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Deforge. déterminisme
Elévations partielles de la façade, projets, cathédrale de Reims, ( 1250), d'après Ducolombier, les chantiers, 2e éd.
EÛT
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Ces deux considérations éclairent les problèmes du cloche pour obtenir une sonorité convenable. Dans ces
choix des formes et des dimensions dans la construction conditions, il devenait possible de concevoir un modèle
des édifices. dont toutes les valeurs découleraient d'une seule. La
Aurès 2 , étudiant les sources des modules chez première échelle de proportions que nous ayons est celle
Vitruve, en voit trois. de G. Bonoccorso (1450), le module et l'épaisseur du
La première serait tout simplement la longueur métal à l'endroit où le battant frappe la cloche.
d'une pierre, celle du linteau reposant sur les deux Ce modèle s'est perpétué à travers les siècles, sans
colonnes centrales d'un édifice à péristyle; autrement changement. Ceci est explicable par le fait que les
l'écartement d'axe en axe de deux colonnes. Plus tard, le cloches ainsi construites sont probablement très
style ayant changé, on prendra, à défaut du linteau, une proches du modèle théorique *. On voit que, dans ce cas,
dimension caractéristique : la largeur de la nef pour les l'esthétique est celle du fonctionnel. Les variantes ne
cathédrales par exemple, avec des subdivisions pour les pouvant jouer que sur des détails décoratifs.
autres dimensions. Les proportions entre largeur de la Dans la fabrication des canons en bronze, domaine
nef et hauteur passent de 2,56 (Cluny, fin du XI e siècle) à où les effets d'une mauvaise construction étaient parti-
3,5 (Beauvais, 1247). On est alors à l'extrême limite du culièrement désagréables, le dimensionnement ne
possible, mécaniquement parlant, et, dans la plupart des pouvait que tenir rigoureusement compte de l'expé-
cas, ce sont les arcs-boutants qui sauveront la construc- rience. Jusqu'au début du XIX e siècle, c'est le diamètre
tion. du boulet et le calibre de la pièce, divisés en «parties»,
La seconde serait le rayon des colonnes. C'est le qui donnent les valeurs relatives de toutes les autres
module classique qui est encore préconisé de nos jours. formes des pièces d'artillerie. Etant entendu que pour
«Pour construire un ordre de hauteur donnée, il faut des raisons évidentes d'interchangeabilité le diamètre
diviser cette hauteur en dix-neuf parties égales, en d'un boulet-type devait servir de référence à tous les
donner quatre au piédestal, douze à la colonne et trois à autres.
l'entablement. Ce sont les proportions que Vignole a
marquées, d'après les observations qu'il a faites scru-
puleusement dans les plus beaux édifices antiques 3. »
La troisième repose sur le modèle humain. L'idée Le bois : la construction navale
qu'une filiation puisse exister entre l'homme, ses
créations et Dieu par le truchement des proportions du Si les modèles de la marine en bois, jusqu'au début
corps humain a longtemps agité les esprits. Dürer, du XIX e siècle, paraissent nombreux, ils répondent tous
véritablement obsédé par le problème des proportions, à quelques règles de proportions nées de l'expérience :
s'adresse d'abord aux peintres dans son «traité des rapport entre la surface de la voilure et celle de la
proportions» (1528), mais aussi aux orfèvres, aux maîtresse section transversale, rapport entre la hauteur
sculpteurs, aux tailleurs de pierre, aux menuisiers et à et la largeur du barrot, etc. Pour les navires armés, le
tous ceux qui se servent de la mesure. point de départ était le nombre de canons. Les
Cette démarche, débarrassée de ce qu'elle a de dimensions des affûts étant fixées par des tables et les
mystique, n'est pas éloignée de notre attitude fonction- espacements entre affûts par les servitudes, la longueur
nelle quand les constructions sont faites pour l'homme utile des batteries pouvait être calculée et, dès lors, tout
(Modulor de Le Corbusier). Le module sera donc la le reste du navire par le jeu des proportions, s'en
dimensions de base, toise, pied, pouce pour le modèle trouvait déterminé.
