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GUrDE DU PARrs ÉsorÉruqur
cambodgien reconnaissable à son délabrement en parfaite harmonie
avec l'état général du pays. Dix autres médaillons de bronze, tels les
cailloux du Petit Poucet, parsèment, en ligne rigoureusement droite)
les pelouses et les allées de la Cité. Ce n'est que le début d'une
longue chasse âu trésor ou, les yeux rivés au sol à la recherche du
disque indicateur, nous risquons fort de passer pour un gentil
hurluberlu voulant ér,iter à tout prix les défections canines ou
traquant une menue monnaie semée au hasard par des passants
distraits.
Nous voilà déià à Ia hauteur du no33 du boulevard Jourdan
(maréchal d'Empire, mais simple Frère dans la hiérarchie
maçonnique) où un médaillon nous fait discrètement signe.
Traversons prudemment l'artère encombrée pour en trouver LIn
autre, à la même hauteur, mais à I'intérieur du parc de -Nlontsouris. À
vingt mètres à peine vers l'ouest, s'élève une stèle quadrangulaire.
haute de quatre mètres, vestige de I'ancienne « mire de
l'Observatoire », installée là au XVIII' siècle pour suivre le passage du
méridien au sud de Paris. Sur le socle, on peut encore déchiffrer
l'inscription mutilée à la gloire du F.'. Napoléon i"'. Quatre autres
médaillons à la mémoire du F-rère Arago balisent la traversée du parc
créé par le carbonaro Napoléon IIL Face à l'entrée, sur l'avenue René
Coty', le dernicr disque est visible au pied d'une ccrlonne de marbre.
Un génie ailé en bronze est juché à son sommet, l'épée qu'il brandit
semble indiquer le chemin du pôle.
Après avoir emprunté l'avenue René Coty, puis l'extrémité
orientale de la rue d'Alésia, nous longeons l'hôpital Sainte Anne par
la rue Broussais. Nous allons bientôt pouvoir retrouver l'axe du
monde qui emprunte la rue Emile Dubois et la rue Dareau) entre
lesquelles s'élève un groupe de petits immeubles baptisé, avec peu
d'imagination mais beaucoup d'à-propos, « La Résidcnce du
méridien ». Il frôle de quelques mètres la rue Cabanis (du nom d'un
F.'. de la célébrissime - et curieusement très présente le long du
passage du méridien dans la capitale - loge « Les Neuf Sæurs »). A
I'extrémité dc la rue Emile Dubois, nous tournons à droite dans la
rue de la Tombe Issoire.
Nous débouchons sur la place de l'Ile de Sein. 'I'rois médaillons
alignés en rang d'oignon mènent droit sur le socle vide de la statue
du F.'. Arago (originaire d'Estagel dans les P-vrénées-Orientales, dont
le père, franc-maçon, était le maire). Le piédestal est exactement dans
I'axe du méridien, comme la statue de l-everrier devant la fàçade
nord de l'Observatoire. Un médaillon est incrusté à mi-hauteur sur sa
face sud. Des cent trente-cinq disques de bronze, il est le seul à ne
pas être posé à l'horizontale.
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Sur le socle désert de la starue dtt t-rère Arago, le ruédaillort de bronze de ./an Dibbets
ntarque le passage de l'axe du monde.
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Ciel) du côté méridional, et un autre, plus petit et carré (symbolisant
la Terre), côté nord. Le bassin en demi-lune est légèrement au-dessus
de l'autre de façon que son trop-plein s'y déverse et offre ainsi une
représentation symbolique des influences célestes sur le domaine
terrestre. Du centre du grand bassin surgissent quatre attelages de
deux fringants chevaux-tritons caracolant aux quatre directions de
l'cspace sous les jets d'eau qui jaillissent de la gueule de sept grandes
tortues marines et de quatre dauphins. Cctte hétéroclite ménagerie de
bronze dissimule un symbolisme apollinien. I-e cheval, depuis I'aube
des temps, est un symbole solaire. La course de l'équidé a été
comparée à celle du soleil dans le ciel ; sa crinière flottant au vent
symbolise les rayons du soleil flamboyant ; attelé au char du dieu
Soleil, il participe intimement à la marche des cieux. I-a tortue est le
s-vmbole et l'hiéroglyphe du Cosmos : ses quatre pattes figurent les
piliers du monde disposés aux quatre directions de l'espace et
supportant la voûte céleste que représente la carapace de l'animal que
sa lenteur et sa longévité font le symbole naturel de f immuabilité, de
l'éternité. Le dauphin) quant à lui, est étroitement associé à Apollon
et aussi au sanctuaire de Delphes, omphalos du monde grec autour
duquel s'organisait la géographie sacrée dcs Hellènes. En effet, en
grec, dauphin se dit « delphis », et Delphes, le plus célèbre des
gouffres de la Grèce antique, devait son nom à « delphi » qui dans la
langue de Démosthène signifie l'organe générateur féminin. Ainsi, du
centre de la Terre fécondée par les eaux célestes, surgit 1e char solaire
embrassant - grâce au quadruple attelage de chevaux marins - les
quatre directions de l'espace. Le char démultiplié du dieu Soleil est
aspergé d'eau lustrale par les tortues, symbole du Cosmos, et les
dauphins qui, homophoniquement) sont 1e symbole de la matricc
universcllc d'où jaillit toutc vie.
