnes n’ayant pas de locaux ou
d’installations professionnelles sont tenues d’élire un domicile fiscal.

La taxe est due pour l’année entière à raison des faits existant au mois de janvier.

Toutefois, la taxe professionnelle est due pour l’année entière, quelle que soit
l’époque à laquelle les opérations auront été entreprises par les redevables dont
les opérations ne peuvent, par leur nature, être exercées que durant une partie
de l’année.

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Fiscalité des collectivités territoriales

Les redevables qui entreprennent après le mois de janvier une activité


nouvellement créée, deviennent passibles de la taxe professionnelle à partir du
premier janvier de l’année qui suit celle de l’expiration de l’exonération
quinquennale.

Les extensions réalisées en cours d’exploitation, après le mois de janvier, par


l’acquisition de terrains, constructions de toute nature, additions de constructions,
matériel et outillages neufs sont imposables à partir du premier janvier de l’année
qui suit celle de l’expiration de l’exonération quinquennale.

Les réductions des éléments imposables survenues après le mois de janvier ne


sont prises en considération qu’à partir du premier janvier de l’année suivante.

Le matériel d’occasion acquis après le mois de janvier n’est imposable qu’à


compter du premier janvier de l’année qui suit celle de son acquisition.

En cas de cessation totale en cours d’année de l’exercice d’une profession, la


taxe est due pour l’année entière, à moins que la fermeture des établissements,
magasins, boutiques ou ateliers ne résulte de décès, de liquidation judiciaire,
d'expropriation ou d'expulsion. Dans ce cas, les droits sont dus pour la période
antérieure et le mois courant.

En cas de chômage partiel ou total d’une entreprise, pendant une durée d’une
année civile, le redevable peut obtenir dégrèvement ou décharge de la taxe
professionnelle.

Taux de la taxe professionnelle

Les taux de la taxe professionnelle applicables à la valeur locative sont fixés


comme suit :
 10% pour la classe 3 ;
 20% pour la classe 2 ;
 30% pour la classe 1.

Ainsi, sont soumis au taux de:

 10% pour les activités figurant dans la case correspondant à la classe 3


qui regroupe entre autres les activités suivantes :

 marchand en détail d’aliments composés, ou autre produits


pour l’alimentation des animaux ;
 Fabricant ou réparateur d’appareillages électrique ;
 Loueur d’appartements meublés, ...

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Fiscalité des collectivités territoriales

 20% pour les activités figurant dans la classe 2 qui regroupe à titre
d’exemple:

 le tenant de magasin d’alimentation générale ;


 l’architecte qui travaille seul ;
 le Tenant d’agence de voyage employant 1 à 5 personnes.

 30% pour les activités figurant dans la classe (1). Cette dernière regroupe
notamment les activités de :

 marchand de voitures en gros ;


 exploitant de clinique d’accouchements ;
 tenant un laboratoire d’analyses médicales, chimiques ou
industrielles.

Le droit minimum de la taxe ne peut être inférieur aux montants ci-après :

Classes Communes Communes


urbaines rurales

Classe 3 (C3) 300 dh 100 dh

Classe 2 (C2) 600 dh 200 dh

Classe 1 (C1) 1200 dh 400 dh

Paiement de la taxe professionnelle

La taxe professionnelle est établie par voie de rôles.

Toutefois peuvent payer par anticipation:

 les redevables qui en font la demande par écrit ;

 Les voyageurs, représentants , placiers de commerce ou d'industrie qui ne


sont pas passibles de l'impôt sur le revenu au titre de leurs revenus salariaux et
revenus assimilés, les marchands ambulants sur la voie publique, les redevables
qui n'exercent pas à demeure au lieu de leur domicile, les personnes qui font
acte de commerce ou d'industrie dans une ville sans y être domiciliées et d'une
manière plus générale tous ceux qui exercent une profession en dehors des
locaux pouvant servir de base au calcul de la taxe professionnelle et qui
acquittent le droit minimum.
Il est à préciser qu’ils doivent être porteurs d’une pièce justifiant leur inscription
personnelle à la taxe professionnelle, qu’il leur appartient de se faire délivrer par
l’administration fiscale, avant d’entreprendre leurs opérations et après paiement

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Fiscalité des collectivités territoriales

par anticipation de la taxe. Cette pièce doit, à la diligence du redevable, porter


sa photographie d’identité ;

 les redevables exerçant sur les marchés ruraux. Dans ce cas, la taxe due
est établie et recouvrée par les agents des perceptions.

b. Taxe d’Habitation

La taxe porte annuellement sur les immeubles bâtis et constructions de toute


nature occupés en totalité ou en partie par leurs propriétaires à titre d’habitation
principale ou secondaire ou mis bénévolement, par les propriétaires, à la
disposition de leurs conjoints, ascendants ou descendants, à titre d’habitation, y
compris le sol sur lequel sont édifiés ces immeubles et constructions et les terrains
y attenant, tels que cours, passages, jardins lorsqu’ils en constituent des
dépendances immédiates.
Lorsque les terrains attenants aux constructions ne sont pas aménagés, ou
lorsque ces aménagements sont peu importants, la superficie à prendre en
considération pour la détermination de la valeur locative est fixée au maximum à
cinq (5) fois la superficie couverte de l’ensemble des bâtiments.

Personnes imposables

La taxe est établie au nom du propriétaire ou de l’usufruitier et à défaut, au nom


du possesseur ou de l’occupant.

Lorsque le propriétaire du sol est différent du propriétaire de la construction, la


taxe est établie au nom du propriétaire de la construction.

En cas d’indivision, la taxe est établie au nom de l’indivision, à moins que les
indivisaires ne demandent que la taxe soit établie séparément pour chacune des
unités à usage d’habitation, faisant l’objet d’une utilisation distincte.

A cet effet, les intéressés doivent produire :


 un acte authentique faisant ressortir la part de chaque co-indivisaire ;
 un contrat légalisé dans lequel sont spécifiées les conditions d’affectation
du bien en indivision avec l’indication du nom de chacun des occupants.

Les dispositions visées à l’alinéa précédant sont applicables dans le cas de


règlement d’une succession mettant fin à l’indivision.

Dans le cas des sociétés immobilières propriétaires d’une seule unité de logement
et exclues du champ d’application de l’impôt sur les sociétés, la taxe
d’habitation est établie au nom de la société.

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Fiscalité des collectivités territoriales

Dans le cas des sociétés immobilières transparentes, la taxe est établie au nom
de chacun des associés pour chaque fraction d’immeuble ou d’ensemble
immobilier pouvant faire l’objet d’une utilisation distincte.

Exonérations et réductions

Exonérations et réductions permanentes

Bénéficient de l’exonération totale permanente :

 les demeures royales ;


 les immeubles appartenant :
- à l’Etat, aux collectivités locales et aux hôpitaux publics ;
- aux œuvres privées d’assistance et de bienfaisance soumises au
contrôle de l’Etat ;
- aux associassions reconnues d’utilité publique lorsque ces immeubles
sont installées des institutions charitables à but non lucratif ;
 les biens habous, à l’exception des biens constitués en habous de famille;
 les immeubles mis gratuitement à la disposition des institutions et
organismes énumérés au 2° ci-dessus ;
 les immeubles appartenant à des Etats étrangers et affectés au logement
de leurs ambassadeurs, ministres plénipotentiaires ou consuls accrédités au
Maroc, sous réserve de réciprocité;
 les immeubles utilisés en tant que locaux de la mission diplomatique ou
consulaire dont l’Etat accréditant ou le chef de la mission sont propriétaires
ou locataires en vertu de l’article 23 de la convention de Vienne sur les
relations diplomatiques;
 les immeubles appartenant à des organismes internationaux bénéficiant
du statut diplomatique lorsque ces immeubles sont affectés au logement
des chefs de mission accrédités au Maroc ;
 Les immeubles improductifs de revenu qui sont affectés exclusivement à la
célébration publique des différents cultes, à l’enseignement gratuit ou qui
ont fait l’objet d’un classement ou d’une inscription comme monuments
historiques, dans les conditions fixées par la législation et la réglementation
en vigueur.

Exonération temporaire

Bénéficient de l’exonération temporaire, les constructions nouvelles réalisées par


des personnes au titre de leur habitation principale pendant une période de cinq
(5) années suivant celle de leur achèvement.

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Fiscalité des collectivités territoriales

Détermination de la valeur locative Base imposable

La taxe d’habitation est assise sur la valeur locative des immeubles, déterminée
par voie de comparaison par la commission de recensement.

Cette valeur locative est fixée d’après la moyenne des loyers pratiqués pour les
habitations similaires situées dans le même quartier.
Lorsqu’une unité d’habitation est occupée par un ou plusieurs copropriétaires
dans l’indivision et qui versent un loyer aux autres copropriétaires n’occupant pas
ladite habitation, la valeur locative imposable est déterminée uniquement sur la
quote-part revenant à l’occupant de l’habitation. Le montant dudit loyer est
passible de l’impôt sur le revenu.

La valeur locative est révisée tous les cinq (5) ans par une augmentation
automatique de 2%.

Abattement relatif à l’habitation principale

Un abattement de 75% est appliqué à la valeur locative de l’habitation


principale de chaque redevable propriétaire ou usufruitier.

Cet abattement s’applique également à la valeur locative de l’immeuble


occupé à titre d’habitation principale par :
 le conjoint, les ascendants ou descendants en ligne directe au premier
degré ;
 les membres des sociétés immobilières définies à l’article 3-3°du Code
Général des Impôts ;
 les co-indivisaires pour le local qu’ils occupent à titre d’habitation
principale ;
 les Marocains Résidant à l’Etranger pour le logement qu’ils conservent à
titre d’habitation principale au Maroc, occupé à titre gratuit par leur
conjoint, leurs ascendants ou descendants en ligne directe au premier
degré.

Cet abattement n’est cumulable avec aucune autre réduction de cette taxe.

Liquidation de la taxe d’habitation

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Fiscalité des collectivités territoriales

La taxe est établie annuellement au lieu de situation des immeubles imposables


compte tenu de leur consistance et de leur affectation à la date du
recensement. Toutefois, lorsque, pour une raison quelconque, un immeuble n’est
pas recensé au cours d’une année déterminée, la taxe d’habitation le
concernant est établie d’après la dernière taxe émise.