humain; linteau, rayon de la colonne, longueur de la Les tracés étaient eux-mêmes des tracés propor-
virga, longueur du pendule ou dix-millionième partie du tionnels simples, souvent en trois temps, au compas, ce
quart de méridien terrestre pour les références non qui faisait dire à quelques malveillants que pour être
anthropomorphiques *. charpentier de marine il suffisait de savoir compter
A partir des propositions et du module, il était jusqu'à trois.
possible de dessiner plan et élévation du bâtiment en Dans son «Ordonnance aux Intendants des
inscrivant les formes dans des constructions graphiques Arsenaux» (1679), Colbert écrit: «L'intention du Roy
simples, faciles à reporter au naturel et à contrôler sur le est qu'il soit fait, en chaque arsenal, des modèles en petit
terrain. d'un des vaisseaux de chacun des cinq rangs dans
lesquels les mesures seront réduites au 1/12 de toutes
leurs proportions et mesures; et il faudra que ces
modèles soient faits avec autant d'axactitude et justesse
Le bronze : cloches et canons qu'ils servent perpétuellement pour les mesures et
proportions à tous les vaisseaux qui seront construits
L'art campanaire, avec les formes des cloches, dans l'avenir; il sera nécessaire aussi de faire de pareils
illustre bien le rôle des proportions et du module tels modèles pour les frégates et pour tous les autres
qu'ils viennent d'être présentés. Il faut savoir, à propos bastiments dont on se sert...»
des cloches, que la tonalité est essentiellement fonction De toute évidence Colbert voulait, en faisant
de la masse et accessoirement du profil. Une cloche de comparer les meilleurs tracés des constructeurs français
1800 et de 1,417 de diamètre à la base, au profil et étrangers, obtenir des modèles éprouvés et amorcer
«normal», donne comme son fondamental un do dièse un processus inductif dont P. Hoste utilisera les résultats
(ou ré bémol). Très tôt une recherche tâtonnante semble dans sa «théorie de la construction des vaisseaux»
avoir fixé les proportions des diverses parties d'une (1697) 4 .
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Echelle campanaire. Biringuiccio, Pyrotechnie (1550).
Τ Echelle campanaire et calibre d'une cloche, (1700) d'après Peira, Hist, du dessin.
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LA RECHERCHE DES LIMITES mécanique pratique 6 », «excellent outil de travail pour
les dessinateurs de construction mécanique». Mais
surtout, Morin enseigne, à partir de 1839, la mécanique
Prémices appliquée au Conservatoire des Arts et Métiers. Le plan
de son cours de résistance des matériaux est le suivant :
Le comportement des matériaux a donné lieu à après avoir renvoyé aux travaux de Poncelet (1829)
réflexion et même à expérimentation dès l'Antiquité. pour la théorie, il traite de trois grands titres : extension,
Dans des «Problèmes de mécanique» d'Aristote on flexion, torsion. Les sollicitations composées ne sont pas
trouve des questions sur le comportement des poutres abordées. La méthode d'exposé est la même pour chaque
en bois. Questions encore posées au Moyen Age. L'esprit sujet. Après avoir rappelé les expériences pratiques d'un
toujours en éveil de Léonard de Vinci le fit s'intéresser à certain nombre de ses contemporains «habiles
la résistance des murs, des voûtes, des piliers et même du ingénieurs » (la référence la plus ancienne se rapporte à
fil de fer. Il fit, ou recommanda, des expériences d'où Hooke pour la proportionnalité des déformations aux
puissent se dégager des règles. efforts), Morin en tire une «loi expérimentale» qu'il
G a l i l é e i g n o r a n t l e s r e c h e r c h e s de contrôle en l'appliquant à des constructions connues.
