Vous êtes sur la page 1sur 10

ÉCOLE NATIONALE DES PONTS ET CHAUSSÉES Année 2009-2010

Mastère Génie Civil Européen


Géotechnique 1 - 8 avril 2010
Compactage des remblais

ÉTUDE DES REMBLAIS ET DÉBLAIS DU TRACÉ D’UN PROJET DE DÉVIATION

Un projet de déviation traverse une vallée dont la géométrie a conduit au choix d’un remblai
entouré de deux déblais (Figure 1). Le volume total des déblais est de 80.000 m3 et celui du
remblai de 65.000 m3. Nous ne nous occupons pas de l’ouvrage de franchissement de la
rivière.

Figure 1. Coupe schématique de la vallée

L’étude géologique a identifié la présence de quatre formations géologiques :


- des limons de surface,
- une couche de sable argileux,
- une couche d’argile plastique,
- des colluvions (dépôts de pente), qui contiennent localement de petites nappes.

Les sondages ont permis de réaliser des essais d’identification de ces différentes familles de
sols. Les résultats sont donnés ci-dessous.

Pour les limons de surface, les essais ont fourni les valeurs suivantes :
Teneur massique en particules fines : C80µm = 90 %
Valeur de bleu : VB = 1,9 g/100g
Indice de plasticité : IP = 10
Teneur en eau à l’optimum Proctor normal : wOPN = 13 %
Masse volumique sèche à l’OPN : ρd OPN = 1,87 t/m3
Teneurs en eau naturelles : 15 – 15,2 – 15,5 – 15,7 – 15,9 – 18 – 18,2

Pour l’argile plastique, les essais ont fourni les valeurs suivantes :
Teneur massique en particules fines : C80µm = 98 %
Valeur de bleu : VB = 8,8 g/100g
Indice de plasticité : IP = 37
Teneur en eau à l’optimum Proctor normal : wOPN = 25 %
Masse volumique sèche à l’OPN : ρd OPN = 1,53 t/m3
Teneurs en eau naturelles : 23,9 – 30,2 – 30,9 – 33 – 33,2 - 34

Le sable argileux et les colluvions ont fait l’objet d’essais dont les résultats sont présentés
dans les tableaux 1 et 2.
1/10
Tableau 1. Essais d’identification du sable argileux
a. Courbe granulométrique
d (mm) 0,002 0,006 0,01 0,02 0,08 0,1 0,2 0,6 1 2 6 10 20 60
%<d 5,4 16 22 32 50 53 61 71 75 80 87 90 95 100
b. Courbe de compactage de l’essai Proctor normal
w (%) 12,5 15 16,7 18 19,4
3
ρd (t/m ) 1,71 1,77 1,80 1,77 1,74
c. Courbes de tassement de l‘essai CBR (IPI). Le piston a une surface S = 19,35 cm2.
Temps (s) 59 95 118 236 354 472
w = 12,5 % Enfoncement (mm) 1,25 2 2,5 5 7,5 10
Force (kN) 2,05 2,78 3,14 4,53 5,57 6,45
Temps (s) 59 95 118 236 354 472
w = 15 % Enfoncement (mm) 1,25 2 2,5 5 7,5 10
Force (kN) 1,69 2,24 2,54 3,57 4,16 4,59
Temps (s) 59 95 118 236 354 472
w = 16,7 % Enfoncement (mm) 1,25 2 2,5 5 7,5 10
Force (kN) 1,03 1,37 1,54 2,09 2,40 2,60
Temps (s) 59 95 118 236 354 472
w = 18 % Enfoncement (mm) 1,25 2 2,5 5 7,5 10
Force (kN) 0,6 0,83 0,94 1,33 1,59 1,77
Temps (s) 59 95 118 236 354 472
w = 19,4 % Enfoncement (mm) 1,25 2 2,5 5 7,5 10
Force (kN) 0,33 0,47 0,53 0,79 0,94 1,08
d. Autres essais
Limites de consistance Limite de plasticité wP = 22 Limite de liquidité wL = 46
Valeur de bleu VB = 3,45 g/100g VBS = 2,96 g/100g
Teneurs en eau naturelles (%) : 16 – 17 - 17,2 – 18,3 – 19 – 19,2 – 20 – 20,2