Lorsqu’un immeuble est situé dans une station d’estivage, d’hivernage ou


thermale, la taxe y afférente est établie même en l’absence d’occupation et la
vacance ne peut être établie que dans les conditions prévues par le code
général des impôts.

Lorsqu’un immeuble fait l’objet d’un changement de propriété, il est procédé, au


titre de l’année qui suit, à l’imposition au nom du nouveau propriétaire :
 soit au vu de la déclaration prévue à l’article 30 de la loi n° 47-06 ;
 soit d’après la déclaration du revenu global prévue au Code Général des
Impôts ;
 soit d’après les faits constatés par la commission de recensement.
Lorsqu’un local est vacant à la date du recensement soit pour cause de grosses
réparations, soit parce que son propriétaire le destine à la vente ou à la location,
la taxe est établie au titre de l’année de vacance.

Toutefois, le redevable peut obtenir décharge de la taxe, par suite de vacance,


dans les conditions prévues aux articles 31 et 161 de la loi n° 47-06.

En cas de doute sur la vacance, la commission de recensement ou l’inspecteur


des impôts qui en fait partie peut convoquer le redevable dans les formes
prévues par l’article 152 de la loi n° 47-06 en vue de confirmation de la vacance.
Le redevable doit se présenter au service local des impôts ou faire connaître sa
réponse par lettre recommandée avec accusé de réception dans un délai de
trente (30) jours à compter de la date de réception de la convocation.

La vacance est établie par tout moyen de preuve dont dispose le redevable,
notamment :
 dans le cas des locaux en cours de réparation : l’état des lieux, le
déménagement intégral des meubles ou la présence dans les locaux des
corps de métiers chargés de la réparation ;
 dans le cas des locaux en instance d’affectation : l’enlèvement des
compteurs d’eau et d’électricité.

Taux de la taxe d’habitation

La taxe est établie par voie de rôle et les taux de la taxe sont fixés comme suit :

16
Fiscalité des collectivités territoriales

Valeur locative annuelle Taux Montant à déduire

De 0 à 5000 dhs Exonérée -


De 5001 à 20 000 dhs 10% 500
De 20 001 à 40 000 dhs 20% 2500
De 40 001 dhs et plus 30% 6500

Ce barème n’a jamais fait l’objet d’une révision. Il est caractérisé par une faible
progressivité. La tranche la plus élevée correspond à des valeurs locatives
mensuelles supérieures à 3 334 dirhams. De ce fait, les appartements, et surtout
les riads et les villas d’une valeur locative élevée sont largement avantagés et
sous taxés. Ce sont surtout les constructions à valeur locative moyenne qui sont le
plus taxées.

Répartition du produit de la taxe

Le produit de la taxe est réparti par le service chargé du recouvrement comme


suit :
- 90% aux budgets des communes du lieu d’imposition ;
- 10% au budget général au titre de frais de gestion.

c. Taxe de Services Communaux

Personnes et biens imposables

La taxe de services communaux est établie annuellement au lieu de situation des


immeubles soumis à cette taxe, au nom du propriétaire ou de l’usufruitier et à
défaut, au nom du possesseur ou de l’occupant sur :
 les immeubles bâtis et les constructions de toute nature ;
 le matériel, outillage et tout moyen de production relevant de la taxe
professionnelle.
Cette taxe s’applique :
 à l’intérieur du périmètre des communes urbaines ;
 dans les zones périphériques desdites communes telles que ces zones sont
définies par les dispositions de la loi n°12-90 relative à l’urbanisme ;
 dans les centres délimités, désignés par voie réglementaire ;
 dans les stations estivales, hivernales et thermales dont le périmètre de
taxation à la taxe d’habitation est délimité par voie réglementaire.

Exonérations

17
Fiscalité des collectivités territoriales

Ne sont pas soumis à la taxe de services communaux, les redevables bénéficiant


de l’exonération totale permanente de la taxe d’habitation et de la taxe
professionnelle ainsi que les partis politiques et les centrales syndicales pour les
immeubles appartenant à ces organismes et destinés à leurs sièges, à l’exclusion
:

 des banques offshore et des sociétés holding offshore pour les immeubles
occupés par leur siège ou agences ;
 des entreprises installées dans la zone franche du port de Tanger pour les
activités effectuées à l’intérieur de ladite zone régie par les dispositions du
dahir n° 1-61-426 ;
 des organismes de placements collectifs en valeurs mobilières (O.P.C.V.M.)
régis par les dispositions du dahir portant loi n° 1-93-213 ;
 des fonds de placement collectif en titrisation (F.P.C.T.) régis par les
dispositions de la loi n° 10-98 ;
 des organismes de placements en capital-risque (O.P.C.R.) régis par la loi
n° 41-05, pour les activités exercées dans le cadre de leur objet légal;
 des coopératives et leurs unions légalement constituées dont les statuts, le
fonctionnement et les opérations sont conformes à la législation et à la
réglementation en vigueur régissant la catégorie à laquelle elles
appartiennent et qui ne remplissent pas les conditions suivantes :
 lorsque leurs activités se limitent à la collecte de matières premières auprès
des adhérents et à leur commercialisation ;
 ou lorsque leur chiffre d’affaires annuel est inférieur à deux millions
(2.000.000) de dirhams hors taxe sur la valeur ajoutée, si elles exercent une
activité de transformation de matières premières collectées auprès de
leurs adhérents ou d’intrants à l'aide d’équipements, matériels et autres
moyens de production similaires à ceux utilisés par les entreprises
industrielles soumises à l'impôt sur les sociétés et de commercialisation des
produits qu’elles ont transformés ;
 de Bank Al-Maghrib ;
 des personnes physiques ou morales titulaires d’un permis de recherche ou
d’une concession d’exploitation des gisements d’hydrocarbures, régies par
la loi n°21-90, relative à la recherche et à l’exploitation des gisements
d’hydrocarbures ;
 de l’Etat, des collectivités locales et des établissements publics, pour les
immeubles à usage d’habitation à l’exclusion des logements de fonction.

Détermination de la base imposable

La taxe de services communaux est assise :


 en ce qui concerne les immeubles soumis à la taxe d’habitation et à la
taxe professionnelle y compris ceux qui bénéficient de l’exonération
permanente ou temporaire, sur la valeur locative servant de base au
calcul desdites taxes ;

18
Fiscalité des collectivités territoriales

 en ce qui concerne les immeubles non soumis à la taxe d’habitation, sur le


montant global des loyers lorsque lesdits immeubles sont donnés en
location ou sur leur valeur locative lorsqu’ils sont mis gratuitement à la
disposition de tiers.

Taux et répartition de la Taxe de Services Communaux

Les taux de la taxe de services communaux sont fixés comme suit :


 10,50 % de la valeur locative visée à l’article 35 ci-dessus, pour les biens
situés dans le périmètre des communes urbaines, des centres délimités, des
stations estivales, hivernales et thermales ;
 6,50 % de ladite valeur locative pour les biens situés dans les zones
périphériques des communes urbaines.

Le produit de la taxe de services communaux est réparti par les services du


recouvrement comme suit :
 95 % aux budgets des communes;
 5 % aux budgets des régions.

1.1.2-Taxes gérées par les collectivités locales

Ces taxes sont au nombre de 14 et leur gestion relève actuellement des services
administratifs et financiers des collectivités locales. Il s’agit de :

- la taxe sur les terrains urbains non bâtis ;


- la taxe sur les opérations de construction ;
- la taxe sur les opérations de lotissement ;
- la taxe sur les débits de boissons ;
- la taxe de séjour ;
- la taxe sur les eaux minérales et de table ;
- la taxe sur le transport public de voyageurs ;
- la taxe sur l’extraction des produits de carrières ;
- la taxe sur les permis de conduire;
- la taxe sur les véhicules automobiles soumis à la visite technique;
- la taxe sur la vente des produits forestiers ;
- la taxe sur les permis de chasse;
- la taxe sur les exploitations minières;
- la taxe sur les services portuaires.

1.2. Redevances instituées au profit des collectivités locales

Les redevances, droits et contributions perçus par les collectivités locales, en application
des dispositions de la loi n° 39-07 précitée, sont :

- la taxe sur la dégradation des chaussées ;


19
Fiscalité des collectivités territoriales

- la taxe de légalisation des signatures et de certification conforme de copies ;


- droits d’abattage ;
- la surtaxe d'abattage au profit de la bienfaisance ;
- les droits perçus sur les marchés ;
- le droit de fourrière ;
- le droit de stationnement sur les véhicules affectés à un transport public de
voyageurs ;
- les droits d’état civil ;
- les contributions des riverains aux dépenses ;
- les redevances sur les ventes dans les marchés de gros et halles aux poissons ;
- la redevance d’occupation temporaire du Domaine Public Communal pour usage
lié à la construction ;
- la redevance d’occupation temporaire du Domaine Public Communal par des biens
meubles et immeubles liés à l’exercice d’un commerce, d’une industrie ou d’une
profession.

2. les ressources fiscales transférées de l’Etat aux collectivités locales

Le transfert de la part du produit des impôts d’Etat aux collectivités locales constitue le
deuxième mode de financement des collectivités locales par les ressources fiscales.
Il s’agit de l’affectation du produit de la T.V.A., de l’I.S. et de l’I.R.

2.1. Transfert du produit de l’I.S. et de l’I.R.

Le transfert de la part de l’I.S et de l’I.R a été institué à partir de 1996 par l’article 66 de
la loi n° 47-96 relative à l’organisation de la région. Cette part a été fixée à 1% de l’I.S et
1% de l’I.R. Dans chaque loi de finances, ce transfert est reconduit. Dans le PLF 2016, il
est prévu de faire passer le taux de 1% à 2%, en matière d’IS et d’IR.

2.2. Transfert du produit de la T.V.A.

La TVA est un impôt sur la consommation. Le contribuable réel est le consommateur


final. Le contribuable légal est l’entreprise ou l’intermédiaire qui procède à la collecte de
la TVA tout en récupérant la TVA déductible sur les intrants. C’est aussi le premier impôt
en termes de recettes fiscales. Cet impôt est géré et recouvré par la Direction Générale
des Impôts pour les opérations taxables à l’intérieur du territoire, et par l’Administration
des Douanes et Impôts Indirects pour ce qui est des importations et de la
commercialisation de certains produits taxables à des taux spécifiques (vins, certains
métaux précieux : argent, platine et or).

