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GUIDE TECHNIQUE

Le retraitement en place à froid des anciennes


chaussées aux liants hydrauliques routiers (LHR)
SOMMAIRE
L’INDUSTRIE CIMENTIERE AU MAROC 6

CHAPITRE I : TECHNIQUE DE RETRAITEMENT EN PLACE A FROID DES ANCIENNES CHAUSSEES


AUX LHR– PRINCIPE, DOMAINE D’EMPLOI ET AVANTAGES 7

I.1 Principe 8

I.2 Domaine d’emploi 9

I.3 Avantages de la technique 9


I.3.1 Sur le plan technique 9
I.3.2 Sur le plan économique 9
I.3.3 Sur les plans écologique et environnemental 10

I.4 Limites de la technique 10

CHAPITRE II : ETAPES DE MISE EN ŒUVRE DE LA TECHNIQUE 11

II.1 Travaux préparatoires du chantier 12

II.2 La fragmentation 12

II.3 Epandage du liant 13

II.4 Apport d’eau et malaxage 14

II.5 Compactage et nivellement 15

II.6 Pré fissuration 15

II.7 Finition 15

CHAPITRE III : MATERIELS DE RETRAITEMENT 16

III.1 Epandeur 17

III.2 Machine de retraitement 17

III.3 Compacteur 18

III.4 Critères de performances du matériel 19

CHAPITRE IV : ETUDES TECHNIQUES 22

IV.1 Diagnostic de l’état de la chaussée et prélèvements de matériaux 23

Guide technique 2
IV.2 Caractérisation des matériaux en place 24

IV.3 Etude de formulation 26

IV.4 Analyse économique et environnementale 26


IV.4.1 Etude de comparaison économique 26
IV.4.2 Etude de comparaison environnementale 27

CHAPITRE V : DIMENSIONNEMENT 28

V.1 Hypothèses de dimensionnement 29


V.1.1 Trafic 29
V.1.2 Durée de vie 29
V.1.3 Croissance du trafic 29
V.1.4 Coefficient d’agressivité du trafic : CAM 29

V.2 Choix de la couche de roulement 30

V.3 Portance du sol support 30

V.4 Caractéristiques des matériaux retraités 30

V.5 Modélisation de la structure 31

V.6 Exemple de dimensionnement réalisé 32


V.6.1 Etude de formulation 32
V.6.2 Hypothèses de dimensionnement 34
V.6.3 Etude de comparaison économique et environnementale 36

Guide technique 3
INTRODUCTION
Pour construire ou entretenir un réseau routier, il est indispensable de mobiliser des quantités
importantes de matériaux naturels ou traités avec un liant comme le bitume pour faire des graves-
bitume, ou le ciment pour faire des graves-ciment.

Ce processus de construction ou d’entretien des chaussées nécessite l’extraction et la fabrication


des matériaux, notamment les granulats et les liants, la production des matériaux élaborés ou les
mélanges et le transport de ces matériaux à la centrale ou au chantier pour la mise en œuvre. Ces
démarches influent négativement sur le milieu naturel et engendrent les conséquences suivantes :

 la réduction des réserves en granulats ;


 les nuisances générées par les transports et les risques d’accidents induits par le trafic des
véhicules ;
 la pollution et le bruit ;
 la dégradation du réseau routier par les véhicules de transport des matériaux ;
 sans oublier le délicat problème de la gestion des rebuts issus de la déconstruction
d’ouvrages ainsi que de l’exploitation des gisements.

Toutefois, il est possible de limiter ces impacts cités précédemment moyennant une alternative aux
solutions traditionnelles : le recyclage et la valorisation des matériaux présents dans la chaussée.
La technique de retraitement en place à froid des chaussées dégradées constituent l’une des
techniques de recyclage.

Cette technique consiste à créer, à partir des matériaux d’une chaussée dégradée, une structure
ayant des performances adaptées au trafic à supporter. Il s’agit d’incorporer au matériau in situ un
liant hydraulique lui permettant d’améliorer ses performances et son homogénéité.

Le présent guide synthétise l’ensemble des connaissances et des règles de l’art de la technique de
retraitement en place à froid aux liants hydrauliques routiers, et est composé de cinq chapitres :

Chapitre I : Technique de retraitement en place à froid des anciennes chaussées aux LHR–
Principe, domaine d’emploi et avantages

Chapitre II : Etapes de mise en œuvre de la technique

Chapitre III : Matériels de retraitement

Chapitre IV : Etudes techniques

Chapitre V : Dimensionnement

Guide technique 4
Comment ce guide a-t-il été élaboré ?

Le présent guide s’inscrit dans le cadre d’un projet intitulé « LHR-Maroc ». Ce projet a été proposé
en tant qu’action d’intérêt général par le CETEMCO lors d’un appel à projets de développement
lancé en juin 2014 par le Ministère de l’Industrie, dans le cadre du Fonds d’Appui aux Centres
Techniques (FACET).

Le projet LHR-Maroc consistait à accompagner de la profession cimentière à la mise au point d’un


nouveau liant hydraulique routier économique, adapté et utilisable pour le retraitement des
chaussées et l’amélioration des sols en place.

Le projet LHR a été piloté par Kenza BAMMOU, Directeur technique du CETEMCO, et réalisé par
Imane GHATTAS et Mohamed EL MOUSTIT, ingénieurs, avec l’appui technique des experts Joseph
ABDO (Cimbéton), Serge KRAFFT (Eiffage Travaux Publics) et Tarik JORDANE (GTR).

Le guide a été préparé par l’équipe CETEMCO sous la supervision de Serge KRAFFT et Marc PELCE.
La validation a été faite par la profession cimentière.

Le contenu de ce guide est inspiré du guide établi par Cimbéton sur la technique de retraitement
des anciennes chaussées.

Guide technique 5
L’INDUSTRIE CIMENTIERE AU MAROC
L’activité cimentière au Maroc est une activité structurée et répartie sur l’ensemble du territoire
national. Ce secteur compte 12 unités cimentières ayant une capacité installée de 21 millions de
tonnes et 3 centres de broyage (voir la carte ci-dessous), et réalise un chiffre d’affaires de 15
milliards de Dirhams.

Les usines cimentières font l’objet continuellement d’importants travaux de mise à niveau
technologique, visant notamment l’optimisation de la production, l’amélioration des performances
et la protection de l’environnement. Elles bénéficient toutes des technologies modernes et d’un
système de management performant.

