Vous êtes sur la page 1sur 259

A propos de ce livre

Ceci est une copie numérique d’un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d’une bibliothèque avant d’être numérisé avec
précaution par Google dans le cadre d’un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l’ensemble du patrimoine littéraire mondial en
ligne.
Ce livre étant relativement ancien, il n’est plus protégé par la loi sur les droits d’auteur et appartient à présent au domaine public. L’expression
“appartenir au domaine public” signifie que le livre en question n’a jamais été soumis aux droits d’auteur ou que ses droits légaux sont arrivés à
expiration. Les conditions requises pour qu’un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d’un pays à l’autre. Les livres libres de droit sont
autant de liens avec le passé. Ils sont les témoins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sont
trop souvent difficilement accessibles au public.
Les notes de bas de page et autres annotations en marge du texte présentes dans le volume original sont reprises dans ce fichier, comme un souvenir
du long chemin parcouru par l’ouvrage depuis la maison d’édition en passant par la bibliothèque pour finalement se retrouver entre vos mains.

Consignes d’utilisation

Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages appartenant au domaine public et de les rendre
ainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine.
Il s’agit toutefois d’un projet coûteux. Par conséquent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inépuisables, nous avons pris les
dispositions nécessaires afin de prévenir les éventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant des
contraintes techniques relatives aux requêtes automatisées.
Nous vous demandons également de:

+ Ne pas utiliser les fichiers à des fins commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l’usage des particuliers.
Nous vous demandons donc d’utiliser uniquement ces fichiers à des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans un
quelconque but commercial.
+ Ne pas procéder à des requêtes automatisées N’envoyez aucune requête automatisée quelle qu’elle soit au système Google. Si vous effectuez
des recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractères ou tout autre domaine nécessitant de disposer
d’importantes quantités de texte, n’hésitez pas à nous contacter. Nous encourageons pour la réalisation de ce type de travaux l’utilisation des
ouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous être utile.
+ Ne pas supprimer l’attribution Le filigrane Google contenu dans chaque fichier est indispensable pour informer les internautes de notre projet
et leur permettre d’accéder à davantage de documents par l’intermédiaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez en
aucun cas.
+ Rester dans la légalité Quelle que soit l’utilisation que vous comptez faire des fichiers, n’oubliez pas qu’il est de votre responsabilité de
veiller à respecter la loi. Si un ouvrage appartient au domaine public américain, n’en déduisez pas pour autant qu’il en va de même dans
les autres pays. La durée légale des droits d’auteur d’un livre varie d’un pays à l’autre. Nous ne sommes donc pas en mesure de répertorier
les ouvrages dont l’utilisation est autorisée et ceux dont elle ne l’est pas. Ne croyez pas que le simple fait d’afficher un livre sur Google
Recherche de Livres signifie que celui-ci peut être utilisé de quelque façon que ce soit dans le monde entier. La condamnation à laquelle vous
vous exposeriez en cas de violation des droits d’auteur peut être sévère.

À propos du service Google Recherche de Livres

En favorisant la recherche et l’accès à un nombre croissant de livres disponibles dans de nombreuses langues, dont le frano̧ais, Google souhaite
contribuer à promouvoir la diversité culturelle grâce à Google Recherche de Livres. En effet, le Programme Google Recherche de Livres permet
aux internautes de découvrir le patrimoine littéraire mondial, tout en aidant les auteurs et les éditeurs à élargir leur public. Vous pouvez effectuer
des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l’adresse http://books.google.com
#

K4s, º§$ A

Library
of the

Ohio State University


Presented by

Steadman Thompson
· sTEADMAN -THOMPSON
117a eroAcvIEW AV#º*
CoLUMBUs 12, Orº9
|(! - --, - DEC 171953
| | ' t ' ,t ,. .., ij ºº \'ſ , { # # ſºoºº -

. . '
"-
". l'
· · · ·
- -
,
-

•61 vx t w • ° º w
4 tt : , , , r é ) , «
º·f, ) - r .
• ; : } Y. - , •- º ti ' , w-ro .
- - . -

IHE LIBRARy
tº(- PERKINS 0BSERVATORY
- ---- — — — — — — — —~~~~ ~ ~
* " ………………-…-…-_- - …
SUR

aLEs C DRPs CERLEsTEs


HDHU SYS/ETHEMHEE SOHAAHHREE

PAR

GUILLAUME BEER e«JEAN MHENRIMADLER.

A VEC DES PLANCHES.

--•aºeºſ#@#aºs°•--
PARIS 1840.
- , cmEz BACHELIER, IMPRIMEUR ET LIBRAIRE DU BUREAU DEs LoNGITUDEs DE L'EooLE
- - PoLYTECHNIQUE &c. QUAI DEs AUGUsTINs JM$ 55.
# # # **
A

HDHE SHUHEHDHE HET HDEE RN4DHRWEE(ſ#HUEEe

:|
Sire,

La grace avec laquelle Votre Ma


jesté a daigné permettre que cet ouvrage
lui fût dédié, est un sûr garant de son
succès, en même temps qu'elle est un grand
encouragement pour tous les amis de la
science qui sont assurés de trouver en
Votre Majesté une protection aussi puis
sante et une condescendance aussi bien

Veillante.
Daignez, Sire, accueillir favorable
ment cet hommage public dicté par la
reconnoissance et par l'admiration, et re
cevoir l'assurance du plus profond respect
et de l'humble devoûment

«les auteuIM's•
P r é f a C e.

E)n livrant au public ce receuil d'observations, fruit d'un travail


consomptif de 10 années nous lui demanderons en premier lieu de
nous juger avec beaucoup d'indulgence sur tout ce qui concerne
le style, ayant écrit dans un idiome qui n'est pas le notre. En
partie quelques - uns de ces mémoires ont déjà paru en langue
allemande dans les ,,Nouvelles Astronomiquesº de Schumacher,
Volumes 8 à 16, d'où il en a passé des extraits dans les feuilles
françaises, surtout dans la ,,Bibliothèque universelle de Genève*;
quelques-uns cependant n'ont jamais été publiés.
Dans cette publication en langue française, nous avons eu
pour but de réunir les fragments qui regardoient le même objet,
de les compléter et de les saisir sous un point de vue générale.
Nous avons donc rangé ces mémoires dans l'ordre, que deman
doient les matières qu'ils contiennent. Les petites planètes, ainsi
qu'Uranus trop éloignée de nous, ne se prêtent pas à des obser
vations physiques avec un instrument comme le nôtre, puisque
même des télescopes beaucoup plus forts ne sont pas capables de
nous donner la moindre solution sur la nature particulière de ces
corps célestes. Les anciennes planètes et en particulier la lune,
I TV e

furent observées réitérées fois, aussi souvent que l'occasion nous


parut favorable. Comme cependant nous avons déjà publié en
allemand avec assez de détail les résultats de nos observations sur
la lune, dans un ouvrage particulier qui a pour titre : ,La Lune
dans ses rapports cosmiques et individuels ou Sélénographie géné
rale et comparative", 1837, et dont nous nous occuperons de con
fectionner une édition française, nous n'ajoutons ici sur la lune
que ce que nous avons complété ou vérifié par des observations
et des travaux postérieurs et ce que des raisons particulières ne
nous permettoient pas de placer ou de relever assez dans notre
Mappa Selenographica, non plus que dans l'ouvrage cité. Néan
moins ces traités subsistent tellement en eux mêmes que l'intérêt
qu'ils peuvent offrir est indépendant d'un rapport à ce livre.
Du reste ces observations sur la lune, ainsi que tout ce que
nous communiquons dans cet ouvrage sur les anciennes planètes,
sont du domaine de l'astronomie physique. Il n'y a que le traité
sur les satellites de Saturne découverts par Herschell qui ne puisse
pas être rangé dans cette catégorie, si toutefois on veut encore
de nos jours faire une pareille distinction qui, vu sa subjectivité,
doit complettement disparoître avec le temps, lorsqu'on sera porté
à vouer aux orbites des étoiles doubles la même attention qu'aux
orbites des planètes et que beaucoup d'autres phénomènes qui ne
se présentent encore que comme faits isolés, auront reçu un fonde
ment théorique solide et auront pris dans les systèmes d'astronomie
la place qui leur appartient nécessairement.
Les observations les plus nombreuses et le plus longtemps
continuées concernent Mars qui, dès le commencement de notre
activité astronomique, s'est présenté à la terre dans une position
V

favorable des plus rares, et que nous avons pu poursuivre pen


dant six de ses oppositions. Nous n'avons pas besoin d'assurer
que plus tard aussi, tant que nous aurons force et santé, nous
observerons dans toutes ses oppositions cette planète qui paroît se
prêter plus que toutes les autres à de bonnes observations, quoique
nous avouions que nos efforts seront toujours bien loin d'épuiser .
tout ce que l'on peut atteindre sous ce rapport. Une détermina
tion aussi exacte que possible des éléments de rotation des pla
nètes, telle que l'exige leur représentation graphique et qui est la
base de tous leurs rapports physiques, ne peut nous être donnée
que par un héliomètre aussi fort que celui que possède seul jus
qu'à présent l'Observatoire de Koenigsberg, et exige en outre une
suite considérable d'années. C'est pourquoi nous nous bornions à
rechercher la durée de la rotation, dont nous avions le plus besoin
pour nos observations et que l'on peut déterminer indépendamment
des autres éléments de rotation, en faisant un bon choix des points
et en prenant un plus long intervalle de temps.
Nous avons ajouté ensuite un mémoire d'une espèce et d'une
tendance particulières; nous voulons dire celui sur l'apparition
de l'anneau de Saturne, vue depuis la surface de sa planète. On
sait que, depuis le ,,Cosmotheorosº de Huyghens et les ,,Dia
logues sur la pluralité des mondes* de Fontenelle jusque dans
les temps modernes, l'astronomie de conjectures a trouvé de nom
breux partisans, et on ne peut pas justement faire un crime au
public ignorant les mathématiques, qui trouve peu de goût aux
nombres et aux formules arides dont il ne peut sentir la haute
importance, de donner la préférence à de pareils ouvrages qui
paroissent lui ouvrir un regard dans l'intérieur de la vie de la
# #
VV I

nature sur des mondes étrangers et lui offrent dans des supposi
tions hazardées une foule de notices intéressantes au plus haut
degré sur les habitants des planètes, etc. Mais il est étonnant
que presque tous ceux qui se sont voués à ces études qui sont,
il est vrai, en dehors du stricte domaine de la science, mais qu'on
ne doit pas directement rejeter — nous ne parlons pas de ces
malheureux auteurs qui sous ce titre ont mis au jour de vraies
absurdités et ont livré leur imagination effrénée à leur crasse
ignorance; — il est étonnant, disons-nous, qu'ils aient oublié de
prendre pour base des données certaines, quoique peu nom
breuses et que les observations nous mettent pour ainsi dire dans
la main: nous voulons dire les circonstances dépendantes de la
pesanteur et ce que nous pourrions appeler la position indi
viduelle des corps célestes, c'est-à-dire la manière dont se pré
sentent les phénomènes à un observateur qui seroit placé sur ces
corps. Car malgré la ressemblance des conditions fondamentales,
ces phénomènes sont essentiellement différents pour chacun des corps
de notre système solaire. Si ces zêlés astronomes à conjectures
avoient pris la peine (ce qui n'est pas trop difficile à des connoisseurs)
de faire d'abord une espèce de calendrier astronomique pour chacun
des corps de l'univers qu'ils vouloient examiner — et la chose est
en effet entièrement possible pour une partie de ces corps, —ils au
roient gagné un champ libre d'hypothèses pour les conclusions qu'ils
auroient voulu en tirer ensuite. Et le simple exposé de cette position
des corps auroit suffi pour exciter à un haut degré l'intérêt du public,et
pour en donner un exemple nous avons choisi ce rapport particulier.
Quant au lieu et à l'instrument de nos observations, nous
renvoyons à la description que nous en avons donnée dans le jour
VIII

nal de Schumacher, Astronomische Nachrichten, Vol. 8. •M6 191 du


mois de Décembre 1830 *), et nous ajoutons seulement qu'en 1831
nous avons muni notre micromètre d'un cercle de position et que
nous avons reçu de Munich 1832 un second instrument plus
petit, que nous n'avons employée que pour faire des observations
simultanées. En 1837 nous changeâmes l'oculaire du micromètre
employé jusqu'alors, contre un oculaire achromatique de la nou
velle invention de Duwe, cette invention nous parut très importante,
elle réunissait le double avantage de faire supporter un grossisse
ment plus fort à la lunette et de donner un champ visuel d'un plus
grand diamètre. Malheureusement la mort de son auteur suivit
de près sa découverte et voilà à ce qui parait la raison qu'on ne
lui a pas prêté l'attention qui lui étoit due. Comme en outre depuis
la fin de 1835 on avoit placé le grand télescope de l'Observatoire
Royal, qui, avec une distance focale de 134 pieds, a une ouver
ture de 9 pouces, nous avons fait avec cet instrument plusieurs
observations très délicates, comme celles sur les oppositions de
Mars en 1837 et 1839.
Dans la confection de notre carte de la lune nous avions

surtout senti combien il nous manquoit encore pour avoir une


connoissance satisfaisante des éléments de rotation de la lune, et
Mr. Poisson nous avoit à plusieurs reprises engagé à faire de nou

*) Mr. le lieutenant-colonel d'Oesfeld a mesuré la longitude et la latitude du point


de nos observations, par une triangulation faite sur l'Observatoire Royal de
Berlin. D'après les coordonnées qui viennent de paroître (Berliner Jahrbuch
für 1S39) pour le nouvel observatoire, le nôtre est à :
52° 31'14',55 lat. Nord.
et 0h 44' S",02 long. orientale de Paris.
VV I I I

velles recherches là-dessus dans le cours de nos travaux. Cepen


dant nous ne pouvions pas nous cacher que les mesures prises
pour déterminer les points fixes, ne suffisent pas par plusieurs
raisons pour subvenir à ce défaut. Il auroit beaucoup plutôt fallu
pour cela répéter plusieurs fois les mesures sur un seul point,
comme l'avoient déjà entrepris Nicollet et Bouvard dans les an
nées 1806 à 1810 pour la tache lunaire de Manilius. Puis il
auroit fallu choisir une manière d'observation par laquelle on au
roit pu espérer d'atteindre le degré d'exactitude que ce cas exige
et que ces observateurs n'ont pas pu atteindre, comme le prouve
le résultat de leurs travaux. L'instrument des passages qu'ils ont
employé, ne permet pas d'obtenir une semblable exactitude; le .
micromètre à fil d'un télescope monté parallactiquement ne le
permet pas davantage, comme l'expérience nous l'a appris. C'est
pourquoi Mr. le Conseiller Bessel nous proposa à cet effet, déjà
en 1834, d'employer l'héliomètre au moyen duquel on peut mesu
rer les distances par la duplication des images. Par la connois
sance exacte que nous avons acquise de la surface de la lune en
dessinant la carte, nous avons pu espérer de surmonter la diffi
culté particulière et assez considérable que présente justement la
lune à des mesures à l'héliomètre et qui fait courir le risque de
confondre les objets si innombrables et si semblables entr'eux,
lorsque les images se doublent.
Aussitôt donc que les travaux entrepris à l'aide de notre
sélénographie furent complettement achevés, nous nous occupâmes
de chercher un moyen de remplir cette tâche. Mr. le professeur
Encke nous remit avec l'empressement le plus amical un héliomètre
de Frauenhofer pour toute la durée de ces travaux. Cependant
I IX

les arrangements nécessaires pour placer cet instrument à l'endroit


qu'occupoit celui que nous avons employé précédemment, durèrent
jusqu'au printemps de 1839 et ce n'est qu'au mois de Mai que
nous pûmes faire les premiers essais après avoir vérifié provisoire
ment cet instrument. Nous choisîmes à cet effet Jupiter. Ces
premiers essais nous montrèrent que, malgré ses dimensions moyen
nes, l'héliomètre fournit, même pour les petites distances, mais
surtout pour les distances plus considérables, un degré d'exacti
tude qui laisse bien en arrière tout ce qu'on peut atteindre au
moyen du micromètre à fil. Nous n'avons pas pu nous empêcher
de communiquer à la fin de cet ouvrage ces mesures, quoique
nous nous réservions d'en donner le résultat définitif lorsque nous
aurons recherché exactement la valeur d'une révolution de la vis
dans différents états de température et que nous aurons observé
Jupiter pendant une durée entière de son apparition.
Comme du reste nous n'avons pas eu l'intention d'écrire
une planétographie embrassant tous les travaux faits jusqu'à pré
sent, mais que nous avons voulu simplement livrer quelques maté
riaux pour un tel ouvrage, nous n'avons mentionné les travaux
d'autres astronomes que lorsque leur liaison intime avec les nôtres
l'exigeoit. Une pareille planétographie ne peut appartenir qu'à
des âges futurs. Des recherches sur la nature physique particu
lière des corps célestes n'exigent pas seulement l'application des
instruments les plus forts et les plus perfectionnés, comme nous
en avons encore bien peu maintenant, elles demandent surtout aussi
une réunion de circonstances favorables, extrêmement rare sur
tout dans nos climats. Ainsi pendant les trente dernières années,
Uranus a eu pour toute l'Europe moyenne une position qui ne
X

donna aucun espoir de pouvoir constater et développer les inté


ressantes découvertes qu'Herschell a faites sur lui et sur son sy
stème; dans l'espace de 15 années Mars ne nous présente que pen
dant environ 2 mois son hémisphère austral dans une position des
plus favorables, et il s'écoule un espace de temps aussi long jus
qu'à ce que nous ayons pu observer librement le globe de Saturne
dans toutes ses directions. Si, comme nous le reconnoissons avec
joie, au milieu du zèle qui s'est réveillé pour l'étude de la na
ture dans toutes ses branches, dix années actuelles font faire plus
de véritables progrès à la science que des siècles dans le passé,
n'oublions pas cependant que dans les recherches sur les corps
célestes, la célérité ne sert à rien et que l'on n'avance qu'en ne
négligeant aucune occasion favorable de faire des observations.
Puisse la longue paix dont nous jouissons et à laquelle
nous devons l'état florissant des sciences inconnu jusqu'alors, n'être
jamais interrompue, et puisse, à l'abri de cette paix, le lien qui
unit déjà maintenant les recherches de tous les peuples et tous
les domaines de la science, devenir toujours plus étroit et tou
jours plus utile au bonheur de l'humanité !
Table cles Inna tières conteInues
dla Ins c et ouVrage. .

page
La lune.
Sur l'hémisphère invisible de la lune . .. .. .. • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • 1

Sur les Eclipses de lune . .. ... .. .. .. ... .. .. . • • • • • • • • • • • • • • . .. 15

Sur les raînures de la surface lunaire . ... .. .. . - • • • • • • • • • • • • • • • • 3S

Paysage lunaire de Schroeter ... ... .. .. .. .. .. . - - - • - - • • • • • • • • • • • 79

Environs du pôle boréal de la lune . .. .. .. .. ... .. .. .. . - • • • • • • . . 83

SatuIrIme.
Sur les deux satellites de Herschell .. ... .. .. .. ... .. .. . - - - - - - - - - 93

Sur l'apparition de l'anneau de Saturne, vu depuis sa planète ... .. .. . 106

Sur la bande grise de Saturne . ... ... .. .. .. ... ... ... ... .. .. .. . 118

«Jupiter.
Sur la rotation de la planète ... ... ... ... .. .. .. .. ... ... .. .. .. . 122

Sur la clarté relative de ses satellites........................... 138


Sur l'aplatissement du planète ... ... .. .. .. .. .. • - - • • • • • • • • • • • • • 143

Mars ... ... ... .......... .. ... . - • • - • • • • • • • • • - • • - - - • • • • - - - - - - - 147

Vénus ...... • • - • • • • • - • - • - • - • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • . . 183

M [ereuIre . .. .. - - - • - - º - - - - - - - • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • - - - • • • • 205

Appendice- Mesures héliométriques. .. .. .. .. .. ... .. .. . • • • • • • • • • • 210


XXI I I

LP Il a m e ln e s.

Environs du pôle boréal de la lune.


II. Paysage lunaire de Schroeter. — 18 figures du croissant de Vénus.
III. 5 figures de Jupiter et une représentation de Vénus, entouré de rayons
extraordinaires.

IV. Mars pendant les oppositions de 1830 et 1832; 20 figures.


Mars pendant l'opposition de 1837; 20 figures.
VI. Mars pendant l'opposition de 1839; 12 figures.
VII. Carte générale de la surface de Mars.
sur I'hémisphère invisibIe
dle la luIIne,

Nous trouvons dans l'étude de l'astronomie une infinité d'objets


sur lesquels nous paroissons devoir rester toujours dans la plus
profonde ignorance; quoi donc de plus naturel que d'en faire l'objet
des songes brillants de notre imagination? — Ce fut déjà dès les
temps anciens en particulier le cas pour l'hémisphère invisible de
la lune : plusieurs le regardèrent comme à moitié transparent, —
peut-être pour expliquer la couleur gris-cendrée qu'il présente du
côté de l'ombre; — d'autres lui donnèrent une forme toute diffé
rente de l'hémisphère que nous apercevons etc. Dans les temps
modernes, où l'on a en général témoigné aux habitants de la lune
une affection si pleine d'humanité, on trouva que l'hémisphère tourné
de notre côté est trop inégal, trop roide et trop rocailleux pour
leur permettre d'y demeurer et on leur fixa une habitation plus com
mode dans l'hémisphère opposé, en leur assurant en même temps
qu'ils n'y manqueroient ni d'eau ni d'air. Qu'ils ne croient donc
pas qu'on leur ait donné la mauvaise part, car l'hémisphère que
nous voyons, est essentiellement là pour la terre et est destiné à
éclairer ses nuits, but que remplit parfaitement sa nature roide et
rocailleuse.
Nous passons entièrement sous silence tant d'autres idées
absurdes et tout-à-fait indignes d'être réfutées, car cet écrit n'a
tout simplement pour but que de déterminer les résultats certains
1
ou au moins très-vraisemblables auxquels est arrivée la science
de nos jours sur cet objet entièrement inaccessible à toute obser
vation directe.
C'est la rotation particulière de la lune qui, comme on le sait
généralement, nous empêche d'apercevoir l'hémisphère extérieur de
cette planète. Comme elle accomplit son mouvement de rotation
dans le même temps où elle opère son mouvement de révolution
autour de la terre, ces deux astres sont relativement toujours dans
la même position. Pour que ceci fût rigoureusement vrai et que
le même point physique formât toujours le centre apparent du disque
lunaire, il faudroit que les rotations et les révolutions observassent
exactement la même marche, non seulement dans l'ensemble mais
dans chaque partie de l'orbite, et que ces deux mouvements s'o-
pérassent dans le même plan. La première circonstance n'a pas
lieu, car la rotation uniforme est tantôt en avant, tantôt en arrière
de la révolution qui a une marche inégale; la seconde circonstance
ne se rencontre pas non plus, car les plans des deux mouvements
forment entr'eux un angle (un peu variable) qui se compose toujours
de deux parties, de l'angle de l'équateur lunaire avec l'écliptique,
qui est invariablement de 1° 28 47", et de l'angle de l'orbite lu
naire à l'écliptique, qui varie entre 5° 0 et 5° 18. De ce premier
fait résulte que la terre est tantôt un peu à l'est, tantôt un peu
à l'ouest du point de l'espace qui est toujours opposé au même
point de la lune comme centre du disque, et qu'elle découvre ainsi
tantôt à l'orient, tantôt à l'occident de la lune de nouvelles parties
du bord qui lui étoient auparavant cachées. Le second fait à son
tour est cause qu'au delà des pôles de rotation nous apercevons
tour-à-tour au nord et au sud des parties de la périphérie (Li
brations en longitude et en latitude). A l'est et à l'ouest la
libration peut s'étendre jusqu'à 7° 53 du globe de la lune, au nord
et au sud jusqu'à 6° 47'; de là résulte que sous le 40° de latitude
nord et de latitude sud de la lune, elle peut s'élever jusqu'à 10° 24'.
La partie de la surface lunaire que nous ne voyons jamais, est
ainsi entourée d'une ellipse présentant un double aplatissement
latéral. Si l'on distingue une latitude orientale et occidentale sur
la lune et qu'on les compte depuis le point zéro (savoir le méri
dien moyen opposé à la terre) jusqu'à 180° (l'antipode du méridien
précédent), cette ellipse passe par les points suivants :
0° latitude ... 97° 53' longitude orient : et occidentale.
+ 20° 98 52
40° 102 50
60° 115 0
83° 13' 180 0
et elle divise toute la surface lunaire dans le rapport de 4 : 3, de
sorte que nous voyons 0,569 parties de la surface, et 0,431 nous
restent inconnues. Ajoutons encore que de différents points de la
terre on n'aperçoit pas entièrement la même moitié de la lune, car
des lignes droites partant de deux points de la terre et passant
par le centre de la lune coupent nécessairement la surface lunaire
en deux points (libration parallactique). De là résulte que de tous
les points de la terre on aperçoit encore # de degré (5 lieues) au
delà de la limite fixée plus haut, ce qui diminue la partie entière
ment invisible de la lune à 0,4243 de tout le globe.
- L'étendue de la partie invisible est de l'est à louest 1118 lieues,
du nord au sud 1135, et, depuis le 40° latitude nord jusqu'au 40°
latitude sud, de chaque côté 1083; tandis que la partie visible est,
dans les mêmes directions, de 1333, 1317 et 1367 lieues.
- On ne voit, il est vrai, depuis la terre tout ce qui est en
dehors du bord moyen que sous un racourcissement optique con
sidérable, et un tracé de ces contrées seroit bien moins exact et
moins complet que ceux que nous avons de contrées mieux con
nues : néanmoins, malgré l'imperfection de nos connoissances sur
ces points, nous pourrons toujours en comparer la configuration
générale avec celle des parties qui nous sont parfaitement visibles.
Les observations ne nous ont fait apercevoir aucune diffé
rence essentielle entre ces contrées qui forment 4 de la surface
lunaire cachée à nos regards, et celles que nous connoissons : on
y trouve les mêmes pays de montagnes et les mêmes mare. Au
delà du pôle nord on aperçoit quelques grandes vallées circu
laires, séparées par des chaînes de montagnes d'une hauteur moyenne,
et des plaines unies d'une étendue moins considérable, analogues à
celles que nous apercevons dans les régions arctiques1 xk
en deça du
4

pôle nord (voyez le traité suivant). Au nord-ouest la mare Hum


boldtianum dont les hautes montagnes environnantes peuvent être
encore assez bien aperçues, s'étend jusque dans l'hémisphère qui
nous est invisible; il en est de même de quelques parties de l'ocea
mus Procellarum à l'est, de la mare australe au sud-ouest et
de la grande surface Kaestner qui se rapproche en étendue des
plus petites mare, à l'ouest. Dans les autres régions se trouvent
des montagnes de nature et de forme diverses, en particulier de
grandes vallées circulaires derrière Bailly et Lagrange au
sud - est, et derrière Humboldt et Hecataeus au sud - ouest.
Presque directement à l'est s'élèvent les hauts sommets des monts
d'Alembert, semblables à ceux moins élevés des Cordillères sur
l'hémisphère qui se présente à nous. Au pôle sud enfin on aper
çoit également des deux côtés un entassement de hauteurs colos
sales et de profondeurs énormes; les grandes inégalités du bord
lunaire qui apparoissent dans cette partie, appartiennent pour la
plûpart à l'hémisphère qui nous est caché.
Il n'existe d'après cela pas plus de différence essentielle
entre les contrées de l'hémisphère lunaire caché à nos regards et
celles de l'autre hémisphère, qu'entre les contrées de la périphérie
en général et celles que nous connoissons avec plus d'exactitude.
La surface lunaire doit très-probablement sa forme à des
éruptions qui, agissant de l'intérieur à l'extérieur, donnèrent nais
sance aux grandes montagnes circulaires et aux vallées de formes
si diverses, ainsi que, — plus tard, selon toute vraisemblance, —
aux petits cratères, et de même aux montagnes centrales et aux
autres inégalités de la lune. La terre qui existoit déjà lors de
ces phénomènes, sinon parfaitement développée au moins comme
masse attirante, ne pouvoit être sans influence sur eux; mais la
question à examiner ici seroit de savoir si cette influence fut es
sentiellement différente suivant les diverses régions de la lune,
et cette question paroît devoir être résolue négativement.
Si la position d'une contrée de la lune relativement à la
terre avoit été un point important dans la formation de sa surface,
nous devrions nécessairement trouver autour du centre un quel
conque des types de formation qui nous apparoissent dans la lune,
5

dans son maximum de développement et particulièrement prononcé,


et nous devrions voir ces formes diminuer en nombre et en gran
deur à mesure que nous nous approchons des bords. Or nous
ne pouvons citer aucun exemple d'une pareille distribution. La
forme circulaire est le seul type général pour les formes lunaires :
des exceptions particulières ne se présentent pas plus fréquemment
au centre que partout ailleurs, et si les petites raînures sont ici
un peu plus nombreuses, on ne doit pas oublier que la difficulté
d'observer d'aussi petits objets s'augmente considérablement à me
sure que l'on s'approche de la périphérie. Dans cette partie de
l'hémisphère opposé qui nous est encore visible, il seroit absolu
· ment impossible de reconnoître des raînures, quel que pût d'ailleurs
être leur nombre.
Sur le méridien moyen de la lune on aperçoit dans l'hé
misphère méridional une suite de larges vallées circulaires, se di
rigeant du nord au sud : mais nous en trouvons de semblables à
l'est et surtout à l'ouest; de sorte qu'on ne peut point envisager
cette formation comme particulière au centre. Il est plus facile
encore de prouver une différence physique considérable entre l'hé
misphère boréal et l'hémisphère austral de la lune: dans le premier
les parties montagneuses sont séparées les unes des autres par de
grandes mare, de manière à former des espèces d'îles ou de pres
qu'iles; dans l'hémisphère austral cette forme ne se présente que
près de l'équateur, tandis que plus au sud on n'aperçoit presque
plus que des pays de montagnes bien clairs presque sans inter
ruptions de plaines grisatres, mais, comme on le voit, ces différences
n'ont aucun rapport avec la situation relative des parties de la
lune et de la terre.
On pourroit encore invoquer l'analogie des autres satellites
dans le système solaire. Herschell a remarqué dans l'éclat des
satellites de Jupiter de légères variations (Voyez notre mémoire
sur Jupiter) qui paroissent provenir de la différence de forme de
la surface et qui font penser à un rapport de rotation semblable
à celui de notre lune; cependant on ne peut remarquer en elles
· une augmentation on une diminution de lumière dans les conjonc
tions supérieures comparées aux inférieures. La variation con
6

sidérable de la lumière dans les lunes extérieures de Saturne ne


présente pas non plus son point extrême dans les conjonctions,
comme ce devroit être le cas s'il y avoit une différence entière
entre l'hémisphère visible pour Saturne et celui qui lui est invi
sible; mais ce point extrême se montre dans les élongations à l'est
et à l'ouest. Dans ces systèmes, le pouvoir réflectif de l'hémisphère
détourné du satellite est pour le moins aussi fort que celui de
l'hémisphère tourné du côté de la planète. Le grand éloignement
de ces corps nous empêche entièrement de connoître plus en détail
la forme de leurs surfaces.
Ainsi donc il n'y a pas de raison à admettre que l'hémisphère
invisible de la lune soit particulièrement différent de celui que nous
apercevons, sous le rapport de la forme de sa surface; et cette
observation doit mettre un terme aux regrets que l'on entend si
souvent exprimer sur ce que ces régions soient cachées à nos re
gards. — Cet hémisphère restera éternellement caché à la terre,
comme il l'a été de tout temps; même, d'après l'analyse profonde
de l'illustre Laplace, jamais les limites actuelles de la visibilité ne
s'étendront ou ne diminueront dans aucun temps. Ce dernier cas,
p. ex. ne pourroit avoir lieu que si les variations séculaires du
cours de la lune ne se reproduisoient pas aussi pour la rotation.
Mais, chose remarquable, la rotation de la lune d'ailleurs tout-à-
fait uniforme, a aussi part à ces variations, et ainsi il ne reste
aux habitants de la terre aucun espoir de voir jamais les antipodes
de la lune; il faudroit pour cela pouvoir trouver d'une manière
quelconque le ,, petit point hors de la terreº que demandoit
Archimède.
Ce que nous avons vu jusqu'à présent ne concerne que la
forme de la surface en général : nous croyons en outre que l'on
peut, avec plus de certitude encore, tirer une conclusion semblable
pour ce qui concerne la présence de fluides gazeux et réductibles
en gouttes. Les fluides gazeux doivent d'après leur nature se
mettre en équilibre tout autour du globe; l'attraction de la terre
lne pourroit opérer qu'une différence tout-à-fait peu sensible dans
eur densité ou leur volume; et si l'hémisphère que nous aperce
vons n'a pas du tout d'atmosphère, celui qui nous est caché ne
9

peut pas non plus en avoir une. Comme en outre l'air et l'eau
sont dans des rapports nécessaires l'un avec l'autre, et que là où
il n'y a pas d'air, il ne peut non plus y avoir d'eau sous la forme
de fluide recouvrant la surface, nous sommes par conséquent for
cés de refuser à l'hémisphère invisible de la lune, comme à l'hé
misphère visible, tout fluide réductible en gouttes, de même que
tous les phénomènes météorologiques que présente notre terre.
Ajoutous ici encore quelques mots sur la distinction téléo
logique que nous avons faite plus haut. Certainement c'est une
des occupations les plus nobles et les plus élevées de l'esprit
pensant que de rechercher le but du créateur et d'approfondir la
raison éthique de la nature. Et cet effort ne peut pas être sans
fruits, quand les faits sont là présents dans toute leur liaison et
que l'on peut conclure de ce que l'on connoît suffisamment à
l'inconnu. Mais si nous voulons suivre la marche inverse et con
struire la mature elle-même d'après les buts qu'on lui suppose
roit ; si nous ne pouvons confirmer les rèves de notre imagination
qu'en admettant que la Divinité a dû avoir l'intention x et donner
à la nature, d'après cette intention, la forme y = p x; alors nous
laissons à penser ce que sera la réalité de ces deux grandeurs
incomnues ! En outre une considération simple et sans préjugés
des formes de la nature sur notre globe terrestre, doit déjà nous
apprendre que chaque être créé a d'abord et essentiellement le
but de son existence non dans des choses extérieures qui lui sont
étrangères, mais en lui-même, ce qui n'exclut pas une harmonie
supérieure du tout. Pourquoi donc seroit-ce le but principal d'un
corps de l'univers d'en éclairer un autre ? à plus forte raison pour
un corps de la lumière duquel un autre peut, selon toute appa
rence, très-bien se passer sans y perdre grand' chose ? Si nous
demandions à un habitant de la lune qui auroit le même système,
pourquoi la terre a été créée, ne devroit-il pas nous répondre -
avec vingt-huit fois plus de droit que nous *) -: » pour éclairer

") Car le disque terrestre a une grandeur sélénocentrique 14 fois plus considérable
que le disque lunaire; puis la terre éclaire toutes les nuits de l'hémisphère visible
de la lune dans tout son cours; tandis que la lune n'éclaire pas tout-à-fait la
moitié des nôtres.
S

un hémisphère de ma lune !º et lui accorderions-nous que ç'est


là le but principal de la terre ? Il s'emble en effet que la con
noissance si étendue que l'on a maintenant de l'univers, n'ait pas
encore pu amener les hommes à rejeter pour toujours l'ancien
orgueil qui rapporte tout à soi-même et qui exige que la Divi
nité ne travaille qu'à l'avancement de son bien-être : c'est tout
au plus si l'on voit dans les planètes principales un but propre
et si on leur accorde des soleils et des lunes créés seulement
pour les éclairer !
Remarquons en outre sur ce sujet que lorsqu'on appro
fondit plus exactement les rapports naturels des systèmes de
satellites, ils ne sont rien moins que favorables au but principal
qu'on leur suppose d'éclairer leur planète. Pour Jupiter, p. ex.
toutes les conjonctions supérieures des trois satellites intérieurs
sont entièrement perdues; il n'aperçoit que la plus petite moitié
de celle du quatrième satellite qui ne jette qu'une très-faible lu
mière. Les régions polaires de Jupiter (ainsi justement celles
qui d'après nos idées auroient le plus besoin de la lumière des
satellites) ne reçoivent aucune lumière de ses lunes, car déjà
au delà du 80° de latitude jovicentrique, la lune intérieure ne
se lève plus, et au delà du 88° non plus la quatrième lune. En
général chaque lune de Jupiter reste beaucoup plus longtems au
dessous qu'au dessus de l'horizon dans quelque lieu de la pla
nète que ce soit, perte qui devient toujours plus considérable
pour des latitudes plus élevées. Il n'est pas rare que même sous
l'équateur, pendant une nuit entière de Jupiter, il ne se lève
aucune des quatre lunes. — Parmi les corps qui éclairent Sa
turne, il n'y a guère que le plus ancien satellite (le 6° ou satel
lite de Huyghens) qui puisse en quelque manière être pris en
considération, car les autres ont une lumière trop faible ou sont
trop éloignés pour pouvoir l'éclairer sensiblement; et même ce
satellite est aussi caché aux habitants des pôles. Pour l'anneau
de Saturne, nous verrons plus tard qu'il n'éclaire partiellement
les habitants de Saturne que pendant les courtes nuits d'été, et
· qu'au contraire pendant le sémestre d'hiver il leur enlève com
plettement une grande partie, et même pour plusieurs régions la
plus grande partie du jour, en leur cachant le soleil pendant des
années entières; et sous ce rapport nous autres habitants de la
terre, n'aurions aucun motif d'être extrêmement charmés d'avoir
un semblable anneau autour de notre planète. Notre lune heu
reusement n'est pas placée d'une manière aussi défavorable : son
orbite qui n'est parallèle ni à l'équateur, ni à l'écliptique, est
cause que les éclipses sont des phénomènes très-rares et que les
habitants des pôles ne sont pas privés de sa lumière : mais mal
gré cela il s'en faut de beaucoup que sa position et son mouve
ment répondent parfaitement au but essentiel qu'on voudroit
lui attribuer.
Mercure, Vénus et IMars, qui ont cependant tant de
rapports de ressemblance avec notre terre, n'ont pas reçu de lunes,
d'où il résulte pour le moins que les satellites ne sont pas une
condition essentielle de la vie des planètes et que leur lumière
n'est par conséquent pas un besoin indispensable des habitants
de ces planètes. A plus forte raison donc ne pourra-t-on, dans
aucune conclusion, regarder comme but principal des satellites
d'éclairer leur planète, et encore moins en conclure une différence
de formation dans les deux hémisphères de la lune.
Si les deux hémisphères de la lune se sont formés dès
te commencement d'après le même type — et les faits cités plus
haut rendent la chose tout - à - fait vraisemblable — la terre ne
peut non plus avoir eu dans la suite des temps aucune influence
sensible sur la construction de la lune. La différence de son
attraction sur les deux côtés de la lune est très-peu sensible;
que les rayons terrestres possèdent une force de chaleur qui
puisse être prise en considération à côté des rayons solaires, c'est
ce que des essais directs sur la lumière de la lune nous empê
chent d'admettre; les effets chimiques de la lumière terrestre enfin
sont adéquats à ceux de la lumière lunaire chez nous; ainsi quoi
qu'en quantité ils soient plus forts, cependant on peut les re
garder également comme de peu d'importance et à peine sensibles.
Donc, jusqu'à ce que l'on ne pourra pas prouver que la terre exerce
sur la lune une influence encore inconnue jusqu'à présent, qui
se fasse nécessairement sentir sur la partie que nous apercevons
2
10

et qui soit assez forte pour agir en grand sur la nature et lui
donner une autre forme, nous serons autorisés à admettre que les
deux hémisphères de la lune non seulement sont entièrement con
tinentaux, mais sont couverts des mêmes plaines, des mêmes mon
tagnes circulaires, des mêmes cratères etc., et qu'il existe sur
tous les deux la même économie de la nature.
Mais si nous ne nous bornons pas à observer la lune, mais
que nous nous transportions nous-mêmes en pensée sur sa sur
face pour contempler de là l'univers, alors la chose prend un tout
autre aspect et les deux hémisphères présentent des différences
tout-à-fait essentielles, différences dont ni la terre, ni au
cune autre planète ne se ressent et qui en partie ne se mon
trent si décidemment que sur notre satellite. Pendant que
l'hémisphère que nous voyons n'a proprement pas de nuits, et
qu'il est éclairé chaque nuit par la terre par une lumière à
peu près égale (car la variation de la phase de la terre coïn
cide d'après son cours moyen avec la variation des jours de la
lune), l'hémisphère qui nous est invisible n'a que des nuits ab
solument obscures, qui ont très-peu de différence entr'elles dans
leur durée, à l'exception des régions polaires extrêmes.
A la surface invisible dont nous avons donné plus haut la
position, la forme et la grandeur, et à laquelle seule on peut
appliquer en toute rigueur ce que nous avons dit ici, correspond
sur l'hémisphère que nous apercevons, une surface coïncidente con
stamment tournée du côté de la terre, et entre ces deux s'étend
une zône qui a à l'équateur une largeur de 15° 46 (107 lieues),
aux pôles 13° 34' (92 lieues), et sous 40° de latitude nord et
sud, 20° 48 (142 lieues), et dans les limites de laquelle la terre,
quoique pas toutes les nuits, se lève et se couche, ce qui fait
que cette zône a tour-à-tour des nuits claires et des nuits tout
à-fait obscures. Toute la surface de la lune se divise donc en
trois parties : 4 appartient à cette zône; # à la partie qui est
constamment tournée du côté de la terre, et # à la partie pour
laquelle la terre est toujours invisible. -

En outre dans les deux hémisphères les jours présentent


aussi une différence aussi bien sous le rapport de la durée que
11

sous celui de l'intensité de la lumière solaire. Lorsque l'antipode


de la lune, c'est-à-dire le méridien qui divise la partie toujours
invisible, voit le soleil à son midi, la lune est d'un diamètre en
tier de son orbite plus rapprochée du soleil que quand (dans la
pleine lune) la partie que nous voyons est seule éclairée. Comme
le diamètre de l'orbite lunaire comprend rºm de la distance de la
terre au soleil, la force de la lumière que recevront les deux
hémisphères sera à peu près dans le rapport de 99 : 100, et par
la même raison dans l'hémisphère invisible on verra le soleil en
général avec un diamètre 9",6 plus grand que dans l'hémisphère
que nous apercevons. D'un autre côté l'hémisphère invisible perd
quelque chose sous le rapport de la longueur du jour. Pendant
que la lune s'avance de la dernière quadrature à la première,
son mouvement réel est opposé au mouvement apparent du soleil
qui est par là un peu accéléré; il arrive ainsi un retardement
(indépendant de la latitude sélénographique) du lever du soleil
et une accélération de son coucher, qui, réunis pour le méridien
de l'antipode, comprennent 33 56". Comme le rapport opposé
prolonge d'autant le jour de l'hémisphère visible, on a :
durée moyenne du jour lunaire :
pour le méridien du milieu visible ... 354º 55 57"
- - - - - invisible . .. 353* 48 2".
Le contraste tranchant de la lumière et de l'ombre sur la
lune, comme aussi la grande précision et la régularité de leur
alternation périodique et de leurs gradations, pourroient faire sup
poser que la lumière en général joue un rôle beaucoup plus im
portant dans l'économie de la nature de la lune que ce n'est le
cas pour nous. La terre ne peut pas contenir des organismes
qui ne pourroient pas plus se passer un instant de la lumière
du soleil, que nous ne pouvons nous passer d'air; mais sur la
lune on doit accorder la possibilité de leur existence; toutefois
cette existence se borneroit aux montagnes polaires qui jouissent
seules de la lumière continuelle du soleil *). — Les habitants
") Le soleil ne descend au dessous du véritable horizon d'un pôle lunaire que tout au
plus d'une quantité égale à l'inclinaison de l'équateur de la lune, c'est à dire de 1° 30',
mais la petitesse du globe de la lune fait que déjà à une élévation de 305 toises
2*
12

de l'hémisphère visible de la lune ont dans la terre, le change


ment de ses phases et sa rotation, une montre constante et rela
tivement assez exacte; l'hémisphère opposé n'a pas cet avantage,
le cours seul du soleil et pendant la nuit les étoiles fixes lui
servent de montre naturelle qui, lorsqu'on n'a pas recours à des
moyens artificiels, le cède de beaucoup à la précédente en ex
actitude et en commodité. L'hémisphère invisible ne connoît pas
du tout d'éclipses; l'hémisphère visible au contraire a des éclipses
· de soleil assez nombreuses (parmi lesquelles sont des éclipses to
tales qui durent deux heures), et quelquefois même une très
petite éclipse de terre (sans doute à peine visible). Un calen
drier de l'hémisphère invisible seroit disposé essentiellement diffé
remment de celui de l'hémisphère visible.
Si nous transportons en pensée un astronome sur l'hé
misphère de la lune invisible depuis la terre, nous lui aurons
donné là le meilleur observatoire qu'on puisse trouver dans tout
le système solaire. Supposons qu'il fasse ses observations dans une
plaine qui ne soit pas à une trop grande distance de l'équateur.
Le soleil s'abaissera au dessous de l'horizon d'abord à son bord
inférieur et # d'heure plus tard à son bord supérieur. Pendant
ce temps l'obscurité a gagné insensiblement et enfin il n'y a plus
que quelques hautes sommités des vastes couronnes de montagnes
qui soient éclairées; ces lueurs disparoissent aussi bientôt et tout
est plongé dans une profonde nuit. Alors il a pendant 350 heures
la liberté la plus complette pour ses observations. Les étoiles
n'ont pas pour lui un mouvement plus rapide que pour nous
l'étoile polaire : il peut entreprendre avec la plus grande tranquil
lité des déterminations absolues ou relatives, et il est assuré de
ne pas être troublé par des nuages, de l'agitation dans l'air ou
d'autres choses semblables. Il découvre p. ex. une comète : il
la poursuit à des intervalles de temps égaux, choisis à volonté,
et obtient pendant le courant d'une nuit une suite de détermina
tions de lieux assez nombreuses et assez exactes pour déterminer
on voit 1#° au dessous du vrai horizon. Or il y a au pôle nord des montagnes
de 1500 toises et au pôle sud même de plus de 2000 toises de hauteur ; par consé
quent le sommet de ces montagnes ne peut jamais être caché à la lumière du soleil.
133

le jour suivant l'orbite de la comète et pour calculer des éphé


mérides pour la nuit suivante. Mais ce n'est pas là tout. Il a
dessiné dès le commencement la forme de la comète et a aperçu
sans interruption les changements qu'elle éprouve dans le cou
rant de la nuit. Comme l'obscurité de la nuit reste toujours la
même et que la hauteur différente de la comète au dessus de
l'horizon n'a pas une influence défavorable, il n'y a pas à craindre
des illusions optiques et il ne dépend que de l'observateur de
ne rien laisser échapper de tout ce qui se passe sur la comète
pendant tout ce long espace de temps. — Il en est de même
pour la détermination des lieux des planètes et des satellites,
pour l'observation des surfaces des planètes, etc. Ce que l'astro
nome aura vu dans une nuit quelconque, il ne le cherchera ja
mais en vain dans aucune nuit suivante, ou s'il se présente
une variation, il en conclura avec certitude à un change
ment réel.
Il poursuit de la même manière pendant le jour une tache
du soleil qu'il a vue le matin entrer sur le bord oriental du so
leil; il la suit dans toutes ses positions jusqu'à ce qu'elle dis
paroisse au bord occidental, ce qui arrive encore avant la tombée
de la nuit, et il obtient en même temps une suite non interrom
pue des changements physiques de cette tache. Le lendemain il
peut sur le champ chercher la tache et décider si elle reparoîtra
OUI I10Il•

Aucune planète ou aucun satellite connu ne réunit de pa


reils avantages et à un aussi haut degré. Les planètes ont tou
jours une rotation beaucoup plus rapide et une atmosphère qui
paroît être sur quelques - unes plus dense que sur la terre, ce
qui met de grands obstacles à la contemplation du ciel. Parmi
les satellites, il n'y a que le satellite le plus extérieur de Saturne
et peut - être quelques satellites encore problématiques d'Uranus
qui puissent avoir des nuits encore plus longues que notre lune :
mais depuis ces satellites on ne pourroit apercevoir que peu de
détail du soleil et des planètes inférieures, sans voir pour cela
beaucoup mieux les planètes supérieures. - Notre lune au con
traire réunit tous les avantages qui font de la terre le meilleur
14

observatoire planétaire, à ceux qui lui appartiennent déjà en


propre comme satellite; et pendant que sur l'hémisphère que nous
apercevons, les objets rapprochés et brillants, surtout la terre
elle-même, présentent un vaste champ aux recherches astrono
miques, sur l'hémisphère invisible s'ouvrent les profondeurs my
stérieuses du ciel des étoiles fixes, dans lesquelles notre télescope
ne peut plus pénétrer; car l'observateur à qui il seroit donné de
se placer dans cette position, recevroit les rayons de lumière sans
qu'ils soient ni affaiblis, ni détournés, ni troublés par aucun objet
extérieur.
SuIr les Eclipses dle lune.