Tableau 2. Essais d’identification des colluvions


a. Courbe granulométrique
d (mm) 0,002 0,006 0,01 0,02 0,08 0,1 0,2 0,6 1 2 6 10 20 60
%<d 9 27 37 53 78 82 89 95 96 97 99 100 100 100
b. Courbe de compactage de l’essai Proctor normal
w (%) 13,8 14,6 16,6 18 19
ρd (t/m3) 1,75 1,77 1,79 1,77 1,73
c. Courbes de tassement de l‘essai CBR (IPI). Le piston a une surface S = 19,35 cm2.
Temps (s) 59 95 118 236 354 472
w = 12,5 % Enfoncement (mm) 1,25 2 2,5 5 7,5 10
Force (kN) 2,19 2,78 3,09 4,16 4,82 5,31
Temps (s) 59 95 118 236 354 472
w = 15 % Enfoncement (mm) 1,25 2 2,5 5 7,5 10
Force (kN) 2,04 2,59 2,88 3,92 4,62 5,20
Temps (s) 59 95 118 236 354 472
w = 16,7 % Enfoncement (mm) 1,25 2 2,5 5 7,5 10
Force (kN) 1,28 1,75 1,98 2,68 3,01 3,20
Temps (s) 59 95 118 236 354 472
w = 18 % Enfoncement (mm) 1,25 2 2,5 5 7,5 10
Force (kN) 1,01 1,28 1,42 1,87 2,14 2,32
Temps (s) 59 95 118 236 354 472
w = 19,4 % Enfoncement (mm) 1,25 2 2,5 5 7,5 10
Force (kN) 0,44 0,60 0,67 0,94 1,10 1,17
d. Autres essais
Limites de consistance Limite de plasticité wP = 20 Limite de liquidité wL = 40
Valeur de bleu VB = 4,40 g/100g VBS = 4,33 g/100g
Teneurs en eau naturelles (%) : 15,7 – 18,3 - 18,7 – 19,6 – 21,5 – 21,5 – 21,8 – 22

2/10
1. Tracer sur le diagramme joint les courbes granulométriques du sable argileux et des
colluvions.

2. Déterminer la dénomination des quatre familles de sols dans la classification des


terrassements routiers (GTR).

3. Déterminer, dans les conditions de l’essai Proctor normal, la teneur en eau optimale et la
masse volumique sèche optimale du sable argileux et des colluvions. Vous utiliserez les
diagrammes joints.

4. Quels sont parmi les quatre familles de sols du site celles qui sont réutilisables en remblai
et dans quelles conditions ?

3/10
Diagrammes de travail

1. Courbe granulométrique

100

Tamisat (%) 80

60

40

20

0
0,001 0,01 0,1 1 10 100 1000

Dimension des particules (mm)

2. Essai Proctor

4/10
ANNEXE – Éléments sur la compactibilité des sols (d’après le GTR 2000).

Introduction
La classification française pour les terrassements a été élaborée pour diviser les matériaux
naturels en sous-classes qui ont les mêmes comportements à l’extraction et au compactage
et des comportements comparables à long terme. Les remblais et couches de forme doivent
avoir des propriétés spécifiées dans les projets et que l’on mesure par des essais. Des
études expérimentales très complètes ont permis de définir les conditions de passage des
différents matériaux initiaux possibles à un remblai ou une couche de forme de
comportement spécifié :
- possibilité ou non de réemploi,
- nécessité de modifier ou non la teneur en eau,
- nécessité d’un traitement à la chaux,
- épaisseur des couches,
- type de compacteur et intensité du compactage (énergie et nombre de passes),
en fonction des conditions climatiques lors de l’exécution du chantier.
Le système de classification des sols pour les terrassements est défini par la norme NF P
11-300.

Classification des sols pour les terrassements


La classification distingue trois familles de matériaux :
- les sols (classes A, B, C et D),
- les roches (classe R),
- les matériaux organiques et les produits industriels (classe F).
Trois critères de classification sont utilisés :
- la nature des sols (courbe granulométrique, propriétés des particules fines),
- la résistance (essais Los Angeles, Micro-Deval Humide, fragmentabilité,
dégradabilité, …),
- l’état hydrique (indice portant immédiat IPI, indice de consistance Ic, rapport de la
teneur en eau naturelle à la teneur en eau optimale proctor wn/wOMC).

