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G EO RG ES       JENNY

L’ONDIOLINE
co n c e p t i o n e t réalisation d ’ u n
instrument de lutherie électronique

Principes
de la
m u s i q u e
électronique
Introduction
par E. AISBERG

Initiation
à la
l u t h e r i e
électronique

Le schéma
de
l’Ondioline

Détails de
réalisation
et de
mise au point

Appendice :
Dispositif
permettant
d’obtenir
l’effet
d’octaves
couplées

FORGOTTEN FUTURES NEW YORK


VIENT DE PA R A I T R E

A P P A AR E I L S P ROD U CT ION ET
APPLICATIONS DE

TRANSISTORS
CONCEPTION ET RÉALISATION PRATIQUE

par H. SCHREIBER

Voici un ouvrage essentiellement pratique. Il relate, en effet, la


vaste expérience de l’auteur en matière de montages à transis-
tors en décrivant les réalisations variées que celui-ci a conçues par H. PIRAUX
et mises au point.
Après avoir brièvement exposé le fonctionnement et les carac-
téristiques des transistors à jonctions, l’auteur décrit en détail Physique nucléaire — Isotopes
la construction de nombreux montages :
APPAREILS DE MESURE. — Hétérodyne B.F. à points fixes et
radioactifs — Briseurs de noyaux
une autre à fréquence variable, hétérodyne modulée, contrôleur Réacteurs atomiques — Utilisation
électronique, buzzer.
de l’énergie atomique dans
AMPLIFICATEURS. — Modèle pour prothèse auditive ; divers
types de puissances variées et notamment pour magnétophones. le présent et l’avenir
RECEPTEURS. — A réaction et superhétérodynes (avec indi-
cations pour l’exécution des bobinages). Qu’est-ce que l’énergie des radiations ?… Les rayons
MONTAGES ELECTRONIQUES DIVERS. — Bascule bi-stable, gamma et les rayons cosmiques ?… La théorie des quanta
et la constante de Planck ?… Comment prend naissance la
relais électronique, multivibrateur.
radioactivité artificielle ?… Comment sont réalisés les cy-
TRANSFORMATEUR A COURANT CONTINU. — Pour alimen- clotrons, bêtatrons et autres cosmotrons ?… De quelle ma-
tation des récepteurs portatifs. nière les radio-isotopes permettent-ils de déterminer l’âge
des fossiles ?…
L’auteur met le lecteur en garde contre les embûches qu’il risque
de rencontrer et lui facilite la mise au point des montages grâce Voilà quelques-unes des questions auxquelles répond
aux tours de main pratiques qu’il préconise. cet ouvrage, qui familiarisera le lecteur avec le monde de
Les nombreuses illustrations aideront dans sa tâche celui qui l’atome. Il examine ainsi les phénomènes mis en jeu dans
voudra reproduire les modèles décrits. la production de l’énergie atomique et passe en revue les
diverses classes de réacteurs utilisés.
Un volume de 80 pages (16 X 24) illustré de nombreux
schémas et photographies de montages décrits. Couverture Faisant le point de l’état actuel de la question, ce livre
dresse un tableau de l’implantation des réacteurs ato-
en trois couleurs. miques dans le monde. Il analyse les aspects techniques,
PRIX : 480 F Par poste : 528 F économiques et sociaux de la grande révolution atomique
et, ce faisant, projette hardiment des clartés sur l’avenir que
R A P P E L : l’avènement de l’Ere Atomique réserve à l’humanité.
De nos jours, nul n’a le droit d’ignorer ces problèmes qui
Du même auteur : touchent de très près chacun de nous.
L’ouvrage de H. Piraux permet de s’y initier aisément tant
T E C H N I Q U E son exposé est clair et facile à assimiler, tant il est agréa-
blement présenté. Voilà un livre essentiellement utile, in-
DES dispensable même à celui qui veut, plutôt que de les subir
passivement, faire consciemment face aux événements.
TRANSISTORS
Propriétés. — Fonctionnement. — Technologie. — Contrôle,
mesures et utilisation des transistors à jonctions.
Un volume illustré de 126 pages (16x24 cm)
sous couverture en 3 couleurs
2 e édition, complétée et mise à jour
Un volume de 176 pages (16 X 24), 204 figures PRIX : 600 Fr. Par poste : 660 Fr.
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SOCIÉTÉ DES ÉDITIONS RADIO SOCIÉTÉ DES ÉDITIONS RADIO


9, Rue Jacob, PARIS-6e —
Ch. P. 1164-34
9, rue Jacob, PARIS-6e — Ch. P. 1164-34
PRINCIPES
de la
MUSIQUE ELECTRONIQUE
INTRODUCTION PAR
E. AISBERG

Coup d’œil sur le passé dont la note pouvait être variée d’une fa-
çon continue, par le réglage du conden-
l’ancêtre du « Cellulophone » inventé
beaucoup plus tard par Pierre Toulon.
sateur variable. L’invention la plus importante, disons
Quand on veut retracer l’historique Tout cela témoignait d’un grand in- même fondamentale, dans ce domaine,
d’une invention, on finit généralement térêt pour la musique électronique, qui a été faite incontestablement par Lee de
par remonter au Déluge. Mais il y a tou- n’a jamais cessé depuis et qui a fini par Forest. Celui qui, en 1906, a inventé le
jours un moment où ce qui existait en donner lieu à un certain nombre de ré- premier tube électronique à trois élec-
puissance dans l’esprit des chercheurs alisations sérieuses qui, de nos jours, trodes, a eu, dès 1915, l’idée de l’utili-
ou entre les murs des laboratoires, finit sont employées soit par des solistes, soit ser comme oscillateur produisant des
par percer pour éclater au grand jour. comme instruments d’orchestre. courants de basse fréquence, capables
On peut, sans difficulté, situer avec pré- Cependant, comme nous l’avons dit, d’engendrer des sons musicaux, dont la
cision ce moment en ce qui concerne la on peut toujours remonter au Déluge. hauteur était variée d’une façon disconti-
musique électronique. Celui-ci, en l’occurrence, n’est vieux… nue grâce à un jeu de résistances de fuite
C’est en effet un soir de 1927 qu’un que d’un siècle. et de condensateurs de grille de valeurs
radioélectricien russe d’origine française, Il y eut, en effet, des tentatives de pro- appropriées. On verra plus loin que les
du nom de Théremin, donna, à l’Opéra duction de la musique par des moyens pu- principaux appareils de musique électro-
de Paris, le premier récital public d’un rement électriques tels que le générateur nique actuellement adoptés sont basés
instrument de musique électronique. La de Cahill qui, dans les dernières années sur des oscillateurs de basse fréquence.
façon même de jouer du « Théreminvox » du XIXe siècle, a proposé d’utiliser de Ainsi, une fois de plus, on admirera le
avait de quoi impressionner le public. En petits alternateurs de faible puissance, génie universel du Dr Lee de Forest, ce
effet, celui qui en était à la fois l’inven- tournant à des vitesses différentes, pour précurseur de notre ère électronique.
teur et l’habile exécutant, en tirait des former des sons musicaux dans un écou-
sons curieux et non dénués d’agrément, teur téléphonique.
sans toucher à un organe matériel quel- Bien avant lui, on a essayé d’utiliser
conque. En approchant plus ou moins les propriétés des premières cellules Qu’est-ce que la musique
la main droite d’une tige métallique, le
virtuose parvenait à modifier la hauteur
photo-électriques au sélénium pour
varier l’intensité d’un courant élec-
électronique?
du son, alors que sa main gauche, en trique traversant une de ces cellules
s’éloignant plus ou moins d’un anneau à l’aide d’un disque perforé de trous Nous assistons, de nos jours, à un
métallique, imprimait à la musique ainsi à travers lesquels la cellule recevait véritable abus du terme « électronique ».
produite des variations d’intensité. On un faisceau lumineux. La rotation du Dans tous les domaines, d’habiles
avait littéralement l’impression que ces disque, en coupant périodiquement le hommes d’affaires cherchent à profiter
passes magiques parvenaient à tirer les faisceau, modifiait la résistance de la de la popularité de ce mot pour en recou-
sons de l’air! cellule et, partant, modulait le courant vrir une marchandise qui n’a rigoureuse-
On conçoit aisément combien cette fa- qui, dans un écouteur, donnait lieu à ment rien d’électronique. En est-il ainsi
çon de jouer a frappé l’esprit des journa- un son musical. La hauteur de ce son dans le domaine de la musique?
listes qui brodèrent à l’infini sur la « mu- pouvait être variée soit en modifiant la En fait, peut-on qualifier de musique
sique des ondes », « les sons éthérés », vitesse de la rotation du disque, soit électronique la simple diffusion des sons
etc. en disposant de différentes rangées assurée par ce classique ensemble que
La très sérieuse « Revue des Deux circulaires comportant un nombre plus constitue la chaîne : microphone ampli-
Mondes » publia une étude du grand géo- ou moins grand de perforations. Le ficateur haut-parleurs. Ce que les
mètre Maurice d’Ocagne qui prédisait à « Sélénophone » ainsi constitué était Américains appellent une installation de
la musique électronique un grand avenir, « public-address » utilise certes un ampli-
ce en quoi il n’avait assurément pas tort. ficateur électronique. Mais si l’on ampli-
Peu de temps après, un inventeur fran- fie de la sorte le faible filet de voix d’un
çais, M. Martenot, présentait à son tour Tino Rossi pour le faire entendre à un
un instrument qui, pour être moins im- millier de spectateurs (ravis, bien enten-
pressionnant, n’en permettait pas moins du), il serait abusif de parler là de mu-
d’exécuter aisément diverses œuvres mu- sique électronique…
sicales. Ici, la main du virtuose venait en Franchissons une étape et supposons
contact, soit avec une corde, soit avec qu’un chaînon supplémentaire est inter-
une touche d’un clavier ressemblant à calé dans la chaîne qui vient d’être dé-
celui d’un piano, ce qui donnait la pos- crite : un dispositif permettant de mo-
sibilité de développer une vélocité que le Non! Le fait de capter les sons à difier les timbres des instruments de
Théreminvox interdisait en principe. Puis, l’aide d’un microphone, d’amplifier musique dont les sons sont captés par le
à un Salon de la Radio, au Grand Palais, les courants résultants et de diffu­ microphone. Cette intervention de l’élec-
Péchadre a présenté son « Ondium », ins- ser les sons ainsi renforcés à l’aide tricité dans la nature même des sons
trument sans prétention, constitué par de haut-parleurs, n’a rien à voir commence à justifier, dans une faible
un simple oscillateur de basse fréquence, avec la musique électronique! mesure, l’appellation d’ « électronique ».
2 Principes De La Musique Électronique

Allons maintenant un peu plus loin méritent bien le nom de musique électro- Tout ce qui précède mérite, plus ou
encore et supposons qu’à la place du nique. moins, avons-nous dit, le nom de mu-
microphone nous avons un capteur Une catégorie à part sera constituée sique électronique. En revanche, ce qui
quelconque, c’est-à-dire un dispositif par des instruments qui reproduisent des le mérite complètement, ce sont tous les
capable de transformer des vibrations sons préalablement enregistrés, mais dispositifs où les oscillations électriques,
mécaniques en une tension électrique choisis à volonté. Il n’est évidemment qui donnent lieu aux sons que l’on fait
variable. Il existe ainsi des capteurs élec- pas question des enregistreurs électro- entendre, sont entièrement engendrées
tromagnétiques qui sont fixés au-dessus magnétiques classiques qui reproduisent par des procédés électroniques. Qu’il
des cordes d’un piano ou d’une guitare. fidèlement un morceau de musique en- s’agisse de simples oscillateurs de basse
Les vibrations des cordes dans l’entre- registrée, mais des appareils où chaque fréquence ou de dispositifs plus compli-
fer de l’électro-aimant, en modifiant la note a été enregistrée d’après un instru- qués, ces instruments ont le mérite de ne
réluctance, déterminent l’apparition de ment classique. pas être de simples traducteurs, mais de
forces électro-motrices variables dans On peut rapprocher de cette catégorie créer 100 % les sons dont la beauté peut
les enroulements des électro-aimants. le carillon électronique Chancenotte (1) . souvent être remarquable.

Exemple de « musique synthétique »


Le variateur du timbre intercalé dans la obtenue en traçant à l’encre sur une
chaîne de l’amplification constitue une bande transparente la piste sonore
intervention de l’électronique dans la qu’un lecteur à cellule photo-électrique
musique. Un « capteur » permet, de sur­ pourra déchiffrer aisément.
croît, de traduire des vibrations méca­
niques en tensions sans l’intermédiaire Avant de passer en revue les princi-
des ondes sonores de l’air. pales classes de tels instruments, nous
croyons utile de nous appesantir quelque
Ces faibles tensions peuvent être ensuite peu sur la nature même des sons qu’ils
amplifiées, leur timbre peut, éventuelle- ont pour mission de produire.
ment, être modifié, et le tout peut être Diapason entretenu par un oscilla­
diffusé, avec la puissance voulue, par des teur à tube électronique. Le circuit
haut-parleurs. Là encore, nous sommes oscillant doit être accordé sur la Les caractéristiques du son
à la limite de ce qui peut être considéré fréquence du diapason.
comme musique électronique.
On peut, aussi, concevoir des instru- Notre compatriote, qui œuvre actuelle- Quatre paramètres principaux caracté-
ments inédits dans lesquels des cordes ment au Canada (nul n’est prophète en risent un son musical donné : sa hauteur,
ou des lames sont mises en vibrations son pays…) a imaginé d’enregistrer tout sa puissance, son timbre et la manière
par des moyens mécaniques (marteaux) d’abord photographiquement (comme dont il est attaqué.
ou électriques (entretien par électro-ai- sur la piste sonore d’un film) les sons des Nous parlons là des sensations sub-
mant) ou encore dans lesquels des meilleures cloches de nos églises. Puis, jectives que le son suscite en nous. Pour
anches vibrent sous l’action d’un mou- partant de ces enregistrements, il a gra- le physicien, chacune de ces caractéris-
vement d’air comme dans les tuyaux vé les oscillations correspondantes à la tiques correspond à un paramètre tout
d’orgues; et des capteurs permettent de surface d’un cylindre en acier, les creux à fait objectif, comme nous le verrons
traduire ces vibrations par des tensions correspondant, par exemple, aux parties dans les lignes qui suivent. Le physicien
électriques variables. claires de l’enregistrement, et les reliefs pourrait, d’ailleurs, ajouter encore un
Il n’est pas nécessaire qu’un contact aux parties sombres. On conçoit que cinquième paramètre qu’il appellerait la
soit établi entre le capteur et la pièce lorsqu’un tel cylindre tourne devant un phase et qui n’a de sens que si l’on se ré-
vibrante, ce qui risque de modifier le ré- électro-aimant, la réluctance dans l’en- fère à un moment donné du temps. Etant
gime de ses oscillations. Si la pièce est trefer de celui-ci varie et fait apparaître donné que la phase ne donne guère lieu
en matière ferromagnétique, des cap- des forces électromotrices traduisant, à des sensations subjectives (la question
teurs électromagnétiques suffisent, et en fin de compte, le son enregistré des est, d’ailleurs, discutable) nous la pas-
s’il s’agit d’un métal non magnétique, cloches. Ainsi, plusieurs églises cana- sons ici sous silence.
on peut utiliser avec succès des capteurs diennes ont-elles été équipées à bon
capacitifs. compte et font entendre la voix puissante HAUTEUR DU SON. — Nous savons,
C’est ainsi que les cloches électro- de la « Savoyarde » du Sacré-Cœur de Pa- en comparant différents sons, qu’ils
niques de Constant Martin, utilisent les ris ou de ses sœurs les plus connues. peuvent être plus ou moins graves ou
vibrations des lames métalliques entre- On peut encore ranger dans une ca- aigus. Cette sensation est due à la fré-
tenues par des procédés électromagné- tégorie voisine les tentatives d’écriture quence des vibrations sonores. Si l’oreille
tiques et traduites en tensions variables synthétique que certains inventeurs humaine perçoit des oscillations dont la
à l’aide de capteurs électromagnétiques. pourvus de la patience des Bénédictins fréquence s’étend de 20 Hz (hertz ou pé-
Dans les cloches de l’inventeur américain ont faites, non sans succès. Plutôt que riodes par seconde) à 20 000 Hz, aucun
Schulmerich, on utilise les vibrations de d’enregistrer des sons d’un instrument instrument d’orchestre ne couvre entiè-
lames en bronze entretenues par un pro- connu sur la piste d’un film, ils ont dessi- rement cet intervalle, du moins dans ces
cédé mécanique et traduites à l’aide de né de telles pistes à l’encre. Disons que, fréquences fondamentales (voir ci-après).
capteurs à capacité. à la reproduction, le résultat est pour le L’instrument qui a l’étendue des fré-
Dans cette classe d’instruments, nous moins curieux. quences la plus grande est le piano. Il
nous écartons des procédés classiques. couvre en effet l’intervalle allant de 30
L’électronique commence à jouer ici un (1) Lire « Un nouveau procédé d’en- à 5 000 Hz environ. La contrebasse, elle,
rôle plus important. On peut créer des registrement électromagnétique du se contente d’un intervalle beaucoup
timbres nouveaux. Aussi il n’est pas abu- son », par J. Garcin. Toute la Radio, plus restreint allant de 40 à 250 Hz seule­
sif de considérer que de tels instruments nº 126, juin 1948. ment.
Principes De La Musique Électronique 3

INTERVALLE DE FRÉQUENCES COUVERT PAR DIFFÉRENTS INSTRUMENTS


Il s’agit dans ce graphique de la totalité des fréquences occupées par chaque instrument, c’est-à-dire aussi bien des
fondamentales que des harmoniques. Les pointillés indiquent des zones d’incertitude.
(Diagramme établi d’après Snow.)

La différence des fréquences de deux cillations engendrées par les différents mants », ces oscillations forcées des
sons porte le nom d’intervalle. Si le rap- instruments. Il suffit de traduire ces sons diverses pièces des instruments qui ne
port des fréquences de deux sons est (à l’aide d’un microphone ou d’un autre sont pas des multiples de la fréquence
égal à 2, on dit qu’il forme une octave. capteur) en tensions électriques, les am- fondamentale. L’exposé de G. Jenny met
Les notes écartées d’une ou de plu- plifier fidèlement et les appliquer à un os- en évidence l’importance de ces compo-
sieurs octaves sonnent sensiblement cilloscope pour constater les différences santes généralement (et à tort!) ignorées.
de la même façon pour l’oreille; on dit de leur forme. Alors que le diapason et la
qu’elles sont à l’unisson. Chacune des flûte formeront des oscillations sensible- PUISSANCE. — La terminologie fran-
octaves suivantes occupant un intervalle ment sinusoïdales, un violon ou un piano çaise est dépourvue d’un mot traduisant
de fréquences double de la précédente, donneront lieu à des tensions, certes pé- fidèlement l’impression subjective de puis­
la répartition des notes d’une gamme est riodiques, mais de forme différant beau- sance, comme le mot anglais « Ioudness ».
évidemment logarithmique. C’est la rai- coup de la sinusoïde. On peut à la rigueur parler du « volume »
son pour laquelle, dans tous les traités Cela est dû au grand nombre des har- du son, encore que ce mot nous plaise
d’acoustique et d’électro-acoustique, on moniques dont certaines peuvent même très médiocrement.
se sert des échelles logarithmiques pour être d’amplitude supérieure à celle de Quoi qu’il en soit, la puissance acous-
représenter les courbes de réponse, du l’oscillation fondamentale. Rappelons tique du son perçue par nos oreilles peut
gain des amplificateurs, de la sensibilité que l’on appelle oscillations harmoniques aller de quelques milliwatts, dans les
du microphone et de l’oreille, etc. des oscillations dont la fréquence est pianissimi du violon, jusqu’à 70 W dans
plusieurs fois (deux fois, trois fois, etc.) les éclats d’un grand orchestre sympho-
TIMBRE DES INSTRUMENTS. — Deux supérieure à celle de l’oscillation fonda- nique. On voit que la dynamique (rapport
sons ayant la même hauteur mais engen- mentale. C’est cette présence des har- des puissances) est de 45 dB. Quant à la
drés par des instruments différents sont moniques et la répartition de leurs inten- parole normale, elle met en jeu des puis-
aisément différenciés par l’oreille. Le sités qui fait la richesse des timbres de sances acoustiques étonnamment faibles
troisième do d’une flûte ne ressemble certains instruments. Entre un Stradiva- allant de 10 μW à 1 mW.
pas au troisième do d’un saxophone, et le rius, coûtant des millions, et un vulgaire
troisième la d’un violon de bonne qualité « crin-crin », la différence est déterminée Il est évident que, dans les instruments
diffère de la note de la même fréquence uniquement par le spectre de leurs har- de musique électronique, la puissance
engendrée par un diapason. moniques. obtenue dépend essentiellement de l’am-
Ces différences de timbre sont dues à En plus des harmoniques, le timbre plificateur et peut être poussée aussi loin
la différence de la forme même des os- est également déterminé par des « for- que l’on désire.
4 Principes De La Musique Électronique