L’industrie cimentière marocaine contribue à la création de 2600 emplois directs et 3100 emplois
indirects, et compte une masse salariale de 1 milliard de Dirhams. Le professionnalisme du
personnel et l’appui des partenaires européens qui se situent parmi les groupes cimentiers les plus
importants dans le monde sont les garanties certaines de la qualité des produits.

Guide technique 6
CHAPITRE I : Technique de retraitement en
place à froid des anciennes chaussées aux
LHR– Principe, domaine d’emploi et avantages

Guide technique 7
I.1 Principe

Lorsqu'une chaussée n'a plus la qualité d'usage souhaitée, la méthode traditionnelle consiste à
effectuer un entretien ou une réhabilitation par apport de matériaux supplémentaires pour réaliser
selon les besoins de nouvelles couches de surface, une nouvelle couche de base ou de fondation.

Le retraitement en place à froid des chaussées aux liants hydrauliques routiers est une technique
destinée à reconstruire une nouvelle structure homogène à partir d’une structure existante. Elle
consiste à réutiliser les matériaux de la chaussée usée, dégradée sur une épaisseur allant de 15 à
30 cm généralement, en les mélangeant in situ au liant hydraulique routier jusqu’à l’obtention d’un
matériau homogène et performant. Une couche de roulement adaptée au trafic est ensuite
appliquée.

Un liant hydraulique routier est un produit fini, fabriqué en usine et distribué prêt à l'emploi. Il se
présente sous forme d'une poudre minérale qui, mélangée avec de l'eau, forme une pâte faisant
prise et durcissant progressivement, aussi bien à l'air que sous l'eau.

Ce qui le différencie d'un ciment est:

 sa teneur en clinker qui est généralement faible ou nulle;


 sa cinétique de prise et de durcissement qui peut être lente, propriété très recherchée dans
les travaux routiers pour des raisons de délai de maniabilité minimal des matériaux.

Les liants hydrauliques routiers utilisés confèrent aux matériaux traités, en présence d’eau, une
cohésion permanente dénommée « prise hydraulique », dont l’importance et la qualité
dépendent de :

 la nature du matériau traité ;


 le type de liant utilisé ;
 la quantité de liant introduite dans le mélange ;
 la quantité d’eau nécessaire à l’hydratation du liant ;
 la qualité de la mouture du matériau après traitement ;
 la compacité atteinte lors de la mise en œuvre ;
 la température du milieu et l’âge du mélange.

Les principes d'action des liants hydrauliques routiers ne sont pas fondamentalement différents de
ceux des ciments car on y retrouve, avec des proportions différentes, des phénomènes de prise
hydraulique de même nature, mais le plus souvent avec des cinétiques spécifiques.

La mise en œuvre de cette technique nécessite l’utilisation de plusieurs machines et le respect de


l’ordre chronologique des opérations suivantes :

Guide technique 8
 Reprofilage de la chaussée à retraiter ;
 Ajout de matériaux pour correction granulaire ;
 Ajout de matériaux;
 Apport de liants hydrauliques sous forme pulvérulente ou sous forme de suspension (eau
liant hydraulique) ;
 Fragmentation de l’ancienne chaussée ;
 Malaxage des matériaux et du liant avec apport d'eau.

Après ces travaux, les opérations qui suivent ne sont pas spécifiques à la technique de
retraitement (réglage, compactage, couche de cure… etc.)

I.2 Domaine d’emploi

Toutes les structures routières, notamment les routes nationales, les autoroutes, les routes
aéroportuaires, régionales et provinciales peuvent être entretenue moyennant cette technique

I.3 Avantages de la technique

La technique du retraitement en place des chaussées dégradées aux liants hydrauliques routiers
présente des avantages sur les plans technique, économique, écologique et environnemental.

I.3.1 Sur le plan technique

Le retraitement en place des chaussées permet la valorisation des matériaux existant en place,
d’où une économie de granulats, de transport, et une moindre sollicitation du réseau adjacent lors
d’un apport de nouveaux matériaux. La technique présente un bon comportement par temps
chaud sans déformation ni orniérage et résiste bien aux cycles gel dégel grâce à la rigidité du
matériau et à l’effet de dalle induit.

Les réalisations ont montré également que la technique de retraitement en place permet de
s'adapter plus facilement aux contraintes d'exploitation comparativement à une technique de
rechargement (durée d'intervention sur chaussée plus courte).

I.3.2 Sur le plan économique

La technique du retraitement en place à froid est rapide, ce qui est source d’économie d’énergie et
une moindre gêne pour les usagers. Elle valorise les matériaux du site, réduit l’apport des
granulats et évite le rehaussement excessif des accotements.

Cette technique permet également de préserver le réseau routier au voisinage du chantier grâce à
la réduction du tonnage de granulats.

Guide technique 9
I.3.3 Sur les plans écologique et environnemental

Le travail à froid réduit la pollution et le rejet de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, il permet
aussi d’économiser l’énergie en diminuant les quantités de matériaux à transporter, à mettre en
décharge et de minimiser la fatigue du réseau routier adjacent, ainsi que les impacts indirects
(nuisances sonores, olfactives, hygiène et sécurité, etc.). Le retraitement à froid permet également
une préservation des ressources naturelles non renouvelables (carrières, ballastières) en valorisant
les matériaux en place.

I.4 Limites de la technique

La limite d'emploi est la dimension maximale (D) du plus gros élément du matériau disponible qui
doit être inférieur à 63 mm. Sont donc exclues, les chaussées rigides (en béton) ou pavées, sauf si
des techniques de fracturation préalable permettent de respecter la règle concernant le D.

Dans certains cas rares, la présence de matières inhibiteurs de prise ou pouvant générer des
gonflements, notamment les nitrates et les sulfates, empêche l’utilisation de cette technique. Les
études de laboratoire sont indispensables pour mettre en évidence la présence de ces matières.

Le retraitement en place au ciment ou au liant hydraulique routier repose sur la valorisation


optimale du «gisement» de matériau représenté par la chaussée à restructurer et sur son
retraitement in-situ, c’est-à-dire sur le site même. Ce qui nécessite la réalisation des études
préalables et la maitrise des étapes de mise en œuvre du retraitement. Un contrôle de la qualité
doit également être effectué pendant et à la fin des travaux d’exécution.