Léonard de Vinci estime, dans ses «Discours et Par exemple, pour l'extension, il expose et discute une
démonstrations mathématiques au sujet de deux dizaine d'expériences. Les résultats sont consignés dans
nouvelles sciences » qu'il est le premier à s'occuper de ces des tables de résistance à la rupture et des valeurs limites
recherches tout à fait spéciales. Malgré cela, alors que la d'emploi. Il compare ensuite les dimensions données
physique théorique progresse, ce qu'on peut appeler la par les tables à celles de machines où se trouvent des
technologie de construction reste empirique. On ne pièces travaillant en extension (comme les colonnes
maîtrisera que bien plus tard, au XVII e siècle, la notion d'une presse à fourrage). Il n'est pas fait allusion à
de force et de composition des forces; plus tard encore, la l'usage possible de coefficients de sécurité mais Morin
résistance des matériaux qui ne débouchera sur des remarque que le manque d'homogénéité des fontes et
applications pratiques qu'au cours de la première moitié aciers est cause d'incertitudes.
du XIX e siècle. En 1865, Armengaud l'Aîné publie «Le Vignole
des mécaniciens 7 » essai sur la construction des
Formalisation machines qui se veut être un ouvrage pratique,
s'appuyant sur les « théories générales de la mécanique
Dans un ouvrage publié en 1845 mais conçu très physique, maintenant mieux connue à travers les
antérieurement à cette date, V. Leblanc introduit travaux de Yung, Coriolis, Poncelet, Lamé», etc. C'est-
quelques considérations sur les dimensions que l'ex- à-dire qu'il y a une volonté de substituer à l'induction
périence conduit à donner à certaines pièces de expérimentale des résultats déductifs tempérés par la
machines (boulons, vis, rivets, clavettes) ou parties de pratique.
machines. Ses tableaux de dimensions sont caractéris- Dans son «Nouveau cours raisonné de dessin
tiques d'une approche inductive. industriel appliqué principalement à la mécanique et à
Malgré son titre la «Théorie de la mécanique l'architecture» (1848), Armengaud marque très claire-
usuelle» de J.-A. Brognis (1821) 5 participe du même ment le renversement d'approche dans la conception
esprit. Le chapitre deuxième, consacré à la résistance des des objets :
matériaux, commence ainsi: «de nombreux prédéces- Le dessin ... «bien compris et considéré du point de
seurs... ont fait des expériences pour déterminer la vue industriel, ne se borne pas à dresser correcte-
résistance des matériaux, voici les principaux résultats ment avec des lignes tracées à Vaide des équerres et
qu'on déduit de ces expériences. Résistance horizontale : du compas, les contours des objets existants, mais
la résistance horizontale est en raison inverse de la ayant pour but la représentation exacte, complète
distance d'appuis et raison directe de la largeur et du et raisonnée des outils, machines et appareils divers
carré de l'épaisseur verticale (si c'est un parallélépipède) à Γétat idéal ou dfexécution, il embrasse Vagence-
ou du cube du diamètre si c'est un cylindre », etc. Ce type ment et la combinaison des organes entre eux, ainsi
de présentation est significatif car il marque le passage que leur disposition intérieure et le jeu de toutes les
de résultats expérimentaux dispersés à un modèle verbal parties actives. Pour parvenir à exécuter une
induit (et non pas déduit comme l'écrit Borgnis). machine à vapeur, par exemple, sans avoir recours
Les études dynamiques sont encore très peu à aucun modèle, il est indispensable, après avoir
développées. Dans les premières machines à vapeur le calculé les dimensions des principaux agents, de les
problème du frottement et par conséquent de la lubrifi- combiner entre eux de telle sorte qu'ils occupent des
cation est négligé. Il est vrai que les mouvements relatifs positions relatives, propres à remplir parfaitement
sont lents et les jeux si importants qu'ils mettent en les conditions voulues»...