ATTAQUES DES INSTRUMENTS. — fondamentales. Nous plaçant sur ce


Jusqu’à présent, nous avons envisagé point de vue, nous pourrons distinguer
les caractéristiques du son en régime trois classes principales d’instruments de
stationnaire, c’est-à-dire lorsqu’il est musique électronique (classification qui
déjà établi. Mais y a un commencement n’est point limitative, mais qui englobe
et une fin à tout. Et pour commencer et les principaux appareils existant à l’heure
pour finir, le son passe par des régimes actuelle) :
transitoires plus ou moins brusques. a) Instruments électro-magnétiques;
La modification de son allure porte b) Instruments optiques;
non seulement sur la puissance, mais
également sur le timbre et quelquefois c) Oscillateurs à tubes électroniques
même sur la hauteur de la fondamentale. ou à transistors.
La reproduction des régimes transitoires Passons rapidement en revue les prin-
pose des problèmes vraiment ardus et qui cipaux appareils de chacune de ces
sont loin d’être tous résolus. classes.
INSTRUMENTS ELECTRO-MAGNETI­ Principe des instruments photo-élec­
Diverses classes d’instru­ QUES. — Imaginons une scie circulaire
dont les dents défilent dans l’entrefer
triques. Le disque en verre porte plu­
sieurs pistes sonores concentriques.
ments de musique d’un électro-aimant. Celui-ci est consti-
pourrait être rendue variable à l’aide de
électronique. tué par un aimant permanent servant de
noyau à un bobinage. Il est évident qu’en caches magnétiques appropriés, de ma-
faisant tourner la scie, nous allons engen- nière à reproduire des timbres de diffé-
Plusieurs méthodes permettent de drer dans l’enroulement une tension al- rents instruments. Des systèmes de mise
classer de diverses manières les instru- ternative dont la fréquence fondamentale en contact progressifs permettraient
ments de musique électronique. On peut, est égale au nombre de dents parcou- peut-être d’imiter les attaques de divers
par exemple, les diviser en deux grandes rant l’entrefer en une seconde et dont le instruments. En revanche, il serait assez
classes : les monodiques et les polypho- timbre dépend de la forme de ces dents. difficile d’obtenir une modulation de la
niques. Les premiers ne peuvent engen- En amplifiant cette tension et en modi- fréquence fondamentale afin d’imiter le
drer qu’une seule note à la fois, comme le fiant au besoin son timbre, nous pourrons « vibrato » qui confère une beauté parti-
fait la voix humaine. Ceux de la deuxième donc obtenir ainsi une note musicale. culière au son de certains instruments.
classe peuvent engendrer plusieurs notes Supposons maintenant que, sur le Sur le principe des roues dentées, on
simultanément, comme le font le piano même axe, nous ayons plusieurs scies a pu réaliser des orgues électroniques
ou l’orgue. circulaires ou, d’une façon plus géné- très perfectionnées comme par exemple
En fonction du résultat obtenu, on rale, roues dentées. Supposons que les l’orgue Hammond qui a connu un grand
pourrait également classer les instru- nombres de dents de ces roues ne soient succès.
ments qui nous intéressent en instruments pas les mêmes. Dès lors, chacune des
INSTRUMENTS OPTIQUES. — Dans
imitatifs et instruments originaux. En roues pourra engendrer une note de hau-
tous les instruments optiques l’oscillation
effet, certains ne servent qu’à imiter les teur différente. On pourrait prévoir, d’ail-
est engendrée par un faisceau lumineux
timbres des instruments classiques, alors leurs, plusieurs axes, chacun correspon-
périodiquement interrompu qui, capté par
que d’autres permettent d’engendrer des dant à une octave, et porteur de douze
une cellule photo-électrique, donne ainsi
timbres inédits, ouvrant ainsi de vastes roues (pour tenir compte des demi-tons).
lieu à des tensions périodiques.
possibilités à des recherches esthétiques. Un système très simple d’engrenages
permettrait d’animer chaque axe d’une Nous avons indiqué plus haut que, dès
Cependant, un tel classement serait vitesse double de celle du précédent. la découverte des propriétés photo-résis-
peu justifié étant donné que la plupart Nous disposerions ainsi de l’ensemble tantes du sélénium, l’idée est venue de
des instruments perfectionnés cumulent des notes de plusieurs octaves. Il suffirait les mettre à profit pour réaliser le « Sélé-
les deux possibilités : tout en permettant de connecter chaque électro-aimant à un nophone » qui est peut-être l’ancêtre de
de se rapprocher des timbres des instru- contacteur commandé par des touches tous les instruments de musique électro-
ments classiques, ils offrent, en plus, cer- d’un clavier pour disposer d’un véritable nique. Beaucoup plus près de nous, on
taines possibilités nouvelles. orgue électro-magnétique. a pu appliquer le même principe pour la
Du point de vue purement technique, réalisation du « Cellulophone » dans le-
On peut, bien entendu, envisager de
le classement le plus rationnel serait quel, selon la proposition de Pierre Tou-
nombreux perfectionnements à ce sys-
peut-être celui qui aurait pour base le lon, la forme des trous est établie d’une
tème. Ainsi la forme de chaque entrefer
mode de production des oscillations façon tout à fait scientifique en se basant
sur les spectrogrammes des sons de dif-
férents instruments. Sous sa forme mo-
derne, le « Cellulophone » a été réalisé
avec des disques en verre sur lesquels,
par la méthode photographique, on a re-
porté des pistes sonores d’une fréquence
croissant du centre vers la périphérie,
conformément à l’augmentation de la vi-
tesse linéaire. De très ingénieux artifices,
mettant à profit l’allumage non-instanta-
né des lampes à incandescence, permet
d’imiter, dans une certaine mesure, les
attaques des instruments.
OSCILLATEURS ELECTRONIQUES. —
Nous en venons maintenant à la classe
la plus intéressante, puisque essentielle-
ment électronique, des instruments qui
nous intéressent. Ce sont des oscillateurs
Production des tensions musicales à l’aide de roues dentées tournant dans les à lampes (et, dans un proche avenir sans
entrefers d’électro-aimants. Ceux-ci pourraient, d’ailleurs, être remplacés par des doute, à transistors) qui engendrent les
capteurs électrostatiques (armatures de condensateurs). oscillations plus ou moins pures ou au
Principes De La Musique Électronique 5

contraire non sinusoïdales, dont la forme C’est encore un générateur B.F. utili- la lampe et amplifiée en basse fréquence,
peut, de toute façon, être considérable- sant deux triodes montées en multivibra- était parfaitement audible et se manifes-
ment modifiée dans les étages ultérieurs teur qui est utilisé dans la « Clavioline ». tait justement par ce pénible sifflement.
d’amplification, avant qu’avec la puis- En variant les valeurs des résistances C’est en constatant de tels phéno-
sance voulue elles soient appliquées à et des capacités qui déterminent la fré- mènes qu’il était naturel de songer à leur
des haut-parleurs. quence du multivibrateur, on produit des utilisation pour la production des sons
Ici encore, il faut distinguer deux notes de différentes hauteurs. musicaux. L’idée s’imposait d’autant plus
classes nettement différentes : Quant à l’ « Ondioline », dont on trouve- que bien souvent il suffisait d’approcher
a) Oscillateurs de basse fréquence ra la description détaillée dans les pages ou d’éloigner la main de notre détectrice
dans lesquels le son est produit directe- qui suivent, elle utilise également un pour que la hauteur du sifflement chan-
ment à l’aide de circuits accordés sur la multivibrateur à couplage par résistance geât en raison de la capacité supplémen-
fréquence en question; commune dans la cathode. Les faibles taire que le corps de l’opérateur introdui-
variations de fréquence sont déterminées sait dans le circuit.
b) Oscillateurs à battements où le son par des modifications de capacité, et le On comprend maintenant comment
désiré résulte de la superposition de deux décalage d’une note à l’autre par des va- était composé le fameux « Théreminvox ».
fréquences suffisamment élevées pour, riations de la résistance des circuits as-
par elles-mêmes, être inaudibles. sociés. Nous n’avons pas à déflorer ici le
Celui qui veut étudier les diverses contenu de l’exposé fait plus loin par ce-
classes des oscillateurs possibles et uti- lui qui, grâce à un patient labeur, a réussi
lisés dans la musique électronique, se à concevoir et à réaliser l’instrument qui
reportera, avec profit, à l’ouvrage de F. est certainement le plus perfectionné de
Haas « Générateurs B.F. » qui passe en re-
vue tous les montages utilisés; il consul-
tera également avec fruit l’ouvrage de J.P.
Œhmichen « Circuits Electroniques » dont
la première partie passe en revue tous les
oscillateurs et non seulement ceux qui en-
gendrent des tensions sinusoïdales (1) .

Composition schématique d’un os­


cillateur à battements tel que celui
utilisé dans le « Théreminvox ».

Il comportait deux oscillateurs de haute


fréquence accordés normalement tous les
deux sur la même fréquence. Toutefois,
celle du premier amplificateur demeurait
fixe, alors que celle du second pouvait
Un multivibrateur est constitué par varier lorsqu’on approchait la main d’une
deux étages amplificateurs dont la armature métallique connectée à l’une
sortie est reliée à l’entrée. des armatures du condensateur d’accord.
L’autre armature du condensateur d’ac-
sa catégorie. Le lecteur appréciera lui- cord était reliée à la terre. Les variations
même l’ingéniosité de la conception, le de capacités qui résultaient de l’approche
soin de la réalisation et les multiples pos- de la main désaccordaient l’oscillateur et,
sibilités offertes par cet instrument d’une dès lors, des battements se produisaient
souplesse infinie. entre les deux oscillations qui, dans un
Il nous reste encore à examiner briè- tube mélangeur, étaient détectés et don-
Oscillateur B.F. dont la fréquence vement la conception des instruments naient lieu à un courant de basse fré-
est continûment variable à l’aide utilisant des oscillateurs à battements. quence. Celui-ci était convenablement
du condensateur variable. Celui-ci Le prototype de ces instruments est le amplifié et filtré pour donner lieu à des
est commandé par un levier déplacé « Théreminvox ». Ceux qui ont pratiqué sons musicaux fort agréables.
devant une échelle reproduisant le la radio aux environs des années 1925 Si le principe de l’oscillateur à batte-
clavier d’un piano. (« Ondium » de gardent, sans doute, un souvenir attendri ments était séduisant, ses applications
Péchadre.) du montage qui a charmé leur jeunesse et dans le domaine de la musique électro-
qui, en dépit de son apparente simplicité, nique sont assez limitées, en raison même
Le premier des oscillateurs B.F. utilisé permettait souvent d’obtenir des résultats de la difficulté qu’il y a à soustraire les
pour produire la musique électronique extraordinaires : nous voulons parler de la oscillateurs de haute fréquence à l’action
est sans doute celui qui a été breveté, détectrice à réaction. de différents phénomènes parasites. Voi-
en 1915, par le Dr Lee de Forest, comme Dans ce montage, le maximum de sen- là pourquoi le « Théreminvox » n’a pas eu
nous l’avons dit au début de ces pages. sibilité était obtenu lorsque la réaction pratiquement de descendance.
Nombreux ont été d’autres instruments était réglée à la limite de l’accrochage. En ce qui concerne les oscillateurs
utilisant, soit des tubes à vide, soit même Malheur à celui qui dépassait cette limite! électroniques B.F., ceux-ci peuvent don-
des tubes à gaz, comme le « Trauto- Son récepteur se mettait à siffler. Ce sif- ner lieu, aussi bien à des instruments
nium », qui a vu le jour en Allemagne et flement était-il dû à ce que notre détec- monodiques que polyphoniques. Dans ce
qui se compose essentiellement d’un os- trice devenait subitement un oscillateur dernier cas, le nombre des oscillateurs
cillateur à relaxations avec tube au néon; de basse fréquence? Assurément non, utilisés doit être, en principe, aussi éle-
la fréquence est modifiée par la varia- puisque son circuit résonnant était ac- vé que celui des notes qui doivent être
tion de la résistance (pour les variations cordé sur une fréquence élevée, par elle- produites. En réalité, certains artifices
continues) et du condensateur (pour le même inaudible. Mais comme cette fré- permettent de réduire ce nombre des os-
passage d’une octave à l’autre), ces deux quence, sur laquelle la lampe se mettait cillateurs. De surcroît, entre chaque os-
éléments déterminant la constante de à osciller, était voisine de la fréquence de cillateur et la lampe de mélange, doit être
temps de l’oscillateur. l’émetteur que nous voulions recevoir, un intercalé un étage amplificateur dont le
battement se produisait entre les deux os- rôle est surtout de séparer les différents
( 1) L e s d e u x o u v r a g e s o nt é té p u­ cillations et donnait lieu à une fréquence oscillateurs les uns des autres, afin d’évi-
bl i és p a r l a S o c i é t é d es E d i ti on s Rad i o. différentielle qui, elle, étant détectée par ter des interactions qui peuvent être nui-
6 Principes De La Musique Électronique

sibles. Tous les tubes sont constamment deviennent prohibitifs, comprendre un A force d’études et de patience, Georges
chauffés, mais la tension anodique n’est grand nombre d’oscillateurs individuels Jenny est parvenu à monter quelques ap-
appliquée qu’à ceux qui doivent donner utilisant les triodes à semi-conducteurs. pareils, qui, présentés au concours d’in-
telle ou telle note. L’étude plus approfondie de la forme ventions de la Foire de Paris, ont obtenu
des oscillations et l’application des filtres un grand prix. Dès lors, aidé par le Centre
appropriés, permettront d’autre part, National de la Recherche Scientifique
Le présent et l’avenir de la d’obtenir, à coup sûr, les timbres voulus. pour la prise de brevets dans le monde
entier, il s’est lancé dès 1947, après sa
L’application des procédés de la modu-
musique électronique. lation de fréquence permettra de varier guérison complète, dans la réalisation ar-
la richesse des « vibrato », en modifiant à tisanale des « Ondiolines ».
D’ores et déjà, les applications de la volonté leur fréquence de récurrence et Il a eu la satisfaction d’avoir comme
musique électronique sont fort impor- l’amplitude de l’excursion de fréquence. clients des mélomanes du monde entier,
tantes. C’est ainsi que, pour remédier Il n’est pas impossible que, par ailleurs, et nous relevons dans ces listes les noms
aux destructions de la dernière guerre, des dispositifs de « mémoire électro- du Prince RAINIER de Monaco, de l’Em-
qui n’ont pas épargné les églises, de nique » puissent intervenir utilement dans pereur d’Abyssinie, d’Edith PIAF, du curé
nombreux clochers démolis ont été rem- la production des sons, surtout dans les de Saint-Maxime, du directeur du Conser-
placés, à bien meilleur compte, par des instruments polyphoniques. vatoire de Lyon, M. Ennemond TRILLAT,
cloches électriques qui, de surcroît, ap- En attendant ces développements fu- de celui du Conservatoire d’Alger, du
portent l’agrément de l’automatisme et turs, celui qui a le bonheur d’aimer à la roi du Danemark où ils voisinent avec
de la ponctualité qui caractérisent les fois la technique et la musique pourra, ceux de Charles TRENET, du Prince de
mécanismes d’horlogerie. grâce aux indications détaillées que lui HOHENZOLLERN, de Mick MICHEYL, de
donne Georges Jenny, construire pour Madeleine SOLOGNE, etc.
Si nous envisageons le problème de
la musique proprement dit, on constate son propre plaisir (et ce plaisir sera im- Surmené, par son activité, en 1952,
que certains instruments électroniques, mense) cette « Ondioline » qui constitue Georges Jenny fut frappé de poliomyélite.
tels que I’ « Ondioline » ou les « Ondes un instrument de musique aux possibili- Il lui a fallu une volonté tenace pour
Martenot », sont entrés comme partie tés extrêmement étendues. continuer son activité en attendant une
intégrante dans des orchestres ou même nouvelle guérison. Une fois de plus, il fit
sont employés comme des instruments de preuve d’une force de caractère extraor-
dinaire. Aujourd’hui, il ne lui reste guère
soliste. De grands compositeurs ont créé La genèse de l’Ondioline de traces de cette maladie, tout au plus
des œuvres spécialement appropriées
aux possibilités nouvelles qu’offrent ces le voit-on s’appuyer légèrement sur une
instruments. Cet instrument est né en 1942, lorsque canne.
Nous avons cependant le sentiment Georges Jenny, à l’époque étudiant en Et le voici de nouveau semant autour
que la musique électronique n’en est droit, se trouvait contraint à effectuer un de lui l’amour de la musique, enseignant
qu’à ses débuts et qu’elle est appelée à long séjour au sanatorium de Saint-Hi- aux enfants le maniement facile de
des développements prodigieux dont, à laire du Touvet, dans l’Isère. l’ « Ondioline » et prouvant ainsi que l’ins-
l’heure actuelle, il est difficile de prévoir trument qu’il a créé est en même temps
Rien ne semblait en principe le destiner un merveilleux outil pédagogique. Mais
toute l’ampleur. au rôle de l’inventeur d’un tel instrument. n’abusons pas plus longtemps de la pa-
L’apparition du transistor modifiera Cependant, quand on aime la musique tience du lecteur et laissons la parole à
sans doute la structure des futurs élé- et que l’on dispose, d’une part, de longs Georges Jenny… le bien nommé.
ments de musique polyphonique qui pour- loisirs, et d’autre part, d’un cerveau fort
ront, sans que leur prix et leur volume en bien organisé, on ne reste pas inactif. E. A.

La conception et la réalisation de l’Ondioline a été décrite dans


plusieurs articles de Georges Jenny publiés dans divers numéros de
« Toute la Radio » dont la plupart sont, d’ailleurs, épuisés.

C’est pour répondre aux demandes de tous ceux qui voudraient


posséder cette série complète des études du créateur de l’Ondioline,
que nous les reproduisons ci-après, revues, corrigées et complétées
d’un appendice inédit décrivant un dispositif permettant d’obtenir
l’effet des « octaves couplées ».
L’O N D I O L I N E
par Georges JENNY La « Lutherie Electronique », c’est-à-dire la construction d’instruments de mu­
sique en partant d’une source non plus directement mécano-acoustique (comme
c’était le cas jusqu’ici pour un violon, un saxophone, etc.) mais d’une source électro­
nique (circuits oscillants à fréquence musicale), est née juridiquement en 1915, sous
la forme d’un premier brevet par l’Américain L ee D e F orest , père bien connu de la
lampe triode.

Depuis cette date, des centaines de chercheurs, dans le monde entier, se sont
attaqués à ce problème : créer des sons « harmonieux » dignes de rivaliser avec ceux
qui sortent — entre des mains expertes, s’entend — des différents instruments de
l’orchestre.

De même qu’en facture instrumentale, il existe en gros deux grandes familles

conception
d’instrument : les polyphoniques (orgue, harmonium, piano, etc.) et les monodiques,
mais « super-expressifs » (violon, flûte, clarinette, trompette, et autres instruments
solistes de l’orchestre), de même, en électronique, deux grandes familles existent
déjà : les orgues électroniques d’une part, et les instruments monodiques d’autre part.
C’est de ces derniers — auxquels s’applique d’ailleurs plus correctement le terme de

et « Lutherie Electronique » — qu’il sera question dans les pages qui vont suivre.

Les principaux et premiers chercheurs dans ce domaine, en France, ont été H u -


goniot (1920), G ivelet , B ertrand , M artenot , P échadre et bien d’autres. L’auteur

réalisation
de l’étude ci-après, inventeur de l’Ondioline, est venu à la musique électronique
bien après ces pionniers. Il a pu ainsi faire une première synthèse des recherches
effectuées par ses prédécesseurs. En raison de la technique de leur époque : haut-
parleurs à cornet nasillards, oscillateurs instables, etc., certaines idées étaient alors
irréalisables; elles sont devenues réalités possibles, entre temps. Ces idées excellentes
avaient donné lieu à des brevets qui sont tombés dans le domaine public, tel celui de
Lee de Forest et bien d’autres, sans avoir été « payants » — loin de là! — pour leurs
auteurs, car les vingt ans de durée légale du brevet sont vite passés! Nous avons
nous-mêmes des brevets qui datent déjà de quinze années…

Le moment semble maintenant venu de faire le point en musique électronique.


Dans ce petit ouvrage, une première partie sera consacrée à préciser quelques no­
tions touchant aussi bien artistes musiciens que techniciens radio mais que les uns et
les autres expriment dans des langages parfois très différents. Nous nous efforcerons

initiation donc de dégager des définitions claires sur les qualités requises et sur la raison d’être
de tel ou tel organe indispensable dans un instrument de musique électronique, mo­
nodique.

à la La deuxième partie pourra ainsi décrire dans le détail les différents éléments
qui composent l’Ondioline, l’un des derniers nés de cette sorte d’instruments. La pa­
role — ou plutôt l’action — sera laissée ensuite au lecteur désireux, pour lui-même
ou pour un ami musicien, de faire précéder sa chaîne « Haute Fidélité » d’un instru­

lutherie
ment de musique électronique doté des derniers perfectionnements… qu’il pourra
naturellement revoir, corriger et compléter à son gré!

Si certaines pièces détachées, tel le clavier expressif, ou certains circuits sélec­


teurs de timbres, sont pratiquement impossibles à réaliser correctement de toutes

électronique pièces par l’amateur — par contre, l’assemblage de ces quelques sous-ensembles spé­
ciaux, le câblage, la mise au point, la liaison correcte avec un amplificateur B.F. de
bonne qualité sont de la compétence du technicien professionnel ou isolé — pour peu
qu’il ait un schéma correct sous les yeux, et que lui-même ou un ami musicien ait une
oreille suffisamment exigeante pour discerner le faux du juste.

Et, considération importante, c’est peut-être grâce à l’amateurisme que la mu­


sique électronique trouvera sa pleine expression, comme jadis les ondes courtes, car
il reste encore beaucoup à inventer et à expérimenter dans ce domaine…

Nous serons donc heureux de conseiller et de faire collaborer entre eux tous les
amateurs que la construction d’un « violon d’Ingres électronique » pourrait tenter.

G. J.
PREMIER
CHAPITRE
Parlons la même langue…
Dans ces pages, un certain nombre disposé d’une gamme pratiquement Grâce à l’électronique, la lutherie
de chapitres vont être consacrés à la continue de couleurs et connaissaient peut donc remédier à l’un des plus
description d’un instrument de mu- des moyens différents pour produire graves inconvénients auxquels ne
sique nouveau : un tel sujet embrasse tel bleu clair ou tel rouge foncé. Ils pouvaient échapper les instruments
à la fois la technique électronique et ont donc appelé un chat un chat… mécano-acoustiques : la nécessité
la facture instrumentale. Il nous pa- d’avoir chacun un doigté propre
rait avantageux et même indispen- Les musiciens, eux, jusqu’ici, et d’obliger ainsi le musicien à ap-
sable de consacrer un premier cha- ne disposant que d’une gamme de prendre pour chacun un jeu différent,
pitre au rappel et à l’établissement timbres (couleurs), discontinue et, de à tel point que dans bien des cas une
de quelques définitions solides des plus, ne connaissant qu’un seul outil seule couleur (et donc un seul instru-
termes qui serviront de pont entre les (lisez « instrument de musique ») pour ment) a été conservée, tandis que les
deux techniques. produire telle couleur précise (lisez autres instruments de sonorité voi-
tel timbre) défini, ont (répétons-le, sine, mais de timbre différent, étaient
Musiciens et radio-techniciens car c’est très important à retenir) relégués dans les musées… Il en est
pourront s’y référer à loisir pour ten- donné au produit sonore le nom de la ainsi notamment des hautbois, des
ter de parler un langage commun. Et machine (instrument) qui sert à l’ob- saxophones, des violons et des vio-
nous espérons que de ce fait, il sera tenir. loncelles, etc., qui ont des « proches
possible d’éviter ou de détruire des parents » ayant chacun une tablature
malentendus qui risquent autrement La question se complique du fait
que l’oreille, au cours des siècles, a (clavier) différente pour une échelle
d’aller en grandissant. de son équivalente, et c’est pour-
associé le complexe « timbres-transi-
Nous nous adressons ici au lecteur toires » que représente par exemple quoi les hautbois d’amour comme
radio-technicien, mais si ce techni- le violon avec ses qualités et défauts les violes de gambe et comme bien
cien « a dans son cœur un musicien propres. L’oreille est donc déroutée d’autres ne se trouvent plus que dans
qui sommeille », alors, voilà pour nous par l’électronique qui peut à volon- des musées.
le lecteur rêvé, et nous allons pou- té associer ou dissocier le complexe Mais vous pouvez m’objecter, mon
voir lui demander un léger sacrifice : « timbres-transitoires », ce que ne cher Stradi-Invarius, que la « sonori-
s’armer de patience avant d’arriver pouvaient naturellement pas les ins- té », l’attaque mordante du hautbois,
aux schémas d’oscillateurs, de détim- truments de l’orchestre dits « clas- vous ne la retrouvez peut-être pas
breurs, de modulateurs de fréquence, siques ». exactement dans son équivalence
etc. qui lui sont domaines familiers; électronique.
et faire préalablement avec nous une Sous cette réserve, reprenons le Mais pourquoi comparer à tout
incursion un peu longue, nous nous parallèle proposé entre musique et prix… sauf, bien entendu, si l’oreille
en excusons par avance, dans un do- peinture. Admettons que le hautbois — une oreille dégagée de tout pré-
maine jusqu’ici mal étiqueté; nous corresponde à la couleur verte, pour jugé — n’y trouve pas son compte.
conviendrons ainsi ensemble, peu faire plaisir aux amateurs « d’asso- D’autre part, mon cher Invarius, je ne
à peu, d’un certain vocabulaire qui, ciations » agrestes et pour éviter de prétends pas que mes sélecteurs de
une fois bien défini, nous permettra l’affubler d’un numéro d’identité qui timbre, mon dispositif de commande
de mieux nous entendre lorsque nous indiquerait par exemple sa teneur en des transitoires, mes haut-parleurs,
étudierons comment obtenir électro- « harmoniques » et en « formants ». et surtout, mes enceintes acoustiques
niquement tel effet de hautbois, de aient atteint, en quelques années, la
Dans l’orchestre classique, cette
guitare, ou autre. perfection à laquelle votre hautbois
couleur sonore s’obtenait en soufflant
était parvenu à l’issue de nombreux
dans un chalumeau tout en bouchant
siècles. Laissez-moi, ou plutôt lais-
savamment tel ou tel trou. Pour obte-
sez-nous (car les chercheurs sont de
nir la couleur voisine — le hautbois
Premier malentendu d’amour par exemple — il vous fau-
plus en plus nombreux dans ce do-
maine tout neuf), laissez-nous seule-
dra, mon ami Stradi-Invarius, vous
ment quelque cinq ou dix ans, et vous
« Vous voyez », s’écrie dédaigneu- rendre au musée du Conservatoire,
verrez…
sement notre ami Stradi-Invarius, le y extraire un hautbois d’amour de
sa vitrine, et réapprendre, de vos dix La lutherie électronique en est en-
tenant de la vieille lutherie Renais-
doigts, à boucher des trous disposés core à ses débuts. Mais, étant donné
sance, « avec votre musique électro-
différemment. les ressources neuves auxquelles
nique, vous voulez imiter (et mal, for-
elle fait appel, et les rigides lois de
cément) un hautbois, une guitare…
Ne marquerai-je donc pas un point pure acoustique que la science élec-
Quelle pitié! »
sur vous, cher Stradi-Invarius, si tronique permet de tourner, gageons
Allons-nous répondre? Et tenter de j’obtiens le hautbois ordinaire (le vert que des instruments de musique de
lui expliquer que, si nous appelons feuille) en jouant simplement sur un même valeur artistiquement parlant
une certaine couleur : « Hautbois » et clavier — et le hautbois d’amour (vert que les plus merveilleux produits du
un certain « transitoire » particulier : galant en somme…) en jouant sur le passé, vont naître de la collaboration
« Guitare », la faute en est à ses an- même clavier avec un doigté iden- fructueuse des techniciens de l’élec-
cêtres à lui, Stradi-Invarius, qui don- tique… Les lecteurs électroniciens tronique et des musiciens amoureux
nèrent jadis un même nom à la ma- auront déjà compris qu’il nous suffit, du beau.
chine qui sert à fabriquer les sons et en effet, de modifier de quelques pi- Et même, avouons qu’il nous
au produit lui-même : le son obtenu. cofarads la valeur d’un condensateur semble logique que des résultats su-
Les peintres (plus favorisés en ce pour obtenir une légère variante dans périeurs, sur le seul plan artistique,
sens que les musiciens) ont toujours le timbre… puissent être atteints un jour.
Parlons le même langage 9