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CHAPITRE II : Etapes de mise en œuvre de la
technique

Guide technique 11
Le recours à la technique du retraitement en place à froid au ciment ou au liant hydraulique routier
intègre différentes opérations :

 Défonçage de l’ancienne chaussée ;


 Remise au profil ;
 Correction granulaire éventuelle par apport de matériaux nouveaux, ou par concassage, ou
par écrêtage, ou par les trois solutions à la fois ;
 Epandage du ciment ou du liant hydraulique routier ;
 Humidification éventuelle ;
 Malaxage.

Ces opérations font appel à plusieurs machines.

II.1 Travaux préparatoires du chantier

Pour minimiser le pourcentage des matières organiques dans le mélange, il est indispensable de
nettoyer la surface à retraiter avant le début des travaux. Lorsqu’au moins de 10% des graviers
présents sont supérieurs à 63mm, il est nécessaire de concasser le matériau à l’aide d’une unité de
broyage mobile.

Des matériaux d’apport sont posés sur la couche à retraiter lorsqu’il faut :

 Augmenter l’épaisseur de la couche à retraiter ;


 Elargir la route ;
 Améliorer la granulométrie des matériaux présents afin de correspondre au fuseau de la
courbe de Talbot.

La nature et le dosage en matériaux d’apport seront définis à l’issue de l’étude de laboratoire.

II.2 La fragmentation

Pour obtenir la granularité souhaitée du matériau (D ≤ 63 mm), il est indispensable de fragmenter


les gros éléments et les plaques d’enrobés avant de les recycler. Certains matériels disposent
d’une grille d’écrêtage ou d’un crible permettant cette opération.

Suivant la dureté des matériaux rencontrés, il est nécessaire de changer plus ou moins
fréquemment les outils du rotor de fraisage.

Guide technique 12
Figure 1 : vue générale d’une fraiseuse en action – source : Cimbéton

II.3 Epandage du liant

Il s’agit d’épandre le liant hydraulique routier sur les matériaux de la chaussée, en respectant la
quantité définie dans l’étude de formulation. Pour ce faire, la chaussée devra être quadrillée.
Chaque carré définit la surface sur laquelle un sac complet doit être répandu.

La qualité de l’épandage du liant est déterminée par les caractéristiques de l’épandeur utilisé (cf.
coefficient LTV paragraphe III.4. Critères de performances du matériel page 18).

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Figure 2 : épandage du liant – source : Cimbéton

II.4 Apport d’eau et malaxage

L’apport d'eau doit être réalisé lors du malaxage des matériaux. La quantité d’eau ajoutée est
maîtrisée grâce à une pompe volumétrique asservie à la vitesse de translation de la machine.

Le malaxage consiste à mélanger intimement les matériaux, l’eau et le liant hydraulique routier.
L’obtention sur le chantier des performances obtenues en laboratoire dépend de la finesse de la
mouture, de l’ajout de la quantité nécessaire et suffisante d’eau et de l’homogénéité du mélange
(cf. coefficient HEPIEl paragraphe III.4. page 18).

Figure 3 : malaxeur en action – source : Cimbéton

Guide technique 14
II.5 Compactage et nivellement

Le compactage est réalisé par de puissants rouleaux lisses vibrants. Le résultat du compactage est
évalué par la masse volumique sèche qui doit égaler au moins 95 % de la valeur de l’optimum
Proctor.

Comme pour toutes les couches de chaussées en matériaux traités au liant hydraulique, le réglage
est réalisé en deux étapes. Un premier nivellement est effectué à la niveleuse juste derrière
l’atelier de recyclage. Cette opération est suivie d’un premier compactage. La couche est ensuite
recoupée à la niveleuse de façon à obtenir l’altimétrie souhaitée. Le compactage final est ensuite
réalisé pour obtenir les compacités requises.

Immédiatement après la fin du compactage, un enduit de cure doit impérativement être réalisé sur
l’ensemble de la couche traitée au liant hydraulique. Cette opération indispensable évite la
dessiccation de surface.

Figure 4 : compactage – source : Cimbéton

II.6 Pré fissuration

Pour avoir une fondation stabilisée, il est indispensable d’assurer une bonne protection contre la
dessiccation en posant une couche d’asphalte de surface pour les routes à faible trafic. Quant aux
forts trafics, pour éviter les remontées des fissures, la pose de joints dans la fondation est
nécessaire.

II.7 Finition

Sur la nouvelle assise de la chaussée, on applique une couche de surface ou d’autres couches de
chaussée (couche de cure) destinées à protéger la couche retraitée des intempéries, de
l’évaporation de l’eau et du trafic.

Guide technique 15
CHAPITRE III : Matériels de retraitement

Guide technique 16
La technique de retraitement fait appel à une variété de matériels. Il y a des matériels spécifiques
à la technique de retraitement en place à froid aux liants hydrauliques routiers, et il y a des
matériels utilisés même dans les travaux routiers traditionnels tels que la niveleuse et le
compacteur.

III.1 Epandeur

L’épandeur est un engin permettant d’épandre la quantité de liant hydraulique routier nécessaire
sur les matériaux de la chaussée objet du retraitement. Il dispose d’un système de dosage asservi
à la vitesse d’avancement de l’engin et permet par conséquent de maîtriser avec plus ou moins de
précision et d’homogénéité la quantité de liant à épandre par mètre carré de chaussée.

Il existe des épandeurs à dosage pondéral, où la vidange du liant est assurée par l’intermédiaire
d’une vis d’extraction et contrôlée par un dispositif de pesage, et d’autres à dosage volumétrique.

On peut juger la performance d’un épandeur par son aptitude à répartir le liant d’une manière
précise et homogène. Cette performance est mesurée à partir des coefficients LTV détaillés dans le
paragraphe « III.4.

Figure 5 : épandeur – source : Cimbéton

III.2 Machine de retraitement

Dans le cas d’un trafic faible et pour des petits chantiers, le retraitement peut être effectué par les
machines agricoles (rotobêche ou charrue à disque). A noter qu’il ne sera alors presque impossible
de retrouver les performances obtenues lors de l’étude de laboratoire.

Le pulvérisateur mélangeur « pulvimixeur » demeure le matériel spécifique à la technique de


retraitement en place à froid aux liants hydrauliques routiers. C’est une machine assure le
décohésionnement de l’ancienne chaussée la fragmentation des matériaux et le malaxage. Le rotor
tourne en sens inverse de celui de l’avancement de la machine. Les gros éléments sont soulevés et
projetés sur une barre de fractionnement. La machine dispose le matériau en un cordon central,
lequel est ensuite réglé à la niveleuse.