Au centre de ce bestiaire symbolique) ceuvre d'Emmanuel
Frémiet, se dresse une solide colonne ornée de coquillages. L'axe du
monde, qui est aussi l'Arbre de Vie, surgit de la matrice des eaux
primordiales. Debout sur cet axis mundi, quatre jeunes femmes nues
soutiennent un globe terrestre enchâssé dans une sphère armillaire
décorée d'une bande zodiacale. Officiellement, le magnifique groupe
de Carpeaux est une allégorie des races qui peuplent la 'ferre. Ce qui
n'est pas faux (encore qu'aujourd'hui très politiquement incorrect :
les races n'existent pas, sauf quand elles réclament des quotas en leur
faveur), mais - largement - incomplet. Si elles symbolisent
l'Humanité, elles représentent aussi les quatre Ages du monde qui
virent s'épanouir, puis s'étioler quatre races. Elles figurent également
les quatre directions du monde, auxquelles il convient d'ajouter le
zénith (représenté par la sphère armillaire) et le nadir (représenté par
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ouest. Puis plus rien jusqu'à une nouvelle série de trois médaillons au
sommet de l'escalier de pierre menânt au Grand Bassin. Puis
nouvelle absence de nos repères de bronze jusqu'à ce que nous en
distinguions un autre à l'angle ouest du palais du Luxembourg. Son
petit frère, orphelin, échappe au piétinement aveugle des badauds : il
est installé dans l'enceinte réservée aux pères conscrits. 11 faut ensuite
sortir du jardin du Luxembourg pour découwir le prochain caillou de
bronze du Petit Poucet : il est rivé au sol en face du numéro 15 ter
de la rue de Vaugirard, à l'entrée du Sénat.
Après les jardins de l'Observatoire dédiés à Apollon et à sa
symbolique solaire, le Luxembourg est voué, très logiquement, à une
divinité lunaire : Artémis, sæur du dieu de la lumière. Dès l'entrée
par la place André Honnorat, une statue de la Diane chasseresse
accueille les visiteurs à l'extrémité méridionale du Jardin français. Son
divin frère n'est pas loin : deux lions solaires encadrent la pelouse qui
mène jusqu'au Grand Bassin et à la façade sud du palais du
Luxembourg. Leur symbolisme astrologique est évident : ils gardent
l'axe des solstices ; ils ont, en outre) la fonction apotropaïque de
protecteurs du temple lunaire et de l'axe solaire. La déesse de la Lune
ne se contente pas de jouer les concierges : elle préside à un
gigantesque calendrier lunaire de vingt-huit jours qui se développe
sur les terrasses surplombant le Jardin français et sur le pourtour des
parterres encerclant le Grand Bassin. Ainsi, deux groupes de
quatorze statues symbolisent la lune montante et Ia lune descendante.
Chaque phase lunaire est ainsi représentée par une statue installée au
sommet d'une colonne plantée sur un parterre semi-circulaire
figurant un aspect de l'astre des nuits. Un roi David, porteur d'une
longue épée, figure à l'est la phase ascendante ; et une nymphe, à
l'ouest, incarne la phase descendante. Les vingt-huit jours lunaires
sont figurés par vingt statues de reines de France - de facture assez
médiocre, et de plus en piteux état - réparties en deux groupes de dix
(la fameuse Tétractys plthagoricienne) et installées sur les terrasses ;
et huit statues à caractère allégorique ou mythologique où l'on
reconnaît Minerve (une déesse-mère, une Isis), Vulcain (un confrère
de notre fondeur Hiram cher au F.'. Gérard de Nerval), Vénus,
Calliope, Flore, Junon... se partageant les pelouses en contrebas.
Le gnomon de cet ensemble est constitué par le monument de
Jules Dalou, au sénateur Scheurer-Kestner (1833-1899), défenseur
du capitaine Dreyfus. Il s'agit d'un obélisque flanqué à l'ouest de la
statue de la Vérité ayant les traits d'une accorte jeune femme nue, et
à l'est, de la statue de la Justice, représentée - les convenances
bourgeoises sont sauves - par une femme habillée. Mais comme
l'obélisque est aussi un pilier lunaire faisant pendant à la statue
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Sur I'axe consacré à son frère Apollon, Artémis préside à la marche d'un calendrier lunaire
dont le gnornon est un obélisque.
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Le rnètre-étalon et le méridien
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appuyée, non pas à un balai, mais à un fusil (il n'est toutefois pas
spécifié si l'arme est d'un modèle révolutionnaire). Tout près, au
no80, le Grand Orient de France eut son siège de 1774 à 1793 dans
un immeuble qui, avant leur expulsion, appartenait aux Jésuites. À la
même époque, ce fut aussi le siège de la célébrissime loge « Les Neuf
Sæurs », dont les membres les plus éminents témoignaient également
d'un étrange engouement pour les proches parages du méridien.