S'il y a peu de sciences qui, dans toutes les périodes de leur


développement, aient conservé avec autant de clarté le souvenir
de leur but et aient procédé avec autant de conséquence que
l'astronomie, il n'en est pas moins vrai cependant que bien des
branches particulières de cette science ne présentent que des pro
grès lents et souvent interrompus. Il n'est pas difficile d'en trou
ver la raison tout à fait plausible; les astronomes très peu nom
breux ont été appelés à appliquer toute leur force d'activité à
d'autres travaux plus essentiels, pour donner une base solide à la
science. La lune surtout peut avec raison renvoyer aux habitants
de la terre les plaintes qu'ils ont l'habitude de porter contre ses
caprices. Il y a deux-cents ans que son étude avoit pris un élan
des plus rapides et qui promettoit les plus brillants résultats; mais
dès-lors aucun corps céleste n'a été negligé autant qu'elle, sur
tout pour ce qui concerne les travaux sélénographiques. Le même
reproche peut nous être adressé par rapport aux éclipses de lune.
Dans la dernière moitié du siècle passé, on a fait quelques ob
servations sur des taches isolées, pour chercher par là à déter
miner les différences des méridiens terrestres; mais sitôt qu'il fut
constaté qu'on ne pouvoit par ce moyen arriver qu'à un degré
d'approximation peu exact et que le ciel nous présentoit d'autres
moyens d'une précision beaucoup plus grande, ou abandonna bien
tôt les observations qu'on venoit de commencer. La lune ne pré
sente - t - elle donc rien en elle - même d'assez intéressant pour
16

devenir l'objet d'observations ayant un autre but qu'un but géo


graphique? De tous les corps célestes elle est le seul que l'ombre
de notre terre puisse atteindre, et la manière dont cette ombre se
présente pendant le cours d'une éclipse, dépend tout autant de
la propriété du corps obscurci et de son atmosphère, que de celles
du corps qui le voile et de celui qui lui envoie sa lumière. Des
observations poursuivies avec quelque persévérance nous parois
sent ainsi tout à fait propres à nous donner des solutions sur la
nature physique de ces corps, et la science a certainement le droit
de demander de pareilles solutions, surtout pour un corps aussi
voisin que celui dont il s'agit ici.
Mais ni la terre ni le ciel ne présentent aucun problème
de physique qui puisse se passer d'une base mathématique, et des
observations sur l'ombre dont la terre couvre la lune ne peuvent
offrir aucune utilité, si elles ne sont pas appuyées sur une théo
rie des éclipses de lune. Il seroit fort à désirer en outre que
ces observations se fissent sur un grand nombre de points à la
fois (et on n'a pas besoin pour cela d'avoir toujours recours aux
grands observatoires), car ces phénomènes sont trop peu fréquents
et se présentent trop rarement dans des circonstances favorables,
pour qu'un seul observateur puisse facilement atteindre son but.
Dans nos calculs préliminaires pour déterminer les immer
sions et les émersions des taches isolées visibles dans la pleine
lune, nous avons employé les signes suivants:
T = vrai moment de l'opposition.
a = ascension droite de la lune et du soleil.
ô, ô' = déclinaison - - - -

2 = longitude - - - -

a, t = parallaxe - - - -

9, 0 = demi-diamètre - - - -

8 = latitude de la lune.
2e = longitude moyenne de la lune.
l = libration de la lune en longitude; positive, quand les taches
sont déplacées de l'Est à l'Ouest.
b = libration en latitude; positive, lorsque les taches sont dé
placées du Nord au Sud.
13

M = angle du mouvement de la lune (relativement au centre de


l'ombre) avec l'écliptique.
q = angle du même mouvement avec l'équateur terrestre.
C = angle du méridien lunaire passant par le centre du disque,
avec le cercle de latitude.
m = mouvement horaire de la lune relativement à l'ombre.
2" = longitude sélénographique d'une tache lunaire; positive
à l'ouest. •

p" = latitude sélénographique d'une tache lunaire; positive


au nord.
F = distance de la tache et du centre apparent de la lune,
en degrès du globe lunaire.
L = distance géocentrique de la tache et du centre de l'ombre
en longitude, relativement à l'orbite de la lune, vers le
milieu de l'éclipse. -

B = même distance en latitude.


e = excentricité du sphéroïde terrestre.
# r aXe équatoréal | de la section elliptique de l'ombre.
= axe polaire -

S = demi-corde de l'ellipse de l'ombre, parcourue par la tache.


D = demi-durée de l'obscurcissement de la tache
Aa, Aa'.. etc., désignent les changements horaires des éléments
a, a .. etc.
Si nous supposons que, dans la région centrale du globe
lunaire, la limite de l'ombre que nous apercevons, est déterminée par
un rayon de lumière partant du bord du soleil et tangent à la
surface de la terre, nous aurons alors pour la valeur des demi
axes de cette ombre :

A = t + t — 0'.
º)" fP = v (1— e cosº ) ( + )— .
Le mouvement horaire de la lune et l'angle de ce mouve
ment avec le grand axe de l'ombre elliptique s'obtiennent des
équations
2 m. sin p = Aô+ Aô'.
(2).... m. cos q = Aa cos ô - Aa cos ô'.
1S

Si l'on se figure un cercle, décrit avec le demigrand axe


de l'ombre et ayant son centre au centre de l'ombre, à l'angle p
correspondra alors dans ce cercle un autre angle que nous pouvons
désigner par u, et on aurat
A
tg.up -: p tg ,.
(3).... S = COS tty (1+ •t sin ,º r) V (A° - (º sin #)')
COS q) sin p
S
IIl

Les formules (2) et (3) seroient rigoureuses si, pendant


l'éclipse, le mouvement de la lune se fût fait en ligne droite et
que la parallaxe horizontale n'eût éprouvé aucune variation; cepen
dant comme, en négligeant ces deux circonstances, on n'introduit
pas une différence de plus de 0",3 d'arc, on peut parfaitement les
regarder comme tout à fait imperceptibles. Quant aux grandeurs
B et F qui se trouvent dans la formule (3), nous verrons plus
bas comment on en obtient la valeur.
Comme dans notre cas il ne s'agit pas de la variation paral
lactique des taches de la lune, nous n'avons à déterminer que les
coordonnées de la libration optique l et b pour le centre de la
terre, ainsi que l'angle C. En vertu de la rotation uniforme de
la lune et de la coïncidence des noeuds opposés de l'équateur et
de l'orbite, on aura :
l = 2 - 2e
b = — 1,289 3
(4)....
sin C = o2ss#
ou bien aussi la valeur constante C = 1° 28,8, ce qui ne pourra
jamais présenter une erreur sensible dans les éclipses de lune.
— Le coëfficient 0,288 est le quotient qui résulte de l'inclinaison
de l'équateur lunaire (1° 28'47") divisée par celle de l'orbite
(5° 849 )
On aura la valeur de M par les équations :

(5).... †m sin M = A3
cos M = A). — A%'
19

où nous avons en même temps un moyen de vérification pour la


valeur de m, dèjà connue par la formule (2).
On aura enfin :
p cos M = distance minimum des centres de la lune et de
(6)....
la section de l'ombre, vers le milieu de l'éclipse.
$ sin M = arc du mouvement de la lune depuis le com
- mencement jusqu'au milieu de l'éclipse.
Les coordonnées L, B, F des taches de la lune ne s'obtien
nent le plus facilement que par un procédé graphique, à l'aide
d'une carte de la lune. On construit pour cela une échelle
variable, qui, pour chaque valeur possible de 9, réponde au rayon
de la carte; on porte au moyen de cette échelle la ligne 8 cos M
depuis le centre de la carte, sous un angle M + C, formé
avec le premier méridien de la carte du côté, ou le centre de
l'ombre atteint le milieu de l'éclipse; puis à l'extrémité de cette
ligne on en mène une seconde normale à la première, et on les
prolonge toutes deux à travers toute la carte. Puis on déplace
chaque tache de la lune dont on veut calculer auparavant l'éclipse,
d'une quantité égale à l et b (plus exactement b cos (2" — l),
c'est - à - dire depuis sa vraie position moyenne à sa position
apparente, et on mesure ensuite les abscisses et les ordonnées
L et B des points ainsi déplacés, au moyen de l'échelle indiquée
plus haut. Pour trouver F, on se sert d'une échelle orthographique
semblable à celle que renferme notre mappa selenographica.
Si au contraire on préfère à ce procédé graphique la voie
du calcul, on appliquera les formules suivantes :
- _ º º
tang. N = cos (2" — l)
N’ = N — b
2" — l N
"secotang. u = •N
" \ •g rr =-"s
sin uN
W = u + (M+C)
B = 9 sin F sin W + 8 cos M.
\ L = 9 sin F cos W.
3*
où u est l'angle que l'arc F forme avec l'équateur de la carte.
Il sera toujours facile de voir lequel des deux signes + on doit
prendre dans les valeurs de W et B, au moyen d'une figure tracée
rapidement. -

Enfin on obtient le temps t, pour le milieu de l'obscurcisse


ment de chaque tache particulière, au moyen de la formule
(8).... t = T+#sin M +#
Si l'on veut procéder avec la dernière exactitude, on peut
encore prendre en considération deux corrections : l'un découle
du changement de la libration pendant la durée de l'éclipse, et
affecte la demi-durée; l'autre provient de la forme elliptique de
la section de l'ombre et fait varier le temps du milieu de l'obs
curcissement. Car dans l'ellipse, les cordes qui ne sont pas paral
lèles à l'un des deux axes, ne sont pas divisées en deux parties
égales par la perpendiculaire qui part du centre, comme cela
arrive dans le cercle. Mais la plûpart du temps on pourra né
gliger ces deux corrections; la première, parceque seulement
dans des cas extrèmement rares (dans les parallaxes extrèmes de
la lune) elle atteindra 1" de temps; la seconde, parcequ'elle n'a
aucune influence sur la durée elle-même et qu'il y a diverses causes
réunies qui rendent très-incertain le moment calculé pour le
milieu de l'obscurcissement, tandis qu'elles n'ont que peu ou point
d'influence sur la durée. On se trouvera ainsi rarement dans
le cas d'employer des observations imparfaites pour en tirer une
conclusion sur la grandeur de l'ombre; il suffira pour cela que
l'observateur examine avec soin et avec justesse la série exacte
des immersions et des émersions des taches.
Du reste les corrections dont nous parlons sont les suivantes :
pour la demi-durée - D. Al sin
F#eºo cos F

, (9).... (pour le moment du milieu de


B cos* u)
# cotang ! (1
2 -

l'obscurcissement -

cos* #)
Prenons pour exemple l'éclipse totale du 13 Octobre 1837,
qu'on doit regarder comme l'une des plus favorables à l'observa
21

tion, puisque non seulement la lune se tint à une hauteur commode


pendant toute sa durée, mais le milieu de l'ombre atteignit des
contrées lunaires où il y a le plus de taches parfaitement visi
bles en pleine lune.
Les éléments généraux de l'éclipse, tirés du Berliner Jahr
buch, sont les suivants :
T = 11" 24 4",0 temps moyen de Paris.
2 + A) = 20° 24'41",0 + 35'53",2
2 + A. = 200 24 41 ,0 + 2 28 8
8 + A3 = — 11 11 ,7 + 3 19 ,1
a + Aa = 18 55 6 ,8 + 32 17 ,3
« + Aa = 198 50 19,6 + 2 19 ,1
ô + Aô = + 7 48 32 ,3 + 16 53 ,4
ô + Aô = — 7 58 41 ,0 — 56 ,0
7 - 59 31 ,7
7" - 8 ,6
9 - 16 13 ,3
º - 16 4 ,1
7._ 16 10 13 ,0 d'après les tables de Burckhardt.
-

puis, en appliquant les formules (4):


l + Al = + 4° 14,5 + 2,95
b + Ab = + 14,6 — 4,22
ainsi les taches se sont déplacées vers l'est, et ce déplacement
augmente pendant l'éclipse; puis elles se sont avancées vers le
sud, mais ce déplacement diminue pendant le cours de l'éclipse.
Si nous supposons un aplatissement de # (d'après Bessel),
et par conséquent le log. e* = 7,82217, les formules (1) nous
donneront: º o | | ob o ne
| iº on A = 2616",2 · · · · b n
º =e · P =2604 ,6 | | p - -

En outre, en appliquant les formules (2) et (3), nous aurons :


ob º p = 27°48,2 -

| | | log. m = 3,30409 | ) | | o | | |
| · v = 27 54,6 , " " | o | e q
- sin U ! - l ob ie ne
| | log. sinT, T 0,00153 | · · ·
log #
COS q)
= 9,99958
t sin 9 = 16",8.
Si nous prenons pour B les valeurs de 0 à 27', puisque dans
cette éclipse il ne s'en présente pas de plus élevées, nous aurons
pour les demi-cordes et la demi-durée le tableau suivant :
B S. D.
0 | 2613",7 + 16",8 cos F. | 1" 17'51",4 + 29",8 cos F.
3 | 2607,5 + 16,7 - 17 40,3 + 29,7 -
6 2589,1 + 16,6 - 17 7,5 + 29 ,5 -
9 2559,4 + 16,4 - 16 14,4 + 29,2 -
12 | 2519,4 + 16,1 - 15 2,9 + 28,7 -
15 | 2470,6 + 15,8 - 13 35,7 + 28,3 -
18 | 2414,7 + 15,4 - 11 55,7 + 27,7 -
21 | 2355,2 + 15,0 - 10 5,8 + 27,1 -
24 | 2287,8 + 14,6 - 8 8,9 + 26,4 -
27 | 2219,8 + 14,2 - |1 6 7,3 + 25,7 -
pour le chemin que parcourt le centre de l'ombre sur le disque
lunaire, les formules (4) (5) (6) nous donnent :
M = 5° 40',4
log. m = 3,30411
C = 1° 28,7
p cos M = — 11'8",4
8 sin M = + 1 6,4
et pour le milieu de l'éclipse, ou dérive des formules (8):
11" 26 2",7 temps moyen de Paris.
comme la latitude de la lune est australe et va en diminuant,
le centre de l'ombre au milieu de l'éclipse tombera par con
séquent dans la partie nord-ouest de la lune. Si donc on
prend une échelle qui rende le rayon de la carte = 16 13",3, et
que depuis le centre on porte à l'ouest de la partie boréale du
. méridien la ligne de 11 18,4 sous un angle de 7°9,1, l'extré
mité de cette ligne (qui tombe entre Cassini et Egede, dans le
pays de collines voisin des Alpes) désignera le centre de l'ombre
au milieu de l'éclipse. C'est là que l'on placera le point d'inter
section des deux axes perpendiculaires, dont l'un est égal à 3 cos M.
Déterminons maintenant le milieu et la demi-durée de l'éclipse
par rapport à la montagne centrale de Copernic, pour laquelle
nos dix mesures ont donné 2" = — 19° 55',8 et 8" = + 9° 20',9.
Si l'on ne veut pas déterminer F, B et L par le procédé gra
phique, le calcul nous présente, en appliquant les formules (7),
les résultats suivants :
tang 9" = 9.21649
cos (2" — l) = 9.96015
tang N = 9.25634
N = 10° 13,7
N = N — b = 9 59,1
tang (2" — l) = 9,65207
cos N = 9,99305
Cp. sin N = 0,76098.
cotang u = 0,40609
u= 21° 26,0
tang N'= 9,24565
sin u = 9,56279
tang F = 9,68286
F = 25° 43,5
W = 14 16,1
lg. 9 (en Séc). - 2,98825
sin F = 9,63754 sin W = 9,39177
• • • • • e
-

e © e © © © - 2,62579.
© ©
|
.. .. 2,01756
2,61218
- e -

cos W = 9,98639 $ "


0 sin F sin W = + 1'44",2
p cos M = — 11 8,4
B = —9'24",2
L = — 6 49,4
Demi-durée pour B = 9'24",2 ... ... .. .. 1" 16 6",6 -

- - pour F = 25°43,5 ... ... ... + 26,2 -


Correction (9). .. .. .. .. ... . - 0,8
Demi-durée de l'obscurcissement de Copernic 1 16 32",0.
24

T+ u sin M = 11h 26 2",7

* =—
IIl
12 11,0
correction (9) = + 3,8
Milieu de l'éclipse pour Copernic = 11" 13'55",5.
Par la même méthode on a obtenu le milieu et la demi
durée de l'éclipse pour les taches suivantes, dont nous donnerons
plus bas les observations elles-mêmes.
Correction
de la du mi-| Milieu Demi-durée
L. B. F. demi- | lieu |(corrigé). | corrigée).
durée.
Reiner - 13'50"|—10'40"|60 50'|— 0",3+-4",3 10h59'58"| 1h 16 1",5
Aristarchus |— 12 20 |— 6 11 i55 2 - 0 ,5|+ 2 ,5 11 4 2 | 1 17 21 ,9
Crüger — 14 1 |— 17 33 71 46 |— 0, 4+-7 ,2 11 1 7 | 1 12 19 ,7
Kepler — 10 55 |—10 17 42 30 |— 0 ,6+-4 ,2 11 6 37 | 1 16 6 ,6
Heraclides |— 8 48 - 1 30 53 36 |— 0 ,5|+ 0 ,6 11 10 20 | 1 18 5,8
Euler — 8 52 - 5 53 39 2s |— 0 ,7|+ 2 ,4 11 10 4 | 1 17 31 ,9
Laplace — 7 5 - 0 22 52 30 |— 0 ,5|+ 0 ,1|11 13 23 | 1 1S 8 ,9
Pytheas |— 7 1 - 6 24 31 28 |— o,7|+ 2 ,6 11 13 33 | 1 17 25,9
Copernicus |— 6 49 - 9 24 25 44 |— 0 ,8+3 ,8 11 13 56 | 1 16 32 ,0
Timocharis |— 5 8 - 4 28 31 15 |— 0 ,7|+ 1 ,8 11 16 54 | 1 17 45 ,5
Plato — 4 4 + 1 1 52 0 |— 0 ,5— 0 ,4 11 18 46 | 1 18 -8 ,0
Pico - 4 2 - 0 1 46 48 |— 0 ,6 0 ,0 11 18 50 | 1 18 11 ,2
Campanus |— 6 35 -19 33 |41 11 |— 0 ,6+7,9 11 14 32 | 1 11 19 ,4
Manilius |+ 0 46 - 7 2 |14 54 |— 0 ,S + 2 ,S 11 27 28 | 1 17 19 ,0
Ménélaus |+ 2 36 - 6 26 |19 50 |—0 ,8|+ 2 ,5| 11 30 44 | 1 17 28,4
Dionysius |+ 3 30 |— 9 59 13 10 |— 0 ,Sl+4 ,0 11 32 22 | 1 16 20 8.
La comparaison de ces moments ainsi calculés avec les obser
vations, nous fera voir d'abord si la supposition d'où est partie
cette analyse, est admissible ou non. On peut présumer d'avance
qu'elle est fausse, car une athmosphère réfringente d'une épaisseur
inconnue environne la terre, et déjà des observations précédentes
ont confirmé cette conclusion. Mayer trouva que l'ombre a
augmenté de ºu de son diamètre; Lambert a vu une augmentation
de º ; mais ils ne nous ont laissé aucun détail qui justifie ces
25

observations. Nous donnerons plus bas les résultats que nous


avons obtenus nous-mêmes.
Lorsque l'on considère de plus près les formules ci-dessus,
on reconnoît que les incertitudes de la quantité B (qui dépend
essentiellement de 8) ont sur la mesure une influence toujours
plus défavorable à mesure que B s'accroît; c'est pourquoi, pour
déterminer cet accroissement, on fera mieux de choisir les taches
qui s'écartent le moins possible du centre de l'ombre. Souvent
toutefois ce choix n'est pas permis; lorsque p. ex. l'ombre ne
couvre qu'une partie du demi - disque austral de la lune, elle
n'atteindra qu'un très - petit nombre de taches visibles dans la
pleine lune, et quelquefois même elle n'en atteindra aucune.
Alors ces taches seront toujours très-éloignées du centre de l'ombre
qui tombe tout à fait en dehors du disque de la lune. Dans des
cas semblables, il vaut mieux mesurer avec le micromètre la lar
geur de l'ombre sur la lune. Mais dans ce cas il ne faut pas se
servir de la déclinaison de la lune telle qu'elle est donnée dans
les tables ou les éphémérides (car alors les erreurs influeroient
en entier sur le résultat), mais il est presque indispensable d'avoir
recours à une observation directe, faite sur la distance de la lune
au zénith. Nous avons observé le 10 Juin 1835 une éclipse de
ce genre, dont nous donnerons le détail plus bas.
i
: O b s e r v a t i o n s. · ·· · f
•*

1°. Eclipse de lune du 26 Décembre 1833


Les heures sur lesquelles tomba cette éclipse, furent les
seules réellement sereines de tout le mois de Décembre; le froid
étoit peu sensible et le vent du nord tout à fait modéré. Pendant
toute la durée de l'éclipse, la lune resta à une hauteur de
45° à 55° au dessus de notre horizon. La limite de l'ombre dans
les regions centrales du disque ne présentoit pas une incertitude
au dessus de 5" en arc. Nous n'avons réuni ici que les ob
servations des taches dont nous avons constaté l'immersion et
l'émersion. - · · · · -
4
Temps sidéral = Tiede + 7",8.
Immersion. | Emersion.
Grimaldi, bord I. | 3" 1' 15" h Q0)' • 1 ( / /

"# * # # #sa» le
Cartesius 8 47 41 15
Aristarchus 5 34 46 59
Kepler 9 55 50 20
Heraclides 12 16 53 3
Laplace - 16 1 56 22 •

Copernicus, bord I. 16 27,5 57 53


II. 18 21 | 59 44
Plato, bord I. 21 51,5
II. † †º }6 150 |
Pico 22 22 2 27
Archimedes, bord I. 23 54 4 52
II.| 24 58 6 35
Eudoxus, bord I. 30 32
II. | 32 0 | 10 37
Manilius, bord I. 31 11
** , , , , II. | 31 46 13 21
| Sulpicius Gallus 30 53 12 29
Tycho, bord I. 31 26 1 4
II. 33 5
Ménélaus " 34 28 16 19
Dionysius 36 58 17 58
Posidonius, bord II.| | 39 3 ' 20 : 5
Endymion, bord I. | 39 16 17 2 |
- | | II. | 40 28 17 58
| | Plinius, bord II. | 38 21 20 5 |
Proclus 47 23 | 28 17 . !

Picard 49 25 30 50 , , ,

Firmicus | || '
52 54 33 36 |
Lorsque nous avons observé tous les deux. la
même tache,
nous avons indiqué la moyenne. La plus grande différence est
de 13", elle s'est présentée à l'égard du premier bord de Plato.
22

D'ailleurs nous avons obtenu :


Première pénombre 2h 51 30"
Commencement certain 2 58 4
Total 3 56 36
Total certain 3 56 59
Premier rayon solaire 5 32 38 (au moins 2 trop tôt).
Fin 6 35 45.
Nous avons déjà donné un calcul de ces observations dans
le JM3 256 du journal : Astronomische Nachrichten; mais (à l'ex
ception des points fixes) nous n'avions pas déterminé suffisam
ment la longitude et la latitude des taches de la lune, et en outre
nous n'avions pas appliqué des formules de calcul aussi exactes
que dans nos observations actuelles. Comme ces deux circonstances
pouvoient avoir une influence sensible sur le résultat final, nous
répétons ici nos observations avec les corrections que nous y avons
faites.
Demi-durée de l'obscurcissement Différence corrigée
Temps moyen, 0Ul

calculée = c. | observée = o.
«- ov(E#)
Grimaldi 1h 17 22",6 1h 18'25',6 + 62",2
Byrgius 1 14 54 ,2 | 1 16 1 ,5 64 ,6
Aristarchus 1 19 15 ,2 | 1 20 29 ,3 74 ,1
Kepler 1 18 51 ,9 | 1 19 59 ,3 67 ,2
Heraclides 1 18 53 ,4 1 20 10 ,3 76 ,5
Laplace 1 18 46 ,6 | 1 19 57 ,2 70 ,3
Copernicus 1 19 6 ,5 | 1 20 29 ,0 82 ,2
Plato 1 18 16 ,8 | 1 19 26 ,5 69 ,O
Pico 1 18 35 ,9 | 1 19 49 ,5 72 ,8
Archimedes 1 19 5 ,4 | 1 20 25 ,6 S0 ,1
Eudoxus 1 18 29 ,8 1 19 27 ,4
Manilius 1 19 21 ,3 1 20 43 ,0 81 ,7
Sulpicius Gallus 1 19 22 ,5 | 1 20 34 ,8 72 ,3
Tycho 1 13 15 ,3 1 14 12 ,1 52 ,3
Menelaus 1 19 22.,3 1 20 42 ,2 79 ,9
Dionvsius 1 19 1 ,1 1 20 16 ,8 75 ,2
Posidonius 1 18 58 ,8 1 20 17 ,8 | 78 ,6
Endvmion 1 17 36 ,9 | 1 18 43 ,5 · · · 65 ,1
Plinius 1 19 20 ,3 1 20 38 ,5 - 78 ,2
Proclus 1 19 15 ,4 1 20 43 ,9 88 ,5
Picard 1 19 10 ,8 1 20 29 ,8 | 79 ,0
Firmicus 1 19 3 ,9 1 20 7 ,9 64 ,0
4*
2S

La correction de la différence o — c sert à réduire sa valeur,


obtenue dans la direction de la corde, à la direction du rayon
vecteur. La valeur moyenne des nombres donnés dans la dernière
colonne est :
72",4 de temps = # du demi-diamètre de l'ombre,
relativement à son axe équatoréal et à la parallaxe 58 39",8.
Comme nous ne connoissons pas avec certitude la véritable cause
da l'accroissement dont nous avons parlé, on ne peut pas décider
d'entrée si les différents demi-diamètres de l'ombre éprouvent le
même accroissement, ni si la longueur du cône obscurcissant n'est
pas soumise aussi à un accroissement provenant de la même cause.
· Les circonstances particulières durant la marche des éclipses
de lune, sont si diverses, que nous ne pouvons les expliquer qu'en
admettant des différences réelles dans ces phénomènes, quelque
subjective que soit l'appréciation des couleurs. — Pendant cette
éclipse, la lune nous apparut d'un rouge très intense, et toutes les
taches que l'on aperçoit dans la pleine lune, étoient parfaitement
visibles au milieu de cette lumière rouge; on y apercevoit même
de très-petites collines dans le voisinage de Plinius et du promon
toire d'Achérusia. Seulement vers le centre de l'ombre régnoit
une obscurité profonde, qui empêchoit presque de distinguer les
grandes mers qui s'y trouvent. Les contrées à l'extrémité de l'ombre
paroissoient bleues et plus claires que le rouge lorsqu'on les com
paroit avec cette dernière couleur; elles apparoissoient au contraire
d'un gris sombre, lorsqu'on voyoit en même temps la lumière du
soleil. Au commencement de l'éclipse totale le rouge parut
tout-à- coup devenir plus intense, et se répandit rapidement sur
toute la lune. - -

2 Eclipse de lune du 15 Décembre 1834.


Elle ne fut que partielle (8,1 pouces) et fut très-souvent
interrompue par des nuages, de sorte que nous ne pûmes observer
que quelques immersions d'une tache assez distincte, et pas une
seule émersion. Aussi ne la mentionnons nous ici que parce
qu'elle confirme nos observations de l'année précédente relativement
à la couleur de la partie obscurcie. Lorsqu'on pouvoit voir à la
fois la partie éclairée et la partie obscurcie, cette dernière parois
soit d'un gris uniforme; si au contraire la partie éclairée se voiloit,
à l'instant apparoissoit dans l'intérieur l'éclat rougeâtre, et à la
limite de l'ombre la couleur bleue, qui n'est ainsi qu'une couleur
de compensation. -

3°. Eclipse de lune du 10 Juin 1835.


Le centre de la lune et celui de l'ombre terrestre restèrent
toujours distants l'un de l'autre d'un degré. Il n'y eut qu'une
petite partie de la lune qui fut couverte par l'ombre de la terre,
et l'on put prévoir qu'aucune des taches distinctes de la pleine
lune ne seroit obscure. Le cas mentionné plus haut se présenta
donc ici, et il fallut mesurer directement la largeur de l'ombre.
Les circonstances n'étoient pas très-favorables : la lune
avoit à peine atteint une hauteur de 8° au-dessus de l'horizon,
et ce ne fut qu'au milieu de l'éclipse que nous pûmes prendre
quelques mesures; nous aurions toutefois pu déjà apercevoir à
l'oeil nu la largeur inattendue de l'ombre. Les calculs antérieurs
avoient donné les résultats suivants :
Berliner Jahrbuch ... .. ... 0,80 pouces.
Connoissance des temps . ... 0,35 -
Les différences proviennent évidemment de ce que, dans
le dernier ouvrage, on n'avoit admis aucune augmentation de
l'ombre, tandis que le Berliner Jahrbuch admet, avec Mayer,
un accroissement de ºy. La grandeur réelle surpassa toutefois
d'une quantité notable ces résultats. Ayant dans ce soir-là une
libration en latitude de + 1° 17", l'ombre auroit dû, d'après le
premier calcul, se terminer à + 61° 21' de latitude sélénographi
que boréale, et d'après le second, à + 71° 37'; d'après l'un,
l'ombre se seroit étendue jusqu'au bord boréal du mare frigoris,
dans la parallèle de Fontenelle et de Timaeus; d'après l'autre,
elle se seroit éténdue jusqu'au bord boréal de Philolaus, de sorte
que parmi les taches de la pleine lune, Anaxagoras seul auroit
été couvert. Au lieu de cela toute la partie orientale du mare
frigoris et une partie considérable du pays de collines situé au
nord de Plato furent couvertes par l'ombre, et il fut au commen
cement douteux si Plato lui-même ne seroit pas aussi obscurci.
Son bord septentrional est à 53°, et l'ombre s'en approcha telle
ment que nous ne pouvons placer sa limite plus au nord que 54°
de latitude nord. L'ombre apparut au reste moins distincte qu'au
26 Décembre 1833, ce qui provient probablement de la position
relativement très-basse de la lune. L'incertitude pouvoit bien
s'etendre jusqu'à 10" d'arc.
Dans les mesures suivantes, l'un des fils étoit tangent au
bord de l'ombre, l'autre fil, mobile et parallèle au premier, étoit
tangent au bord de la lune, et le fil transversal coupoit l'ombre
en deux parties.
Temps sidér. 16." 41,7 25º,742 à gauche
43,2 34 ,298 à droite
51,8 34 ,270 d.
53,2 26 ,078 g.
58,2 26 803 g.
59,8 33 ,027 d.
17. 1,2 27 ,361 g.
3,2 32 ,490 d.
4,6 27 ,746 g.
8,7. 28 ,368 g.
Le point zéro des fils pendant cette soirée fut déterminé
par la distance de quelques étoiles doubles, vu que les mesures
précédentes n'étoient pas assez exactes pour nous suffire ici; il
se trouva être de 30R,038, et la valeur d'une révolution fut égale
à 44",200.
Les distances F du centre de la lune sont données par
les mesures mêmes, et les corrections — t sin 9 cos F les réduit
à un plan passant par le centre du globe lunaire et perpen
diculaire à l'axe du conoïde de l'ombre. On obtient alors :
Juin 10. 11" 28,2 temps moyen de Berlin 4*,026
38,2 3 858
43,9 3 ,023
46,4 2 ,632
48,6 2 ,187
54,0 1 ,513. .
31

Les éléments de l'éclipse nous donnent :


M = — 5° 32',2
T = 11" 29,1 temps moyen de Berlin
Q = la plus petite distance des centres = 60 14",4,
et pour les observations faites dans le temps t, on peut admettre
approximativement l'équation de condition :
N = x — (T — t)* y
où N exprime la mesure réduite, x la largeur de la partie visible
de l'ombre au milieu de l'éclipse; le second membre de l'équa
tion exprime la diminution de cette largeur proportionnelle au
carré du temps.
On obtient x = 3R, 991 = 176",4
et les erreurs des différentes mesures sont :
— 2",2; — 9",4; + 1",6; + 6",3; + 8",2; — 2",1.
L'observation donne ainsi le demi-diamètre de l'ombre :
S = Q + x — o = 2796",5;
la déclinaison du soleil était = + 23° 1'
et l'angle du mouvement de la lune avec la parallèle de l'équateur
terrestre = 12° 28,5; ainsi donc le demi-diamètre de l'ombre ob
tenu théorétiquement sera :
S = 0,99759 (a + a ) — 6 = 2701",0;
et par conséquent l'augmentation de ce demi-diamètre
/ // S' — 9
S' — S = 95"5 et TST - JE3.
-1 ''

L'influence d'un changement dans les éléments employés sur le


changement de (S — S) est :
A (S — S) = —0,0965 A. +0,9952 A3 —0,9976 A (t+a')
- — A9 + A9'. -

D'après les mesures héliométriques prises par Mr. Bessel


à Koenigsberg peu après la durée de l'éclipse, A9 seroit = + 0",73;
il est cependant vraisemblable que ce résultat entraîne un change
ment analogue de t, qui du reste est sans grande importance pour
nos calculs : a et 0 sont parfaitement connus, et l'influence de A).
est très-petite. La chose principale est donc de s'assurer de
l'exactitude de la valeur p, pour avoir un résultat définitif dégagé
332

de toute erreur, sauf celles provenant des mesures directes de


l'ombre.
Mr. C. de Littrow fils, à Vienne, avoit à notre demande
fait des observations sur la lune pendant l'éclipse (la position de
cet astre étant trop basse pour la latitude élevée à laquelle nous
nous trouvions), et avoit trouvé les résultats suivants :
Juin 10. 11" 58 58",61, temps moyen de Vienne,
AR ) = 17º 13 15",2
ô = — 24 2 42",1
comparés avec le Berliner Jahrbuch :
A« = — 0",28 de temps
Aô = + 2",4;
la différence est si minime que l'on peut considérer la valeur 3
comme exacte. Si l'on vouloit rectifier le résultat par la valeur
obtenue pour p, il se trouveroit augmenté précisément de la même
quantité dont il a été diminué par les corrections des valeurs
a et e. Il reste donc tel qu'il avoit été trouvé d'abord #,
et se rapporte au rayon polaire de l'ombre et à la parallaxe
60 48",6.

4°. Eclipse de lune du 13 Octobre 1837.


Cette éclipse nous promettoit une occasion favorable d'obte
nir une série d'observations qui confirmeroient le résultat de 1833.
Mais le ciel fut passablement couvert, ce qui nous empêcha d'ob
server au commencement une grande partie des immersions et même
de voir ensuite l'éclipse dans sa totalité; c'est pourquoi une demi
heure avant la fin nous dûmes entièrement cesser nos observa
tions, à cause des nuages qui couvroient le ciel. La netteté de
l'ombre fut variable; en général elle étoit plus grande pendant les
immersions, mais du reste considérablement plus faible qu'en 1833.
Nous n'indiquons ici que les taches lunaires dont nous avons pu
observer les immersions et les émersions. *
Temps moyen de Berlin. Agrandissement
- - Immersion. | Emersion. ºl de l'ombre.
Reiner 10h 26 55" 13h 2 32" 106",8
Aristarchus 29 9 6 53 89,2
Crüger " 32 25 12 58 41 44 ,3
Kepler 33 5 13 8 16 86 ,2
Heraclides 34 40 14 6 45 ,0
Euler 35 36 13 0 69 ,5
Laplace 37 42 17 30 105 , 1
Pytheas 39 55 16 55 63 ,5
Copernicus 40 4 16 2 85 ,1
Timocharis 41 15 20 40 116 ,4
Plato º 43 38 23 32 109,0
PiCO | | | 43 16 23 40 120 8
Campanus 46 7 11 40 64 ,2
º Manilius ! 52 56 30 34 87,9
ºº Menelaus 55 45 | | 34 22 109,0
º Dionysius · 59 0 34 27 80,6
| Pénombre déjà sensible près de Grimaldi 10 5 -

- - - près de Kepler .. 11 11 | | |
| Commencement de l'éclipse ... ....... 10 23 15"
| Eclipse totale. ......... . . .. .. .. .. 11 24 33
| Fin de l'éclipse totale.......... .. .. 12 55 58
Les observations précédentes donnent pour milieu :
Accroissement 86",5 de temps = # 5 du rayon de l'ombre;
par rapport au demi-diamètre de l'équateur et à la parallaxe
= 59'31",7, | | | |

Ainsi l'on voit que les erreurs que présentent les valeurs
de chaque tache à leur milieu, sont beaucoup plus grandes que
celles de 1833; car la moitié des erreurs surpasse ici 22",4, et
les plus fortes s'élèvent jusqu'à 41" et 42", tandis qu'en 1833 les
plus grandes différences n'étoient que de 16" et 20". D'après
cela nous devons admettre que ces différences n'ont pas leur
raison dans les erreurs d'observation seulement, mais qu'il existe
dans le contour de l'ombre même des inégalités momentanées et
5
334

locales, causées sans doute par la nature variable de notre


atmosphère dans les lieux où le soleil se lève et se couche.
Du reste nous pûmes parfaitement bien apercevoir dans
cette éclipse le changement de couleurs dont nous avons parlé
plus haut. La couverture grise s'étendit uniformément sur toutes
les parties qui étoient réellement dans l'ombre et aucune des
taches de la lune, Aristarchus à peine excepté, ne demeura visible.
Mais elles reparurent dès qu'elles s'enfoncèrent plus avant dans
l'ombre qui couvroit déjà la plus grande partie du disque, et dès
que la lumière rouge se montra au fond derrière le gris. Cepen
dant pour voir cette lumière rouge dans toute sa clarté, il fallut
éloigner du champ la partie éclairée. C'est ainsi que l'on put
toujours mieux distinguer du fond obscur du ciel le bord où avoit
commencé l'éclipse, à mesure qu'elle fit des progrès.
Vers le commencement de l'éclipse totale, tout apparut déjà
dans un gris rougeâtre; à l'exception d'un bleu grisâtre qui se
montroit surtout du côté du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Ce
bleu ne disparut entièrement que plusieurs minutes après le com
mencement de l'éclipse totale, et deux coins, au NO et SO, furent
les derniers points où on put l'apercevoir. C'est seulement dans
le rouge qu'on put reconnoître de nouveau les taches de la lune,
mais non dans le gris ou dans le bleu, quoique ce dernier parût
moins foncé que le rouge. Pendant l'éclipse totale on put voir
toutes les taches les plus grandes et les plus lumineuses de la
pleine lune, et le bord de cet astre se dessinoit sur le ciel aussi
nettement que s'il n'y avoit pas eu d'éclipse.
Autant que nous pûmes l'observer malgré les nuages, le
décroissement de l'ombre présenta la même suite de phénomènes
dans un ordre inverse. Les premiers rayons de la lumière bleue
sur les cîmes proéminentes des montagnes du bord oriental,
plusieurs minutes avant l'apparition réelle de la lumière dans la
pleine lune, offrirent un aspect d'une extrème beauté. C'est cette
lueur qui nous avoit induit en 1833 à placer trop tôt la fin de
l'éclipse totale.
La coïncidence de ces observations avec celles que nous
avons faites en 1833, ainsi qn'avec celles plus générales d'autres
astronomes dans un très-grand nombre d'éclipses, nous autorise
sans doute à considérer cette succession de phénomènes comme
le type normal, au moins pour les éclipses totales, type qui se
reproduira toujours lorsque l'atmosphère de la zône terrestre où
se brisent les rayons lumineux, sera dans un état serein. Dans
le cas contraire, la lune obscurcie disparoîtra entièrement à la
vue, ou bien présentera des couleurs obscures et inégales, dans
lesquelles on ne pourra reconnoître que peu ou point de taches
isolées. Le plus ou moins grand degré d'éloignement de la lune
ne paroît avoir aucune influence sensible sur le phénomène en
général, et seulement la partie intérieure de l'ombre, dans le cas
oû son centre tomberoit sur le disque, nous apparoîtra plus grande
et plus sombre, lorsque la lune sera obscurcie au périgée.
Si nous changeons de position et que nous nous transpor
tions dans la lune, considérant de là l'éclipse comme une éclipse
de soleil, nous pouvons déterminer avec assez de certitude, d'après
ce qui précède, ce qui se présentera alors à nos observations.
Pour plus de simplicité et de symmétrie, admettons une éclipse
centrale. L'obscurcissement commence, comme pour nous, au bord
occidental du soleil; mais le bord de la terre n'est pas du tout
limité avec précision, au contraire il présente une indécision plus
ou moins grande. Le ciel s'obscurcit peu à peu, mais avec plus
d'accélération lorsque le moment de l'éclipse totale approche; et
comme la dernière partie visible du soleil ne se présente pas,
comme dans nos éclipses, sous la forme d'une faucille, mais que
ce n'est plus qu'une ligne lumineuse très-courte et presque droite,
on peut déjà voir régner une obscurité presque complette, lors
même que le soleil n'a pas encore entièrement disparu. En outre
la terre est encore agrandie par son atmosphère, et ces deux
circonstances se réunissent pour rendre la durée de l'éclipse totale
plus longue et par conséquent pour augmenter encore pour nous
l'intensité de l'ombre. -

.. . Mais plus la terre s'avance sur le disque solaire, plus la


réfraction dans l'atmosphère terrestre gagnera en intensité pour
les autres parties de la peripherie, et la terre paroitra enfin
entourée d'un anneau lumineux qui Pprésentera les 5couleurs prisma
»k
36

tiques du soleil levant et du soleil couchant, où le rouge prédo


minera. Cependant l'anneau complet n'apparoîtra pas immédiate
ment après la disparition du dernier point du soleil, mais seule
ment au bout d'un certain temps, de sorte que jusqu'alors les
autres couleurs, et particulièrement la couleur bleue, pourront
aussi se présenter.
La seule réfraction dans l'atmosphère terrestre ne paroît
cependant pas suffisante pour expliquer le phénomène, quoiqu'elle
ait sur lui une influence évidente; et ici nous pouvons profiter
avantageusement d'une observation qui a été faite sur les différentes
éclipses de soleil totales ou annulaires. MMs. Bessel et van
Swinden ont observé par l'hélioscope, entre les cornes du soleil,
au moment où elles atteignoient leur minimum d'éloignement, des
arcs lumineux rougeâtres, qui rendoient les inégalités du bord
de la lune tout à fait visibles et qui dans aucun cas ne peuvent
être produits par les rayons solaires brisés dans une atmosphère
lunaire, puisque même la pleine lune ne peut être aperçue au
moyen d'un semblable hélioscope. Horner, Lindener et d'autres
astronomes citent des apparitions pareilles, qui paroissent demander
la même explication que celles de MMs. Bessel et van Swinden,
et l'anneau lumineux qui s'est montré avec une telle intensité dans
les éclipses de soleil réellement totales et par un ciel tout à fait
serein, comme le prouvent aussi Ulloa, Ferrer, Bowditch, Adams
et d'autres, se rattache évidemment au même phénomène; car
s'il avoit été observé avec l'hélioscope, il auroit présenté un éclat
tout aussi faible que ces arcs.
Nous ne trouvons en effet rien de plus propre à expliquer
d'une manière simple et suffisante tous les phénomènes cités plus
haut, que l'idée de Bessel (Astronomische Nachrichten, 320) ,,que
le soleil lui-même a une enveloppe de matières lumineuses qui
n'est pas couverte par le bord de la lune, tandis qu'elle recouvre
le disque du soleil lui-même.* La partie qui est encore visible
dans l'hélioscope et pendant que le soleil luit avec clarté, doit
avoir sans doute une très-petite largeur, cependant, cela n'empêche
pas qu'une enveloppe lumineuse qui s'etend et devient toujours
plus faible, ne puisse avoir une largeur très-considérable. Nous
333

avons déjà exprimé une opinion semblable à l'occasion de l'éclipse


de 1833, dans le JM6 257 du journal : Astronomische Nachrichten,
et les faits que nous venons de citer, paroissent la confirmer
complettement.
C'est donc la lumière de cette enveloppe qui produit le
crépuscule remarquable qui règne sur la terre pendant les éclipses
totales de soleil; et la même cause, jointe à la réfraction de
l'atmosphère terrestre, donne naissance à la couleur rouge intense
de la lune obscurcie. On peut donc jusqu'à un certain point
soutenir que, dans les éclipses, le soleil n'est jamais entièrement
caché à la lune (ou à la terre), quoiqu'on ne puisse plus rien
voir directement du globe solaire lui-même, aussitôt que l'éclipse
est totale.