Le transfert au budget des collectivités locales du produit de la T.V.A. a été institué par la
loi de finances pour l'année 1986 et repris à l’article 125-I du C.G.I. qui prévoit
l’affectation d’au moins 30% du produit de la TVA après déduction, sur le produit de la
taxe perçue à l’intérieur, des remboursements et des restitutions prévus par ledit code.

20
Fiscalité des collectivités territoriales

Il convient de souligner que la part de la TVA transférée aux collectivités locales a connu,
en dix ans, une augmentation de plus de 100% entre 2002 et 2012 tel qu’illustré dans le
tableau ci-après :

(En milliard de DH)


2002 2006 2012 2013 2014 2015*
7,18 11,72 15, 87 22,57 22,49 23,28

Source : Bulletin mensuel de statistiques des finances locales, décembre 2012, TGR.
*Prévisions LF 2015 :

Les critères de répartition de la part du produit de la TVA entre les collectivités locales
sont fixés par une circulaire du Ministre de l’Intérieur datant de 1996, comme
suit :

Pour les provinces et les préfectures, les critères retenus sont :

- les charges salariales supportées ;


- la superficie ;
- la démographie ;
- le critère forfait (un montant minimal de ressources permettant d'assurer la
gestion).

Pour les communes, les critères retenus sont :

- le critère « dotations forfaitaires » ; c'est une dotation indispensable au


fonctionnement de la commune qui est identique pour toutes les
collectivités locales ;
- le critère « dotation potentiel fiscal » qui permet de réduire les disparités de
la richesse fiscale résultant de l'inégale répartition de la matière imposable ;
- le critère « dotation promotion de ressources propres » qui vise à
encourager les communes ayant fourni un effort d'amélioration de leurs
ressources.

3. Ressources fiscales spécifiques aux régions

Les ressources fiscales dont dispose actuellement la région en tant que collectivité locale
sont :

 en ce qui concerne les ressources fiscales propres :

21
Fiscalité des collectivités territoriales

 le produit des taxes instituées à son profit, à savoir, la taxe sur le permis de
chasse, la taxe sur les exploitations minières et la taxe sur les services
portuaires ;
 10 % du produit de la taxe sur l’extraction des produits de carrières ;
 5 % du produit de la taxe de services communaux.

 en ce qui concerne les ressources fiscales transférées, 1% du produit de l’I.S et


1% du produit de l’I.R. Ce taux devra augmenter à 2% en 2016.

Il découle de ce qui précède que les ressources financières dont dispose actuellement les
régions sont bien insuffisantes eu égard aux ambitions officielles d’ériger la région
comme acteur dynamique de développement.

Or la Fiscalité des régions dépend étroitement du degré d’autonomie accordée aux


régions.

L’autonomie régionale peut elle se suffire d’une autonomie financière sans autonomie
fiscale ?

Théoriquement, une véritable autonomie régionale intègre la dimension fiscale non


seulement en termes de recettes propres mais aussi de pouvoir fiscal propre, c'est-à-dire
un pouvoir normatif permettant aux régions de créer des impôts et taxes, en plus de leur
gestion.

Cependant, la réalité actuelle, et pas seulement au niveau national, impose des choix
plus pragmatiques, avec éventuellement une possibilité d’évolution progressive,
conditionnée par des progrès dans le processus de maîtrise de la « chose fiscale » au
niveau régional.

Néanmoins, quelle que soit l’option et le degré d’autonomie accordé, l’Etat central sera
toujours appelé à jouer un rôle déterminant dans l’encadrement de ce processus, dans la
coordination horizontale et verticale, dans l’harmonisation des systèmes et
en définitif dans le contrôle, avec des mécanismes de régulation (péréquation,
solidarité …). Ce processus est appelé à s’inscrire dans les options stratégiques de
réforme du système de gouvernance tout en capitalisant les acquis et en s’inspirant des
meilleures pratiques internationales. .

Les régions ont été consacrées constitutionnellement depuis 1992 (art 100). La loi n° 47-
96 relative à l’organisation de la région a permis de préciser la nature et le rôle de la
région au Maroc.

3.1. Quelques acquis à travers la loi n° 47-96

Dans l’exposé des motifs, on peut lire « le Maroc a atteint la maturité nécessaire (…) »,
l’option régionale serait « un approfondissement de la démocratie locale ».

22
Fiscalité des collectivités territoriales

La région devrait fournir une « instance nouvelle où les représentants des populations
pourront débattre démocratiquement, à travers leurs élus au sein des collectivités locales
et des organisations socioprofessionnelles, des aspirations et des projets de leur région
et enclencher une dynamique spécifique d’évolution et de développement régional
intégré. »

La région est « un nouvel espace de débat, de concertation et de formation à la chose


publique qui doit indubitablement permettre encore davantage l’ancrage de la
démocratie au niveau local, grâce à une plus large prise en charge par les citoyens eux
même de leurs affaires ».

Désormais, le cadre régional constitue une base de représentation nationale à la


chambre des conseillers. »
La région, « nouvelle collectivité locale » devant mettre au service de la régionalisation
toutes les potentialités que recèle la déconcentration. Il s’agit d’instaurer une « meilleure
coordination des services extérieurs de l’Etat, au niveau local, sous l’autorité du
gouverneur, qui est en même temps un agent de l’Etat au service de la région (…) ».

L’esprit de création de la région est d’abord surtout de favoriser l’émergence d’un


« espace de développement économique et social », en tant que « nouvel instrument de
solidarité » ;

3.2. Aperçu sur le financement des régions dans la loi n° 47-96 :

Les nouvelles attributions de la région nécessitent un financement multiple et


conséquent, car la région est appelée à devenir un « instrument essentiel et novateur du
développement économique et social. »

La région puisera ses moyens aussi bien à travers la mobilisation de ses ressources
propres, à l’instar des autres collectivités locales, que par le biais de l’affectation d’une
part d’impôts nationaux tels que, à titre d’exemple, l’IS et l’IR. Il sera institué,
conformément à la législation en vigueur, un fonds de péréquation et de développement
régional qui permettra, au moyen de subventions de l’Etat et de la mise en œuvre de la
solidarité inter régionale, de promouvoir le développement et de réduire les disparités
régionales.

La présente loi fixe les compétences et les ressources financières de la région, qui
fonctionne en tant que C.L dotée d’un Conseil jouissant d’un pouvoir délibératif et de
contrôle sur l’autorité exécutive (le gouverneur du chef lieu de la région), à travers un
mécanisme novateur qui privilégie la concertation, l’information et la collaboration.

La tutelle, quant à elle, sera exercée sous le contrôle du tribunal administratif et la


régularité de la gestion budgétaire et financière est garantie par l’intervention de la Cour
régionale des comptes.

3.3. A qui incombe l’initiative de création des régions ?

23
Fiscalité des collectivités territoriales

D’après le titre premier – chapitre unique de la loi 47-06, l’article 1 prévoit que les
régions, en tant que collectivités locales, sont dotées de la personnalité morale et de
l’autonomie financière et la gestion des affaires de la région doit être assurée par un
Conseil « démocratiquement élu » pour une période de six ans.

Le Conseil règle également, par ses délibérations, les affaires qui sont transférées par
l’Etat à la Région mais le Conseil régional ne peut délibérer sur des affaires à caractère
politique ou étrangères aux questions d’intérêt régional. »

L’art 2 de la loi 47-96 prévoit que « la création (par qui ?) et l’organisation de régions ne
peuvent, en aucun cas, porter atteinte à l’unité de la nation et à l’intégrité territoriale du
Royaume ». D’après l’article 3, les représentants de la région formant le conseil régional
ne sont pas élus au suffrage universel direct. Ils émanent des collectivités locales, des
chambres professionnelles, des salariés et des parlementaires de la région. A noter que
le nombre, le nom, les limites territoriales et le chef lieu des régions sont fixés par
décret.

Ainsi ni la loi 47-96, ni la Constitution actuelle ne permettent de préciser explicitement le


pouvoir de création d’une région, en tant que collectivité locale/ territoriale.

3.4. Appréciation critique de la loi 47-96

Actuellement, la région est posée comme axe stratégique dans le développement socio-
économique et dans la réforme du système de gouvernance. Il est question de créer un
environnement favorable au déclenchement d’un processus dynamique de participation
et de changement. La décentralisation et la région en particulier constituent un élément
essentiel à l’ancrage de la culture démocratique locale.
La gestion territoriale par l’Etat central au Maroc a été pendant longtemps dominée par
la priorité sécuritaire. La loi 47-96 relative à l’organisation de la région demeure marquée
par cette tendance, bien que reconnaissant dans l’exposé des motifs de cette loi que « le
Maroc d’aujourd’hui (…) a atteint la maturité nécessaire qui lui permet de s’engager dans
une nouvelle étape d’approfondissement de la démocratie locale que la régionalisation
mettra au service d’un mieux être économique et social.

La région est considérée dans l’exposé des motifs de cette loi comme un « nouvel espace
de débat, de concertation et de formation à la chose publique » qui doit permettre
encore davantage « l’ancrage de la démocratie au niveau local grâce à une plus large
prise en charge par les citoyens eux-mêmes de leurs affaires. » C’est un acquis
démocratique. Le cadre régional constitue une base de représentation nationale à la
Chambre des conseillers.

Néanmoins, et parallèlement, la coordination des services extérieurs de l’Etat se fait sous


l’autorité du gouverneur.

La région demeure d’abord en espace de développement économique et social. C’est un


nouvel instrument de solidarité.

24
Fiscalité des collectivités territoriales

Mais ni la constitution, ni la loi 47-96 ne précisent l’origine quant à l’initiative de création


d’une région. L’article 2 de la loi 47-96 précise que « le nombre, le nom, les limites
territoriales et le chef lieu des régions sont fixés par décret ». Le même article ajoute que
« la délimitation de la région a pour finalité la constitution d’un ensemble homogène et
intégré.

Le titre II de la loi 47-96 aborde la question des compétences. L’article 7 définit les
compétences propres à la région. Mais ces compétences propres peuvent être sous le
contrôle étroit de l’Etat central. En effet, le plan de développement économique et social
de la région élaboré par le Conseil est transmis au « Conseil supérieur de la promotion
nationale et du plan pour approbation. »

Il en est de même du schéma régional d’aménagement du territoire qui doit être élaboré
conformément aux orientations et objectifs retenus au niveau national et transmis par le
Conseil régional au Comité interministériel d’aménagement du territoire pour
approbation.