TABLEAU I
VOCABULAIRES COMPARÉS DU MUSICIEN ET DU RADIO-TECHNICIEN

Terminologie proposée valable


Définition électroacoustique Equivalence dans le vocabulaire
Symboles proposés à la fois pour le musicien et le
correspondante du musicien
radio-technicien

Fm Modulation (périodique) de la fréquence Vibrato Vibrato

Glissando, portamento,
Fv ap Variation apériodique de la fréquence Glissando
port de voix

Am Modulation (périodique) de l’amplitude Trémolo Trémolo

Variation apériodique de l’amplitude,


Av ap
divisée en :

Variation rapide (moins de 1/10 de Attaque (terminologie variée Mode d’attaque; ou forme du son
Av ap 1
sec.) en amplitude : transitoires suivant l’instrument considéré). transitoire

Av ap 2 Variations lentes de l’amplitude Nuances Nuances

« Qualité » de vibrato, plus ou


Fm Fréquence modulatrice Vitesse du vibrato
moins « serré » ou « large »

∆F Variation de la fréquence autour de la


fréquence moyenne F, lors d’une modu-
lation du son en fréquence : excursion « Qualité » de vibrato, plus ou
de fréquence Amplitude du vibrato
moins ample

∆F/F Taux d’excursion de fréquence

Sons « morts » dans le temps a donc un commence- identiques des qualificatifs très diffé-
ment et une fin. Et ce commencement, rents selon l’enveloppe (le transitoire)
comme cette fin, supposent une varia- qui les amenait de l’intensité « zéro »
Un son « fixe » est défini classique- tion de « A » (l’amplitude), au moment à une intensité fixe « x », ou qui les
ment par quatre qualités (1) : du passage du silence à l’amplitude faisait disparaître. Si nous ajoutons
fixe « A », et inversement. Remar- à ces « attaques » des vibratos, ou des
Symboles proposés (2) quons en passant que le son le plus trémolos différents, même le plus
1) Sa hauteur ou fréquence. . . . . . F proche de ce son fixe théorique est « calé » est complètement perdu, car
2) Son intensité. . . . . . . . . . . . . . . A justement celui que l’on obtient sur la notion de timbre pur (teneur en
3) Son timbre. . . . . . . . . . . . . . . . . H un orgue électrique à attaque brutale, harmoniques) s’estompe de façon
4) Sa durée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . D en appuyant sur une des touches du frappante devant des facteurs que
clavier, après avoir calé dans sa course bien souvent jusque-là nos auditeurs
Par « son fixe », nous supposons un la pédale d’expression et bloqué tout avaient cru secondaires : attaque, mo-
son, en quelque sorte « photographié » effet de trémolo ou vibrato. dulations.
dans une portion de temps pendant Musicalement parlant, un tel son Pour être complet, nous ne pou-
laquelle aucun des 3 éléments ci-des- pourrait être à juste titre qualifié de vons donc négliger de « raconter »
sus (hauteur, amplitude, timbre) n’au- « son mort », « sans âme » diront les comment notre son « fixe » est venu
rait varié. musiciens… Mais justement, ce pas- au monde, et comment il a disparu.
En réalité, aucun son de ce genre sage brutal, quasi instantané, du si- En un mot, toute l’histoire des « tran-
n’a de sens pour l’oreille, puisque lence (ou amplitude « zéro ») à une sitoires », jusqu’ici très négligée dans
toute manifestation sonore s’écoulant amplitude fixe « A » et inversement, a l’étude de la musique.
influé fâcheusement sur la valeur es-
thétique du son ainsi obtenu.
Nous avons renouvelé, plusieurs Sons « vivants »
(1) Aux trois facteurs classiques : hauteur fois, une expérience probante sur ce
du son, intensité ou amplitude et timbre, la
technique électro-acoustique, nous obligerait
point : à des musiciens professionnels, Aux éléments qui caractérisent les
en toute rigueur à ajouter une considération compositeurs, chefs d’orchestres, nous sons « morts » s’ajoutent donc ceux
de phase (P), relative au décalage entre fon- avons fait entendre trois ou quatre qui se rapportent à leur déroulement
damental et harmoniques et que les musi- timbres que nous avions préalable- dans le temps.
ciens, même s’ils le discernent, ne peuvent ment choisis très différents les uns Nous devrons donc tenter de dres-
évidemment pas définir clairement en termes des autres et bien définis à l’oscillo- ser un tableau des éléments entrant
d’esthétique. Pour simplifier, nous en ferons graphe. Nous les avons émis plusieurs dans la définition aussi complète que
cependant abstraction ici dans les tableaux fois dans le même ordre, en changeant possible d’un son, d’une « pâte sono­
qui suivront. seulement le mode d’attaque ou d’éva- re ». Un son, c’est-à-dire une oscilla-
(2) C’est volontairement que nous n’em- nouissement sonore. Les auditeurs
ploierons pas la minuscule f pour la fré-
tion à fréquence musicale est suscep­
sollicités de définir par écrit la quali- tible, comme toute oscillation de
quence, car, en musique, ce symbole est
universellement utilisé pour indiquer les té des timbres entendus ont donné à variations soit périodiques, soit apé-
nuances : f = forte; ff= fortissimo. des timbres pourtant rigoureusement riodiques, dans sa fréquence, dans
10 Parlons le même langage

son amplitude et enfin dans la forme tesse du vibrato, amplitude du vibrato. Si, au contraire, la variation est
d’onde, ou teneur en harmoniques. Sans vouloir ni pouvoir d’ailleurs très rapide, l’oreille l’apprécie qua-
En somme, toutes les possibilités tout chiffrer (« négation de l’Art », litativement (4); c’est « l’attaque » :
d’expression artistique, sur quelque dira notre ami Stradi-Invarius) coup d’archet « martelé » du violo-
instrument de l’orchestre, aussi raffi- nous verrons par la suite combien niste, coup de langue « tu » du saxo-
né et perfectionné soit-il, pourraient ces quelques définitions, et même phoniste.
se traduire à tout instant du « mou- ces formules, nous aideront dans la A l’oscilloscope, l’examen du
vement musical », par une formule conception et la construction d’un phénomène montre en outre que la
où « F », « A » et « H » seraient plus ou instrument de musique électronique. variation d’amplitude de Av ap1 au
moins dosés (3)… Sur le glissando, F v ap , variation lieu d’être simple comme Av ap2 est
Les combinaisons de « F » et « A » apériodique de fréquence, il y a peu à presque toujours complexe (fig. 1 b);
entre eux et dans le temps « T » se- dire, sinon que sa laideur ou sa beau-
ront représentées par des symboles té tiennent à peu de chose en appa- 2) La raison secondaire qui nous
bien précis qui nous seront fort utiles rence : sa combinaison judicieuse fait établir une distinction entre la
et qui correspondent à des éléments avec les autres variables : Av ap 1 et variation rapide et la variation lente
connus du jeu musical. Av ap 2. C’est tout l’art du musicien, de l’amplitude est la suivante : dans
Rappelons en effet que notre but certes, mais l’expérience faite notam- certains instruments mécano-acous-
essentiel, dans cette petite étude pré- ment sur des enfants nous a montré tiques, la commande, l’action, sur
liminaire, est de préciser un langage que l’exécutant éclairé par ces consi- Av ap 1 et Av ap 2, est réalisée par des
commun possible entre techniciens dérations techniques progresse bien organes différents.
radio et artistes musiciens (qu’ils plus vite, même sur un violon véri- Reprenant l’exemple du saxo-
soient les uns et les autres profession- table, que l’élève à qui le maître n’a phone (instrument très expressif),
nels ou amateurs, peu importe… ). De pas su expliquer rationnellement ce c’est à la langue surtout plus qu’au
ce fait, notre tableau I comprend deux qui se passe aux points de vue méca- souffle qu’est confiée l’action de
premières colonnes où nous tentons nique et acoustique lorsqu’il déplace Av ap 1. La pression de l’air fournie
de définir scientifiquement le phéno- ses doigts d’une certaine façon sur les par les poumons sert aux nuances;
mène musical observé, une troisième cordes. c’est donc aux muscles pectoraux et
où nous rappelons le langage — sou- abdominaux qu’est confié pour cet
vent trop vague, hélas — employé par instrument le contrôle de Av ap 2.
les musiciens pour désigner ce même Pour le violon, par contre, Av ap 1
phénomène; enfin, une quatrième
« Nuances » dans les et Av ap 2 sont confiés à l’archet (va-
riation combinée de la pression et
colonne où nous proposons, provi- transitoires de la vitesse archet sur corde); en
soirement du moins, une définition
commune acceptable. Remarquons outre Av ap 1 dans cet instrument
que nous avons évité le mot « sonori- En ce qui concerne la variation non peut encore être modifié par les
té », objet d’une confusion fâcheuse périodique de l’amplitude, Av ap , nous conditions de vitesse et de pression
puisqu’on l’emploie tantôt dans le avons cru nécessaire de subdiviser ce dans lesquelles l’archet entre sou-
sens de puissance et tantôt pour dési- phénomène en : Av ap 1 et Av ap 2. dain en contact avec la corde (sau-
gner la qualité du timbre de tel violon tillé, staccato, etc. ) d’où les modes
ou violoniste par rapport à tel autre. Av ap 1 = Variation extrêmement ra- subtils d’expression propres à cet
pide et assez importante d’amplitude, instrument et l’un des secrets de
Ce premier tableau tente d’embras- pouvant désigner le mode d’attaque son « âme ».
ser tous les modes de combinaisons de la note. En électro-acoustique, elle
élémentaires entre F et A. Afin de sim- a un nom qui nous est familier : tran-
plifier, nous avons exclu H (timbre, sitoire;
donc teneur en harmoniques) et P Av ap 2 = Variation lente. (4) Le même phénomène de perception,
(déphasages entre fondamental et Les assimiler l’une à l’autre crée- soit quantitative, soit qualitative, se constate
harmoniques). Nous les avons exclus rait une confusion, pour plusieurs à l’audition des sons et des infra-sons. Au-des-
aussi parce que, en musique mono- raisons : sous d’une certaine fréquence (quelques
dique, nous l’avons vu plus haut, ce périodes par seconde) — perception quanti-
sont les combinaisons entre F et A qui 1) L’oreille ne réagit pas de la même tative — l’oreille entend des « tops » qu’elle
sont de loin les principaux moyens façon à la variation lente et à la varia- peut compter; au-dessus d’une certaine fré-
d’expression du langage musical. tion rapide d’amplitude. Pour un taux quence — perception qualitative — l’oreille
de variation appréciable à l’oreille (au entend une note de la gamme à laquelle le
musicien donne un nom, par exemple la3.
moins 2 à 3 dB), lorsque la variation
Mais l’oreille est incapable de « compter » le
se produit lentement, l’oreille l’ap-
De vieilles connaissances précie quantitativement et la percep-
nombre de vibrations. Pour dire que le la est
constitué par 435 vibrations en une seconde,
tion la classe comme variation dans il faut des appareils spéciaux. Dans le pre-
Nos lecteurs salueront au passage la nuance (P à f = piano à forte) des mier cas il y a perception d’un rythme; dans
la vieille modulation d’amplitude musiciens (fig. 1 a). le second, il y a perception du son.
(trémolo de l’orgue de cinéma), sym-
bole adopté Am, et admireront les vio-
lonistes qui deux mille ans avant eux,
faisaient déjà, comme M. Jourdain
faisait de la prose, c’est-à-dire sans
le savoir, de la modulation de fré-
quence (Fm). Par contre, devant la
définition qualitative de cette Fm
employée par les violonistes : vibrato
serré, vibrato large, ils proposeront
sans doute avec nous (colonne des
« compromis ») les expressions : vi-
Fig. 1. — Les variations d’amplitude du son affectent différemment l’oreille
(3) Nous n’étudierons ici que la mo- suivant leur vitesse. Une variation lente ( 1a) est perçue quantitativement et
nodie, c’est-à-dire le cas d’un seul son dénommée « Nuance ». Une variation rapide — coup de langue du saxopho ­
variant dans le temps, et non l’harmo- niste, par exemple — ( 1b ) est perçue qualitativement et le phénomène est
nie qui, elle, est la science des accords. classé dans le domaine des transitoires.
Parlons le même langage 11

TABLEAU II
COMPARAISON DE DIFFÉRENTS INSTRUMENTS ET DE L’ONDIOLINE
Voix
Violon Saxophone Orgue Ondioline
humaine

I. — Source d’énergie Musculaire Musculaire Electrique Musculaire Electrique


primaire :

II. — Transforma- Déplacement de Pneumatique : Pneumatique Pneumatique, Tr a n s f o r m a t i o n


tions de l’énergie l’archet frottant sur courant d’air provo- (compresseur main- agissant sur les d’une tension conti-
jusqu’au point une corde : transfor- quant l’oscillation tenant constante la « cordes vocales » nue en une oscilla-
d’utilisation et mation par ce dispo- d’une anche couplée pression dans un ré- (anches battantes) tion à fréquence mu-
mode final de pro- sitif d’un mouvement avec un tuyau. servoir); pression de de l’exécutant. sicale.
duction des oscil- continu (archet) en l’air agissant sur une
lations à fréquence un mouvement al- anche, ou sur une
musicale : ternatif à fréquence embouchure asso-
musicale (corde ciée à un tuyau.
vibrante).
III. — Fv ap Variation de la po- Soupapes bou- Aucune en cours Tension muscu- Variation de cer-
Moyens d’action sition du doigt le long chant des ouver- de jeu. (Il faut un laire exercée sur les taines grandeurs
sur la fréquence de la corde. tures pratiquées tuyau par fréquence « cordes vocales ». électriques (résis-
et organes per- dans le corps (tuyau) à émettre). tances, capacités)
mettant cette de l’instrument et dans les circuits de
action pendant manœuvrées par les l’oscillateur.
le jeu de l’exé- doigts de l’exécu-
cutant : tant. Pression des
lèvres sur l’anche :
Modalités pos- A volonté conti- variations dans la Continue (pour
sibles offertes nue (glissando) ou pression du souffle. certains modèles
à l’exécutant, discontinue. Continue (dans Continue et dis- seulement) et dis-
Aucune
dans ces varia- certaines limites) continue. continue (par cla-
tions Fv ap , de la et discontinue. vier).
fréquence :
Plage de fréquen­ 4 octaves 2 1/2 octaves — Environ 2 octaves. 5 à 8 octaves se-
ces couverte : lon les modèles.
IV. — Av ap 1 Très fin et varié Très fin (action Très limité (prin- Extrêmement Très varié (clavier
Moyens d’action grâce à l’archet (va- du souffle, lèvres, cipe du « tout ou fin et varié grâce expressif à l’enfon-
sur l’attaque riation en pression langue). rien »). au mécanisme des cement, et système
(transitoires) : et en vitesse sur la consonnes. des « attaques prépa-
corde). rées »).
V. — Av ap 2 Très fin, par l’ar- Assez fin, mais li- Très limités (ac- Très fins. Très fins (genouil-
Moyens d’action chet; cependant, les mités dans les « pia- tion uniquement, par lère ou manette ac-
sur les nuances : « pianissimo » sont no » et « forte » par fermeture de volets tionnant un potentio-
difficiles et limités à le danger d’ « octa- étouffant le son). mètre).
un seuil inférieur. vier ».
VI. — Tenue d’un Limitée par la lon- Limitée par la ca- Illimitée. Limitée par la ca- Illimitée.
son sans reprise : gueur de l’archet. pacité respiratoire. pacité respiratoire.
VII. — Fm et Am Vibrato finement Fm et Am semblent Impossibles avec Vibratos et trémo- Fm et Am disso-
Moyens d’action dosable. se combiner et sont un seul tuyau. los intimement com- ciables à volonté et
sur le vibrato et sans doute difficile- binés… (Par construc- finement dosables.
sur le trémolo : ment séparables par tion ou mauvaise…
l’exécutant. éducation?).
VIII. — Modification Phénomène naturel dû à la saturation de tous les instruments pour Peut être conser-
du timbre avec la les forts niveaux. vée.
puissance :
IX. — H (harmo- Varie très peu Varie assez sen- Immuable. Merveilleuse- Très subtil et va-
niques et formants) mais très finement siblement : action ment subtil et rié; théoriquement
Moyens d’action selon la distance jusqu’ici mal défi- varié, grâce au infini par action
sur le timbre en archet – chevalet, nie : lèvres, langue, mécanisme des sur les dimensions
cours de jeu : la corde utilisée et etc… voyelles; variation électriques des
la pression du doigt soit discontinue, filtres.
sur la corde, l’incli- soit continue, pos-
naison de l’archet sible par variation
sur la corde, la por- instantanée des
tion de l’archet uti- dimensions des ré-
lisée (milieu, pointe sonateurs naturels
talon) et le degré buccaux.
de pression et de vi-
tesse.
12 Parlons le même langage

Le tableau I une fois assimilé et II b. — Production d’oscillations Si l’on veut, la ligne mélodique
admis par nos lecteurs (et leurs amis à fréquence musicale : dans les ins- est comme l’expression d’une pen-
musiciens, avec qui ils pourront dis- truments de musique antérieurs à sée — et se déroule d’ailleurs comme
cuter à loisir, cela pouvant devenir l’électronique, l’oscillation est obte- elle. Les instruments de musique
d’ailleurs passionnant), nous pour- nue par ébranlement, soit d’un corps monodiques représentent dans leur
rons passer au tableau II : comparai- solide (corde, languette, peau, etc.), ensemble les organes d’expressions
son entre différents instruments de soit d’une matière déjà plus subtile : possibles de cette pensée; il ne serait
musique mécano-acoustiques (vio- une colonne d’air (notamment dans le donc pas excessif, à notre avis, de
lon, saxophone, orgue, voix humaine cas de la flûte). Dans les instruments parler de phonétique instrumentale,
chantée) et un instrument élec- de musique dits électroniques, le ma- et notre tableau ne tente rien moins
tro-acoustique : l’Ondioline. tériau ébranlé est plus subtil encore, que de définir, encore que très gros-
Ce tableau fait ressortir, lorsqu’on puisque c’est le flux électronique que sièrement, les différentes branches
le lit verticalement (de haut en bas, l’on oblige à s’agiter en cadence… Mais de cette phonétique, branches qu’il
colonne par colonne), combien tout les lois naturelles qui expliquent et dé- conviendrait de préciser davantage et
instrument de musique peut être finissent le phénomène vibratoire sont d’approfondir, ce qui n’est pas la rai-
considéré, sous un certain angle, les mêmes, on le sait, qu’il s’agisse son d’être de cette étude.
comme une machine inventée par d’une corde tendue ou d’un circuit ac- Mais c’est à dessein que nous avons
l’homme en vue de la « fabrication » cordé : oscillations à plusieurs degrés fait figurer dans ce tableau, parmi les
de sons… Comme toute machine, il de liberté, oscillations forcées, phéno- instruments de musique, le gosier
suppose : une source d’énergie; des mènes de résonance, etc. humain. Comparé aux autres instru-
organes (moteur, relais) de transfor- Logiquement, l’oscillation élec- ments, il apparaît, du point de vue
mation de cette énergie; enfin, des tronique devrait être plus finement de l’expression, comme l’instrument
organes de commande et de contrôle, maniable — si l’on peut dire! — que roi, car par ses attaques variables
en vue de permettre à l’exécutant de l’oscillation de matériaux plus gros- (consonnes), et ses timbres finement
modifier à tout instant et de façons siers qu’elle. Et l’expérience prouve dosables et mouvants à chaque ins-
diverses les « qualités » du produit dé- qu’il en est bien ainsi. Mais le pro- tant (voyelles), il laisse loin derrière
bité par la machine… blème est de bien choisir les moyens lui les instruments à cordes et à vent
d’action et de contrôle sur le phéno- de l’orchestre. Nous verrons comment
mène oscillant. Tout l’art du luthier la musique électronique pourrait le
Commentaires concernant le ta­ — électronicien ou non — réside suivre sur ce terrain, tout en le dépas-
bleau II : d’ailleurs en cela! Les alinéas III, IV sant sur d’autres, car l’organe vocal
I. — Dans un instrument comme le etc., du tableau sont une esquisse des est par contre assez limité en étendue
violon, c’est l’homme qui est à la fois moyens mis en œuvre par le fabricant (deux octaves à peine), en puissance
source d’énergie et premier moteur d’instruments de musique pour abou- et en vélocité.
de la machine, d’une part, et conduc- tir à ces résultats, selon l’instrument Mais alors se posera de façon en-
teur, contrôleur de cette même ma- considéré. Ces remarques font en core plus ardue le problème de la
chine, d’autre part. même temps apparaître les avantages commande simultanée de tant de pa-
Dans le cas de l’Ondioline, l’énergie ou au contraire les difficultés rencon- ramètres : nuances, attaques, vibra-
n’est pas fournie par l’homme, mais trées, avantages ou difficultés inhé- tos, glissandos, timbres variables de
seulement façonnée par lui; nous en rents aux lois mécano-acoustiques ou façon continue ou discontinue, etc.
verrons plus loin les conséquences électroacoustiques. Les deux mains et les deux pieds sont
(avantages et dangers). Nous ne pouvons nous laisser en- vite mobilisés! Mais après?
traîner, dans cette courte étude, à Nous voilà prêts, en tout cas, à
II a. — Transformation de l’éner- analyser en détail, et à commenter aborder « en connaissance de cause »
gie jusqu’au point d’application : en les comparant, pour chaque para- l’étude des différentes parties d’un
nous voyons apparaître ici les « re- mètre, les qualités et défauts propres instrument de musique électronique
lais » inévitables entre l’homme et à chaque instrument. Le lecteur le et de ses différents moyens d’expres-
l’organe producteur de sons; dans le fera d’ailleurs de lui-même en pas- sion. Par exemple, il nous sera pos-
violon, par exemple, c’est l’archet qui, sant pour chaque alinéa d’une co- sible de comprendre qu’une vielle
enduit de colophane et frottant sur lonne à l’autre; il aura intérêt à se re- (instrument à archet tournant et à
une corde tendue, permet la trans- porter fréquemment par la suite à ce touches), bien que de la même famille
formation d’un mouvement continu tableau, lorsque nous étudierons les qu’un violon (famille des cordes),
relativement lent en un mouvement solutions électroniques proposées. en est aussi éloignée, sur le plan de
alternatif à fréquence musicale. Cette la phonétique instrumentale, que
observation a son importance, car elle l’idiome papou l’est de la langue de
rappelle au musicien qu’il ne peut Pour clore ce premier Gœthe; nos lecteurs pourront com-
agir qu’indirectement sur la produc- prendre désormais qu’en lutherie
tion sonore. En somme, parmi tous chapitre électronique, il existe des « vielles »
les êtres vivants qui produisent des et des « violons », et qu’ils peuvent as-
sons musicaux, seuls, la mouche et le En résumé, il existe en musique pirer à la construction de l’un ou de
moustique engendrent directement mélodique (ou monodique) des exi- l’autre.
un son à fréquence musicale, en agi- gences dans l’expression, dans le jeu Nous examinerons maintenant
tant, par une action musculaire prodi- du soliste, que chaque instrument de comment, électroniquement, il est
gieuse, leurs ailes plusieurs centaines musique, chacun à sa manière, peut possible de trouver des solutions sa-
de fois par seconde. rendre plus ou moins parfaitement. tisfaisantes à ces problèmes.
DEUXIÈME
CHAPITRE
Premiers contacts avec
le schéma de l’Ondioline
Nous venons de voir quelles propres à l’instrument restent accordés Nous les avons supposés, pour l’ins­
étaient les qualités d’expression constamment sur la même fréquence, tant (ces circuits B), accordés de fa-
que l’on était en droit d’attendre ou la même bande de fréquences quelle çon invariable, ce qui est vrai pour
d’un instrument de musique mono- que soit la fréquence de l’oscillation le violon et le saxophone seulement.
dique — électronique ou non — et délivrée par l’oscillateur A, fréquence Les dimensions de la caisse ou de
comment, chacun à leur manière, qui, elle, varie tout au long de l’échelle l’ensemble tuyau-pavillon y sont in-
les instruments classiques de l’or- musicale. variables par construction. Tandis
chestre répondaient à ces exigences. L’oscillateur A donne telle ou telle que, nous l’avons vu, pour la voix hu-
Notre conclusion était la sui- note, autrement dit commande la hau- maine ou l’Ondioline, les circuits B
vante : Un instrument de musique teur du son; le ou les circuits réson- peuvent être désaccordés à volonté
est d’autant plus « évolué » qu’il nants B commandent le timbre. (d’où variation très sensible du tim­
met à la disposition de celui qui s’en
sert des moyens d’expression à la
fois plus nombreux et plus subtils.
En d’autres termes, peu importe la
langue employée; ce qui compte,
c’est la richesse du vocabulaire mis
à la disposition du compositeur et
de l’exécutant.
Ces moyens d’action sur la ma-
tière sonore, nous les avons réunis
et résumés en un tableau publié
page 11 et qui nous servira pour ap-
précier le « degré d’évolution » d’un
instrument de musique donné…
N’oublions cependant jamais
qu’un instrument de musique, fût-il
un « Stradivarius », n’est qu’un or-
gane; l’âme, l’intelligence créatrice
sont en deçà, du côté de l’exécutant.
Négligeons maintenant le côté « ex-
pression », c’est-à-dire action pos-
sible sur le produit sonore, et consi-
dérons la façon dont ce produit
lui-même s’élabore, depuis le gé-
nérateur d’oscillations à fréquence
musicale, jusqu’au moment où le
son s’échappe dans l’air environ-
nant, à destination de nos oreilles.
Le tableau de la figure 2 nous
montre quatre maillons principaux
de cette chaîne :
A — Production des oscillations à
fréquence musicale;
B — Modification de leur forme;
C — Leur amplification;
D — Leur diffusion en milieu at-
mosphérique.
Certains de ces chaînons nous sont
évidemment familiers en B.F. Mais
plutôt que de chaîne Haute Fidélité,
mieux vaudrait parler ici de « Haute In-
fidélité » dirigée…
Le tableau nous révèle que dans le
processus de formation des oscillations,
il existe des analogies intéressantes et
encourageantes entre les différents
instruments de musique monodiques.
Pour l’obtention d’un timbre dé­ Fig. 2. — P o u r d i f f é r e n t s i n s t r u m e n t s d e m u s i q u e , e t m ê m e p o u r l a v o i x
terminé, les circuits résonnants B humaine, le processus de formation d’un son de timbre déterminé est
identique.
14 le schéma de l’Ondioline