"
-
-
-

— ——- --- -

| | | | | " |

· · · · · · e b e
- | | | | oni iºo :
- · · · · · · on enp
o ` · · · , · iº bº
- - - | | | · | | | - e !
| | | · · · · · n ·
| | | | | | | | |
| | | | | o
| | | | | | | i |
· · · | i | | | -
| | | | | | | | | | p º iº
• | | | | | | | | d e!
| | | | | | i n ' ºn nºn
S ur les ra à InuIres dle la sur -
fa c e luInaire.

Plus nous sommes réduits dans l'observation des corps célestes,


et même de la lune qui est si près de nous, à nous en tenir à
la forme extérieure, plus il est important de saisir cette forme
dans tout ce qu'elle a de particulier et de réunir ces particula
rités en les comparant entr'elles. Ceci regarde surtout les formes
dont notre terre ne présente pas d'exemple ou seulement des ex
emples douteux et insuffisants, et qui nous montrent par consé
quent que la nature a suivi une autre marche dans la formation
de ces globes. Car nous ne devons pas nous borner à considérer
les corps dans leur état actuel, mais nous devons aussi remonter
à leur origine, et l'état primitif du système du monde, aussi loin
que nous pouvons le rechercher, présente un intérêt qui ne le
cède en rien à celui de sa constitution actuelle.
Les raînures de la lune sont restées inconnues aux obser
vateurs jusque dans les temps modernes; on n'en peut trouver
aucune trace ni dans Hével et Riccioli, ni dans Cassini, Lahire
et Mayer; même le célèbre télescope d'Herschell étoit déjà en
pleine activité, qu'on n'avoit encore point aperçu de ces forma
tions remarquables, et la première raînure de la lune n'a été dé
couverte que peu de mois avant le dernier satellite de Saturne.
Le 5 Décembre 1788 Schroeter fut le premier qui en
aperçut une qui s'étendoit depuis Hyginus, cratère de 1,3 lieue
de diamètre, du côté du nord-est et se perdoit dans la Mare
Vaporum; plus tard il en aperçut encore une partie qui se diri
geoit du côté du sud-ouest, de même qu'une seconde raînure,
dans le voisinage de la première, et se dirigeant vers la tache
lunaire d'Ariadaeus. Pendant longtemps notre connoissance ne
s'étendit pas au delà de ces deux raînures; Pastorff et Gruit
huysen les premiers en trouvèrent plusieurs dans différentes ré
gions de la lune : Lohrmann les représenta sur ses cartes, avec
plusieurs autres qu'il avoit lui-même découvertes : nous avons de
nouveau découvert la plûpart d'entr'elles, en travaillant à notre
Mappa Selenographica.
De ce que nous venons de dire résulte déjà que ces for
mations ne peuvent être aperçues qu'avec la plus grande difficulté
et qu'on ne peut distinguer en elles que très-peu de détails par
ticuliers. Cependant on peut présenter leur caractère en général
de la manière suivante. Ce sont des enfoncements très-étroits et
assez longs, semblables à des sillons, s'étendant en ligne directe
ou avec des courbures très-légères, entre des bords parallèles
très-roides, ordinairement sans remparts. Dans la pleine lune elles
se montrent comme de légères lignes blanches; dans la phase,
elles apparoissent noires, vu qu'alors on ne voit ordinairement que
l'ombre d'un des bords. Elles traversent souvent des cratères ou
passent immédiatement à côté d'eux; quelques-unes aussi se ter
minent à ces cratères. Plusieurs autres s'étendent dans des plaines
et rien n'indique le point où elles se terminent. Leur largeur
est la même ou du moins très-peu variable pendant toute l'éten
due de leur cours; lorsque cette largeur varie, ce n'est jamais à
leur extrémité qu'elles s'élargissent, mais toujours dans un point
quelconque de l'intérieur. Plusieurs d'entr'elles sont bornées de
chaque côté par des montagnes, mais il ne paroît pas que jamais
elles traversent ces montagnes. La plûpart sont isolées; un très
petit nombre s'unissent comme des veines ou se croisent. Leur
longueur varie de 4 à 50 lieues; leur largeur ne dépasse pas
800 toises, pour la plûpart elle est beaucoup moins considé
rable. (Nous les reconnoîtrions difficilement au dessous de
200 toises.)
40

Leur apparition paroît dépendre de conditions sélénogra


phiques ou physiques particulières. Quoiqu'elles soient en général
peu nombreuses, nous ne connoissons cependant aucun pays lunaire
un peu considérable qui n'en ait absolument point. On peut facile
ment concevoir pourquoi elles sont mieux visibles vers le centre :
c'est probablement la cause de leur apparition plus fréquente dans
la Mare Vaporum et le Sinus Medii. Du reste nous les avons
aperçues à des latitudes nord et sud élevées aussi bien qu'à des
latitudes moyennes, et même aussi, quoique moins souvent, à l'est
et à l'ouest, autant qu'il est possible de faire ici des observations
aussi délicates. Deux d'entr'elles se présentent dans l'intérieur
des montagnes circulaires de Posidonius et Petavius, sans atteindre
cependant à leurs remparts. Il n'y a que les plus hautes chaînes
de montagnes qui paroissent en être privées.
Il n'est pas rare de trouver des transitions entre ces
formes et d'autres formes lunaires. Les élargissements des raînures
à plusieurs places prennent souvent la figure d'un cratère allongé,
et lorsqu'il s'en présente plusieurs, toute la raînure apparoît comme
une suite de petits cratères liés les uns aux autres, dont les
remparts offrent des ouvertures qui permettent de communiquer
d'une des profondeurs dans la suivante. Or il n'est pas rare de
rencontrer sur la lune des séries sembables de cratères et souvent
l'observation ne peut décider si ces étroites ouvertures existent
réellement ou non. — D'un autre côté on rencontre des régions
sur lesquelles les pentes droits et parallèles des montagnes sont
extrêmement rapprochés et laissent ainsi entr'eux une petite vallée
semblable à ces raînures. D'autres vallées s'étendent à une grande
distance en ligne droite et avec une largeur peu considérable et
ne se distinguent des raînures proprement dites que par leur
escarpement moins fort et leur largeur relativement plus grande.
Plusieurs de ces vallees s'étendent tout-à-fait dans la proximité des
raînures et leur sont parallèles.
Déjà par ces remarques générales on voit que ces raînures,
ainsi que tous les autres objets que nous avons aperçus à la sur
face de la lune, ne sont pas autre chose que des produits d'une
grande force de la nature. Si l'on se fût toujours représenté
41

l'échelle, que nous pouvons encore appliquer, lorsqu'il s'agit


d'observations faites sur d'autres corps célestes; et si, dans les
dernières années du siècle passé, même des astronomes qui
avoient d'ailleurs du mérite, ne se fussent pas laisser éloigner du
vrai point de vue par leur attente impatiente et trop précipitée
qui, à la vue des nouveaux télescopes gigantesques grossissant de
6000, 10000 et 15000 fois les objets, se hâtèrent d'en conclure
qu'on pourroit désormais connoître très-exactement les habitans
de la lune, jamais on n'auroit sérieusement imaginé et poursuivi
l'idée que ces raînures sont des routes ou d'autres productions
semblables de l'art. Dans toutes les analogies de cette espèce
poursuivies souvent avec beaucoup de zèle, il est étonnant qu'on
ait complettement ignoré une différence des plus essentielles, c'est
à-dire le rapport de la pesanteur à la surface des corps célestes.
Lorsque ce rapport est, comme c'est le cas pour notre lune,
6# fois plus faible qu'à la surface de la terre, il se présente des
relations tout-à-fait différentes entre la force, le poids et le
mouvement. Nous ne savons rien de positif sur la nature des
constructions qui peuvent se trouver là, mais on peut prétendre
avec vraisemblance qu'elles n'ont, ni dans leur but, ni dans la
manière dont elles sont faites, la moindre ressemblance avec les
nôtres, et que, lors même qu'on pourroit un jour arriver jusqu'à
elles avec des télescopes, jamais nous ne les distinguerons à des
formes qui nous seroient déjà connues.
Ainsi nos considérations sur les corps étrangers à la terre
sont et seront toujours exclusivement des considérations sur la
mature dans le sens étroit de ce mot. Il siéroit mal à un astro
nome actuel de vouloir favoriser des espérances dont la satisfaction
nous est, à ce qu'il paroît, pour jamais refusée par des bornes
insurmontables, tirées de la nature elle-même. Quels que soient
les objets que des recherches continuées et plus exactes puissent
encore nous présenter à la surface des corps célestes, toujours
nous regarderons comme la supposition la plus probable que ce que
nous avons vu est l'ouvrage d'une force universelle créatrice, et
notre première tâche sera de rechercher la loi d'après laquelle
cette force a agi autrefois et continue d'agir actuellement.
6
42

Si une éruption est le vrai mot pour désigner en général


et en grand l'action de la force qui a donné à la surface de la
lune ses différentes formes, il nous restera à rechercher si cette
idée présente une explication suffisante pour toutes les autres
formations particulières.
Une force agissant de l'intérieur d'un corps sphérique à
l'extérieur, quelle que soit sa cause primitive, suivra le plus sou
vent dans son action la ligne de la moindre résistance, même elle
suivroit exclusivement cette direction, si la densité et la cohésion
des masses résistantes étoient dans toutes les directions les mêmes.
Si donc elle agit de l'intérieur perpendiculairement à la surface,
elle devra — supposé l'homogénéïté des masses en question —
au cas que l'éruption ait réellement lieu, former un cratère circu
laire régulier, et, si la résistance est trop forte, une montagne
arrondie; or ces deux formes, comme on peut s'en convaincre
facilement, sont en effet extrêmement fréquentes sur la surface
de la lune. — Si toutefois la masse résistante n'étoit pas homogène
et que, par suite de ces inégalités, la résistance ait été plus forte
sur la ligne perpendiculaire que sur une autre plus longue, alors
il y a eu des éruptions dans d'autres directions, les cratères se
sont allongés, les hauteurs de leurs remparts ont varié, la force
s'est disséminée et a opéré l'une à côté de l'autre plusieurs ou
vertures de petites dimensions, etc.
Ce qui a eu lieu dès le commencement, lors de la forma
tion de la surface en général, s'est sans doute répété plus tard
de la même manière avec des limitations plus ou moins locales,
cependant toujours sous la condition que les circonstances extérieures
soient encore les mêmes. Mais ce dernier point n'est en général
pas du tout probable. Dans l'endroit où une éruption a déjà eu
lieu, non seulement il s'est élevé de grandes différences de
niveau — et la lune nous en présente jusqu'à 4000 toises de
hauteur, - mais aussi l'état de la cohésion des masses est
essentiellement changé. Il est impossible que les parties qui
ont été séparées avec violence et poussés de côté, présen
tent la même liaison que d'autres qui sont restées tranquilles à
leur place.
43

Or nous ne trouvons presqu'aucune contrée lunaire où


n'aient pas eu lieu ces transformations colossales que nous venons
de décrire. Même ces étendues qu'on a appelées des mers —
peut-être à l'exception du petit sinus Aestuum — en présentent
distinctement des traces, et les formations postérieures purent à
cause de cela, beaucoup moins que les précédentes, être renfermées
dans un type général. Plus les directions anomales des éruptions
arrivèrent tard, plus elles dûrent être nombreuses.
Les raînures paroissent appartenir exclusivement à la der
nière époque de formation de la surface lunaire. Seulement parmi
celles qui s'en approchent il peut y en avoir quelques-unes qui
doivent leur naissance à une époque précédente; telles sont p. ex.
probablement la grande vallée transversale dans le plateau des
Alpes et quelques fissures dans les montagnes, qui par leur direc
tion eu ligne droite et par leurs parois escarpées rappellent tout
à-fait les raînures. Mais en général la formation des grandes
montagnes circulaires, comme aussi des montagnes et des cratères
de diamètres moyens, étoit certainement déjà terminée, lorsque des
forces purement locales se sont fait jour et ont donné naissance
aux raînures. Un examen plus exact de celles d'entr'elles qui
dans leur cours touchent des cratères et des montagnes, nous
servira plus tard à approfondir davantage cette idée que nous avan
çons; du reste nous pouvons déjà tirer de nos propres observations
au moins un exemple certain qui la confirme. La raînure d'Hy
ginus, dont nous avons déjà parlé comme ayant été découverte la
première de toutes par Schroeter, traverse 10 cratères, dont
Hyginus lui-même est le cinquième, en comptant du Nord-est.
Le 12 Septembre 1832 à 17* temps moyen, l'air présenta un
degré de sérénité et de tranquillité extrêmement rare dans nos
climats et on put appliquer avec un succès parfait un grossisse
ment de 300 fois sur la lune qui étoit à 42° de distance du zénith.
La limite de la lumière de la lune décroissante tomba à + 12° de
longitude sélénographique, la libration en latitude fut + 6°4, en
longitude — 4° 28'; et la position d'Hyginus est d'après nos
déterminations à + 8° 2 lat. et + 6° 22 long. — L'intérieur
d'Hyginus étoit tout-à-fait dans l'ombre, à l'exception
6 »k
de deux
44

lignes lumineuses très-fines, mais très-éclatantes, dont la position


étoit exactement déterminée par la continuation de la raînure visible
en dehors du cratère; et le rempart d'Hyginus, au point où la
raînure l'atteignoit, étoit interrompu au nord-est et à l'ouest par
une ombre très-étroite et entièrement noire. Par conséquent la
raînure traverse Hyginus en brisant sa paroi et en passant avec ses
bords élevés par son intérieur, preuve évidente qu'elle s'est formée
plus tard que ce cratère. Quant aux 9 autres cratères, leur petitesse
paroît empêcher entièrement d'observer un phénomène de cette na
ture; cependant sur d'autres points de la surface lunaire on trouve en
core des rapports semblables et il seroit d'un grand intérêt de les exa
miner dans des circonstances favorables avec de forts grossissements.
Si les raînures sont des produits d'une période postérieure,
cela explique en même temps pourquoi elles sont limitées à des
localités isolées, quoique disséminées sur toute la lune. Des ob
servations continuées feront sans doute découvrir encore des raînures
dans bien des régions qui paroissent maintenant en être entièrement
privées; mais on ne peut certainement pas présumer qu'il s'en présente
de grandes et de nombreuses, dans les régions où un examen attentif
et exact n'en a pas pu trouver une seule jusqu'à présent. Les pay
sages où se trouvent en général ces raînures, sont les suivants :
1) La Mare Vaporum, particulièrement les environs de la mon
tagne circulaire de Triesnecker;
2) La partie sud-est et la partie nord-ouest opposée de la Mare
Tranquillitatis;
3) La région au Nord-ouest de Capella et la région voisine au
nord de Goclenius et Guttemberg;
4) L'angle Sud-ouest de la Mare Humorum;
5) Les environs de Mersénius;
6) La partie près de Lohrmann et Hevel.
Dans les paysages que nous venons de citer, se présentent
plusieurs rainures ordinairement à peu près parallèles; dans les en
virons de Triesnecker il y en a aussi qui se réunissent et se croisent.
Les autres sont disséminées dans des contrés très-diverses de la lune,
cependant il s'en trouve aussi parmi ces dernières de très-grandes et
tres-distinctes, p.ex. celle près d'Hérodote qui est fortement recourbée.
45

Plusieurs de ces régions sont entièrement ou en grande partie


des plaines, il ne s'y trouve pas de montagnes proprement dites.
Cependant presque jamais ces raînures ne se présentent dans le
milieu des grandes plaines grises, mais, comme dans la mare Hu
morum en particulier, à leur bord et dans les parties qui présen
tent la forme de golfes, de sorte que la plûpart sont plus ou moins
en contact avec des montagnes de moyenne hauteur.
Ainsi donc on doit se représenter les raînures comme les
effets résultants de forces élastiques qui, au lieu de se faire jour
à la surface en suivant la direction opposée à la gravitation, comme
ce seroit la règle, sont forcées par des circonstances locales par
ticulières à s'étendre parallèlement sous la surface et à fendre le sol
en longueur, contrairement à leur loi naturelle. Car dans la plûpart
des cas l'effet paroit s'être borné simplement à relever un peu le
sol et à former des espèces de veines, forme qui apparoît très
fréquemment sur la lune et dans laquelle du reste, comme dans les
raînures, la direction en ligne droite et les légères courbures pré
dominent; quelques-unes d'entr'elles, comme p. ex. la veine droite
et très-escarpée près de Thebit, ont, sous certains angles de lu
mière, une ressemblance frappante avec les raînures.
Si dans ce qui précède, nous avons désigné les raînures
comme appartenant à la dernière époque de la formation lunaire,
on pourroit encore se faire la question : si peut-être ces formations
continuent encore maintenant leur cours et si nous pouvions les
voir naître pour ainsi dire sous nos yeux. Nous ne nous hasar
derons pas à décider positivement là-dessus; cependant nous avouons
qu'une pareille hypothèse a très-peu de probabilité. Si les ob
servations qu'on a faites jusqu'à présent, ne l'excluent pas absolu
ment, elles se réunissent cependant à l'hypothèse contraire qui regarde
le globe lunaire dans sa forme extérieure comme un corps actuelle
ment terminé, d'une manière trop simple et trop naturelle pour
qu'on puisse faire attention à la supposition que des transforma
tions violentes ont encore lieu maintenant à la surface de la lune.
Toutefois il s'écoulera encore un certain temps avant que les ob
servations décident définitivement laquelle des deux suppositions
est la véritable. Aussi longtemps que toutes les découvertes nou
46

velles sur la surface lunaire, appartiennent exclusivement aux objets


le plus difficilement visibles, une critique libre de préventions se
sentira toujours portée à exclure toute explication objective. Dans
le dernier examen d'une contrée lunaire que nous avions déjà
observée, comme cela est nécessaire, sous tous les angles de lu
mière, nous n'avons jamais eu à ajouter que des objets très-délicats
ou rarement visibles : de petites montagnes centrales, qui à chaque
lunaison sont visibles à peine pendant 2 ou 3 heures; des collines
et de petites élévations qui ne se sont fait apercevoir que dans
la proximité immédiate de la limite de la lumière par une légère
trace de leur ombre; des cratères et des raînures d'une très-petite
dimension, etc. etc.; jamais nous n'avons trouvé plus tard un objet
distinct et bien visible dans des contrées qui en général se présen
toient bien à nos regards. Un espace de 7 à 8 années est sans
doute très-court lorsqu'il s'agit d'époques de formation sur un corps
céleste, et on sera peut-être porté à nous opposer les observa
tions d'astronomes précédents qui croyoient être arrivés à un ré
sultat différent du nôtre; mais nous avons démontré dans notre Sélé
nographie que les observations de Cassini, Schroeter, Gruithuysen
et autres, qui avoient rapport à des changements qui ont dû s'opérer
sur la lune, peuvent parfaitement s'expliquer par des différences
optiques produites par des variations de la phase et de la libration
et même que ces différences se répètent encore maintenant de la
même manière, aussitôt que les mêmes circonstances se renouvellent.
Nous ne pouvons donc en aucune façon donner notre assentiment
à ces conclusions tirées un peu trop précipitamment.
Il seroit peut-être encore à propos de rappeler une opinion
qui compare ces raînures aux fleuves de notre terre, et qui ou
bien les regarde directement comme tels, ou bien voit en eux les
lits desséchés de fleuves lunaires qui ont existé là dans les temps
primitifs. Il est facile de prouver que la première idée est in
soutenable : Toutes les observations se réunissent à admettre : ou
la privation absolue d'une atmosphère et par conséquent aussi de
l'eau, car elles ont l'une sur l'autre des actions réciproques; ou
bien que l'atmosphère qui s'y trouve, à une si faible densité qu'il
ne peut également pas y avoir d'eau répandue comme sur la terre,
4| 3

sous la forme de fleuves, de lacs ou de mers. Cependant un fleuve


a pu autrefois couler dans ces lits maintenant arides, car notre
terre étoit bien un jour entièrement recouverte d'eau et maintenant
0,28 de sa surface est composé de terre ferme, et la masse des
eaux continue toujours encore à diminuer; on sait que la mer
s'éloigne toujours davantage — (que ce soit relativement ou abso
lument) — des bords de la presqu'île Scandinave et on connaît
une foule de phénomènes semblables. On ne peut a priori s'opposer
à des considérations de cette nature, cependant un examen plus
approfondi de la nature de ces raînures, décidera de la proba
bilité d'une pareille supposition.
Représentons-nous un instant la terre desséchée et le fond
des océans, des lacs et des fleuves mis à nu; puis un observateur
sur la lune, qui considère la terre avec les moyens auxiliaires
qui sont en son pouvoir. L'aspect seroit complettement différent
de celui que nous présente la lune, quant à la forme des mon
tagnes aussi bien que sous le rapport des systèmes de rivières.
Les derniers ne seroient certainement visibles que dans leurs par
ties les plus larges; de la plûpart on ne verroit que leurs em
bouchures ou même rien du tout, car ni leur largeur, ni leur
profondeur ne seroient jamais assez considérables pour permettre
de les apercevoir dans toute leur étendue et leurs ramifications.
A l'une des extrémités ils seroient proportionnellement larges et
distincts, et vers l'autre ils deviendroient toujours plus étroits et
finiroient par se perdre dans le vague; on pourroit, à peu d'ex
ceptions près, distinguer toujours avec certitude l'embouchure de
l'extrémité opposée, et en même temps les deux extrémités se
distingueroient par une forme différente du terrain et ordinaire
ment aussi par une clarté différente. -

Mais combien l'aspect que présente une raînure de la lune


est entièrement différent de cela, et combien peu les localités où
elle se trouve, sont en rapport avec cet exposé tiré de la terre
elle-même ! A l'exception d'une seule raînure qui n'est qu'un cas
isolé (la raînure près d'Hérodote, qui semble en effet jaillir d'une
montagne et présente dans son cours les détours d'un méandre
et des élargissements insensibles et se jette enfin dans une pro
4S

fondeur circulaire, rappelant ainsi tout-à-fait les fleuves de l'in


térieur de l'Asie qui se perdent dans des lacs), aucune autre ne
se rapproche du tableau que nous avons présenté plus haut. Plu
sieurs d'entr'elles parcourent les pays de montagnes sans atteindre
les plaines; d'autres naissent et se terminent dans une surface
plane ou s'étendent d'une montagne à une autre en traversant un
bas-pays entièrement plat. Elles ont presque toutes une largeur
constamment la même, ou sont au milieu plus larges qu'aux deux
extrémités. Il est extrêmement rare que plusieurs d'entr'elles se
réunissent en une seule. Un grand nombre s'étend en ligne di
recte et toutes ont une profondeur très-considérable, puisqu'on
peut apercevoir depuis la terre l'ombre qui tombe dans leur in
térieur. Dans la plûpart des cas leur profondeur doit être ex
primée par des centaines de toises. On trouvera encore plus
d'invraisemblance à ce qu'une eau courante ait pu creuser des ca
naux d'une profondeur aussi immense, en se rappelant que la
pesanteur est 6# fois moins considérable à la surface de la lune
que sur la terre. Si donc dans un temps quelconque il y avoit
eu de l'eau dans ces canaux, on devroit du moins accorder que
ce n'est pas à elle qu'ils doivent leur existence.
Plusieurs raînures de la lune ne sont, qu'environ 10 à 12
fois plus longues que larges, tandis que dans les fleuves de notre
terre nous mesurons la largeur par pieds et la longueur par lieues.
Une raînure d'une largeur considérable, mais qui a à peine 8 lieues
de long, s'étend depuis les montagnes centrales de Petavius en
traversant l'intérieur qui s'élève en dôme, et s'avance jusqu'au
pied de leur rempart, où elle se termine aussi subitement qu'elle
avoit commencé. Plusieurs d'entr'elles sont souvent interrompues
par des montagnes, mais n'en continuent pas moins de la même
manière leur cours de l'autre côté; telle est la grande raînure
d'Ariadaeus. D'autres encore forment un seul arc de cercle tout
à-fait régulier, quoique le terrain qu'elles parcourent soit fortement
ondulé et coupé dans toutes les directions par des collines et des
dos de montagnes. Il seroit enfin impossible d'expliquer par un cou
rant d'eau les raînures qui traversent des cratères, surtout lorsqu'elles
le font de la manière dont nous avons décrit la rainure d'Hyginus.
S'il y avoit sur la lune des rapports atmosphériques et en
général une économie de la nature semblables à ce qui se trouve
sur notre terre, sa grande proximité nous permettroit certaine
ment d'en apercevoir des traces distinctes et irrécusables. Nous
pouvons bien p. ex. nous convaincre facilement d'une pareille res
semblance pour Mars qui est quelques centaines de fois plus
49

éloigné, sans avoir recours à toutes sortes d'explications forcées


et d'hypothèses qui sortent du domaine de la réalité. Pourquoi
donc ne veut-on admettre comme la seule forme possible de la
vie de la nature que celle que nous voyons sur notre planète?
Il y a pourtant déjà chez nous, dans les divers climats, comme
dans le genre de vie des créatures, les différences les plus ex
traordinaires, quoique les parties constitutives élémentaires soient
partout les mêmes et que les rapports de gravitation et de densité
soient et doivent rester toujours, à peu de différence près, égaux
sur toute la terre : pourquoi donc dans un corps céleste, qui pré
sente des conditions fondamentales si différentes, la nature n'au
roit-elle pas pu manifester sa vie et son activité dans des formes
tout autres que dans notre terre?
Si l'explication que nous avons cherché de donner de la
naissance des raînures par un brisement de la surface opéré de
l'intérieur à l'extérieur, n'est pas la véritable, des observations
continuées avec attention dans la suite des temps nous en feront
trouver une meilleure. Alors nous saurons aussi si tout ce que
nous comprenons maintenant sous un nom commun, peut réelle
ment ou non être rangé dans une seule et même catégorie. Déjà
plus haut nous avons dit qu'il se trouve non seulement des diffé
rences considérables dans les dimensions, mais aussi des formes
de transition, de façon qu'elles se rapprochent d'un côté des lignes
de cratères et de l'autre des vallées longitudinales applaties. Lors
qu'une fois elles seront représentées avec leurs environs dans plus
de détail et qu'on les aura observées régulièrement chacune à part
dans tous les rapports de lumière; si en outre on peut arriver un
† à des résultats plus certains sur l'état primitif et l'histoire de
a formation des corps de l'univers en général, alors nous serons
aussi en état de démontrer génétiquement la liaison intime et né
cessaire de ces formations étrangères et encore isolées avec les
autres formations du globe lunaire.
Nous ajoutons encore ici un tableau qui réunit les raînures
de la lune observées jusqu'à présent. Lorsque cela a été possible
nous avons indiqué le temps de leur découverte, de même que le
nom de celui qui les a vues le premier. Celles qui ne sont mar
quées d'aucun nom ont été réellement aperçues pour la première
fois par nous, en faisant notre carte, ou bien nous avons ignoré
qu'elles aient déjà été découvertes auparavant. La longitude et la
latitude sélénographiques que nous avons données se rapporte à
eu près au centre et ne doit servir qu'à la retrouver sur la Mappa
elenographica.
- 7
50

Longi-| Lati- | Longueur|Jour de la| Premier


•JM3|Dénomination.| tude | tude | réelle | ºptique| décou- | observa
sélénographique. Lieues. Verte. teur.

1.|près de Chr. | + 16°| + 66°|10,5 5,8| 1832


Mayer. Nov. 11
2. |Chr. Mayer p.| + 16 | + 62 | 11,6 6,0| 1832
Nov. 12
3. | près d'Ari- | + 18 | + 56 | 8,3 | 16,9
stote.

| .

4. Atlas ô. + 50 | + 51 | 11,1 | 4,2| 1833


Févr. 2

5. |près de Bürg.| + 25 | + 45 | 22,0|14,5 | 1837


Janv. 12

6.|à l'est d'Eu-| + 12 | +44 | 7,2| 6,5| 1833


doxus. Janv. 11

7.|Posidonius e. |+ 34 | + 32 | 19,3| 17,5| (1833 Lohr


Janv. 26)| mann.

8. |Entre Posido-| + 34 | + 28 | 7,9| 7,3 | 1833


nius et Roe- ºn et Janv. 26
IIl6r'. o |
9. |Dans Posido-| + 30 | + 31 º° 2,4
-

Lohr
nius. " | | | II18lIlIl.

| |
10. |près de Posi-| + 21 | + 37 | 14,5 | 13,5
donius .
51

D e s c r i p t i o n.
Difficilement visible. Direction 3 heures, avec une légère con
vexité vers le nord, entre des collines de hauteur moyenne.
Faible. Environ 500* de largeur. Ayant la direction 2", pres
que en ligne droite dans la plaine et se terminant à un cratère.
Assez bien visible. Largeur d'environ 700'. Direction 9", pa
roissant tout à fait en ligne droite. L'extrémité Nord-est
joint le rempart d'un cratère d'Aristote C; celle du Sud-ouest
arrive dans un groupe de collines. Elle est dans une plaine.
Dans une région de petites collines. Direction 2#". Commençant
au pied d'une montagne circulaire peu élevée, elle se perd peu
à peu en diminuant de largeur. Courbure tout à fait insensible.
Découverte seulement après la publication de notre carte (par
Maedler, avec le grand télescope de l'observatoire royal). Elle
part, dans le Lacus mortis, d'un point rapproché du pied oriental
de Bürg, et s'étend avec une largeur inégale et de légères cour
bures du côté de la limite orientale du Lacus, en coupant plu
sieurs collines. Direction 4". —
Direction 9". En ligne droite, étroite et difficilement visible.
Dans une petite plaine, entourée de quelques montagnes qui
forment ses deux extrémités.
Assez distincte, surtout dans la partie moyenne de son cours.
Direction 0". Courbure légèrement ondoyante. Sa partie boréale
est dans une plaine obscure; sa partie moyenne s'étend entre
de petites élévations; la partie australe passe de nouveau à tra
vers la plaine et l'extrémité sud se termine entre des collines.
Dans une plaine ouverte. La partie moyenne seule a environ
600* de large, le reste a à peine 400 et est difficilement visible.
Direction 0" presque en ligne droite. -

Fentes étroites et un peu courbées de la montagne; visible seule


ment avec beaucoup de peine. Les deux extrémités se perdent
dans la plaine.
Vallée de montagnes étroite, semblable aux raînures, s'étendant
en ligne droite comme les élévations elles-mêmes. , Direction
- 7 xºx
52

Longi-| Lati- | Longueur |Jour de la|Premier


Dénomination. | tude | tude | réelle optique | décou- | observa
sélénographique. Lieues. Verte. teur.

à l'ouest de | + 40°| + 25°| 5,7 5,6| 1833


Roemer. Mars 25
.|Sulpicius Gal-|+ 10 | + 21 16,216,1 (1830 Lohr
lus s. - Avril 29)| mann.

13. Dans la mare |+ 37 | + 10 |45,2|40,0| 1824 | Lohr


Tranquillitatis Févr. 18l mann.

14. environ
# 6# lieues
nord de la † + 37 + 11 1824 Lohr
cédante.) Févr. 181 mann.
15. Plinius ô. +23 | + 17 |27,7|25,0| 1823 Lohr
Mai 15 l mann.

16. Dans le Tau-| + 42 | + 31 | 17,0 14,9 Lohr


TUIS. II18lIlIl.

17. a l'est d'Apol-| + 53 | + 5 | 17,5 | 14,0| 1833


lonius. Mars 6

18. près deSabine. |+ 21 | + 1 | 11,6| 11,0| 1823 Lohr


Oct. 24 | mann.
19. près deSabine. | + 22 0 | 27,0|25,4| 1823 Lohr
Oct. 24 l mann.

20. lEntre Lapey


TOU1Se + 20 | + 8 | 14 | 14 o#4
21.
\et Sosigenes. ct.

22. pres d'Aria- | + 13 | + 7 |52,2|51,8 Schroe


daeus. ter.
533

9". Les montagnes qui la bornent ont une hauteur et un es


carpement très-inégaux.
Direction 0". Point de courbure visible. Dans la partie boréale,
vallee de montagnes; la partie australe plus étroite, dans la plaine.
Direction 9". Largeur d'environ 800* et assez bien visible. S'éten
dant depuis une haute montagne de l'Apennin, avec une cour
bure simple et moyenne, à travers un pays ondulé, jusqu'au
pied de Sulpicius Gallus. Le bord boréal plus élevé et plus
clair que le bord opposé.
Direction 8". Très-faibles courbures et simples sillons sans bords
élevés. S'étendant dans une plaine libre. D'après Lohrmann
elle passe aussi par quelques cratères.
Extrêmement faible et sans bords élevés. Nous n'avons pas réussi
à l'apercevoir.
S'étendant en ligne directe par un bas-pays ondulé. Elle passe
environ au milieu de son cours, par 2 petits cratères. Aux deux
extrémités enfermée par des montagnes, et à l'est, ou les mon
tagnes sont le plus escarpées et le plus elevées, difficile à
reconnoître. Direction : 4". Largeur : 500'.
Nous ne l'avons pas aperçue. — Très-étroite, se dirigeant en
ligne droite sur et entre des montagnes. Direction : 7*.
Faiblement ondulée et s'étendant, avec une largeur d'environ 1500',
entre des entassements de montagnes. Escarpement modéré des
bords latéraux. Elle n'arrive pas jusque dans la plaine.
Très-faible. S'étendant en ligne droite dans la plaine et se ter
minant à une petite montagne. Direction: 7".
S'étendant depuis une montagne en forme de pic, en formant un
grand arc, à travers la plaine obscure, et se terminant au rem
part d'un cratère. Difficilement visible.
Extrêmement faibles. Toutes les deux partent en ligne droite du
pied d'un petit cratère sous un angle d'environ 12°, et se per
dent dans la plaine vers le Sud-ouest. Toutes deux de la
même longueur. Nous ne les avons vues qu'une fois.
Grande et large raînure commodément visible. Elle commence à
la montagne Ariadaeus y et reçoit après un cours de 7 lieues
54

Longi-| Lati- |Longueur |Jour de la| Premier


JM3|Dénomination. | tude | tude | réoue loptique | décou- | observa
sélénographique. Lieues. Verte. teur.

23.| près d'Aria- | + 16°| + 6°| 6,0| 6,0| 1832


daeus. Oct. 14
24.| près d'Aria- | + 18 | + 3 Gruit
daeus huysen.

25-|Higinus « et 8.|+ 6 | + 8 |44,2|44,2|( 1788 )| Schroe


Déc. 5 ter.
1792
FéVr.29
55

la raînure (23) qui se joint à elle du côté du Sud. Huit lieues


plus loin elle rencontre la montagne Ariadaeus 8 qu'elle ne pa
roît cependant pas traverser, après avoir peu auparavant coupé
une petite série d'élévations. Derrière 8 elle reparoît, traverse
2 petits cratères et présente ici une très grande profondeur.
Cinq lieues plus à l'est la montagne Ariadaeus a interrompt de
nouveau son cours et on n'en aperçoit de nouveau des traces
qu'au delà de cette montagne, avec une direction un peu diffé
rente, dans une vallée resserrée entre des montagnes. Delà
elle coupe toutes les montagnes, grandes et petites, qu'elle ren
contre dans son cours, même la montagne très-escarpée de
Silberschlag a, dans une vallée profonde et très-étroite. Elle
se termine à un petit cratère dans le voisinage de Boscovich,
entre des bords peu élevés. La largeur de la raînure peut être
de 1000, à l'ouest cependant seulement de 6 à 800. — D'après
les observations de Lohrmann, contrairement aux nôtres, cette
raînure traverse aussi Ariadaeus a et 8.
Très-faible, allant se jeter dans la précédente. Elle s'étend dans
une plaine, en ligne droite et se dirigeant vers le nord. **
D'après cet observateur, une raînure s'étend depuis le pied d'Aria
daeus, comme une continuation de la raînure (22), se dirigeant
vers le Sud-ouest à travers la mare Tranquillitatis, et se réunit
aux raînures (18) et (19) de Lohrmann. Mr. le conseiller Kunowsky
l'a aussi vue dans cette direction, au moyen de son télescope achro
matique de 6 pieds. Nous n'avons jamais pu réussir à la trouver;
même avec le grand télescope de l'observatione Royal, M. l'a
cherchée en vain pendant plusieurs soirs et enfin le 26 Nov. 1835
| il en a trouvé un petit fragment dans le contour de l'élévation
• occidentale d'Ariadaeus, s'étendant jusqu'au cratère Sud-ouest qui
· en est éloigné d'environ 5 lieues. Elle appartient certainement
| aux plus faibles que présente la surface de la lune, mais aussi
, en même temps aux plus longues.
Découverte la première de toutes, et facile à retrouver sous chaque
, angle de lumière. Direction: d'abord 10", puis à l'ouest de la
: courbure principale 7", enfin de nouveau de 9 à 10"; à son ex
trémité Nord-est, à + 4° 30 long. et + 10° lat., elle forme
56

Longi-| Lati- |Longueur |Jour de la| Premier


•7MG Dénomination. | tude | tude | réeue loptique| décou- | observa
sélénographique. Lieues. Verte. teur.

26. Ukert e. + 1°| + 9°| 7,0| 7,0| 1833


Janv. 12

27. Ukert ô. | + 1 | + 7 |30,2| 30,2| 1833


- Janv. 12

Triesnecker | + 4 | + 4 |33,4| 33,4| (1830 | Gruit


8 et y. Avr. 30) | huysen.

une vallée assez unie, de 1200 de largeur, mais bientôt elle


devient considérablement plus étroite et plus escarpée. Elle
passe d'abord par 4 cratères, dont le second a environ 1500 de
diamètre, les autres n'ont qu'environ 1000'. Elle traverse le
cinquième et le plus grand, Hyginus, en conservant ses bords
élevés (voyez plus haut) et plus loin elle en coupe encore 5
autres, dans le voisinage desquels la plaine qui étoit jusque là
tout-à-fait libre, est interrompue par quelques collines qui s'a-
vancent au bord de la raînure. Au bord Sud de cette partie se
présentent quelques taches sombres et une tache plus grande,
jetant un éclat verdâtre. Elle se termine à peu près comme elle
avoit commencé, une colline peu élevée qui s'étend dans la di
rection de la raînure, fournit sa dernière limite. — Largeur mo
yenne : 700 à 800'.
Direction : 9"; presque en ligne droite. Au milieu elle passe par
un très-petit cratère; son extrémité Sud-ouest est marquée par
une petite montagne arrondie; l'extrémité opposée, par une large
colline peu élevée. Peu visible et large d'environ 400'.
Vallée étroite semblable à une raînure. S'étendant en ligne tout
à-fait droite dans la direction 9" qui prédomine presque exclu
sivement ici. Sa largeur augmente vers le Sud jusqu'à 2000,
tandis qu'à l'extrémité boréale elle se rétrécit jusqu'à 7 ou 800'.
Ici se présentent plusieurs élargissements ovales. Les élévations
| latérales de la vallée la plus grande et la plus large sont assez
considérables vers le Nord-ouest, tandis que celles qui se trou
| vent vis-à-vis d'elles, sont très-faibles. Ici l'on pourroit dire
que la raînure a son embouchure dans le Sinus Medii. — Droit
à côté vers l'ouest, trois autres vallées très-étroites et beau
coup plus courtes, ont leur embouchure exactement dans la
même direction.
Etroite et difficile à voir. A son milieu, près du pied de Tries
necker, se forme une courbure assez aigue qui est la place la
· plus distincte de toute la rainure. La partie boréale y est une
ligne simple légèrement courbée, dont la corde a la direction
de 2". La partie australe a une courbure ondulée et a la même
8 -
58

Longi-| Lati- |Longueur |Jour de la | Premier


JM3|Dénomination. | tude | tude | rºue leptiºn | décou- | observa
sélénographique. Lieues. Verte. teur.

29.|Triesnecker .. | + 4°| + 3°|14,0|14,0|( 1833


Févr. 26
1833
Avr. 26

30.|Triesnecker n. | + 3 | + 2 | 7,4 7,4| 1833


Avr. 26

31.|Triesnecker ô. | + 3 + 1 | 8,6 8,6 | 1833


Avr. 26
32.|Triesnecker s. | + 4 | + 6 | 11,6 11,6| 1833
Févr. 26

33.|Triesnecker c. | + 5 | + 7 | 8,5 8,5 | 1833


Avr. 26 -
|
|
34.]Triesnecker 5. |+ 4 | + 7 |32,032,0|( 1833
Févr. 26
|
·
| |
| 1833 |

Avr. 26

|
59

longueur que la partie boréale; elle a une direction de 11".