Guide technique 17
Le matériel de reconditionnement des chaussées : un matériel spécifique, de conception récente et
intégrant, en un seul bloc, toutes les opérations de retraitement des anciennes chaussées qui sont
effectuées en continu, sans intervention manuelle, depuis le défonçage de la chaussée jusqu’au
compactage. Ce matériel, doté d’un malaxeur longitudinal, permet l’obtention d’une
bonnehomogénéitébonne homogénéité transversale du matériau retraité.

La performance des machines de retraitement sont testées à partir des critères HEPIE l détaillés
dans le paragraphe « III.4. Page 18.

III.3 Compacteur

Pour compacter correctement la chaussée retraitée, on a besoin, en règle générale, de trois


différents compacteurs. Tout d’abord, un compacteur lourd (à cylindre lisse ou à pieds dameurs)
va travailler en grande amplitude de vibration pour assurer un bon compactage à la partie
inférieure de la couche retraitée.

Après l’obtention d’un compactage régulier on fait appel à une niveleuse pour régler la chaussée à
la cote souhaitée.

Un compacteur à cylindre lisse passe ensuite pour compacter la partie supérieure de couche
retraitée. Un dernier compactage est réalisé à l’aide d’un compacteur à pneus.

Figure 6 : compacteur – source : Cimbéton

Mis en forme : Centré

Guide technique 18
III.4 Critères de performances du matériel

Le niveau de qualité de retraitement que le maitre d’œuvre peut supposer dans le cadre d'un appel
d'offre ou accepter dans le cadre d’une variante est fixé en fonction de la nouvelle assise dans la
chaussée (couche de fondation ou de base ou de liaison).

Le tableau ci-dessous précise le choix de qualité de retraitement à retenir en fonction de la


configuration du chantier.

Cas de chantier
Qualité de
Fonction de la retraitement
Classe de trafic
couche retraitée
Liaison ou base T > TPL4 R1
Liaison ou base T < TPL4 R1 (R2 admise)
Fondation Tous trafics R1 (R2 admise)
Tableau 1: choix de la qualité de retraitement en fonction du chantier

Comme en France, on définit les critères de qualification de la qualité du retraitement HEPIEl et


LTV :

H: la qualité d’Homogénéisation du mélange, suivant que le matériel dispose ou non d’un


malaxeur associé au rotor de fraisage ;

E: la maîtrise de l’Epaisseur de retraitement de la chaussée ;

P: la Puissance disponible pour fragmenter l’ancienne chaussée ;

I: la présence d’un dispositif d’Injection d’eau.

Suivant les machines, un cinquième critère peut être introduit :

El: la possibilité de doser un liant sous forme liquide (Eau + liant hydraulique).

L: qualité d'homogénéité Longitudinale sur la longueur d’épandage du dosage surfacique moyen


(CVL exprimé en %) ;

T: qualité d'homogénéité Transversale sur la largeur d'épandage du dosage surfacique moyen


(CVT exprimé en %) ;

V: possibilité de faire Varier la largeur d'épandage de liant.

Les critères de performances sont donnés dans le tableau suivant :

Critère 3 2 1

Guide technique 19
Homogénéisation dans
Homogénéisation dans Homogénéisation très
H le sens transversal et
l’épaisseur traitée limitée
dans l’épaisseur traitée
Coefficient de variation
de l’épaisseur < 5% Coefficient de variation Coefficient de variation
E
avec une fonction de l’épaisseur ≤ 5% de l’épaisseur > 5%
supplémentaire
P ≥ 70 kW/ml 35 < P < 70 35 kW/ml
Liquide dans la
chambre de malaxage
possible Pas de possibilité
Liquide dans la
+ plage de débit d’injecter un liquide
I chambre de malaxage
suffisante dans la chambre de
possible
+ largeur variable malaxage
+ asservissement de la
vitesse
Dosage du liant sous
forme liquide Dosage du liant sous Dosage du liant sous
+ asservissement à la forme liquide forme liquide sans
El
translation + asservissement à la asservissement à la
+ pesée des translation translation
constituants
Tableau 2 : critères de qualification des matériels de retraitement HEPIEl

Critère 3 2 1

L CVL ≤ 5 5 < CVL ≤ 10 CVL > 10


T CVT ≤ 10 10 < CVT ≤ 20 CVT > 20
V Oui Non Non
Tableau 3: critères de qualification des matériels de retraitement LTV

La performance de l’épandeur selon les critères LTV est testée sur chantier comme suit :

Des bâches en caoutchouc ou des bacs métalliques de dimensions respectives 1,00 x 1,00 m et
0,50 x 0,50 m sont disposés selon un maillage précis sur la chaussée objet de retraitement avant
le passage de l’épandeur. Ensuite le liant déposé dans ces bacs ou bâches est pesé.

Le coefficient CVL est égal au rapport entre l’écart-type et la moyenne de 30 pesées


représentatives d’une vidange complète de l’épandeur. Le coefficient CVT est obtenu en faisant le
rapport entre l’écart-type et la moyenne des mesures relevées sur trois profils en travers.

Ainsi, on définit deux niveaux de qualité de retraitement :

 Qualité de retraitement R1 : obtenue en associant un pulvérisateur et un épandeur dont les


coefficients de performances respectent les exigences définies dans le tableau suivant :

Guide technique 20
3 2 1
H  * x
E  * x
Malaxeur P  x x
I  x x
El  x x
L  x x
Epandeur T  ** **
V  ** **
Tableau 4: matériels nécessaires pour une qualité de retraitement R1

 : accepté

* : accepté si T = 3 et V = 3

** : accepté si H = 3

x : refusé

 Qualité de retraitement R2 : obtenue en associant un pulvérisateur et un épandeur dont les


coefficients de performances respectent les exigences définies dans le tableau suivant :

3 2 1
H   
E   
Malaxeur P   
I   x
El   x
L   x
Epandeur T  ** **
V  ** **
Tableau 5: matériels nécessaires pour une qualité de retraitement R2

 : accepté

** : accepté si H = 3

x : refusé

Guide technique 21
CHAPITRE IV : Etudes techniques

Guide technique 22
Il est indispensable d’effectuer une étude préalable avant de réaliser une opération de
retraitement en place de chaussée. Cette étude doit servir à identifier les caractéristiques du
matériau traité, en partant des éléments constituants (les matériaux présents sur chantier, les
éventuels corrections granulométriques, le liant hydraulique routier, les conditions de mise en
œuvre).