L’article 8 de la loi 47-96 définit les compétences pouvant être transférées. Mais l’article 9
réduit le Conseil régional à une fonction purement consultative. Celui-ci « peut faire des
propositions et des suggestions et émettre des avis ».

Dans l’organisation et le fonctionnement du Conseil régional apparaissent clairement le


poids réel et l’omniprésence du Ministère de tutelle. L’action du Conseil régional est
presque toujours soumise au contrôle et à l’approbation du gouverneur ou son
représentant. Cette situation consacrée par la loi peut être une source de dépendance
voire de blocage et d’affaiblissement du Conseil régional.

3.5. Evolution récente du concept de région :

Depuis le discours royal du 03 janvier 2010, il est question de créer une dynamique de
participation des populations, en tenant compte aussi bien des spécificités locales que
des expériences internationales.

En fait, après dix années de règne, au cours desquelles des actions importantes ont été
prises dans divers domaines, la région apparaît comme un axe stratégique pour amorcer
un véritable changement dans le mode de gouvernance et dans la définition des
politiques publiques.

Le dossier des graves violations des droits humains, traité par l’Instance Equité et
Réconciliation (IER), a permis une relative réconciliation de l’Etat à la population. Le
processus amorcé à ce niveau devrait continuer à travers la concrétisation / réalisation
de la recommandation relative aux « réparations collectives ». Car comme souligné dans
le rapport de l’IER, les atteintes et violations, n’ont pas touché seulement des individus
ou des familles. Elles ont concerné des régions toutes entières, privant celles-ci des

25
Fiscalité des collectivités territoriales

infrastructures de base nécessaires à un niveau de développement humain : écoles,


dispensaires et hôpitaux, logements salubres, eau potable, routes (…). A titre d’exemple,
dans le domaine sanitaire, le ratio nombre d’habitants par médecin varie de 3757 pour la
région Taza Al hoceima Taounate à 567 pour la région de Rabat-salé Zemmour Zaer avec
une moyenne nationale de 1418. Le ratio pour les établissements d’enseignement
primaire est de 0,2% pour la région de Oued Eddahab Lagouira à 10,4 % pour la région
du Grand Casablanca. La concentration des établissements industriels varie de 2617
unités pour la région du Grand Casablanca, avec une valeur ajoutée de 126 060 millions
de Dh, à 23 unités pour la région de Oued Eddahab Lagouira, avec une valeur ajoutée de
566 millions de DH. Plus grave encore, et là il s’agit de politiques publiques récentes et
de responsabilité de l’Etat, la répartition des investissements publics selon les régions va
tout à fait à contre courant des bonnes intentions officielles. En effet, la région de Rabat
Salé Zemmour Zaër a bénéficié en 2010 de plus de 33 millions de DH, au moment où
Oued Eddahab Lagouira reçoit 659 millions de DH. Par habitant, l’investissement public
est de 14 314 dh pour Rabat Salé Zemmour Zaër est de 1 224 pour Tadla Azilal. Des
régions, comme celle d’Al Hoceima, longtemps enclavée, ont bénéficié à peine de 1 512
Dh par habitant. A cela s’ajoute la concentration des investissements privés dans l’axe
principal de la côte Atlantique El jadida-Tanger.

Le rapport du cinquantenaire a aussi permis de dresser en 2005 un état des lieux général
après cinquante années d’indépendance. Les inondations à la suite des fortes pluies des
années 2008, 2009 et 2010 ont aussi révélé le retard accumulé pendant les cinquante
années qui ont suivi l’indépendance et en particulier la précarité des infrastructures de
base au niveau régional.

3.6. La région, choix stratégique ou simple réponse à une situation


contingente ?

La question du Sahara pèse lourdement sur les finances publiques du Maroc. C’est aussi
une question qui impacte négativement le Maroc sur le plan international. Aussi, la
proposition faite par le Maroc peut être perçue comme une issue à un conflit qui perdure
depuis plus de 35 ans.

Néanmoins, la problématique de la régionalisation ne peut être limitée à la question du


Sahara. Et le discours royal du 03 janvier 2010 traduit la volonté d’inscrire la région dans
un cadre beaucoup plus large. C’est dans cette optique qu’une commission a été
constituée. Cette commission a pour rôle de procéder à un examen, et à une évaluation
des expériences locales et internationales et d’élaborer un rapport en vue d’éclairer le
pouvoir de décision quant aux choix possibles et réalisables.

Les contraintes actuelles sont assez nombreuses quant à l’édification de régions


véritablement autonomes, pouvant jouer un rôle d’acteur actif et efficace sur tous les
plans.

3.7. Potentiel économique des régions :

26
Fiscalité des collectivités territoriales

Pour le secteur primaire (agriculture et pêche), la première région est celle de Souss
Massa Draa avec 32 % (1998-2008).

Pour la période 1998 à 2008, la contribution moyenne de l’agriculture dans le PIB a été
de 14% (voir tableau n° 1). La région de Souss Massa Draa représente à elle seule
presque le tiers de cette contribution (31,6%).

Avec les régions de Gharb Chrarda Ben hssen, l’Oriental et Tadla Azilal, ce taux est de
78,90 %.

La valeur ajoutée, c'est-à-dire la contribution moyenne dans le PIB, du secteur


secondaire, pour la même période, est de 28%. L’industrie de transformation vient en
tête dans le secteur secondaire avec un taux de 17%. Cette dernière représente à elle
seule 15% du PIB (1998-2008) avec 51,8% pour la région du Grand Casablanca.

Avec les régions de Tanger – Tetouan (9,5%) et Doukkala Abda (9,1%), le taux est de
70,4% pour ces trois régions. Si l’on ajoute les régions de Rabat Salé Zemmour Zaer
(4,9%) et Gharb – Chrarda Beni hssen (4,8%), le taux est de 80,1% pour les cinq
régions se situant sur la côte centre Nord Ouest de l’Atlantique.

Pour l’industrie d’extraction, quatre régions représentent à elles seules 94,4% de la


production. Il s’agit de Chaouia Ouardigha (58,5%), Marrakech Tensift El haouz (16,1%),
Doukkala Abda (11,5%) et Lâayoune Boujdour (8,3%).

Le raffinage de pétrole et autres produits d’énergie ne constitue que 0,3% du PIB (1998-
2008), totalement concentré à Mohammadia (Région du Grand Casablanca), après la
fermeture de l’unité de raffinerie située à Sidi Kacem.

L’eau et l’électricité représentent 3% du PIB (1998-2008) avec une concentration pour


les cinq régions situées sur la côte Atlantique Centre Nord Ouest, soit 56,2%.

Le secteur des bâtiments et travaux publics (BTP) a contribué à hauteur de 4,3% du PIB
(1998-2008), avec 47,40% pour quatre régions mais dispersées sur le plan national :
Grand Casablanca 15,7% ; Tanger-Tetouan : 11,5% ; Souss Massa Draa 10,3% et
Marrakech Tensift 9,9%.

La valeur ajoutée régionalisée consolidée du secteur secondaire permet de constater que


les régions du centre Nord Ouest concentrent, pour la période 2000-2007, à elles seules,
65.4% au niveau national, soit : Grand Casablanca 35,7% ; Tanger Tétouan 9,3% ;
Doukkala Abda 8,9% ; Gharb 4,5% et Rabat – Zemmour 6,8%.

La contribution des hôtels et des restaurants est de 2% du PIB. Les régions de Souss
Massa et Marrakech Tensift Al haouz réalisent à elles seules 68,6% (1998-2007).
Néanmoins, cette activité n’est pas très concentrée au niveau national. Il en est de
même des services marchands hors hôtels et restaurants, avec néanmoins une
concentration relative pour les régions du Grand Casablanca et de Rabat Zemmour avec

27
Fiscalité des collectivités territoriales

31% au niveau national. Quant aux services non marchands (administrations et services
publics), la région de Rabat Salé Zemmour … concentre à elle seule 19%. Avec le Grand
Casablanca, le taux est de 31%.

Pour l’ensemble des secteurs (primaire, secondaire et tertiaire), le PIB régionalisé permet
de constater une concentration sur la côte centre Nord Ouest où se situent cinq régions,
avec 48,3%.

Le PIB par habitant permet de constater une variation importante entre les régions. Si,
en 2007, le PIB par habitant au niveau national est de 16 562 DH, il est de 30 316 DH
dans le Grand Casablanca, de 11 464 DH pour Meknes Tafilalet et à peine de 8 331 DH
pour Taza Al Hoceima.

Ainsi certaines régions concentrent la création des richesses. C’est le cas du Grand
Casablanca avec 18,8%, Souss Massa Draa avec 12,2%, Rabat Salé Zemmour Zaer avec
9,8% et Marrakech avec 8,2%.

50% de la valeur ajoutée primaire nationale est concentrée dans les régions de Souss
Massa Draa (32%) et du Gharb (18%). L’activité secondaire est concentrée sur la côte
atlantique centre Nord Ouest, soit 54,4% avec 36% pour le Grand Casablanca, 9,5%
pour Tanger Tétouan et 8,9% pour Doukkala Abda. Pour le tertiaire, la concentration est
assez faible.

TABLEAU N° 1 STRUCTURE MOYENNE DE LA VALEUR AJOUTEE AGRICOLE


REGIONALISEE
(1998-2007)

Région % Montant en % du secteur primaire


millions de
DH
Oued Eddahab Lagouira - - 0,8
Laayoune Boujdour Sakia Hamra
Guelmim Essmara - - 1,2
Souss Massa Draa 0,1 100 1,2
Gharb Chrarda Ben hssen 31,6 25 000 32
Chaouia Ouardigha
Marrakech Tensift El haouz 20,3 12 000 18,2
Oriental 2,0 2 000 1,9
Grand Casablanca
Rabat Salé Zemmour Zaer 6,8 5 500 6,5
Doukkala Abda 14,8 10 000 13,9
Tadla Azilal 0,1 100 0,6
Meknes Tafilalet
Fes Boulemane 0,9 900 0,8
28
Fiscalité des collectivités territoriales

Taza Al houceima Taounate 1,8 1 800 1,9


Tanger Tétouan 12,2 9 000 11,4
1,4 1 400 1,4
0,8 800 0,8

1,5 1 500 1,6


5,6 5 000 5,7

II. Principales insuffisances de la fiscalité locale

1. Au niveau des textes législatifs et réglementaires.

Malgré la réforme de la fiscalité locale au 2007, de nombreuses insuffisances


demeurent inhérentes aux dispositions légales et réglementaires.