bre). Mais ici, nous supposons les cir-


cuits B fixes, préalablement accordés
et ne bougeant plus durant l’examen
oscillographique des phénomènes.
Par contre, nous admettrons que
la fréquence délivrée par A varie,
comme elle le fait naturellement en
cours de jeu selon que le musicien
agit sur la tablature (clavier à touches
ou non, peu importe ici) de l’instru-
ment.
Que se passe-t-il alors? Tout
d’abord, remarquons qu’un fonction-
nement correct, dans ces conditions
(générateur à fréquence variable A,
excitant un ou plusieurs circuits ac-
cordés de façon invariable B), n’est
possible que si l’oscillation A est une
oscillation de relaxation, ou s’en ap-
prochant par la forme. Et il en est
ainsi, dans tous les instruments mo­
nodiques, à corde ou à vent, de l’or-
chestre, et également pour la voix hu­
maine (1).
C’est cette oscillation de relaxation
que l’oreille perçoit, comme détermi-
nant la hauteur de la note entendue
(par exemple, pour le la 3 note-diapa-
son de l’orchestre, cette oscillation de
relaxation est de fréquence 435 Hz). Fig. 3. — Schématisation des oscillogrammes relevés en différents points (A
Par contre, la fréquence propre et B) des chaînes de la figure 2. Les trois premières lignes corresp ondent au
au résonateur B, relancé « in tem- hautbois et la quatrième à la clarinette.
po » par l’impulsion A, est une onde
amortie, de fréquence fixe, et c’est fixes x, y, z, etc.) engendrés par ces s’éteindre par amortissement.
elle que l’oreille perçoit en tant que impulsions, puis mêlés ou modulés
timbre propre de l’instrument. C’est Le « timbre » du hautbois reste
par elle. pourtant caractéristique à l’oreille,
du moins la théorie des « Formants », La figure 3 nous donne un exemple
que la construction d’instruments de quel que soit le registre, aigu ou
de ce qui se passe dans le cas du grave, dans lequel joue l’instru-
musique électronique, conçus sur le hautbois (trois premières lignes)
principe de l’Ondioline, met lumi- mentiste, ce qui prouve que c’est
puis dans celui de la clarinette, bien la fréquence du formant qui
neusement en évidence. Cette théorie dont les fréquences de formants
des « Formants » est vraie, non seule- domine dans l’impression générale
sont sensiblement les mêmes, mais du timbre. En effet, si l’on change
ment pour la voix humaine (théorie dont les ondes d’excitation sont de
des voyelles), mais pour tous les ins- la fréquence de résonance du for-
formes très différentes. mant (lors de la reconstitution élec-
truments solistes de l’orchestre.
Le corps résonnant de fréquence tronique du timbre hautbois) sans
fixe du hautbois, constitué par le changer la forme du « top » excita-
tuyau associé au pavillon, est ex- teur, le timbre se modifie très vite.
Quelques exemples cité par une impulsion fournie par
l’anche (2). Remarquer que pour
Précisons que, dans la réalité,
l’on trouve à l’analyse plusieurs fré-
une fréquence d’excitation de quences de résonance de la ou des
En réalité, l’impression auditive 432 ou de 864 Hz, le « formant » a cavités génératrices de formants,
du timbre (en tant que « couleur » le temps de s’amortir totalement d’où une image oscillographique
déterminée d’un son émis de façon avant d’être relancé par le « top » souvent beaucoup plus complexe
continue) est due à l’association, suivant. Il n’en est plus de même, que celles, schématisées, de la fi-
dans un spectre sonore, de l’impul- évidemment, pour des « tops » de gure 3. Mais ce qu’il convient de re-
sion A et sa teneur en harmoniques fréquence supérieure à 1000 Hz. tenir pour l’instant, c’est la coexis-
(harmoniques de tous rangs) et du L’oscillation de résonance du « for- tence dans tout son instrumental
ou des différents formants (trains mant » se trouve brisée par un nou- ou vocal (en plus naturellement du
d’ondes amortis, de fréquences veau relancement, avant d’avoir pu son fondamental) :

(1) Par contre, dans un instrument (2) Dans les instruments à vent, le rôle étudiés. Tous les ouvrages classiques
polyphonique, comme l’orgue, les pro- du tuyau est en réalité double : Associé spécialisés remontant à une dizaine
blèmes sont différents : chaque tuyau à l’anche, il intervient avec elle dans la d’années s’appuient sur des théories di-
est excité par une seule fréquence, et détermination de la fréquence (par bou- vergentes. La comparaison des oscillo-
peut être accordé, quant à sa forme, chage ou débouchage des trous ménagés grammes fournis par un hautbois, une
pour « résonner » au mieux avec cette le long du tuyau). D’autre part, l’on sait clarinette, un violon, avec ceux obtenus
fréquence excitatrice; autrement dit, que selon la coupe cylindrique ou co- par les méthodes électroniques décrites
un tuyau d’orgue pourra aisément nique du tuyau (fermé à un bout), celui-ci ci-après est trop frappante cependant (et
rayonner dans l’air environnant une délivre des séries d’harmoniques im- les impressions sonores ressenties sont
onde de forme sinusoïdale (c’est a peu pairs ou pairs. Ensuite, dans son associa- également trop similaires) pour que la
près le cas du jeu dit de « Bourdon » ou tion avec le pavillon, le tuyau peut être théorie des formants puisse être mise en
de « Flûte »). Par contre, un instrument considéré comme générateur de « for- doute désormais. De ce point de vue, le
monodique de l’orchestre délivrera ra- mants », c’est-à-dire de trains d’ondes développement de la « Lutherie Electro-
rement — et en tout cas seulement pour amorties de fréquence fixe quelle que nique » doit faire un grand pas en avant
certaines notes de la gamme — une soit la fréquence excitatrice. Ces pro- à l’étude fonctionnelle des instruments
onde quasi sinusoïdale. blèmes ont été jusqu’ici insuffisamment de musique en général.
le schéma de l’Ondioline 15

La réponse, on l’a vu, est la sui-


vante : il n’y a pas de mécanisme
compliqué…
Nous n’avons fait qu’étudier ce qui
se passe dans les bons vieux instru­
ments mécano-acoustiques des siècles
passés, et reproduire les mêmes
phénomènes, ou à peu près, sur le
plan électro-acoustique. L’erreur de
certains chercheurs a été justement
de partir d’un son d’hétérodyne et
d’en vouloir faire un instrument
de musique. Mais, de même que la
nature a horreur du vide, de même
l’oreille semble avoir horreur des
sons simples. Nous le verrons plus
loin, le manque d’attaque, de mor-
dant et de brillant possible dans
l’attaque, était un autre écueil à
Fig. 4. — Selon la position du contacteur appelé « clé d’octaves », la pre­ éviter. Les premiers instruments
m i è r e t o u c h e F a d u c l a v i e r c o r r e s p o n d r a a u f a 1, a u f a 2, a u f a 3 o u a u f a 4 d e de musique électronique ressem-
l’échelle musicale. blaient, pour ces deux raisons,
beaucoup à la scie musicale ou à la
1º D’harmoniques (contenus en (si l’on supprime la caisse, non seu- sirène d’alerte…
général dans l’impulsion excitatrice, lement le timbre est modifié, mais C’est pourquoi cette étude pré-
ou renforcés par son association, en la puissance sonore est considéra- alable, cette « méditation » sur les
tant que générateur, a un tuyau ou- blement réduite); enfin, la table et le instruments déjà existants était
vert ou fermé); fond, relié à la table par l’ « âme » (3), à notre avis indispensable. Nous
2º De « formants », qui sont sans servent de « diffuseurs », transmet- avons en somme tenu à faire par-
rapports arithmétiques directs avec tant les vibrations mécaniques à l’air, courir au lecteur le chemin que
la fondamentale ou ses harmoniques selon les lois identiques à celles que nous avons nous-même parcouru
et qui ne varient pas en fréquence l’on retrouve dans les règles d’adapta- avant de parvenir à des réalisa-
quand la fondamentale, elle, varie. tions d’impédances. Même remarque tions acceptables par le musicien.
pour l’ensemble tuyau-pavillon d’un L’amateur-constructeur d’ i n s tru-
La forme du « top » excitateur saxophone ou d’une trompette… m en ts électroniques verra ainsi ce
a une influence importante sur le
Il n’y a donc que dans un instru- qu’il ne faut pas faire et, ajoutons-le
timbre, cela se conçoit sans peine,
ment de musique électro-acoustique tout de suite modestement et sincè-
ne serait-ce que par la façon dont un
qu’il soit possible, et utile, de dis- rement, tout ce qui reste encore à
circuit résonnant réagit à une excita-
tinguer nettement les 4 maillons. faire dans ce domaine passionnant!
tion, plus ou moins pointue ou brève.
De même, l’amortissement des cir- Nous verrons cependant que la sépa-
cuits ou cavités résonnantes inter- ration des fonctions, même en élec-
tro-acoustique, n’est pas absolument
vient dans la forme de l’image finale,
parfaite, et peut-être, d’ailleurs, pas Chaînon A : l’oscillateur
décelable à l’oscillographe en fin de
chaîne (« facteur de surtension » des toujours souhaitable, d’où l’expli-
électriciens). cation de l’obtention de résultats
parfois très intéressants sur le plan Nous commençons dès mainte-
Si, de plus, l’onde excitatrice A esthétique, avec un matériel et un nant à indiquer quelques solutions
n’est pas un « top » positif ou néga- H.P. de second ordre. Le tout est de électroniques aux problèmes posés
tif, mais successivement les deux, savoir, tout de même, ce qui se passe dans les tableaux précédents.
comme dans le cas de la clarinette exactement dans ces cas-là; mais Le premier problème qui se pose,
(onde excitatrice contenant surtout n’anticipons pas… dans l’ordre, est le choix d’un oscil-
des harmoniques impairs), l’image lateur convenable.
résultante (fig. 3, dernière ligne) sera Notre oscillateur (électronique
très différente, et l’impression audi- bien entendu) idéal devrait :
tive également très caractéristique. Retour à l’électronique d’abord couvrir toute la gamme
des fréquences audibles de 30 Hz à
Le musicien, irrésistiblement, 10 kHz, soit 8 octaves environ. Mais
s’écriera : « L’on sent vraiment l’ins- Si le lecteur nous a suivi, patiem-
le clavier couvrant une telle éten-
trument à vent « en bois » (flûte en ment… ou non, jusqu’à ce point de
due (supposons choisi le clavier
bois, clarinette) ». Pure association notre exposé, nous pensons qu’il va
du piano, au doigté bien commode
audio-visuelle : tuyau en bois = son être désormais payé de sa peine. Du
et surtout universellement répan-
de clarinette, mais sans signification moins n’aura-t-il plus le droit de
du) mesurerait 1,30 m de long… Il
réelle, car l’on a réalisé des clari- se poser — et de nous poser — des
faut donc adapter un oscillateur
nettes en métal et en matière plas- questions telles que : « Mais com-
qui permette la transposition. Pra-
tique sans que la sonorité en soit ment faites-vous pour que le timbre
tiquement, dans l’Ondioline, le
pratiquement altérée. de votre instrument électronique
clavier a été fixé à 3 octaves et un
« suive » fidèlement, quelle que soit
Dans la figure 2, nous avons repro- dispositif transposeur, d’octave en
la note émise? Au prix de quelle
duit séparément les quatre maillons octave, permet de couvrir les 6 ou 7
mécanique compliquée vos circuits
A B C D. Cependant, dans les ins- octaves les plus « fréquentées » de
de timbres restent-ils accordés avec
truments mécano-acoustiques, les l’échelle musicale (rien n’empêche-
votre générateur de fréquence,
organes BCD sont souvent réunis rait d’ailleurs, avec cet oscillateur,
lorsque celui-ci monte du grave
en un seul. Par exemple, la caisse de monter au-delà ou descendre en
vers l’aigu? », etc.
de résonance du violon est à la fois deçà).
résonateur-générateur de formants Notre oscillateur doit ensuite
en tant que cavité (de forme d’ail- (3) L’âme est un petit bâtonnet de faible
pouvoir délivrer des tons de deux
leurs bien complexe) ; amplificatrice section qui dans un violon transmet les sortes : soit des tons simples (néga-
des ondes engendrées par les cordes vibrations de la table au fond. tifs de préférence), soit des images
16 le schéma de l’Ondioline

à deux alternances (positives-néga- nue de fréquence), il doit être pos- Cet oscillateur permet, en effet,
tives) par période. sible de faire glisser la fréquence une fois modifié selon le schéma
Il doit encore présenter une d’un quart de ton, d’un demi-ton, général de la figure 5b, d’obtenir
bonne stabilité en fréquence. Enfin, d’un ton, etc. et plus, vers le haut par fractionnement convenable de
il faut prévoir la possibilité d’accor- ou vers le bas de façon par exemple la résistance R g 2 en autant de ré-
der l’instrument par une manœuvre que notre touche do qui, tout à sistances qu’il y a de touches sur le
simple, compte tenu par ailleurs de l’heure, nous faisait entendre ef- clavier (3 octaves = 36 notes), une

tendre un si, ou au contraire un do 


la transposition d’octaves qui, elle, fectivement un do, nous fasse en- variation discontinue de fréquence,
doit toujours rester exacte, quel que de demi-ton en demi-ton.
soit le ton dans lequel on veut ac- ou un ré, etc… et cela quelle que La résistance R 5 , d’une valeur de
corder l’instrument. soit la position dans laquelle on met 6 900 Ω correspond à la note la plus
ensuite la clé d’octaves. Si l’on a, à aiguë, la résistance R 40 , de 53 588 Ω
Le petit tableau de la figure 4 l’aide du bouton d’accord général,
illustre plus clairement ce der- à la note la plus grave.
amené par exemple notre touche
nier problème à résoudre : par la do du milieu du clavier à procurer Chaque touche du clavier, lors-
manœuvre d’un commutateur de en réalité un ré 1 dans le 1 er registre, qu’on l’enfonce, met à la masse la
registre (appelé « clé d’octaves » nous devrons entendre un ré 2 avec résistance qui lui correspond, limi-
dans l’Ondioline), on doit pouvoir, la même touche, dans le 2 e registre, tant ainsi à une valeur déterminée
lorsqu’on appuie par exemple sur un ré 3 dans le 3 e registre, etc… la résistance de grille R g 2 , consti-
la touche do du milieu du clavier tuée par cette chaine de résistances
de 3 octaves, entendre un do 2 lors- Ce sont toutes ces données préa- en série. La fréquence d’oscillation
qu’on est dans la position 1 de la clé lables qui nous ont amené à choisir, est conforme à la valeur ainsi cal-
d’octaves, entendre un do à l’octave et à faire breveter, après quelques culée :
immédiatement supérieure (do 3 ) modifications pour cette applica-
lorsque, appuyant toujours sur la tion particulière (4), le multivibra-
même touche, on a mis la clé d’oc- teur à couplage cathodique, dont le
taves dans la position 2, etc. schéma de principe est rappelé en
figure 5a. L’influence de la résistance
Mais, d’autre part, en tournant
le bouton général d’accord (il s’agit de cathode (de quelques milliers
(4) Brevet français nº 974 201 du 17 d’ohms), et de la résistance d’anode
dans la pratique d’un potentio- mars 1941, délivré aux U.S.A. sous le
mètre, donc d’une variation conti- R a 1 de 20 kΩ peut être en effet né-
nº 750 000.
gligée dans cette formule, par rap-
port à la résistance de grille R g 2 , qui
elle varie de 100 kΩ (note extrême
aiguë) à près de 1 MΩ (note la plus
grave du clavier).
Par contre, au condensateur C de
liaison anode 1 - grille 2, qui sert à
commander la transposition d’octaves
en octaves, s’ajoutent malheureu-
sement un certain nombre de capa-
cités parasites réparties, qu’il n’est
pas possible de réduire à zéro malgré
certaines précautions que nous indi-
querons plus tard, lors des conseils
pratiques pour le montage. Ces capa-
cités réparties, dues au clavier et à
différents blindages indispensables,
obligent à introduire une correction
lors de la transposition d’octaves par
la clé d’octaves, transposition qui,
sans ces capacités parasites, serait ob-
tenue simplement par doublage de la
capacité de liaison C entre anode 1 et
grille 2, lorsque l’on désire diviser la
fréquence par deux. Les corrections
nécessaires sont obtenues en adjoi-
gnant une seconde galette au contac-
teur de clé d’octaves, seconde galette
qui décourt-­c ircuite les résistances
additionnelles de grille R v4, R v3, R v2,
R v1, au fur et à mesure que l’on ajoute
à C v4 (registre aigu) les condensateurs
C v3, C v2, C v1, qui chaque fois abaissent
la fréquence de l’oscillateur d’une oc-
tave. C v4, C v3, etc., ainsi que R v4, R v3,
etc… sont ajustables, de façon à per-
mettre un accord correct en fin de fa-
brication.
Enfin, le potentiomètre d’accord
général P acc permet de monter ou
descendre l’accord à volonté, à tout
Fig. 5. — L’oscillateur de l’Ondioline dérive de l’oscillateur à couplage ca­ instant, sans avoir à retoucher, évi-
thodique (5a), modifié selon le schéma (5b) de façon à permettre la transpo­ demment, aux résistances et conden-
sition d’octaves sans déréglages. En 5c, oscillogramme des signaux prélevés sateurs d’ajustage de registres(R v1,
sur la connexion commune de cathodes; en 5d, aspect des signaux prélevés 2 , 3 , et C v1 , 2 , 3 , 4 ) qui, eux, sont réglés

sur l’anode de la triode de droite du schéma 5b. une fois pour toutes lors de la mise au
le schéma de l’Ondioline 17

Fig. 6. — La main qui joue peut imprimer au clavier, Fig. 7. — Quelle que soit la touche appuyée, une barre
monté sur lames élastiques, de légères oscillations transversale s’abaisse, fermant la chaîne R g2 et enfon­
transversales qui se traduisent en variations de fré­ çant en même temps la palette mobile P de la « boite
quence (vibrato) par l’intermédiaire du condensateur d’attaque progressive », qui donne au son une intensité
dont une armature est constituée par une des lames. proportionnelle à la pression sur la touche.