Changeons de temple. Pour cela traversons Ia place Saint-Sulpice en
passant au pied de la superbe fontaine élevée par Visconti en 1842,
puis pénétrons dans l'antre du mystère.
L'église du mystère
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évidemment oiseuse - que la matérialisation du fameux méridien de
Paris. Plus sérieusement) on notera que, comme par hasard, le seul
village de France se nommant Serpent est à quelques kilomètres à
l'ouest de Rennes-1e-Château. Pour ne pas assommer le lecteur avec
un pédant déballage de « science » rennes-1e-castelienne, nous lui
éviterons l'interprétation des ceuwes nichées dans les autres chapelles
de l'église pour deux excellentes raisons : la première est que chaque
« spécialiste » y va de son explication définitive (et le plus souvent
aussi personnelle qu'absconse) ; la seconde est qu'il est fort difficile
de scruter l'ombre du mystère sur des tableaux noirs de crasse
installés dans des recoins plus sombres que les Catacombes.
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le dispositif astronomique matérialisant la méridienne tout en faisant
disparaître des détails gênants car Louis XV et le comte de Maurepas
étaient Frères. Notre hypothèse est renforcée par une autre partie du
panneau explicatif installé au pied de l'obélisque : « La balustrade de
marbre bleu turquin à balustre de bronze doré qui forme l'entrée du
chceur imaginée par Oppenord a été sauvée à la révolution parce
qu'on tint à conserver intacte la ligne méridienne qui la traverse. » Ce
qui prouve que l'important était de sauvegarder à tout prix la
méridienne quitte à faire l'impasse sur les symboles honnis de la
« superstition ». L'axe du monde est - qui l'eut cru ? - facteur
d'cecuménisme.
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La partie septentrionale de la rue de Seine s'orne d'un médaillon
de bronze à la hauteur du no 12. Au no 6, un porche du XVIII" siècle
signale l'entrée d'un immeuble appartenant à la ville de Paris. Cet
ancien hôtel particulier abrite quelques-uns des représentants de
« l'Establishment » : Jacques Dominati, 1" adjoint au maire de Paris,
Pierre Bas, ex-député-maire du VI' arrondissement, Pierre-Mathieu
Duhamel, ex-directeur de cabinet adjoint d'Alain Juppé, le professeur
Bernard Debré. Jean-François Kahn, fondateur de I'EDJ et grand
pourfendeur des inégalités dont il ne profite pas, y jouit
bourgeoisement d'un appartement de 240 m' pour un loyer défiant
toute concurrence. La rue a aussi les faveurs de Jacques Chirac qui y
possède un appafiement de 135 m'où il ne doit guère connaître «le
bruit et l'odeur » qui rendent fou le brave Français, voisin de palier
d'un polygame père d'une vingtaine d'enfants vivant sans travailler
des allocations familiales comme il le disait lui-même le 19 juin 1991.
Allons musarder dans la rue des Beaux-Arts. A son intersection
avec la rue Napoléon, s'ouvre l'entrée de l'académie des Beaux-arts,
encadrée par les bustes monumentaux de Pierre Puget et de I'artiste
initié Nicolas Poussin. Dirigeons-nous vers la Seine. Deux serpents
opposés dos-à-dos sont enroulés autour d'un heurtoir circulaire de la
porte cochère du Cercle de la Librairie, au no 5 de la rue Bonaparte.
Sur le quai À{alaquais, des chapiteaux de pilastres de l'Ecole des
Beaux-Arts sont ornés de médaillons comportant des symboles
maçonniques : compas et truelle, niveau et équerre au sommet d'une
colonne dorique,
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kt truelle est « le s),tnbole de I'amour fratemel qti doit unir tous les Maçons et qui est le settl
cinrcn|. que les ouariers peutent employer pour l'édification du Tentple ».
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dans la rue Richelieu où nous attend une nouvelle moisson avec un
médaillon sur le trottoir devant le n"24. À quelques pas de là, au 39,
Diderot, de la loge «Les Neuf Sæurs » est mort le 31 juillet 1764.Un
peu plus loin, toujours sur le passage du méridien, au 10 de la rue
Chabanais, une plaque rappelle qu'ici naquit et mourut le Frère
Chamfort de « f incontournable » loge « Les Neuf Sæurs ».
Un peu plus au nord - et à cinquante mètres à peine de l'axe du
monde - le square Louvois offre un minuscule îlot de verdure dans
ce vieux quartier historique. Il abrite une belle fontaine orientée sur
les points cardinaux. Au milieu d'un bassin octogonal, elle repose sur
un piédestal cruciforme entre les branches duquel s'ébattent quatre
putti chevauchant des dauphins apolliniens. La première vasque est
décorée des indispensables signes du zodiaque I la seconde repose
sur une colonne flanquée par quatre charmantes jeunes femmes,
allégories des fleuves français Seine, Saône, Loire et Garonne. À
quelques petits détails près, son interprétation symbolique est un
simple décalque de la fontaine de Carpeaux dans les Jardins de
l'Observatoire.
À l'angle de la rue Saint Augustin et de la rue Sainte-Anne nous
rencontrons un nouveau petit caillou de bronze semé par M. Dibbets.