En effet, malgré leur réduction par la suppression de 24 taxes, le nombre d’impôts et


taxes locaux demeure élevé. 11 taxes ont été instituées au profit des communes
urbaines et rurales. Toutefois, les communes rurales ne sont pas concernées par la
taxe d’habitation, la taxe de services communaux, la taxe sur les opérations de
lotissement et la taxe sur les terrains urbains non bâtis. Cette dernière n’est due que
dans les zones urbaines et les centres délimités disposant d’un document d’urbanisme.

Alors que pour les préfectures et provinces, ont été instituées trois taxes :

- Taxe sur les permis de conduire ;


- Taxe sur les véhicules automobiles soumis à la visite technique ;
- Taxe sur la vente des produits forestiers.

Il est clair que pour les deux premières taxes, ce sont surtout les grandes
agglomérations urbaines qui pourront bénéficier de plus de recettes. Pour la troisième,
ce sont les régions forestières qui pourront en être le plus bénéficiaires.

Quant aux régions, trois taxes sont prévues, à rendement inégal :

- La taxe sur les permis de chasse ;


- La taxe sur les exploitations minières ;
- La taxe sur les services portuaires.

Certaines régions enclavées ne pourront guère bénéficier de ces taxes.

Par ailleurs, malgré la réforme de la fiscalité locale, de nombreuses « redevances »


ont été maintenues par la loi 39-07 au profit des collectivités locales.

Il s’agit de :

29
Fiscalité des collectivités territoriales

- la taxe sur la dégradation des chaussées ;


- la taxe de légalisation des signatures et de certification conforme de copies ;
- droits d’abattage ;
- la surtaxe d'abattage au profit de la bienfaisance ;
- les droits perçus sur les marchés ;
- le droit de fourrière ;
- le droit de stationnement sur les véhicules affectés à un transport public de
voyageurs ;
- les droits d’état civil ;
- les contributions des riverains aux dépenses ;
- les redevances sur les ventes dans les marchés de gros et halles aux poissons ;
- la redevance d’occupation temporaire du Domaine Public Communal pour usage
lié à la construction ;
- la redevance d’occupation temporaire du Domaine Public Communal par des biens
meubles et immeubles liés à l’exercice d’un commerce, d’une industrie ou d’une
profession.
L’ensemble de ces taxes, à faible rendement, est surtout une source de complexité et
de lourdeur dans la gestion administrative des impôts locaux. En 2014, elles ont
représenté 8,15% du total des ressources d’origine fiscale.

C’est aussi un facteur d’augmentation du coût de gestion et surtout de non


transparence, ce qui précarise et affaiblit le principe fondamental d’adhésion volontaire
à l’impôt.

En matière de taxe professionnelle, il y a lieu de citer le fait que les activités


professionnelles assujetties à cette taxe sont annexées à la loi dans une
nomenclature. Or, presque chaque année, de nouvelles activités professionnelles
apparaissent, ou tout au moins connaissent une évolution.

La réalité économique n’étant guère statique, l’actualisation de cette nomenclature


s’avère nécessaire. Et le processus législatif, connu pour sa lenteur, constitue souvent
un frein, voire un obstacle. Les agents du fisc sont obligés de procéder souvent par
assimilation, ce qui renforce le pouvoir discrétionnaire / d’appréciation de
l’Administration fiscale. A cet égard, la voie réglementaire, plus souple, est fortement
recommandée à ce niveau.

A cela s’ajoute l’absence de note circulaire spécifique à la gestion des impôts locaux.

L’inexistence de manuels de procédures de gestion est la principale cause de l’opacité


et des risques de corruption. L’absence de référentiel dans le mode de gestion des
impôts locaux réduit le système de contrôle interne à sa plus simple expression.

Plus grave encore, il y a lieu de rappeler le maintien d’une ancienne note circulaire
datant de 1992 et explicitant le mode de répartition des 30% de TVA entre les
différentes collectivités locales bénéficiaires. Cette note circulaire date d’une époque
dominée par une logique sécuritaire symbolisée par l’ancien Ministre de l’Intérieur
Driss BASRI.

30
Fiscalité des collectivités territoriales

Elle obéit surtout à des calculs d’ordre politique et de contrôle. Son maintien dans le
contexte actuel d’ouverture politique et de changement est tout au moins
incompréhensible.

2. Au niveau de la gestion des impôts locaux

Les recettes provenant des taxes locales représentent 17,5% des prélèvements
obligatoires de l’Etat et induisent une pression fiscale de 3,5%. La seule part de la TVA
revenant aux communes participe pour 60% à l’ensemble des recettes fiscales
locales2. C’est grâce à cette dernière que les dépenses de fonctionnement des
communes sont couvertes, à hauteur de 63%.

Dans la gestion des impôts locaux, le principal dysfonctionnement est relatif à


l’assiette fiscale, en termes de déficit d’appréhension de la matière imposable (30%
des prises en charge de la taxe de services communaux à titre d’exemple).

Le potentiel fiscal des collectivités locales est mal exploité. Ceci est aggravé par la
faiblesse du taux de recouvrement, avec une aggravation des arriérés (RAR=restes à
recouvrer), soit plus de 30% en 2013.

La fiscalité locale est alimentée essentiellement par les impôts transférés (TVA=30% ;
IS=2% en 2016 et IR=2% en 2016) et les trois taxes gérées par la DGI en profit des
collectivités locales (Taxe professionnelle, Taxe d’habitation et Taxe de Services
Communaux).

Les canaux de répartition de ces deux catégories d’impôts représentant pas moins de
80% du total des recettes fiscales sont contrôlés par la Direction Générale des
Collectivités Locales qui fait partie du Ministère de l’Intérieur. Cette situation, compte
tenu des pouvoirs exorbitants accordés aux agents autorité, ne peut être que source
de scepticisme quant à la possibilité d’une réelle évolution vers une véritable
autonomie régionale.

Durant la période 2009 à 2013, les recettes globales des collectivités territoriales (CT)
ont atteint une moyenne annuelle de 27,5 Milliards de dirhams. Avec 21,5 Milliards de
dirhams en moyenne annuelle, les recettes fiscales des communes urbaines et rurales
ont représenté 79% des recettes fiscales totales des C.T, avec 15 Milliards de dirhams
pour les communes urbaines et 6,5 Milliards de dirhams pour les communes rurales.

2
Cour des Comptes. Rapport sur la Fiscalité locale. Synthèse. Mai 2015.

31
Fiscalité des collectivités territoriales

Recettes moyennes des collectivités territoriales au titre de la

période 2009- 2013

Ressourc Ressourc
Type de Ressourc Autres
es gérées es Tot
collectivit % es gérées % % ressourc %
par les transféré al
és par l’Etat es
C.T es

1
Régions 514 139 690 50
394

Préfectur
4
es et 219 0 3 988 286
493
provinces

Commune
15
s 3 848 4 354 5 812 1 031
045
urbaines

Commune 6
1 257 358 4 451 485
s rurales 551

27
Total 5 838 4 852 14 941 1 852
483

32
Fiscalité des collectivités territoriales

3. Structures des recettes des C.T par type de collectivités

Les ressources transférées par l’Etat, constituées pour l’essentiel par la part de la TVA,
représentent 54% de l’ensemble des recettes des C.T, suivies par les ressources
gérées directement par les communes (21%) et par celles administrées par l’Etat
(18%).

Produits des taxes et redevances revenant aux communes

En Millions de DH
STRUCTURE STRUCTURE
Désignation 2013 2014
2013 en % 2014 en %
Fiscalité Locale (1) = (2) + (3) 10 188 8 638 46,37 42,69
Taxes gérées par l’Etat (2) 5 815 4 689 26,47 23,18
Taxe de services communaux 3 213 2 484 14,62 12,28
Taxe professionnelle 2 227 1 973 10,14 9,75
Taxe d’habitation 375 232 1,71 1,15
Taxes et redevances gérées par les communes (3) = (4) 4 373 3 949 19,90 19,52
+ (5)
Taxes gérées par les communes (4) 2 733 2 300 12,44 11,37
Taxe sur les terrains urbains non bâtis 1 121 795 5,10 3,93
Taxe sur les opérations de construction 720 705 3,28 3,48
Taxe sur les opérations de lotissement 260 199 1,18 0,98
Taxe sur les débits de boissons 161 155 0,73 0,77
Taxe de séjour 178 197 0,81 0,97
Taxe sur l’extraction des produits de carrières 175 139 0,80 0,69
Taxe sur les eaux minérales et de table 85 87 0,39 0,43
Taxe sur le transport public de voyageurs 32 22 0,15 0,11
Redevances gérées par les communes (5) 1 641 1 649 7,47 8,15
Taxe sur la dégradation des chaussées 29 27 0,13 0,13
Taxe de légalisation des signatures et de certification des 0,32
77 64 0,35
documents
Droits d’abattage 130 153 0,59 0,76
Droits perçus sur les marchés et lieux de vente publics 191 180 0,87 0,89
Droit de fourrière 27 28 0,12 0,14
Droit de stationnement sur les véhicules affectés à un transport 26 100 0,12 0,49
public de voyageur
Droits d’état civil 85 72 0,39 0,36
Redevance sur les ventes dans les marchés de gros et halles aux 2,17
488 439 2,22
poissons
Redevance d’occupation temporaire du domaine public 2,10
421 424 1,92
communal
Redevance d’occupation temporaire du domaine public
communal par des biens meubles et immeubles liés à l’exercice 168 161 0,76 0,80
d’un commerce, d’une industrie ou d’une profession
Contribution des riverains aux dépenses d’équipement et 1 1 0 0
d’aménagement
Part dans le produit TVA (6) 11 772 11 594 53,58 57,31

33
Fiscalité des collectivités territoriales

Total des ressources d’origine fiscale (7) = (1) + (6) 21 970 20 232 100 100
Les ressources fiscales propres des communes ne couvrent, en moyenne, que 54%
des dépenses de fonctionnement. Le reliquat étant financé par la TVA transférée par
l’Etat.