point. Notre oscillateur, ainsi corrigé, jeu. De cette façon, il devient possible schéma, ces condensateurs atténua-
est d’un maniement extrêmement pra- d’obtenir, avec un clavier, le même teurs, ainsi que la 3 e galette qui les
tique, puisqu’il délivre une fréquence effet que celui obtenu par le violo- commande, n’ont pas été figurés. Ils
stable et d’amplitude suffisamment niste lorsqu’il fait osciller ses doigts le seront dans le schéma général de
constante du haut au bas de l’échelle d’avant en arrière et vice-versa sur la page 21.
musicale. Les signaux utilisables sont la corde, autrement dit un effet de Le vibrato manuel, bien réglé, et
prélevés à volonté en deux points : B h vibrato ou variation périodique de la utilisé correctement par l’exécutant,
ou B b, c’est-à-dire sur la cathode ou fréquence (6). permet des effets très fins, bien su-
sur l’anode, suivant que l’on désire périeurs à tout vibrato automatique.
des tops négatifs ou des signaux rec- C’est également dans ce dessein Par ailleurs, en poussant le clavier à
tangulaires (fig. 5c et d), toutes formes que nous avons travaillé la transposi- droite ou à gauche en cours de jeu,
d’ondes qu’il est facile de transformer tion d’octaves, qui, en permettant de il devient possible de rendre la dif-
ensuite, par dérivation ou écrêtage (ou ramener l’étendue matérielle du cla- férence entre une note diézée et une
les deux) avant de les appliquer aux vier de 7 à 3 octaves seulement, nous note bémolisée. Nous espérons reve-
circuits générateurs de « formants ». a permis de réduire encore l’inertie nir sur ces considérations, lorsque,
de l’ensemble. dans un autre chapitre, nous exami-
Voyons maintenant quels sont les
modes d’action offerts à l’exécutant Le clavier de l’Ondioline (fig. 6) nerons comment jouer convenable-
en cours de jeu, en ce qui concerne est suspendu par des flasques ri- ment de tous ces paramètres offerts
cette première partie du montage : gides sur deux ressorts à lames soi- par l’Ondioline à l’exécutant.
gneusement calibrés pour permettre Vibrato automatique. — Nous don-
ACTION DISCONTINUE SUR LA une oscillation latérale de l’en- nerons le montage correspondant à
FREQUENCE (Fv ap 1) (5). semble, sans effort, et avec une iner- l’obtention d’un tel vibrato, lorsque
tie pratiquement négligeable pour le schéma des lampes préamplifica-
Cette action est obtenue par en- la main de l’exécutant. Dans son
foncement de telle ou telle touche du trices une fois décrit, nous pourrons
mouvement latéral de va-et-vient, montrer en même temps les effets
clavier et également par la manœuvre le clavier comprime plus ou moins
de la clé d’octaves. (Etendue du cla- possibles de trémolos (A m de notre
un condensateur variable à diélec- tableau I).
vier : 3 octaves; étendue totale cou- trique mica, dont une des armatures
verte par l’instrument : 6 octaves, ou (mobile) est constituée par le ressort ATTAQUE (Av ap 1 du tableau I).
7 à 8 octaves selon le nombre de posi- même de suspension gauche du cla- Si nous relions les sorties B h (ou
tions supplémentaires du contacteur vier. Ce condensateur est connecté B b ) du schéma de la figure 5b à l’en-
de clé d’octaves.) en parallèle sur le condensateur C v4 trée P.U. d’un amplificateur, nous
de la figure 5b. Mais, ainsi monté, aurions, lors de l’abaissement ou
VIBRATO. ce condensateur agirait davantage du lâché d’une touche quelconque
Le vibrato, dans l’Ondioline, peut dans le registre aigu (où seul C v4 est du clavier, un horrible claquement,
être obtenu de deux façons : manuel- en circuit) que dans les registres dû tout d’abord à la mise « en » ou
lement ou automatiquement. graves ou C v3 , C v2 , C v1 , sont connec- « hors » circuit de la grille R g2 , cla-
Vibrato manuel. — Le clavier de tés en parallèles avec lui. Ce défaut quement caractéristique bien dé-
l’Ondioline a été conçu spécialement est corrigé, dans la pratique, par sagréable; et, supposé éliminé ce
de façon à être infiniment plus léger une 3 e galette (commandée par la clé « floc », nous aurions quand même
que celui d’un harmonium, d’un pia- d’octaves, en même temps que les 2 un passage instantané du silence
no, ou même d’un simple guide-chant. autres galettes) qui introduit, dans au son maximum, et inversement,
Le but visé était le suivant : rendre le les positions 2, 3 et 4, en série avec ce que l’oreille n’admet pas et re-
clavier tellement léger qu’on puisse le le condensateur de vibrato, un petit proche à juste titre aux instru-
suspendre sur ressort, et lui imprimer condensateur qui en atténue l’effet. ments de musique électronique trop
un mouvement latéral en cours de Pour ne pas nuire à la clarté de ce élémentaires.
Plusieurs solutions sont possibles.
(5) Voir tableau I, page 9, pour expli­ (6) L’idée de clavier oscillant revient Contentons-nous ici, puisque nous
cation de cette terminologie. à M. Maurice Martenot, (brevet parlons de l’Ondioline, de décrire celle
nº 666 807, de 1928). qui a été adoptée :
18 le schéma de l’Ondioline

Sous l’ensemble des touches du cla- doit présenter le moins possible Par contre, si nous désirons un si-
vier, nous avons disposé une longue d’inertie. Deux ressorts de rap- gnal à prédominance d’harmoniques
barre très légère, mais également pel (non figurés sur le croquis) la impairs (fig. 3, 4 dernières lignes), il
très rigide; cette barre C est articulée plaquent au repos contre l’ensemble nous suffit d’abaisser le levier B du
autour d’axes fixés sur les flasques des lamelles de ressort des touches. « Bloc de timbres » et le signal dispo-
droits et gauches de support général Le contact « lamelle de touche — nible au point B b sera bien un signal
de clavier (fig. 7 et 8). Lorsqu’on ap- barre générale de contact C » ne se de ce genre, obtenu par l’ensemble
puie sur une touche quelconque du fait pas métal contre métal; afin du condensateur et des résistances
clavier, cette barre s’abaisse, parallè- d’éviter les bruits parasites (enne- situés entre l’anode de la 12 AU 7
lement à elle-même, à la façon de la mis des instruments de musique) oscillatrice et le point B b , et « déri-
barre d’espacement d’une machine la partie supérieure de la barre gé- vant » le signal rectangulaire prélevé
à écrire. Ce dispositif permet donc, nérale de contact C est garnie d’un sur cette anode. Dans ce cas, la triode
quelle que soit la touche enfoncée, feutre épais, garni à son tour d’un (1/2 12 AU 7), attaquée par un signal
de venir comprimer une résistance galon souple tissé en fil d’argent, affaibli (rôle de la résistance de 5 à
variable (ou plus exactement un com- lequel est relié soigneusement, 10 MΩ de la figure 9), n’écrêtera pas
plexe résistance-capacité que nous électriquement parlant, à la barre notre signal.
décrirons en détail plus loin) appelé de contact, elle-même également L’un ou l’autre de ces signaux —
« boite d’attaque progressive » dans reliée à la masse. au choix — est amené à l’entrée de
les dessins (fig. 7 et 8). La barre C est Ce galon souple, tissé en fil la « Boite d’attaque progressive »;
métallique et sert en même temps de d’argent, se trouve dans le com- cette boite, soigneusement blin-
mise à la masse de telle ou telle ré- merce « militaire », sous le nom de dée, contient une palette métallique
sistance R 5 , R 6 , R 7 , etc. de la chaîne galon d’adjudant. Il est parfaitement mobile P et deux électrodes fixes
de résistances de R g 2 . conducteur de l’électricité et pro- garnies d’une substance minérale
La figure 7 montre comment, en voque un contact sans crachement. semi-conductrice et relativement
pratique, a été réalisé le clavier. Sur Par contre, malgré sa destination pri- élastique (E et E’). Les deux électro-
une barre de Plexiglas, les touches mitive, nous n’avons remarqué au- des sont d’ailleurs séparées par une
noires et blanches sont assemblées cune amélioration notable du timbre cloison métallique reliée à la masse,
par l’intermédiaire de leurs ressorts « trompette » de l’Ondioline, depuis afin d’éviter tout rayonnement capa-
à lame respectifs (ressorts en bronze que nous en faisons usage… citif direct entre E et E’.
phosphoreux). Le ressort à lame de La boîte est fixée sous le clavier,
chaque touche sert donc, à la fois, et la palette mobile P reliée méca-
de ressort de rappel de la touche et niquement à la barre générale de
d’électrode de contact. D’où la néces-
Obtention de l’attaque contact C. Lorsque l’on appuie sur
une touche quelconque du clavier, la
sité d’isoler soigneusement chaque progressive lamelle de ladite touche, reliée à la
touche l’une de l’autre et également
de la masse; car ici, une perte, même chaîne des résistances de la grille R g 2
de plusieurs mégohms, vient en entre en contact avec la barre métal-
Voyons maintenant dans son en- lique de contact général C (reliée à
parallèle sur l’ensemble des résis- semble, à la fois mécanique et élec-
tances de R g 2 , et fausse l’accord. Les la masse); l’oscillateur n’est plus blo-
tronique, comment est réalisé l’effet qué, et oscille à la fréquence prévue.
36 résistances d’accord R 5 à R 4 0 sont d’attaque progressive.
des résistances à couche de valeurs L’oscillation prélevée en B (par
préfixées, stabilisées et étalonnées à Le signal disponible au point B h exemple en B h si le levier B est re-
0,5 % (7). Elles sont montées en série, (fig. 5 et 8) est appliqué sur la grille levé) amplifiée et écrêtée, parvient
en arrière de la barre de Plexiglas et de la triode (6 J 5 ou 1/2 12 AU 7) à la à l’entrée de la boîte d’attaque, sur
relient chaque lame en bronze phos- fois pour être amplifié et raboté, de l’électrode E, et atteint l’électrode
phoreux à la lame voisine. façon à éliminer la partie du signal E’ uniquement par effet capacitif (la
formant base sur le croquis. Ce résul- palette P est métallique, mais iso-
Regardant le clavier de dessus tat est aisément obtenu en donnant lée par rapport à la barre générale
(disposé face à l’exécutant prêt à à la résistance de charge de la triode de contact C, et de plus entièrement
jouer), la résistance R 5 est à droite une très forte valeur (0,5 ou même 1 enfermée avec E et E’ dans le boîtier
(côté des aiguës) et la résistance R 4 0 MΩ) et en ramenant la cathode à une blindé de la « boîte »).
à gauche, aboutissant à la lamelle de polarisation nulle ou presque. Nous Le signal disponible au point E’ est
ressort du sol le plus grave. disposons dès lors d’une impulsion par conséquent extrêmement faible.
La barre de contact C est en alliage du type représenté dans les pre- Au fur et à mesure que la palette P
léger très rigide (duralinox), car elle mières lignes de la figure 3. se rapproche des électrodes E et E’,
les deux condensateurs en série (et
à air) formés par EP et PE’, augmen-
(7) La valeur de la résistance R 5 est de et si les autres éléments (R v1, R v2, R v3, R v4, tent de valeur, et le signal disponible
6 900 Ω. Celle correspondant à l’octave C v1, C v2, etc.), R c (la résistance de cathode), sur E’ fait de même. Lorsque P entre
au-dessous, R 17, devrait être de 6 900 x 2, R a1 et enfin la lampe elle-même présentent en contact avec E et E’ le phénomène
soit 13 800Ω. Elle doit en réalité être ra- des défectuosités, on s’arrêtera à des va- se complique, car à EP+PE’ se su-
menée à 13 600 Ω, en raison des capacités leurs de R 5 à R 40, différentes de la norme. perposent deux résistances en série
réparties dues au condensateur parasite L’on assistera alors à des phénomènes tels EP+PE’ dont la valeur, tout d’abord
formé par l’ensemble du clavier (entre la- que ceux-ci : l’instrument sera juste dans
melles de contact, fils, résistances d’une un registre, et faux dans un autre! Ce phé-
infinie, baisse jusqu’à quelques mé-
part, et les blindages et masses d’autre nomène sera dû, en général, à des « fuites » gohms en fin de compression, et le
part). De ce fait la formule théorique pour dans un organe quelconque de l’ensemble signal disponible sur E’ est maxi-
trouver chaque valeur des 36 résistances : oscillateur. Mais lequel incriminer? La mum. Ce signal attaque la grille de
lampe, les C.V., les potentiomètres mal la penthode suivante, et à sa suite les
isolés à la masse, etc. ? D’où la nécessité circuits « formants » des sélecteurs
R = , doit être corrigée. Dans la pra- de partir d’éléments parfaitement connus : de timbre.
tique, il s’est avéré préférable de disposer, lampe 12 AU 7 oscillatrice, de préférence Si un tel dispositif en apparence
à la fabrication, de résistances fixes, calcu- sélectionnée, et résistances d’accord R 5 à compliqué a été adopté (8), d’ailleurs
lées une fois pour toutes (numérotées de 5 R 40 dont on est certain de la précision et
à 40 sur le schéma) d’une précision assez de la qualité, et enfin C v1, C v2, C v3, C v4 de
poussée (0,5 %). En effet, si au lieu de 36 très bon isolement (prohiber notamment (8) Georges Jenny : « Perfectionne­
résistances on adopte des potentiomètres les condensateurs céramiques désastreux ment aux instruments de musique élec-
montés en résistances variables, on sera dans les oscillateurs B.F. en raison de leurs tronique». Brevets français nº s 947 024
obligé d’accorder l’instrument note par note, pertes importantes). et 1 090 491.
le schéma de l’Ondioline 19

Fig. 8. — Détail des cir­


cuits de la « boite d’attaque
progressive » et des circuits
créant l’effet de percussion.
Cette partie du schéma s’in­
tercale entre l’oscillateur et
les circuits de timbres qui
seront décrits ultérieure­
ment.

après des centaines d’essais de tous sur E, lors d’une frappe vigoureuse, pas encore alimenté. La touche du
genres, c’est que le problème est d’où forme particulière des transi- clavier étant arrivée presque à fond
double : il s’agit d’abord de trans- toires Av ap 1, rappelant d’assez près de course, l’inverseur de percussion
mettre un signal avec une certaine le « coup d’archet » ou le « coup de passe de la position « repos » à la po-
distorsion d’amplitude, comme cela langue ». Au contraire, lors d’un en- sition « travail », et le condensateur
se passe dans des instruments de foncement progressif de la touche de 0,5 µ F se décharge dans l’écran de
musique mécano-acoustique lors de par l’exécutant, le son est amené la penthode. Une oscillation apparaît
certaines attaques (coup d’archet sans à-coup, et dans une progression instantanément sur la plaque de la
du violoniste, coup de langue du satisfaisante pour l’oreille. penthode, mais s’évanouit immédia-
saxophoniste : se reporter aux para- tement, suivant une courbe qui est
graphes IV et VIII du tableau II que De même au « lâcher » : les liés, celle de la décharge du condensateur
l’on trouvera page 11). Ensuite, étant semi-liés, détachés, staccatos, de- de 0,5 µ F. L’effet obtenu est en tout
donné que, à chaque enfoncement viennent possibles. Mais cela point semblable à celui d’une corde
ou lâcher de n’importe quelle touche concerne l’utilisation judicieuse des pincée (beaucoup plus que celui
du clavier, se produit un mouvement paramètres, c’est-à-dire une « Mé- d’une corde frappée par un marteau).
correspondant du dispositif d’at- thode d’Ondioline », et nous n’en La décharge plus ou moins rapide du
taque progressive, ledit dispositif sommes pas encore là. condensateur évoque des cordes plus
doit résister à des milliers (et même ou moins longues ou plus ou moins
des millions, au bout d’une année de tendues… Tout cela peut, bien enten-
fonctionnement) de manipulations du, être rendu réglable en modifiant
plus ou moins douces ou brutales l’on Autres modes d’attaque : la valeur de la H.T., de la capacité C.
doit pouvoir frapper comme sur le de la résistance de cathode, etc. (9).
clavier du piano). Quelle résistance effets de corde pincée
variable, ou dispositif potentiomé- Dans l’Ondioline, c’est le contac-
trique, même bobiné (donc encom- (guitare, clavecin, etc.) teur P qui, reliant ou non directe-
brant) résisterait à un tel traitement? ment l’écran à la H.T., permet ou
annule l’effet de l’inverseur de per-
Enfin, étant donné la place où, La « boite d’attaque progressive » cussion placé sous le clavier.
obligatoirement, un tel dispositif est suffisante dans la majorité des
doit être inséré, c’est-à-dire avant cas : reproduction des attaques d’ins-
les circuits résonnants et amplifica- truments à archet, et d’instruments
teurs, le moindre « crachement » est à vent. Pour obtenir des effets de NOTA. — Tous les leviers de com-
amplifié… Pas question par consé- « corde pincée », un autre dispositif a mande de timbres ont été réunis,
quent de poudre de graphite compri- été ajouté (fig. 8, en haut et à droite). dans l’Ondioline, en un bloc de 18
mée, de potentiomètres à plats, etc. Un contacteur inverseur dit « de per- clés, placé dans le haut du meuble,
Nous verrons, dans une étude ul- cussion » est placé sous la barre de sous le clavier (voir photographies).
térieure, qu’il y a cependant d’autres contact C, et est commandé par elle. Ces leviers ont été dénommés, de
moyens. Contentons-nous de ce- Lorsque aucune touche n’est enfon- gauche à droite : A, B, C, D, E, F, G, H,
lui-ci, qui a fait ses preuves sur l’On­ cée, la barre est relevée, au repos, et I, J, K, L, M, P, V 1 , V 2 W. Nous avons
dioline, fonctionnant sur certains l’inverseur de percussion l’est égale- déjà rencontré l’utilisation du levier
instruments depuis plus de 10 ans, à ment. Le condensateur de 0,5 µ F est B (action sur la forme de l’impulsion
raison de plusieurs heures par jour. donc chargé sur la H.T. Lorsque l’on excitatrice) et du levier P (effet de
Signalons d’ailleurs qu’en cas de né- enfonce une touche quelconque du cordes pincées). Nous examinerons
cessité, le semi-conducteur utilisé clavier, la barre générale de contact maintenant les fonctions de V 1 , V 2 et
peut être aisément remplacé. C s’abaisse; l’oscillation passe par W (vibratos automatiques).
la boîte d’attaque, en ressort, et at-
Les dimensions des électrodes, taque la grille de la penthode préam-
l’élasticité de l’ensemble et la qualité plificatrice. Mais si le levier P a été
du semi-conducteur sont critiques, préalablement abaissé, aucune os-
pour l’obtention d’un résultat satis- cillation n’apparaît sur la plaque (9) Georges Jenny : Brev. français
faisant : légère surtension obtenue puisque l’écran de la penthode n’est nº s 895 822 du 24 juin 1943.
T RO I S I È M E
CHAPITRE
Le schéma complet
Avant de quitter les circuits exci­ au rythme des impulsions. Un effet de Circuits résonnants
tateurs pour passer aux circuits réso­ mandoline ou de banjo est ainsi obtenu,
nateurs qui engendrent les formants, à condition toutefois qu’on ait accéléré
nous allons décrire la façon dont sont le rythme des oscillations délivrées par Parvenu à ce point précis de notre
obtenus les vibratos et les trémolos la lampe de vibrato, ce qui est obtenu fil d’Ariane, nous pourrions presque
automatiques, l’obtention du vibrato aisément en diminuant encore la valeur sûrement laisser le lecteur, construc-
manuel ayant été précédemment exa- de la résistance de grille de cette lampe, teur éventuel d’une Ondioline, se dé-
minée. connexion effectuée automatiquement brouiller tout seul. Après avoir puisé
par certains contacts « repos » de V1 et dans un lot de vieilles « selfs » à fer,
V 2. de condensateurs de 500 pF à 200 nF,
Vibratos Des effets intermédiaires, véri- de résistances providentiellement mal
tables trémolos rappelant ceux du marquées, il nous écrira bientôt qu’il a
bandonéon, pourraient être obtenus découvert des timbres nouveaux, bien
Un oscillateur à très basse fréquence en filtrant le signal de vibrato avant supérieurs à ce qu’il avait pu entendre
(3 à 10 Hz) délivre une oscillation qui, de l’appliquer à l’écran de la penthode jusqu’ici provenant d’une Ondioline à
bien que non sinusoïdale, module cor- amplificatrice. l’entracte d’un cinéma ou lors d’une
rectement en fréquence notre oscilla- Pour être complets, signalons émission de Jean Nohain. Et ce sera
teur à fréquence musicale. On obtient qu’une corde métallique, tendue de- peut-être vrai! Car c’est ici que les
ainsi un vibrato automatique dont la vant le clavier de l’Ondioline, au-des- lettres encore vierges, A, C, E, F, G, H,
vitesse peut être modifiée au moyen de sus d’une barrette également mé- etc., vont pouvoir entrer en danse dans
deux potentiomètres ajustables, Pv et tallique, permet d’obtenir des effets des combinaisons savantes qui s’ins-
Pw, disposés à la partie arrière du châs- moins automatiques, donc plus « hu- criront dans la mémoire du musicien
sis supérieur et qui sont réglés lors de mains » de banjo, guitare , mandoline. amateur à côté des S.N.C.F., R.A.T.P.,
la mise au point. Ces potentiomètres L’exécutant, jouant normalement de C.Q.F.D. et autres sigles célèbres…
sont mis en parallèle par le levier W, sa main droite, tapote plus ou moins Si l’on voulait disposer de toutes les
qui permet donc de disposer d’une vi- rapidement avec la gauche sur cette nuances possibles de la palette sonore,
tesse de vibrato assez lente et d’une corde et établit ainsi au même rythme l’alphabet ne suffirait pas à numéroter
autre plus rapide. Par convention, on un contact corde-barrette métallique, les sélecteurs nécessaires. Aussi ne
a choisi la position haute de W pour la contact agissant comme un interrup- donnerons-nous, comme base de dé-
vitesse lente. teur aux bornes du point M. Celui-ci, part, que le schéma complet du dispo-
Les leviers V1 et V2 commandent comme on le sait, provoque des effets sitif de commande des timbres utilisé
les amplitudes des vibratos, c’est-à- de percussion. Ce même effet peut dans les Ondiolines de fabrication cou-
dire le taux d’excursion en fréquence. donc être obtenu au rythme de l’action rante. Notons encore que la pratique
Ils connectent tout simplement des des doigts sur la corde, d’où des imi- montre que la qualité de l’amplifica-
résistances de valeurs plus ou moins tations très réalistes, non seulement teur et du haut-parleur utilisés en fin
grandes en série entre lampe modula- de guitare ou de banjo, mais aussi de chaîne influe également, et de façon
trice et lampe modulée. Ces résistances de castagnettes, tam-tam, etc… Mais considérable, sur le résultat obtenu.
sont réglables et constituées en fait par pour bien comprendre comment cette Il faut en conséquence et sans hésita-
les potentiomètres Pv1 et Pv2; placés opération apparemment magique est tion modifier la valeur, sinon d’un en-
également à l’arrière du châssis supé- possible, il faut aborder la troisième roulement, du moins du condensateur
rieur. partie constitutive de l’Ondioline, l’accordant, pour retrouver un timbre
celle des « résonateurs », ainsi dénom- suffisamment vraisemblable ou tout
A la sortie de ces résistances, la ten- més par analogie avec les enceintes
sion délivrée par la lampe de vibrato a simplement agréable.
acoustiques qui, dans les instruments
une allure assez tourmentée. Le filtre à cordes ou à vent, jouent un rôle iden- Nous avons vu que le commuta-
constitué par la résistance de 1 MΩ et tique. teur B permet de modifier la forme du
le condensateur de 100 nF arrondit les
angles des impulsions avant de les ap-
Fig. 9 (ci-contre). — Schéma complet du bloc
pliquer aux cathodes du tube 12 AU 7
supérieur de l’Ondioline (le bloc inférieur étant
oscillateur principal. C’est ainsi que la
constitué par l’amplificateur de puissance,
tension fournie par cet étage se trouve
dont le schéma figure page 22). Les résistances
légèrement modulée en fréquence.
R 5 à R 40, n o r m a l e m e n t f o u r n i e s a v e c l e c l a v i e r ,
sont des modèles à couche, précision 0,5% de
valeurs limites égales à 6 900 et 53 588 Ω. Les
Trémolos bobines C, G et H sont des pièces spéciales qui,
de même que la boite d’attaque progressive, les
condensateurs ajustables de fortes valeurs et
Si nous abaissons le levier corres- les autres pièces particulières, sont fournies
pondant au contacteur D, les impul- sur demande par la Société « La Musique Elec­
sions à très basse fréquence provenant tronique ». Le texte donne des indications sur
du générateur de vibrato sont dirigées l a n a t u r e d u p o t e n t i o m è t r e d e g e n o u i l l è r e P g.
vers l’écran de la penthode 6 BA 6. Tous les autres potentiomètres sont à variation
Cette dernière faisant partie de la linéaire de résistance. Les bornes x et y sont
chaîne d’amplification du signal issu des points de raccordement ménagés en vue de
de l’oscillateur à fréquence musicale, perfectionnements ultérieurs.
la tension de sortie se trouve hachée
Le schéma complet 21
22 Le schéma complet

même temps quelques conseils pra-


tiques pour la construction.

GENOUILLERE D’EXPRESSION.