Dans les deux parties viennent déboucher d'autres raînures.
Raînure de 14 lieues, qui débouche dans la précédente (28 p).
Avant son embouchure elle forme une forte courbure. Dans
sa partie australe qui est la plus longue, elle a une largeur
d'environ 400'; nous l'avons aperçue pour la première fois le
26 Février; la partie boréale encore plus difficile à voir (près
de l'embouchure) a à peine 300" de largeur et ne s'est montrée
que le 26 Avril. Plaine libre. Direction : 11".
Extrêmement délicate. S'étendant en ligne droite à travers la
plaine, dans une direction de 8", et se terminant aux deux côtés
à de petites montagnes très-claires.
S'étendant dans la direction du méridien et en ligne droite, au
pied d'une chaine très-peu élevée. Très-difficile à distinguer.
S'étendant, comme la précédente, au pied d'une petite colline, mais
dans une direction de 1" à 2" légèrement courbée. A l'extrémité
australe est une colline près du rempart de Triesnecker.
Courbée comme la précédente et bordée au commencement par
une petite colline. Son extrémité boréale se termine à un
cratère. Direction : 0" — 1". Peut-être les raînures (32) et (33)
dépendent-elles l'une de l'autre et coupent-elles la suivante.
Très-faible et ayant plusieurs courbures, mais toujours très-légères.
Direction: 104".
Elle commence au pied d'une petite montagne et coupe, après un
cours de 7 lieues, la raînure (28 y); 6 lieues plus loin elle ren
contre une petite chaine de collines (déjà cité pour les raînures 32
et 33) qui l'interrompt. Cette partie moyenne est la mieux visible
et c'est aussi elle que nous avons aperçue la première; le reste
ne s'est montré que deux mois plus tard. Elle se termine dans
une plaine claire, à environ 2 lieues du pied de hautes montagnes.
Les raînures que nous avons citées sous les nombres (28)
jusqu'à (34), ne se trouvent pas dans la Sect. I. de Lohrmann;
| mais il en a indiqué plusieurs dans sa Carte générale de
15 pouces qui parut plus tard, parmi lesquelles il y en a aussi
quelques-unes que nous n'avons pas aperçues.8 Cela s'explique
x
Longi-| Lati- |Longueur lJour de la| Premier
JM3|Dénomination | tude | tude |, en ºptiºn | décou- | observa
sélénographique. | Lieues. Verte. teur.

| | | |

· | |
-
-
35.| Timaeus n. |— 8°|+ 61°| 4,1 | 2,2 | 1834 | |
Mars 30

36.|près de Fon- |— 10 | + 62 | 2,8| 1,5


tenelle. | | |
·

37.|près de Plato |—20 | +53 | 9,8| 7,7| 1834


C. Mars 30

38.| Hérodote M. |—50 | +25 | 42 | 35 Schroe


ter.
facilement par l'extrême délicatesse des raînures qui se présentent
dans cette région. Comme on le voit par ce qui précède, nous
ne les avons découvertes que peu à peu, et plus tard nous ne les
avons aperçues qu'une seule fois toutes ensemble. Il est donc
impossible de prendre des mesures sur des objets pareils et il est
très-naturel qu'il se présente des différences dans le dessin de
deux observateurs complettement indépendants l'un de l'autre.
Entre de hautes montagnes qui s'étendent presque perpendiculaire
ment à la raînure. Direction : 10" et en ligne droite. Largeur
d'environ 600'. -

S'étendant en ligne droite depuis le Cratère b à la montagne u;


entourée de montagnes hautes es escarpées. — Dans cette région
s'étendent plusieurs vallées semblables aux raînures, formées par
· des parois de montagnes parfaitement en ligne droite.
Direction de 2" en ligne droite; elle est bordée de plusieurs suites
de collines qui ont la même direction. Son extrémité Sud-est
se trouve au cratère nommé plus haut.
C'est la raînure remarquable que nous avons déjà citée plus haut
près d'Hérodote. Elle commence près de la montagne d'Héro
dote s, dans une contrée de collines, et dépend probablement
d'une petite fente qui coupe à cet endroit le pays de collines.
Dans le premier quart de son cours elle est étroite et peu pro
fonde. Près de M elle forme deux angles aigus, change entière
ment sa direction, devient plus large, plus escarpée et plus
profonde, et elle permet déjà d'apercevoir l'ombre dont ses parois
recouvrent sa profondeur. Près de la montagne d'Aristarque ,
, qui s'élève avec une roideur considérable à 561" au dessus de
la plaine qui s'etend au delà à l'est, elle change de nouveau
sa direction et s'étend en serpentant légèrement dans une direc
tion justement opposée à la première, avec une largeur de 1800
à 2000. - 4 lieues avant son embouchure on aperçoit avec
beaucoup de peine au fond de la raînure un petit cratère.
Le bord occidental est ici de 703 au dessus de la surface qui
s'étend au delà. Peu avant son embouchure dans l'enceinte
d'Hérodote, elle se rétrécit de nouveau considérablement et il
est très-difficile de la poursuivre jusqu'à 3. • • • ••
-
Longi-| Lati- | Longueur 1Jour de la| Premier
Dénomination. | tude | tude | réeue loptique| décou- | observa
sélénographique. Lieues. Verte. teur.

39. Archimedes 2. | — 1°| + 23°| 14,0| 13,5 | 1824 Lohr


- Janv. 5 l mann.

40. Archimedes x.|— 2 | +26 |32,2|29,0| 1824 Lohr


Sept. 1 | mann.

41. A tosthenes.
l'Est d'Era-|— 17 + 16 | 6,3 6,1|,Déc.
183423

42. GayLussac n#. |—22 | + 13 | 11,0|10,6

43. | Hevel ô. |—64 | + 2 | 5,6| 3,5| Sept.


18327

.]près de Hevel.|—64 - 0 19,6 | 11,5| 1834


Févr. 21

|| | | 5,8 #
46. prèsmann.
de Lohr-| 65 |
• "
1 | 7,3l
8,6 5º
6,7|,!º
Févr. 21 • *

47.
Les courbures considérables rendent très-incertaine la dé
termination de la longueur optique et encore plus de la longueur
réelle de cette vallée profonde. Dans la pleine lune et en gé
néral sous la plûpart des angles de lumière, on la reconnoît
facilement comme une ligne claire, mais il faut une réunion des
circonstances les plus favorables pour saisir le détail que nous
avons donné ici. -

Peu courbée; direction : 3". Elle traverse dans son cours plusieurs
montagnes assez considérables et se termine aussi à des mon
tagnes semblables. Difficilement visible.
Elle rencontre la précédente sous un angle droit; à 4 lieues de
leur point de réunion, elle présente un élargissement et une
plus grande élévation des bords; plus loin elle forme plusieurs
légères courbures et est bordée de quelques collines. Elle se
termine dans les premières élévations d'Archimèdes.
C'est proprement une série de 7 cratères distincts, mais qui sont
tellement liés l'un à l'autre, que, surtout dans la partie boréale,
ils ressemblent presque parfaitement à une véritable raînure.
Cependant on peut toujours, quoiqu' avec beaucoup de peine,
distinguer les enfoncements particuliers. — Dans cette région
se , trouvent beaucoup de suites de cratères qui présentent le
même aspect.
S'étendant dans la direction de 4" en ligne droite entre des mon
tagnes entassées et de moyenne hauteur. Deux remparts escar
pés marquent ses deux extrémités : celui de Gay Lussac à l'ouest
et la paroi de la haute montagne , à l'est. -

Très-faible. S'étendant dans une direction de 8" en ligne droite


à travers une petite plaine, et se terminant au rempart principal
, de Hevel.
Traversée par l'Equateur. Elle sé'tend en formant des courbures
ondulées très-douces depuis le rempart de Hevel au cratère de
Lohrmann A; direction : 8". De petits dos de montagnes s'avan
cent de chaque côté presque à angle droite vers la raînure.
lº s'étendent l'une à côté de l'autre, séparées seulement par
de légères collines, et s'avancent parallèles dans une direction
4 de 3º. Elles sont représentées ici dans leur ordre de l'est à
64

Longi-| Lati- |Longueur |Jour de la| Premier


JMâ|Dénomination. | tude | tude | rºue leptique | décou- | observa
sélénographique. Lienes. Verte, teur.

48.[Davy ô. — 8°|— 17°|12,4| 12,4| 1830


Avr. 30

49.| Crüger e, |—62 |— 16 | 9,8

50-| Gassendi n. |—44 |— 17 |20,8

51-| Mersenius p. | —45 |—20 | 9,2


65

l'ouest. Par la partie boréale de la 46° et 47° (la 45° est déjà
terminée ici) passe une fente transversale qui continue encore
plus loin vers l'ouest dans la même direction, à travers 3 cra
tères et quelques enfoncements en forme de selle, et qui auroit
aussi l'aspect d'une raînure, si la longueur qui est raccourcie
optiquement de plus de la moitié, apparoissoit directement et
si sa largeur en échange apparoissoit raccourcie au même degré.
Nous n'avons pu réussir à bien représenter ce paysage sur
notre Mappa Selenographica.
Peu visible, quoique dans la pleine lune elle ait une clarté de 7°,
ce que ne dépassent que très-peu de points de la surface lu
naire. Direction de 6" avec de légères courbures vers le Sud.
Elle traverse 2 cratères et passe immédiatement à côté d'une
petite montagne. Ses extrémités orientale et occidentale sont au
pied de hauteurs considérables; son cours est dans la plaine.
Dans cette région, à l'est d'Alphons et Ptolemaeus jusque
vers Lalande, les longues fentes en forme de vallées qui s'éten
dent en ligne droite dans une direction de 11", se rétrécissent
souvent en canaux semblables aux raînures, et l'angle de lu
mière seul les fait regarder comme telles ou non; cette forma
tion est aussi fréquente à l'ouest d'Alphons et au Sud du côté
d'Arzachel.
En ligne droite; difficilement visible; elle s'étend dans une di
rection de 2", depuis une petite montagne à travers un pays
plat, jusqu'au rempart d'un cratère.
Elle s'étend avec une légère courbure ondulée, à travers un pay
sage clair, rempli de petites collines. Cependant ce n'est qu'aux
deux extrémités que les collines s'avancent jusqu'à la raînure.
Peut-être est-elle en liaison avec la suivante.
Elle s'étend en ligne droite dans une direction de 2", au pied occi
dentale d'une haute chaine de montagne. Elle n'est séparée de
la précédente que par une petite colline longitudinale, mais
s'étend probablement entre cette colline et la montagne de Mer
senius a qui s'élève très-près de là à une hauteur de 1516':
cette continuation peut difficilement avoir jamais été aperçue
distinctement; car tantôt l'étroite vallée est couverte d'ombre,
9
Longi-| Lati- |Longueur |Jour de la Premier
JM@|Dénomination. | tude | tude |réeue leptique| décou observa
- sélénographique. Lienes. | _ Verte. teur.

52.| Mersenius s. | — 45°| – 21°|20,7 20,0| 1832


- Nov. 4

53.|près de Mer-|—44 |—22


senius.

54.| Thebit y. |— 10 |—21 | 10,5 10,5 1834


Mars 18

55.|Dans la Mare | — 10 | —23 | 18,4 | 18,2| 1834


Nubium. Sept. 28

56.| Hippalus à. |—30 | -26 |16,0|14,2 1832


- Déc. 16
69

tantôt la hauteur de l'angle de lumière rend cette raînure déli


cate imperceptible.
Elle s'étend depuis la haute sommité de Mersenius a, semblable
à une raînure, ou plutôt à une terrasse sillonnée profondément
(versant vers l'ouest), et aboutit à un angle étroit qui s'ouvre
entre les remparts de deux montagnes circulaires. Direction 1".
On pourroit aussi en quelque façon la compter parmi les raînures;
cependant il est plus exact de la regarder comme la dernière
terrasse qui précède la haute chaine de montagne près de Mer
senius, dont la première est la raînure 8. Dans des formes de
transition comme celles (51) à (53), qui sont en même temps si
délicates et si difficiles à apercevoir, il est tout-à-fait hasar
deux de donner une détermination exacte. — Lohrmann, dans
sa nouvelle carte, les indique toutes les trois décidément comme
des raînures.
Elle s'étend depuis une petite mais brillante colline, dans une
direction de 10" à travers la plaine de la mare Nubium, jusqu'au
rempart escarpé d'une petite montagne circulaire. Elle est dif
ficile à reconnoître et n'a guère plus de 300 de largeur. A
l'ouest, à 10 lieues de distance, s'avance parallèlement à elle
une digue de montagnes escarpée et parfaitement en ligne droite,
de 28 lieues de longueur, # lieue de largeur et 157 toises
de hauteur.
Probablement c'est la continuation australe de la précédente; elle
manque sur notre Mappa Selenographica, vu que nous ne l'avons
reconnue avec certitude que plus tard. Elle commence au pied
de la même montagne circulaire (Thebit B) environ à 2 lieues
de distance de la place où la précédente semble terminée, et
s'étend avec une courbure à peine sensible vers le Sud (11*),
à travers la plaine de la Mare, pour se perdre sans laisser de traces.
Parallèle aux 3 suivantes. Elle s'étend, avec une direction de 2"
un peu courbée, depuis les montagnes qui forment la limite
australe de la Mare humorum jusqu'au delà de celles qui for
ment la limite occidentale, et se perd dans une plaine grise.
Elle appartient à celles qui sont le plus difficilement visibles
9 »k
6S

Longi-| Lati- |Longueur |Jour de la Premier


Dénomination. | tude | tude | réelle lºrtive décou- | observa
•élénographique. Lieues. Verte. |E
Campanus e. |—29°|— 27°| 16,2 | 14,3 1832 |
| | Déc. 16
.| Campanus ô. |—28,5 | —27 | 13,2 º| 1832
Déc. 16
59. Campanus y. | —28 | —27 | 13,8| 12,1

60. Hippalus e. | —28 | — 24 | 16,5 | 15,7 1833


61. Agatharchi- |— 28 | —21 | 10,6 | 10,0) Mars 1
des . — 28 | — 19 | 14,0 | 13,3
62. Agatharchi
des s.

63. près de Ca- |—49 | —23 | 7,3 7,0| 1832


vendish. | | Nov. 5
64. Eichstädt y. | — 65 | — 20 | 14,8| 12,5 | 1832
Oct. 8

65. Pitatus ô. | — 19 | —29 125,2 | 22,0i 1834


Janv. 19

66. Cichus 8y. |— 21 | —32 | 8,5 | 7,2| 1834


Janv. 19

67. Capuanus .. |— 26 | —32 | 10,8| 9,2 | 1834


Févr. 1

Saussure 8. |— 5 | —44 | 7,7 | 5,5 | 1834


| | . Mars 18 !
sur la surface de la lune. Sa largeur ne dépasse peut-être
pas 250".
Un peu mieux visible que la précédente; du reste tout ce que
nous avons dit d'elle, s'applique aussi ici.
La plus faible de ces 4 raînures, elle s'étend dans le milieu entre
deux collines arrondies. -

Assez bien visible. Limitée des deux côtés par de basses colli
nes, et se terminant au cratère Campanus A.
Ces 3 raînures sont toutes très-faibles et s'étendent avec de lé
gères courbures dans la direction du méridien; elles forment
comme une continuation de (59). La longueur totale en seroit
alors optiquement de 60,6 et réellement de 64 lieues. Le cra
tère de Campanus A, une grande colline, Agatharchides A et une
plus petite forment leurs interruptions (qui ne sont peut-être
qu'apparentes). Elles s'étendent dans la plaine et ça et là quel
ques collines peu considérables s'avancent à leur bord.
Direction 10" en ligne droite. Elle traverse 2 cratères, est comme
eux peu visible et est accompagnée de collines très-petites.
Arc de cercle tout-à-fait régulier. Dans une position favorable
elle est bien visible et large d'environ 700'. Elle s'étend entre
des collines qu'elle traverse à son extrémité boréale formant un
rempart circulaire, sans changer le rayon de sa courbure. Di
rection de la corde de l'arc : 3".
Elle s'étend en ligne droite dans une direction de 5" à travers
une plaine libre, depuis un groupe de collines à un autre.
Largeur : 3 —400, difficile à voir.
Fissure dans une haute montagne semblable à une raînure, large
d'environ 1400 et très-escarpée. Vers le Sud elle est en liaison
avec une grande et profonde vallée circulaire.
Elle tombe exactement dans le prolongement de la direction de
(65), et, comme celle-ci, elle est en ligne droite et très-délicate.
De faibles collines seulement entourent la région. -

Elle s'étend dans la direction du méridien et est extrêmement


étroite. Depuis la montagne de Saussure 3, elle s'avance à côté
de la raînure (69) dans laquelle elle débouche peut-être.
9O

Longi-| Lati- | Longueur |Jour de la| Premier


JM3|Dénomination.| tude | tude | recue leptique | décou- | observa
sélénographique. Lieues. Verte. teur.

69. 1833
# O

Saussure y. |— 5 | -45°| 7,0| 4,9| M§ 29

1833
71. | Maginus ô. |— 6 |—48 | 10,8| 8,1|Mars 29

72.(| Longomon- |—21 |—52 |( 9,0 5,4)| 1834


73. tanus 8. 5,8| 3,5(| Avr. 19

74. | Malapert «. |+ 4 | -84 | 4,5 | 0,8| 1834


Mars 18

75. | Scheiner e. |— 28 | — 65 | 5,5 | 3,5 | 1834


Mars 21

76. | Censorin J. |+34 |— 1 |10,2 | 9,5| 1834


Juillet 24
77. | Capella . 30,0 | 26,5 1834
78. | Capella n.
79. | Capella 9.
| + 37 | — 3(| 27,1 | 23,9 -

21s | 19,4(|Juillet 24
2 !

Ce sont deux raînures qui s'étendent à côté l'une de l'autre dans la


direction du méridien et ne sont séparées que par une demi-lieue
de distance; 800 à 1000 de largeur. C'est par erreur que la
Mappa Selenographica les désigne comme des veines de montagnes.
Fissure semblable aux raînures dans le rempart de Maginus, mon
tagne circulaire couverte de fentes. Il y a 4 branches particu
lières, chacune de 1 à 2 lieues de longueur, qui réunissent
5 petits cratères entr'eux, dont le plus grand est à l'extrémité
: Nord-ouest. Direction 3".
Deux courtes raînures obliques dans le rempart de Longomontanus.
Chacune d'elles se termine par un petit cratère au pied intérieur
du rempart. Elles ne sont visibles que rarement et avec beau
coup de difficulté. Direction du méridien.
Dans les régions Sud-est de la lune, entre Schickard et Inghirami,
ainsi que près de Wargentin, se présentent plusieurs vallées
étroites, qui offrent un aspect se rapprochant des raînures :
Schickard 9, n, . et Wargentin ô. Mais on peut facilement se
| convaincre que ce n'est que la projection déjà très-raccourcie
| qui leur donne cet aspect.
C'est la plus méridionale de toutes les raînures de la lune vues
jusqu'à présent. Elle s'étend depuis le rempart d'une petite
montagne circulaire, dans la direction du méridien, jusqu'au
| delà du rempart d'un cratère, et on ne peut l'apercevoir que
· quand la lune est près de sa quadrature et qu'elle a en même
: temps une grande latitude-nord.
Extrêmement difficile à cause de la haute latitude et du terrain
déchiré en tout sens. Dans le milieu de son cours peu étendu,
' qui suit la direction du méridien, se présentent deux petits
· élargissements arrondis.
Direction 9"; très-légère courbure. Etendue au pied d'une petite
colline, elle unit deux montagnes assez élevées.
Trois raînures s'étendant dans une direction de 8", légèrement
: courbées, mais même dans ces contours restant encore parallèles.
· Largeur: environ 500. La plus à l'est et la plus longue s'étend
92

Longi-| Lati- | Longueur|Jour de la| Premier


•/Y6 Dénomination. tude tude réelle | optique décou- observa
- sélénographique. Lieues. Verte. teur.

80. |Guttenberg h.| + 39°|— 7°| 5,4 4,8| 1835


Mai 10

81. | Messier y. | + 40 | — 1 | 14,2 | 12,0| 1834


Juillet 24

82. |Guttenberg n.| + 42 | — 7 | 12,3 | 10,7

83. |Guttenberg .| + 41 | — 7 | 12,6 | 10,5 | 1834


Juillet 24

84.|près de Gut-| + 41 | — 8 | 14,4| 12,0| 1834


tenberg. Juillet 24

«85. | près de Go-| + 44 | — 9 | 8,8| 7,0| 1834


clenius. - Févr. 26
23E

sans interruption le long d'une suite de collines et, depuis leur


milieu, elle continue dans la plaine; à ses deux extrémités sont
des groupes de montagnes. La seconde n est dans son milieu
interrompue un instant (environ # lieue) par une petite mon
tagne; la troisième l'est aussi, mais plus longtemps, par la même
montagne. Après avoir reparu, elle traverse deux très-petits
cratères et se termine à un plus grand.
Ce n'est pas proprement une raînure, mais une réunion étroite de
6 très-petits cratères, qu'on ne peut, il est vrai, reconnoître
comme tels que par des circonstances très-favorables. La gran
deur des cratères paroît diminuer du Nord au Sud. Direction
9", en ligne droite.
Ce n'est proprement une raînure que dans sa partie Nord qui a
une direction de 8"; dans sa partie Sud, qui a une direction
de 9", elle est plus large et moins profonde, de sorte qu'elle
se perd dans la plaine sans laisser de traces. Deux vallées
semblables, mais plus courtes, qui présentent à peu près le même
aspect, s'étendent à l'ouest parallèlement à elle; les collines qui
les séparent n'ont jamais une hauteur considérable.
Elle s'étend depuis une colline, à travers un paysage plain, mais
clair, en ligne droite jusqu'à un cratère. Direction : 11". Diffi
cilement visible.
A l'est de la précédente. Presqu'en ligne droite; direction de
9". Elle prend sa direction vers le même cratère, mais ne
paroît pas l'atteindre. Le terrain est plain.
A l'est de la précédente et parallèle à elle. Elle coupe une par
tie de la mare foecunditatis semblable à un golfe et s'étend
d'une montagne à une autre.
Direction 9"; courbure à peine sensible. Elle s'étend depuis le
rempart de Goclenius à travers des pays plains et obscurs,
jusqu'à une colline claire. Près du milieu un dos de montagne
peu élevé s'avance vers la raînure qui s'élargit un peu à cet
endroit.
Les raînures (76) à (85) se trouvent toutes sur un espace
qui renferme environ 2000 lieues carrées en forme de triangle et
contient en outre un grand nombre de suites de cratères, de
10
º34

Longi-| Lati Longueur |Jour de la Premier


Dénomination. l tude | tude reelle | optique décou observa
sélénographique. Lieues. Verte. teur.

86. près d'Alba- | + 6°|— 10° 20,0|20,0| 1835


tegnius. Janv. 8

Parrot a. + 4 | — 16 10,3 | 10,0| 1835


Juin 8

Alphons ô. 0 | — 15 16,5 | 16,0

89. Abulfeda p. | + 14 | — 15 20,4 | 19,2 1834


Janv. 29
25

chaînes de collines, de vallées basses, etc.; toutes ont à peu


près la même direction indiquée plus haut. Elles sont sans
exception très-délicates et ne sont visibles que dans des cir
constances favorables : lorsque ces circonstances ont lieu, ce
paysage déroule une richesse vraiment étonnante de formes les
plus diverses, dont la délicatesse et la précision rendent cet
aspect des plus charmants. Nous ne les connoissions que très
peu, quoique les ayant déjà observées plusieurs fois, lorsque le
24 Juillet 1834 elles se présentèrent à nous dans toute leur
magnificence.
Vallée semblable aux raînures avec plusieurs courbures; large
d'environ 1500'; elle s'étend dans toute sa longueur entre des
montagnes élevées. Cependant ses courbures sont faibles et s'é-
cartent peu de 11". L'extrémité Sud s'ouvre en une plaine ;
l'extrémité Nord se jette dans une montagne circulaire pro
fonde.
Très-ressemblante à la précédente. Son extrémité Nord aboutit
à la plaine de Parrot; son extrémité Sud continue encore 3 lieues
par une suite étroitement liée de 3 cratères; puis arrive une
petite cîme de montagne et enfin s'ouvre une plaine. Direc
tion 11". Elle reçoit dans son cours une petite branche qui
vient du Nord-ouest.
Elle se rapproche de (86) et (87), seulement les montagnes environ
nantes sont moins hautes et la raînure est un peu plus étroite.
Direction : 11".
Cette raînure particulière ou cette chaîne de cratères commence
à une cîme de montagne haute d'environ 1500', dans la partie
orientale du rempart d'Abulféda. D'abord 2 cratères étroite
ment liés, puis 5 autres unis par de petites parties de la raî
mure, dont le dernier est extrêmement clair et a un rempart
élevé. Puis la raînure s'étend 6 lieues plus loin assez uni
forme; après cela vient un 8° cratère, suivi immédiatement d'un
9", le plus grand de tous. Les 5 premiers peuvent encore être
regardés comme appartenant au rempart extérieur d'Abulfeda;
le dernier à celui d'Almanon. Le tout a une direction de 9"
en ligne droite.
10 *
26

Longi-| Lati- |Longueur |Jour de lal Premier


JM3|Dénomination. | tude | tude | reeue optique| décou- | observa
sélénographique. Lieues. . Verte. teur.

90.|Piccolomini s. | + 28°| —27°|28,021,8| 1834


Juillet 11

91.|Piccolomini .. | + 28 | -28 | 6,6 | 5,0| 1834


Juillet 11

92.| Petavius ô. | + 58 | —25 | 10,5 | 9,4 | 1834


Févr. 25

Nous n'avons cité que quelques unes des formes douteuses


et des formes de transitions pour servir en quelque sorte d'ex
emples; si nous avions suivi une marche opposée, le nombre en
auroit été, il est vrai, considérablement augmenté, mais par là le
caractère des raînures proprement dites auroit été trop obscurci.
Au reste nous ne doutons pas du tout que les dernières ne soient
beaucoup plus nombreuses que les découvertes faites jusqu'àpré
sent ne le font supposer. On voit par l'exposé précédent que le
nombre de celles qui étoient déjà connues avant notre travail, ne
s'élève pas à 20, de sorte que nous en avons découvert avec un
télescope de moyenne grandeur, au delà de 70 nouvelles, dans
un espace de 6 à 7 ans, dont nous n'avons pu employer que la
99

Dans la partie occidentale entre de hautes montagnes, entourée


en même temps de plusieurs cratères, mais ne paroissant unie
à aucun d'eux. Dans la partie orientale elle s'étend à travers
un pays plat; elle devient toujours plus étroite et se perd
enfin sans laisser de traces. Direction de 8º en ligne droite.
Elle reste éloignée d'environ 4 lieues du pied du haut rempart
de Piccolomini; si on la prolongeoit, elle l'atteindroit à angle
droite.
Elle vient depuis le Sud se jeter dans la précédente sous un
angle de 40°. Du côté de l'ouest il y a de hautes montagnes;
à l'est le pays est plus plat. Direction de 11" un peu courbée.
Elle commence à peu de distance de la montagne centrale de
Petavius et s'étend avec une largeur inégale — probablement
aussi avec une profondeur inégale — à travers les plaines in
térieures bosselées de Petavius. De chaque côté s'étendent des
collines; elle a un éclat brillant et sa direction est de 2". En
viron à une lieue du pied du rempart elle cesse entièrement
ou devient imperceptible. — Une fois même nous l'avons aper
çue dans la pleine lune, où l'on ne peut rien distinguer de
Petavius, sous la forme d'une ligne claire et très-délicate.

plus faible partie (surtout dans les années 1832 à 1834) à des
recherches aussi délicates. Peut-être ne s'écoulera-t-il pas dix
années, que le nombre actuel des raînures sera aux raînures con
nues alors à peu près dans le même rapport dans lequel les
étoiles doubles trouvées par Herschell père sont à la liste actuelle
qu'en ont donnée Struve et John Herschell. Mais déjà mainte
nant on peut en tirer avec certitude ou du moins avec un haut
degré de probabilité, des conséquences importantes. Des raînures
plusieurs fois ou fortement courbées sont extrêmement rares; les
plus nombreuses sont celles qui sont tout-à-fait en ligne droite,
et elles suivent le plus souvent (comme aussi les montagnes) les
directions qui tombent entre 8" et 11". Il pourroit bien y avoir
98

une raison optique pour laquelle la direction du méridien se trouve


encore assez souvent, tandis que la direction de 6" ne se présente pres
que pas du tout : la plûpart des raînures ne se font reconnoître qu'à
leur ombre, et une raînure qui auroit exactement la direction de
l'équateur, ne pourroit point présenter d'ombre qui nous fût visible.
Cependant une semblable raison ne peut pas suffire lorsqu'on nous
demande pourquoi les directions de 8-11" reviennent plus sou
vent que celles de 1—4", ce qui est évidemment le cas, car des
dernières on n'en trouve qu'environ 30, tandis que des premières
il y en a plus de 50. Comme on peut dire en général à peu près
la même chose sur les directions de toutes les autres formations
lunaires et que ces directions se montrent presqu'exclusivement
surtout dans quelques contrées, que dans la plûpart des autres elles
prédominent et qu'aucune n'en est privée, on peut déjà de cette
seule circonstance, abstraction faite de beaucoup d'autres raisons
importantes, tirer la conclusion que la même force générale de la
nature a agi sur la formation des chaînes de montagnes, comme sur
celle des raînures. Mais il est encore plus remarquable que cette
direction soit aussi celle qui prédomine sur le globe terrestre. On
n'a qu'à considérer les montagnes principales des continents, pour
suivre le cours des vallées renfermant des rivières, et la direction
des lacs du nord de l'Europe et de l'Asie, ou celle des chaînes
d'iles de la Polynésie, — on verra souvent que cette direction est
presque la seule régnante et que dans la plûpart des cas c'est elle
qui prédomine. Ce seroit sans doute trop hasardé et trop préci
pité que de vouloir tirer une conclusion plus décisive de cet ac
cord si étonnant de ces deux globes (les seuls sur lesquels nous ayons
une connoissance aussi étendue): mais ce n'est pas précipité que
de rendre attentif là-dessus et d'engager aussi bien les Géogra
phes que les Sélénographes à ne pas le perdre de vue dans leurs
recherches, car dans les âges futurs, cette remarque fournira peut
être une donnée essentielle pour une histoire céleste, — s'il est
permis d'appliquer ce mot que Lalande a choisi pour ses obser
vations, à une exposition des événements qui ont eu lieu dans
l'Univers.
—- -
Paysage lunaire de Schroeter.
Le petit paysage lunaire que nous représentons ici, forme une
partie du pays de collines qui, sur notre Mappa Selenographica,
s'étend depuis la montagne circulaire assez ouverte de Schroeter
du côté du Nord et du Nord-est jusque vers le haut pays des
Apennins et du Sinus Aestuum. Quoique cette région se trou
vant près du centre, ne se raccourcit point pour notre rayon
visuel, cependant sa réprésentation fidèle dans un tracé offre des
difficultés extraordinaires, non seulement à cause de la petitesse
et du peu d'élévation des nombreuses chaînes de collines qui y
sont entassées, mais aussi à cause de la couleur gris-foncée qui
caractèrise cette région et qui la fait apparoître plus sombre même
que le Sinus Aestuum qui l'avoisine.
C'est dans cette région qu'en 1821 Mr. le professeur de
Gruithuysen, à Munich, avoit découvert une série de remparts
parallels, coupées par d'autres remparts transversals, qu'il prit
pour un produit d'architecture des habitants de la lune, pour une
construction dans le genre d'une fortification. Dans la privation
complette où l'on étoit alors d'une carte lunaire qui pût être de
quelque utilité, aussitôt qu'il étoit question d'entrer dans un détail
particulier, il fut difficile de constater cette découverte qui fit tant
de bruit, d'autant plus que Mr. de Gruithuysen remarqua plus tard
que ce ,retranchement* étoit souvent ,couvert par l'atmosphère
de la luneº, c'est-à-dire qu'il ne le vit plus du tout et qu'il le
retrouva une autre fois tout-à-fait changé et méconnoissable.
80

Cette région est représentée sur les Cartes de Lohrmann


Sect. I.; mais on n'y trouve rien qui soit le moins du monde
semblable à un retranchement, et le savant auteur remarque qu'avec
la meilleure volonté possible, il est tout-à-fait incapable de se
servir dans son travail des fameuses découvertes de Gruithuysen,
,,vu qu'il n'en a donné aucun bon dessin, en liaison avec des con
trées déjà connues.º
Cependant Mr. de Gruithuysen avoit placé ces retranche
ments à 8° longit. orientale et 6° lat. Nord, et l'on pouvoit suppo
ser qu'il a eu en vue la région qui sur la Mappa Selenographica
est représentée entre le cratère de Schroeter a (4° 45 lat. Nord,
et 7° 30 long. orientale) et la montagne grise T (6° 40 lat. Nord
et 7° 25 long. orientale), et sur laquelle nous avons remarqué dans
notre Sélenographie que, malgré les plus grands soins, nous n'avons
jamais été à même de découvrir quoique ce soit de semblable à
une fortification ou d'autres constructions d'art.
Mais au moyen du grand télescope de l'observatoire royal,
nous espérions sinon d'apercevoir les fortifications de nos voisins,
du moins d'apprendre à connoître davantage cette région remar
quable au plus haut degré. Après avoir attendu longtemps en
vain, nous eûmes enfin, les 2 et 3 Mai 1838, l'occasion de dessiner
et de mesurer ce paysage en question, dans un moment où il étoit
favorablement éclairé, comme nous l'avons représenté ici. Pour
l'éloignement des points a et T qui sont à peu près sous le même
méridien, nous trouvâmes 12# lieues. Pour la montagne T, la
plus haute de cette région, des mesures prises le 6 Avril 1835 à
7" 31' avoient donné une hauteur de 390 toises; aucune des au
tres ne permet de prendre sur elle des déterminations exactes de
la hauteur; on peut cependant facilement se convaincre que les
plus élevées d'entr'elles n'atteignent qu'environ la moitie de la
hauteur de T, ou tout au plus 200 toises.
On aperçoit distinctement deux directions principales des
dos de montagnes qui parcourent cette région : l'une, celle du
méridien, et l'autre qui la partage du Nord à l'est sous un angle
de 50°. Depuis a vers T, dans la première direction, s'étendent
deux chaînes basses, mais parfois escarpées, avec plusieurs sommités
S1

isolées; à,la seconde direction appartiennent entr'autes 4 branches


transversales, qui joignent ensemble les chaînes du méridien et qui
forment, avec celles qui s'unissent immédiatement à a et T, 5 vallées
ovales longitudinales, chacune d'environ 3# lieues de longueur et
1# de largeur, qui sont marquées ici par les lettres b, d, e, f, g.
La hauteur presque tout-à-fait égale des remparts latéraux et de
ceux qui les coupent transversalement, si l'on veut les nommer
ainsi, de même que la ressemblance de forme et de grandeur de
ces 5 vallées, leur donnent une apparence de régularité qui est
encore augmentée lorsque les ombres qui arrivent depuis l'ouest,
les recouvrent entièrement ou en grande partie. Alors on ne peut
pas poursuivre les contours du pied de ces montagnes, comme on
les voit ici, il n'y a que les dos eux-mêmes et leurs sommités
d'ailleurs peu considérables qui s'élèvent au dessus de l'obscurité
et se présentent presque en ligne droite, avec une largeur à peu
près égale partout.
Il est à peine nécessaire de fournir une preuve que nous
n'avons ici à faire qu'à des formations naturelles. En général il
n'est pas du tout rare de trouver sur la lune des formations en
ligne droite et parallèles. On n'a qu'à considérer le paysage
d'Aristote, lorsque, à l'accroissement de la lune, la limite de la
lumière dépasse d'environ 5° à l'est cette montagne circulaire, et
l'on verra du côté de l'est une dixaine de chaînes parallèles et
en ligne droite, composées entièrement de petites collines. On
n'a qu'à considérer ensuite la formation presque quarrée et sem
blable à une muraille près de Fontenelle, les raînures qui s'éten .
dent l'une à côté de l'autre près de Capella et sur la mare humo
rum, les deux bandes lumineuses semblables à des comètes à l'est
de Messier, la grande vallée transversale des Alpes et plusieurs
autres régions, on n'a qu'à les considérer par un air tranquille et
serein et sous un angle d'incidence favorable, pour se convaincre
que la région que nous présentons ici, n'est rien moins que la
seule qui ait cette forme remarquable. Rappelons-nous en outre
que les constructions même les plus colossales de la terre, com
parées à ces chaînes de collines, doivent s'effacer entièrement. La
plus grande ville de la terre pourroit toujours trouver place dans
11
S2

une des vallées que forment ces montagnes, et nos plus gigantes
ques édifices seroient recouverts par l'ombre de la plus basse de
ces hauteurs.
C'est à la montagne T que se terminent, comme nous l'avons
déjà dit, les deux chaînes qui ont la direction du méridien. Une
troisième chaîne qui se dirige à l'est, se réunit auparavant à la
seconde et forme avec elle une vallée ovale, mais dont les ondu
lations sont plus douces que les précédentes. Plus au Nord les
sommités cessent presqu'entièrement d'être unies l'une à l'autre et
les vallées s'élargissent pour former de petites plaines. Cependant
ici encore se présentent des formations parallèles, seulement sur
une échelle plus petite et à cause de cela très-difficiles à recon
noître. On ne peut distinguer que très-rarement même avec le
meilleur télescope, les 5 élévations près de ... Les petites massifs
de montagnes près de 9 et le cratère C sont les seuls points qu'il
soit facile de distinguer, et, lorsque la lumière est assez con
sidérable, on peut aussi apercevoir distinctement le large versant
du côté du Sinus Aestuum, élevé d'environ 250 toises au dessus
de ce dernier. Du reste nous n'en avons dessiné ici qu'une partie;
sa longueur totale, depuis C, passant par e, du côté du Nord
ouest, est d'environ 60 lieues.
Outre C et a qui sont les plus grands, on trouve encore
ici 6 cratères moins considérables, dont le plus petit, à l'ouest de
a, a cependant encore un diamètre intérieur d'au moins 600 toises.
Environs du pôle boréal
dle la luIn e,

(Voyez la Carte; table I, 1.)

Ii est très-rare qu'on ait l'occasion d'observer dans une position


favorable et de représenter par un tracé un paysage situé près
du bord moyen de la lune ou s'étendant au delà de ce bord. En
outre on ne pourra jamais arriver à connoître sa structure natu
relle avec autant d'exactitude que cela est possible pour les ré
gions plus distinctes et plus souvent visibles; malgré cela il est
important sous plus d'un rapport de faire sur lui les recherches
les plus exactes possibles, surtout pour ce qui concerne les ré
gions polaires.
On sait que nous ne voyons proprement jamais une véri
table pleine lune. Lorsqu'au temps de son opposition avec le
soleil, la lune n'a pas de latitude ou n'en a qu'une trop faible
alors il y a une éclipse; dans tous les autres cas la phase s'opère
de l'est à l'ouest tantôt du côté du Word tantôt du côté du Sud,
suivant que la latitude de la lune est australe ou boréale, et
lorsque dans la pleine lune il y a une latitude considérable, il
suffit d'avoir un chercheur pour reconnoître clairement la phase.
Lorsque les instruments grossissent assez les objets, on peut par
faitement distinguer l'ombre des montagnes, les enfoncements en
- 11 *
S4

core plongés dans la nuit, etc. et c'est alors le moment le plus


favorable pour dessiner en détail les paysages des pôles de
la lune.
Le 17 Septembre 1834 la pleine lune eut lieu à 12" 11'
en temps moyen de Berlin, après avoir passé par le mé
ridien à 12" 2', sous une latitude australe de —4° 59'. Nous ne
pûmes pas laisser passer sans en tirer profit une semblable ré
union de circonstances favorables, auxquelles se joignit encore
une nuit sereine et paisible telle que notre climat n'en présente
souvent pas une seule pendant des années entières. Depuis
84 à 13 heures nous avons mesuré et dessiné dans ses contours
généraux le paysage dont nous donnons ici la représentation; le
18 et pendant quelques nuits suivantes notre travail fut continué,
et à la pleine lune suivante, qui arriva avec des circonstances
aussi favorables, les 14, 15 et 16 Octobre nous pûmes le ter
miner au point que dans les années suivantes nous n'eûmes plus
à y ajouter que quelques petits détails isolés. Dans les trois
dernières nuits que nous venons d'indiquer, nous avons aussi es
sayé de prendre des mesures exactes de coordonnées pour divers
points et nous en avons déterminé cinq dans leur longitude et
leur latitude, dont nous parlerons plus bas; quatre d'entr'eux ap
partiennent à l'hémisphère invisible. De même les 17 et 19 Sep
tembre nous avons pris quelques mesures des montagnes au
moyen de l'ombre qu'elles projetoient au Nord et à l'ouest-nord
ouest (qui étoit assez distincte pour permettre une détermination
au micromètre). L'échelle du dessin que nous donnons ici est
14 de celle de la Mappa Selenographica et par conséquent s'ap
plique à un demi-diamètre de la lune de 24 pieds de Paris; la
projection est orthographique, comme dans la Mappa Seleno
graphica, mais elle a été réduite au centre apparent du 18 Sep
tembre à minuit. Nous avons marqué le lieu du pôle, et, pour
faciliter la comparaison avec la carte générale, nous avons en
core indiqué, outre les montagnes circulaires d'Euctémon, Gioja
et Scoresby, le lieu de trois autres, Anaxagoras, Philolaüs et
Anaximènes.
Indiquons d'abord les mesures que nous avons prises :
S5

1834. Octobre 14. 8" 15 Temps moyen. -

Euctémon e est exactement au bord et éloigné de 9",166


en AR du point le plus occidental de la lune; les autres points
sont mis en rapport à lui.
AR. Decl. .
Euctémon ô. 1",229 O. 0º,722 N.
Gioja y. , 2 ,907 - 1 ,549 -
Anaxagoras . 4 ,327 - 2 074 -
1834. Octobre 15. 8" 31,0 T. M.
Euctémon e au bord. Eloignement en AR du point le
plus occidental du bord lunaire = 9",190. Les autres comme
plus haut:
AR. Decl.
Euctémon ô. 1",119 O. 0",646 N.
Gioja ;. 2 888 - 1 ,505 -
Anaxagoras t. 4 ,298 - 2 ,016 -
Gioja a. 3 ,329 - 1 ,463 -
1834. Octobre 16. 10" 50,0 T. M. Euctémon e encore si rapproché
du bord qu'on n'en peut reconnoître qu'une faible trace; distance
du bord occid. = 9,578. Les autres points :
AR. Decl.
Euctémon ô. 1º,124 O. 0º,612 N.
Gioja a. 3 ,177 - 1 ,372 -
pour ces temps on trouve : º

Oct. 14. 15. 16.

AR apparente ) 352°54 2" 3°50'16" 15° 21'48"


Déclinaison apparente ) —9 26 40 —4 40 45 +0 42 8
Parallaxe 54 13 ,7 54 2 ,4 53 56,0
Longitude moyenne
de la lune 346 15 0 359 12 4 13 39 8
{5 260 28 3 -- 260 24 56 260 21 3
Nous avons adopté comme constantes générales :
Inclinaison de l'équateur lunaire = i = 1°28 47"
Obliquité de l'écliptique . . . . . = e = 23 27 41
log. e cos p . . . . . = 9.78517
log e sin p . . . . . = 9.89761
86

De là on obtient les constantes de la libration :


Oct. 14. 15. 16.
C = — 23° 25 49" — 23° 11’32" — 22° 0'41"
,l + 3 20 28 + 2 14 13 + 0 45 28
b' + 7 19 56 + 7 12 56 + 6 45 26.
Pour le 18 Septembre, à 12* 10,5 T. M., moment auquel
le dessin est réduit, ces valeurs se trouvent :
C = — 22° 57" 44"
l + 0 50 45
b + 6 58 0
Pour les points mesurés ci-dessus nous avons obtenu les
longitudes et latitudes sélénographiques suivantes :
2. 8.
Euctémon e. Oct. 14. + 127°54 54" + 77°38 1"
15. 127 27 22 78 2 31
16. 124 29 28 78 23 45
Moyenne ... + 126°37 35" + 78° 1'46".
Euctémon ô. Oct. 14. + 110 8 31 83 57 24
15. 125 33 40 82 44 25
16. 120 19 58 83 7 37
Moyenne ... + 118° 0 40" + 83° 16 27".
Gioja y. Oct. 14. + 175 47 18 + 86 40 45
15. 173 45 49 86 48 20
Moyenne ... + 174°46 33" + 86°44 33".
Anaxagoras i. Oct. 14. — 110 26 15 + 85 50 47
15. 106 2 56 84 57 14
Moyenne ... — 108° 14 35" + 85°24 0".
Gioja a. Oct. 15. — 6° 6 36" + 87 48 22
16. 7 57 42 + 88 21 0
Moyenne ... — 7° 2 9" + 88° 4 41".
Pour plus de détails sur la méthode du calcul et la signi
fication des données appliquées ici, voyez $. 22. de la Sélé
nographie.
Lorsqu'on se représente les racourcissements optiques con
sidérables que ces régions extrêmes de la lune éprouvent et com
S7

bien un degré de longitude est petit dans la proximité du pôle,


on ne trouvera certainement pas trop grandes les différences qui
se présentent ici.
Les mesures détaillées prises sur l'ombre à l'aide de la dé
termination des montagnes, sont les suivantes :
Longueur Distance de la limite
1834. de l'ombre. de la lumière.
Gioja a. Sept. 17. 11" 56'... 0",0404 0º,2425
Gioja ô. Sept. 17. 12 2 ... 0 ,041 0 ,184
Anaxagoras º. Sept. 19. 12 17 ... 0 ,132 1 , 100
Gioja a. - - 12 21 ... 0 ,183 , 0 ,908
Euctémon y. - - 12 25 . .. 0 ,084 1 ,688
Euctémon 8. - - 12 29 ... 0 ,112 1 ,656
d'où résulte, d'après la méthode de calcul développée dans le
$. 66. de la Sélénographie :
Gioja a. Sept. 17. 1515 -
moyenne 1475'. Hauteur au
19. 1434 dessus du pied boréal.
Gioja ô. Sept. 17. 1292" - - -

Anaxagoras 0. - 19. 1085 au dessus du pied ON O.