échec tout essai de formalisation. Mais la technique Fils de mécanicien, mécanicien lui-même,
évoluant, la nécessité de mieux maîtriser les professeur à l'Académie industrielle de Berlin,
phénomènes dynamiques se fait impérative. C'est au l'Allemand F. Reuleaux connaît une très grande
général A. Morin que l'on attribue la première étude audience dans son pays. En 1870, il publie un ouvrage de
systématique du frottement, suivie en 1833-1835 par la construction mécanique rigoureux et cohérent 8 . Pour
publication des trois volumes de ses «Nouvelles prendre l'exemple du tourillon pour lequel trente ans
expériences sur le frottement». plus tôt Leblanc ne pouvait donner qu'une «table des
Morin publie en 1838 un «Aide-mémoire de valeurs généralement adoptées » Reuleaux, utilisant les
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résultats de son étude théorique sur la flexion simple, les Les règlements du Palais de l'Industrie s9opposant
applique au calcul d'un tourillon frontal. De l'équation au dessin et au relèvement des objets exposés, les
d'équarrissage d écoule une série de formules pratiques planches du présent atlas ne donnent pour la
auxquelles on donne encore parfois le nom de Formules plupart que de simples croquis exécutés de souvenir
de Reuleaux. en s'aidant de prospectus distribués par les
Signe d'une hésitation sur la conception des objets exposants.
techniques, Reuleaux utilise encore dans ce cas les Ce qui montre que ces expositions étaient très suivies et
proportions et les modules. Il précise : «les dimensions source d'inspiration et même, il faut le reconnaître après
des diverses parties de chaque organe (...) sont toutes avoir vu l'atlas en question, de copies plus ou moins
exprimées en fonction d'un module spécial qui a été déguisées.
déterminé dans chaque cas par les résultats de l'examen De nos jours encore, il n'est pas rare de conjuguer,
d'un grand nombre d'organes du même genre reconnus dans les bureaux d'études, l'usage du catalogue de
d'une exécution satisfaisante». modèles, la consultation des brevets et la mécanique
appliquée.
Les recueils de modèles Un premier cas est celui de la conception d'un objet
technique pour lequel on a un modèle complet
Les recueils de modèles graphiques dont l'intérêt conduisant à une solution unique et dont l'exploitation
pour l'artisanat est attesté par les noms de Jousse, ne nécessite pas de décision logique et d'itération. Dans
Marot, Vignole, Roubo, toujours en honneur de nos ce cas, le modèle étant introduit dans l'ordinateur sous
jours, connaissent aussi un grand succès, au cours du forme d'un programme de calcul, il suffit de fournir les
XIX e siècle, surtout en ce qui concerne les machines- données du problème pour obtenir les informations de
outils. sortie nécessaires au concepteur sur une feuille de
A défaut de modèles théoriques, les modèles papier, sur un écran ou sur une table traçante.
graphiques d'éléments de machines et de machines Tels sont les programmes de calcul et de dessin de
complètes donnent une idée de la « bonne forme » et de pièces mécaniques, d'ensembles isolés (comme des
la bonne solution puisqu'il s'agit de machines réalisées boîtes de vitesse), de poutres et de charpentes (comme
par des mécaniciens réputés. des ponts métalliques); les dessins de circuits électro-
La collection des dessins de machines du Conser- niques, les dessins de câblage et de tuyautage, l'élabo-
vatoire des Arts et Métiers est constituée par trois ration de schémas d'organigrammes, etc.
ensembles. Le «Portefeuille de Vaucanson» contient L'ordinateur peut aussi, en plus des informations
2000 à 3000 dessins exécutés avant la fin du propres à la conception, sortir les informations relatives
XVIIIe siècle. La collection principale est constituée par à la fabrication, c'est-à-dire faire le travail du technicien
8 à 10 000 dessins exécutés entre 1800 et 1850 par les des méthodes. Il suffit que l'ordinateur ait en mémoire,
dessinateurs du Conservatoire dont la fonction était de comme l'avait le technicien des méthodes, l'algorythme
faire les dessins des machines déposées. Le Conser- des opérations (et les modèles afférents) relatives à la
vatoire des Arts et Métiers détient aussi une collection fabrication de l'objet dans des conditions données.
complète des «Atlas de la marine» (1855-1930), soit Enfin l'ordinateur peut commander directement la
112 volumes 60 χ 90 cm renfermant chacun une machine à fabriquer l'objet, sans intermédiaire
vingtaine de dessins relatifs aux machineries des navires graphique, ni intervention humaine. L'objet est entière-
de guerre. ment déterminé dès lors que la demande a été formulée.