Cette situation aura tendance à s’aggraver nécessairement. En effet, de 2007 à 2013,


le besoin annuel des dépenses de fonctionnement des communes urbaines a
augmenté de 15,1% et celui des communes rurales, encore plus, de 18,5%.

Quant aux dépenses d’investissement, les recettes fiscales les couvrent à concurrence
de 20% et de 5% respectivement pour les communes urbaines et les communes
rurales.

A ce niveau, il est clair que non seulement les dépenses d’investissements couvertes
par les recettes fiscales locales sont insuffisantes, mais elles le sont encore beaucoup
plus pour les communes rurales.

Les principales observations à souligner à ce niveau sont notamment :

 L’absence de convergence entre la politique fiscale menée en matière


d’impôts d’Etat et celle relative à la fiscalité locale ;
 Le manque d’identification du potentiel fiscal pour mieux définir les
objectifs et les prévisions ;
 L’ambiguïté des objectifs et la quasi absence de plan d’actions dans le
processus de réforme.

Le mal profond souligné dans divers rapports, dont le plus récent est celui de la Cour
des Comptes, est relatif au mode de gouvernance de la fiscalité locale. Une vision
d’ensemble des prélèvements au niveau local fait défaut.

La gouvernance interpelle toutes les parties prenantes :

Communes, DGI, TGR, en tant qu’acteurs techniques principaux dans le processus


fiscal mais surtout le Ministère de l’Intérieur, en tant qu’acteur politique, ayant un
pouvoir décisionnel.

Au niveau des communes, la gestion des recettes financières est reléguée au second
plan.

Le rapport de la Cour des Comptes met directement en cause le mode de gestion


prévalant actuellement.

Certains dysfonctionnements sont liés aux limites organisationnelles, à l’absence de


définition précise des attributions et aux insuffisances en matière de ressources. La
plupart des communes procèdent à la gestion de la fiscalité locale sans le support de
structures appropriées basées sur des organigrammes fonctionnels.

34
Fiscalité des collectivités territoriales

4. Rendement des taxes locales

4.1. La taxe professionnelle

La Taxe professionnelle (T.P) est payée à hauteur de 72% par les personnes morales.
Elle se caractérise par une grande concentration. Un nombre de 163 entreprises
(0,02% de la population assujettie) assure une recette fiscale de 520 M DH, soit 15%
du total des recettes fiscales provenant de la T.P. 3463 entreprises (0,42%) contribue
à hauteur de 1330 MDH, soit 38% du produit global de la TP.

Il y a lieu de noter que le plafonnement de la valeur locative à 50 MDH, à compter du


1er janvier 2001, a entrainé une baisse du produit de cette taxe. Cette mesure a
profité en particulier aux grandes entreprises.

Elle a eu un impact négatif pour certaines régions dont le tissu économique est faible
et où se situent des entreprises minières dont les investissements sont importants.

Le taux de calcul de la valeur locative abaissé à un taux unique de 3% a eu les mêmes


effets.

4.2. La taxe de services communaux

Par contre, cette taxe a tendance à se renforcer, avec l’extension urbaine, et les rares
exonérations. Entre 2005 et 2014, elle est passée de 46,8% à 53% des recettes de la
fiscalité locale gérée par l’Etat (T P, T H et TSC).

Sur la période 2007 à 2013, le nombre d’assujettis aux taxes locales gérées par l’Etat
n’a augmenté que de 965.000, passant de 5.093.000 à 6.058.000, soit 18,9% avec un
rythme annuel moyen de 3,2%. Les émissions ont à peine augmenté de 1,7 MMDH
passant de 5,8 MMDH à 7,4 MMDH, soit un rythme moyen annuel de 4,5%,
correspondant à un montant annuel moyen en émissions de 263MDH.

Le problème principal souligné est relatif aux défaillances observées dans le mode de
gestion et surtout au niveau de l’appréhension de la matière imposable, comme point
de départ.

A cet égard, il y a lieu de noter que si le système de recensement a démontré ses


limites dans l’identification et la prise au charge des contribuables, le régime déclaratif
s’est avéré inopérant, car l’administration fiscale locale n’a guère fait d’effort pour
communiquer et sensibiliser les contribuables quant à leurs obligations déclaratives.

Les autres modes alternatifs de collecte et de traitement des informations ne font


guère l’objet d’un recours structuré et systémique.

Il suffit de comparer les statistiques de l’OMPIC avec celles de la DGI en matière de


T.P.

35
Fiscalité des collectivités territoriales

En effet, si au niveau de l’OMPIC, entre 2008 et 2013, on observe une création de


342 420 entreprises nouvelles, les prises en charge en matière de TP, pour la même
période s’élèvent à peine à 266 636 articles, d’où une différence de 86 057 créations
d’entreprises, ce qui représente 32,3% des prises en charge de la période et 7,7% du
nombre total des assujettis. Cela veut dire tout simplement qu’une bonne partie de la
matière imposable échappe à la vue du fisc. Le radar du fisc est appelé à être
développé, et en particulier au niveau de l’administration fiscale locale. L’exercice du
recensement, mais surtout l’exploitation des multiples sources d’information
disponibles, telles que les régies d’eau et d’électricité, devrait permettre d’atteindre de
meilleurs résultats.

5. Répartition régionale des recettes fiscales

En matière de TP, la Direction Régionale des Impôts de Casablanca a assuré la prise


en charge de 20% du nombre total des articles et de 40% du montant des
émissions, en 2013. Celle de Rabat, pour la même année compte 8% des prises en
charge et 13% des émissions. L’essentiel des recettes de la TP provient des grandes
villes concentrées sur les zones côtières de l’Atlantique : Agadir, Casablanca, Rabat,
Kenitra, Tanger et Tétouan. A titre de comparaison, Béni Mellal, ville moyenne,
connue surtout pour la petite agriculture et l’industrie agro-alimentaire, prend en
charge 2,7% des articles TP et assure 1,3% du total des émissions en matière de TP.

6. Taxes locales gérées par les communes

En 2014, 74% des recettes des taxes locales gérées par les communs sont d’essence
foncière. Elles concernent la taxe sur les terrains urbains non bâtis (TNB) et les taxes
liées aux autorisations de construise ou de lotir. La contribution de la TNB est
prédominante.

Ses recettes représentent le 1/3 de celles de la TSC et trois fois et demi celles de la
TH.

A ce niveau aussi, un grand déficit existe entre la population ou la matière fiscale


identifiée et le potentiel fiscal réel. Cet écart n’est pas mesuré par des études.

La taxe sur les opérations de construction recèle un potentiel fiscal substantiel. Cette
taxe est fortement dépendante de l’évolution du secteur des bâtiments.

Le recul de ce secteur en 2014 s’est traduit automatiquement par une baisse de 2%


de cette taxe.

C’est aussi le cas de la taxe sur les opérations de lotissement qui n’a pas cessé de se
dégrader passant de +16,4% en 2012 à - 23,3% en 2014. Avec des recettes de 200
MDH, en 2014, cette taxe représente 10% des recettes fiscales propres 3 des
communes.

3
Recettes fiscales propres = recettes provenant des taxes gérées directement par les communes.

36
Fiscalité des collectivités territoriales

La taxe sur les débits de boissons a connu une augmentation de 16,7% en


2013, suivie d’une baisse de 3,5% en 2014.

Elle représente, avec 155 MDH, 6% du total des recettes fiscales propres. En fait,
cette taxe fait double emploi avec la TVA.

La taxe de séjour, en 2014, a rapporté 197 MDH, soit 7,4% du total des recettes
fiscales propres.

Paradoxalement, sur la période 2011, le taux de croissance des recettes provenant de


la Taxe de séjour, soit 4,7%, est largement inférieur au taux de croissance du secteur
affichant 13,3% d’amélioration.

La taxe sur l’extraction des produits de carrières connait une évolution négative,
passant de 12,3% en 212 à 0,6% en 2013 et régressant de 20,4% en 2014, exercice
au cours duquel elle a rapporté 140 MDH, soit 6,8% du total des recettes propres.

La taxe sur les eaux minérales et de table s’élève à 87 MDH, et représente 3,7% des
recettes fiscales propres.

La taxe sur le transport public des voyageurs demeure assez faible par rapport au
potentiel fiscal réel. En 2013, elle a quand même connu une augmentation de 52%.
En 2014, elle connait subitement une baisse de 31% !

Pour l’ensemble des taxes gérées directement par les communes, les principaux
problèmes se résument dans le déficit de transparence et de contrôle.

7. Redevances gérées par les communes.

Ce sont les redevances d’occupation temporaire du domaine public qui occupent la


première place, à ce niveau.

En 2014, elles ont rapporté 36% du produit global des redevances. Elle est suivie par
la redevance sur les ventes dans les marchés de gros et halles aux poissons (27%).

8. Recouvrement.

Entre 2009 et 2013, les restes à recouvrer (RAR) sont passés de 13 MM DH à 16,8 MM
DH, enregistrant ainsi une aggravation de 29%. Le taux d’augmentation annuel moyen
des RAR de 7,3% traduit un déficit structurel de recouvrement et constitue une
sérieuse menace quant à la crédibilité de l’impôt en général et des administrations
fiscales en particulier.

 60% des RAR concernent des cotes inférieures à 400 DH, soit 9% en valeur ;
 Jusqu’à 1000 DH, les cotes représentent 82% du nombre des articles et 21%
en valeur ;

37
Fiscalité des collectivités territoriales

 Les articles dont les cotes sont supérieures à 5000 DH représentent 4% en


nombre mais 52% en valeur.

L’amnistie des pénalités et des majorations, dont la dernière date de 2013, est d’abord
perçue par les contribuables honnêtes comme une injustice, voire une violation
flagrante des articles 39 et 40 de la Constitution.

9. Le Contentieux.

Pour la période 2007 à 2012, le contentieux des taxes gérées par l’Etat (TP, TH et
TSC) représente en moyenne 39% du nombre des réclamations relatives aux
différents impôts et taxes administrés par la DGI, alors que le produit de ces mêmes
taxes représente en moyenne annuelle 2,6% de l’ensemble des prélèvements fiscaux
de l’Etat. C’est dire le coût exorbitant de gestion administrative des taxes locales.