Les sols sont classés d’après leur granularité :


- A = sols fins (teneur en fines C80µm > 35%, pas de particules plus grandes que 50
mm : Dmax < 50mm) Cette classe est subdivisée en quatre sous-classes A1-A2-A3-A4
sur la base des valeurs de bleu VBS ou de l’indice de plasticité IP ;
- B = sols sableux et graveleux avec fines : Dmax < 50 mm, avec une teneur en fines
comprise entre 12% et 35% ou bien avec une teneur en fines C80µm inférieure à 12%
mais avec une valeur de bleu VBS > 0,1 g/100g. Cette classe est subdivisée en six
sous-classes B1-B2-B3-B4-B5-B6 sur la base de la teneur en particules supérieures à
2 mm et de l’indice de plasticité IP, de la valeur de bleu VBS ou de l’équivalent de
sable Es ;
- C = sols comportant des fines et de gros éléments (Dmax > 50mm). Cette classe
est subdivisée en deux sous-classes C1 et C2. en fonction de critères sur la
granularité et la forme des particules ;
- D = sols insensibles à l’eau : sols grenus ayant une teneur en fines faible (C80µm <
12%), un indice de plasticité IP ou une valeur de bleu faible (VBS < 0,1 g/100g) et un
Dmax < 50 mm. Cette classe est subdivisée en deux sous-classes D1-D2 sur la base
du pourcentage de particules plus grandes que 2 mm (ou de C2mm).

Les limites des classes sont représentées sur la figure 1.

Les sols reçoivent des noms de la forme :


- pour les sols sans particules plus grandes que 50mm : A2, B5, D1, … ;
- pour les sols contenant des particules plus grandes que 50 mm : C1A3, C2B2,…

5/10
< 80 µm
12 25 40
100% IP

A1 A2 A3 A4

35 %

B5 B6
12 % 100 %
D1 B1 B2
70 % < 2 mm
D2 B3 B4
VBS
0,1 0,2 1,5 2,5 6 8
Figure 1. Définition des classes A, B et D de la classification des sols pour les terrassements

Exemples de classement :

A2 : sol fin (plus de 35% de particules fines, C80µm > 35%), d’indice de plasticité compris
entre 12 et 25.
C1-B5 : sol comportant des particules plus grandes que 50 mm mais représentant
moins de 20-40% de l’échantillon prélevé et/ou comportant de grandes particules
arrondies. La fraction inférieure à 50 mm est un sable ou un gravier d’indice de plasticité
inférieur à 12.
C2-D2 : sol dont la fraction plus grande que 50 mm représente au moins 20-40% de
l’échantillon total, avec des particules anguleuses. La fraction inférieure à 50 mm est une
grave propre.
B6 : sol dont la fraction fine est comprise entre 12 et 35% et dont la plus grosse
particule a une dimension Dmax inférieure à 40 mm. Le choix entre B5 et B6 se fait d’après
la valeur de bleu (au seuil de 1,5 g/100g).
Caractérisation de l’état hydrique du sol

L’état hydrique du sol est un paramètre de classification important pour l’emploi des sols
dans les remblais.

L’évaluation de la teneur en eau du sol (lorsqu’il est sensible à l’eau) est fondée sur la valeur
de son indice portant immédiat IPI ou sur sa teneur en eau naturelle wn rapportée à la teneur
en eau optimale déduite d’un essai Proctor standard wOPN sur la fraction inférieure à 20 mm
(C20mm) ou bien encore sur la valeur de l’indice de consistance du sol Ic.

Cinq états hydriques sont définis :


très sec (ts), sec (s), normal (m), humide (h), très humide (th).
L’état normal (m) est le meilleur pour la mise en place du sol en remblai. Il permet en
particulier un compactage adéquat du sol.
Les états humide (h) et très humide (th) rendent la circulation et le compactage des sols
difficiles (un sol à l’état très humide n’est normalement pas circulable par un atelier de
terrassement courant).
Les états sec (s) et très sec (ts) rendent le sol difficile à compacter pour former des massifs
de remblai stable (on considère qu’il est impossible de compacter correctement un sol très
sec par les méthodes usuelles).