Armengaud l'Aîné, qui faisait partie de l'équipe Un second cas est celui où l'objet est défini par
des dessinateurs du Conservatoire, est exemplaire d'un plusieurs modèles. On est alors devant un problème qui
effort pour créer les conditions d'une science des peut être assimilé, généralement, à un système mathé-
ensembles mécaniques en commençant par rassembler matique où il y aurait plus d'inconnues que d'équations.
et classer les modèles graphiques de ces ensembles. De «Manuellement» le concepteur parvient à une solution
1848 à 1970, il publie sous le titre de « Publication indus- par ajustements successifs sur la planche à dessin. C'est
trielle», 36 tomes de planches de «machines-outils et ce que fait l'ordinateur grâce à un programme
appareils les plus perfectionnés et les plus récents d'itérations. Après avoir fixé les critères d'optimisation,
employés dans les différentes branches de l'industrie on donne des valeurs arbitraires aux inconnues en
française et étrangère » et il n'est pas le seul à œuvrer surnombre pour arriver à un système resolvable. A la
dans ce sens; le «Bulletin de société d'Encouragement à première itération, certaines conditions vont être
l'industrie nationale», le «Journal des Mines», les remplies mais d'autres ne le seront pas puisque les
«Annales des Arts et Manufactures» sont remplis de valeurs sont arbitraires. En comparant l'effet sur les
modèles graphiques les plus divers. unes et sur les autres, de nouvelles valeurs sont prises
Il est possible que cette boulimie de modèles autant de fois qu'il faut pour que, s'il n'y a pas impos-
graphiques ait été freinée, à la fin du XIXe siècle, par des sibilité, chaque paramètre évolue vers une valeur
questions de propriété industrielle. Dans l'un des compatible avec des équations des différentes conditions
premiers grands « Atlas de la marine », on peut lire ceci à et avec les critères d'optimisation. Pour simplifier le
propos des machines exposées à l'Exposition programme, on peut choisir comme témoins de la
Universelle de 1855 : convergence deux ou trois grandeurs significatives.
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Echelle de proportions pour les paliers horìzontaux.
La détermination des dimensions des paliers peut se faire avec avantage au moyen d'une épure. Nous donnons ici, comme
exemple, celle qui se rapporte au cas des paliers horizontaux (1).
Les pôles 0, 01, et 02 correspondent aux diamètres d des tourillons, et les pôles P, P 1 et P 2 aux dimensions qui sont
rapportées au module^ 1 = 10+ l,l5d; ce module άΛ devient égal à 0, pour d=(—10) : 1,15 ——8mm,7. La position du pôle P se
trouve, dès lors, déterminée par la condition qu'en memant par ce point une verticale, la longueur ab comprise entre les rayons
Oa et Ob soit égale à —8 mm ,7. Les intersections des rayons menés par les points 0 et P avec les ordonnés I, II,... fournissent les
valeurs correspondantes des diamètres et des autres éléments, à l'exception, toutefois, des dimensions des coussinets qui
exigent un pôle spécial, puisqu'elles sont rapportées à un module différent. Ce module, qui est e = 3 + 7/100 d, devient nul pour
d =(—3.100) : 7 =—43 m m . Les pôles E et El cherchés se trouvent, par suite, sur la ligne verticale dont la partie a'b) comprise
entre les rayons 0a' et Ob\ a une longueur égale à 43 m m . Pour le réservoir d'huile placé sur le chapeau, la dimension est
10 + 0,25 d1 = 10 + 0,25. 10 + 0,25. 1,15*/ = 12,5 + 0,2SW, ce qui revient à 4,17 (3 + 0,07d) = 4,17*. Le point £ peut donc
également être utilisé comme pôle pour les dimensions du réservoir à huile.
(1) La maison Escher-Wyss, de Zurich, fait usage, pour les paliers, d'une épure très bien disposée; cette épure, bien qu'établie dans l'hypothèse de la
proportionnalité géométrique de toutes les dimensions et ne possédant, par suite, qu'un seul pôle, rend cependant de très bons services.