10. Administration.

Dans le rapport de la Cour des Comptes de 2015, le doigt est mis sur l’absence d’un
système de gouvernance capable de prendre en charge la gestion de l’impôt dans ses
diverses dimensions, notamment au plan de l’organisation de l’ensemble du processus
d’imposition et des structures appropriées pour une gestion efficiente des taxes
locales.

Le problème se pose avec beaucoup d’acuité, en particulier pour les taxes gérées
directement par les communes qui connaissent un déficit structurel et endogène.

La procédure de recensement est rarement mise en œuvre car complexe, lourde et


coûteuse, en plus des risques qu’elle comporte en matière de corruption.

L’administration communale n’est guère suffisamment outillée en termes d’expertise,


d’encadrement et de moyens humains et matériels pour assurer une gestion efficiente
de la fiscalité locale.

L’absence de coordination et le manque d’échange d’information réduit à néant les


quelques efforts individuels exceptionnels, vite isolés et découragés, voire étouffés.

Ainsi, à ce niveau, les principales insuffisances ont trait à :

- La faiblesse des moyens humains et matériels de l’administration fiscale


locale ;
- La complexité du système fiscal local ;
- L’absence d’une administration fiscale chargée de la fiscalité locale est
une sérieuse entrave à la mise en œuvre d’une véritable réforme de la
fiscalité locale.

38
Fiscalité des collectivités territoriales

11. Principales recommandations

La logique de toute politique fiscale cohérente devrait résider dans la complémentarité


des différentes ressources de financement.

Pour renforcer la cohérence et l’efficacité du système fiscal local, il est nécessaire de


prévoir :

- Le renforcement des ressources fiscales propres ;


- Le partage des impôts d’Etat selon des critères rationnels de complémentarité et
de solidarité ;
- La mise en place de mécanismes appropriés de péréquation en vue d’une
répartition optimale, équitable et transparente des ressources fiscales de transfert
(TVA).

Pour éviter la superposition des impositions, voire la « concurrence fiscale », il est


recommandé de centrer la fiscalité locale sur les impôts fonciers et de supprimer
progressivement les taxes concurrentes à celles de l’Etat, telles que la taxe des débits de
boisson qui fait double emploi avec la TVA.

La simplification du système fiscal local est un préalable indispensable pour préparer le


terrain à une réussite de régionalisation.

En priorité, la publication d’une circulaire d’application de la fiscalité est une action


urgente.

L’évaluation des dépenses fiscales spécifiques aux impôts locaux est aussi nécessaire.

Le mode d’affectation de la TVA doit être revu sur la base de nouveaux critères définis
par voie réglementaire (Décret) et tenant compte des changements institutionnels en
cours (nouvelle Constitution, loi sur la régionalisation..).

12. Autres recommandations :

- L’établissement d’un rapport annuel sur la fiscalité locale ;


- L’établissement d’un rapport annuel sur les dépenses fiscales spécifiques à la fiscalité
locale ;
- L’établissement d’un rapport annuel sur le recouvrement des impôts locaux ;
- La suppression/simplification des taxes à faible rendement et dont le coût de gestion
administrative est élevé ;
- Unification, renforcement de l’efficience par une mobilisation optimale du potentiel
fiscal réel, priorisation des approches simples, et limitation du nombre de taxes ;
- Un réexamen du bien fondé de la différentiation des activités en matière de TP ;

39
Fiscalité des collectivités territoriales

- La mise en place d’un système d’information connecté aux systèmes d’information de


partenaires/sources détenant des informations clés quant à l’appréhension de la
matière imposable, à l’assiette fiscale et au recouvrement ;
- L’établissement de grilles de loyers de manière neutre et transparente avec leur
publication à grande échelle ;
- La création d’un comité des finances des collectivités territoriales à vocation
transversale ;
- La création d’un institut de formation, permettant notamment le développement de
la professionnalisation et de l’expertise dans la gestion dans le domaine de la fiscalité
locale ;
- Le transfert progressif à l’administration fiscale locale de la gestion des trois taxes
actuellement gérées par la DGI au profit des CL.

III. Le partage des ressources fiscales entre l’Etat et


les régions à travers certaines expériences
internationales

Le débat autour de la question de la régionalisation est intimement lié aux questions


relatives au partage des pouvoirs et des ressources entre l’Etat et les collectivités locales,
d’une part, et entre les différents niveaux de collectivités, d’autre part.

Les contraintes de l’Etat et les exigences de la décentralisation posent nécessairement le


problème de la recherche d’une répartition optimale des recettes fiscales entre l’Etat et
les collectivités locales, et entre les différents niveaux de collectivités.

Ce débat soulève également la question de l’autonomie financière des collectivités


locales. Car sans ressources propres la région ne peut prétendre réellement à des
pouvoirs propres. Sans moyens financiers, la région ne pourra être que virtuelle.

Par ailleurs, les expériences internationales de décentralisation et les modes de


financement adoptés varient considérablement d’un pays à l’autre.

Dans les pays fédéraux, et par opposition aux pays unitaires, des pouvoirs propres
importants et une autonomie budgétaire substantielle sont reconnus aux collectivités
locales.

La question du partage du pouvoir fiscal est une question fondamentale en matière


budgétaire, pour doter les autorités infranationales (régionales ou locales) de
compétences en matière d’institution et de gestion des impôts leur permettant une
autonomie fiscale avec des mécanismes de péréquation verticale et/ou horizontale.

40
Fiscalité des collectivités territoriales

Les mécanismes existants de partage des impôts entre les différents niveaux des
administrations publiques impliquent des degrés divers d’autonomie fiscale pour les
échelons infranationaux des administrations publiques.

Les expériences étrangères montrent que le mode de financement généralement adopté


par les pays ayant opté pour le fédéralisme, la régionalisation ou la décentralisation se
base:

- soit sur une fiscalité locale propre avec une autonomie partielle ou totale en
matière de détermination d’assiette, de fixation des taux et de recouvrement ;

- soit sur le partage du produit des impôts d’Etat dont le pouvoir de législation et
d’administration reste entre les mains de l’Etat central.

Dans ce cadre, il faut distinguer le partage du pouvoir fiscal du partage du produit


de l’impôt.

1- Partage du pouvoir fiscal

Le partage du pouvoir fiscal s’entend de la répartition des compétences en matière de


législation et d’administration de l’impôt entre l’Administration centrale et les autorités
infranationales pour leur attribuer des recettes fiscales.

Si l’attribution d’un véritable pouvoir fiscal en matière de gestion des impôts locaux
propres présente l’avantage de permettre aux autorités infranationales de disposer de
marges de manœuvre d’adaptation du niveau des prélèvements fiscaux aux besoins de
leur financement et à la qualité du service public fourni aux contribuables, dans le cadre
d’une autonomie fiscale totale ou partielle, le partage de pouvoir de législation et
d’administration en matière d’impôts d’Etat présente cependant les inconvénients
suivants :

- la multiplicité des intervenants à l’échelon régional (région, préfecture ou


province, communes urbaines et rurales) ;
- le partage de la base imposable et donc l’effritement de la matière imposable avec
le risque de double emploi voire de conflits de compétences ;
- la différence des taux d’imposition entre les régions qui risque de porter atteinte
au principe d’équité fiscale et d’engendrer une concurrence fiscale néfaste pour
certaines régions ;
- le risque de variation des recettes et de fuite de la matière imposable.
Sur le plan théorique, les choix fiscaux, en matière d’attribution du pouvoir d’imposition,
sont guidés par des principes généraux reconnus. Ces principes peuvent être résumés
comme suit :

 les bases d’imposition présentant une faible mobilité devraient être taxées au
niveau des autorités infranationales (terrains, constructions…) et celles présentant

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Fiscalité des collectivités territoriales

une forte mobilité devraient être taxées par l’Administration Centrale (capital,
revenus…);
 les impôts à taux progressifs sur les personnes physiques devraient être prélevés
par les autorités disposant des moyens permettant la mise en place efficace d’une
base d’imposition globale ;
 l’imposition progressive, destinée à servir des objectifs d’équité et de
redistribution, devrait incomber à l’Administration fiscale centrale ;
 les impôts servant les objectifs d’une politique nationale ou sectorielle doivent être
prélevés au niveau central (impôt de solidarité, fortune…) ;
 les bases d’imposition qui sont réparties très inégalement entre les régions doivent
être taxées par l’Administration fiscale centrale (ressources naturelles, mines,
pétrole, etc …) ;
 l’impôt sur les prestations et les redevances peut être prélevé au niveau local (lieu
de livraison ou de consommation).

2- Partage du produit de l’impôt

Le partage du produit de l’impôt est une technique qui permet d’accorder des ressources
suffisantes aux régions pour accompagner les transferts de compétences tout en
sauvegardant la cohérence et l’efficacité du système fiscal global sans transfert de
pouvoir normatif.

L’histoire de la fiscalité dans les Etats fédéraux montre que leurs systèmes fiscaux ont
évolué d’une conception classique de séparation des pouvoirs fiscaux vers une
concentration de ces pouvoirs aux mains de l’Etat central.

Dans les systèmes modernes, les impôts nationaux sont prélevés par l’Etat central qui les
répartit ensuite entre les entités inférieures. Le risque est atténué par le fait que les
entités régionales sont fortement représentées au niveau central et participent
effectivement dans le processus de décision fiscale.

A titre d’exemple, en Allemagne, les trois principaux impôts (T.V.A, impôt sur le revenu
et impôt sur les sociétés) sont perçus collectivement puis partagés entre l’Etat, les
Länder et les communes, en y intégrant des mécanismes redistributifs et péréquateurs.
Ces impôts représentent 70% des recettes fiscales locales et leur répartition se fait selon
les clés suivantes :

- impôt sur le revenu : 42,5% pour l’Etat, 42,5% pour les Länder et le reste pour
les communes ;
- Impôt sur les sociétés : 50% pour l’Etat et 50% pour les Länder ;
- T.V.A. : 54,7% pour l’Etat, 43,3 pour les Länder et 2% pour les communes.

42
Fiscalité des collectivités territoriales

Le fédéralisme allemand se caractérise donc par l’uniformité du droit fiscal pour réduire
l’éventualité d’une concurrence fiscale entre les régions et permettre une concurrence
par le biais des dépenses publiques et l’octroi d’un meilleur service public aux usagers.