Le jalon suivant est au 16 de la rue du 4 septembre. Cette rue fut
baptisée ainsi dès 1870 pour célébrer la date de la proclamation de la
III" République, le 4 septembre 1870. Sur le boulevard des Italiens
nous rencontrons un premier médaillon à l'angle de la rue Taitbout
(|ean-Baptiste Julien Taitbout, greffier en chef de la ville de Paris
était membre de l'omniprésente (sur le méridien de Paris) loge « Les
Neuf Sæurs »), puis un second au 19 devant l'immeuble du Crédit
Lyonnais dont le gouffre financier évoque plutôt le Voyage au centre
de la Tene du Frère Jules Verne.
Deux médaillons clouent le boulevard Haussmann sur l'axe du
monde. Le premier au 9l1r 1 devant f immeuble de la compagnie
d'assurance La France (elle aussi traversée et coupée en deux par le
méridien, tout un symbole...) ; le second au 16/18 devant l'Hôtel
Ambassador. Le méridien s'engouffre ensuite dans la rue Pillet Will
avant de déboucher dans la rue de la Victoire.
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III" République ; sa façade à arcades au sommet de laquelle une
inscription hébraïque rappelle la parole du prophète : « Cette maison
sera une maison de prière pour tous les peuples », s'orne d'une
verrière à la conception de laquelle le F.'. Gustave Eiffel prêta main
forte. La s-vnagogue fut inaugurée le 3 septembre 1874 (la veille de la
date anniversaire de la proclamation de la iII" République, encore un
hasard sans doute) par le grand rabbin Zadoc-Kahn.
L'axis mundi ressurgit au 32 de la rue de Châteaudun. Nous ne
retrouvons ensuite sa trace qu'avec un médaillon au 69 de la rue
Pigalle. En 7787, le no 34 abritait la loge des « Amis Réunis ». Un
autre médaillon orne le no 5 de la rue Duperré. Nous voilà place
Pigalle, où débouche une rue Houdon, baptisée ainsi en l'honneur du
sculpteur Jean-Antoine Houdon, membre de la loge - oui vous avez
deviné ! - « Les Neuf Sæurs ,.
Le méridien entame alors l'ascension de la Butte Montmartre par
la rue Germain Pilon et marque son passage par un médaillon au 79
de la rue Lepic, nommée ainsi en l'honneur du comte d'Andrésy,
général d'Empire et, bien entendu, Frère.
La Mire du Nord
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Maintenant, imperceptiblement, le méridien entreprend sa
descente vers Saint-Denis et la nécropole des rois de France. Il
marque son passage au moyen d'un médaillon sur Ie trottoir au no1
de l'avenue Junot, autre général d'Empire, qui fut secrétaire de
Napoléon au siège de Toulon. Celui que le futur empereur
surnomma alors « le sergent La Tempête » avant d'en faire un duc
d'Abrantès était officier du Grand Orient. L'axis mundi poursuit son
périple vers le toit du monde en passant cent mètres à peine à I'ouest
de Ia rue... du Pôle Nord !Il coupe ensuite Ie boulevard Ney (le
maréchal et franc-maçon habita un hôtel particulier sur le méridien et
fut officiellement fusillé sur ce même méridien...) avant de nous
offrir au 18 de l'avenue de Porte de Montmartre, à l'entrée de la
bibliothèque municipale, la dernière trace d'airain de son invisible
passage dans la capitale.
Nore route s'arrête là : nous ne rejoindrons pas encore les rivages
d'Hyperborée. Pour nous consoler de ne pouvoir atteindre l'Ile sur le
Toit du Monde, nous allons visiter un autre sanctuaire d'Apollon : le
Montparnasse.
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MONTPARNASSE : VOYAGE AU PIED
DE LA MONTAGNE DU DIE,U SOLAIRE
Notre itinéraire démarre sur le parvis de la gare Montparnasse. Quel
meilleur endroit qu'une gare pour un départ ? Surtout si nous
n'avons même pas besoin d'acheter le moindre billet de train pour
partir à l'aventure !
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GUIDE DU PARIS ESOTERIQUE
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GUIDE DU PARIS ESOTERIQUE
sol. Monde voué au culte solaire avec sa fontaine dédiée au ciel et ses
discrètes allusions mythologiques. Au cæur d'une mer aux vagues
pétrifiées, comme surgissant de l'écume des eaux primordiales,
apparaît, omphalos de ce microcosme, l'île mythique des filles de la
nuit (Nyx) et de l'obscurité (Erèbe) qui vivaient à I'extrême occident
du monde, là où le char du dieu Soleil entame sa course étincelante
dans les ténèbres. C'est sur ses rivages qu'Héraklès vint chercher les
pommes d'or gardées par le dragon. Et il n'y a bien sûr aucun hasard
si le hall de Ia gare Pasteur, qui borde l'une des faces du Jardin
Atlantique, s'orne d'une statue du sculpteur Antoine Bourdelle :
Héraklès archer.
.faut lexer les yeux vers la o zloûte céleste » de béton armé de la Dalle ponr aoir l'æil omniscient.