Les paramètres suivants sont à prendre en compte :

 recherche des archives relatives à la chaussée existante ;


 examen visuel de la voirie ;
 mesure du niveau de déflexion de la chaussée ;
 prélèvement d’échantillons (carottages, sondages) ;
 identification des matériaux en place (courbe granulométrique, teneur en eau, argilosité,
indice CBR, …etc.) ;
 détermination des paramètres de la mise en œuvre (densité et teneur en eau à l’Optimum
Proctor Modifié) ;
 détermination des performances mécaniques des matériaux traités (dosage en LHR,
module d’élasticité et résistance en traction) ;
 essai de résistance à l’altération par immersion.
IV.1 Diagnostic de l’état de la chaussée et prélèvements de matériaux

Le diagnostic vise à déterminer les causes probables des dégradations constatées et à définir des
zones homogènes à retraiter. Il est basé sur :

 L’analyse des données existantes ;


 Les relevés visuels ;
 L’analyse des sondages ;
 Les mesures de déflexion.

Les sondages permettent de visualiser la nature des matériaux par couche, et de prélever ces
matériaux pour caractériser leur état hydrique, leur nature granulométrique et leur argilosité, afin
de confirmer la faisabilité technique du traité.

Les sondages doivent être réalisés sous forme de tranchées à la pelle mécanique ou moyennant
une fraiseuse, avec une fréquence d’un sondage par 500 mètres au minimum, voire moins dans le
cas d’une chaussée hétérogène.

Lors des prélèvements, il faut passer le matériau prélevé au tamis de 63 mm. Le passant au tamis
63 mm est conservé et transporté au laboratoire pour analyse. La quantité de matériau nécessaire
est de 100 kg par sondage.

La présence d’éléments de diamètre supérieur à 63 mm peut endommager les machines de


retraitement en place. Ainsi, si le pourcentage du refus au tamis 63 mm dépasse 10% du poids
total des matériaux en place, la technique de retraitement en place à froid n’est plus faisable.

Guide technique 23
IV.2 Caractérisation des matériaux en place
Pour caractériser les matériaux de la chaussée existante, il est indispensable de réaliser les essais
permettant leurs caractéristiques précises :

La courbe granulométrique donne des premiers indices sur le comportement du matériau à traiter,
leur sensibilité à l’eau et sur l’éventuelle nécessité d’utiliser un matériau correcteur.
Le comportement des matériaux dont le passant à 80 µm est supérieur à 35% doivent être
considéré comme régi par le comportement de cette fraction fine (≤ 80 µm), dont il restera à
déterminer son argilosité.
Les matériaux dont le passant à 2 mm est supérieur à 70 % doivent être considérés comme des
matériaux sableux. En deçà de ce pourcentage, ils seront considérés comme des matériaux
graveleux.
Un autre indicateur du comportement est le positionnement de la courbe granulométrique des
matériaux à traiter dans le fuseau définit par la norme NF EN 13-285 sur les graves non-traitées. A
ce stade de l’étude, il peut-être envisagé l’emploi d’un matériau correcteur pour rentrer dans ce
fuseau.
L’argilosité d’un matériau peut être appréhendée soit par son indice de plasticité (IP– NM 13.1.012
/ NM 13.1.007) ou par sa valeur au bleu (VBS – NF P 94-068). Le matériau est considéré comme
faiblement argileux si IP ≤ 12 ou VBS ≤ 0,8.
Lorsque les matériaux à traiter sont argileux (IP>12 ou VBS>0,8), il presque toujours nécessaire
de faire un prétraitement des matériaux à la chaux afin d’annihiler l’action des argiles.

La teneur en eau naturelle des matériaux (Wnat) et la teneur en eau à l’Optimum Proctor Modifié
(WOPM) permettent de définir l’état hydrique des matériaux (très sec, sec, moyen, humide, très
humide).Ces données permettent aussi de calculer la quantité d’eau à ajouter pour réaliser la mise
en œuvre dans des conditions optimales.

La densité à l’optimum Proctor modifié doit être utilisée comme référence pour définir le niveau de
compactage des matériaux traités, tant au niveau de la confection des éprouvettes que de la mise
en œuvre sur le chantier.

L’aptitude au traitement des matériaux (NF P 94-100) est un essai qui a pour but de s'assurer que
le matériau traité avec de la chaux et/ou un liant hydraulique aura une stabilité dimensionnelle
(pas de gonflement) et développera une prise hydraulique satisfaisante. En effet, la présence
éventuelle d’éléments indésirables (sulfure, sulfate, nitrate, matières organiques…etc.) est
susceptible de perturber cette prise et/ou de provoquer des gonflements.

L’indice de portance immédiate du mélange est mesuré conformément à la norme EN 13286-47. Il


doit satisfaire aux exigences minimales suivantes :

Matériaux IPI mini


Matériaux fins IPI ≥ 20
Matériaux sableux IPI ≥ 30
Matériaux graveleux IPI ≥ 50
Tableau 6 : IPI minimal pour chaque type de matériau

Guide technique 24
Après malaxage, le mélange doit être stocké en sacs étanches pendant 60 min. Les éprouvettes
doivent alors être confectionnées et la détermination de l'indice faite moins de 90 min après la fin
du malaxage.

La résistance après immersion du sol traitée st le rapport des résistances moyennes d’au moins 3
éprouvettes immergées 28 jours dans l’eau (Ri) et de 3 autres conservées 28 jours dans un sac
hermétique (R). Les 6 éprouvettes doivent être confectionnées à partir de la même gâchée en
utilisant la même méthode de confection. La résistance après immersion des matériaux traités doit
satisfaire les exigences minimales suivantes :

VBS des matériaux Ri/R mini

VBS ≤ 0,5 Ri/R ≥ 0,8

VBS > 0,5 Ri/R ≥ 0,7


Tableau 7 : résistance après immersion des matériaux traités selon le VBS

La connaissance des caractéristiques mécaniques des matériaux traités est indispensable pour
réaliser le dimensionnement de la chaussée (cf. CHAPITRE V : page 28).La détermination de ces
caractéristiques n’est pas réalisable pour les sols fins. La confection des éprouvettes (dimensions,
élancement, mode de compactage) est définie dans la norme NF P 98-114-3 de mai 2009 :

Dimensions des éprouvettes Compactage des éprouvettes


Type de
Densité des
matériaux
D ≤ 6,3 mm 6,3 mm< D ≤ 20 mm éprouvettes (ρde) et Mode de compactage
teneur en eau (We)

Ø5 x h5
Ø5 x h10
Matériaux Ø10 x h10 ρde = 97% ρOPM
Par vibrocompression
sableux Ø10 x h20 We = WOPM
ø16 x h16 (EN 13286-52)
ou compression axiale
ø16 x h321
(EN 13286-53)
Matériaux Ø16 x h16 ρde = 98,5% ρOPM
graveleux Ø16 x h322 We = WOPM
Tableau 8 : confection des éprouvettes

Les performances mécaniques à long terme sont mesurées conformément aux normes :
 EN 13286-43 pour le module ;
 EN 13286-40 pour la résistance en traction directe ;
 EN 13286-42 pour la traction indirecte.