De manière générale, les expériences internationales démontrent l’existence d’une


grande variété dans les pourcentages des recettes fiscales totales prélevées par les
administrations locales. A titre d’exemple :
- les autorités locales du Mexique, de l’Australie et de l’Autriche ne jouent aucun
rôle dans la perception des impôts. 20% à 30% des impôts prélevés par
l’Administration Centrale leur sont transférés;
- en Belgique, en Allemagne et aux Etats-Unis, la part des recettes fiscales
collectées par les Administrations locales représente plus de la moitié des recettes
fiscales totales du gouvernement central.

Les avantages de cette technique de partage du produit de l’impôt peuvent être résumés
comme suit :

- le renforcement des ressources fiscales propres et la réduction du risque


d’éparpillement de la matière imposable ;

- la rationalisation des systèmes fiscaux par la concentration de la fiscalité sur les


impôts synthétiques modernes ayant une assiette large et un rendement élevé ;

- la maîtrise du coût de gestion de l’impôt par l’Administration centrale en matière


d’assiette, de recouvrement et de contrôle ;

- une redistribution rationnelle et modulable du produit de l’impôt selon des critères


multiples et à des fins de péréquation et de solidarité ;

- l’absence de concurrence fiscale entre les régions à travers l’application des taux
uniformes à l’échelle nationale.

IV - Axes de réflexion sur la répartition des ressources


fiscales entre l’Etat et les futures Régions

L’attribution de nouveaux pouvoirs ou le transfert de compétences aux futures régions


entraînera certainement de nouvelles dépenses et nécessitera la recherche de nouvelles
ressources afin de renforcer le mode de financement actuel constitué de faibles
ressources provenant des taxes locales propres et des recettes fiscales transférées par
l’Etat.

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Fiscalité des collectivités territoriales

Les ressources fiscales actuellement prévues spécifiquement au profit des régions sont
bien sûr insuffisantes. Le tableau suivant permet d’apprécier ces ressources
comparativement à celles destinées à d’autres collectivités locales.

En millions de dirhams
Collectivité Régions Préf/Prov. Communes Communes Total
locale rurales urbaines
Recettes 1 351 5 605 6 573 15 217 28 746
Ressources 410 236 1 317 4 321 6 284
gérées par les
collectivités
Ressources 125 0 333 4 232 4690
gérées pour le
compte des CT
Ressources 816 5 369 4 923 6 664 17 772
transférées

Source : Bulletin mensuel de statistiques des finances locales, décembre 2012, TGR.

Ainsi, en 2012, les recettes dont ont bénéficié les régions représentent à peine 4,69% du
total des recettes des collectivités territoriales.

Et, de manière générale, ce sont en particulier les ressources transférées, constituées de


la TVA, de l’IS et de l’IR, qui représentent la part la plus importante des recettes des
collectivités locales, soit, 61,82%. Avec les ressources gérées par la DGI (taxe
professionnelle, taxe d’habitation et taxe de services communaux) pour le compte des
collectivités locales, le pourcentage est de 78,13%. Les ressources propres des
collectivités locales ont donc atteint à peine 21,87% du total. Cette situation pose toute
la question du degré effectif d’autonomie de ces collectivités, compte tenu de la forte
dépendance financière vis-à-vis du pouvoir central.

Cependant, la recherche de nouvelles sources de financement pour les régions ne devrait


pas déstabiliser totalement le système fiscal actuel aux niveaux national et local, comme
elle ne devrait pas se traduire par l’augmentation de la pression fiscale sur les ménages
et les entreprises par la création de nouveaux impôts.

Les expériences de certains pays ayant opté pour le fédéralisme nous enseignent que la
technique généralement utilisée pour financer les compétences transférées aux
collectivités infranationales est celle de la répartition du produit des impôts d’Etat sans
transfert de pouvoir normatif, avec éventuellement une cogestion. L’Etat central garde le
pouvoir de régulation avec des mécanismes de participation des représentants des
autorités infranationales dans la prise de décision devant les instances législatives. C’est
44
Fiscalité des collectivités territoriales

déjà le cas au Maroc où les collectivités locales sont représentées dans la Chambre des
conseillers.

Cette répartition peut être verticale entre l’Etat et les Régions, dans une première étape,
et horizontale dans une seconde étape entre les différentes régions, selon des critères
précis pour assurer la fonction de péréquation et de solidarité.

L’application des principes théoriques de partage des impôts nationaux, cités


ci-dessus, dans le cas du Maroc, devrait permettre d’aboutir aux recommandations
suivantes :

 l’impôt sur les sociétés devrait relever des compétences de l’Administration fiscale
centrale pour les raisons suivantes :

 la technicité et les coûts très élevés d’administration et de contrôle de cet


impôt ;

 les risques inhérents à la forte mobilité de l’assiette fiscale due aux transferts
des bénéfices par des montages juridiques et financiers, tels que les prix de
transfert ;

 la détermination du taux d’imposition à l’échelle nationale permet d’éviter les


risques liés à l’effritement de la matière imposable dû à la variation des taux
d’imposition dans les collectivités territoriales ainsi que les risques liés à la
délocalisation des projets d’investissement (concurrence fiscale inter régionale) ;

 l’impôt sur le revenu des personnes physiques doit être prélevé par
l’Administration fiscale centrale, compte tenu des principes de globalité et de
progressivité de l’IR. Les revenus imposables à l’IR doivent être appréhendés dans
leur globalité, au niveau national;
 la TVA peut être prélevée au niveau local, en fonction du lieu de consommation ou
de livraison. Néanmoins, l’administration fiscale centrale doit avoir un droit de
regard sur les taux appliqués, pour éviter une concurrence fiscale inter régionale ;
 les droits d’enregistrement et de timbre peuvent être prélevés au niveau local en
raison des lieux de transaction, mais avec un droit de regard au niveau central sur
les taux pour éviter une concurrence excessive entre les régions ;
 les impôts fonciers peuvent être prélevés au niveau régional, voire communal, en
raison de la fixité de la matière imposable (terrains agricoles, terrains nus en zone
urbaine et constructions).

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Fiscalité des collectivités territoriales

Ainsi, dans l’hypothèse du maintien du pouvoir fiscal en matière de législation et


d’administration des impôts nationaux entre les mains de l’Etat, le mode de partage du
produit de l’impôt sur le revenu, de l’impôt sur les sociétés et de la taxe sur la valeur
ajoutée peut être envisagé pour financer les compétences qui seront transférées aux
régions.

Ce nouveau partage pourra renforcer l’expérience du Maroc en capitalisant sur l’existant,


tout en s’inspirant des meilleures pratiques observées sur le plan international.

Concernant le pouvoir fiscal attribué aux collectivités locales en matière de fiscalité locale
propre, celui-ci peut être élargi afin de leur permettre de mettre en place des stratégies
de développement local appuyées sur une fiscalité adaptée aux spécificités de chaque
territoire avec un pouvoir de coordination et de régulation à définir par l’Etat et/ou les
collectivités territoriales.
Les régions devraient développer leur capacité de gestion des impôts propres par la mise
en place d’une administration fiscale régionale efficace et dynamique, laquelle pourrait
éventuellement prendre totalement en charge la gestion des trois taxes gérées
actuellement par la DGI pour le compte des collectivités locales (taxe professionnelle,
taxe d’habitation et taxe de services communaux).

Le rapport du Conseil Consultatif sur la Région a permis d’établir un diagnostic exhaustif


sur la situation actuelle des régions et a tracé les voies de réforme possible.
Néanmoins, les aspects relatifs au financement des régions ont été faiblement
approfondis, malgré leur importance stratégique quant au rôle et au devenir effectifs de
ce nouvel acteur territorial.

Cependant, la Constitution de 2011 offre un cadre approprié pour évoluer vers une
régionalisation dynamique et solidaire. Ainsi l’article 141 prévoit : « Les régions et les
autres collectivités territoriales disposent de ressources financières propres et de
ressources financières affectées par l’Etat. Tout transfert de compétences de l’Etat vers
les régions et les autres collectivités territoriales doit s’accompagner d’un transfert des
ressources correspondantes ».

Par ailleurs, deux fonds ont été prévus par l’article 142 : un « Fonds de mise à niveau
sociale », à caractère ponctuel, « destiné à la résorption des déficits en matière de
développement humain, d’infrastructures et d’équipement » ; et un « Fonds de solidarité
interrégionale visant une répartition équitable des ressources, en vue de réduire les
disparités entre les régions ».

L’article 146 prévoit une loi organique qui devra notamment permettre de fixer « le
régime financier des régions et des autres collectivités territoriales » ainsi que « l’origine
des ressources financières des régions et des autres collectivités territoriales prévues à
l’article 141 ».

Ce dispositif devrait ouvrir la voie vers une véritable réconciliation, à la fois horizontale et
verticale, c’est à dire entre toutes les régions et entre les régions et l’Etat, mettant ainsi

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Fiscalité des collectivités territoriales

fin aux séquelles datant de la période coloniale et d’une longue histoire marquée par
l’ancien dualisme Maroc utile et Maroc inutile.

CONCLUSION

Plutôt qu’une conclusion, ce travail pourrait être perçu principalement comme une
première étape nécessaire à une réflexion collective plus approfondie sur la question de
l’équité fiscale aussi bien au niveau local qu’au niveau national.

En effet, le travail de vulgarisation de la fiscalité pour que les acteurs de la société civile
se l’approprie est une étape incontournable. C’est un point de départ indispensable. Cette
vulgarisation ne vise pas seulement la connaissance des textes législatifs et
réglementaires en vigueur. Il est question d’adopter une démarche à la fois descriptive et
analytique pour développer une conscience critique chez les acteurs de la société civile.
C’est cette conscience critique qui porte en elle-même les germes d’une alternative
fiscale où l’équité est au centre des préoccupations. Une équité consacrée dans les textes
et dans la pratique. Une équité inséparable de la participation citoyenne et de la
transparence.

La refonte du système fiscale a besoin de cette démarche à la fois critique et


constructive. Elle a aussi besoin de repères. Ceux-ci ne peuvent être que le fruit d’une
mobilisation citoyenne collective autour d’une boussole indiquant clairement le chemin à
suivre pour développer et partager les valeurs humaines fondamentales que fédère le
respect de la dignité humaine, en tant que dénominateur commun.

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