Euctémon y. - 19. 1325 - - -

Euctémon 3. — 19. 1750 - - -

Ces observations hypsométriques et leurs résultats se trou


vent déjà dans notre Sélénographie $. 67. JM3 360—365, mais il
n'y a pas la détermination exacte des points, car ils ne pouvoient
pas être rapportés avec certitude à la carte générale; c'est pour
quoi nous l'avons répété et complété ici. Nous n'aurons que très
rarement l'occasion de la renouveler.
La couleur (dégré de clarté) n'a pas été donnée dans le
dessin, vu que dans ces régions elle ne présente que de très
faibles nuances qu'il seroit bien difficile de distinguer. Dans les
pleines lunes où le bord boréal ne présente pas de phase, on ne
peut rien voir au delà du pôle, et tout ce que nous avons repré
senté au deça, ne se montre que sous les raccourcissements de
la Mappa Selenographica, et même dans de plus défavorables en
core. Bien en dehors de l'opposition, la différence des couleurs
est en général si peu prononcée et les ombres prennent une telle
SS

extension qu'on ne peut presque plus apercevoir dans ces régions


que quelques îles lumineuses, au milieu de l'obscurité. Depuis la
montagne circulaire rayonnante d'Anaxagoras partent quelques ban
des de lumière qui se dirigent vers le Nord et le Nord-est, et
dont l'une, passant par Gioja, va du côté du pôle, mais ne peut
jamais être suivie avec certitude jusqu'à ce point. D'autres s'éten
dent du côté de B, n et Z, mais se perdent bientôt dans le vague.
On peut admettre que la clarté est en moyenne de 4 à 5, c'est-à-
dire égale aux paysages montagneuses de la lune. Dans les régions
arctiques il ne se présente plus de plaines ou de montagnes circu
laires qui aient une couleur grise ou en général foncée.
Les lettres qui se trouvent, sont disposées de manière
que tous les objets qui se présentent déjà dans la Mappa Sele
nographica sont désignés ici par les mêmes lettres que là; en outre
nous en avons employé d'autres pour de nouveaux objets. —
Scoresby est une montagne très-distincte, mais souvent tellement
raccourcie par la perspective, que ses axes optiques sont dans le
rapport de 1 : 10, tandis qu'ils apparoissent ici dans le rapport de
36 à 100. Dans cette position favorable on distingue sur son
élévation ordinairement assez monotone, 3 coupes au Sud et 4 au
Nord, une série de larges terrasses à l'ouest, une double montagne
centrale avec une colline adjacente difficile à voir, à ses côtés, et
un cratère dans l'intérieur, de même que deux autres très-petits
à l'extérieur à son pied oriental. Les deux montagnes circulaires
b et c moins élevées, mais dont l'enceinte dépasse celle de Sco
resby, présentent aussi des membres assez variés, mais dont ordi
nairement on ne peut rien distinguer du reste : il en est de même
pour Gioja qui sur la carte générale au 84° lat. se trouve raccourci
dans le rapport de 1 : 10, et qui dans cette libration extrême est
au moins le double plus ouvert et permet de distinguer en lui une
foule de détails. La hauteur de son dôme sera environ de 8 à
900 toises; la montagne centrale au contraire est à la limite ex
trême de la visibilité.
Une chaîne semblable s'étend depuis Gioja, d'abord au
Nord-ouest puis au Nord, jusqu'au sommet ô sous 87° lat., qui,
d'après les calculs précédents, est élevé de 1292 toises au dessus
S9

de son pied ouest-nord-ouest. La suite de sommités entre Gioja


et ô ne parait présenter des élévations beaucoup moins considé
rables au dessus de la plaine qui s'étend à l'est. Au sommet ô
la montagne se divise en 3 branches, dont les deux plus consi
dérables montrent distinctement comme leurs plus hauts points les
cîmes a et 8. Sur la chaîne a de l'hémisphère tourné du côté
de la terre, on distingue avec certitude 5 petits cratères formés
sur le dos même de la montagne; cette chaîne se divise et se perd
du côté de l'est en plusieurs petites collines isolées. Sur la chaîne
appartenant à l'hémisphère opposé on ne peut apercevoir aucun
cratère; mais l'autre chaîne n'en présente pas non plus lorsqu'on
la regarde dans la libration moyenne. Il est aussi très-vraisem
blable qu'il en existe dans la seconde chaîne, car les courbures et
les enfoncements des dômes isolés portent entièrement à le sup
poser. C'est ici, au pied de la montagne 8, entre cette montagne
et une suite de petites collines qui s'étendent entre 89° et 894°
lat., qu'est situé le pôle boréal de la lume, couvert d'un crépus
cule continuel. L'arrivée du jour parfait y est empêchée, selon
toute apparence, par les hautes chaînes de montagnes qui l'avoi
sinent, dont l'une a s'élève, comme nous l'avons vu ci-dessus, à une
hauteur de 1475 toises; mais il peut encore moins avoir une nuit,
car les sommités de la chaîne dont nous avons parlé jouissent de
la lumière continuelle du soleil (Sélénographie $. 21.) et le reflet
de ces hauteurs éclatantes doit répandre toujours un crépuscule
assez clair dans les vallées et les plaines environnantes.
La chaîne hyperboréenne de Gioja 8 s'étend, pendant un
espace considérable, à peu près sur le bord moyen de la lune du
côté du Sud-est, et ses sommités, pour la plûpart assez élevées,
forment presque continuellement une suite d'îles de lumière à l'ex
trémité de la corne de la lune. De toutes ses branches on ne
peut reconnoître que celles qui se trouvent dans l'hémisphère
citérieur. A Anaxagoras 9, sous 85° lat., elle s'élève encore à
1085 toises, mais plus loin elle se brise et forme des cratères et des
montagnes circulaires qui remplissent presque toute cette région (près
de Philolaüs g et h), quoique notre Mappa Selenographica en con
tienne très-peu. L'une d'entr'elles, i, appartient à l'hémisphère opposé.
12
Les groupes de montagnes situés près d'Anaxagoras A et B,
la chaîne circulaire irrégulière au Nord-est de ces groupes, dont
les sommités les plus élevées sont n et z, et la couronne de mon
tagnes qui s'étend du côté de Philolaüs, présentent un aspect
magnifique lorsqu'on les voit dans une position favorable. C'est
à eux que se terminent, du moins pour ce que nous pouvons en
voir, les bandes lumineuses d'Anaxagoras dont nous avons parlé
plus haut. Encore plus à l'est, vis-à-vis d'Anaximènes, se pré
sentent de grandes montagnes circulaires fort élevées, dont l'une
(qui n'est représentée ici qu'à moitié) appartient aux deux hémi
sphères et doit avoir des dimensions gigantesques,
La région qui s'étend depuis le pôle et passe par Gioja p,
peut être poursuivie jusqu'au sommet y, qui est situé à 22 lieues
du delà du bord moyen. La réunion dont nous avons parlé de
cette chaîne avec les montagnes voisines est sans doute entière
ment problématique, et ce qui apparoît ici situé immédiatement à
côté l'un de l'autre, peut en réalité être séparé par nne distance
de plusieurs lieues, car on ne peut guère apercevoir ici qu'une
chaîne de points lumineux, mais qui sont bien loin de changer de
forme et de grandeur avec autant de rapidité que dans d'autres
régions à la limite de la lumière, car il faut ici un jour terrestre
entier pour que la limite de la lumière s'avance de 5 lieues.
Cependant on ne peut méconnoître en général ici une grande
ressemblance avec d'autres paysages de la lune.
Dans la partie occidentale de cette région on aperçoit sur
tout bien Euctémon (qui apparoît ici beaucoup plus distinct que
sur la grande carte), dont la haute cîme p de 1750 toises forme
probablement le point le plus élevé de toute cette région polaire,
et tout autour de lui on distingue plusieurs petites formations de
montagnes circulaires. La grande chaîne d'Euctémon py, qui forme
la plus grande partie de son élévation, est parfaitement bien mar
quée; sa vaste ombre recouvre souvent la petite élévation boréale
d'Euctémon et lui ôte alors entièrement l'apparence d'une montagne
circulaire, tout comme, lorsque la lune croît, elle remplît au loin
les paysages situés à l'est, La sommité y s'élève à 1325 toises
et les autres cîmes de cette chaîne ne paroissent pas lui céder en
91

hauteur. - En outre on distingue parfaitement bien dans ce pay


sage la montagne circulaire d'Euctémon d, dont la crète australe
qui s'étend au loin, s'élève au dessus de toutes les autres; à sa
limite occidentale et séparée de cette crète par un petit cratère
à-pic, s'élève une autre montagne circulaire plus irrégulière et
très-escarpée, avec un cratère central qui n'est visible que dans
les circonstances les plus favorables : puis on distingue le double
cratère Euctémon c extrêmement brillant, et la montagne circulaire
adossée à Euctémon, dont les deux cratères a et b forment les
extrémités. , Depuis b s'étend une grande montagne avec des som
mités élevées et arondies, qui prend sa direction vers l'ouest du
côté du bord moyen de la lune; au delà de cette montagne on
distingue parfaitement, lorsque toutes les circonstances favorables
se réunissent, une grande et magnifique montagne circulaire entière
ment fermée. Tout ce que nous représentons ici, nous l'avons dessiné
pendant la pleine lune le 17 Septembre 1834; les petites élévations
qu'on peut à peine représenter dans un dessin et qui sont situées
au pied de cette montagne dans l'hémisphère invisible, nous les
avons ajoutées plus tard, le 14 Octobre 1834. e se présente ordi
nairement comme un simple enfoncement du profil du bord, lors
que toutefois il est visible; et la sommité Euctémon ô paroit en
être une élévation.
On peut ainsi compter les montagnes des régions arctiques au
nombre des hauteurs moyennes du globe lunaire : des élévations de
1500 ou, comme Euctémon 8 au 77° lat., de 1750', se trouvent
dans le Taurus, l'Altaï, les Carpathes etc. de la lune; elles sont
dépassées par les hauteurs du Sinus Iridum, celles du bord oriental
de la Mare Crisium, les Apennins, le Caucase et quelques autres
chaînes de montagnes, ainsi que par plusieurs formations de la lune
appartenant aux montagnes circulaires; celles toutefois qui les dé
passent le plus sont les hautes montagnes du pôle austral. Là
sont entassées des sommités qui dépassent de plus du double celles
que nous avons citées ici: c'est delà aussi que vient la remarque
faite dès longtemps; que la corne boréale présente beaucoup moins
d'ondulations et d'inégalités que la corne australe. Sans doute ce
seroit trop précipité que d'en conclure directement à une hauteur
12 *
92

en général plus considérable des montagnes de l'hémisphère austral,


comme on l'a fait autrefois, en mettant en outre ce fait en liaison
avec d'autres faits analogues, mais encore plus mal constatés, qui
se trouvent sur la Terre, Mercure et Vénus. Jusqu'à présent
nous connaissons les hauteurs des montagnes de tous les corps de
l'Univers, sans en excepter notre propre terre, avec trop peu de
détail et d'exactitude pour que des conclusions de cette nature
puissent être justifiées. ' i !

Ainsi donc aussi loin que nos recherches peuvent atteindre,


nous voyons partout le même caractère essentiel et rien ne nous
autorise à admettre sur l'hémisphère invisible de la lune une na
ture différente de celle de l'hémisphère que nous apercevons. On
ne trouve pas davantage non plus dans les régions polaires de la
glace ou de la neige ou en général une teinte essentiellement dif
férente des autres régions du bord. Les plaines grises ne s'y pré
sentent plus du tout: elles cessent entièrement à 70° lat. Nord et
ordinairement même beaucoup plus tôt, sur l'hémisphère austral de
la lune leurs dernières traces se montrent déjà à 60° lat. On ne
trouve pas non plus ici de raînures; cela ne vient probablement
que de la difficulté qu'on auroit de les reconnoître, car déjà le
petit nombre de celles que donne notre carte au delà du 60° lat.
Nord, Chr. Mayer p et Timäüs n, sont très rarement visibles, et
pourtant elles ne sont probablement pas plus petites ni plus faibles
que les raînures des Mare humorum et Mare Tranquillitatis. — La
lune est jusqu'àprésent le seul corps céleste dont nous connoissions
un peu exactement les régions polaires sous le rapport physique,
quoiqu'elles ne puissent jamais nous présenter autant de détails
que n'en offrent nos pôles terrestres aux habitants de la lune : car
pendant que la lune peut s'élever à 28° au dessus de l'horizon du
pôle terrestre, la terre vue du pôle lunaire ne s'élève que tout
au plus à 7 degrés et n'est toujours aperçue que du même côté
du Ciel; le soleil de son côté ne se présente qu'à une hauteur
de 14 degré. - - - - - -
S a t u r In e,

- Cette planète est le corps central du plus riche de tous les


systèmes partiels que nous connaissons, mais son éloignement con
sidérable présente de grands obstacles à toute recherche appro
fondie. Cependant, après les découvertes des astronomes mo
dernes et surtout de Bessel, nous pouvons espérer d'apprendre
à la connoître un jour aussi exactement que le système de Jupiter,
ce qui doit exciter un intérêt d'autant plus grand, que la loi
Newtonienne trouve ici une application tout-à-fait particulière.
Les attractions produites par un système de corps annulaires ne
peuvent être étudiées que dans le système de Saturne. Les con
ditions d'équilibre de ce système d'anneaux, que la théorie ne
peut nous représenter que d'une manière générale, arriveront cer
tainement un jour à un degré de clarté beaucoup plus parfait,
par des observations plus exactes. Et lors même qu'on ne pour
rait pas arriver à déduire de ces observations les masses et les
diamètres des satellites, cependant une recherche plus exacte sur
leurs orbites, d'après la méthode que Bessel a suivie pour nous
faire connoître l'orbite du plus ancien de ces corps, nous fera
trouver un maximum de ces masses. Les résultats de nos faibles
travaux ne peuvent sans doute pas rivaliser avec ceux que nous
venons de mentionner et auxquels se sont ajoutées dernièrement
les recherches de Lamont. Le télescope que nous avons em
ployé, ne nous a permis de voir à la fois que les cinq satellites
anciens de Cassini, encore ce n'a été que très-rarement le cas,
94

et jamais la moindre trace des deux satellites les plus intérieurs,


découverts par Herschell. Cela ne doit pas étonner, puisqu'un
cas semblable s'est présenté avec des verres considérablement plus
grands et plus forts, et que ce n'est que dernièrement que Lamont,
Herschell fils et de Vico ont réussi à retrouver ces corps si
peu lumineux. Cependant, comme on ne possédait jusqu'alors que
les premières observations d'Herschell père, que lui-même n'avoit
calculées que d'une manière peu exacte, et que même à plusieurs
reprises on a douté si les points lumineux qu'a vus Herschell,
étoient de vrais satellites de Saturne, et n'étoient pas plutôt de
petites étoiles fixes ou une illusion d'optique, nous n'avons pas
cru superflu de soumettre ses anciennes observations à un calcul
plus exact avec les secours actuels : par là, en cas de réussite,
non seulement nous aurons détruit ces doutes, mais encore nous
aurons déterminé d'une manière plus rapprochée de la vérité les
éléments de ces orbites les plus rapides de tous ceux que nous
connaissons. Notre espérance était d'autant plus fondée que l'é-
loignement et le temps de révolution du satellite de Huyghens
que nous connaissons si exactement par Bessel, permettent d'ap
pliquer sûrement la proportion de Kepler aux autres satellites
et surtout à ceux d'Herschell.
Comme nous croyons qu'il peut encore être intéressant de
communiquer le détail de ces recherches, nous faisons précéder
d'abord un extrait des observations d'Herschell, renfermant tout
ce qu'elles présentent d'essentiel, telles qu'il les a communiquées
lui-même dans les Philos. Transact. for 1792. Ce sont des ap
préciations de la distance des satellites du bord de la planète ou
de l'extrémité de l'anneau projeté comme ligne, exprimées soit en
diamètres apparents de Saturne, soit en projections de la branche
annulaire, toutes prises dans la direction de la ligne annulaire
projetée. Quelquefois il se trouve aussi des remarques, comme
»a little northº et semblables, mais elles ne sont pas propres à
donner une base quelconque de calcul.
On ne peut pas déterminer d'entrée de quelle grandeur
Herschell a vu Saturne, ni de quelle grandeur il a vu la pro
jection de l'anneau; ses mesures de ces deux éléments sont prises
95

dans des circonstances tout-à-fait différentes et s'écartent, comme


on le sait, beaucoup des mesures nouvelles; et quoiqu'on puisse
se contenter d'introduire dans les calculs les distances appréciées
comme simplement relatives (car on peut dériver du temps de ré
volution la vraie distance moyenne en secondes, en prenant pour
base la masse de Saturne donnée par Bessel) il faudroit au moins
connoître le rapport entre une ,,projection of the armº et un
»diameter of Saturnº, si l'on veut réunir toutes les observations;
circonstance qui nous a obligé de répéter presqu'entièrement
le calcul.
Une digression occidentale (preceeding) est désignée par le
signe —; une digression orientale (following) par +; la »pro
jection of the armº par p; le ,diameter of Saturnº par d; nous
avons ajouté p à toutes les distances ,,from the edge", de sorte
qu'on doit entendre toutes les indications comme partant ,from
the bodyº; aux expressions ,,a little northº et ,a little southº
nous avons substitué les initiales N et S; enfin quand nous avons
trouvé les remarques »not full, a little more, perhaps more, a
little lessº et semblable, nous nous sommes permis de les rem
placer par une petite fraction, vu qu'Herschell ne donne ordi
nairement que des quarts, rarement des huitièmes de ses ,pro
jectionsº et de ses »diamètres".
Le temps est le temps sidéral de Slough. Dans le calcul
il a été changé en temps moyen, d'après ses données sur la marche
de la montre.
Time of |
1789. clock. 6º Satellite. | | 7ºh Satellite.
Juillet 18.| 19h 50 |— A new Satellite
º 27.| 20 24 |+ 1 p
Août 28.| 0 9 |— 1,8 p
1 1 24 |— 1,67 p |
1 49 |— 1,5 p - - | |
Sept. 8.| 22 30 |— 1,75 p
22 51 + 1,4 p
10.| 22 49 |+ 1,875 p - -

*. 23 4 |+ 2 p
96

Sept. 14. 21h 59' 12


22 23
23
0
45
42
1,
2 ##
1
1
24
29

16. 22
1 46
18
59
#
| 23
1 3
17. 19 52
20 38
21 0 1,5 p
22 55 + p s. - , 1,25 p
23 1 , 1,5 p
23 49

18.
0
1
22
58
46
4
:: :
2

1,4 p S.
21. 21 10
21 20
22 9
.22 39.
·,22 ·51

Oct.
#

12.
19
19
20
22
23
23
23
22
46
49
45
36
42
48
52
6
#2
:
p
1•*

, ,

+ 1,33 p ,
«

Isee him veryplainly X


+ 1,1 p
.

.
22 24 : 1 p
23 35
0 58 + 1 p • S. .
1 20 distance increased X !
92

Oct. 15. 20h 47" — 1 d " , " ..

21 34 — 1,75 p or 1 d !
22 125 |near in conj. with the
3º X
22 -39 |conjunction complete =
1,9 p
22 59 conj. is past X
_ 1 3 — 1 d'
1 39 — 0,9 d
16. 20 16 + 0,67 d .
20 23 + 0,5 p
20 36 + 1 p 1 own diam. from thel
body X
20 50 + 1 p near in contact X
21 11 + 0,75 p
21 15 still perceived
21 55 + 0,4 p gone X
22 5 advances to contact X
22 22 near the body X ,
22 25 in contact X -

22 41 still perceived X
22 44 not quite vanished
22 47 no longer visible X
1 29 suspect — 0,75 p
17. 21 30 + 1,5 p -

18. 20 40 emerging from the 3º X


21 25 1 ofits own diam.from
the body
21 35 2ofits own diam.from
the body
21 36 — 0,75 d
21 43 — 0,25 p
21 51 — 0,75 d — 0,25 d
21 56 — 0,625 d — 0,25 d
22 40 — 0,5 d
23 17 both approachingto conj. X
13
9S

Oct. 18. 23h 37" conj. is past X


0 12 — 1,25 ofits own diam.
0 20 — 0,56 d
0 36 — 1,42 p
0 59 — 0,81 d
1 21 — 0,875 d
20. 20 5 + 1,25 d
21 26 near in conj. with 1" X glimmering X
21 51 perfect conj. X
22 22 he appears again X
22 43 in the middle between 1º
and 2º X
5 — 0,75 d
37 — 0,875 d
8 — 0,75 d or 1,42 p
20 — 0,75 d
20 , — 0,625 d
58 + 1,5 p
5 + 0,75 d
29. 49 just following the 1" X
30. 55
44 — 1,75 p
55
— 0,875 d
42 – 1,125 d
31. 13 — 0,875 d
57 more than + 1 p
57 + 0,56 d
44 — 1,125 d
Nov.
, 17 – 1,06 d
13 . — 1 d
27 — 1,8 p
| 15 — 0,875 d
• 58 more than — 1 p
16 — 0,625 p N.
54 closely following 1" x
17 + 0,875 d
Nov. 4. 22h 23' — 0,375 d
23 48
21 28
22 0 — 0,875 d
22 39 — 0,875 d
23 12 perhaps a little nearer
20 46
21 16
22 0 — 075 d
22 2
23 40
10. 21 33
21 39 – 0,31 d
22 28
23 27
0 10
15. 22 33
22 39 between the 6º and
the edge X
16. 22 50 following the 1*ofless
than 1 diam. X
19. 55 + 0,875 d -

21. 54 — 1 p and a little more


21 + 0,75 d *)
27 — 1,5 d
26. 22 + 0,94 d
30 near in conj. with the
4º X
47 + 0,94 d
49 — 0,75 d
38 + 1,06 p
52 — 0,94 d
8 - 1,5 p
35 + 0,75 d

") Il faut nécessairement mettre - 0,75 d, si cela doit se rapporter à ce satellite.


13 *
100

Déc. 16.| 23" 59'|— 0,69 d


24.| 0 5 |— 1,125 d or 2,25 p -

0 7' — 0,67 p
Nous avons laissé de côté plusieurs observations données
dans des termes généraux et indéterminées, dont on ne peut tirer
aucune conclusion, même celles que nous avons citées ne peuvent
pas toutes, comme on le voit, être soumises immédiatement à un
calcul. Lorsqu'une fois les travaux de Bessel et de Lamont
sur les anciens satellites seront terminées, les conjonctions indi
quées pourront peut-être servir à la rectification de ces deux
satellites intérieurs. -

Il est clair que, vu la nature des matériaux que nous pos


sédons, on doit renoncer entièrement à déterminer l'inclinaison et
le noeud de ces satellites et l'on doit admettre que leurs orbites
sont contenus dans le plan de l'anneau. On obtiendrait peu de
succès en admettant une orbite elliptique; on doit d'abord intro
duire l'hypothèse du cercle et ensuite essayer, si la marche des
erreurs restantes conduit à une ellipse. Mais avant tout, on doit
déterminer le rapport p : d.
D'après les doubles données peu nombreuses et peu con
cordantes entr'elles des tableaux précédents, ainsi que d'après les
points qui paroissent renfermer une plus grande élongation et qui
sont exprimés tantôt par p, tantôt par d, nous avions d'abord
essayé de mettre p = 0,58 d, et avec cela, d'après la méthode
des moindres carrés, de déterminer la distance, l'époque et le tems
de révolution du sixième satellite. La comparaison de la valeur
ainsi obtenue avec les observations primitives montra qu'en moyenne
on devait poser p = 0,510 d, valeur avec laquelle les observations
furent réduites de nouveau et le calcul répété. |
Corrigeant par l'aberration les points de l'observation changés
en temps moyen et cherchant pour ce temps la longitude de Sa
turne d'après les tables de Bouvard, alors, si -

x désigne la distance apparente | . l - o


2' la longitude saturnicentrique du satellite pour 'le temps T
l la longitude de Saturne réduite au plan
de l'anneau
1O1

2 - la longitude du satellite pour l'époque t


a le demi-grand axe de l'orbite
m le mouvement moyen
on a, pour l'hypothèse du cercle
2 = 2 + m (T — t)
x = a sin ()' — l) et par conséquent
Ax = sin (2'—2) Aa + a cos (2'- l) A) + a cos (2 — l) (T — t) Am.
Considérant le peu d'exactitude des données, il parait su
perflu d'exécuter le calcul plus exactement qu'en minutes d'arc
et en millièmes du diamètre de Saturne, avec des logarithmes de
quatre chiffres.
Les observations marquées du signe X n'ont pas pu, par
les raisons précédentes, être calculées. Dans les observations du
16 Octobre, où Herschell vit les satellites disparaître derrière
le corps de Saturne, nous avons pris le moment,,not quite vanishedº
et ,still perceivedº pour ceux où le bord apparent de Saturne se
confondait avec le centre du satellite. Les observations du 17 Sep
tembre 1" 46 et 21 Novembre 0" 45 ne peuvent pas être jointes
aux autres et ne se rapportent probablement pas à ces satellites,
et celle du 25 Novembre 1" 21' ne peut avoir de valeur que lors
qu'au lieu de + 0,75 d on lit— 0,75 d.
Les équations de condition ainsi obtenues donnent, lorsqu'on
les résout d'après la méthode des moindres carrés, pour le 6°
satellite les éléments suivants :
* ! , Distance = 1,60396 d
Temps de révolution = 32" 53 2",728
| Epoque = 14 Septembre 12"4,8 temps moyen de Pa
, · ris*) pour 67° 56 25",5 de longitude saturnicen
- trique du satellite dans le plan de l'anneau.
Au temps de révolution que nous avons trouvé répond, lorsqu'on
applique la masse de Saturne qu'a donnée Bessel, une distance
saturnicentrique du satellite de 34",37998 pour la distance moyenne
de Saturne à la terre, et il résulte ainsi que, dans ces observa
tions, Herschell a vu le rayon de la planète sous un angle de
10",7174. Ses mesures lui donnaient 10",301.
*) Ici, pour la différence des méridiens entre Slough et Paris, nous avons admis 11'48",0.
Les erreurs qui restent dans cette hypothèse, exprimées en
millièmes du diamètre de Saturne, sont les suivantes.
+ 69 + 23 — 42 — 71
+ 62 + 58 — 97 + 177
+ 46 + 18 — 103 — 139
— 55 + 17 — 35 — 116
+ 175 + 153 — 162 — 3
— 145 + 112 + 124 + 59
— 86 — 71 + 81 + 22
— 74 + 82 — 242 + 68
+ 175 — 6 — 10 + 63
+ 33 — 4 + 35 — 31
— 2 — 160 – 82 — 87
— 72 — 9 — 96 — 13
— 134 + 80 — 295 :: — 37
— 398:: + 64 + 127 — 29
— 70 + 65 — 65 + 152
+ 36 — 12 — 46 — 81
— 36 — 22 — 102 + 73
— 25 + 31 — 58 + 133
— 106 — 33 — 161 — 139
— 31 — 55 — 2 - 122
+ 236 — 44 + 175 + 66
+ 40 + 65 — 211 — 107
Si l'on excepte ici deux observations dont les erreurs dépassent
4 du diamètre de Saturne, les 86 autres présentent l'erreur mo
yenne d'une appréciation d'Herschell pour ce satellite = 0,0983 d,
ou, d'après la valeur de d indiquée plus haut, 2",107. Un es
sai de ranger ces erreurs d'après les degrés de longitude saturni
centrique du satellite pour découvrir peut-être par là une
forme elliptique, a montré que cette forme était en tout cas
très-peu prononcée et que les erreurs restantes ne peuvent être
diminuées que d'une manière très-peu sensible; c'est pourquoi
cette hypothèse n'a pas été poursuivie davantage ici.
Les observations du septième satellite traitées de la même
· manière que celles du sixième, donnaient pour un orbite circulaire :
, Distance = 1,26845 d
Temps de révolution = 22" 36 17",705
Epoque = Sept. 14. 13"37,8 temps moyen de Paris pour
268° 34'36" de longitude saturnicentrique du satellite.
Cette hypothèse présente les erreurs suivantes.
— 72 — 249 + 40 — 94
— 19 – 237 + 125 — 93
+ 23 .— 11 , — 9 + 100
— 9 + 1 — 53 — 138
+ 89 + 13 . — 97 + 214
— 46 — 65 + 23 — 100
— 71 , — 60 — 131 — 221
– 15 — 47 — 17 — 160
— 170 — 125 — 52 + 11
L'erreur moyenne de chaque observation est 0,110 d, par consé
quent considérablement plus grande que pour le 6" satellite;
mais en même temps, si l'on range les erreurs d'après les degrés
de longitude, on ne pourra méconnoître une forme elliptique de
l'orbite. Une esquisse graphique parut placer le périsaturne à
90° ou 100° environ, et après quelques essais basés là dessus,
nous trouvâmes les éléments elliptiques suivants :
Demi-grand axe .. = 1,23410 d
Excentricité . .. .. = 0,06889 a
Périsaturne. .. . . . = 104° 42'
Temps de révolution = 22" 36 17",705 -

Epoque. . .. • . .. . = 1789Sept.14. 13" 37,8 pour 264° 16'36";


qui, comparés avec les observations, laissent les erreurs suivantes :
+ 58 — 131 + 78 + 1
— 14 — 163 + 138 — 59
+ 43 + 41 + 8 — 59
+ 5 + 41 — 35 — 93
+ 137 + 38 — 76 + 274 : :
+ 2 — 26 + 46 — 28
— 7 — 24 — 98 — 57
+ 71 — 7 + 36 + 3
— 36 — 53 + 6 + 36
104 !

Si l'on en excepte une seule observation, les erreurs de toutes


les autres sont au dessous de # du diamètre de Saturne, et l'er
reur moyenne diminue jusqu'à # de la valeur précédente, c'est à
dire à 0,0731 d = 1",56. Cette erreur moyenne est à celle de
2",10 qui se présentait pour le sixième satellite, presque tout-à-
fait dans le même rapport que la racine quarrée des grandeurs à
apprécier (les distances du bord de la planète); par conséquent
dans le rapport auquel on devait s'attendre. La forme elliptique
, parait d'après cela aussi bien fondée qu'il est possible dans des
appréciations aussi difficiles. -

Au temps de révolution du 7" satellite que nous avons indiqué,


correspond un demi-grand axe de 26",77791; et le demi-diamètre de
Saturne, tel que l'a vu Herschell, est donc ici= 10",8489, différent
seulement de 0",1315 du résultat obtenu par le sixième satellite.
Le calcul des poids montre que l'erreur moyenne de la
période de révolution est, pour le 6" satellite, 8",57; pour le
7", 14",86. Mais comme le nombre de révolutions accomplies pen
dant cinquante ans est d'environ 13000 et 20000, il serait inutile
de dresser des tables pour le mouvement moyen de ces satellites
d'après les résultats indiqués plus haut. On ne peut lier avec cer
titude ces époques avec des observations qui datent de l'année 1839,
que dans le cas où l'on peut garantir le résultat de la dernière
époque, pour le temps de la révolution du 6" satellite, à 2".—3";
et pour le 7" à 1", car sans cela le nombre des révolutions com
plettes resterait indécis. Dans l'été de l'année 1836, un an après
la première publication de notre travail actuel (Astronomische
Nachrichten, 293) Mr. le Dr. Lamont, Directeur de l'observa
toire royal de Bogenhausen près de Munich, a appliqué la force
de son grand télescope à des observations sur le sixieme satellite.
Ses résultats, publiés dans le Journal Astronomische Nachrichten
JM 316, présentent un temps de révolution qui ne diffère du notre
que de 3", tandis qu'il s'écarte de 10" du résultat donné par
IHerschell père, savoir : -

32h 52 59",71.
Epoque, Mai 31. 10" 52 28",4 Temps moyen de Bogenhausen
236° 48 de longitude saturnicentrique du satellite.
105

Dans l'intervalle de 17061 jours 204 heures, qui sépare les


deux époques, le satellite a d'après cela accompli x révolutions
+ 168° 51',6. Si l'on fait x = 12481, on obtient en réunissant
les deux époques,
32 52 57",796
et si l'on admet une révolution entière de plus ou de moins, cela
change la période de
+ 9",484.
Il faut espérer que la continuation des observations levera bientôt
cette indécision, et alors on pourra être certain du temps de ré
volution jusqu'à 0",2, car la longitude saturnicentrique trouvée
pour l'époque de 1789 peut difficilement présenter une erreur
de 6°. Mais, comme Lamont l'a aussi remarqué dans l'ouvrage
cité, il ne sera possible de donner une détermination de tous les
élements, que lorsque l'anneau viendra à disparaître de nouveau,
en 1847.

Notre mémoire était déjà terminé, lorsque nous apprîmes


que le père de Vico à Rome a observé les deux satellites d'Her
schell *). Depuis le 27 Juin 1838, · les astronomes du collège
Romain remarquèrent une très petite étoile, mais qu'il vérifierent
ensuite, en continuant à l'observer et en comparant ses positions
respectives, être le second satellite de Saturne. Ils ont trouvé
d'après leurs observations, fondées sur la différence de temps
écoulée entre les passages du satellite et des deux bords de la
planète à un fil horaire fixe, la durée de la révolution périodique
du satellite autour de la planète. En combinant leur époque avec
celle que nous avons indiquée, ils obtinrent
32 52 57",275.
Peu après, ils ont réussi à observer le premier satellite, ou
le plus rapproché de l'anneau. Une combinaison semblable leur
a donné
22* 86 17",05824;

") Mémoire sur quelques observations faites à l'observatoire du collège Romain en


1838 (20 p. 4to. 1 planche).
14
106

résultat qui ne s'écarte du nôtre que de 0",647; et qui mériterait


une confiance jusqu'à 0",1, si le nombre des révolutions entières,
écoulées depuis 1789, pouvait être garanti.

Sur l'apparition de l'anneau de Saturne,


vu depuis sa planète.
Le système d'anneaux si remarquable et unique dans son
genre qui entoure Saturne, a été dès son apparition l'objet d'ob
servations très-soigneuses et des recherches théorétiques d'un
côté, mais aussi d'un autre côté l'objet des suppositions les plus
diverses sur sa détermination; de sorte que l'on pourrait croire
ce sujet épuisé, jusqu'à ce que nous ayons à notre portée des
matériaux plus particuliers encore. Loin d'avoir pour but dans
cet ouvrage d'augmenter encore ces hypothèses, nous voudrions
au contraire contribuer de tout notre pouvoir à en diminuer le
nombre et à écarter du moins celles qui n'ont été formées que
pour favoriser une idée générale préconçue, et qui ou bien ar
rangent les observations à leur gré, ou bien en nient la justesse.
Une distinction un peu détaillée sur l'influence que Saturne reçoit
de ses anneaux et réciproquement pour ce qui concerne la lu
mière du soleil et autres phénomènes semblables, nous semble être
ici tout-à-fait en place pour remplir notre but.
Bode, dans un traité sur la lumière et l'apparition de
l'anneau de Saturne vu depuis Saturne (Berliner Jahrbuch 1786,
p. 138-148) s'est occupé du même sujet et cela d'une manière
satisfaisante pour la connaissance bien défectueuse qu'on avait
alors du système de Saturne. Nous avons dès lors appris à con
noître par les observations extrêmement exactes des astronomes
du premier rang, non seulement la pluralité des anneaux, mais
aussi leurs dimensions et celle de leur planète principale; son
103

inclinaison, du temps de Bode, présentait une erreur de plus


de trois degrés; nous pouvons maintenant la déterminer jusqu'à
quelques minutes. Les conditions d'équilibre ont été recherchées
par la théorie et se sont confirmées par l'expérience : en un
mot, nous pouvons nous vanter de connaître presque complette
ment des rapports remarquables au plus haut degré, sus lesquels
on n'avoit il y a cinquante ans que les notices les plus gé
nérales.
Il sera nécessaire, dans les considérations suivantes, de
ne partir, autant que possible, que de bases tout à fait certaines
Nous savons par le travail de Bessel (Astronomische Nachrich
ten 274 et 275) que les différents anneaux, ou peut-être même
les différentes parties de chaque anneau particulier, ne répondent
pas exactement au même plan; nous avons ensuite le résultat
concordant de plusieurs astronomes sur l'excentricité du corps de
Saturne par rapport au système d'anneaux "), mais ces deux
données, quelque indubitables qu'elles soient d'après l'état général
des faits, manquent cependant encore des déterminations numéri
ques, sans lesquelles elles ne sont pas propres à servir de base
à un calcul. Nous considérons donc ici les anneaux dans un
seul plan moyen, celui de l'équateur de Saturne; nous posons
leur épaisseur comme étant infiniment petite et nous les regar
dons comme symmétriques par rapport à chaque plan des méri
diens de Saturne. De même, d'après Bessel (dans le mémoire
cité) nous admettons Saturne lui-même comme un vrai et simple
sphéroïde, sans aplatissements anomaux des côtés. Enfin parmi
les différentes divisions nous ne prenons en considération que
la plus ancienne qui fut découverte par Herschell père, car le
nombre et la dimension des autres nous sont trop peu connus,
ét nous distinguons d'après cela l'anneau intérieur, la division
et les anneaux extérieurs, ces derniers près collectivement.

") schwabe, à Dessau, fut le premier qui remarqua cette excentricité; Harding et Schu
maeher la trouvèrent confirmée par I'observation. Struve la mesura et rechercha
aussi dans son calcul la phase de Saturne, qui peut produire une excentricité ap
parente, quoique très-faible; il obtint aussi une excentricité réelle. Enfin Bessel,
Herschelt et South s'accordent en général aussi avec ce résultat.
14 *
10S

Les données numériques sur lesquelles repose notre tra


vail, sont les suivantes :
Diamètre équatoréal de Saturne 17",053 = 27175 lieues
Diamètre polaire 15 ,381 = 24439. -
Diamètre du système annulaire 39 ,311 = 62645 -
Largeur des anneaux extérieurs 2,011 = 3212 -
Largeur de l'intervalle 0 ,402 = 645 -
Largeur de l'anneau intérieur 3 ,907 = 6222 -
Le grand aplatissement de Saturne (Tº) nous oblige à distinguer
exactement entre la latitude saturnigraphique et la latitude sa
turnicentrique (corrigée) car ces deux valeurs différent entre
40° et 50° de plus de 6° degrés. Les déterminations suivantes
se rapportent toujours à la première valeur.
Pour les rayons vecteurs du sphéroïde on trouve par les
formules connues :
pour 0° de latitude 8",526
10 - 8 ,502
20 - 8 ,433
30 - 8 ,325
40 - 8 ,191
50 - 8 ,046
60 - 7 ,908
70 - 7 ,793
80 - 7,717
90 - 7 ,690
Si l'on décompose ces rayons vecteurs en deux coordonnées, l'une
x dans le plan de l'équateur, l'autre y perpendiculaire à la pre
mière; si R1, R2, Ra, Ra désignent les rayons des quatre arètes
annulaires que nous voulons considérer ici, nous aurons la décli
naison apparente p de chacune d'elles, vue de la surface de Sa
turne, au moyen de la formule
— Y
"g *. = R -,
Ces déclinaisons apparentes appartiennent proprement à la classe
des parallaxes, car tous les anneaux ont été regardés comme con
tenus dans le plan de l'équateur de Saturne. Les parallèles du
109

globe de Saturne, pour lesquelles p est un maximum, sont en


même temps celles qui déterminent les limites dans lesquelles les
principales arètes annulaires sont visibles. Si l'on compte les
arètes annulaires de l'extérieur à l'intérieur, on obtient les décli
naisons parallactiques suivantes :
Latitude. I. II. III. 1V.