1
2
Les éprouvettes de dimensions Ø16 x h32 doivent être privilégiées pour permettre l’installation aisée des
dispositifs de mesurage des déformations pour la détermination du module selon EN 13286-43.

Guide technique 25
IV.3 Etude de formulation

L’étude de formulation vise à déterminer le dosage optimal en liant hydraulique routier. Elle
consiste à déterminer la composition granulaire du mélange et à évaluer ses performances
mécaniques.

La méthodologie de l’étude consiste à étudier la variation des paramètres de la résistance à la


traction(Rt ) et du module d’élasticité (E) mesurés à l’âge 360 jours, selon la norme en vigueur
EN 14227-5, en fonction des dosages en liant hydraulique routier. Il est également possible
d’évaluer les performances mécaniques à 60 jours et d’estimer la résistance mécanique et le
module d’élasticité à 360 jours moyennant un coefficient de correspondance comme suit :

Rt, 60/Rt, 360 = 0,70

E60/E360 = 0,80

Avec:

 Rt, 60: la résistance à 60 jours


 Rt, 360 : la résistance à 360 jours
 E60 : le module d’élasticité à 60 jours
 E360 : le module d’élasticité à 360 jours

On peut aussi réaliser un essai de traction indirecte en adoptant la règle Rt = 0,8 Rtb dans le cas
où le pourcentage des matériaux bitumineux ne dépasse pas 20% du mélange, avec Rtb : la
résistance à la traction indirecte.

IV.4 Analyse économique et environnementale

Le choix de la technique d’entretien des chaussées s’impose en fonction du contexte propre à


chaque projet, tenant compte des facteurs de distance carrière-centrale, distance centrale chantier
ou distance carrière-chantier, distance chantier-décharge, dosage du liant et distance usine-
chantier.

Ainsi, il est nécessaire d’établir une analyse économique et environnementale afin de prendre des
décisions pertinentes et rapides quant aux choix des techniques d'entretien des structures
routières.

IV.4.1 Etude de comparaison économique


Cette étude consiste à établir un bilan comparatif entre les techniques d’entretien des structures
routières en prenant en compte les couts du décaissement et de la mise en décharge des
matériaux, la fabrication et le transport des matériaux ainsi que la mise en œuvre des couches de
chaussée.

Guide technique 26
IV.4.2 Etude de comparaison environnementale
Cette étude traite principalement les volets suivants :

 Les ressources naturelles ;


 L’économie ;
 La consommation d’eau ;
 La consommation d’énergie ;
 L’acidification ;
 L’eutrophisation.

L’analyse économique et environnementale peut être menée en utilisant le logiciel d’évaluation


et de comparaison économique et environnementale en technique routière établi par
Cimbéton et accessible sur le site lhr.cimbeton.net

Guide technique 27
CHAPITRE V : Dimensionnement

Guide technique 28
La méthode consiste à évaluer le trafic cumulé, la portance du sol support, les caractéristiques des
matériaux envisagés et le dimensionnement proprement dit.

Cette méthode développée dans le présent chapitre concerne les trafics supérieurs à TPL4.

V.1 Hypothèses de dimensionnement


V.1.1 Trafic

Le trafic est exprimé en nombre moyen journalier de poids lourds de plus de 8 tonnes en charge
sur les deux sens de circulation selon le Catalogue Marocain des structures types de chaussées
neuves.

Il est réparti en six classes :

Nbre journalier
0à5 5 à 50 50 à 125 125 à 250 250 à 325 325 à 450
de PL > 8T

Classe TPL1 TPL2 TPL3 TPL4 TPL5 TPL6

Tableau 9: classes de trafic selon le Catalogue Marocain des structures types de chaussées neuves

V.1.2 Durée de vie

D’après le Catalogue Marocain des structures types de chaussées neuves, pour les chaussées à
fort trafic, les risques calculés devront être moindres, la durée de vie prise en compte sera plus
courte (10 ans).

Les chaussées rigides et semi rigides :

 offrent pour une légère surépaisseur une durée de vie fortement augmentée ;
 entraînent un entretien onéreux et lourd dès que nécessaire.

C’est pourquoi, il est conseillé d’adopter une durée de vie longue (15 à 20 ans) pour ces
structures. Cependant, dans les cas des chaussées semi-rigides, une solution de structure à durée
de vie courte est présentée en option.

V.1.3 Croissance du trafic

Le taux d’accroissement des poids lourds est pris égal à 4% selon le Catalogue Marocain des
structures types de chaussées neuves.

V.1.4 Coefficient d’agressivité du trafic : CAM

Conformément au catalogue Marocain des structures types pour les chaussées neuves, l’agressivité
du trafic est déterminée selon le tableau suivant :

Guide technique 29
Structure TPL1 TPL2 TPL3 TPL4 TPL5 TPL6

Souple ou semi 0,4 0,4 0,5 0,7 0,8 1


rigide

Rigide 0,7 0,7 0,9 1,2 1,3 1,5

Tableau 10 : valeurs du CAM

V.2 Choix de la couche de roulement

Le choix de la couche de roulement dépend de la classe de trafic et des objectifs en termes de


niveau de service fixés par le maître d'ouvrage.