-.
lz üeu
.laire est aussi le dieu du Temps, et, très logiquement, il apparaît ici sous I'aspect d'une pendule.
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GUrDE DU PARrs ÉsorÉruque
gris, on reüouve immédiatement la référence au corps supplicié du
dieu Osiris, dépecé en quatorze morceaux par son meurüier et frère,
le dieu Seth. Pour qu'il n'y ait aucune ambiguïté, ou pour donner
une chance supplémentaire aux initiés distraits, l'æil divin apparaît
encore deux fois. Discrètement d'abord sur le sol carrelé de la petite
terrasse du « Pavillon des vagues bleues », à quelques mètres à peine à
l'est de l'île des Hespérides. Puis, un peu plus loin, dans le hall de la
gare Pasteur, où il est tellement visible qu'on ne le remarque pas. Là,
une pendule fixée au centre d'une verrière surplombant les quais
figure l'iris de l'æil d'un cyclope figé pour l'éternité. De son regard
immobile qui flotte âu sommet de la vorlte céleste en béton armé, le
Temps scrute tout. Douze mètres plus bas, les TGV viennent
achever leur périple sous la Dalle.
Quittons les lieux par la sortie du Pont des cinq marryrs du l-vcée
Buffon et prenons à main gauche en direction de la place de
Catalogne. Elle a été créée par l'architecte espagnol Ricardo Bofill, à
qui l'on doit plus d'un ensemble architectural à connotations
ésotériques, comme ie « palacio Abraxas » à Marne-la-Vallée au nom
fleurant bon la Gnose ou l'immense pyramide qui se dresse sur le
bord de l'autoroute, au Perthus, à la frontière franco-espagnole.
I-e Creuset ùt Temps de Shamai' Haber est une nouaelk démonstration qLrc p()Iff
les Initiés le T'etnps est cl'clique.
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curDE DLI PARIS ÉsorÉnIeur
L,e centre de la place est occupé par les fondations d'une
gigantesque colonne tronquée : « Le Creuset du Temps » (1987/88),
æuvre de Shamaï Haber (né en 1922 àLodz, Pologne, mort en 1995
à Paris). C'est un vaste disque de 2000m'de surface; formé de
300 000 pavés de granit appareillés comme une seuie pierre lisse, il
s'incline sut 2,4 m pour laisser glisser l'eau en un miroir jusqu'au
bord où elle descend en cascade. Quand le dispositif veut bien se
donner la peine de fonctionner) car les initiés ont touiours des petits
problèmes avec l'intendance, que l'on songe à l'état de délabrement
avancé de quelques-uns des plus emblématiques Grands Travaux de
l'ère Mitterrand... C'est. une fois de plus, le symbole des colonnes
brisées du Temple de Salomon et également une réminiscence - en
forme d'hommage - de I'extraordinaire tour foudroyée du désert de
Retz. L'eau qui court (ou devrait courir) sur la colonne inclinée
naissante é'noque le bouleversement (l'inclinaison de l'axe) prorroqué
par le passage à l'ère du Verseau. On peut aussi y voir une indication
astrologique de l'inclinaison de la bande zodiacale sur l'écliptique ; ce
qui nous ramène, une fois encore, aux 36 Décans. les fameux maîtres
du Destin qui, dans le projet initial de Mario Botta, ornaient le
sommet biseauté de la maçonnique cathédrale d'Evry.
I-a place est fermée au sud par un vaste édifice concave à la
façade rythmée par 28 colonnes offrant un nouveau calendrier
lunaire. Au milieu de la façade) une arche encadrée par deux
colonnes (les sempiternelles colonnes Boaz et Jakin) sert de porte
monumentale à un passage séparant l'édifice en deux blocs disuncts.
Celui de gauche s'ouvre sur une cour intérieure dont l'entrée, elle
aussi, est gardée par deux colonnes. Celui de droite abrite également
une cour intérieure en hémic1,cle, baptisée avec raison place de
I'amphithéâtre. Une allée de 16 autels cubiques en jalonne Ie
diamètre, et dévoile le symbolisme du nombre 16 et le seizième
arcane des T'arots, la fameuse Tour foudroyée. En tout, cette cour en
demi-iune accueiile 28 autels cubiques formant un nouveau
calendrier lunaire. Ce qui n'a rien pour vraiment nous surprendre,
puisque sur un haut lieu consacré à une divinité solaire, il est logique
d'y trouver associée sa parèdre lunaire et les terribles divinités
gardiennes du zodiaque.
t17
GUIDE DU PARrs ÉsorÉnreup
plus grand bien. Descendons la rue du Commandant René
Mouchotte barrée par une passerelle métallique surmontée d'une
arche parfaitement superflue mais très symbolique. Elle relie
l'enceinte maçonnico-ferroviaire de la gare Montparnasse au centre
commercial Gaité que l'on pourrait d'ailleurs tout aussi bien qualifier
de centre maçonnico-commercial. Les portiques d'entrée sont
surmontés d'un fronton, pyramidal bien sfir, affichant la letüe G.