— Dans l’Ondioline, la main droite,


normalement chargée du jeu sur le
clavier, sélectionne les notes, provoque
éventuellement le vibrato en faisant
osciller l’ensemble du clavier et dé-
termine enfin en partie le mode d’at-
taque et l’intensité du jeu, puisque
l’amplitude du signal envoyé à l’am-
plificateur de sortie est proportion­
nel à la pression du doigt sur la tou­
che. Simultanément, cette amplitude
peut être dosée par un potentiomètre
Pg connecté aux bornes de sortie du
châssis supérieur de l’Ondioline, avant
le cordon blindé allant à l’amplifi­
cateur.
Pour que ce potentiomètre puisse
être actionné commodément, par
la main gauche aussi bien que par
Fig. 10. — C’est cet amplificateur, dont la conception est déjà assez ancienne, un genou, il est commandé par une
qui équipe les Ondiolines de série. Il est tout à fait possible, d’utiliser un tringle métallique dite genouillère
amp lificateur existant, et il est probable que d’excellents résultats seraient qui lui transmet son mouvement par
obtenus avec les ensembles à « haute fidélité ». Mais il sera sans doute néces­ l’intermédiaire d’un secteur denté et
saire de tâtonner un peu quant aux valeurs des éléments du bloc supérieur d’un pignon. La course totale du po-
(schéma de la page 21) nécessaires à l’obtention des différents timbres. tentiomètre est obtenue pour une ro-
tation de 90° de la genouillère.
En pratique, c’est par une combinai-
signal excitateur. Il en est de même sans intérêt pour qui n’a pas déjà mis son judicieuse des deux moyens : ac-
du levier F, qui, placé avant les cir- la main à la pâte. tion progressive ou choc du doigt sur la
cuits résonnants, modifie l’allure du touche, d’une part, et mouvement impri-
signal par interposition d’un conden- Schéma général mé par le genou ou la main gauche au
sateur de petite valeur. Le levier levier de la genouillère, d’autre part, que
C a un effet différent : au moyen Maintenant que nous en avons com- pourront être obtenus les effets de coups
d’un filtre passe-bas, il émousse au menté les principaux éléments, nous d’archet, ou de coups de langue propres
contraire l’impulsion avant de l’ap- pouvons le considérer sans inquiétude, à l’instrument dont on veut évoquer le
pliquer aux résonateurs proprement mais en cherchant simplement quelles caractère. Nous ne pouvons entrer ici
dits, lesquels sont constitués par les sont les parties non encore décrites, dans les détails concernant l’exécution
bobines G et H et les condensateurs pour expliquer leur rôle et donner en musicale proprement dite, mais conseil-
I, J, K, E, qui les accordent sur une
fréquence déterminée. Il va de soi
que l’amortissement des circuits ré- Salle Gaveau, Geneviève Robert, soliste de la R.T.F., interprète à l’ Ondioline ,
sonnants a une certaine importance, accompagnée par un grand orchestre symphonique, « Taj-Mahal », c oncerto de
ce qui signifie que l’on obtiendra des Darius Cittanova, écrit spécialement pour Ondioline et orchestre.
résultats différents — à self-induction
égale — suivant la section du fer em-
ployé, la grandeur de l’entrefer et la
section du fil. Sans avoir à triturer la
bobine, il est encore possible de jouer
sur l’amortissement en connectant en
parallèle une résistance.
Pour certains instruments, comme
le hautbois, l’amortissement gagne
à être faible, alors qu’il peut et doit
même être assez important pour les
cuivres. Le timbre violon est obtenu
sans passer par les filtres, mais en
abaissant les clés A et F.
Nous tenons à bien faire remarquer,
ici que le volume du baffle et la na-
ture des matériaux employés influent
énormément sur les timbres obtenus;
cela est particulièrement vrai pour le
violon. Toujours pour le violon, l’ef-
fet de sourdine est obtenu en faisant
intervenir la bobine H, mais par l’in-
termédiaire d’un condensateur de 10
nF en série (valeur d’ailleurs assez
critique).
Analyser en détail chaque timbre et
dire pourquoi tel schéma a été retenu
nous entraînerait à transformer cette
monographie en une petite Bible,
Le schéma complet 23

lons vivement aux futurs constructeurs TABLEAU III — LISTE DES TIMBRES
d’une Ondioline de se procurer la mé-
thode écrite pour cet instrument (1).
Le potentiomètre P g doit être un Timbres Baisser les contacteurs : Registres :
modèle spécial, car il assure un tra-
vail extrêmement dur. Un modèle
ordinaire tient tout au plus quelques
jours et, aussi désagréable que cela
soit, il nous faut reconnaître que c’est Violon AF ou AFI 3
en vain que nous avons cherché par- Violon sourdine AFH ou AFHV 2 W 4
mi les fabrications françaises un mo- Violoncelle AF ou AFI ou AFV 1 1
dèle capable de « tenir le coup ». Pour Saxophone alto CGJ ou  C GIJ 3
ce qui concerne notre fabrication de Saxophone ténor CGK ou GJ 2
série, nous avons dû faire appel à des Trompette jazz GIJ 3
pièces d’importation, comme le type Trompette de cavalerie FGIJ 3
Allen Bradley (distribué par Rocke
Hautbois FHIJ ou FHK 3
International), ou le modèle Vitrohm
Cor de chasse EGK ou CGKV 2 ou GCE 2
professionnel, à six frotteurs (vendu,
avec des délais de livraisons très va- Cor d'harmonie CK 2
riables, par les Ets Frankel). Basson CGK ou EGK 1
Flûte GJ ou BGIJ 3 ou 4
RUPTEUR DIT « DE SILENCE ». Bugle CGJ 1 ou 2
On aperçoit, dans le schéma général, Petite flûte pipeau GJ ou GI 4
sous la partie gauche de la barre de Mandoline DFH ou DH 3 ou 4
contact de masse, en plus de la boîte Mandoline avec corde FHM ou HM 3 ou 4
d’attaque progressive et de l’inver- Banjo DFGIJ 3
seur de percussion, un autre contact, Banjo avec corde FGIJM 3
fonctionnant en simple rupteur, et Cornemuse (en tenant la note à
que nous avons appelé « rupteur de l’octave en dessous) FG ou FGHI 3
silence ». Son rôle est le suivant : au
repos, la barre générale de contact est BCEV 2 W ou ABCIV 2 W ou 1 ou 2
plaquée contre l’ensemble des ressorts BCHKV 2 W ou BCEHV 2 W ou 3
de touches, et l’oscillateur fonctionne
Orgue de cinéma BHKV 2 W ou FGHV 2 W ou 2 ou 3
sur la fréquence correspondant à la
note la plus aiguë du clavier (sol). Bien BGHIJV 2 W ou GIJV 2 W ou 2 ou 3
que l’électrode mobile de la boîte d’at- BV 2 W ou BEHV 2 W 2 ou 3
taque ne soit pas enfoncée, la capaci-
té entre les électrodes fixes n’est pas Clarinette B ou BGI 2 ou 3
nulle et une fraction de signal parvient Bandonéon A ou M 3
au potentiomètre Pg . Si ce dernier n’est Guitare Flamenco FGHP 1 ou 2
pas au repos, le haut-parleur reprodui- Guitare douce CGIP 1 ou 2
ra ce signal qui, bien que très faible, Guitare Hawaïenne GIPV 2 W 2 ou 3
est gênant. C’est pourquoi la barre de Clavecin FGHP ou HP 3
contact général, par l’intermédiaire de Cithare FGIPV 1 3
ce « rupteur de silence », court-circuite Castagnettes (en tapant sur la
au repos l’oscillateur. Ce dernier est corde sons utiliser le clavier) FGP
débloqué dès qu’on appuie, même lé- Bongos (même processus que ci-
gèrement, une touche quelconque du dessus, en alternant le E) BCEFGIJKP
clavier. Trombone CJF ou BGIJK 2
LEVIER A. — Le commutateur A Contrebasse à vent (hélicon) BCE 1
permet de « sauter » la penthode Contrebasse à corde ABCEF 1
préamplificatrice 6 BA 6, placée après
la boîte d’attaque progressive, lors-
qu’on désire éviter la distorsion — utile REMARQUE TRES IMPORTANTE : L’utilisation correcte de l’Ondioline , sur ­
ou nuisible selon les cas — introduite tout en ce qui concerne les attaques (autrement dit la maîtrise du clavier
par cette penthode. expressif), nécessite, de la part de l’exécutant une pratique qui requiert un
minimum d’un à deux mois d’études — en dehors de toutes connaissances
AUTRES LEVIERS. — A titre indi- (pianistiques ou autres) préalables.
catif, nous donnons ci-contre un extrait Cette pratique s’acquiert à l’aide d’exercices spéciaux indispensables. Faute
de la liste des timbres qu’il est possible de comprendre cette nécessité de développer certains réflexes par quelques
d’obtenir sur l’Ondioline, et des leviers exercices journaliers, par ailleurs très simples, le musicien possesseur d’une
qu’il convient d’abaisser pour cela. Le Ondioline n’en tirera jamais que quelques effets du genre « orgue de ciné ­
lecteur aura remarqué, tant sur le sché- ma » ou « musique électronique », sans commune mesure avec la finesse et
ma que dans cette liste, l’absence des la variété d’expression qu’il est possible d’obtenir sur une Ondioline .
leviers L et M, cependant visibles sur Bien utilisée, l’ Ondioline justifie la confiance et l’intérêt que lui ont déjà
certaines photographies. Ces leviers porté, en écrivant pour elle, des maîtres tels que : Arthur Honegger, Landowsky,
Delannoy, Darius Milhaud, Georqes Auric, J. Kosma, Jean Marion, Guy Ber ­
ont été réservés pour des adjonctions nard de La Pierre, Jean Ledrut, José Padillat, Jean-Jacques Grunenwald,
ultérieures. Dans le modèle profession- Henry Sauguet, Philippe Parès, pour ne citer que quelques noms.
nel d’Ondioline, ils ont déjà été utili-
sés. Mais nous n’avons pas voulu trop compliquer le schéma général de musique, tels ceux de Lyon et de
ni cette première description. Telle Dakar.
quelle, l’Ondioline décrite dans ces
(1) Premiers conseils à l’ondioliniste, par G. pages correspond aux modèles en
Jenny. Cette méthode contient quelques exer-
service à La Radiodiffusion Fran-
Oscillogrammes
cices très faciles pour l’amateur et sera « illus-
trée » par un disque microsillon qui montrera çaise, à Radio-Luxembourg (Ra- Il serait intéressant de comparer
toutes les possibilités expressives et de timbre dio-Théâtre et Radio-Circus), ainsi des oscillogrammes des principaux
(Éditeur : Forgotten Futures). que dans certains conservatoires instruments de l’orchestre, de la voix,
24 Le schéma complet

Que tous ceux qui disposent de


quelques loisirs et que la question
intéresse n’hésitent donc pas à en-
treprendre la construction d’un ins-
trument de musique électronique. A
condition qu’ils aient un peu d’oreille
ou qu’un ami musicien les assiste au
L’Ondioline peut départ, ils connaîtront à leur tour le
être jouée en plaisir d’avoir réalisé eux-mêmes leur
solo puisqu’elle instrument de musique et la joie de
rend au choix le l’exécution musicale personnelle.
timbre du vio­ L’Ondioline est utilisée aussi bien
lon, de la mando­ pour la musique de variété que dans
line, de la flûte, certaines formations classiques. Il
du hautbois, etc. existe même un trio d’Ondioline, le
Cette jeune vir­ trio d’ondes de Paris, composé de
tuose pousse la Mme Geneviève Robert et de MM. Cit­
difficulté jusqu’à tanova et Mérer, qui se produit notam-
s’accompagner ment à La Radiodiffusion Française
elle-même au et y interprète des œuvres modernes,
piano. écrites spécialement pour les instru-
ments de musique électronique, ou
très ancienne : Bach, Vivaldi, etc…
C’est en effet un des aspects piquants
de la lutherie électronique, de per-
mettre la résurrection des timbres
d’instruments anciens, pratiquement
abandonnés aujourd’hui. Même si
les sonorités ainsi reconstituées sont
légèrement différentes de celles des
instruments de l’époque, personne ici
ne saurait crier au sacrilège, car l’on
etc., avec ceux procurés par certains de construction amateur et le modèle joue Bach aujourd’hui sur des violons,
timbres de l’Ondioline. Ce travail de- commercial de série. des flûtes, des trompettes, qui dif-
vrait d’ailleurs être complété par la Ces restrictions faites, nous pensons fèrent sensiblement des instruments
comparaison des images observées sur intéresser les techniciens ondiolinistes du temps. Pensons simplement que le
l’écran d’un analyseur d’harmoniques, en puissance en leur signalant qu’ils la du diapason, aujourd’hui à 435 Hz,
tel que celui du Laboratoire Central pourront trouver dans le commerce (2) a considérablement monté au cours
des Télécommunications, système Pi­ toutes les pièces spéciales, clavier y des siècles, et que la « Suite en Ré » de
monof. Grâce à l’obligeance de MM. Pi­ compris, et éventuellement les pièces Bach, par exemple, se trouve haussée
monof et Chavasse, directeur du Centre normales qui leur manqueraient. A par- de plus d’un ton par rapport à sa tona-
National d’Etudes des Télécommunica­ tir de cela, chacun aura toute latitude lité d’origine. De toute façon, s’il reve-
tions, ce travail a déjà été commencé; de faire œuvre originale, en modifiant nait, Bach ne reconnaîtrait plus « ses
nous espérons pouvoir le reprendre un à son goût, soit la présentation, soit la enfants »…
jour et nous proposons de publier éven- disposition de certains organes d’ex- Signalons pour terminer qu’il existe
tuellement les résultats dans une étude pression et de commande. Des timbres déjà un club groupant les amateurs de
plus approfondie que celle-ci. nouveaux ou des moyens d’expression musique électronique : l’Association
originaux pourront être expérimentés. des Amis de la Musique Electronique
Quoi qu’il en soit, nous serons heu- dont le but est de favoriser le dévelop-
Brevets reux si nous avons pu communiquer à pement de cette nouvelle branche de
d’autres ce « virus » de la musique élec- l’art (et pour nous de la technique…).
tronique qui nous tient si bien… Nous Tous ceux que la question passionne
Certaines parties de l’Ondioline (os- sont invités à se joindre à ce club (3).
cillateur transpositeur et son disposi- sommes persuadés en effet qu’il en est
de la musique électronique comme il Ils pourront ainsi, sur le plan local et
tif d’accord, dispositifs de percussion, même sur le plan régional, bavarder
clavier à attaque progressive, etc.) sont en était de l’émission et de la réception
radio à ses débuts, autrement dit qu’un entre connaisseurs et, certainement,
couverts par des brevets et ne sauraient contribuer efficacement à ce progrès
être, en conséquence, reproduits à des amateurisme intelligent fera progres-
ser puissamment ce domaine d’activi- dont nous parlions tout à l’heure.
fins commerciales. Par contre, c’est
bien volontiers que nous autorisons le té, qui gagnera finalement lui aussi à Il nous reste maintenant à donner
constructeur isolé à s’en inspirer pour un travail d’équipe. La multiplicité des quelques conseils pour la construction
son propre compte, exclusivement. Mais expériences et la confrontation des ré- pratique et, surtout, à préciser la mé-
nous demanderons instamment aux sultats doivent fatalement contribuer à thode à suivre pour la mise au point.
constructeurs éventuels de ne pas re­ accélérer le progrès, là comme ailleurs.
produire servilement l’aspect extérieur (3) Pour tous renseignements à ce su-
de l’Ondioline, qui constitue un modèle (2) Etablissements Ondioline, 190, jet, écrire (avec timbre pour réponse,
déposé, de façon que la confusion ne faubourg Saint-Denis, Paris (10e). Tél. s.v.p. à : M. Georges Jenny, Chemin
soit jamais possible entre une maquette BOT. 74-03. du Paradis, près Bar-sur-Loup (A.-M.).
QUATRIÈME
CHAPITRE
Conseils pour le montage
Précautions générales Les circuits du tube 12 AU 7, Employer du Plexiglas pour la
oscillateur à fréquence musicale, réglette supportant les 36 résis-
doivent être particulièrement soi- tances d’accord, et se méfier de
Avant de décrire la réalisation gnés quant à l’isolement. Toute certaines bakélites, même dénom-
pratique (assemblage, câblage, mise perte, tout fuite même faible en mées H.F. Toute résistance infé-
au point) de l’Ondioline, nous in- B.F. ou en courant continu a ici rieure à 5000 MΩ insérée entre
sisterons tout d’abord sur quelques une conséquence catastrophique grille 1 et plaque 2 de la première
principes généraux à ne pas perdre (prohiber notamment les conden- 12 AU 7, ou encore entre plaque
de vue lors de la construction. sateurs céramique, pas toujours 2 et masse, désaccorde l’instru-
Les points à surveiller surtout satisfaisants en B.F.) : l’instru- ment, surtout du côté des notes
sont la qualité des isolants et la ment est faux dans la partie grave graves. Par contre, une capacité
disposition des organes qui devra du clavier et, de plus, inégalement parasite excessive entre grille 1
être faite de telle sorte que les ca- selon les registres. Prendre pour et masse resserre l’accord du côté
pacités parasites soient tenues le tube 12 AU 7 un support no- des aiguës. Les résistances ajus-
aussi faibles que possible pour val en bakélite H.F. de très bonne t a b l e s R v1, 2, 3, 4 o n t d ’ a i l l e u r s p o u r
les circuits d’oscillation et qu’il qualité; de même que pour les but de remédier à ce dernier dé-
n’existe pratiquement pas d’in- condensateurs ajustables d’accord faut. Mais une capacité parasite
ductions entre certains étages, ni Cv1, 2, 3, 4, choisir le mica comme dié­­­ exagérée rendrait tout rattrapage
d’interactions entre certains circuits. lectrique des condensateurs d’appoint. impossible. C’est pourquoi l’em-

En haut : Le clavier de l’Ondioline. Les deux boutons correspondent à la commande de transposition et à l’accord.
On distingue sur la vue arrière, la règle en Plexiglas supportant les ressorts de touches et, soudées entre lames
c o n s é c u t i v e s , l e s r é s i s t a n c e s f o r m a n t l a c h a î n e R g2. — E n b a s : V u e s a v a n t e t a r r i è r e d u b l o c é l e c t r o n i q u e m o n t r a n t
en particulier les sélecteurs de timbres et d’effets spéciaux. Des précisions concernant la disposition des organes, le
montage, le câblage et le réglage de l’Ondioline seront fournies dans la suite de cette étude.
26 Conseils pour le montage

ploi de fil blindé dans ces parties dirons simplement qu’il est parfai- Pour la grande masse des construc-
d e l ’ O n d i o l i n e d o i t être prohibé. Le tement possible de le remplacer par teurs isolés, nous avons hésité à ré-
câble coaxial même est trop capacitif. n’importe quel bon push-pull dont la diger une méthode complète de mis
Les seuls circuits qu’il convient de revue Toute la Radio a déjà publié au point qui occuperait plusieurs
blinder sont ceux que nous citerons maints schémas. En éliminer toute- pages de ce fascicule. En toute sin-
plus loin. fois tous les circuits de correction ou cérité nous pensons que le mieux est
Cette première lampe 12 AU 7 doit de contre-réaction (1). que la Société à laquelle nous avons
d’ailleurs être sélectionnée, c’est-à- confié la vente des pièces détachées
dire qu’il faut choisir des types qui de l’Ondioline se charge du montage
ne s’écartent pas trop des caractéris- Bloc clavier et de la mise au point de cette partie
tiques indiquées par le constructeur, vraiment délicate.
surtout en ce qui concerne la résis- Ce bloc A est le plus difficile à ré- Nous allons cependant la décrire
tance interne et l’isolement entre aliser par l’amateur. Si ce dernier est rapidement. Ce bloc comprend le
électrodes. très averti, il ne lui est pas défendu clavier proprement dit, avec ses ré-
Le panneau supportant les élé- de tenter l’expérience et, dans ce cas, sistances d’accord pour chaque note
ments concernant l’accord et la trans- réglage et mise au point seront une et la barre générale de contact. Le
position (C v 1 , 2 , 3 , 4 ; R v 1 , 2 , 3 , 4 , poten- simple question de réflexion et de lo- clavier est monté sur des lames qui
tiomètre double d’accord, contacteur gique. lui permettent d’osciller latérale-
trois galettes de la clé d’octaves) doit ment comme nous l’avons vu dans les
être taillé dans un excellent isolant, ( 1) On peu t ici n’êt re pas d ’accord pages précédentes. Sous la barre, on
Plexiglas par exemple. Le contacteur a v e c l’ a ut eu r. En ef f et , l e rôl e d’u n am- trouve les contacts de percussion, de
à galettes de la clé d’octaves doit éga- p lific a te u r de pu issance est , en prin- silence, et la boîte d’attaque progres-
lement présenter un isolement par- c ip e , de t ransf ormer en cou rant s f ort s sive. Des ouvertures ménagées sous
fait entre les grains de contact. Nous de s te nsions f aibl es f ou rnies par l es la platine supportant ce bloc-clavier
recommandons le modèle en stéatite é ta g e s p récédent s, en en modif iant l e permettent à l’usager d’accéder aux
siliconée de Chambaut. Le circuit des m o ins p ossibl e l a f orme. T ou t ef ois, il
vis de réglage de chacun de ces élé-
rupteurs de silence doit être égale- e st trè s probabl e qu e l ’ampl if icat eu r
de p uissance, l e t ransf ormat eu r de sor- ments, qui n’ont d’ailleurs à être re-
ment parfaitement isolé. touchés qu’accidentellement, le ré-
tie , le hau t -parl eu r et l e cof f ret des On ­
En dehors de ces précautions, d i oli n es de série jou ent u n grand rôl e glage étant fait en principe une fois
disposer les organes du circuit os- da ns la qu al it é d es t imbres obt enu s. pour toutes par le constructeur, en
cillateur de la façon qui paraîtra, au C’ e st p o u rqu oi nou s t enons à prévenir liaison avec un châssis B étalon. Le
point de vue fonctionnel, le plus lo- le s le c te u rs qu i vou d raient u t il iser u n condensateur de vibrato manuel, dis-
gique. Ne pas chercher à réduire les a m p lific at eu r exist ant qu ’il s au ront posé à gauche du clavier, est égale-
valeurs, parfois inutilement élevées, v ra ise m bl abl ement à mod if ier expéri- ment réglé une fois pour toutes.
en apparence, des condensateurs de m e nta le ment cert aines d es val eu rs d es
découplage de l’alimentation. é lé m e nts responsabl es des t imbres. A l’avant du clavier est tendue
D a ns c e s condit ions, nou s conseil l ons la corde métallique servant aux ef-
de c o nserver à l ’ampl if icat eu r d e pu is- fets de banjo, de tam-tam, de cas-
sa nc e sa chaîne d e cont re-réact ion, ce tagnettes, etc. Et sous la planchette
Différents blocs de q ui ne pou rra qu e f avoriser l a f idél it é
de bakélite noire qui supporte cette
de s re p rod u ct ions obt enu es, ét ant d on-
l’Ondioline né l’ a c tion bien connu e d e l a cont re-ré- corde sont disposés les organes
d’accord et de transposition, mon-
a c tio n su r l ’amort issement d e l a bo-
b ine m obil e. Mais peu t -êt re sera-t -il tés sur une plaquette isolante. Le
Pour la commodité de la descrip- né c e ssa ire de prévoir al ors ent re On ­ clavier étant vu de face, on trouve,
tion, nous désignerons le bloc clavier d i oli n e et ampl if icat eu r u n ét age ex- de gauche à droite : le contacteur
par la lettre A; le bloc électronique, té rie ur à l a bou cl e de cont re-réact ion, de clé d’octaves, les quatre conden-
comprenant les oscillateurs, les cir- é ta g e dans l equ el apparaît raient l es sateurs ajustables de pré-accord
cuits préamplificateurs, les sélec- disto rsions qu i sembl ent nécessaires C v1 , 2 , 3 , 4 , le potentiomètre double
teurs de timbres, etc. par la lettre B; à la re p rod u ct ion d e cert ains t imbres? d’accord général et les trois po-
On v o it qu e l es t echniciens d ésireu x d e tentiomètres de rattrapage des ai-
l’amplificateur enfin, par la lettre C.
fo uille r la qu est ion ne manqu eront pas
En ce qui concerne ce dernier, les de m a tiè re à expériment at ion! — (Note
guës R v1 , 2 , 3 . Les seuls axes qui dé-
commentaires sont inutiles, et nous d e l’ E d i teur.) passent d’ailleurs sont ceux de la