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Calcul et dessin automatique d'une installation de radiateurs dans un immeuble (dessin partiel), document
COSTIC, SAINT-REMY-LES-CHEVREUSE, client SANIT, Cherbourg, octobre 1971.
reinplir les fonctions; mais il n'y a pas loin entre les bons miraculeuse d'un objet avec la fonction qu'il doit
résultats à des tests fonctionnels et la meilleure solution remplir. Il arrive que la perfection de cette aptitude
technique. D'où le sentiment chez les ingénieurs- existe en nos âmes, le sentiment d'une parenté entre
concepteurs que s'il y a plusieurs solutions au même le Beau et le Nécessaire... Il y a des outils admi-
problème posé en termes fonctionnels, il y en a toujours rables, étrangement clairs et nets comme des osse-
une meilleure que les autres. Dès lors, le travail de ments, et comme eux, qui attendent des actes et des
l'ingénieur-concepteur consiste : forces, et rien de plus.
- «à rechercher les solutions les meilleures par
référence à l'optimum visé; Socrate ; Ils se sont fait d'eux-mêmes, en quelque
- à formuler les solutions retenues sous forme de sorte; l'ouvrage séculaire a trouvé nécessairement
règles auxquelles chacun puisse se référer; la meilleure forme. La pratique innombrable
- à provoquer ainsi la répétition volontaire de ces rejoint un jour l'idéal et s'y arrête. Les milliers
solutions, chaque fois que le problème correspondant se d'essais de milliers d'hommes convergent lentement
pose. 9 » vers la figure la plus économique et la plus sûre.
Le dialogue entre créativité et déterminisme se Dans un monde statique et pauvre en objets, la
transforme ici en dialogue entre le bien et le moins bien. permanence des relations et leur faible densité ont pu en
effet laisser penser que la beauté naissait de la stricte
adaptation de l'objet à la fonction : le panier à fumier est
beau car il est approprié à sa fonction, écrit Xénophon,
et une cuillère de figuier est belle car elle est utile, répète
L'ESTHETIQUE ET LES ENSEMBLES Alain.
Il en va de même de tous les objets simples, comme
L'esthétique fonctionnelle les outils pour travailler la terre ou pour cuisiner, pour
lesquels les relations avec le milieu et l'utilisateur ne
Y a-t-il une esthétique de la fonctionnalité? La changent guère, d'où un équilibre, celui auquel pensait
meilleure solution technique à la fonction donne-t-elle P. Valéry. Mais à partir d'une certaine densité, les objets
aussi la plus belle forme ? «Oui » répond P. Valéry dans entrent en relation entre eux. Comme les meubles dans
un dialogue entre Phèdre et Socrate. une pièce. La pièce, salle de contrôle, la salle des
machines. L'atelier, l'usine sont alors des contenants et
Phèdre : / / me semble parfois qu'une impression de les objets techniques qu'ils renferment sont les
beauté naît de l'exactitude et qu'une sorte du composants d'un ensemble qu'il faudrait penser comme
volupté est engendrée par la conformité presque un tout.
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Machine atmosphérique de Newcomen (1722), dessin de 1735, photo D.M. Munich, n° 278.
La conception des ensembles Pour masquer ce que les machines à feu et les
machines à vapeur ont d'insolite ou de grotesque, on leur
Les créateurs des époques pré-industrielles, donne des formes rassurantes. Chaque fois que possible
lorsqu'ils concevaient, dessinaient, construisaient des on les enferme dans des bâtiments d'aspect anodin.
édifices, des moulins, des navires ou même des canons Avec la prolifération des machines, à partir du
avaient à tenir compte de relations qui étaient des XIX e siècle, à la mise à la disposition du créateur et du
relations avec le milieu naturel. Les relations entre constructeur de l'outil de travail qu'est la Résistance des
objets se limitaient à des relations de ressemblance ou de Matériaux s'ajoute une «réflexion sur la composition
similitude. des machines » à laquelle les noms précédemment cités
Cela est assez bien montré par les innombrables sont attachés. Mais il s'agit d'une réflexion sur la compo-
«théâtres des machines» du XVII e siècle, où l'objet sition interne et sur les relations mécaniques entre
représenté l'est comme une individualité unique, parties : transmission et transformation de mouvement,
enchâssée dans un milieu particulier qui agit sur elle et guidage, frottements.
qu'elle modifie: le flanc d'une colline, le bord d'une La conception des machines en tant qu'ensembles
rivière, le creux d'une mine. L'important est que de parties et la mise en relation des machines entre elles
l'ensemble objet-milieu soit cohérent et pour cela on n'est pas évoquée. Les machines s'imposent par leurs
habille l'objet, on le décore avant qu'il n'entre en scène. dimensions, par leur efficacité et par leur puissance.