6/10
Les seuils utilisés pour distinguer ces états hydriques pour les différentes sous-classes de
sols sont données rassemblés dans le tableau suivant :

Seuils d’état hydrique


Type de sol Essais de référence ts s m h th
A1 IPI 25 8 3
wn/wOPN 0,7 0,9 1,1 1,25
A2 IPI 15 5 2
wn/wOPN 0,7 0,9 1,1 1,3
Ic 1,4 1,2 1,05 0,9
A3 IPI 10 3 1
wn/wOPN 0,7 0,9 1,2 1,4
Ic 1,3 1,15 1 0,8
A4 Étude spéciale
nécessaire
B1 Pas de sensibilité à la teneur en eau
B2 IPI 8 4
wn/wOPN 0,5 0,9 1,1 1,25
B3 Pas de sensibilité à la teneur en eau
B4 IPI 15 7
wn/wOPN 0,6 0,9 1,1 1,25
B5 IPI 30 12 5
wn/wOPN 0,6 0,9 1,1 1,25
B6 IPI 25 10 4
wn/wOPN 0,7 0,9 1,1 1,3
Ic 1,3 1,2 1 0,8
Les seuils recommandés sont donnés en gras et italique.

Classification des sols d’après leur état hydrique

En pratique, les propriétés des sols utilisées pour la classification se correspondent comme
indiqué dans le tableau suivant.

IPI ≤ 2 or Ic ≤ 0,9 A2th


or wn ≥ 1,3 wOPN
2 < IPI ≤ 5 or 0,9 < Ic ≤ 1,05
or 1,1 wOPN ≤ wn < 1,3 wOPN
A 2h
2,5 < Vbs ≤ 6 5 < IPI ≤ 15 or 1,05 < Ic ≤ 1,2
12 < IP ≤ 25 A2 or 0,9 wOPN ≤ wn < 1,1 wOPN
A 2m

1,2 < Ic ≤ 1,4


A 2s
or 0,7 wOPN ≤ wn < 0,9 wOPN
1,2 < Ic ≤ 1,4
A2ts
or 0,7 wOPN ≤ wn < 0,9 wOPN

7/10
Conditions d’utilisation des sols en remblai

Les règles présentées par le GTR 1992 s’appuient sur deux catégories de paramètres, qui
caractérisent :

- les conditions imposées :


o classement du sol (d’après sa nature et son état hydrique),
o conditions climatiques (pluies, évaporation) ;
- les conditions d’utilisation du sol en remblai, qui peuvent être choisies :
o mode d’extraction (frontal ou par couches),
o modification de la courbe granulométrique (élimination d’une fraction,
fragmentation),
o correction de la teneur en eau (maintenir ou modifier la teneur en eau
naturelle),
o traitement (la chaux),
o épaisseur des couches (pour faciliter la fragmentation ou les échanges d’eau),
o énergie de compactage (faible, moyenne ou forte),
o épaisseur maximale des remblais (<5m, <10m).

Pour chaque classe de sol des recommandations sont données pour le compactage en
fonction des conditions climatiques. Par exemple, pour la sous-classe A1, les
recommandations suivantes sont données.

Classe Climat Uilisation Conditions Compactage Couches


A1th tous non
humide non
normal oui traitement modéré
sec oui remblai < 5m faible
A1h
correction de teneur en eau
sec oui modéré fines
h < 10m
sec oui traitement modéré
très
non
humide
humide oui Protection, h < 10m modéré
A1m
normal oui modéré
sec oui arrosage modéré
sec oui h < 10m intense
très
non
humide
correction de teneur en eau
A1s humide oui modéré fines
h < 10m
normal oui h < 10m intense
sec oui arrosage, h < 5m intense
A1ts

8/10
Prescriptions de compactage

Types de compactage

Classement des compacteurs


On distingue les types de compacteurs suivants :
Compacteurs à pneus : trois classes d’après la charge par roue CR : P1, P2, P3
Compacteurs vibrants à cylindre lisse : cinq classes d’après la charge statique totale
par unité de longueur de la génératrice vibrante M1/L, multipliée par l’amplitude
théorique à vide A0 : V1, V2, V3, V4, V5 ;
Compacteurs vibrants à pieds dameurs : quatre classes d’après le même critère : VP1,
VP2, VP3, VP4, VP5 ;
Compacteurs statiques à pieds dameurs : deux classes d’après la charge statique
totale par unité de largeur du cylindre M1/L : SP1, SP2 ;
Plaques vibrantes : quatre classes d’après la pression statique sous la semelle (masse
totale divisée par la surface) : PQ1, PQ2, PQ3, PQ4, dont seules les deux dernières
sont prises en compte pour le compactage des remblais (les autres servent au
compactage des tranchées).

9/10
[Extrait du GTR 1992, 2ème édition 2000]

10/10

Vous aimerez peut-être aussi