Fig. 11. — Le bloc A, ou bloc clavier, vu de dessous. Le code employé est le suivant : PC1 : prise coaxiale de sortie
de la boite d’attaque progressive; PC2 : prise coaxiale pour entrée éventuelle vers le potentiomètre de genouillère;
S : vis de réglage du rupteur de silence; PR : vis de réglage du contact « repos » de percussion; PT : vis de réglage
du contact « travail » de percussion. A droite, répartition à réaliser des fils provenant du bloc B (bloc électronique)
sur le bouchon octal se raccordant au support correspondant du bloc A.
Conseils pour le montage 27

clé d’octaves et du potentiomètre


d’accord général.
Toutes les connexions aboutissent à
l’arrière du bloc-clavier à un système
de raccordement par prises com­p osé
de deux fiches coaxiales mâles et
d’un support 8 broches en bakélite
moulée. Les organes complémentaires
appartiennent au bloc B. Il y a lieu
de veiller à la bonne qualité du
bouchon 8 broches (bakélite mou-
lée de la M.F.Œ.M.) puisque des
connexions de grilles et de plaques
s’y raccordent, en provenance de
l’oscillateur.
Le câblage du bloc A est effectué de
façon que toute fuite de signal soit in-
terdite au sortir de la boite d’attaque
progressive. En amont de cette der-
nière, des fuites peuvent être tolérées,
Fig. 12. — L’auteur conseille de suivre ce plan de câblage pour la section
et c’est heureux car il faut avant tout
oscillatrice à fréquence musicale. Les connexions « sensibles » aux fuites et
éviter d’augmenter les capacités para-
pertes B.F. évitent les cosses de la barrette-relais, dont l’isolement n’est pas
sites pour tout ce qui concerne l’étage
toujours parfait, ou n’y aboutissent qu’après des résistances de fortes valeurs.
oscillateur. Après la sortie de la boite
d’attaque progressive, le signal ne
retournera plus dans le bloc-clavier, l’instrument ne coïncide pas avec la oscillateur de notre bloc B. Nous pen-
sauf vers le potentiomètre de genouil- disposition qui paraîtrait logique au sons utile d’en reproduire le plan de
lère, si toutefois le constructeur a dé- vu du schéma. Le constructeur est câblage conseillé. En suivant ce plan,
cidé d’installer ce potentiomètre dans prisonnier du passé, compositeurs et le lecteur est assuré de n’avoir aucune
le bloc A, ce qui n’a rien d’obligatoire. instrumentistes s’opposant à ce que surprise quant à l’accord et à la trans-
L’entrée de ce potentiomètre est re- de nouvelles appellations soient em- position. On remarquera, en effet, que
liée à une prise coaxiale et on aura ployées, ce qui obligerait à reprendre les connexions (fil souple bien isolé)
bien soin d’isoler électrostatiquement toutes les partitions annotées et à ac- de grille 1 et plaque 2 partent direc-
par des blindages sans solution de quérir de nouvelles habitudes… Il est tement vers le bouchon octal, sans
continuité les circuits entrée genouil- bien certain que cet impératif concer- passer par la barrette-relais, source
lère, le potentiomètre lui-même, et la nant les emplacements ne se présente de fuites possibles. De la plaque 2
sortie vers la partie pick-up l’amplifi- pas pour le constructeur néophyte, partent également, soudés bout à
cateur B.F. qui aura donc là l’occasion de faire bout sous un souplisso, le condensa-
preuve d’indépendance et d’imagina- teur, papier ou mica, de 2,5 nF, et la
tion. Une bonne précaution consiste à résistance de 10 MΩ. Pour éclaircir le
Bloc électronique prévoir dès le départ l’emplacement dessin, on n’y a pas représenté les élé-
ments de découplage du timbre B.
de leviers supplémentaires, car rien
n’est plus passionnant que la re- Ouvrons une petite parenthèse
Ici, une grande latitude est lais- cherche de timbres nouveaux. à propos de l’authentique contac-
sée au constructeur amateur, tant du Rappelons à l’occasion la philo- teur A. Si l’on éprouve des difficul-
point de vue disposition des organes sophie de notre codification : les le- tés pour se procurer le contacteur à
que dans le choix de certaines pièces, viers A, B, C et F déterminent, nous deux directions et trois circuits né-
lampes y compris (sauf en ce qui l’avons vu, la forme du signal exci- cessaires en ce point, le scinder en
concerne l’oscillatrice, qui doit obli- tateur, avant que ce dernier attaque deux ou trois éléments à commande
gatoirement être une 12 AU 7). les circuits générateurs de formants. individuelle : on disposera ainsi de
D’une façon générale, il y a intérêt Par conséquent, tout nouveau levier combinaisons supplémentaires.
à disposer ce bloc B le plus près pos- qui actionne un dispositif modifiant Un mot encore à propos de l’appro-
sible du bloc-clavier, afin d’éviter les la forme du signal avant application visionnement possible en « contac-
inductions et capacités parasites au aux circuits de formant G, H, I, J, teurs timbres ». Des raisons à la fois
long des câbles de grille et de plaque K, E, devra être répertorié selon un financières (prix de revient trop éle-
de la 12 AU 7. Une longueur de 30 cm code dérivant des lettres A, B, C, F. vé) et morales (les Ondiolines « pri-
est acceptable pour chacun de ces Exemple : A 1, A 2, etc. pour des impul- vées » risqueraient de ressembler
câbles, entre le support du tube et sions du genre de A; B 2, B 3… pour des trop aux Ondiolines « commerce »),
le bouchon octal de raccordement au signaux proches des rectangulaires; font qu’il sera impossible à la Socié-
clavier. La disposition des tubes et C 1, C 2, etc. pour des signaux excita- té La Musique Electronique de vendre
celle des contacteurs sur le châssis B teurs d’allure sinusoïdale, etc. Côté en pièces détachées les contacteurs
pourra donc être « repensée », compte formants, même conventions, des actuellement employés pour la série.
tenu toutefois de cette limitation bobinages supplémentaires pouvant Mais les pièces requises n’ont pas be-
concernant la longueur des câbles et être mis en service par des clés G 1, G 2 soin de présenter des vertus extraordi-
du fait que toute proximité doit être ou H 1, H 2, selon l’effet obtenu. Les ma- naires. Le plus difficile sera de décou-
évitée entre les organes situés en nettes relatives à des condensateurs vrir des pièces au contact franc, mais
amont et ceux situés en aval — élec- additionnels seront baptisées à par- non bruyant. Cela dit, tout contacteur
triquement parlant — de la boîte d’at- tir des lettres I, J, K, E. En adoptant genre radio de bonne qualité, à deux
taque progressive. cette normalisation qui, si imparfaite positions, fera fort bien l’affaire, de
Comment disposer les leviers de qu’elle soit, a quand même le mérite même que conviendraient également
timbres? Dans la forme actuelle, ils d’exister et d’être appliquée dans les les claviers à poussoirs, actuellement,
se succèdent de gauche à droite, dans appareils de série, vous rendrez plus en vogue, torturés au besoin pour être
l’ordre alphabétique. Au cours des facile à un autre ondioliniste la com- rendus aussi silencieux que possible.
dix dernières années, certains ont été préhension de l’instrument que vous Une autre solution consiste à prendre
ajoutés, supprimés, permutés, ce qui aurez construit. des galettes séparées pour contac-
explique que leur disposition dans Parlons maintenant de la partie teurs rotatifs classiques et à les munir
28 Conseils pour le montage

Fig. 13. — SCHÉMA COMPLET DU BLOC B

d’un petit levier solidaire du rotor Câblage des contacteurs de cathode à grille, car la légère capa-
dans le plan de la galette. On pour- cité ainsi introduite altérerait la qua-
ra alors fixer l’ensemble des galettes lité de la transposition.
par tiges filetées et entretoises. Seuls les fils aboutissant aux Il sera bon, si on le peut, de blin-
Signalons enfin le petit contacteur contacts de A devront être blindés der par deux petits cloisements en
de Jeanrenaud, simple, robuste et ainsi que ceux parvenant au potentio- simple clinquant, le contacteur de
peu coûteux, ainsi qu’un modèle dé- mètre de genouillère ou en partant. timbre B, afin d’assurer son étan-
couvert au « Pigeon Voyageur », pro- Les connexions allant de la cathode chéité statique par rapport aux
bablement originaire de chez Becuwe 12 AU 7 oscillatrice à fréquence mu- contacteurs A et C.
et ayant l’avantage d’être déjà muni sicale, à la grille de la demi-12 AU 7 La disposition des bobines C, G, H
d’un levier. Leurs encliquetages sont à l’aide du contacteur B, doivent être n’est pas critique. Le mieux est évi-
cependant trop brusques et il sera aussi courtes que possible et de toute demment, si cela est possible, de les
bon, à l’aide d’une pince à bec long, façon ne pas longer à moins de 3 cm disposer près de leurs contacteurs res-
de cambrer légèrement la lame res- les connexions allant vers A, C et les pectifs. Cependant, si l’on prévoyait
sort, afin d’en rendre la manœuvre autres timbres F à E. Mais il n’est pas une alimentation séparée pour ce bloc
très douce. possible de blinder cette connexion B, il faudrait songer aux inductions à
Conseils pour le montage 29

Fig. 14. — Disposition du bloc B, avec indication des connexions de raccordement au bloc A (bloc clavier) au
moyen du bouchon octal d’une part (dont 7 broches sont utilisées) et d’une fiche coaxiale P.C.I., d’autre part (pour
la sortie « boite progressive »). La seconde fiche coaxiale du bloc A, non représentée ici, mais seulement figure 11,
sert à amener l’entrée blindée du potentiomètre genouillère, la sortie de ce potentiomètre s’effectuant par cordon
blindé muni de fiches bananes, à connecter sur l’amplificateur B.F.

50 Hz du secteur provenance du trans- presque en regard de la commande de 6 J 7) assurera l’étanchéité statique né-
formateur d’alimentation et qui pour- timbre B. Les connexions s’y rappor­ cessaire entre timbre et fil souple al-
raient, concentrées par les noyaux et tant n’interfèrent donc pas avec celles lant par le bouchon octal, vers le bloc
bobines C, G et H, moduler de façon de C, F, G, etc. Le retour à la grille de A. Ce cloisonnement peut se révéler
désastreuse les sons émis par l’On­ la demi-12 AU 7 atteindra cette lampe utile également si, par la suite, on
dioline, ou encore s’y incorporer sous sans cloisonnement qui, autrement, ajoute des circuits complémentaires.
forme d’un ronflement désagréable. serait nécessaire pour éviter les rayon- Les lampes ont été alignées à l’ar-
Mieux vaudrait alors éloigner les bo- nements vers C. Le retour de la boite rière, sur un rang, afin d’être toutes
bines du transformateur et chercher progressive qui, venant du clavier, facilement accessibles par simple
expérimentalement leur orientation doit aboutir au timbre A, sera fait en fil ouverture d’un panneau au fond de
optimum. En cas d’ennuis de ce côté, blindé, directement de la fiche coaxiale l’instrument. Pour la même raison,
blinder les connexions de ces bo- femelle jusqu’à A, sans cosse relais, les potentiomètres de réglage des
bines et, le cas échéant, les bobines évidemment, en cours de route. De là, vibrato auront intérêt à être disposés
elles-mêmes. fil blindé vers grille 6 J 7 ou 6 BA 6. sur le repli arrière du châssis (fig. 14
De la plaque 6 J 7, retour par fil blindé à droite).
jusqu’au timbre F, ensuite, câblage ba-
Lampes nal des circuits de timbres proprement Les condensateurs et résistances
dits, le blindage n’étant pas nécessaire. de vibrato pourront être disposés sous
Répétons qu’il vaut mieux conser- Un simple cloisonnement léger, en clin- le châssis, à proximité de la 12 AU 7
ver une 12 AU 7 pour l’oscillatrice à quant, par exemple, élevé à hauteur correspondante. La longueur des
fréquence musicale. L’oscillatrice du de l’organe le plus haut (contacteur ou connexions vers V1, V2, W est sans im-
vibrato pourrait être une 6 SN 7, si portance, de même que celle des fils
l’on n’a pas sous la main de lampes allant vers M, P et D.
Noval ou miniature. La demi-12 AU 7 Le levier L est actuellement libre.
de liaison peut être remplacée par Si l’on prévoit des contacteurs sup-
une demi-6 SN 7 ou une 6 J 5. La plémentaires, les répartir de préfé-
6 BA 6 peut s’appeler 6 SK 7 ou rence ainsi :
même 6 J 7. La régulatrice de tension 1º Entre C et D (modification de si-
0 A 2 n’est pas indispensable et nous gnaux excitateurs);
ne l’avons mise que récemment dans 2º Entre D et E (modifications du
les Ondiolines du commerce. La sta- rythme mandoline);
bilité de l’accord sera certes un peu 3º Après G et H (adjonction d’autres
moindre, mais cependant supérieure bobines);
à celle d’un violon et toujours sus- 4º Après K (adjonction d’autres
ceptible d’être rattrapée par le bou- condensateurs et résistances);
ton d’accord général. Disons que la 5º Après M et P (modifications à
0 A 2 s’impose si le secteur subit des l’effet guitare : attaques plus douces,
variations rapides de tension. évanouissement plus bref ou plus
long, etc. ).
Mais est-ce bien raisonnable de
Disposition des organes notre part de parler timbres complé-
mentaires, alors qu’il s’agit déjà d’ob-
sur le bloc B tenir tous les timbres que permet l’On­
La figure 14 indique, à titre d’exem­ dioline actuelle?
ple, une disposition assez rationnelle Arrêtons-nous donc ici. Nous pen-
des pièces sur le châssis B, disposition sons qu’ainsi mis sur la voie, le
qui tient compte à la fois de l’état actuel constructeur-amateur doit réussir à
de l’Ondioline et de perfectionnements coup sûr, surtout lorsqu’il aura pris
éventuels. connaissance du prochain et dernier
Le support de la 12 AU 7 oscillatrice Vue arrière d’une Ondioline réalisée chapitre, qui sera consacré à la mise au
à fréquence musicale a été disposé industriellement. point.
CINQUIÈME
CHAPITRE
Mise au p oint
Vérification des tensions mais pas moins. S’assurer que la ten- étant relevé, 2,5 V eff environ. Lâcher
sion de polarisation de cette 6 J 5 est progressivement la touche do jusqu’à
ajustée au mieux. 2 mm environ de sa position de repos.
Nous avons donné, page 21, le sché- La tension doit être au moins six fois
ma général de l’Ondioline. Suivant Les possesseurs d’un oscilloscope inférieure à la tension maximum, soit
l’alimentation utilisée, on pourra pourront parfaire cette mise au point 0,4 V eff environ. Les tensions maxi-
tolérer d’assez substantielles varia- de la façon suivante : observer l’image mum peuvent varier d’une Ondioline
tions autour des tensions moyennes sur la plaque de la triode, ou, ce qui à l’autre; mais le rapport doit rester
citées ci-après, qui sont surtout don- revient au même, après le 100 nF de au moins égal à 1/6 (on constate par-
nées à titre d’indication. la liaison plaque 6 J 5 — entrée boite fois 1/10, ce qui ne présente aucun
d’attaque progressive. L’image obser- inconvénient). Par contre, un rapport
La H.T., après action du tube 0 A 2, vée, avec B relevé, devra être exempte
doit être de l’ordre de 150 V; le tube trop faible se traduira par un mauvais
de bossage (fig. 15 a et b), sinon tous rendement du jeu expressif. La cause
doit évidemment être illuminé. S’il
n’en est rien, vérifier que la tension peut être ou non un déréglage de la
en amont de la résistance de 10 kΩ. boîte progressive; c’est pourquoi il est
5 W est supérieure à 185 V lorsqu’on utile de vérifier préalablement ce cir-
retire le tube régulateur 0 A 2. Cette cuit comme exposé ci-dessus.
résistance limite le courant dans le
tube à un maximum de 30 mA. Ne Si l’on lâche complètement la
pas céder à la tentation de supprimer touche, le rupteur de silence fait son
l’autre résistance de 10 kΩ placée en office et toute tension alternative
aval de la 0 A 2, sinon il y aura risque disparaît, à l’entrée comme à la sor-
de déclenchement d’oscillations de tie de la boite d’attaque. Si une ten-
relaxation entre le tube et le conden- sion alternative persiste, procéder au
sateur de 16 µ F . réglage du rupteur de silence. Pour
cela, la touche étant complètement
La tension cathodique de la 12 AU 7 relâchée, desserrer lentement la pe-
est de 10 à 15 V suivant que la lampe tite vis de réglage marquée S sur la
oscille ou non. La tension cathodique figure 11 du chapitre précédent. Par
de la 6 K 7 (ou 6 BA 6) est mesurée contre, si la tension minimum n’ap­
avec les sélecteurs M et P relevés. paraît qu’après enfoncement de plus
Il en est de même pour la tension de 2 ou 3 mm de la touche, c’est que
d’écran, qui sera ajustée par action la même vis est trop desserrée. Pré-
sur la branche variable de 500 kΩ du cisons que cette distance est mesurée
pont alimentant cette grille. Si l’on Commande du potentiomètre
au bord avant de la touche blanche.
abaisse P, le pont ne débite plus et la de genouillère.
tension remonte à 40 V environ. Pour une retouche éventuelle du
les timbres seront comme imprégnés réglage de la boîte d’attaque pro-
de cette sonorité « creuse » caractéris- gressive, utiliser l’écrou de réglage
Contrôle dynamique tique. Les timbres cordes, en particu- prévu à cet effet (figure 11 du précé-
dent chapitre). En serrant cet écrou,
lier, tireront tous sur le tuyau, quels
étage par étage que soient les circuits formants intro- on remonte la partie inférieure de
duits à la suite. C’est donc très impor- la boite, et par conséquent les pa-
La mise au point d’une Ondioline tant. Avec B abaissé, l’image obtenue vés de semi-conducteur, par rapport
nécessite la mise en œuvre simulta- est moins critique (fig. 15 c et d). à la palette mobile, ce qui peut être
née de l’oreille et d’un voltmètre élec- nécessaire après quelques mois de
tronique, aidés, si possible, par un Sur la plaque 6 J 5, nous trouve- fonctionnement si la boîte s’est légè-
oscilloscope. Ecouter en même temps rons une tension efficace d’environ rement affaissée. Au repos, la palette
que l’on contrôle visuellement, mais 21 V pour B relevé et 2,5 V pour B mobile ne doit pas toucher les pavés,
écouter sans trop se préoccuper au abaissé. mais elle peut en être très proche, soit
départ de ce que l’on entend… Brancher ensuite le voltmètre à 1 mm par exemple, sans inconvénient.
lampes à la place de la fiche coaxiale Par contre, avec une boîte trop abais-
Le voltmètre électronique nous femelle ramenant la sortie de boite sée, les attaques seront trop flasques
servira à mesurer les tensions B.F. en progressive vers le châssis B (les cir- ou pourront « cogner ». Autant que
différents points. Sonder d’abord la cuits de 6 J 7, circuits formants et de possible, ne pas retoucher sans motif
grille de la 6 J 5 (ou demi-12 AU 7) : genouillère étant de ce fait hors cir- sérieux le réglage de cette boite. Et
mettre la clé d’octaves sur le registre cuit). Nous pouvons alors vérifier iso- toujours bien vérifier, après retouche
le plus aigu (IV), le potentiomètre lément le rapport des tensions « début éventuelle, que l’on conserve le rap-
d’accord général à mi-course et tous d’enfoncement boite progressive » et port minimum/maximum de 1/6 ou
les leviers de timbres en l’air. Ap- « fin d’enfoncement ». Le bloc A étant davantage.
puyer sur la touche correspondant au livré câblé et réglé par le construc-
do du milieu du clavier. On doit lire teur, il suffira simplement de vérifier La boite d’attaque étant vérifiée,
5 V efficaces environ. Abaisser le que ce réglage est correct. brancher le V.E. ou l’oscilloscope
levier B : la tension doit tomber à sur l’entrée du potentiomètre de ge-
quelque chose comme 0,2 V. Si cette Pour cela, enfoncer à fond la touche nouillère, après avoir rebranché nor-
tension est trop faible, ramener la ré- do du milieu du clavier, registre IV. On malement la fiche coaxiale femelle
sistance de 10 MΩ à 7 ou même 5 MΩ, doit lire au voltmètre électronique, B vers le bloc B. Vérifier que le rapport
Mise au point 31

minimum/maximum mesure en ce Mais, répétons-le, ce travail de niers sols les plus aigus du clavier. La
nouveau point est toujours correct. mise au point est moins compliqué marche à suivre est la suivante :
S’il n’en était pas ainsi, c’est qu’une que celui qui consiste à accorder les
Rester en position IV de la clé d’oc-
induction parasite, entre l’amont et quatre cordes d’un violon, de quinte
taves. Faire sonner alternativement
l’aval de la boite, se produit quelque en quinte. De plus, le bloc clavier
les deux touches sol les plus à droite.
part. En chercher l’origine : fil non ou est livré préalablement essayé et
Sans tenir compte de la hauteur ab-
mal blindé, inductions entre timbres accordé sur un châssis B étalon; le
solue de ces sons, écouter s’ils sont
B et A ou B et C, etc. Cette induction constructeur-amateur n’aura donc
bien à un intervalle d’octave. Pour
doit être absolument éliminée, sinon que quelques retouches légères à ef-
y parvenir, tourner dans un sens ou
l’attaque serait « miaulante », non fectuer pour parfaire l’accord.
dans l’autre, suivant nécessité, le po-
franche, l’oreille entendant une va-
Vérifier d’abord que le potentio- tentiomètre R v 4 . Après satisfaction,
riation de timbre caractéristique lors
mètre d’accord général (fig. 17) per- passer au registre III et mettre à l’oc-
de l’enfoncement progressif d’une
met d’obtenir au total une variation tave les deux sols de droite, cette fois
touche.
de 3 demi-tons (par exemple pour à l’aide du potentiomètre R v 3 . Passer
Avant d’aller plus loin, vérifions une note centrale du clavier). S’il ensuite sur le registre II et régler à
encore quelques tensions alternatives n’en était pas ainsi, diminuer ou l’aide de R v 2 , puis sur le registre I,
au V.E., les leviers de timbres étant augmenter légèrement la valeur de avec R v 1 .
toujours relevés : sur grille penthode la résistance de 40 kΩ insérée sous
6 K 7 ou 6 BA 6; 1,5 V; sur l’anode, souplisso (fig. 12 du précédent cha-
donc sur l’entrée du potentiomètre pitre) entre départ H. T. de l’oscil-
genouillère, 13 V et, à l’oscilloscope, lateur et connexion aboutissant au
Mise au diapason
(fig. 16 b) une image naturellement in- bouchon octal. En augmentant cette
versée par rapport à l’image de grille, résistance, on diminuera la plage Ici, le lecteur doit disposer d’une
mais agrandie sans grande distorsion couverte par l’accord et inversement. note de référence. Une solution
apparente. Toute plage inférieure à 3 demi-tons consisterait à se précipiter chez le
rendrait parfois délicate la mise au plus proche marchand d’instruments
diapason instantanée de l’instru- de musique, à y acheter une Ondio­
Accord ment lors du jeu avec un orchestre, line standard (1) et à s’en servir pour
accorder par comparaison l’Ondio­
accordéon ou piano, accordé lui-
même trop haut ou trop bas. Inverse- line home made…
Avant de passer à l’examen des Autre solution : acheter dans le
circuits de formants, de percussion ment une marge supérieure est à dé-
conseiller, car la tension alternative même magasin un diapason à bouche
ou de vibrato automatique, le mo- (2) donnant le la 3 (435 Hz), et qui ren-
ment est opportun de parfaire l’ac- distribuée sur la cathode (B relevé)
diminue si la résistance de charge dra rigoureusement le même service!
cord, sinon les images observées Notons en passant que les abonnés
risqueraient d’apparaître différentes d’anode, dont fait justement partie
la résistance de 40 kΩ, diminue pas au téléphone de la Région parisienne
pour des instruments et bobinages peuvent décrocher le récepteur et
cependant identiques. trop. Il en résulte alors une répercus-
sion sur l’écrêtage par la 6 J 5, ainsi écouter : les P.T.T. diffusent gra-
C’est ici que le technicien doit que sur la justesse générale. tuitement, jour et nuit, le sol 3 de la
être doublé d’un musicien, ou se gamme tempérée…
faire doubler par un ami ayant plus Après correction éventuelle de cette
résistance, remettre le bouton d’ac- Cela fait, se remettre sur la posi-
ou moins taquiné dans sa jeunesse
cord général à mi-course. La phase tion IV de la clé d’octaves. Vérifier
le violon ou la guitare, et sachant
suivante consiste en une retouche que le bouton d’accord général est
par conséquent ce que signifie un
éventuelle des potentiomètres R v4 bien à mi-course. Appuyer sur une
demi-ton, une tierce, une quinte ou
à R v1, qui permettent, rappelons-le, touche la du clavier (dans le cas du
un intervalle d’octave. Peut-être se
de compenser l’action des capacités diapason), ou sur une touche sol
formera-t-il ainsi, parmi les lecteurs
parasites inévitables entre grille et (dans le cas de l’étalon P.T.T.). Bien
de cette brochure, des tandems rap-
masse du tube oscillateur. Suivant choisir ce la ou ce sol dans la partie
pelant la fable de l’aveugle et du pa-
ralytique… (« Jeune technicien radio qu’on les tourne dans un sens ou dans (1) Prix de vente au détail : 191 750
cherche voisine musicienne pour l’autre, ces potentiomètres raccour- francs.
construire ensemble Ondioline; pas cissent ou élargissent, musicalement (2) Prix de vente au détail : 70 francs
douée ou pas sérieuse s’abstenir »!). parlant, l’écart entre les deux der- environ.