Aves les machines à feu, le créateur se trouve en Elles se juxtaposent dans les halls industriels où les
difficulté. Comment intégrer au milieu ces objets si peintres de l'époque (dessinateurs ou écrivains) les
fortement divergents ? Si le « digesteur » de Papin ( 1680 découvrent avec effarement. Certains essaient de
environ) était une sorte de marmite, donc assimilable à défendre, en la noyant dans une brume rougeâtre,
du familier, sa machine de 1707 est monstrueuse : ventre l'esthétique des grues et des ports, des ateliers et des
ballonné et intestins grêles. On est loin des divines gares.
proportions, de l'harmonie des formes et du module On peut s'étonner aujourd'hui en voyant, hors de
humain. l'environnement proche pour lequel elles avaient été
Fait plus grave, ces machines à feu, comme celle de conçues, la presse à imprimer de Clymer (1829), décorée
Savery (1677) qui ressemble à un assemblage contre comme un meuble Empire, avec appliques en bronze et
nature de conduites romaines et d'alambics piriforme; aigle impérial; la presse à monnaie de Hartmann
ou celle de Potter (1725) avec ses chaînes grinçantes, (1838), audacieux mélange de gothique et de mauresque;
sont destinées à l'épuisement des eaux dans les mines. la machine à vapeur de Sulzer (1865) avec son bâti grec
Monde souterrain qui fait peur. ou cette autre, tout en gothique flamboyant (10). Il s'agit
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Proportions et constructions des bielles Arrengaud, Le vignole (1865), pi. 23.
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A Salle de brassage (1930?), photo J. Haag.
M Patron de couturière réglable pour la confection, U.S.A. 1879.
l'impression d'incohérence, ce qui me fait penser qu'il 2. AURES: Théorie du module déduite du texte de Vitruve,
Nîmes, 1862.
doit y avoir des dimensions relatives et des dimensions
par rapport à l'homme — c'est-à-dire des proportions et 3. F.P.R. : Abrégé de géométrie appliquée au dessin linéaire (texte et
des modules — qu'il faudrait retrouver par le même atlas), Tours, Marne, 1872.
mouvement que celui qui a donné naissance à la 4. HOSTE (P.) S.J. : Théorie de la construction des vaisseaux, 1697.
mécanique appliquée et que j'exposais au début de cette
5. BORGNIS (J.A.) : Théorie de la mécanique usuelle, Paris, Bachelier,
étude. 1821.
Cette recherche qui utiliserait le passé et le présent
6. MORIN (A.) : Aide-mémoire de la mécanique pratique (Résistance
pour préparer l'avenir donnerait une signification des matériaux), Paris, Hachette, 5 tomes, 1853 (pour le tome IV).
symbolique à la fonction d'ingénieur-concepteur
7. ARMENGAUD (l'Aîné) : Le Vignole des mécaniciens, essai sur la
d'ensembles. construction des machines, étude des éléments qui la constituent. Type et
proportion des organes, etc. (texte et atlas), Paris, Morel, 1865 (1 re éd.)
8. REULEAUX (F.) : Cinématique (principes fondamentaux d'une
théorie des machines), traduit par Debize, Paris, Savy, 1877.
BIBLIOGRAPHIE 9. COLLECTIF: Cinquante ans de normes françaises, 1920-1970,
AFNOR, 1970.
1. VIOLLET-LE-DUC : Dictionnaire raisonné de l'architecture 10. DEFORGE (Y.) : Le graphisme technique, Paris, H. Champion,
française du XI e auXVIe siècle, Paris, Morel, 1858 (10 tomes). 1976.
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