Le tableau suivant indique les valeurs minimales à retenir pour les classes de trafic :

Classe de trafic Couche de roulement

TPL1 et TPL2 Enduit superficiel et ECF


TPL3 et TPL5 4 à 6 cm de BBSG
TPL6 8 cm de BBSG (bicouche)
Tableau 11 : choix de la couche de roulement

Nous rappelons que :

V.3 Portance du sol support

La portance du sol support est soit :

 Mesurée (module EV2), s’il y a décaissement préalable de la chaussée existante ;


 Estimée par modélisation à partir des mesures de déflexion réalisées sur l’ancienne
chaussée (lorsque celle-ci est de type souple).
V.4 Caractéristiques des matériaux retraités

Pour le dimensionnement, les caractéristiques des matériaux traités sont identifiées parla
contrainte de rupture par traction et flexion pour à un million de cycles et le module d’élasticité.
Deux cas se présentent :

Le trafic T > TPL4 : les valeurs sont déterminées à partir de l’étude de formulation en utilisant les
formules :

σ6= 0,7Rt, 360


E = 0,9E360

Guide technique 30
Le trafic T≤TPL4 : les valeurs sont données par le tableau suivant :

Qualité de retraitement Qualité de retraitement


R1 R2
Matériau M1 Matériau M2 Matériau M1 Matériau M2
Module E (MPa) 20000 18000 18000 13000
Contrainte à 106
0,70 0,55 0,55 0,35
cycles
Tableau 12 : valeurs de la contrainte et du module

Un matériau traité est classé M1s’il satisfait les deux conditions suivantes :

 sa courbe granulométrique est située à l’intérieur du fuseau de la norme EN 13-285 ;


 il est faiblement argileux (VBS ≤ 0,8).

Dans tous les autres cas, il est classé M2.

Les niveaux de qualité de retraitement R1 et R2 sont détaillés dans le chapitre III, paragraphe 4.

D’autres paramètres de dimensionnement sont à prendre en compte, telle la dispersion sur les
résultats en fatigue, la pente de la courbe de fatigue, la dispersion sur l’épaisseur Sh. Ces données
peuvent être prises égales aux valeurs indiquées sur le tableau suivant :

Qualité de retraitement Qualité de retraitement


R1 R2
Matériau M1 Matériau M2 Matériau M1 Matériau M2
Dispersion sur les
1 1,5 1,5 1,5
résultats en fatigue SN
Pente de la courbe de
16 16 16 16
fatigue -1/b
Dispersion sur
3 3 5 5
l’épaisseur Sh
Tableau 13: valeurs des paramètres de dimensionnement SN, -1/b et Sh

V.5 Modélisation de la structure


La nouvelle structure est modélisée en attribuant à chaque couche une épaisseur et un module.
Ces données sont introduites dans le logiciel ALIZEE qui fournira contraintes et déformations pour
chaque couche de la chaussée. Par expérience, nous savons queles sollicitations maximales sont :

 une contrainte située à la base des couches en matériaux traités ;


 une déformation verticale de la plateforme support de la chaussée.

Pour que le dimensionnement avec le logiciel ALIZE soit valide, il suit que cette contrainte et cette
déformation doivent être inférieures aux valeurs admissibles pour chaque matériau.

Guide technique 31
V.6 Exemple de dimensionnement réalisé

Le tronçon objet d’étude est un tronçon situé à la route régionale 409 à Sidi Slimane (au Pk 20).
Les conditions de cette chaussée sont détaillées sur le tableau suivant :

Plaine du Gharb
Nature géologique
Série épaisse de marnes bleues
Environnement climatique Zone semi humide et stable (zone 1)
Pluviométrie moyenne
400 à 600 mm
annuelle
Sollicitations Trafic de classe TPL4
-Déformation du profil en travers
-Ressuage
Etat actuel de la chaussée
-Arrachements importants du revêtement
-Couche de base B2 (non satisfaisante)
Tableau 14: conditions de la chaussée

Les matériaux en place sont des matériaux de type B3 selon le classement GTR.

V.6.1 Etude de formulation

Pour déterminer le dosage optimal nécessaire à l’obtention des caractéristiques mécaniques ciblées
du mélange matériaux - LHR, trois formules ont été réalisées :

 Formule 1 : 4% de LHR
 Formule 2 : 5% de LHR
 Formule 3 : 6% de LHR

Figure 7: échantillon après malaxage – éprouvette démoulée

Guide technique 32
Le tableau ci-dessous récapitule les résultats obtenus.

4% 5% 6%

Rtb, 28 (MPa) 0,34 0,40 0,40

Rt, 28 (MPa) 0,27 0,32 0,32

Rt, 360 (MPa) 0,45 0,54 0,53


Tableau 15: résultats de l’essai de traction indirecte à 28 jours

Avec Rt, 28 = 0,8 Rtb, 28 et Rt, 360 = Rt, 28 /0,60

Le graphique ci-dessous présente les résistances à la traction en fonction du dosage en liant


hydraulique.

0,70

0,60

0,50

0,40
Rt,360 moy.(Mpa)
Rtb,28 (Mpa)
0,30
Rt,360 (Mpa)
Objectif
0,20

0,10

0,00
0% 1% 2% 3% 4% 5% 6% 7%

Figure 8: dosage en LHR

Pour une qualité de retraitement R2 et un matériau de type M2, la contrainte à 10 6 cycles


recherchée doit être supérieure à 0,35 MPa. Il en suit que nous devrions obtenir une résistance
minimale à 360 jours de 0,50 MPa (0,50 ≈ 0,35 / 0,75 voir le paragraphe III.4 Critères de
performances du matériel).

Ainsi, pour la suite du dimensionnement, nous proposons de retenir un dosage de 5%de liant
hydraulique routier.

Guide technique 33
V.6.2 Hypothèses de dimensionnement

Trafic

Le trafic prévisionnel est de classe TPL4 (125 à 250 PL/jour). Il est exprimé en nombre moyen
journalier de poids lourds de plus de 8 tonnes en charge sur les deux sens de circulation.

Durée de vie

Pour les chaussées à fort trafic, les risques calculés devront être moindres, la durée de vie prise en
compte sera plus courte. La durée de dimensionnement retenue est donc de 10 ans.

Croissance du trafic

La croissance du trafic n’est pas communiquée. Comme indiqué dans le catalogue Marocain des
structures types pour les chaussées neuves (Annexe I page 42), un taux d’accroissement du trafic
des poids lourds égal à 4 %a été retenu.

Agressivité du trafic

Conformément au catalogue Marocain des structures types pour les chaussées neuves (Annexe I
page 42), l’agressivité du trafic CAM=0,8 recommandée pour les structures semi- rigides a été
retenue.

Trafic cumulé équivalent

Le trafic cumulé équivalent (0,38 millions de PL) est lu directement dans le tableau du
catalogue Marocain des structures types pour les chaussées neuves (Annexe I page 42).