Fig. 15. — Par un réglage judicieux de la résistance de Fig. 16. — Oscillogrammes relevés sur l’entrée genouil­
cathode de la triode de liaison (6J5 ou 1/2 12AU7), l’on lère lors de l’essai de la boite d’attaque progressive.
obtient sur l’anode une image « correcte » c’est-à-dire Un instrument correct procure les images a pour l’en­
rabotée à dessein lorsque le levier de timbre B est rele­ foncement minimum de la touche et b pour l’enfonce­
vé; par contre, B étant abaissé, l’onde appliquée sur la ment maximum. En c et d , figures correspondantes
grille de la triode est beaucoup plus faible, et doit se re­ pour une Ondioline présentant une induction parasite,
trouver sans déformation — ou presque — sur son anode. entre amont et aval de la boite progressive.
32 Mise au point

teur a quitté le contact avec le cir-


cuit de charge et n’est pas encore
branché au circuit de décharge; 3º
Décharge du condensateur dans
le circuit d’écran. Ces trois temps
doivent se dérouler seulement à par-
tir du moment où la touche est déjà
enfoncée à mi-course. De la sorte, il
n’est pas nécessaire de lâcher une
touche jusqu’au silence avant d’en
enfoncer une autre. Il suffit de rele-
ver seulement à mi-course environ
la note que l’on vient de faire, pour
qu’à la note suivante l’effet de pin-
cement se reproduise. D’autre part,
Fig. 17. — Disposition des principaux organes de commande et de réglage. Le si l’électrode-inverseur venait à tou-
potentiomètre R v 4 e s t a c c e s s i b l e p a r l e d e s s o u s d e l a p l a t i n e s u p p o r t d e cher en même temps les contacts re-
clavier (revoir la figure 11, page 26, du précèdent numéro). pos et travail, cela se traduirait par
un claquettement désagréable, d’où
la nécessité de bien respecter les
centrale gauche du clavier. Procé- ment (une marque de peinture rouge trois temps.
der à la retouche nécessaire en agis- est faite sur le verre de chaque tube La vérification sera effectuée à l’œil
sant maintenant uniquement sur les fourni après étalonnage sur un châs- ou à l’aide d’une sonnette. Noter que
condensateurs C v 1 à C v 4 , dont le rôle sis B en laboratoire). si l’on touche à la vis centrale PT (fig.
est de faire monter ou descendre uni- 11 du chapitre précédent), qui sert à
formément toutes les notes du cla- Après ce premier réglage, un musi-
cien à l’oreille difficile sera tenté de régler la position du contact de la per-
vier en même temps. cussion, le bloc unique de matière iso-
fignoler l’accord général, en recom-
Pour cela : étant sur le registre IV, mençant une ou deux fois cette opéra- lante qui supporte à la fois le rupteur
s’accorder au diapason en tournant tion d’équilibrage entre les réglages de silence et l’inverseur percussion
dans le sens convenable, à l’aide d’un R v4-C v4, R v3-C v3, etc., un peu comme monte ou descend. Il sera donc peut-
tournevis à manche isolé, la vis à tête sont retouchés les paddings et trim­ être nécessaire, après réglage de la
fendue de C v4. L’Ondioline émet à mers d’un changeur de fréquence. percussion, de retoucher légèrement
ce moment le sol 4 ou le la 4, et il faut le réglage de la vis S de silence.
donc faire l’accord, non à l’unisson, Si cette attaque « corde pincée » ne
mais à l’octave, ce qui n’est pas une donnait pas entière satisfaction, agir
difficulté. Passer ensuite sur le re- Réglage des timbres éventuellement sur la tension déli-
vrée par le pont d’alimentation de
gistre III et régler avec C v3; même
chose pour le registre II, puis pour l’écran. Penser aussi à essayer une
le registre I. Si la marge de variation A défaut d’oscilloscope, l’oreille autre penthode. Suspecter éventuel-
d’un des C.V. s’est avérée insuffi- sera ici évidemment le seul juge. lement le condensateur de 0,5 µ F. Des
sante, bien vérifier que d’autres cir- Aidons-la cependant quelque peu corrections pourront d’ailleurs être
cuits du bloc B ne sont pas en cause en indiquant tout de même les ten- trouvées quant à l’acuité et également
(résistance de 40 kΩ mal calibrée, sions alternatives moyennes à mesu- quant à la durée d’évanouissement
tension stabilisée incorrecte, etc.). rer à l’aide du V.E. au point « entrée sonore après percussion (résistances
Le bloc A ayant été accordé au pré- genouillère ». Le tableau de la page en série avec le 0,5 µ F, dans l’écran,
alable par le constructeur, seule une 31 donne, pour l’abaissement d’un dans la H.T.; condensateurs addition-
différence faible, d’un quart de ton certain nombre de leviers « clés », la nels sur le 0,1 µ F d’écran; etc.).
au maximum, doit être constatée tension et les images normales. Ces
éventuellement lors de l’assemblage mesures sont effectuées avec le po-
des blocs A et B. tentiomètre de genouillère à zéro, Mise au point du vibrato
tout d’abord, puis avec le levier pro-
De toute façon, et cela tombe sous gressivement poussé, l’oreille écou- automatique
le sens pour qui observe attentive- tant et l’œil suivant l’image sur l’os-
ment le schéma des circuits d’accord, cilloscope. On s’apercevra d’ailleurs
toute retouche, qu’il s’agisse d’action ici que, souvent, une différence très Brancher un voltmètre, électro-
sur C v1 à 4 ou R v1 à 4, doit être effec- importante pour l’oreille passe ina- nique ou non, déviation totale pour
tuée toujours en commençant par le perçue sur l’écran, et que, parfois, 300 V continu, entre plaque 1 de la
registre le plus aigu (registre IV). une différence considérable sur l’os- lampe de vibrato et la masse. Lais-
cilloscope n’est pas du tout gênante ser les leviers V 1 , V 2 et W levés pour
Signalons que, lors de la mise au et procure même à l’occasion un ex- l’instant. Tourner le potentiomètre
point du bloc A, les condensateurs cellent résultat à l’audition. Voilà P v (c’est ce potentiomètre qui com-
fixes d’appoint ont été choisis de va- qui consolera tous ceux qui préfé- mande la vitesse la plus lente du
leurs telles qu’une marge suffisante reront construire l’Ondioline avant vibrato, lorsque le levier W est re-
subsiste toujours pour qu’il soit pos- l’oscilloscope… levé). Pour une certaine position de
sible, par manœuvre des C.V. corres- P v , on verra l’aiguille du voltmètre
pondants, de monter ou descendre osciller rapidement, au rythme des
impulsions délivrées par la lampe de
d’un demi-ton si nécessaire, lors d’un
réglage ultérieur. Ne se décider à ra-
Réglage de la percussion vibrato. On en conclura que le mon-
jouter ou retrancher une partie de ces tage de ce circuit est correct.
valeurs d’appoint fixes qu’après avoir L’inverseur de percussion ayant Abaisser alors V 1 ou V 2 de façon à
bien vérifié les autres circuits de l’os- été réglé avec les autres organes du pouvoir régler la vitesse à un rythme
cillateur. N’utiliser en cas de rem- bloc A, il n’y a plus, en principe, à plus lent, réglage qui était impos-
placement que des condensateurs de y retoucher. Voici cependant quelles sible tant que les 30 kΩ restaient en
très bonne qualité (par exemple type ont été les normes de ce réglage. parallèle sur P v , à travers les contac-
M 1 500 Stéafix). S’assurer également Les trois temps sont : 1º Charge du teurs V 1 et V 2 relevés. Abaisser le
que la 12 AU 7 utilisée comme oscil- condensateur sur la H.T.; 2º Temps contacteur W, et procéder au réglage
latrice a bien été vérifiée préalable- mort, pendant lequel le condensa- grossier de la vitesse : avec W relevé,
Mise au point 33

la pulsation doit être de 5 Hz envi-


ron; avec W abaissé, elle sera de 7 à 8.
Ne pas s’attarder d’ailleurs à ce ré-
glage visuel, qui risque d’être faus-
sé par la résistance interne du volt-
mètre. Déconnecter l’instrument et
écouter l’effet de vibrato. En abais-
sant V 1 tout d’abord, régler P v1 de fa-
çon à obtenir une modulation de fré-
quence assez discrète en profondeur.
Puis abaisser V 2 et laisser P v2 dans
une position telle que la modulation
obtenue soit plus énergique. Régler à
nouveau, avec plus de précision cette
fois, les vitesses à l’aide de P v (levier
W en l’air) et P w (levier W en bas).

Mandoline
Abaisser le levier D et, naturelle-
ment, un timbre adéquat, tel que FH. Bloc A, ou bloc clavier de l’Ondioline, vu de dessous. Le blindage noir, au
Du fait que V 1 et V 2 restent relevés, centre, abrite la boite d’attaque expressive.
la résistance de 30 kΩ branchée en
parallèle sur P v de la lampe de vibra- obligatoire­m ent corrigée par une lé- 2º Remettre la penthode sur son
to parte la vitesse de pulsation à une gère retouche au réglage des conden- support et abaisser le levier P. En-
valeur correspondant au va-et-vient sateurs d’accord C v1 à C v4 puisque les foncer à nouveau la touche do. Après
rapide du médiator du mandoliniste. condensateurs de vibrato sont en pa- effet de percussion, la tension alter-
Rien n’empêche de remplacer cette rallèle avec eux. native sur la plaque penthode, ou à
résistance par un potentiomètre de l’entrée genouillère, tous timbres
50 ou 100 kΩ et de rendre ainsi ré- relevés, sauf P, décroît et tend vers
glable cet effet spécial. zéro. Si une tension alternative ré-
siduelle trop importante, supérieure
Vérifications par exemple à 15 mV subsiste, soup-
çonner les découplage H.T. insuffi-
Vibrato manuel complémentaires sants, une fuite dans le condensa-
teur papier de découplage de l’écran
(10 nF), ou une valeur trop impor-
Nous terminerons par ce réglage,
tante de ce condensateur.
qui est le plus délicat, car il ne doit Tout d’abord, une dernière chasse
être ni trop, ni trop peu sensible. aux inductions parasites qui ont pu 3º Enfin, entre le circuit d’entrée
D’autre part, la variation en fré- subsister : et le circuit de sortie du potentio-
quence qu’il provoque ne doit être mètre P g , vérifier que les fils sont
ni trop faible, ni trop exagérée, au- 1º Inductions indésirables entre blindés individuellement et cela
quel cas se produirait un chevrote- circuit grille et circuit plaque de jusqu’à 1 mm si possible des cosses
ment. Tel qu’il est livré, incorporé au la penthode : appuyer à fond sur d’arrivée sur le potentiomètre. Si-
bloc clavier, il a été réglé et vérifié, la touche do du milieu du clavier, non, un condensateur parasite de
et nous prions les utilisateurs de ne en registre IV, tous les leviers de très faible capacité, mais non né-
pas y toucher sans nécessité absolue. timbres relevés. Mesurer la tension gligeable pour certains timbres, se
Tout au plus conviendrait-il, après sur la grille 1, soit par exemple 1,5 trouve en permanence entre l’entrée
expérimentation sérieuse, de décider V eff. Enlever la penthode et mesu- du potentiomètre et son point mi-
par goût personnel d’en augmenter rer la tension alternative sur l’entrée lieu. Pour certaines combinaisons de
ou diminuer la sensibilité. Agir alors genouillère. Elle doit être nulle ou timbres, on entend très nettement
sur la valeur des condensateurs fixes inférieure à 15 mV eff. Sinon, des une différence suivant que la ge-
mis en série avec le C VV de vibrato. connexions en amont et en aval de nouillère est plus ou moins poussée,
Mais toute modification de la va- cette penthode sont trop voisines, in- le son étant plus aigrelet en début
leur de ces condensateurs devra être suffisamment blindées, etc. qu’en fin de course.

Fig. 18. — Oscillogrammes relevés sur l’entrée genouillère lorsque sont abaissés les leviers principaux, pour le do
central du clavier. Les flèches délimitent une période de la fondamentale. Les tensions sont des valeurs moyennes,
de crête à crête.
34 Mise au point

Ronflements parasites
En cas de ronflements, vérifier le
filtrage de la haute tension. S’il n’est
pas en cause, voir si le ronflement
provient du circuit de filaments,
et pour cela déconnecter durant
quelques secondes les circuits de fi-
laments en laissant la haute tension
branchée. Si le ronflement disparaît,
essayer de changer le côté de mise à
la masse des filaments, ou encore re-
courir au système classique du point
milieu artificiel, réalisé avec un po-
tentiomètre « loto » de quelques cen-
taines d’ohms. Le réglage est alors
effectué à l’oreille jusqu’à suppres-
sion du ronflement.

Dans certains cas, une modulation


en fréquence des notes de l’instru-
ment pourra être constatée. Vérifier
encore le filtrage H.T.; s’il est inno-
cent, chercher expérimentalement la
meilleure orientation des bobines C,
G et H, et, en cas de détresse, éloi-
gner le transformateur d’alimenta-
tion du bloc B.

Les deux défauts ci-dessus


peuvent avoir une origine non plus Fig. 19. — Quelques idées pour la disposition relative des différents blocs
magnétique, mais statique (absence constitutifs d’une Ondioline. Il est encore possible d’envisager une combi­
d’écran dans le transformateur d’ali- naison avec tourne-disques, magnétophone, radio, télévision, bar, biblio­
mentation, par exemple). Dans ce thèque, etc.!
cas, il sera plus simple, de toute fa-
çon, de recourir à la solution adoptée
dans les Ondiolines du commerce : nous parlent les revues de science ment la musique, jouer en mesure,
condensateur de 100 nF entre une fiction, de vis de réglage émergeant etc. (4).
des entrées du primaire du trans- de différents points du système ner- Et, pour terminer, rappelons le se-
formateur d’alimentation et masse veux, le problème est plus délicat… cret de la réussite : une demi-heure
du châssis (surtout, ne pas mettre par jour d’entraînement, bien ré-
un condensateur à chaque extrémité Le mieux pour le lecteur est de gulièrement, surtout pendant les
du primaire, car leurs effets s’annu- relire maintenant très attentive- deux premiers mois. Cela suffit pour
leraient). Si le secteur comporte un ment les deux premiers chapitres prendre le bon départ et devenir ra-
neutre mis à la terre repérer le sens consacrés à l’analyse fonctionnelle pidement un exécutant correct.
correct de branchement dans la prise des instruments de musique en gé-
néral. Et comme nous ne pouvons Nous serons heureux si nous avons
de courant. Enfin, solution énergique ainsi réussi, avec l’aide de tous ceux
et efficace, supprimer ce découplage pas donner ici un cours d’initiation
musicale, nous nous permettrons de que la question intéresse, à contri-
et prévoir une simple prise de terre. buer à la création d’un centre d’inté-
renvoyer les débutants à la méthode
déjà citée (3), complétée éventuelle- rêt autour de la lutherie électronique,
ment par une des méthodes très ra- violon d’Ingres et source précieuse
Mise au point de… tionnelles qui existent aujourd’hui de « loisirs artistiques actifs », ces
pour apprendre à déchiffrer rapide- loisirs qui, si l’on en croit les sociolo-
l’Ondioliniste. gues, occuperont la majeure part de
la vie de l’homme de l’an 2000…
L’être humain ne comportant pas, (3) Premiers conseils à l’ondioliste (4) Méthode Pleyel pour les enfants,
comme ces robots de l’avenir dont (Éditeur : Forgotten Futures). m é t h o d e L e y a t , m é t h o d e Th i b e r g e , e t c .
A P PE N D I C E
O b t e nt i o n d e l ’ e f f e t
dit d' « octaves couplées »
Les Ondiolines « modèle 1956 » com- fréquence se fasse, quelle que soit la fré- tionnement! C’est un conseil de sagesse;
portent un important perfectionnement quence pilote. car les circuits démultiplicateurs d’oc-
dénommé « effet d’octaves couplées », Nous conseillons aux lecteurs qui dé- taves risquent, s’ils ne fonctionnent pas
ou de « sub-octaves ». sireraient ajouter ce perfectionnement correctement, de perturber le fonction-
Par le procédé connu de la division à leur Ondioline, de se reporter au livre nement normal de l’oscillateur pilote.
de fréquence, il est possible, en effet, (par ailleurs très précieux pour eux) de Des couplages par réaction entre étages,
de réaliser un montage qui, partant de J. P. Oehmichen Circuits Electroniques. ou par l’alimentation, ou par induction,
l’oscillateur de l’Ondioline comme os- Une fois familiarisés avec le fonction- peuvent soit fausser la justesse dans
cillateur-pilote, permet une division de nement de l’Eccles-Jordan (pages 37 l’accord ou la transposition, soit altérer
fréquence par deux (Suboctave I) , elle- et suivantes dudit livre), ils pourront les timbres de l’Ondioline normale.
même divisible à son tour par 2 (Suboc- se lancer dans la réalisation dont nous
tave II) , etc. donnons ci-dessous le schéma complet.
L’on peut faire entendre alors simul- Voici à ce propos quelques conseils Tensions de
tanément un La 3, un La 2, un La 1, qui éviteront sans doute bien des tâton-
etc… et en doser le mélange à volonté. nements. synchronisation
Une telle réalisation est cependant as- Réaliser tout d’abord l’Ondioline
sez délicate, si l’on désire (comme c’est décrite dans les pages précédentes,
le cas pour un instrument de musique et l’avoir déjà utilisée quelque temps, Elle est prélevée au point X indi-
tel que l’Ondioline), que la division de avant de vouloir lui ajouter ce perfec- qué sur le schéma général. Elle est de

Fig. 20. — Schéma du circuit démultiplicateur d’octaves. — Les points x (entrée) et y (sortie) se rapportent à ceux in­
diqués sur le schéma général de l’Ondioline. La demi-12 AU 7 dessinée en traits interrompus est celle marquée demi-
12 AU 7 sur le schéma général. Elle a été reproduite ici à nouveau pour permettre au lecteur de se retrouver plus fa­
cilement; d’autre part, elle montre la correction à apporter à ce circuit par rapport au schéma général : possibilité
de couper l’alimentation H.T. de la première demi-12 AU 7, au moyen du levier « L ».
1, Potentiomètres d’introduction de la voix mezzo (médium).
2, Potentiomètres d’introduction de la voix contralto (grave).
36 effet d’octaves couplées

ce fait négative, et de front suffisam- teur au mica de capacité très faible, afin libre sur l’Ondioline décrit précédem-
ment raide pour déclencher directe- de ne pas fausser l’accord de l’instru- ment) sert à couper l’alimentation H.T.
ment, sans préamplification préalable, ment). Cette tension, une fois amplifiée de la demi-12 AU 7 amplificatrice des
l’Eccles-Jordan. par un élément triode de 12 AU 7, sera signaux en provenance de l’oscillateur
très supérieure à la tension disponible pilote (Ondioline « normale ») . De cette
sur la cathode de l’oscillatrice pilote; façon, lorsque l’on abaisse le levier L,
Démultiplication de ce fait, la synchronisation sera plus les signaux de l’oscillateur pilote ne par-
énergique. Cette triode supplémentaire, viennent plus au point Y. Seules alors,
répétons-le, n’est pas indispensable les sub-octaves passent, et leur forme
Le potentiomètre de 10 kΩ inséré (puisqu’elle n’existe pas dans les Ondio­ parfaitement crénelée permet d’obtenir
dans la cathode du 1er Eccles-Jordan lines à octaves couplées du commerce). de nouvelles combinaisons de timbres
permet de trouver le point optimum de Mais elle peut aider l’amateur à obtenir (sons très riches en harmoniques im-
fonctionnement pour lequel la démul- avec moins de difficulté dans la mise au pairs).
tiplication se fait correctement pour point, une bonne démultiplication de Un autre interrupteur, que nous
n’importe quelle note et n’importe quel fréquence tout le long de l’échelle mu- baptiserons O (Octaves couplées) per-
registre de l’Ondioline. sicale. met de couper l’alimentation H.T. de
Les résistances de grille doivent la seconde partie de la 12 AU 7 mélan-
être de valeur égale, à 5 % près au geuse, et par conséquent d’interdire
maximum. De même celles de l’anode. l’accès des signaux de sub-octaves au
Utiliser de préférence des résistance Mélange point Y, même si le ou les potentio-
subminiatures (Transco) ou les petites mètres de dosage des sub-octaves sont
Vitrohm, qui permettront un câblage Une résistance (240 000 ohms en- ouverts.
directement sur les supports de lampe, viron), part de l’anode de chaque Ec-
évitant ainsi l’usage de plaquettes relais cles-Jordan pour aboutir à un poten-
et par conséquent des connexions trop tiomètre de dosage. Cette résistance de
longues (sinon, les capacités parasites 240 kΩ doit partir directement du sup- Remarque
donneront lieu à des décrochages pour port noval de la lampe (pour éviter à la
certaines bandes de fréquences) . Enfin, fois accrochage, et rayonnement entre
les doubles triodes utilisées (12 AU 7) les étages). Après ces 240 kΩ, le rayon- Dans les Ondiolines du commerce
doivent contenir deux éléments triodes nement est déjà moindre. Blinder ce- « type 1956 », le contacteur O a été rem-
suffisamment semblables, ce qui est pendant, si nécessaire, la connexion qui placé par le contacteur M. Et le contac-
loin d’être toujours le cas. va de cette résistance de 240 kΩ au po- teur P est câblé de telle sorte que, en
Si la démultiplication tout le long tentiomètre doseur. Blinder également l’abaissant, l’on obtient le même effet
de l’échelle musicale est instable, son- le condensateur de 0,1 µ F de liaison (ou qu’en abaissant simultanément MP
ger à incriminer la double triode, et se le disposer de toute façon près du poten- sur les modèles précédents. L’amateur
procurer des 12 AU 7 préalablement tiomètre). Fils blindés, encore, jusqu’à pourra, s’il le désire, adopter cette sim-
sélectionnées pour cet usage. Un autre la grille de la demi-12 AU 7 mélangeuse. plification qui présente cependant l’in-
remède, en cas d’échec, consiste à appli- De même pour la connexion qui, partant convénient de supprimer la possibilité
quer, pour la synchronisation, une ten- du 0,1 µ F qui suit la plaque, ramène au d’utiliser la combinaison M seule (sans
sion préalablement amplifiée. Il serait point Y les signaux de sub-octaves. P) pour la guitare et la mandoline avec
alors nécessaire de prélever le signal de la corde. Par contre, la corde reste uti-
synchronisation non plus sur la cathode, Deux interrupteurs sont prévus pour lisable comme précédemment, c’est-à-
mais sur l’anode de la 12 AU 7 pilote-os- l’utilisation à des fins musicales de ces dire avec MP, pour les effets de banjos,
cillatrice (et cela à travers un condensa- sub-octaves. L’interrupteur L (resté castagnettes, etc…

Recherches typographiques et mise en page


Édition originale : d’après l’édition originale par Mike Buffington.
Editions Radio, Paris, 1957. Expertise technique par Stephen Masucci.

Cette édition : Edition commanditée et revue par Wally De Backer.


Forgotten Futures, New York, 2019. Merci à Jimmy Virani et Audrey Ducas
pour leur aide avec la relecture.
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