Pour Gaité ou pour Géométrie ? Le festival continue avec le clin
d'æil de l'hôtel... Méridien. La malédiction des Templiers frappe
aussi puisque devant le centre commercial, le long de l'avenue du
Maine, s'étend le parvis D. Templier !
Tout près de là, au no 7l de l'avenue du Maine, l'hôtel de
l'Arcadie accueille les voyageurs et les membres du fan-club du
Prieuré de Sion. Apollon, le mont Parnasse, le méridien (ou au moins
un hôtel à son nom) et maintenant l'Arcadie. Peut-être faudrait-il
conseiller au brave hôtelier d'agrémenter le hall de son établissement
d'une reproduction des fameux « Bergers d'Arcadie » de Nicolas
Poussin et de proposer quelques prospectus publicitaires vantânt les
charmes du Razès. Après tout, cela ne semble nullement nuire au
chiffre d'affaires de ses collègues audois, bien au contraire...
Remontons I'avenue du Maine vers l'église Saint-Pierre de
Montrouge, dont le clocher pyramidal nous offre un excellent repère.
Sur notre droite s'ouvre la rue lean Zay (1904-1944), ministre de
l'Education nationale initié le 24 )anvier 1926 à la loge « Etienne
Dolet » à i'Orient d'Orléans.
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GUIDE DU PARIS ESOTERIQUE
Iz nouoeau siège de
la C.G.T.-F.O. est
du plus pur style
fonctionnel et
ésotéique arec sa
profusion de tiangles
et sa pyramide
inaersée.
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GUrDE DU PARIS ÉsorÉnIeuE
Denfert-Rochereau : le Lion de Belfort veille sur la ville des morts
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GUIDE DL) PARIS ESOTERIQLTE
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curDE DU PARrs Ésorenrqur
en partie caché par un maigre bosquet : c'est un obélisque p1,'ramidal
orné des habituels symboles ésotériques : grotte des Mystères, bonnet
phrygien de l'initié. En face, dans la 28' division, un grandiloquent
ange de bronze veille sur l'éternel repos du. sculpteur Auguste
Bartholdi, le créateur de la statue de la Liberté. A quelques pas de là,
le Frère André Ciuoën et le capitaine Dreyfus reposent, eux aussi, à
l'ombre du monument aux morts de la guerre de 1870 qui affecte -
mais faut-il vraiment s'en étonner ? - la forme d'un obélisque
pyramidal. Un peu plus loin, un autre tombeau abrite les restes de
l'écrivain Joseph Kessel, dont le neveu Pauick Kessel fut grand maître
du Grand Orient.
Continuons notre chemin dans I'allée silencieuse bordée de
platanes jusqu'à la 30' division où dort du sommeil du just(icier) le
chevalier Rose-Croix Pierre-Bloch. Le vénérable de la loge « La
Lumière » à l'Orient de Neuilly fut également président de la branche
française de la franc-maçonnerie juive des B'naï B'rith et l'un des
plus importants animateurs de la L.I.C.A., métamorphosée en
L.I.C.R.A., quand on s'avisa, un peu tard, que le racisme ne se
limitait pas à l'antisémitisme. Après avoir tourné à droite, nous nous
trouvons maintenant à la hauteur de la 24" di',,ision qui abrite de
nombreuses tombes juives et quelques magnifiques caveaux
maçonniques ; notamment celui de la famille de Menasce dont le
frontispice s'orne d'un blason maçonnique ayant en chef un aigle
bicéphale surmontant une pyramide précédée d'un sphinx et
encadrée, à gauche, par un croissant de lune. et, à droite, d'un soleil
en forme d'étoile de David. Le fronton du caveau de la famille Josué
Kahn et Mayer Kahn est décoré de deux mains formant le triangle
divin ; celui de la famille Moïse Levy présente une traditionnelle
poignée de mains maçonnique
Nous voilà déjà sur le trottoir de la rue Emile Richard, il ne nous
reste plus qu'à traverser la chaussée pour pénétrer dans la partie
occidentale de la nécropole. La 10'division nous offre un des plus
beaux monuments maçonniques en forme de colonne brisée du
cimetière du Montparnasse) qui abrite pourtant une véritable forêt de
colonnes tronquées. Il est magnifiquement orné de sculptures
féminines adossées au fût et tenant à la main des symboles
maçonniques aussi explicites que le compas ou l'équerre. Dans la
même division, repose René Renoult, champion du cumul des
portefeuilles ministériels (Finances, T'ravail et Prévoyance sociale,
Travaux publics, Intérieur, Justice, Marine) et des honneurs
maçonniques ; car ce haut dignitaire du Grand Orient était vénérable
d'honneur de la loge « L'Avanl-garde maçonnique » et de Ia loge « La
Justice ». Il était aussi chevalier Rose Croix, et, à ses - rares -
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GUIDE DU PARIS ESOTERIQUE
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GUrDE DU PARrs ÉsorÉnIeue
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curDE DU PARrs ÉsorÉnrquE
l'Orient de Paris. Nous arrivons en vue du discret monument qui
honore le souvenir des « Quatre sergents de La Rochelle » : en
bordure de l'allée, ombragée de saules, une stèle toute simple,
encadrée de quatre bornes blanches marquées de l'initiale du nom
des quatre suppliciés. Au pied de l'ancien moulin, nous allons tourner
à droite pour emprunter l'avenue de l'Ouest, bordée par une forêt
pétrifiée de colonnes brisées, jusqu'à la 6' division où se trouve la
tombe du louveteau et surtout poète Charles Baudelaire ;
bizarrement, le monument qui lui est dédié est installé contre le mur
de la rue Emile Richard, dans la 27" division. Inauguré en 1902, il
comporte le gisant de l'auteur des « Fleurs du Mal » et son buste
surmontant un vampire, sculptés en pierre par José de Charmoy. À
l'intersection suivante, nous nous engageons dans l'avenue du Nord
qui borde la 14" division. C'est 1à que repose) très discrètement, le
président de la République Paul Deschanel, louveteau et filleul d'un
autre louveteau (mais aussi grand maître du Prieuré de Sion) : Victor
Hugo. Dans la 5" division voisine, nous allons découvrir le tombeau
d'Isaac Moïse, dit Adolphe Crémieux, ministre, président de
l'Alliance israélite universelle et souverain grand commandeur du Rite
Ecossais Ancien et Accepté.