Figure 9: Trafic cumulé selon le catalogue Marocain des structures types chaussées neuves

Portance de la plateforme

Le chantier à réaliser est situé dans une zone climatique semi-humide. Les matériaux du site sont
classés B3 suivant le guide des terrassements routiers. Nous n’avons pas d’information sur les
éventuels dispositifs de drainage de la chaussée. En suivant la méthode décrite dans le catalogue
Marocain des structures types pour les chaussées neuves, nous pouvons classer les matériaux du
site en catégorie II ou III (cf. tableau 1 – page 11). La portance à long terme de la partie
supérieure des terrassements est St2. En l’absence de couche de forme, la règle Pj = Pi = Sti
s’applique. Il suit que nous aurons au minimum une plateforme de classe P2 (50 MPa).

Guide technique 34
Et Pour permettre une intégration dans les calculs de dimensionnement de la chaussée de la
couche en matériaux du site traités, il faut connaitre les valeurs de module et de résistance en
traction données par l’étude de traitement réalisée au laboratoire.

Données de dimensionnement pour les matériaux traités

De l’étude de laboratoire précédemment menée, nous pouvons extraire les données R tb28jours des
matériaux B3 traités avec 5% de LHR.

Rt, 360j= 0,590MPa

σ6= 0,75 x Rt360 = 0,75 x 0,590 = 0,443MPa

Pour le dimensionnement, nous retenons donc les valeurs suivantes pour la couche en matériaux
traités avec 5% de LHR:

E = 13 000 MPa

σ6= 0,443MPa
Solution d’entretien avec matériaux traités in-situ au LHR

Le dimensionnement de chaussée est réalisé avec le logiciel Alizé_LCPC, conformément à la norme


pour le dimensionnement structurel des chaussées routières et des hypothèses suivantes issues du
catalogue Marocain des structures types pour les chaussées neuves (Annexe VIII pages 84 et 85):

 Collage au niveau de toutes les interfaces;


 Jumelage type de 6,5 T;
 Pour une portance P2, Module sol 50MPa
 Pour un trafic TPL4, taux de risque retenu 35%

Nous pouvons ainsi préconiser la structure suivante:

Figure 10: Solution avec couche de chaussée en LHR

Guide technique 35
V.6.3 Etude de comparaison économique et environnementale

Une étude économique et environnementale a été menée en utilisant le logiciel d’évaluation et de


comparaison économique et environnementale en technique routière (Cimbéton) comparant les
deux solutions détaillées sur le tableau suivant :

Technique d’entretien structurel


Structure

Trafic TPL4
Renforcement GAC Retraitement en place

Couche de surface Enrobé bitumineux 5 cm Enrobé bitumineux 5 cm

Retraitement en place sur 29


Couche d’assise GAC 20 cm
cm dosé à 5% de LHR

Tableau 16 : Retraitement VS renforcement

V.6.3.1 Consommation des ressources naturelles

La consommation des ressources naturelles est exprimée en kg antimoine équivalent (Kg Sb éq).
Cet indicateur tient compte de la consommation des ressources en pondérant chaque ressource
par un coefficient correspondant à un indice de rareté. Par convention, l’antimoine a une valeur de
1. Une valeur supérieure à 1 indique que l'on consomme une ressource plus rare que l'antimoine.
Donc, plus cet indicateur est grand plus le produit "épuise" les ressources. Il s'exprime donc en kg
antimoine équivalent/m².

0,3

0,25

0,2
kg Sb eq/m²

0,15 Retraitement en place


Renforcement
0,1

0,05

0
Ressources naturelles

Guide technique 36
La solution de retraitement en place au LHR présente une économie de consommation des
ressources naturelles de 6% par rapport à la solution de renforcement à la grave améliorée au
ciment.

V.6.3.2 Consommation d’énergie

Consommations totales comparées en énergie exprimées en MJ/m²

600

500

400
MJ/m²

300 Retraitement en place


Renforcement
200

100

0
Consommation d'énergie

La solution de retraitement en place au LHR présente une économie d’énergie de 6% par rapport à
la solution de renforcement.

V.6.3.3 Acidification

Certains composés émis dans l’atmosphère, notamment le dioxyde de soufre (SO2), sont
susceptibles de se transformer en acide et contribuent à des impacts non négligeables sur
l’environnement. Cet indicateur est construit comme l'indicateur changement climatique en prenant
pour référence la contribution à l'acidification du SO2. Il est donc exprimé en kg équivalent
SO2/m².

Guide technique 37
0,1

0,09

0,08

0,07
kg SO2 eq/m²

0,06

0,05 Retraitement en place


0,04 Renforcement

0,03

0,02

0,01

0
Acidification

La solution de retraitement en place au LHR présente un avantage de 15% de moins de SO2 par
rapport à la solution de renforcement.

V.6.3.4 Eutrophisation

Il s’agit de l’évaluation des substances, notamment les phosphates contribuant à la prolifération


d'espèces aquatiques dans l'eau. Cet indicateur est exprimé en kg équivalent PO4/m².

0,016

0,014

0,012

0,01
kg PO4 eq/m²

0,008 Retraitement en place


Renforcement
0,006

0,004

0,002

0
Eutrophisation

Guide technique 38
La solution de retraitement en place au LHR présente un avantage de 32% de moins de PO4 par
rapport à la solution de renforcement.

V.6.3.5 Consommation d’eau

90

80

70

60

50
l/m²

Retraitement en place
40
Renforcement
30

20

10

0
Consommation d'eau

La solution de retraitement en place au LHR présente une économie de consommation d’eau de


38% par rapport à la solution de renforcement.

V.6.3.6 Comparaison économique

700

600

500

400
Dhs/m²

Retraitement en place
300
Renforcement

200

100

0
Tarif

La solution de retraitement en place au LHR présente une économie de 71% par rapport à la
solution de renforcement.

Guide technique 39
BIBLIOGRAPHIE

ABDO, J. éd. 2013, Le retraitement en place à froid aux liants hydrauliques. Paris

ABDO, J. éd. 2012, Les liants hydrauliques pour la valorisation des matériaux en place : écologie,
économie et contribution au développement durable. Paris

CFTR, éd 2003, Retraitement en place à froid des anciennes chaussées.

Cimbéton. http://lhr.cimbeton.net

Logiciel d’évaluation et de comparaison économique et environnementale en technique routière -


CIMbéton 2013.

Direction des Routes et de la Circulation Routière, éd. 1995, Catalogue des structures types de
chaussées neuves.

ALIZÉ III : Logiciel de dimensionnement des structures de chaussées routières - SETRA/LCPC.

Guide technique 40

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