0° 0° 0 0° 0' 0° 0 0° 0'
10 5 56 7 12 7 32 13 21
20 11 23 13 42 14 17 23 59
30 16 0 19 0 19 43 31 1
40 19 33 22 50 23 37 34 57
50 21 55 25 13 25 59 36 30
60 23 9 26 17 26 59 (36 12)
70 (23 21 ) (26 11 ) (26 50) (35 0)
Par l'interpolation entre ces séries on obtient :
Limite de visibilité de l'arite extérieure (I) 66°36 latitude
de la seconde arète 63 37
de la troisième - 62 57
de la quatrième (intérieure) 53 28
Dans ces parallèles du globe de Saturne se trouvent les racour
cissements optiques les plus faibles des faces annulaires; mais la
plus grande largeur visible des anneaux tombe sur des points qui
sont plus rapprochés de l'équateur de Saturne. On trouve :
Maximum de largeur
de l'anneau extérieur 3° 19,1 pour la parallèle 44° 50'
de l'intervalle 47,2 - - - 42 45
de l'anneau intérieur 11 26,5 - - 35 30
de tout le système annulaire 15 26,2 -37 30 .
- -

D'après cela l'anneau intérieur n'existe pas du tout pour toutes


les zônes renfermées dans le cercle polaire de Saturne (analogues
à nos zônes glaciales); même les anneaux extérieurs n'existent pas
pour la plus grande partie d'entr'elles, et il n'y a que les régions
du globe qui sont soumises à une alternation régulière du jour
et de la nuit (comme notre zône torride et nos zônes tempérées)
qui puissent être éclairées ou obscurcies par eux.
110

A l'équateur de Saturne on n'aperçoit que l'arète intérieure


de l'anneau intérieur, et des faces de cet anneau, ainsi que des
autres, on ne voit que les parties qui par suite des inégalités
mentionnées ci-dessus, sont en dehors du plan de l'équateur; ici
l'anneau ne présente qu'un arc étroit qui s'étend de l'est à l'ouest,
passant par le zenith.
Dans toutes les autres régions, les anneaux sont situés
entre l'horizon et l'équateur, avec lequel ils forment des parallè
les; l'arc qu'ils soustendent à l'horizon est donc partout moindre
que 180°. -

Comme, pour chaque point donné du corps de Saturne,


la position de ces anneaux au ciel reste invariablement la même,
chacun d'eux à une zône d'étoiles fixes qui lui restent constam
ment couvertes, quoiqu'elles soient au-dessus de son horizon.
Des planètes ou d'autres corps qui tournent autour du soleil, ne
peuvent cependant pas continuellement être couvertes par l'anneau,
et les lunes de Saturne ne peuvent l'être que rarement et pen
dant un court espace de temps; le soleil au contraire, comme nous
le verrons plus bas, peut l'être pendant plusieurs années terrestres.
Une rotation de l'anneau qui serait différente de celle de Sa
turne, ne changerait rien à tous ces rapports, si ce n'est la posi
tion des inégalités qui se présenteraient dans l'anneau, sur les
quelles on ne peut rien déterminer de particulier. Au contraire,
si les pôles du système annulaire ne coincidaient pas avec les
pôles de rotation du globe de Saturne, il se présenterait dans la
position des anneaux vers l'horizon d'un point donné, des varia
tions qui sont analogues à celles que l'on remarque dans la po
sition de l'écliptique et de ses parallèles vers notre horizon, et
qui devaient être calculées d'après les mêmes règles que ces der
nières. Cependant cette supposition est contredite par les obser
vations faites sur la bande grise qui entoure le globe de Saturne,
sur laquelle un tel changement, s'il avait réellement lieu, se pré
senterait avec la plus grande évidence; d'un autre côté aussi par
les difficultés théorétiques que l'équilibre nécessaire des anneaux
oppose à une inclinaison quelconque de ces anneaux vers l'équa
teur de Saturne. *
111

D'après Bessel, l'inclinaison de l'anneau vers l'écliptique


pour 1830 est de 28° 10'34" et son noeud ascendant de 167°16'23".
Il trouve pour l'orbite du satellite de Huyghens les mêmes va
leurs 27°34'9" et 167°41'5". Enfin, d'après les tables de Bou
vard, l'inclinaison de l'orbite de Saturne vers l'écliptique se trouve
être, pour le même temps, de 2°29'31" et son noeud ascendant de
112° 11'35". Par là on obtient, pour l'inclinaison du plan de
l'anneau (et de l'équateur de Saturne) vers l'orbite de la planète,
26° 49'17", et pour le noeud ascendant 171° 17 34"; l'inclinaison
de l'orbite du satellite de Huyghens vers celui de la planète
est au contraire de 26°13'54", et son noeud ascendant de 171°49'54".
Ces indications nous serviront à déterminer plus exactement quelle
influence Saturne et son anneau exercent réciproquement l'un sur
l'autre sous le point de vue de la lumière.
Pour déterminer la durée des jours et des nuits, et les
moments qui en dépendent, il faudrait connoître les périodes de
rotation; mais nous ne possédons sous ce rapport que les données
d'Herschell, qui fixe celle du globe de Saturne à 10" 29 et celle
de l'anneau à 10" 32', et ces deux valeurs sont encore bien in
certaines. , Leur peu de différence appuie la vraisemblance théo
rétique de leur entière identité; c'est pourquoi nous nous per
mettons d'admettre pour toutes les deux la même valeur que nous
adoptons être 10" 30'.
· D'abord il est facile de voir que chaque hémisphère de
Saturne n'a, pendant son sémestre d'hiver, que le côté obscur
de l'anneau au dessus de son horizon, et que par conséquent il
éprouve une perte de lumière que rien ne vient réparer. Cette
perte de lumière consiste en éclipses de soleil dont la durée ne
se calcule plus en heures et en minutes, comme pour les autres
planètes, mais en années (terrestres). Puis, comme l'inclinaison
de l'équateur de Saturne est plus grande que le maximum de la
parallaxe pour l'arète annulaire extérieure, il en résulte, que
chaque point de la surface de Saturne, excepté ceux qui ne voient
jamais l'anneau, a plus ou moins part à ces éclipses.
Pendant le sémestre d'été au contraire aucune perte de lu
mière n'a lieu; on voit, même pendant le jour, l'anneau éclairé
1 12

complettement, excepté dans les contrées rapprochées de l'équa


teur, où, le matin vers l'ouest et le soir vers l'est, une petite
partie de l'anneau reste quelque temps sans lumière. Pendant la
nuit les anneaux donnent une lumière partielle, mais présentant
de grandes variations suivant les différentes contrées particulières,
car une partie considérable de l'anneau, celle qui à minuit oc
cupe le centre de l'arc visible, est obscurcie par Saturne, et on
ne peut signaler sa présence que parcequ'elle recouvre les étoi
les fixes.
Pour représenter ces apparitions un peu difficiles aussi
brièvement et généralement que possible, nous désignons par zéro
l'équinoxe d'automne de l'hémisphère boréal (171° 17 34"), et
comptons en partant de ce point. Alors 90° tombera toujours
dans cet hémisphère au milieu de l'éclipse, ce qui indiquera en
même temps le jour où l'arc sémidiurne du soleil est le plus
court; et ainsi l'on aura le solstice d'hiver. On exprimera le
plus commodément la durée des éclipses en degrés de longitude
héliocentrique de Saturne. Pour chaque degré de cette longitude
on peut compter en moyenne 29,886, ou, pour avoir un nombre
entier, 30 jours terrestres (68,4 jours de Saturne). Le tableau
suivant contient le commencement et la fin de ces éclipses, indi
qués de cinq en cinq degrés de latitude saturnographique.
Obscurciss
I|produits
de nterruptio
Ol'éclipse
bscurcisse
D|produits
urée ements
nments
par
anneaux
les
exterieurs.
l'intervalle
par
l'anneau
intérieur.
totale. .
---- | --"-- | ----
| ---
Premier
Second
Première
Seconde
Premier
Second

180°

180°

5°,9
—°,3
172°,7
74°,1|
°,6
|172°,4
72°,7|
7°,6

X2°,7
167°,3
72°,4|2
6177°,3
°,8
,S
1
— 4,4
|165,6
68,2|
14,4
5,2
|164
,8
15,2
2
— 8,0
161152,0
1164,8|2
X
,265,6|
,317,7
1,7
62,3|
158
21,7
2 2,7
|157,3
—58,3|
,7
22
4 3,0
137,0
11X
257,3|2
5,3
,5
23
2

1 8,8
151,2
56
28,8
,5|
3 0,2
|149,8
,2
30
6 51,2|
1,7
|118,3
1

3
X 49,8|2
8,2
,1
29

#
1144,0
50,9|
36
,0
3 7,8
142,2
—644,0
137°,8
42°,2
121°,8
34,6
4

,82,9
137,1
145,4|
42,9
5,2
134
37,1
45,2

1 34,8
110,8
,2
39
4
,8
5 9,8
130
1
49
— 2,5
127,5
30,2
52,5
140,8|
5,27
,6
101
44
5,6
-
1,9
——
1 6,4
|123,6
56,4
935,4|
120,1
23,6
59,9
20,1
90,8
,0
49
,8
117,2
1
6 231,0|
62,8
— 7,3
112,7
17,2
67,3

1 12,7
82,0
5
,7
52

6
,8
7
— 8
111,4
27,3|
68,6
4,7
105,3
1 11,4
74,7
05,3
74,6
55,7
9873,8
17|——
3,8
106,2
24,3|
2,7
7,3
06,2
82
,7
9 7,3
68,6
57,3
7 7,6
102,4
—22
,7
02°,4
2177°,6
X 0°,3
-
-

65 58°,7
1—21°,3 62°,6
114

La plus longue durée d'une éclipse pareille se trouve à 23° 27"


de latitude, ou, depuis 27°,4 à 33°,7 de longitude, les anneaux
extérieurs produisent une obscurité de 188 jours terrestres; puis
arrive une interruption de 52 jours, pendant laquelle le soleil
apparaît à travers l'intervalle; ensuite depuis 35° 45 à 144° 55,
ainsi pendant 3261 jours terrestres, le soleil se tient continuelle
ment derrière l'anneau intérieur; puis arrive de nouveau une in
terruption de 52 jours, et enfin une obscurité de 188 jours achève
le cycle à 152°,6 de longitude. Ainsi ce point déjà tropical de
Saturne est en hiver complettement privé de la lumière du
soleil pendant dix années terrestres. Tous les points qui
sont plus rapprochés de l'équateur voient pendant leurs plus courts
jours le soleil s'élever et terminer son cours journalier au dessous
des anneaux, et chaque anneau particulier produit deux éclipses.
Depuis 23° 27 à 57° 5 l'anneau intérieur ne produit qu'une grande
éclipse; les autres anneaux au contraire en produisent chacun deux.
Depuis ce point jusqu'au cercle polaire le milieu de l'hiver tombe
dans le temps où le soleil fait sa marche la plus courte en appa
raissant à travers l'intervalle des anneaux; mais plus près des
pôles, aussi loin que les anneaux sont encore visibles, le soleil
reste au milieu de l'hiver entièrement caché derrière eux.
En revanche, le sémestre d'été d'un hémisphère de Saturne
est exempt de ces éclipses et les courtes nuits sont éclairées en
partie par les anneaux. Cependant Saturne projette son ombre
sur une partie considérable de leur surface, savoir : sur # de l'a-
rète intérieure et 4 de l'arète extérieure (plus exactement 0,2035
et 0,1474) au temps des équinoxes. Alors les parties éclairées
des anneaux présentent à minuit la figure ci-dessous :

Horzzon
Sud
115

Après le coucher du soleil on ne voit que les sections d'arc occi


dentales, mais ce sont de beaucoup les plus considérables. Pen
dant le courant de la nuit, elles diminuent de longueur, tandis
que les sections orientales augmentent, jusqu'à ce qu'au lever du
soleil on ne voit plus que ces dernières. Plus ils s'éloignent de
l'équateur, plus les deux côtés éclairés deviennent courts, vu
qu'une faible partie du tout est au dessus de l'horizon, tandis que
la grandeur de la section ombragée est partout la même. Aux
points extérieurs, au delà desquels l'anneau n'est plus visible, on
ne peut à cette époque vers minuit absolument rien apercevoir,
mais c'est seulement après le coucher du soleil qu'on peut distin
guer la partie occidentale, et avant le lever du soleil qu'on aper
çoit la partie orientale.
Mais vers le milieu de l'été le rapport change complette
ment. L'ombre de Saturne ne peut alors atteindre que très-peu
les anneaux extérieurs, et enfin elle ne les touche plus du tout,
les rayons du soleil glissant sur le pôle de Saturne, les frap
pent continuellement, et l'anneau intérieur perd aussi moins de
lumière qu'au temps des équinoxes, vu que ce n'est plus l'ombre
de l'équateur, mais seulement celle des cercles parallèles plus pe
tits qui l'atteint. L'arète extérieure demeure exempte d'ombre
· pendant 62°,4; par conséquent pendant plus de # de l'année de
Saturne ou pendant cinq années de la terre; c'est pourquoi au
milieu de l'été, les portions éclairées présentent à minuit cette figure :

A/orzºxon
Sud
C'est pourquoi à cette époque de l'année, toutes les nuits sur
tout l'hémisphère jusqu'au 66° 36 sont éclairées par la lumière
de l'anneau, et cela d'autant plus qu'elles sont plus longues, c'est
à dire d'autant plus que ces lieux se rapprochent davantage de
15 *
116

l'équateur. Mais comme, à partir du 35°, celle de l'anneau in


térieur, diminue de nouveau, les contrées tropicales de Saturne,
quoique des arcs plus longs et plus haut tendus s'élèvent sur leur
horizon, reçoivent néanmoins de l'anneau moins de lumière que
les latitudes moyennes. A l'équateur même cette lumière est pen
dant toute l'année au minimum, quoiqu'il n'y ait aucune nuit où
il soit entièrement impossible de l'apercevoir, puisque l'arète doit
toujours présenter un arc d'une largeur quelconque, quelque faible
qu'elle puisse être.
On pourra appliquer à l'hémisphère austral tout ce que
nous avons dit de l'hémisphère boréal, en ajoutant 180° aux lon
gitudes comptées à partir du point des équinoxes d'automne.
Tout ce qui tient à la lumière qui éclaire le globe de Sa
turne, et tout ce que nous en pouvons conclure sur le climat de
cet astre, diffère donc beaucoup de ce que nous trouvons dans les
autres planètes. Les courts jours d'hiver de latitudes moyennes
et extrêmes disparaissent en très-grande partie, même presqu'en
totalité pour un assez grand nombre de régions. Il est bien vrai
semblable que les éclipses dont nous avons parlé, ne produisent
pas une nuit absolue, mais seulement un crépuscule plus ou moins
obscur; qu'au moins la longue nuit ne tombe que dans leur partie
moyenne, si du reste Saturne et son anneau possèdent une at- .
mosphère réfringente. Cependant on aperçoit de la terre l'ombre
de l'anneau sur le globe d'une manière très distincte et se dessi
nant avec une teinte assez foncée, ce qui montre que la perte de
la lumière est en tout cas très-considérable. Il ne faudrait pas en
effet un très-grand changement dans les dimensions de la planète
et de l'anneau pour augmenter ces différences de telle sorte que
pendant les six mois d'hiver il n'y ait point de jour, et pendant
les six mois d'été point de nuit proprement dite pour certaines
régions. Saturne ne retire donc de son système annulaire ni une
compensation à la faiblesse de la lumière que le soleil lui envoie,
ni une égale distribution de cette lumière, mais justement le contraire.
Retournons maintenant la question et examinons ce que
Saturne fait pour ses anneaux. — La réponse est très simple; il
leur enlève une portion considérable de la lumière pendant leur
113

été, et en revanche éclaire partiellement leur hiver. En effet


chaque côté de l'anneau n'est pas du tout éclairé par le soleil que
pendant la moitie de l'année de Saturne (14,7 années de la terre),
tandis que pendant l'autre moitié il est constamment éclairé, si
toutefois on en excepte la partie ombragée par Saturne. La limite
la plus intérieure de l'anneau intérieur a, pendant ces 14,7 années,
des jours de 8* 22 à 8 40, et des nuits de 1" 50 à 2" 8'; pour
la limite extérieure de l'anneau extérieur, ces nuits durent au
plus 1" 33 et descendent à zéro, comme nous l'avons vu plus haut,
de sorte que pendant 5 années de la terre on y a un jour con
tinuel. Ces courtes nuits reçoivent naturellement de Saturne une
certaine lueur: pendant le jour on voit le disque de Saturne
éclairé en partie, et au milieu du jour entièrement éclairé. Cet
immense disque dont chaque côté de l'anneau voit constamment
un hémisphère, embrasse pour l'arète IV de l'annean en diamètre
équatoréal 82° et un rayon polaire de 36°,6; pour l'arète III,
59°,9 et 27°,1; pour l'arète II, 58º4 et 26°,4; enfin pour l'arète
la plus extérieure, 51°,2 et 23°,4. Ainsi ce globe gigantesque
cache à l'arète intérieure la huitième partie de toute la voute céleste
et surpasse 20000 fois la grandeur du soleil vu de la terre.
Pendant la nuit de 14,7 années les anneaux sont éclairés
par Saturne en périodes égales à la rotation. Cette lumière est
répartie inégalement entre les différents anneaux non seulement
en tant que son intensité est plus faible pour les anneaux les plus
éloignés, mais aussi à l'égard de la durée, qui est un peu plus
longue, pour les extérieurs. Au milieu de chaque période, Sa
turne éclaire avec tout son disque, qui n'est divisé que par l'ombre
même de l'anneau en deux zônes avec une ou plusieurs zônes
intermédiaires; car les régions polaires de Saturne, qui pendant
l'hiver ont une nuit continuelle, ne sont jamais aperçues par les
anneaux. C'est pourquoi les phases de Saturne, telles qu'on peut
les observer des anneaux, ne peuvent être comparées à celles de
notre lune. Ces phases en diminuant deviennent non seulement
plus étroites, mais aussi plus courtes : elles se terminent et commen
cent comme un point lumineux et non sous la forme d'une faucille.
La raison en est que, par suite du grand rapprochement, on est
11S

très loin d'apercevoir un hémisphère entier, et ainsi le bord de


Saturne n'est pas un méridien, mais n'en est qu'une parallèle con
sidérablement éloignée; à cela s'ajoute encore que les limites de
la lumière se trouvent en deça du pôle. Si, dans la figure que
nous joignons ici, la demi-circonférence extérieure désigne la
moitié boréale d'un hémisphère de
Saturne; que la demi-circonférence
intérieure en désigne une partie
tournée du côté de l'anneau, et la
ligne ponctuée les limites de la lu
mière (dans le semestre d'hiver), la
partie vue depuis l'anneau a la forme
de la section abc, et l'on voit facile
ment quelle forme elle doit prendre lorsque la limite de la lu
mière continuera à s'avancer. La durée de cette partie de la
nuit où Saturne n'éclaire pas du tout l'anneau, est égale au maxi
mum de durée d'une de ses nuits d'été.
Les arètes étroites des bords annulaires I et III sont seu
les complettement détournées de Saturne. En tant que ces arètes
ne présentent réellement aucune face, depuis le bord I on ne voit
que le ciel découvert, les bords II et III sont au zénith l'un de
l'autre; depuis le bord II on voit tout le disque de Saturne, à
l'exception de la contrée équatoréale cachée par l'anneau intérieur ;
mais la vue qui se présente lorsqu'on se place sur l'arète intérieure
de l'anneau, remplirait du plus grand étonnement un habitant de
la terre : au zénith un globe immense entièrement libre, et le sol
même, sur lequel se trouve le spectateur, s'étend à droite et à
gauche pour former un arc céleste qui devient toujours plus étroit,
embrasse le globe et ferme invisiblement son enceinte derrière lui.
Tout le système solaire ne peut présenter aucune localité qui
soit comparable à ce panorama, le plus magnifique de tous ceux
que l'on puisse apercevoir.

Le globe de Saturne nous montre, comme on le sait, une


bande grise qui peut être aperçue même avec des verres médio
cres. Nous avons déjà souvent observé cette bande lorsque Sa
119

turne était plus élevé qu'il ne l'est maintenant pour Berlin, dans
l'intention d'apercevoir en elle des inégalités ou des changements,
qui nous permissent de déterminer le temps de rotation qu' Her
schell père n'avait donné que d'une manière approximative. Mais
nous n'avons jamais rien aperçu qui pût nous aider dans ce tra
vail, et toutes nos observations nous ont conduit à considérer cet
anneau gris comme un phénomène constant. Nous n'avons jamais
non plus aperçu plusieurs bandes, et la manière ordinaire de re
présenter Saturne dans les manuels d'Astronomie, tout en se fon
dant, il est vrai, sur l'observation assez probable de plusieurs
bandes faite par Herschell, pourrait cependant bien être peu
fondée sur la nature, en tant qu'elle nous conduit à admettre une
trop grande ressemblance entre les bandes de Jupiter et de Sa
turne. Dans cette dernière planète, l'une des bandes l'emporte
tellement sur les autres (même en admettant l'existence constante
de ces dernières) que l'on peut à peine les considérer comme un
phénomène analogue à celui de l'anneau central. Dans Jupiter
au contraire il ne se trouve pas de bande constamment prédomi
nante; souvent on en voit deux également intenses, mais la plû
part du temps leur intensité relative change et même l'une d'elles
disparaît entièrement.
Puis cette bande apparaît proportionellement très forte et
on peut la poursuivre jusqu'au bord de la planète, ce qui n'est
pas également le cas pour Jupiter, et sa couleur présente une
ressemblance frappante avec le gris qui caractérise l'arète inté
rieure de l'anneau intérieur et lui donne une teinte incertaine,
tandis que l'arète extérieure de cet anneau et de l'anneau exté
rieur se détache parfaitement du ciel environnant.
Les circonstances mentionnées paraissent indiquer que la
bande de Saturne n'est point d'une nature nuageuse, comme on
l'admet avec assez de vraisemblance pour Jupiter, mais qu'elle se \

trouve dans un rapport intime avec l'anneau même. Nous ne sa


vons, il est vrai, rien de positif sur les matières qui composent la
surface des corps célestes si éloignés de nous, et dans tous les
cas ce serait trop hazarder que d'admettre a priori dans les diffé
rentes planètes une ressemblance générale de composition avec
190D

notre terre, pour en déduire certaines conséquences. Cependant


une telle supposition n'est point nécessaire pour expliquer le
phénomène en question. Sans examiner si Saturne ou son anneau
présente, comme notre terre, des parties de la surface couverte
d'eau ou non, il nous suffira d'admettre sur ces corps un fluide
d'une nature quelconque, soumis aux mêmes lois du mouvement
que celui de nos océans. Et de. même que l'attraction de la lune
ou du soleil opère sur nos mers le mouvement de flux et de
reflux en rapport à la position de ces astres, de même aussi l'attrac
tion de Saturne par l'anneau doit produire sur cette planète, dans
les contrées qui ont l'anneau à leur zenith, un flux analogue,
mais constant et — en supposant que le fluide soit en assez
grande quantité — plusieurs milliers de fois plus considérable
que sur notre terre. Souvenons nous que la hauteur des marées
est en rapport inverse du cube de la distance du corps attirant,
de sorte qu'une lune de même masse, mais dix fois plus rapprochée
qu'une autre, produira un mouvement de flux et de reflux mille
fois plus grand; si l'on adopte ensuite, d'après Bessel, la masse
de l'anneau T4 s de la masse de Saturne, on peut se faire une
idée de la hauteur à laquelle le flux des eaux a pu s'élever.
L'éloignement de l'arète intérieure de l'anneau à la surface de
Saturne est à peine 4 du diamètre de la planète.
Il est très-possible que ce flux constant d'une hauteur de
plusieurs lieues s'empare de toute la masse du fluide, qui sans
cela se répandrait sur la surface de Saturne, ou bien que dans
certaines circonstances particulières, une masse plus ou moins
grande de ce fluide se répande sur différentes parties de la planète
ce qui expliquerait les bandes secondaires aperçues par Herschell.
Les lunes de Saturne ne peuvent avoir que bien peu d'influence
sur cette bande. Les lunes intérieures sont tellement peu visibles
que nous pouvons considérer leur masse comme insignifiante en
proportion de la masse de Saturne; les deux autres plus grandes
sont trop éloignées pour que nous en parlions ici. C'est par cette
raison encore que nous ne voudrions pas voir cette explication
étendue aux bandes de Jupiter. Tout en admettant même que
les lunes de Jupiter, et en particulier la lune intérieure, produisent
121 !

sur leur planète un flux plus considérable que celui produit par
la lune sur notre terre, ce mouvement des eaux ne serait toujours
que peu considérable en comparaison du flux annulaire de Saturne,
et ne se présenterait pas sous la forme d'anneau. On pourrait
tout au plus rechercher si l'attraction des lunes a eu quelque
influence sur les changements parfois si soudains, que l'on aper
çoit dans les bandes de Jupiter.
En outre en admettant l'hypothèse précédente, on peut
expliquer d'une manière également naturelle le gris clair des parties
intérieures de l'anneau. Ici c'est l'influence exercée par le globe
de Saturne, qui oblige les masses fluides de l'anneau intérieur,
et probablement aussi des autres, d'occuper d'une manière con
stante l'arète intérieure tournée de leur côté; et l'attraction puis
sante qui s'exerce, paraît autoriser la conclusion que les autres
parties des anneaux sont uniquement composés de masses solides.
De là l'éclat considérable de l'anneau intérieur surtout, qui l'em
porte de beaucoup sur celui de Saturne même.
Rien du reste n'empêche d'admettre que des nuages contri
buent aussi à la formation de l'anneau; la nature du fluide est ici,
comme nous l'avons déjà dit, entièrement indifférente. Il serait
même difficile de refuser à cette planète un pareil fluide, vu la
densité bien faible de Saturne, densité qui même en partant des
dimensions de Bessel est à peine égale a 4 de notre terre, et
ainsi à peu près la même que celle de notre bouleau, mais in
férieure à celle de l'eau.

16
J u p i t e r.

La surface de Jupiter nous présente de temps en temps, outre


les bandes grises déjà connues, des taches d'une couleur plus fon
cée, et déjà Cassini s'est servi d'une de ces taches pour déter
miner la période de rotation. Cette grande tache noire fut vi
sible pendant plusieurs années; et, après plusieurs calculs qui
présentèrent des résultats souvent différents, Cassini avoit cru
pouvoir admettre comme durée définitive de la rotation 9" 55 58".
Pendant près de cent années ce résultat ne fut soumis à aucune
recherche ultérieure, quoique Maraldi eût aperçu la même tache
noire jusqu'en 1715.
Jacques de Sylvabelle, à Marseille, commença le 15 Octobre
1773 une suite d'observations, qu'il poursuivit pendant plusieurs
mois, en partant d'un point bien déterminé, mais il ne nous com
munique aucun détail sur ses observations; il dit seulement, dans
le Journal intitulé : Berliner Jahrbuch, année 1778, page 145,
qu'il a trouvé pour la rotation, ainsi que Cassini, un résultat
de 9h 56'.
Schroeter, à Lilienthal, obtint un résultat qui s'écarte d'une
manière étrange des précédents, dans les observations qu'il fit de
puis le mois d'Octobre 1785 au mois de Février 1786, sur plu
sieurs taches d'une très-courte durée et dont la plûpart ne furent
aperçues qu'une fois. Il en conclut une période de 6* 56 56".
Mais la suite de ses observations lui fournit un résultat qui se
rapproche de nouveau de la période de Cassini. Il poursuivit
pendant 3 mois l'extrémité d'une bande grise et obtint un résultat
de 9* 55 17",6; une tache plus foncée qu'il apercevoit dans le
même temps, lui donna d'abord un résultat de 9" 55 33"6; plus
tard ce résultat varia entre 9" 55 et 9* 56', et enfin il le fixa
à 9h 56 33".
De ces résultats si différents Schroeter croyoit devoir con
clure à de violentes tempêtes dans Jupiter; du moins il lui parut
certain que ces taches ne sont pas quelque chose de fixe, apparte
nant à la surface proprement dite, mais que, de même que les
bandes, elles changent souvent de position, tantôt s'agrandissent et
tantôt diminuent, naissent un instant pour s'évanouir bientôt.
On a fait aussi une foule d'hypothèses pour établir un rap
port fixe entre l'aplatissement, le diamètre, l'éloignement et le
temps de révolution d'un satellite et la période de rotation de la
planète; mais les formules que MMs. Klügel et le Comte de Platen
nous ont données, n'ont aucune base solide et ne se sont pas
justifiées par l'expérience. Il paroît que s'il existe réellement de
semblables rapports, ils ne pourront nous conduire à reconnoître
la période de rotation que sous la supposition de l'homogénéité
de la planète. Mais d'autres raisons nous apprennent que ni la
Terre, ni Jupiter, ni Saturne ne sont homogènes, qu'au contraire
leur densité s'augmente de la surface vers le centre : nous avons
toutes les raisons d'admettre un rapport semblable de densité pour
les autres corps de notre système solaire, mais nous ne connois
sons pas la loi d'après laquelle cet accroissement de densité s'o-
père, c'est pourquoi nous ne pouvons espérer de déterminer par
cette voie la période de rotation, et nous devons avoir recours
pour cela aux observations directes.
Le 3 Novembre 1834 nous apperçûmes, dans la bande bo
réale de Jupiter alors très-distincte, trois taches dont la première
étoit faible et peu marquée, les deux autres au contraire d'une
couleur plus intense et bien déterminée. Ces taches, comme nous
l'apprîmes plus tard, avoient déjà été depuis 1828 l'objet des ob
servations de Mr. Schwabe, à Dessau, qui y avoit remarqué plu
sieurs variations; ainsi p. ex. une de ces taches s'étoit dissoute
pendant un certain temps en une foule de petits points. Comme
16 *
124

jusqu'alors Jupiter n'avoit pas été un objet principal de nos re


cherches, cette découverte de Mr. Schwabe ne contredit en rien
nos observations.
C'est à ces deux taches plus foncées que se rapportent les
observations suivantes. Leur distance exprimée en temps est d'en
viron 40 et leur latitude jovigraphique d'environ + 5°. La der
nière paroissoit s'agrandir et surtout s'allonger pendant le cours
des observations; cependant nous ne pouvons donner ce dernier
fait comme parfaitement certain. D'abord la bande sur laquelle se
trouvoient les taches, présentoit à peu près la même intensité que
la bande australe; mais vers la fin de Décembre leur différence
fut tout-à-fait sensible, et la tache boréale étoit devenue si faible
qu'on ne put plus s'en servir pour vérifier la position du fil mi
crométrique; cette vérification ne put se faire dès lors qu'au moyen
du bord boréal de la bande australe qui présentoit encore assez
de précision. Depuis le 22 Janvier, le ciel continuellement cou
vert pendant 17 jours nous empêcha de faire aucune observation,
et ce ne fut que le 9 Février que nous pûmes reprendre le cours
de nos travaux. Alors on n'apercevoit plus que quelques légères
traces de la bande boréale qui s'affaiblissoient toujours davantage
et ne présentoient plus que les taches isolées. En revanche la
bande australe avoit sensiblement gagné en largeur et en inten
sité, de sorte qu'on pouvoit la distinguer en plein jour avec le
plus grand degré de clarté, même dans l'hémisphère opposé de la
planète, où on ne pouvoit non plus apercevoir que quelques traces
de la bande boréale.
Depuis le 19 Avril, Jupiter s'approcha tellement du soleil
que nous ne pûmes plus continuer nos observations. L'espoir que
nous concevions d'apercevoir de nouveau les taches après la con
jonction, ne se réalisa pas; nous ne pûmes plus apercevoir aucune
trace ni de la bande, ni des taches. En Décembre 1835, M. re
marqua, au moyen du grand télescope de l'observatoire royal, que
la large bande qui étoit restée seule dans la région, alloit se di
viser en deux; cette prévision se confirma peu de jours après,
car on vit deux bandes parallèles très-distinctes se former de
cette large bande. On n'aperçut plus de taches semblables à celles
de l'année précédente, et ainsi la série d'observations commencée
le 3 Novembre doit être considérée comme définitivement terminée
le 19 AVril 1835.
Pendant l'observation, le micromètre a été disposé de ma
nière que les fils parallèles marquassent la direction des bandes,
et par conséquent le fil transversal les coupoit perpendiculaire
ment. Cela fait, l'observateur attendoit le moment où le dernier
fil divisoit à la fois le disque de la planète et la tache. Dans des
circonstances favorables et quand l'image étoit tranquille, on pou
voit le plus souvent déjà au bout de 2 minutes se convaincre que
la tache n'étoit plus au centre. Lorsque pour le même passage on
trouve deux temps différents, ce sont les chiffres des deux obser
vateurs, dont chacun avoit un télescope particulier. Quelques obser
vations ont été faites dans des circonstances peu favorables et mar
quées comme douteuses; mais comme leur nombre étoit en résumé
très-petit, au lieu de donner la moitié ou une fraction quelconque
de leur valeur, nous avons préféré les laisser tout-à-fait de côté.
O b s e r v a t i o n s.
Temps sidéral de Berlin.
Première tache. Seconde tache. Intervalle.

1834 Nov. 4. 2h 6' 45" -

5. | | 7 59 43 · 8h 37 23" 37" 40"


7. 23 48 51 · 0 28 12 ::
9 44 14 -

12. 23 10 51 23 48 7. 37 16
9 7 23 9 45 5 37 42
18. 4 26 6 5 4 3 37 57
19. 10 17 26 -

21. 2 6 55 | | 2 45 17 38 22
Déc. •! . . 0 17 0 | 0 58 40 . 41 40

8.
0 18 20
2 5 9
| 0 57 15
2 43 1
| 38 55
37 52
23. 0 17 59 :: 0 58 19
- - - 0 58 14
i i - *| 5 31 57 :: | | 6 13 2
, 5 a3 54 l 6 13 32 | 39 38
Première tache. Seconde tache. Intervalle.

1834 Déc. 30. 1h 29' 12" 2h 9' 16" 40' 4" |


1835 Janv. 2. 23 10 10 23 49 4 38 54

•; -
- 3 21
20 20
38
7. - 23 16 1
11. - 2 46 39
13. 3 50 53 4 30 15 39 22
14. 23 45 4 0 24 34 39 30
9 41 20 -

16. 1 28 54 2 8 2 39 8
18. 3 14 32 3 54 47 40 15
21. 0 54 31 -

22. 6 45 3 7 26 25 41 22
FéV. 9. 2 40 39 -

10. 8 32 7 9 14 35 42 28
º 4 24 53 5 10 18 ::
4 25 3 5 9 21 44 18
13. 6 12 31 6 55 40 43 9
14. - 2 49 50
15. - 8 42 44
16. 3 52 30 4 35 3 42 33
21. - 4 1 16
23. 5 4 11 5 46 2 41 51
27. 8 36 10 9 18 48 42 38
28. 4 32 39 -

Mars 2. - 7 0 57
9. 7 29 2 8 11 5 42 3
14. 6 55 57 - -

16. 8 42 16 9 24 30 42 14
28. 9 20 6 10 3 35 43 29
31. 7 2 27 7 44 32 42 5
Avril 7. - 8 58 22
12. - 8 24 15
14. 9 28 31 10 10 42 42 11
19. 8 55 19 9 34 24 43 5.
122

Par la longitude géocentrique et héliocentrique de Jupiter


on obtient la phase de la planète, pour le moment de l'observation
corrigé par l'aberration; cette phase quoique toujours très-petite,
ne doit cependant pas être négligée entièrement. La phase don
nera la distance du centre apparent au vrai centre, exprimée en
degrès de Jupiter, et par consèquent le résultat de l'observation
sera la détermination de la longitude jovicentrique de la tache.
On obtiendra la même longitude en supposant les valeurs approxi
matives pour l'époque = e et pour la période de rotation = R.
A la rigueur il faudroit aussi tenir compte de la latitude de Ju
piter et de la légère inclinaison de son équateur, et ainsi on
devroit appliquer les formules données par Wachter *), dans sa
,Dissertatio de elementis planetarum quae circa rotationem spectant,
Berolini 1812*; mais la moindre réflexion montre combien un cal
cul si pénible seroit inutile ici, puisqu'on n'a observé que les
passages par le centre et que les deux taches sont à peu près sur
l'équateur de Jupiter.
Soit Al la différence des deux résultats de la longitude de
la tache, et At le temps que la tache a employé pour parcourir
cette longitude, chaque observation pour rectifier la valeur approxi
mative fournira l'équation de condition suivante :
At = Ae + AR,
T exprimant le temps écoulé depuis l'époque e. Si
l'on prend pour e une longitude qui tienne environ le milieu
entre les différentes longitudes qui se présentent pendant le
- T -

cours de l'observation, la valeur R


# sera toujours tellement rap
prochée d'un nombre entier, qu'on pourra parfaitement la consi
dérer comme tel. *

Prenons pour exemple l'observation faite sur la première


tache le 5 Novembre.

") Les formules qu'a données Mr. Hardenkamp, à Hamm (Astronomische Nachrich
ten JMG 350, Avril 1838), sont pour l'essentiel identiques avec celles de Mr. Wach
ter, même à l'égard des angles auxiliaires.
12S

1834. Nov. 5. 7h 49'53"


Temps sidéral 14 59 35,1
Aberration 33 59,0

AR géocentrique de Jupiter 68° 2',9 de Berlin.


ô - -
A
- · + 21 2,2
de là la longitude géocentr. de la planète 69°34',5
et la longitude héliocentrique 64 34,9
º phase —4 59,8
sin. Correction = # sinvers. phase .. = —0,00191
Correction ... —6,5.
Longitude jovicentrique de la tache = 249°28,0, résultat de
- l'observation.
En adoptant pour valeurs approximatives de e et R :
R. = 9º55'30"
ee = Nov. 4. 10"36'30" pour une longitude jovicentrique
de la tache = 247°52,3
on obtiendra pour le même moment que plus haut :
la longitude jovicentrique de la tache=249°46,5; nombre
des périodes écoulées = 3.
La différence des deux longitudes est = —18,5 que la tache
parcourt en 31 secondes; par conséquent on aura
+ 31" = Ae + 3,0 AR.
Si nous mettons de la même manière, pour la seconde tache,
Ro comme plus haut et e'e pour la même longitude = Nov. 5.
17" 1'30", nous aurons pour la correction des valeurs approxi
matives les équations suivantes :
| Première tache. | | Seconde tache.

Nov. 4. - 85" = Ae + 0 AR.Nov. 5. |— 25 = Ae + 0AR.


5. |+ 31 - + 3 - . |— 136 - + 16 -
7. |+ 89 - + 7 - 12. |— 141 - + 17 -
— 10 - + 8 - 18. |— 112 - + 31 -
12. |— 57 - + 19 - 21. |+ 8 - + 38 -
— 87 - + 20 - Déc. 6. |— 81 - + 74 -
18. |— 73 - + 34 - |+ 3 - + 74 -
129
Première tache. Seconde tache.

Nov. 19. - 48"= Ae+ 37AR.|Déc. 8. - 51= Ae + 79 AR.


21. |+ 22 - + 41 - 23. - 13 - + 115 -
Déc. 6. - 180 - + 77 - — 8 - + 115 -
— 100 - + 77 - 29. |— 114 - + 130 -
8. - 7 - + 82 - — 84 - + 130 -
29. |— 146 - + 133 - 30. + 1 - + 132 -
30. |— 81 - + 135 - |Janv. 2. + 3 - + 139 -
Janv. 2. - 14 - + 142 - 6. + 28 - + 149 -
13. - 127 - + 169 - + 60 - + 149 -
14. - 133 - + 171 - 7. |+ 88 - + 151 -
— 185 - + 172 - 11. |+ 44 - + 161 -
16. |— 246 - +176 - 13. - 81 - + 166 -
18. |— 259 - + 181 - 14. - 80 - + 168 -
21. - 245 - + 188 - 16. - 204 - + 173 -
22. |— 325 - + 191 - 18. - 162 - + 178 -
Fév. 9. |— 571 - +234 - 22. - 165 - + 188 -
10. |— 589 - +237 - |Fév. 10. -348 - + 234 -
11. |— 679 - +239 - 11. -328 - + 236 -
— 669 - +239 - 13. |—317 - + 241 -
13. - 588 - +244 - 14. -335 - + 243 -
16. |— 629 - +251 - 15. |—363 - + 246 -
23. |— 710 - +268 - 16. -393 - + 248 -
27. |— 743 - +278 - 21. -430 - + 260 -
28. |— 624 - +280 - 23. -516 - + 265 -
Mars 9. |— 826 - +302 - 27. -503 - + 275 -
14. - 845 - +314 - [Mars 2. |—418 - + 282 -
16. - 851 - +319 - 9. |— 619 - + 299 -
28. -1059 - +348 - | : 16. - 634 - + 316 -
31. - 974 - +355 - 28. - 768 - + 345 -
Avril 14. -1091 - +389 - 31. - 764 - + 352 -
19. -1145 - +401 - |Avril 7. - 715 - + 369 -
12. -873 - + 381 -
14. -876 - + 386 -
19. -878 - + 398 -

17
1330

En examinant ces équations ou seulement les intervalles


du passage des deux taches indiqués plus haut, on se convaincra,
sans autre calcul ultérieur, de l'impossibilité où l'on est de répondre
d'une manière satisfaisante aux observations, si l'on admet une
rotation uniforme. Pendant les mois de Janvier et de Février
les erreurs seroient toujours en + et monteroient jusqu'à 6 ou 7
minutes, tandis qu'au commencement et à la fin de la série elles
seroient toujours en —. De même le résultat, quel qu'il soit, ne
pourra jamais être égal pour les deux taches.
Ainsi nous nous trouvons dans le même cas que tous ceux
qui ont observé avant nous ces objets : ce que nous avons aperçu,
ce ne sont pas des parties fixes de la surface; mais, selon toute
apparence, ce sont des produits atmosphériques, analogues aux
nuages de notre planète. Leur grandeur proportionelle, leur in
tensité et leur stabilité les distinguent, il est vrai, d'une manière
essentielle des nuages de la terre, mais l'année de Jupiter plus
longue que la nôtre, le peu de variation des saisons et l'atmo
sphère probablement plus dense de cette planète *) expliquent par
faitement ces différences. Ajoutez à cela que la gravité est pres
que triple sur la surface de Jupiter, ce qui oppose à tout autre
mouvement un empêchement beaucoup plus grand que ce ne peut
être le cas sur la terre. En tout cas on accordera que le mou
vement propre des taches qui résulte de nos observations, ne pré
sente rien qui contredise la nature. Il paroîtra sans doute que
c'est peine perdue que de vouloir établir une hypothèse sur la loi
du mouvement propre d'un produit atmosphérique, mais l'impor
tant ici est seulement de trouver une loi, la plus simple possible,
qui, sans rien contenir d'absolument arbitraire, diminue à tel point

") On sait que les bandes de Jupiter s'affaiblissent considérablement vers les bords
du disque de la planète, et les taches dont nous parlons ne purent jamais être
poursuivies jusqu'aux bords; elles s'évanouïrent toujours 1h 24 ou 1h 27" après
leur passage par le centre. Cet intervalle répond à 52° ou 54° de longitude
jovicentrique, à partir du centre; ainsi dans une contrée du globe où l'affaiblisse
ment causé par l'atmosphère n'atteignoit pas encore le double du minimum, ces
taches étoient déjà invisibles, ce qui ne peut s'expliquer qu'en admettant une
atmosphère très-dense de la planète.
1331
r

les erreurs restantes et établisse la variation dans les signes de


telle sorte qu'on puisse les envisager comme erreurs d'observation;
et cette hypothèse mériteroit au moins la préférence, jusqu'à ce
que par une autre voie quelconque on arrivât à découvrir la loi
véritable de cette variation. -

Il résulte des périodes observées que depuis le commen


cement jusqu'au 22 Janvier le mouvement des taches est vérita
blement différent, tandis que depuis le 9 Février la bande ayant
presqu'entièrement disparu, ce mouvement se trouve être le même.
Par là est déjà indiqué le procédé que l'on a à suivre. On
divisera les observations en 3 séries : la première, depuis le 4 No
vembre jusqu'au 22 Janvier, embrassera 22 observations et 191 ro
tations de la première tache; la seconde, du 5 Novembre au
22 Janvier, contiendra 23 observations et 188 rotations de la
seconde tache; la troisième enfin réunira toutes les observations
faites depuis le 9 Février, c'est-à-dire 16 observations pour 168
rotations de la première tache et 19 observations pour 165 rota
tions de la seconde.
Pour expliquer une vitesse reconnue variable, l'hypothèse
la plus simple est celle d'une accélération ou d'un ralentissement
uniforme et proportionnel au temps. Il est évident qu'elle ne
peut être appliquée qu'à un temps limité. On peut expliquer sa
possibilité de différentes manières : peut-étre la bande a-t-elle .
un mouvement de rotation plus lent que celui de la planète (ce
qui présenteroit une analogie avec le vent d'est de notre équateur)
et a-t-elle par conséquent agi, pendant toute sa durée, sur les :
taches comme un milieu résistant; ou peut-être la tache s'est-elle
approchée de la surface de Jupiter et en a-t-elle reçu peu à peu
un mouvement relativement plus accéléré. Quoiqu'il en soit, il
est indispensable d'introduire dans la formule un terme dépendant
de cette variation et d'appliquer par manière d'essai la forme
d'équations suivante:
At = Ae + R AR + *, (vR/) . AR.
La solution de ces équations par la méthode des moindres quarrés
a fourni pour la première série les resultats suivants :
17 *
1332

e = Epoque pour 247° 52,3 de longitude jovicentriq. = Nov. 4.