Encore quelques mètres et c'est l'entrée principale du cimetière du
Montparnasse. A l'extrémité du boulevard Edgar Quinet se dresse le
monolithe noir de la Tour Montparnasse, représentation symbolique
du mont Parnasse delphique ; c'est à son ombre que va débuter
notre prochain voyage initiatique.
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DE LA PYRAMIDE À TE TOUR DE BABE,L
E}{ PASSANT PAR L,ARCHE, D,ALLIANCE
ET L'ILE DE,S MORTS
Notre nouvel itinéraire de promenade démarre au pied du « Creuset
du Temps », place de Catalogne. Après être passé sous l'arche
maçonnique, qui relie les bâtiments créés par l'architecte Ricardo
Bofill, nous arrivons à un jardin public à l'angle des rues Alain et
Vercingétorix. Là, I'inévitable pyramide de service nous attend
patiemment ; celle-ci est petite, blanche et sert de local technique.
Quelques centaines de mètres plus loin, au croisement des rues
Vercingétorix et Alésia (tout un symbole !), un menhir de béton est
planté au milieu d'un autre espace vert. Son inattendue présence
s'explique, en partie, si l'on veut bien considérer que le moderne
mégalithe est en alignement avec l'abri de jardin pyramidal et le
monolithe noir de la Tour Montparnasse.
Tournons à droite dans la rue de Vouillé, et engageons-nous
ensuite dans la rue George Pitard ; en face de l'édifice en briques des
anciens Bains municipaux, le porche d'entrée du no 29 est gardé par
deux dragons de pierre tapis, près à bondir sur le passant imprudent.
Arrivé à l'extrémité de la rue, tournons à gauche cette fois, et, après
la place Falguière, empruntons ensuite la rue d'Alleray.
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GUrDE DU PARIS Ésorerueur
IJne arche d'alliance dans le XV" arrondissernent
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GUrDE DU PARIS nsorÉnrqun
d'un « lac », où émerge une « île » abritant un « temple » ; l'archéwpe
parfait du jardin initiatique, la quintessence des symboles
ésotériques. L'îlot au milieu du petit étang, où barbotent quelques
canards apprivoisés, c'est « l'île des Morts » ; la -lerre des
Bienheureux ; le séjour d'éternelle félicité ; le Paradis terrestre, que,
depuis l'Antiquite, les navigateurs cherchent à accoster au prix de
tous les périls ; l'île m1'thique où ressuscitent les héros défunts ;
Avalon, le dernier séjour du roi Arthur. qui repose veillé par sa sceur
À4organe. f-e « temple » - ici un campanile de la fjn du siècle dernier
abritant un monument aux morts de la Première guerre mondiale -
cst un temple tunéraire, un lieu de recueillement. mais aussi un
tclmbeau, un cénotaphe héroïque. Avant de finir sous les r,r-rirtes
lugubres de la crypte du Panthéon, Ies cendres de Jean-Jacques
Rousseau reposaient dans la paisible lumière de « l'île des Pcupliers »,
au milieu du parc à fabriques d'Ermenonville. On ar.ait aussi projeté
de bâtir sur une île la pyramide destinée à abriter la dépouille du
u Lrrave général » Desaix. Et, pour l'éternité, la princesse de Galles
repose dans la solitude ombragée de châtaigniers séculaires d'une
petite île du lac Ovale, à Althorp, l'ancestrale domaine familialc des
Spcncer. Rien de nouveau sous le soleil. qu'il éclaire le monde des
vivants ou que la pâle lumière de son reflet guide la barque des
r\lorts vers l'Amenti.