10" 35 58",00... Erreur moyenne
+ 30",5.
R = Rotation lors de l'époque 9 55 30 ,165 .. + 0,912.
Variation pendant 100 rotat. = — 1 ,365 .. + 0,938.
Erreurs restantes :
+ 56",4 + 59,1 + 54,7 — 64,8 + 10,9
— 46,4 + 42,5 — 52,9 — 63,1 + 83,8
— 88 ,7 + 16,5 + 18,9 — 13,2
— 17,7 — 54,9 — 47,1 + 38,2 X (e*) = 81294".
+ 29 ,3 — 124,7 — 126,0 + 41,0
Mais si l'on fait A R = 0, c'est-à-dire la rotation con
stante, on aura :
G = Nov. 4. 10 36 23",7
R. - 9 55 28 ,95
x (sº) = 90709".
Les 23 observations de la seconde tache, depuis le 5 Nov.
au 22 Janvier, ont donné:
e = Nov. 5. 16" 59'22",26 ; Erreur moyenne E 34",6
R = 9 55 32,464; - - + 1 ,055
Variation pour 100 rotat. = — 2,523; - - + 1 ,058.
Erreurs restantes :
102",2 + 66,7 93,4 — 100,8 + 80,0
46 ,5 — 17,3 63,5 — 131,4 + 73,2
61 ,6 + 39,3 — 23,4 — 102,1 + 44,7
# 48,5 + 1,9 — 32,0
31 ,9 — 3,1 — 68,8
14,9
9,9 x (sº) = 97139".
i l'on rend la rotation constante, on aura:
e' = Nov. 5. 17* 0 30",23
R. :- 9 55 30 ,08
X (sº) = 126253".
Si l'on donne à A'R la valeur trouvée, les erreurs restantes
ne sont pas plus grandes qu'on ne peut s'y attendre. Cependant
la suite des signes n'est pas entièrement satisfaisante; car une
suite non interrompue de 5 négatives dans la première série, cor
respondante à une suite semblable de 6 négatives dans la seconde
série, nous montre que la variation que nous avons trouvée, n'a
pas été parfaitement proportionnelle au temps; mais on ne peut
pas pousser les choses plus loin sans avoir recours à des suppo
sitions trop arbitraires. D'après les résultats ci-dessus, la se
conde tache, pour parvenir à la longitude jovicentrique de la
première, employa donc le 4 Nov. 37 26",87; le 22 Janv. au
contraire 40 35",85. Mais les différences de longitude jovicen
trique qui répondent à ces temps, sont de 23° 9 48" pour le
commencement et de 24° 32 39" pour la fin de cette première
période qui comprend 79 jours. Leur éloignement réciproque
pendant 24 heures solaires n'étoit donc que de 1 2",91 jovicen
trique, c'est-à-dire pas tout-à-fait 5 lieues, ce qui est une diffé
rence extrêmement petite. Chacune des deux taches présente un
mouvement propre un peu plus accéléré, lorsqu'on compare les
valeurs de la rotation rapportées ci-dessus, avec les valeurs dé
finitives que nous indiquerons plus bas; cependant ces dernières
aussi ne présentent que 27 et 35 lieues par jour, vitesse qui est
bien loin d'atteindre celle d'un vent léger sur notre terre, et ainsi
il ne peut être question de ces violentes tempêtes qui résultoient
des observations de Cassini et de Schroeter. En tout cas il seroit
nécessaire de connoître le détail de ces observations et de les ré
duire exactement avec les données actuels. Car déjà les diffé
rences d'aberration, si nous les avions négligées, nous auroient
donné une période plus longue de 4 à 5 secondes, et un ralen
tissement au lieu d'une accélération.
Pour la troisième série, prenons pour valeurs approximatives
= Févr. 9, 4h 54'
e'g = Févr. 9. 5 37
Re = 9 55 26".
Si l'on applique aussi ici la formule précédente qui con
VV \ 2

tient le terme # (§) A'R, et qu'on fasse d'abord les calculs sur
chaque tache à part, les équations finales donneront la variation
pour 100 rotations,
pour la première tache + 0",322; erreur moyenne + 1",1
- la seconde - + 0,608; - - + 0 ,95,
donc cette hypothèse semble ne pas se justifier ici.
134

Si, dans une seconde épreuve, nous mettons la rotation


constante pour les deux taches, mais examinée pour chacune à
part, alors nous aurons la valeur de AR,
pour la première tache + 0",665
- la seconde - + 0 ,425,
ce qui présente une différence si petite, qu'elle tombe entièrement
en dedans des limites que l'erreur moyenne tracera aux deux va
leurs trouvées. Ainsi l'existence d'une telle différence devient
tout-à-fait invraisemblable.
Si nous donnons enfin, dans une troisième épreuve, aux
deux taches la même période de rotation tout-à-fait constante,
les équations finales donneront alors pour résultat :
Ae = — 11",31; poids 7,2029
Ae = — 18 87; - 7,4238
100 AR = + 53 ,24; - 10,4426
et dans cette hypothèse restent les erreurs suivantes :
Première ta che.
— 10",3 + 28,0 — 116,8 + 86,3
— 2 ,7 — 11,3 + 10,7 — 27,3
+ 80 ,4 + 10,8 — 9,7 — 38,3
+ 70 ,4 + 9,1 — 19,1 — 25,8
S e conde tache.
+ 18",7 + 15,1
+ 64,1 + 33,5
— 8 ,2 + 10,5
+ 20,3 + 19,1
— 33 ,6 + 79,2
+ 53,7 — 20,4
— 25 ,5 + 31,5
+ 25,1
— 108 ,0 — 77,8 — 82,9 X (sº) = 81529.
Erreur moyenne d'une seule observation = 55",99.
Comme le disque de Jupiter parut dans les mois de Mars
et d'Avril 1835 considérablement plus petit que dans ceux de Dé
cembre et de Janvier, on auroit pu s'attendre à avoir une erreur
moyenne plus considérable dans la dernière série que dans les
deux premières; néanmoins le contraire arriva. Cette diminution
d'erreur peut, il est vrai, provenir en partie de ce que, par l'exer
cice, nous étions arrivé à une appréciation plus exacte et plus
sûre, mais d'un autre côté il est certain que dans une hypothèse
1335

qui ne reposeroit sur aucun fait réel, les erreurs n'auroient pas
pu être aussi légères. Ou bien donc la rotation trouvée est celle
de Jupiter, ou bien les deux taches ont, après la disparition de
la bande environnante, conservé le même mouvement uniforme,
conséquence qu'il est impossible de démontrer directement et qui
en soi est très-peu vraisemblable.
Le résultat définitif est donc :
e = 1835. Févr. 9. 4" 53 48",69 ; Incertitude E 20",87
' = — — - 5 36 41 ,13 ; , - + 20,56
R = 9 55 26 ,5324; - + 0,1733.
Il pourroit encore être intéressant de connoître la durée
de la rotation pour cet intervalle de 17 jours pendant lesquels
il n'y eut pas d'observations. Une simple division nous montrera
que la première tache a, depuis le 22 Janvier au 9 Février, fait
43 rotations, chacune de 9" 55 24",4; la seconde dans le même
temps jusqu'au 10 Février, 46 rotations, chacune de 9" 55 26"1.
Ces résultats offrent, il est vrai, une coïncidence assez remar
quable avec le dernier cité plus haut, nous ne trouvons toutefois
pas convenable d'y introduire pour cela des changements.
D'après Laplace la révolution sidérale de Jupiter est
= 4332,5848212, par conséquent,
l'année de Jupiter contient 10477,7963 jours sidéraux
|
ou 10476,7963 jours solaires de Jupiter;
l'excédent du jour solaire est = 3",4097,
et sa durée moyenne = 9h 55 29",9421.
Ces mêmes taches ont été observées encore par Mr. le professeur
Airy à Greenwich. Il remarqua une série peu considérable de
différences en AR entre la tache et les bords de Jupiter (le dé
tail de ce travail ne nous est du reste pas connu) et il en déduisit
une période de rotation = 9" 55 24",2. Mr. le conseiller Bessel
fit également quelques observations sur les passages de ces taches
par le centre apparent, et trouva un temps de rotation assez rap
proché du nôtre. Par conséquent si Mr. Valz à Nîmes résuma
ses travaux sur ces taches en disant (Astronomische Nachrich
ten 278): ,la lunette me permettant à peine de distinguer ces
,,taches, la précision ne seroit pas suffisante pour conclure la
13B6

, révolution, à moins d'intervalles plus considérables", cela pro


vient probablement de la faiblesse du télescope dont il s'est servi.
Nous avons souvent vu ces taches au commencement du crépus
cule, et observé dans la même nuit deux fois leur passage, comme
le montrent les données précédentes, mais jamais nous n'avons
aperçu ni sur Jupiter, ni sur le disque d'une autre planète quel
conque, des taches noires d'une intensité plus grande ou même
égale. Dans la même lettre Mr. Valz parle de la rotation de
Vénus et se déclare pour la période de Bianchini: ,,Ayant vu,
,dit-il, maintes fois les échancrures du croissant immobiles pen
,dant plusieurs heures de suite.º Mais l'extrême difficulté d'ob
server des inégalités sur Vénus est connue de tous ceux qui se
sont occupés de cette planète, et nous avouons ne pouvoir con
cilier ces deux opinions de Mr. Valz, qu'en admettant que pour
Vénus cet astronome employa une lunette bien supérieure à celle
dont il se servit pour Jupiter.
Dans la Planche I, nous avons donné quelques dessins de
la surface de Jupiter telle qu'elle nous est apparue pendant nos
observations. La figure I a été prise le 23 Décembre 1834, à
0º 17 45" temps sidéral de Berlin. La tache assez faible que
nous trouvons à gauche (à l'occident) dans la bande boréale, ne
put pas être observée; il en est tout autrement des deux suivantes
dont la première passe précisément par le centre et la seconde
en est encore éloignée de 38 de temps. La figure II nous mon
tre la seconde tache au centre, et a été dessinée le même soir
à 0* 55 0" (temps sidéral). La figure III offre le disque de Ju
piter au 2 Janvier 1835, 23* 55 (temps sidéral). La seconde
tache qui se trouve au milieu, a gagné en netteté probablement
par suite de l'affaiblissement déjà visible de la bande. La figure IV
représente Jupiter le 16 Janvier 1836, à 4" 50 (temps sidéral).
Le centre approximatif de la sinuosité, qui est ici représenté par
un point, passa par le centre de Jupiter à 5" 2 45"; le lende
main le passage eut lieu à 0" 51 50". La figure V a été des
sinée 5 heures plus tard, le 17 Janvier à 6º 0'. La condensation
très-remarquable de la bande équatoréale occupa le centre du
disque peu après, à 6" 5'45" (temps sidéral), et le 19 à 7" 35 58"
1339

(temps sidéral), après que la tache australe qui la précédoit, eut


passé à 7º 18 2". Nous pûmes encore une seule fois, le 20 Fé
vrier 1836, observer le passage par le centre de la première tache,
passage qui s'effectua à 5" 54 54" (temps sidéral). Le mauvais
temps nous empêcha avant et depuis ce jour-là de répéter cette
observation. Le petit nombre de ces dates ne permet naturellement
pas de corriger le résultat précédemment obtenu; mais il est facile
de voir que toutes ces observations le confirment. On obtient
ainsi pendant un intervalle de 85 rotations de la tache australe,
Figure V, un temps de révolution = 9" 55 23",5.
Pendant cette observation, il est arrivé plusieurs fois qu'en
voulant déterminer la position de la bande, pour ramener le fil
de bissection dans la direction indiquée plus haut, les déviations
de l'angle paroissoient plus grandes que l'exactitude des mesures
ne pouvoit le permettre, ce qui nous conduisit à supposer que la
bande n'étoit pas parfaitement parallèle à l'équateur de Jupiter.
Pour arriver à une certitude à cet égard, nous avons pris, du
16 au 19 Janvier, les mesures suivantes sur la ligne qui partage
les deux bandes noires.
Janv. 16. 3" 35 temps sidéral.
41° 17'
131 35
42 30
131 55
41 42
131 11
42 8
131 20
41 14
131 22
41° 37',4
Parallèle de l'équateur terrestre = 46 37,5
Position de la bande + 5° 0,1, en comptant de l'E. auS.
Des observations semblables ont donné:
Janv. 17. 2" 50'. + 6° 26',2 . .. 5 reprises.
3 25 . + 6 37,4 . .. 5 -
6 5. + 4 45,2 ... 5 -
18
1338
/

Janv. 19. 1° 52'. + 4° 46',6 ... 5 reprises.


2 52 . + 5 1 ,2 . .. 6 -
4 51 . + 6 2,1 . .. 7 -
5 51 . + 6 25,2 . .. 6 -
6 50 . + 5 56,5 . .. 6 -
7 50 . + 5 36,3 ... 7 -
Si l'on néglige comme imperceptibles les variations extrême
ment légères qu'éprouve la position de l'équateur de Jupiter, par
suite du mouvement propre de cette planète pendant l'espace de
2 jours, on obtient :
Position de l'équateur de Jupiter, 19 Janv. 1836 = + 5°41,7
Inclinaison de la ligne qui divise la bande, vers l'équateur =49,5.
Passage du noeud ascendant de cette ligne
par le centre du disque = Janv. 19. 5" 35'
temps sidéral de Berlin.
Ainsi les observations particulières s'accordent parfaitement
entr'elles (car les plus grandes différences sont de 20 et 23), et
l'inclinaison de cette bande vers l'équateur de Jupiter est con
firmée; circonstance qu'il ne faut pas oublier, pour déterminer
l'axe de rotation de Jupiter.

Herschell père, comme on le sait, a comparé la clarté


des satellites de Jupiter dans leurs différentes positions vis-à-vis
de la planète, pour déterminer la loi de leur rotation. De ses
observations il conclut que les satellites de Jupiter opèrent, de
même que le nôtre, en même temps leur mouvement de rotation
autour de leur axe et leur révolution autour de Jupiter. Depuis
ce temps là ce résultat ne paroît pas avoir été l'objet de nou
velles recherches, c'est pourquoi nous présentons ici quelques
observations faites pendant l'opposition de l'année 1836.
La virgule (,) désigne une différence très-légère et sou
vent à peine sensible; le point-virgule (;) une différence plus
grande, et le point (.) la différence la plus considérable. La
série des nombres commence toujours par le satellite le plus
éclatant.
1339

Temps
sidéral. Satellites. Remarques.
1835 Déc. 10. 1h 1o 1 =2,4 Lorsque nous ne comparons que
3 ou 2 satellites, c'est que les
autres étoient ou invisibles ou
trop rapprochés de la planète.
1836 Janv. - 134

2
22

le 4° bleuâtre.
-º 4
##
20 ; Légère différence; le 3° le plus
grand, le 1" le plus petit.
52 de même. -

peu certain à cause du hâle.

: très-déterminé.

=# les trois faibles ne présentent


pas de différence certaine.

le 4° très faible.
3 le 2" visible sur le disque de
Jupiter.
# #$ Le 3° plus grand que le 1",
mais de la même clarté.
18 *
140

† Satellites.
Remarques.
1836 Janv. 25. 12h 0' 3=1 ; 2 , 4 Vers 5h le 1º et le 3° étoient
très-rapprochés; de même vers '
12". Les deux fois le 1", en
comparaison du 3°, présentoit
une lueur bleuâtre et plus in
tense que le 3°, qui étoit jau
nâtre et plus grand.
26. 6 0
3 ; 1,2 ;4
FéV. 1• 5 30
3, 1 ,4 Le 3° jaunâtre, le 1" bleuâtre.
7 0
3, 1 ; 2, 4
3 0
3, 1 , 4,2 Différence très-faible.
4 30
3 ;4=2, 1
: 3 0 3. 2= 1 ; 4
4 15 3. 1 , 2 ; 4
Le 3° extraordinairement clair.
Le 1"un peu plus clair quele2º,
mais seulement pendant leur
conjonction mutuelle.
5 30 3; 1 ;2 ;4
4 15 3;2; 1 ;4
5 20 3;2; 1 ;4
7 10 3;2;4
4 30 3 ; 1 ;4
6 30 3 ; 1 ;4
5 0 3,4, 2, 1 Différence incertaine. Le 4e
est notablement plus clair qu'à
l'ordinaire.
3 40 3 ; 1 , 2, 4
4 20 3 ; 2.4
5 25 3 ; 1 =2;4 Le 2" plus grand, mais de même
clarté que le 1".
Mars 5 25 3 ;2; 4
6 10 3, 1 = 2 ; 4
6 40 3, 1 , 2 ; Le 2" plus grand, le 1" plus
clair.
7 30 3, 1 ; 2=4
141

Temps
sidéral. | Satellites. Remarques.
1836 Mars 6. | 5º 15 3 ; 2 ; 1 ;4
- | 5 50 3 ; 2, 1 ; 4
- | 7 20 3 . 2= 1 ; 4| Le 2º et le 1°r sont à 12" seu
lement l'un de l'autre. Quel
ques fois le 2" paroît un peu
plus clair, mais c'est incertain.
12. | 6 40 1 , 2 ; -

19. | 7 0 3=2= 1 ;4| Le 3° peut-être un peu plus


clair. -

20. | 8 0 3;1;4 Différence considérable.


Avril 7. | 7 0 1 , 2 En plein jour.
8. | 8 40 3 ; 1=2 ; 4
- | 8 35 3 ; 2 ; 4.
Les observations ne sont, comme on le voit, pas assez nom
breuses pour résoudre définitivement la question. Quant au 3° sa
tellite, il ne le céda jamais en rien aux autres, il les surpassa au
contraire dans la plûpart des cas, et il paroît en général n'être
soumis qu'à des variations très-légères, de sorte qu'on ne peut
rien déterminer exactement à son égard. Le 4° présenta à 4 re
prises un éclat sensiblement plus grand qu'à l'ordinaire, savoir : le
7 Janvier de 2" 30 à 4" 0 où il surpassa en éclat le premier et
le second satellite; le 16 à 2" 0 et 2" 50', où le même cas se
présenta et où il conserva jusqu'au 19 la même clarté que le pre
mier et le second; le 4 Février à 4" 30', où il étoit égal au se
cond (ce qui avoit déjà eu lieu le 2 à 3" 0) et où il surpassa le
premier; enfin le 20 Février à 5" 0, où il étoit égal au premier
et au second, si même il ne les surpassoit pas. Les trois der
nières apparitions coïncident parfaitement avec la période syno
dique de ce satellite, qui est de 16 jours 19"12 (temps sidéral), et
toutes les observations intermédiaires, où le quatrième satellite
occupe toujours le dernier rang en clarté, s'accordent également
à confirmer le résultat d'Herschell. Toutefois l'observation du
7 Janvier, où le quatrième satellite apparut également plus écla
tant, fait ici une exception. Il faut cependant remarquer que cette
142

exception isolée tombe au commencement de la série d'observations


et qu'à cette époque ces observations sont très-délicates, et ainsi
il seroit possible que la cause de cette différence ne fût pas tant
un éclat inaccoutumé du quatrième satellite qu'un affaiblissement
des deux premiers.
Il reste encore le premier et le second satellites dont les
temps de révolution sont à peu de chose près dans le rapport
de 1 : 2, tellement que pendant une courte époque on peut en
tièrement faire abstraction de la légère différence qui se présente,
si toutefois l'on ne tient pas à avoir un rapport absolument exact.
Mais dans cette supposition, si les temps de rotation sont égaux
aux temps de révolution, après que le second satellite aura ter
miné sa révolution (au bout de 85" 32 de temps sidéral) le
rapport de leur éclat devra être de nouveau le même qu'au
paravant.
Ordinairement le premier satellite surpasse en éclat le se
cond; quelquefois il est au même degré, mais il peut aussi ar
river qu'il ait un éclat moins vif. L'observation où ce dernier
cas se présente avec le plus de précision, est celle qui a été
faite le 13 Février à 4" 15 et 5" 20', où le second satellite l'em
porta évidemment sur le premier. Si nous prenons pour époque
la moyenne de ces deux moments d'observation (c'est-à-dire,
Févr. 13. 4" 48) et que nous appliquions la période p = 85" 32'
de temps sidéral aux observations qui suivirent et à celles qui
précédèrent ce moment, nous aurons les résultats suivants : le
20 Février à 5" 0 (2 p — 3") où le second satellite est un peu
plus clair; le 6 Mars 5" 15" (6 p + 15") où le même fait a lieu,
tandis que deux heures plus tard la comparaison la plus minu
tieuse nous les montra toujours d'un éclat parfaitement égal; le
19 Mars 7º 0 (10 p — 13") où tous deux sont égaux, ce qui eut
également lieu le 1" Mars 6º 0 (5 p — 10"). Quant aux obser
vations antérieures, nous avons : le 26 Janvier 6" 0 (—5 p + 3*),
mais où le second satellite est un peu moindre que le premier;
le 22 Janvier 6" 0' (— 6 p — 13") où le second est déjà un peu
plus grand, tandis que 3 heures auparavant il étoit parfaitement
égal au premier; le 19 Janvier à 2* 0 et 7* 0 (— 7 p — 4" et
1433

—7 p + 1") où les deux satellites sont d'un éclat égal. Au con


traire, si les observations s'éloignent d'avantage de la fin de la pé
riode, nous retrouvons la suite 1;2, et quelquefois seulement
nous avons remarqué identité entr'eux. Autant que l'on peut con
clure de ces observations dont l'exactitude n'est, nous l'avouons,
que médiocre, les résultats trouvés par Herschell se confirment
quant au premier, au second et au quatrième satellites de Jupiter,
tandis que pour le troisième nous ne pouvons rien déterminer
de précis. La couleur bleuâtre du quatrième a été remarquée
non seulement le 9 Janvier, mais encore dans presque toutes les
observations ultérieures; le contraire du moins ne s'est jamais
présenté. Il en est de même pour le troisième qui tiroit le plus
sur le jaune; le premier, quand il étoit très-rapproché du troi
sième, nous apparut ordinairement bleuâtre, comparé avec lui; le
second présenta aussi la même différence.

L'aplatissement du sphéroïde de Jupiter, que Cassini,


Short, Pound et autres astronomes avoient mesuré ou plutôt
seulement apprécié et avoient trouvé être de i'r à º, Mr. Arago
l'a fixé, comme on le sait, à I#. Quoique ce résultat mérite
sans aucun doute d'être placé au dessus de tous les précédents
et même au dessus de celui de Hussey (#), car ce dernier n'a
fait que peu d'observations et n'a en outre pas tenu compte de
la phase, cependant un nouvel examen de cet objet ne sera pas
sans intérêt, surtout aussi à l'égard d'autres questions qui s'y
rattachent.
Nous avons employé pour ces mesures l'héliomètre dont
nous parlerons plus en particulier à la fin de cet ouvrage; mais
jusqu'à présent nous n'avons obtenu que 15 comparaisons des
deux diamètres et cela toujours après l'opposition. Nous don
nons d'abord un exemple complet de ces observations.
144

1839. Juin 7.
Temps sid. 13º48 14h 0' 14h 15' 14h 24'
69R,605 7OR,9S9 70R,9S6 71R,025
71R,028 " 69R,624 " " 69R,640 6OR,603
69 ,594 70 ,9S0 70 ,985 71 ,011
71 ,011 69 ,622 69 ,632 69 ,611
69 ,598 70 ,995 70 ,990 71 ,025
71 ,013 9 ,626 69 ,632 69 ,613
70 ,986 70 ,995 71 ,022
69 ,626 69 ,627 69 ,600
70 ,989 70 ,981 71 ,019
69 ,635 69 ,624 69 ,601

Diamètre équatoréal. Diam. polaire. Diam. polaire. Diam. équator.


Observateurs : 1Maedler. 1Maedler. Beer. Beer.

Ces observations réunies deux à deux donnent les doubles


diamètres suivants :
1,420 1,365 1,346 1,422
417 358 353 400
415 369 358 412
408 360 368 422
412 354 357 418
1,4144 1,3612 1,3564 1,4148
La valeur admise actuellement (en nous réservant une dé
termination plus exacte plus tard) pour un tour entier de la
vis est de 56",545, et nous avons ainsi les diamètres (non cor
rigés) suivants :
39",989 38",485 38",350 40",001.
Si l'on y ajoute les corrections exigées par suite de la phase de
Jupiter et de la réfraction, et qu'on réduise la mesure prise sur
la distance moyenne de Jupiter (dont le logar. = 0.71623), on
aura comme diamètres corrigés :
37",927 équat. 36",308 pol. 36",184 pol. 37",940 équat.
par conséquent pour l'aplatissement:
-"-^ S->"-*
P P
logar. + = 998105. logar. A = 997941.
145

Nous avons obtenu de la même manière les résultats suivants :

1S39. Temps moy. | Mesure. Diamètre réduit. logar. # ° .


Equat. Pol.

"º #| "#| as,es7 | 36,177 | 99753s | M.


* # #| " #| 3s 501 | 36,405 | 97569 | M.
* # #| * #| 37 9es | 36 036 | 9777s | M.
* # #| " #| 3s 3o7 | 35,7ss | 97o16 | B.
" # #| * #| 37 s66 | 35 s5s | 97631 | M.
º 1 # #| †| 37 426 | 35 e96 | 97156 | B.
" # #| " #| 3s,5s9 | 36 60s | 97711 | M.
5. º #| ! # 38 ,S38 | 36 ,S37 | 97704 | /M.

" # #| ! #| 37 927 | 36 30s | 9s105 | M.


7 # #| #| 37 911 | 36,1s1 | 97911 | B.
" # #| * #| 3s ais | 36 910 | 9s971 | M.
1º ! †| " #| 3s 579 | 36 s10 | 97997 | B.
# # # † †| † | †
10 20 20# 37 ,786 | 36 ,079 | 97993 | /MZ.
Moyenne 3s",234 | 36",359 | 9.97776
par conséquent A : P = 20,032 : 19,032 ou a = º
Pour l'erreur moyenne de la moyenne tirée de ces 15
déterminations on obtient 241 unités de la 5° décimale de
logar. #; ainsi donc pour l'erreur probable, d'après la suppo
sition ordinaire, 165 unités, de sorte qu'il y a à parier un contre
un que l'aplatissement de Jupiter tombera entre
1
T8585 * 2I,598
19
146

Nous voulons dorénavant vouer une attention particulière


à cet objet et prendre des mesures des deux diamètres avant
et surtout pendant les oppositions, car il est possible que la li
mite de la lumière que nous avons aperçue sur le globe de Ju
piter s'écarte de celle qui est calculée par la différence des lieux
géocentriques et héliocentriques, comme c'est certainement le cas
pour Mercure et Vénus et comme cela devient probable même
dans la série ci-dessus par l'accroissement que nous avons re
P
marqué à la fin de cette série dans le logar. TA " Dans ce cas
l'aplatissement que nous avons trouvé, seroit un peu trop petit.
Du reste il est remarquable, que dans le tableau ci-dessus, .
à un diamètre équatoréal plus petit correspond presque toujours
aussi un diamètre polaire plus petit, et que ce rapport se trouve
aussi, lorsqu'on compare les résultats de chaque observateur à
part. On ne peut guère expliquer ce fait autrement que par
l'influence d'une différence de diaphanéité dans l'atmosphère ter
restre.
M| R r s•

Cette planète est, à l'exception de Vénus, celle qui peut le plus


se rapprocher de la terre, lors de son opposition, et si l'on consi
dère la position défavorable que prend Vénus dans le temps de
son moindre éloignement, Mars est, après la lune, celui de tous
les globes célestes qui est le plus propre à des observations phy
siques. Mais ces mêmes circonstances font aussi que ses oppo
sitions toutes favorables sont les plus rares, et la grande excentri
cité de son orbite donne lieu à une grande différence de distance
dans les oppositions diverses. Un tableau général des oppositions
qui ont eu lieu depuis 1828, rendra la chose plus claire.
Temps de Rayon Distance de Diamètre
l'opposition. vecteur. la Terre. apparent.
1828 Juin 30. 4" 0 Temps moyen 1,4327 0,4167 21",6
1830 Sept. 19. 5 4 de Berlin. 1,3911 0,3895 23 ,1
1832 Nov. 20. 3 11 - - 1,4991 0,5118 17 ,6
1835 Janv. 2. 4 9 - - 1,6037 0,6212 14 ,5
1837 Févr. 5. 15 40 - - 1,6594 0,6741 13 ,3
1839 Mars 11. 19 21 - - , 1,6574 0,6638 13 ,5.
Les 4 suivantes auront lieu, d'après une approximation, de
la manière ci-dessous :
1841 Avril 17. - Temps moyen 1,596 0,591 15",1
1843 Juin 5. - - de Berlin. 1,503 0,489 18 ,4
1845 Août 17. - - - 1,393 0,382 23 ,5
1847 Oct. 30. - * • • 1,464 0,472 18,9.
19 *
14S

On ne doit donc pas s'étonner si dans des oppositions fa


vorables des télescopes de dimensions moyennes ont plus d'effet
que des télescopes beaucoup plus grands dans celles qui le sont
moins; et comme, d'après les éléments de rotation donnés par
Herschell, le milieu de l'été de l'hémisphère austral coïncide
presque parfaitement avec le périhélie (tous deux ne sont maintenant
qu'à une distance de 15° l'un de l'autre), nous ne pourrons jamais
connoître l'hémisphère boréal avec autant d'exactitude que l'hé
misphère austral. Le signe 4 à désignant l'équinoxe du printemps
de l'hémisphère austral, la position de Mars, pour ce qui con
cerne ses saisons, dans les oppositions observées jusqu'a présent,
fut la suivante :
1828 Q + 20°, comparable au 14 Octobre de la Terre.
1830 Q + 98 - - - 30 Déc. - -

1832 Q + 160 - - - 1 Mars - -

1835 R5 + 24 - - - 14 Avril - -

1837 U + 58 - - — 19 Mai - -

1839 R5 + 93 - - - 24 Juin - -

et dans les oppositions suivantes elle sera :


1841 t5 + 130°, comparable au 3 Août -

1843 ,5 + 176 - - - 19 Sept. - -

1845 {5 + 66 - - - 28 NoV. - -

1847 {5 + 139 - - - 8 Févr. - -

En outre, à cause de la forte inclinaison de l'axe de Mars


vers l'écliptique (30° 18), la comparaison des résultats de l'obser
vation dans des oppositions différentes sera très-difficile, et comme
il s'agit ici d'une planète d'un très-petit diamètre, l'ensemble des
observations ne peut pas donner un résultat aussi favorable qu'on
devroit croire au premier abord.
Lors de l'opposition de 1828 la base de notre télescope
ne nous permettoit pas encore de lui donner la fixité nécessaire,
ni de le mouvoir doucement: c'est pourquoi nous n'avons pu
apercevoir autre chose que la tache blanche assez grande du pôle
austral et un assemblage confus de taches grises sur le reste du globe.
Lors de l'opposition de 1880 nos instruments étoient mieux
disposes. Nous commençâmes les observations régulières le 10Sep
149

tembre, nous les continuâmes par un temps en général très-favo


rable jusqu'au 20 Octobre aussi souvent que possible, et nous
fimes encore quelques comparaisons plus tard, le 5 et le 10 No
vembre. Notre but principal étoit de déterminer exactement la
période de rotation sur laquelle on a des opinions sensiblement
diverses. Herschell père avoit déduit de ses observations de 1778
et 1780 une période de 24" 39 21", Huth à Manheim en avoit
trouvé une de 24" 43 et les observations de Kunowsky dans
l'hiver de 1821 à 1822, qui manquent cependant d'une détermina
tion exacte du temps, donnent 24" 36 40". Dans les observations
d'Herschell le nombre des rotations entières étoit douteux et en
outre il n'avoit pas eu égard à l'aberration et à la phase : les deux
autres données ne sont que le résultat d'une seule opposition
sans égard à une opposition suivante. Il importoit avant tout de
déduire d'une opposition la période avec un degré d'exactitude qui
permît de déterminer avec assez de certitude le nombre des ro
tations entières qui devoient avoir lieu jusqu'à l'opposition sui
vante. L'erreur moyenne du premier résultat ne devoit donc dé
passer 30" à 40" en temps, et on ne pouvoit espérer d'atteindre
ce résultat que lors d'un rapprochement de la terre aussi grand
qu'il y eut lieu cette fois.
A la rigueur on auroit dû lier à cette recherche en même
temps un examen des autres éléments de la rotation. Mais nous
manquions d'un cercle de position, à quoi nous n'avons subvenu
que plus tard, de sorte que nous en avons été empêchés et nous
avons été obligés d'admettre ceux d'Herschell. Cependant pour
rendre ces incertitudes moins désavantageuses, nous avons choisi
parmi les taches qui se distinguoient suffisamment celle qui étoit
le plus rapprochée du centre apparent. Une erreur considérable
dans les éléments admis auroit dû se montrer, sinon dans une
seule opposition, du moins dans les oppositions suivantes par leur
comparaison avec la première; or toutes les observations que nous
avons faites jusqu'a présent, se sont suffisamment accordées entr'elles.
Puis en même temps des observations prolongées devoient
démontrer si les taches que présente la surface de Mars, sont
variables ou non dans leur forme, leur grandeur et leur couleur,
150

si elles ont un mouvement propre et si l'on doit les regarder


comme des condensations ou des obscurcissements semblables à
nos nuages ou comme des parties fixes appartenant à la surface.
Des observateurs précédents avoient déjà laissé là dessus des don
nées importantes. Déjà Maraldi, à Paris, avoit en 1716 distingué
la tache blanche au bord boréal de Mars, et presque tous les
observateurs subséquents en font mention. Cette tache s'étoit aussi
montrée au bord austral de la planète et même, quelquefois les
deux taches avoient été visibles en même temps. Même avant que
les recherches d'Herschell père eussent placé les pôles de Mars
au centre de ces taches, on avoit déjà conçu l'idée qu'il y avoit
là des neiges comme aux pôles de la terre. Quelques-uns avoient
cru remarquer que ces taches formoient comme de petites éléva
tions qui ressortoient en dehors du bord moyen de la planète, ce
que d'autres attribuèrent avec beaucoup de vraisemblance à l'éclat
considérable de ces taches. La plûpart des observateurs regar
doient aussi les autres taches comme variables, cependant Mr. le
conseiller Kunowsky, à Berlin, déclara qu'elles étoient constantes.
Schroeter mentionne souvent ses observations sur Mars; il se dé
clare contre l'aplatissement de 1º de la planète qu'avoit aperçu
Herschell, et conclut que, si toutefois il existe, il ne peut s'élever
au-dessus de s'y. Cependant son ouvrage sur Mars (Areographische
Fragmente), qui d'après son annonce devoit contenir 224 dessins,
n'a jamais paru. Plusieurs observateurs font mention d'un éclat
particulier du bord oriental et du bord occidental de la planète,
ce qui présenteroit un aspect semblable à des ménisques étroits
qui entoureroient le globe particulièrement à ces endroits. Les
contradictions qui se présentoient dans ces observations faites avec
des instruments différents, ou, si l'on veut, les changements phy
siques qui s'opéroient dans le cours du temps, étoient par consé
quent très-considérables.
Depuis le 10 Septembre au 20 Octobre nous fîmes des
observations pendant 17 nuits plus ou moins favorables, dans les
quelles tous les côtés de Mars visibles dans cette opposition se
présentèrent plusieurs fois à notre vue. Nous obtînmes 35 dessins
de son disque; nous en avons communiqué les 24 meilleurs dans
151

le Journal Astronomische Nachrichten, Tome VIII, JM6 192. Nous


n'avons pas trouvé à propos d'employer le micromètre, car la fai
blesse des taches aperçues ne nous auroit permis de prendre au
cune mesure proprement dite, et une appréciation d'après les par
ties du diamètre du disque nous parut promettre une certitude
d'autant plus grande que la tache blanche du pôle austral qui se
montra dès le commencement avec beaucoup de précision, étoit
bien propre à déterminer un méridien divisant le disque. Il s'é-
coula ordinairement un certain temps jusqu'à ce que la masse de
taches que l'on apercevoit d'abord vague et indéterminée, présen
tât des formes parfaitement distinctes. Le dessin a été exécuté
immédiatement devant le télescope : les coordonnées des points les
plus distincts ont été déterminées, comme nous l'avons dit plus
haut, par l'appréciation et représentées graphiquement, le reste du
détail a été dessiné plus tard.
Une petite tache a d'un noir très-prononcé se distingua
si fortement des autres dès la première observation par ses limites
bien marquées et fut si rapprochée de l'équateur supposé, que nous
crûmes devoir la choisir pour notre tache normale dans la déter
mination de la rotation. Elle parut à 9" 30 (fig. 1.) à la faible
distance de 7° d'arc de Mars loin du méridien moyen. Le 14 nous
la vîmes depuis 10" (fig. 2.) a 15" 15 (fig. 4.) s'avancer depuis
l'hémisphère oriental jusque dans la proximité du bord occidental;
nous en avons pris 5 dessins. Le 15 à 8" 50 (fig. 5.) elle n'étoit
pas encore visible; elle ne le fut qu'à 13" 15'. Le 16 à 9º elle ne
l'étoit également pas; en revanche à 12" elle étoit très-distincte.
Alors déjà nous pûmes déduire la période de rotation; il étoit
évident que le 19 et les soirs suivants jusqu'au milieu d'Octobre,
la tache ne pourroit plus être observée dans les heures commodes
de la nuit. Le 19 (fig. 6.7.) l'image étant parfaitement distincte,
il se montra deux places rouges (limitées sur le dessin général
par des points) semblables à la belle couleur rouge des crépus
cules de notre terre. Au bout d'une heure elles étoient déjà plus
faibles, et plus tard elles furent bien assez claires, mais jamais
elles ne reparurent avec une couleur rouge distincte. En outre
il se montra (à 10" 6) une petite tache g peu foncée à côté de
152

la pointe f, mais que plus tard on ne put plus apercevoir. Pro


bablement elle ne fut visible qu'à cause de la grande sérénité de
l'air; ou lorsqu'elle reparut, ce fut toujours réunie à f, car
l'espace qui les sépare, fut toujours extrêmement difficile à
distinguer.
Dans les observations du 26 Septembre au 5 Octobre
(fig. 10— 12), il se montra plusieurs taches d'une couleur pas
sablement sombre, s'étendant sur le disque en forme de zône, qui
étoient très-fortement limitées surtout du côté du nord et y for
moient un contraste très - prononcé avec cet espace tout - à - fait
libre de taches et présentant une lumière entièrement claire. Une
saillie de ces taches au point m étoit distincte et large surtout au
côté boréal; au côté austral au contraire elle étoit si étroite qu'on
ne pouvoit l'apercevoir qu'avec beaucoup de peine. La tache pm
étoit très-noire, surtout à son extrémité occidentale p qui étoit
arrondie. Entre cette tache et la tache blanche du pôle austral
se montra constamment une bande q assez large mais d'une teinte
blafarde. Du 5 au 12 Octobre des nuages suspendirent nos ob
servations. Le 13 seulement nous aperçûmes de nouveau une pe
tite tache foncée près du bord occidental (fig. 13) et le 14 à
7º 37 (fig. 14) nous nous assurâmes que c'étoit la tache a de la
première observation. Maintenant il importoit de distinguer dans
les soirées suivantes avec la plus grande précision possible son
passage par le centre, et c'est ce que nous pûmes faire les 19
et 20 par un air extraordinairement serein (fig. 15. 16.). En
égard à la phase de Mars, nous obtînmes par l'appréciation pour
la tache a les coordonnées centrales suivantes, où le rayon du
disque est pris comme unité:
Oct. 19. 8" 4 x = — 0,30; y = + 0,25
8 13 — 0,2 + 0,2
8 53 0,0 + 0,28
10 20 + 0,40 + 0,22.

Les observations 1, 2 et 4 ne servent ici que pour confirmer le


résultat que nous admettons être 8" 53'.
153

Oct. 20, 7h 52' — 0,6 + 0,15


8 20 — 0,5 + 0,15
8 40 — 0,33 + 0,2
9 30 — 0,05 + 0,3
9 48 + 0,05 + 0,3
10 20 + 0,25 + 0,25.
Ici nous devons avoir égard à la phase (0,08), puisque cela n'a
pas eu lieu dans l'appréciation. En négligeant les valeurs 1 et 2
qui sont peu certaines, on obtient pour le passage de la tache
par le centre
Octobre 20. 9h 34'.
La phase étoit devenue visible dès le 13 Octobre et Mars avoit
alors une forme déjà un peu alongée. Elle étoit ce jour là, d'a-
près le calcul, 0,06 du rayon.
On put alors de la même manière réduire les observations
des 10, 14 et 16 Septembre, puisque le calcul nous donnoit la
période avec une précision suffisante, et nous trouvâmes :
Sept. 10 à Sept. 14. (4 rot.) 24" 34,5
(1) 14 à - 16. (2 - ) 24 45
- 10 à - 16. (6 - ) 24" 37 51"
puis :
Sept. 10 à Oct. 14. (33 rot.) 24" 36 15"
(2) - 14 à - 14. (29 - ) 24 36 28
- 16 à - 14. (27 - ) 24 35 54
24h 36 12",4
Sept. 10 à Oct. 19. (38 rot.) 24" 37 7"
(3) - 14 à - 19. (34 - ) 24 37 25
- - 16 à - 19. (32 - ) 24 36 54
º 24h 37 8",7
Sept. 10 à Oct. 20. (39 rot.) 24" 37 13"
(4) - 14 à - 20. (35 - ) 24 37 30
- 16 à - 20. (34 - ) 24 37 0
24º 37 14",3.
Les comparaisons (1) ne peuvent être admises que comme
approximation préliminaire. Celles marquées (2) présentent le
20
154

désavantage que le 14 Octobre on ne put obtenir qu'une seule


observation et encore à un éloignement considérable du centre.
Les comparaisons (3) et (4) en revanche présentent la garantie la
plus forte que les circonstances puissent donner. Si l'on admet
seulement ces dernières, à l'exclusion des autres, on a pour la
période
24º 37 11",5.
Cependant pour avoir un résultat rigoureux il faut encore
appliquer ici une correction à cause de l'aberration, car Mars dans
les observations du mois d'Octobre étoit beaucoup plus éloigné
de la terre qu'en Septembre. Cette correction est de — 1",6 et
le résultat définitif de cette opposition est par conséquent
24h 37 9",9.
Une seconde tache d, qui put être observée avec assez de
précision le 14 Septembre (fig. 6.) et le 12 Octobre, donna :
27 Rotations . .. .. 24" 36 1",
ce qui ne peut être regardé que comme confirmation générale du
résultat précédent.
Un aperçu des données particulières montre que le ré
sultat peut être garanti dans l'espace d'une demi-minute. L'in
certitude jusqu'à l'opposition suivante, pendant environ 720 rota
tions, ne dépassera donc pas 6 heures, et dans le nombre des
rotations entières, on ne courra pas le risque de se tromper
d'une unité.
On ne peut pas avec certitude faire une comparaison aux
observations faites neuf ans auparavant par Kunowsky, dans les
quelles la même tache fut bien distincte, car les limites de l'in
certitude devroient être quatre fois moindres qu'elles ne le furent,
pour qu'on pût penser qu'il n'y a pas d'erreur. En échange ces
observations confirment évidemment la constance des taches que
nous avons aperçues, du moins pour a et pour l'arc fortement
recourbé qui s'étend en serpentant depuis a à e. Les taches qui
se trouvent plus au sud, ne furent aperçues alors que dans des
positions tout - à - fait défavorables ou même quelques unes ne le
furent pas du tout, et il en apparut d'autres vers le nord qui en
1830 ne furent plus visibles; tandis que cette tache normale
155

s'étoit montrée entièrement identique depuis le mois de No


vembre 1821 jusqu'en Mars 1822, et cette fois - ci depuis le
10 Septembre au 20 Octobre 1830; elle n'étoit donc pas analo
gue à nos nuages.
Au reste, surtout lorsqu'on observe la planète pour la pre
mière fois et qu'on ne répète pas souvent les observations, on
peut facilement remarquer dans ces taches une variation que l'on
regardera comme variation physique. L'état atmosphérique de la
terre et peut - être aussi de Mars est plus ou moins favorable,
c'est pourquoi quelques erreurs d'appréciation et de dessin, pe
tites en soi, mais considérables relativement à leur objet, sont
inévitables : une tache qui s'approche du bord, disparoît avant de
l'avoir atteint (ce qui provient sans doute, comme pour Jupiter,
de l'atmosphère de la planète); enfin on n'a pas souvent l'occa
sion d'apercevoir une seconde fois dans la même opposition ex
actement le même côté de la planète, qui étoit auparavant tourné
vers la terre. En outre le tableau général donné plus haut
montre que Mars ne s'avance que très-rarement aussi près de la
terre qu'en 1830, et à des distances plus considérables il est né
cessaire d'avoir des moyens de grossissement plus parfaits et une
force optique du télescope plus grande que la plûpart des obser
vateurs précédents n'en avoient à leur portée.
La tache blanche du pôle austral s'étoit montrée distincte
ment dans chaque observation, même lors des circonstances at
mosphériques les moins favorables; mais sa grandeur étoit très
variable. Déjà le 31 Août, lors d'une observation tout - à - fait
superficielle, elle avoit été appréciée de # à "r du diamètre de
Mars. Le 10 Septembre l'appréciation (faite dans la direction
de l'est à l'ouest) donna pour résultat i'º ; le 15 Septembre 1"g,
le 2 Octobre Tºs, le 5 Octobre º et le 20 Octobre ſ'#. Ad
mettant pour le 31 Août la valeur #, on aura pour les jours in
diqués, qui correspondent pour la saison aux mois de Juin et
de Juillet de notre hémisphère boréal, les limites suivantes de la
tache blanche, supposé que le pôle soit à son centre :

20 *
156

31 Août 83° 37" de latitude; répondant au 16 Juin de la terre


10 Sept. 84 15 - 23 -
15 Sept. 86 25 - 26 -
2 Oct. 86 50 - 7 Juillet
5 Oct. 87 7 - 9 -
20 Oct. 85 59 - 19 -

c'est - à - dire que les limites se rétrécirent toujours jusqu'à une


saison de Mars qui répond au milieu de notre mois de Juillet,
et de ce point-là elles commencèrent de nouveau à s'élargir suc
cessivement; fait qui vient fortement à l'appui de l'hypothèse que
le pôle de Mars est réellement couvert de neige. En outre
, presque tous les observateurs donnent la grandeur de cette tache
comme variable, et lorsqu'elle est plus éloignée du maximum de
chaleur, elle est considérablement plus grande qu'on ne l'a vue
en 1830.
L'hémisphère boréal de la planète, autant qu'il fut vi
sible cette année-là, ne présenta en revanche aucune trace de
tache blanche, quoiqu'il se trouvât alors au milieu de son hiver.
La forte inclinaison de l'axe de Mars explique ce fait et en reçoit
en même temps une confirmation indirecte.
En prenant pour base cette inclinaison et la longitude du
pôle boréal de Mars, ainsi qu'Herschell les a données, et en y
rattachant la rotation trouvée et les lieux de Mars tirés des
Ephémérides d'Encke, nous avons pu calculer aréographiquement
la longitude et la latitude des taches aperçues. Le méridien pas
sant par a est pris dans ce calcul comme point de départ.
Sans doute dans cette détermination on ne pourra attendre une
plus grande exactitude que jusqu'à 3° ou 5° de longitude ou de
latitude, car même au centre du disque de Mars un degré du
globe ne se trouva être géocentriquement que de 0",8. Les écarts
des observations isolées loin du centre s'élèvent dans les cas fa
vorables jusqu'à 5°, quelques-uns vont jusqu'à 6° et 8°; un seul
cas, au 62° de latitude, présente un écartement de 19° en longi
tude. Nous avons trouvé:
152

a après 8 observations | 0° Long. | — 7° Lat.


e - 8 - 33 ,3 — 19 ,4
f - 3 - 76 + 11
o - 3 - 97 — 3 ,7
h - 1 - 98 — 43
q - 5 - 121 — 62
n - 8 - 123 ,4 — 5
m - 8 - 126 — 32
s - 5 - 164 — 27 ,4
r - 4 - 177 — 23
p - 3 - 236 ,5 — 40
d - 4 - 269 — 26 ,5
v - 2 - 336 + 26,5
c - 2 - 347 + 8.