Certes, la mer occidentale, qui borde les rivages de l'Amenti, sc
réduit ici aux dimensions éuiquées d'un étang profbnd comme une
baignoire ; et, en trois enjambées, on fait sans frémir le tour de u 1'î1e
dcs À,Iorts ,. Dans ce monde d'iilusions et de symboles. dans ce
microcosme allégorique, le Styx a des allures cle petit ruisseau
descendant en cascade d'une « montagne ») que partout ailleurs on
qualifierait d'humble monticule. L'« île » en est une par la bonne
volonté d'un mince ru, qu'enjambe sans effort un petit pont. 'lrois
escaliers, disposés sur l'arrière du campanile, permettent d'accéder à
une terrasse surplombant le « lac ». Au pied de celle-ci, une petite
allée mène à une petite crypte cn abside, percée à son extrémité
d'une baie en fbrme d'arche donnant sur I'étendue d'eau : c'est Ia
« gl'otte » initiatique, où I'initié, mort aux ténèbres du monde
profane, renaît à la lumière et reçoit le baptême des eaux virginales
de l'Océan primordial.
Derrière l'étang aux canards) commencent les pentes .de la
« montagne », I'axis mundi de ce monde en réduction. A son
sommet) un belr,édère offre un large pânorama sur une grande partie
du parc où se répartissent encore une roseraie, des petites places en
hémicycle rappelant les théâtres grecs, des tertres et un gigantesque
chaos rocheux, baptisé « zone d'escalade ») pour que l'on n'y
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GUrDE DU PARrs Ésorrnrque
soupçonne pas le chaos originel de la Création. Parfaite illustration
de la diaiectique des Frères, la « montagne » présente deux aspects
opposés et néanmoins complémentaires I le versant sud. très
escarpé, donne sur un long et profond canyon abritant une nature
sauvage. L'autre face, s'étageant en terrasses cultivées, offre au
regard une vigne et un rucher. La Materia Prima. la pierre brute,
devient entre les mains expertes du maçon la pierre taiiiée destinée à
l'édification du Temple. I1 ne faut pas non plus oublier l'importance
du symbolisme des abeilles et de la ruche dans la Maçonnerie ; ni
que Noé, après avoir échoué son arche sur les pentes du mont
Ararat, fit pousser la première vigne.
En contrebas du versant méridional s'élève la p1'ramide à six pans
du Carré Sylvia Monfort à laquelle on accède, de I'extérieur) par une
voie en spirale. Du parc, on peut s'v rendre par un étroit ravin
bordé de blocs chaotiques ; si les chemins vers la Connaissance sont
nombreux, la plupart sont tortLleux, semés d'embûches. alors que la
Voie est droite, mais étroite. Une passerelle de bois surplombe la
ravine et nous offre ainsi une excellente vue sur la pyramide. Le
traditionnel pyramidion est matérialisé ici par une sorte de tripode,
formé par 1'extrémité de trois des poutrelles métalliques qui
constituent l'ossature de l'édifice. Une structure métallique grillagée
de couleur rouge s'enroule, en trois spires, autour de la pyramide et
symbolise la spirale ascendante de l'âme s'élevant dans les sphères
célestes. La cuvette où est bâtie la pyramide, est dominée par un
autre belvédère, situé près de la sortie rue Brancion.
Sur l'esplanade de celui-ci, un portique de douze colonnes
disposées en demi-cercle forme un gnomon ; le fût des piliers,
composé d'une alternance de briques et de pierre, évoque l'aspect
habituel des colonnes réalisées par l'architecte initié Ledoux ; au sol,
un pavage de pierres polies matérialise 16 segments obliques. C'est
encore un des cadrans solaires, que la municipalité parisienne,
obsédée par le Temps et le méridien, a scmé sur le sol de la capitale.
Remontons la rue Brançion jusqu'au boulevard Lefèbvre, qui
honore la mémoire du maréchal de France, duc de Dantzig et
membre de la loge « Les Amis Réunis » à l'Orient de Mayence.
Suivons le boulevard jusqu'à la Porte de Plaisance, et prenons à
droite la rue Georges Boissier, où est située l'entrée principale du
Laboratoire National d'Essai. C'est un énorme bâtiment triangulaire
de ce style monumentalement insipide que semblait affectionner les
années 20-30, et les Frères, car, outre la forme caractéristique de
l'édifice, on constate que, comme pour un temple maçonnique,
l'entrée est à l'ouest et s'orne d'un escalier de neuf marches encadré
par deux énormes colonnes cylindriques. Revenons sur la Ceinrure
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GUIDE DU PARIS ESO'I'trRIQUE
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DES COLONNES DU TE,MPLE
AU FANTOME DU TEMPLE,
Sortons du Louvre par lc passage Richelieu, puis après avoir traversé
la rue de Rivoli et la place du Palais-Royal, pénétrons dans l'ancien
Palais-Cardinal par l'étroit passage qui sépare la Comédie-Française
des bureaux du Conseil d'Etat.
Devant nous, reposoirs pour touristes fatigués, vespasiennes pour
canidés ct aire de jeux pour enfants, les colonnes de Buren
enlaidissent la Cour d'honneur du Palais-Ro-val. Une fois encore, le
saccage esthétique d'un des lieux parisiens les plus chargés d'histoire
ne doit rien à la bêtise iconoclaste.
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cUIDE DU PARIS Ésor'Ézueur
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