Dans les dessins suivants des deux hémisphères de Mars,


nous avons donné ces taches ainsi que les autres que nous ont
fait connoître les oppositions subséquentes que nous citerons plus
bas. Nous ajoutons encore ici un aperçu de nos observations et
des données que nous avons prises pour base des calculs et des
dessins.
158

Longi
Longi-| tude
,: | tude aréo
Temps moyen 5 aréo- graphi
de Berlin. 5 | centri- | que du Remarques.
# que de | méri
É |la tache | dien
5 (l. central.

10. 9h30'|300|174°25 | 6°37'|serein.


#-.|Sept. 14. 10 185|145 15 | 34 42 |un peu nébuleux. Bords on
doyants.
- 11 185||159 53 | 20 3 |serein.
3. - 12 185||174 30 | 5 26 |La séparation de a etb aperçue
d'abord avec certitude.
- 13 185||189 7 |850 48
- 15 15 |185|222 2 |317 52 |Mars s'abaisse; déjà tremblant.
# 15. 8 30 |185||119 11 | 60 30
- 13 15 | 1851183 46 |355 52
16. 9 300|112 36 | 66 48 |serein. Presqu' entièrement
00 comme 7.
- 12 400|156 28 | 22 54 - -

19. 10 6 |300|101 23 | 77 9 { très-serein.


- 11 55 |300|127 57 | 50 33 |Bords ondoyants.
24. 9 14 |300| 43 23 |133 45 |ouverture présumée à m.
- 10 38 |400| 63 51 1118 16 louverture distincte à m.
- 11 41 |300| 79 12 | 97 54
26. 9 48 |300| 33 38 | 142 57
- 11 4 |300| 52 9 |124 25 |( p toujours bien limité, même
.|10.
27. 9 14 |300| 16 5 |160 15 près du bord.
- 10 30 |300| 34 36 |141 43

.111. Oct. 28. 10 46 |400| 29 29 |146 34


1. # , # º # # #
-

(# † d degré
rand d de clarté.
cl D
Dans
boréal, †
u'il est visible, aucune trace
.112.
- 11 45 |550| 17 4 |158 15 e taches.
2. 11 15 1300| 0 19 | 174 47
5. 8 15 |185|288 17 |246 14 |Un peu indistinct. Fort vent.
12. 8 50 |185|234 28 |298 57
- 10 50 |185|263 42 |269 43 |Air agité. d distinct.
- 11 300|266 8 |267 17
.113. 13. 8 23 |300|218 37 |314 42
- 10 28 |300|249 5 |284 13
.114.
14. 7 37 |300|198 23 |334 50 |peu de temps serein.
19. 8 4 | 185||159 38 | 13 18
l15.
,|16.
- 8 13 |300|162 19 | 10 36
20. 7 52 |400|148 4 | 24 51
- 10 20 |300|184 8 |348 47
|# ^ -

-
ºº ººº
-
159

L'opposition de 1882 se présenta dans des circonstances


atmosphèriques constamment si défavorables et l'éloignement con
sidérablement plus grand de la planète eut une influence si fâcheuse
qu'on ne put obtenir que des observations peu nombreuses et très
imparfaites. De seize essais de dessiner le détail du disque, il
n'y en eut que quatre qui réussirent à pouvoir être placés à côté
de ceux de 1830, et particulièrement la tache a, sur laquelle deux
années auparavant étoient basés les principaux résultats, ne put
plus être observée qu'une seule fois et encore à un assez grand
éloignement du centre (le 16 Décembre).
Cependant ces observations quoique peu nombreuses nous
ont paru suffisantes pour nous convaincre qu'aucune des taches
bien visibles n'avoit changé de position depuis 1830. Cela fut
parfaitement évident pour les trois taches principales sur lesquelles
p m put souvent être distingué, et pour la faible bande q. Cette
dernière étoit du reste si rapprochée de la partie qui formoit alors
le bord austral, qu'on ne put l'apercevoir qu'avec beaucoup de
difficulté, et celles qui étoient encore plus rapprochées des pôles
et qui sont comprises dans les dessins de 1830, ne purent cette
fois pas être aperçues, par des raisons faciles à concevoir. Le
pôle austral n'étoit, en suivant les éléments d'Herschell, le 20 No
vembre, qu'à 10° en deça du bord apparent et ainsi la plus grande
partie de sa lumière, si éclatante en 1830, ne fut que très-faible
et même ne fut aperçue en général que deux fois avec certitude
(Nov. 20. 9" et Nov. 23. 8" 14); pendant toutes les autres soirées
ou bien elle resta incertaine, ou bien elle n'apparut pas du tout.
Sur l'hémisphère boréal, environ depuis 180° jusqu'à 230° de lon
gitude et de 0° à 35° de latitude Nord, se montra deux fois une
bande faible, large et concave du côté de pr, mais son extrémité
boréale seule fut bien distincte. Entre cette bande et pr appa
roissoient souvent des lueurs rouges. En général la lumière de
l'hémisphère boréal, dans la partie qui ne contient pas de taches,
ne paroissoit pas être aussi pure et aussi uniforme que deux
années auparavant. . On ne voyoit pas de trace de lumière blanche
dans les environs du pôle boréal (ce pôle étoit encore caché
à la vue).
Ces observations comparées entr'elles ne peuvent rien dé
cider sur la période de rotation. Mais si on les réunit à celles
de 1830, on pourra corriger la valeur trouvée alors pour la pé
riode de rotation.
Soit m le méridien du globe de Mars qui, au temps de
l'observation, devoit passer par le centre, en admettant la rotation
trouvée en 1830 (24"37"9",9); m le méridien que donna l'obser
vation, At la correction en secondes de temps et a le produit du
mouvement de rotation en 1" de temps par le nombre de rotations .
entières écoulées depuis 1830, Octobre 20. 10", on a l'équation :
m — m = a. At;
et alors cinq soirées, pendant lesquelles on fit quinze observations,
donnent les valeurs suivantes de m', m et a :
m' IIl 8l

Sept. 24. 16.40 285° 244° 48 2° 47" - | 4 A4 //

§ § §§ § § $ Aº = + 14,5
Nov. 17. 8.37 160 114 44 3 #! - l 1 > //

§§ § §§ $ o $ ** = + 1ººº
NoV. 20. 7. 2 187 164 0 3 1
8.53 177 136 54 3 1 ( A , _ , , ,,
1§ 140 § § § 1 } ** = + 1º7
15. 36 78 38 37 3 1
NoV. 23. 5. 40 220 210 6 3 2
8. 18
10. 14
180
150
171 32
143 14
3
3
#!
2W
At = + 2",8

Déc. 16. 6.32 88 39 56 3 7


7. 45 60 22 9 3 7 - v
## # # 4 # 7 } At = + 13",7.
11. 4 22 333 57 3 7
On obtient comme valeur moyenne At = + 11",6, ou, en
négligeant les observations du 23 Novembre qui s'écartent beaucoup
des autres, At = + 13",8. La période de rotation est par con
séquent de 24" 37'21",5 (23",7). Le nombre des révolutions entières
depuis 1830, Oct. 20. 10 jusqu'en 1832, Nov. 17. 14" est = 740.
De toutes les oppositions que nous observâmes, celle de
1834 à 1835 nous donna le moins de résultats sous le rapport
161

physique, vu qu'aucune nuit ne fut parfaitement sereine, ce qui


auroit été nécessaire pour compenser le grand éloignement de la
planète. La tache a ne fut pas du tout visible et de toutes les
autres la tache f seulement parut une fois (le 12 Mars 1835)
assez distincte pour que, en y réunissant les observations de 1830,
on pût obtenir une équation de condition
0 = 6° 21,3 At + 22° 51,3,
où te = 24" 37" 24". La période de rotation obtenue par ce moyen
est 24h 37" 20",4.
On ne put apercevoir avec certitude aucune tache blanche
près des pôles; puis on ne distingua aucune nouvelle tache qu'on
n'eût pas encore aperçue, et dans les anciennes, autant du moins
qu'on put l'observer, on ne remarqua aucun changement.
L'opposition de 1887 fut, comme les deux précédentes,
très-peu favorisée par les circonstances atmosphériques, et comme
en outre l'éloignement de Mars atteignoit cette fois-ci son maxi
mum (pour les oppositions), les résultats de nos observations au
roient été très-insignifiants, si nous n'eussions pu avoir recours
au grand télescope établi en 1835 dans l'Observatoire Royal.
Cet instrument, dans toutes ses dimensions parfaitement égal à
celui de Dorpat, présente un grossissement au moins le double
plus fort et fournit six fois plus de lumière que le nôtre; un mé
canisme très-commode lui communique un mouvement par lequel,
sans le concours de l'observateur, il suit le cours des planètes.
Depuis le 12 Janvier jusqu'au 22 Mars nous avons obtenu, pen
dant 15 nuits en partie sereines, 32 dessins qui toutefois ne
nous ont fait particulièrement connoître que l'hémisphère boréal
et encore avec beaucoup moins de détails que nous n'en avions
en 1830 pour l'hémisphère austral. Dans toutes les observations
sans exception la tache blanche du pôle boréal fut visible avec
un degré de clarté que nous ne nous rappelons pas avoir jamais
vu dans celle du pôle austral; en même temps elle étoit considéra
blement plus grande que celle de 1830 et apparut, surtout pendant
les mois de Janvier et de Février, tellement distincte des autres
parties du globe, qu'au premier coup-d'oeil on auroit pu croire
que la planète fût en cet endroit couverte par une autre planète.
21
162

Une tache foncée, d'une intensité et d'une largeur inégales, en


touroit cette zône blanche; toutes les autres taches de l'hé
misphère boréal paroissoient au contraire très-pâles et sans limita
tion certaine, à tel point qu'on ne peut pas même les comparer
à celles de l'hémisphère austral dont on ne put cette fois-ci distin
guer avec précision qu'un très-petit nombre. Les circonstan
ces atmosphériques furent, il est vrai, très-peu favorables, l'air
ne fut pas une seule fois parfaitement serein; cependant nous
nous sommes convaincus que ce n'étoit pas là la cause essentielle
de cette différence, en remarquant le contraire dans les taches
australes en parties visibles, dont la noirceur fut à peu près la
même qu'en 1830.
Ici se confirma en général ce que nous avons déjà remar
qué dans l'opposition de 1830 sur intensité proportionnellement
plus grande de la clarté et sur le peu d'interruption de sa con
tinuité dans l'hémisphère boréal de Mars; et la constance des
taches observées dans cette opposition et les deux suivantes s'est
confirmée aussi cette fois, autant qu'on pouvoit l'attendre de la
position différente de la terre à l'égard de l'axe de Mars, du plus
grand éloignement et d'autres circonstances. Si l'extension vraie
de la tache blanche du pôle austral vue en 1830 ne fut pas en
1837 considérablement plus grande qu'alors, il s'en suivrait que
cette fois-ci cette tache n'ait pas été du tout visible. Car le point
du bord de Mars qui étoit le plus rapproché du pôle opposé,
avoit le 5 Février 76° de latitude-sud, et en 1830 il ne s'étendit
jamais, d'après les observations ci-dessus, au delà de 83°,6. Ce
pendant dant quelques observations, le 7 Mars à 9" 25 temps si
déral, le 18 Mars 7" 40, peut-être aussi le 7 Février, on vit une
trace faible, mais certaine, d'une tache blanche au pôle austral.
Si l'on admet la latitude géocentrique de la lueur blanche aper
çue = 4" géocentrique, il s'en suivra que la lumière blanche de
la zône australe s'est étendue jusqu'à 55° de latitude. Lors même
que ce résultat auroit une incertitude de 5 degrès et plus, il s'en
suit en tout cas que la vraie grandeur de la tache du pôle austral
aux mois de Février et de Mars 1837 a surpassé de plusieurs
fois celle des mois de Septembre et d'Octobre 1830.
1633

La tache du pôle boréal, dans la première observation


du 12 Janvier (à l'Observatoire Royal), fut si bien limitée qu'on
put apprécier son étendue avec assez de certitude; elle compre
noit le long du bord de Mars 0,27 du diamètre de la planète, et
sa largeur fut de 0,13. La première donnée nous fait conclure
à un demi-diamètre de 15°,7 du globe de Mars ou à une latitude
nord de son bord de 74°,3; la seconde, sous la supposition des
éléments de rotation donnés par Herschell et en admettant que
le pôle a occupé le centre de la tache circulaire, nous conduit à
une latitude-nord de 78°,7, car le pôle boréal s'étoit avancé de
18° 13 en dedans. La première de ces données a au moins le
double du poids de l'autre. En tout cas on voit évidemment par
là que la tache du pôle boréal, dans l'opposition de 1837, fut
considérablement plus grande que la tache du pôle austral en
1830, et beaucoup plus petite que la tache du pôle austral en
1837. Dans les observations suivantes, son étendue ne parut ce
pendant pas se disposer à diminuer; ce qu'on remarqua avec plus
de certitude, c'est que la précision de sa délimitation devint plus
faible après l'opposition.
Nous avions le dessein de mesurer avec le micromètre
l'angle de position de la tache blanche, pour obtenir les données
nécessaires à un examen direct de la position des axes de Mars.
Le temps défavorable a en grande partie anéanti notre intention.
Le peu de mesures qui aient réussi nous apprennent seulement
que l'excentricité de la tache polaire est dans tous les cas très
faible. Ainsi, si le vrai centre de la tache admise comme circu
laire ne coïncide pas avec le pôle, mais s'éloigne de lui d'une gran
deur, égale à l'arc i, alors, C désignant l'angle de position du
pôle pour une nuit donnée, le centre de la tache pendant une
période de rotation devra occuper deux fois toutes les positions
qui tombent entre les limites C + i. Nous avons donc obtenu les
observations suivantes :
1837 Févr. 10. 7*51 Temps moyen + 4°50'
8 52 de Berlin. 6 22
10 25 - - 7 0
15 49 - - 1 30 très-difficile.
21 *
164

1837 Févr. 11. 7*28 Temps moyen +3° 20'


8 45 de Berlin. 4 22
12. 9 16 - - 5 27
10 17 - - 6 46
17 39 - - 3 46

•-
18. 11 36 - - 4 0 peu avant son
cultation paroc
la
lune rendu in
visible par des
nuages.
22. 10 7 - - 1 18
11 26 - - 0 14
28. 6 44 - - 2 1
Mars 7. 8 12 - - 4 3
8 53 - - 3 47
10 28 - - 0 40
10. 7 17 - - 4 32
La concordance assez rapprochée de ces angles, qu'on peut
à peine, il est vrai, garantir à 1#° près (chaque angle particulier
est la moyenne de 4 lectures, dans lesquelles il vient des diffé
rences de 2° à 3°), et où on doit encore avoir égard aux varia
tions de C, conduit au résultat que i ne peut guère s'élever au
delà de 4° et qu'en général pour le déterminer il faut des obser
vations plus nombreuses et meilleures que celles que nous avons
obtenues cette fois-ci. Dans la réduction des dessins particuliers
nous n'avons d'après cela pas eu de scrupule à rendre i nulle.
Nous ne pouvons cependant pas passer sous silence la circonstance
que dans le peu d'observations où nous avons distingué une trace
de la tache du pôle austral, cette tache ne fut pas directement
opposée à la tache du pôle boréal, mais le 7 Février à 16" 14'
elle s'écartoit d'environ 12° du point opposé à cette tache boréale,
et à 18" 16 seulement de 8° à l'est; le 7 Mars à 10" 34 elle
s'en écartoit d'environ 5° à l'est, enfin le 18 Mars à 7" 56 de
3° à 5° à l'ouest.
La position opposée des taches qui apparurent en 1830 et
1837, présenta un accord assez satisfaisant; nous avons déjà re
165

marqué qu'il n'y en eut qu'un petit nombre qui purent être com
parées entr'elles. Les éléments de rotation d'Herschell se con
firmèrent en général aussi cette fois-ci.
De toutes les taches de l'hémisphère austral observées
avec quelque précision en 1830, une seule, marquée pm, put
être reconnue avec certitude. Nous la vîmes d'abord le 7 Février
à 16" 4 (fig. 11.) avec précision; ensuite le 28 Février à 6º 49'
(fig. 22.) et dans trois observations pendant la nuit du 7 Mars
(fig. 23. 25.); enfin un peu moins déterminée le 10 Mars de
7" 7 à 9º 22 et le 11 Mars à 8" 22 (fig. 28 a.). La latitude
aréographique de l'extrémité occidentale p se trouva, après
11 observations, = + 43° 29'; en 1830 elle étoit entre 39° et
42° après 3 observations, et ce fait, aussi bien que l'accord de
la figure, parle en faveur de l'identité des deux taches. Un
essai de réunir la longitude observée cette fois-ci avec celle de
1830 donna 24" 37 29",0; ce résultat, quoique suffisant pour en
confirmer l'identité aussi sous ce rapport, n'est pas propre à cor
riger la rotation calculée précédemment, à cause de la position
fortement excentrique de la tache. Cependant on peut être as
suré qu'il ne s'est pas glissé d'erreur dans le nombre des rota
tions entières.
Une seconde tache, marquée efh, a été reconnu le 12 Jan
vier (fig. 1. 2.) et le 22 Février (fig. 20. 21.), chaque fois après
deux observations; elle le fut même encore plus tard, le 22 Mars;
cependant aucun point n'en a été assez fortement marqué pour
qu'on pût en tirer une détermination précise. On ne put non plus
distinguer avec certitude une différence spécifique dans la couleur
du fond (les taches polaires exceptées). Il est vrai que dans la
première observation, faite à l'Observatoire Royal, la zône moyenne
du globe, région dont le centre est à 15° de latitude méridionale
et à 40° de longitude, parut être rougeâtre en comparaison des
autres parties; cependant Mr. le professeur Encke qui prit part
à cette observation et à plusieurs suivantes, ne se décida pas pré
cisément pour la couleur rouge, mais seulement en général pour
une teinte différente du reste de la surface et en particul er plus
foncée. Les parties qui en 1830 avoient montré une lueur rougeâtre,
166

se présentèrent cette fois-ci sous une face trop oblique pour


qu'on pût les observer.
La zône foncée qui entoure la tache du pôle boréal, pré
senta une largeur très-inégale et ne fut pas partout également
noire; cependant elle fut dans toutes les observations sensible
ment plus sombre que les autres taches, même plus que celles
de l'hémisphère austral. Au pôle opposé il ne s'étoit rien mon
tré de semblable en 1830; les taches qui l'avoisinent étoient au
contraire extrêmement pâles, peu liées l'une à l'autre et ne pou
voient être distinguées qu'avec beaucoup de peine, tandis que cette
fois-ci on aperçut la zône en question au premier regard, aussi
tôt que Mars fut visible.
Ces résultats peu nombreux doivent suffire pour cette
fois-ci. Du reste l'expérience a montré qu'un plus grand éloigne
ment de Mars dans les oppositions du commencement de l'année,
ne met aucun obstacle absolu à des observations physiques, quoique
nous aurons toujours une meilleure connaissance de l'hémisphère
austral que de l'hémisphère boréal, car pendant des milliers d'an
nées le pôle boréal de Mars, tant qu'il sera visible de la Terre,
en restera toujours éloigné de plus de 0,5.
16©

Aperçu des observations de 1837.


Latitude |Longi
Temps aréogra- tude
gra
(moyen de du mé
-

| à#
Berlin).

12. 10 27
31. 9 38
-

phique | ridien
du centre.l central

18 13 |137 55
16
clair que le reste.
1 |316 41
Remarques.

Janv.12. 9º57"|+ 18° 13'|145°16 Le côté droit du globe plus

31. 11 1 16 0 |310 49
Févr. 5. 8 10 15 26 | 2137
5. 9 2 15 26 | 9 25
5. 9 17 15 25 | 5 16
# 5. 10 49 15 25 |357 57
7. 9 49 15 11 | 14 53
7. 10 39 15 11 | 2 41
7. 16 14 15 9 |280 58 †observation. Au bord austral
7.17 16 15 9 |265 51 apparoît une lumière blanche.
7.18 2 15 9 | 254 52
8. 6 24 15 2 | 73 35
8. 7 15 15 2 | 61 7
8. 8 44 15 2 | 39 22
8. 10 0 15 1 | 20 53
8. 11 32 15 1 1358 26
11. 7 40 14 40 | 80 58
12. 9 9 14 36 | 59 2
22. 10 0 13 43 | 13250
22.11 18 13 43 | 12155
28. 6 49 13 29 |244 0
Mars 7. 8 7 13 16 |286 28
7. 9 19 13 16 |268 55 {Très
-bonne observation.
7.10 24 13 16 1254 47 Peu de précision au centre. Au
bordaustralune lumière blanche.
10. 7 7 13 11 |328 4
10. 8 21 13 10 |310 2
10. 9 32 13 10 |293 44
17 11. 8 22 13 6 1318 49
18 15. 7 2 13 4 | 19 9
15. 7 42 13 4 | 9 24
19 18. 7 56 13 0 | 28 33 Lumière blanche au bord austral.
18. 9 40 13 0| 3 7
5|20 22. 7 19 12 54 | 74 14
16S

Dans la colonne intitulée ,,longitude du méridien centralº,


on a pris pour base la période de rotation 24" 37" 20",4. Comme
nous l'avons déjà remarqué, les observations faites cette fois-ci
ne sont pas de nature à pouvoir restreindre le résultat des ob
servations précédentes; cependant il paroît hors de doute qu'un
accroissement de la période les exprimeroit plus exactement.
Comme le nombre ci-dessus est le résultat d'un intervalle de 44
ans et qu'en outre il n'est basé que sur un petit nombre d'obser
vations faites à la fin de cet espace de temps; comme d'un autre
côté la période de 24" 37 23",7 qui résulte des observations de
1830 et 1832, représente dans les deux oppositions des observa
tions exactes et nombreuses dans une grande harmonie entr'elles,
il seroit bon de conserver cette dernière période jusqu'à ce qu'elle
puisse être corrigée par de nouvelles données que nous espérons
obtenir dans les années 1843 et 1845.
Quant à l'opposition de 1889, toutes les observations qui
appartiennent ici ont été faites avec le grand télescope à l'Obser
vatoire Royal. Mars exigeoit un fort grossissement et par con
séquent une grande tranquillité dans l'atmosphère. Cette dernière
condition se réalisa rarement dans l'hiver de 1838 à 1839, ce qui
fait que les observations n'ont pu être nombreuses. L'hémisphère
austral cachoit 62° de sa surface à la vue, de sorte qu'il étoit en
grande partie non-observable, et aucune des taches de cet hé
misphère ne put être distinguée avec précision. Les dessins ont
été exécutés par Maedler; Mr. Galle, aide de l'Observatoire de
Berlin, a aussi pris part au plus grand nombre des observations.
Dans la première observation, le 26 Février 10" 11' (fig. 1.),
les taches sombres de Mars se montrèrent assez pâles et fondues,
quoique le bord de la planète fut bien limité. Les plus noires
furent celles qui entouroient la tache du pôle boréal; cependant
ni leur intensité ni leur continuité ne furent semblables à celles
de 1837, au contraire il sembloit que dans une direction environ
parallèle au grand axe de la tache polaire, on aperçût une di
vision de la zône foncée. La tache polaire elle-même fut ap
préciée plusieurs fois, et son axe longitudinal fut admis comme
# du diamètre de Mars et l'axe qui tombe perpendiculairement
169

sur celui-ci et qui s'étend apparemment jusqu'au bord, comme ! .


Du reste il étoit évident que le plus grand axe n'atteignoit pas
le bord.
L'appréciation de l'axe longitudinal 0,2 semble être certaine
entre les limites 0,18 et 0,22; du moins un coup d'oeil suffisoit
déjà pour prouver qu'on ne pouvoit admettre des valeurs telles
que # ou 4. Ce résultat, en plaçant le pôle au centre de la tache
blanche, nous conduit à une latitude septentrionale de son bord
de 78° 33'. Admettant cette valeur comme exacte, il étoit impos
sible qu'une tache circulaire de cette dimension, dans les position
qu'occupoit alors l'axe de Mars vis - à - vis de la terre, atteignît
réellement le bord; mais un calcul rapide donne pour l'intervalle
entre le bord de la tache et celui de la planète seulement !º du
diamètre de Mars, ce qui explique suffisamment la coïncidence
apparente.
Ce ne fut que le 12 Mars que nous réussirent de nouveau
quelques observations, dont la première et relativement la meilleure
est représentée dans la figure 2. La tache blanche s'étoit consi
dérablement diminuée. Les deux taches légèrement recourbées et
ondulées au milieu de la partie septentrionale, n'avoient été aper
çues dans aucune des oppositions précédentes. De 1830 à 1834
cela n'auroit guère été possible, à cause de la longitude de Mars;
mais en 1837 cela auroit bien pu être le cas. Cependant il est
difficile que ce soit une tache nouvelle, car il en vient une tout
à-fait semblable dans le dessin de Kunowsky en Mars 1822, où
· l'axe eut à peu près la même position qu'en 1837. Sa faiblesse
proportionnellement assez grande et les circonstances atmosphéri
ques défavorables de 1837 purent parfaitement être cause que
nous ne l'aperçûmes pas alors. Entre cette tache et celles de
l'hémisphère austral qui se présentèrent presque dans toutes les
observations en forme de zône avec quelques points plus obscurcis,
brilloit clairement une teinte rouge qui se montra le 14 Mars
(fig. 3.) dans deux observations, à 9" 9 et 9" 32 de temps moyen.
Le 26 Mars 7" 45 (fig. 4.) des nuages passant continuellement
devant la planète ne nous permirent de distinguer que fort peu
de chose, et le dessin, déjà imparfait en soi, est resté inachevé
- 22
12O

pour ce qui concerne la partie occidentale du globe. Le grand


axe de la tache polaire ne dépassa ce jour - là et le 1°r Avril
à 84 heures certainement pas # d'; supposé qu'il fut 0,16, la la
titude-nord du bord sera = 80° 48'.
Le 31 Mars Mr. Galle, astronome à l'Observatoir Royal,
réussit, dans quelques instants plus favorables, à distinguer environ
au milieu du disque une tache noire, pâle, semblable à un point,
qui se réunissoit à gauche à une tache plus grande. La compa
raison montra que c'étoit la tache obtenue dans le dessin général
de 1837 à 320° de longitude et + 22° de latitude.
Dans les observations du 4. 9" 15 (fig. 5.) et du 5 Avril,
les taches ne furent aperçues que très-pâles et sans détermina
tion; la tache blanche du pôle parut être de nouveau un peu plus
grande, cependant les mauvaises circonstances atmosphériques ren
dent cette remarque incertaine.
Les observations du 9 Avril 7" 37" (fig. 6.) appartiennent
aux meilleures de cette année. L'espace central, entouré de taches
d'intensité et de forme différentes, étoit d'un rouge distinct, sur
tout du côté du nord *), et l'espace occidental entièrement éclairé
présentoit une couleur considérablement plus claire que le reste.
(La phase du bord oriental ne doit être regardée ici que comme
résultat du calcul; ce ne fut qu'au commencement de Mai qu'elle
se rendit aussi en quelque manière sensible à l'observateur.) Le
10 Avril 7" 28 (fig. 7.) le temps fut aussi très-serein, quoique
seulement jusqu'à 7# heures environ; il y eut exactement assez
de temps pour terminer le dessin. Ce jour-là aussi apparut une
partie rouge à l'endroit où elle avoit été rémarquée le jour pré
cédent, l'éclat brillant du bord occidental fut encore plus distinct.
C'est la première fois qu'un fait semblable se présente dans nos
observations. Des astronomes précédents ont déjà plusieurs fois
(mais avec des télescopes imparfaits) observé que Mars étoit
à l'ouest et à l'est comme renfermé entre deux ménisques
brillants.

") Déjà le 12 Mars 9h 16 (fig. 2.) nous aperçumes un rouge jaunâtre vers le milieu
du disque.
121

Dans les deux observations du 16 Avril 7" 48 et 8" 5'


(fig. 8. et 9.), dont la seconde paroît être la meilleure, la tache
ondulée reparoît de nouveau, ce qui s'accorde avec la période de
rotation. L'état de l'air fut en général très-favorable, cependant
on ne put non plus ce jour-là apercevoir avec la précision dé
sirée les taches de l'hémisphère austral. Sans doute elles furent
toujours plus près du bord de Mars que de son centre, mais ce
fut aussi au même degré le cas pour plusieurs taches de l'hé
misphère boréal, qui présentèrent pourtant toujours les mêmes
soirs un degré de précision plus grand. La tache polaire ne put
être aperçue dans les dernières soirées qu'avec assez de peine à
cause de sa petitesse : le 16 un air favorable permit de la distin
guer avec précision, mais son grand axe fut au plus 4, peut-être
même seulement # d'. Si l'on prend # = 0,133, la latitude-nord
du bord sera = 82° 20'. Il ne fut pas encore possible de remar
quer que la phase ait influé sur la forme sphèrique.
Les deux dernières observations dans cette opposition
eurent lieu dans la soirée du 1" Mai. La tache polaire fut peut
être plus grande, ou en tout cas pas plus petite que le 16 Avril.
Du reste ce jour-ci, comme pendant toute cette opposition, on
s'assura que l'on avoit sous les yeux tout l'ovale de la tache et
que le bord de Mars ne faisoit que de la toucher. Les taches
visibles sur le globe de la planète furent en général les mêmes
que le 26 Mars, et toutes, sans exception, furent mal limi
tées. On vit au reste distinctement que le disque de la pla
nète ne formoit plus un cercle parfait, ce qu'on remarqua, en
core plus évidemment le 5 Mai dans une observation toute
rapide.
C'est une chose tout-à-fait incertaine que de vouloir
identifier entièrement les taches aperçues cette fois-ci avec celles
des oppositions précédentes. Un calcul rapide, au moyen de la
période de rotation de 1832, détermine la situation de la tache
(double ?) ondulée entre 60° et 160° de longitude aréographique,
résultat qui fait coïncider les extrémités occidentale et orientale
avec quelques-unes des taches aperçues en 1837; en latitude
nord la tache s'étend environ depuis le 25° jusqu'au 55°.
22 *
132

La zône foncée qui entouroit la tache polaire, ne se montra


en 1837 et encore plus en 1839 un peu distincte qu'à la coté
de cette tache elle - même, car du reste elle fut fort mal limi
tée, et les diverses parties de cette zône présentèrent trop peu
de marques particulières pour permettre d'attendre avec certitude
son retour après un espace de 26 mois. Du reste, dans les ob
servations du 10 et encore plus du 16 Avril, cette zône étoit
presqu'entièrement disparue; le dernier soir on n'en voyoit plus
une trace réelle que du côté de l'est. Le 1" Mai on l'aperçut
un peu plus distinctement, quoique tout-à-fait sans aucune forme.
En échange dans la plûpart des observations et surtout avec le
plus de précision dans celle du 10 Avril, on vit une tache très
foncée, située environ entre 60° et 70° de latitude-nord; mais
elle fut toujours séparée de la tache polaire et des régions qui
l'avoisinent immédiatement.
Tout ce que l'on aperçut avec quelque certitude, tombe
ainsi dans des latitudes-nord élevées et déjà par cette raison
n'est pas propre à déterminer la période de rotation. En échange
la figure et l'étendue que présenta cette fois-ci la tache polaire,
nous fournit des points de départ très-essentiels pour déterminer
la limite de ses variations. Nous ajoutons ici un aperçu général
de ce que nos observations nous ont fait connoître sur cette tache
remarquable.
La couleur des taches polaires, toutes les fois qu'on put
les apercevoir distinctement, fut toujours un blanc pur et brillant,
en aucune façon semblable à la couleur des autres parties de la
planète. En 1837 il arriva une fois que Mars fut pendant l'ob
servation complettement obscurci par un nuage, à l'exception
de la tache polaire qui se montroit distinctement à la vue.
Cette grande différence est aussi cause que son étendue et sa
figure peuvent être appréciées avec beaucoup plus de certitude
que pour aucune autre tache de la planète, et même il ne seroit
pas impossible qu'on n'appliquât avec succès sur elle des mesures
au micromètre, en l'observant avec les plus grands télescopes
en 1843 et 1845, où le diamètre de Mars s'élèvera jusqu'à
18",4 et 23".5.
123B

Il faut aussi remarquer la diminution et l'accroissement


de ces taches qui conservèrent malgré cela toujours la même
figure, ainsi que la circonstance que les pôles de rotation formè
rent ordinairement les centres de ces taches ou du moins ne s'en
éloignèrent jamais que de quelques degrés. Nous avons déjà
indiqué plus haut les variations de la tache du pôle austral, ainsi
que les saisons de Mars qui répondent aux données de l'obser
vation et que nous avons exprimées dans leur rapport avec les
saisons de la terre. La tache du pôle boréal de son côté pré
senta les variations suivantes :
1837Janv. 12. limites à 74°18'; saison correspondante : Mai 4.
Mars 7. - environ 76 - - Juin 4.
1839Févr. 26. - à 78 33 - - Juin 17.
Avril 1. - — 80 48 - - Juillet 4.
Avril 16. - — 82 20 — - Juillet 12.
Mai 1. - environ 81 - - Juillet20.
D'après cela le minimum pour les deux taches tombe en
viron à "s d'année après le solstice d'été, répondant environ au
12 Juillet (et 12 Janvier) de notre terre. Mais tandis que la
tache du pôle austral a diminué jusqu'à 6 degrés du diamètre,
celle du pôle boréal a encore à son minimum 12 à 14 degrés de
diamètre, c'est-à-dire un aréal environ cinq fois plus considérable
que la première.
Réciproquement la tache du pôle austral en 1837 pendant
son hiver (les jours de l'observation correspondent pour la saison
aux 4 et 10 Décembre), a pris une telle extension sur la planète,
qu'on put encore la distinguer lors même que le pôle fût déjà
18° au delà du bord extrème, ce qui conduit à environ 55° de
latitude et ainsi à un diamètre de la tache de 70 degrés. Nous
n'avons jamais aperçu un cas semblable au bord boréal, pendant
que le bord austral avoit son été. Les variations de la tache du
pôle austral sont d'après cela, vers ses deux limites, considéra
blement plus grandes que celles de la tache du pôle boréal.
Par suite de la position de l'axe de Mars, le pôle austral
est le plus exposé au soleil, lorsque la grandeur de la lumière
(et de la chaleur) qu'il en reçoit, peut être exprimée par 0,52'
134 !

de la lumière que reçoit la terre; le pôle boréal de son côté,


lorsqu'elle ne comporte que 0,37. Cette différence considérable est
à la vérité, pour ce qui concerne l'année dans son ensemble,
complettement détruite par le rapport contraire qui a lieu en
hiver, et même pour les différentes saisons on trouve une com
pensation partielle, en ce que la longueur du sémestre d'été
dans l'hémisphère boréal est à celle de l'hémisphère austral dans
le rapport de 19 : 15; cependant dans les points culminants de
chaleur et de froid, il reste évidemment une différence très-con
sidérable. D'après cela le pôle austral a des étés plus chauds
et des hivers plus froids que le pôle boréal, et cette différence
est beaucoup plus considérable que celle qui se présente sur
notre terre et que l'on sait être très-peu sensible, car l'excentri
cité de Mars est 5 fois et l'inclinaison de son axe 1,24 fois plus
grande que pour la terre. ")
Les différences que nous avons remarquées, harmonisent
ainsi parfaitement avec l'idée que nous avons vu sur ces taches
blanches en hiver un précipité analogue à notre neige; et il est
en effet presqu'impossible de rejeter une supposition qui se con
firme d'une manière aussi surprenante. Notre terre, vue de la
distance d'une planète, doit présenter des phénomènes tout-à-fait
semblables; seulement chez elle le rapport réciproque de l'hé
misphère boréal et de l'hémisphère austral sera moins inégal.
Les autres taches de la planète paroissent pour l'essentiel
appartenir à des parties constantes de la surface. Vu la position
et l'éloignement du globe de Mars, nous n'aurions pu, sous au
cune condition imaginable, distinguer des ombres produites par
des montagnes, quelque gigantesque que fût leur élévation (la
forme sphérique toujours bien prononcée du disque leur prescrit
du moins un maximum); ces ombres sont donc des différences

") Nos observations n'ont, il est vrai, pas entièrement détruit tout doute sur la
question de savoir si les pôles coïncident réellement avec le centre des taches ;
mais cela ne change rien d'essentiel au rapport physique. Lors même que les
centres des taches ne coïncideroient pas exactement avec les pôles de rotation,
ils peuvent cependant très-bien reprêsenter les pôles glaciale, qui sur notre terre
elle-même, autant que nous le sachions, ne coïncident pas avec les premiers.
175

dans la réflexion de la lumière, qui peuvent très-bien provenir


des mêmes causes que celles qui ont lieu sur notre terre. C'est
dans l'opposition de 1830 que s'est montrée la plus grande pré
cision relative de la délimitation dans les taches de l'hémisphère
austral, qui étoient situées entre l'équateur et 45° de latitude
nord; cependant aussi alors la noirceur et la précision relatives
des taches ne furent pas constamment les mêmes, et ce fut encore
moins le cas en 1837 et 1839. Ainsi quoique ces taches elles
mêmes, ne paroissent pas être analogues à nos nuages, cependant
on voit en elles des traces des effets optiques que présentent les
condensations semblables aux nuages; elles se montrent plus dé
terminées, plus précises et plus intenses dans leur été; plus
vagues, plus pâles et plus confondues dans leur hiver.
Quelquefois, comme nous l'avons mentionné plus haut, nous
avons aperçu une couleur rougeâtre dans quelques endroits par
ticuliers du disque. Mars apparoît à l'oeil nu comme l'étoile la
plus rouge du ciel. Avec le télescope cela ne se montre pas au
même degré et la couleur générale est tout au plus un rouge
jaunâtre, seulement ces parties isolées présentent avec plus ou
moins de précision, quoique jamais bien limitée, une couleur plus
intense que l'on peut le mieux comparer à un pur crépuscule de
notre terre.

Si tout cela nous conduit déjà avec beaucoup de certitude


à admettre pour Mars une atmosphère très-sensible et semblable
à celle de notre terre, cela explique aussi en même temps la
remarque que nous avons faite, qu'en s'approchant des bords les
taches apparoissent toujours fondues ou disparoissent entièrement,
et l'éclat du bord que nous avons souvent aperçu, paroît aussi
provenir de procédés atmosphériques particuliers.
Au reste il ne faut pas s'attendre à ce que l'atmosphère
de Mars, lors de l'immersion d'une étoile fixe ou d'autres corps
célestes, sera rendue sensible par la réfraction. Même lorsque
Mars est le plus rapproché de la terre, une étendue de 20 lieues
sur lui ne nous paroît qu'à une grandeur de 0",30; mais à une
telle distance, la réfraction est entièrement insensible, lors même
176

qu'elle seroit à la surface considérablement plus forte que sur


la terre. -

Les observations nous font admettre la plus grande varia


tion, aussi bien pour la grandeur et la forme que pour l'intensité,
dans la tache noire de la zône polaire boréale, et cela s'explique
probablement d'une façon toute particulière. Si les taches po
laires sont véritablement de la neige, leur diminution à l'approche
de l'été ne peut avoir lieu que par la fonte et l'évaporation con
tinuelle; l'épaisseur de cette neige est, d'après toute vraisemblance,
très-considérable; ces parties de la surface se disposant à s'éva
porer doivent par conséquent être extrèmement humides, or un
sol vaporeux et marécageux est certainement de toutes les parties
d'une surface celle qui est le moins susceptible de réflexion et
qui doit par conséquent nous apparoître le plus foncée. Puis le
maximum de cette noirceur devra tomber dans le temps où la
fonte s'opère avec le plus de rapidité, ce qui arrive pour les hautes
latitudes de notre terre environ entre l'équinoxe et le solstice
d'été. Ainsi s'explique pourquoi la tache noire de la partie bo
réale qui n'avoit pas du tout été aperçue auparavant, se pré
senta en 1837 avec une intensité et une étendue si considérable,
et en 1839 au contraire fut très - pâle et au commencement
très-petite.
Dans aucun des autres corps célestes nous n'avons réussi
jusqu'à présent à expliquer les phénomènes que nous avons ob
servés, d'une manière qui ait autant de vraisemblance et qui sa
tisfasse à un tel point jusque dans ses petits détails. D'après
tout ce que nous avons dit jusqu'à présent, ce ne seroit pas aller
trop loin que de regarder Mars comme un corps présentant une
très-grande ressemblance avec notre terre, même sous le rapport
physique, comme une image de la terre telle qu'elle nous appa
roîtroit au firmament, vue à une grande distance (environ à une
distance double de celle où se présente la lune à l'oeil nu). Les
différences les plus essentielles entre Mars et la terre se pré
sentent dans le diamètre considérablement plus petit de Mars, la
forte excentricité de son orbite et la privation d'une lune, car ce
dernier point doit être admis comme parfaitement prouvé. En
199

revanche la longueur des jours coïncide presqu'exactement, et la


durée de l'année, l'inclinaison de l'axe vers l'orbite, la densité, etc.,
s'accordent en général plus exactement que ce n'est le cas pour
d'autres planètes.
L'inégalité qne l'excentricité amène dans la durée des sai
sons, peut se déterminer de la manière suivante, si l'on admet la
position de l'axe d'après Herschell et notre période de rotation:
Une année de Mars contient . ... 669# rotations,
par conséquent. ... 668# jours solaires de Mars.
Le jour de Mars est au jour de la terre dans le rapport de 75:73,
et sa durée en heures de la terre est de 24" 39'35",7;
de sorte que le jour solaire dépasse en moyenne de 2 12" le
jour sidéral.
Le printemps de l'hémisphère boréal contient 1914 jours de Mars,
L'été - - - - 181 -
L'automne - - - - 149# -
L'hiver - - - - 147 -
de telle sorte que le printemps et l'été réunis ont 76 jours de
plus dans l'hémisphère boréal que dans l'hémisphère austral. Les
deux moitiés de l'année séparées par les équinoxes sont donc
dans le rapport de 19 : 15.
Si l'explication que nous venons de donner des phénomènes
observés est la vraie, celle qui répond le mieux aux faits, les
phénomènes que l'on peut attendre dans les apparitions prochaines,
peuvent être prévus avec assez d'exactitude. Lorsqu'au mois de
Mars 1841 la planète sera suffisamment visible, on pourra obser
ver la tache du pôle nord dans le minimum de son extension et
on la verra augmenter successivement surtout après l'opposition;
la tache du pôle-sud ne sera probablement pas visible ou du
moins n'apparoîtra que comme une pâle lueur sur le bord. La
zône obscure boréale supérieure ne pourra être qu'à peine aper
çue, peut-être même ne la verra-t-on pas du tout; l'hémisphère
austral commencera à devenir mieux visible. — En 1843 environ
6 jours après l'opposition, les deux pôles seront au bord. Les
deux taches blanches apparoîtront, mais très-étroites à cause du
raccourcissement optique. Dans les regions plus voisines de
23
12S

l'équateur, les taches se distingueront avec une grande précision. —


En 1845 nous verrons Mars dans le plus grand rapprochement
possible de la terre, avec le pôle-austral tourné de notre côté.
Toutes les taches de l'hémisphère austral apparoîtront avec la
plus grande précision possible, mais le Nord sera encore peu vi
sible; la tache du pôle austral sera au commencement encore
assez grande, mais elle se disposera à diminuer, surtout vers le
temps de l'opposition. On ne pourra plus rien apercevoir de la
tache du pôle-nord. Cette opposition et la précédente doivent
surtout être employées pour déterminer les éléments de la rota
tion. — L'année 1847 nous montrera la tache du pôle sud s'ac
croissant de nouveau, peut-être même aussi une trace de la tache
du pôle Nord. L'hémisphère austral présentera presqu'entière
ment le même aspect qu'en 1845, seulement pas à un rapproche
ment aussi avantageux. Parmi les taches de l'hémisphère boréal,
un très-petit nombre seulement pourra être aperçu alors. Les
observations faites pour déterminer la rotation et l'axe, doivent
être poursuivies dans cette opposition et liées à celles des deux
oppositions précédentes.
La période de rotation que nous avons trouvée différe de
2 de celle d'Herschell qu'on avoit admise jusqu'à présent, et
comme cette période est aussi basée sur la combinaison de deux
oppositions, une aussi grande différence peut sans doute étonner.
Cependant cette différence disparoîtroit presqu'entièrement si l'on
vouloit admettre dans l'une des deux données une erreur d'une
seule révolution entière; ainsi, si l'on vouloit diviser l'intervalle
des oppositions d'Herschell avec un diviseur augmenté d'une
unité, ou le nôtre avec un diviseur diminué d'une unité. Toute
fois comme une période de 24" 39 22" est inconciliable avec nos
observations de 1830 comparées entr'elles, et supposeroit des
erreurs que nous ne pouvons pas regarder comme possibles, vu
les circonstances extraordinairement favorables qui ont accom
pagné alors nos observations, il ne sera peut-être pas sans in
térêt de se reporter aux observations d'Herschell et d'examiner
quel résultat elles présentent, lorsqu'on les réduit avec une plus
grande exactitude.
199

PHerschell donne le détail de ses observations dans le


journal ,Philosophical Transactions for 1781". En 1777 du 8 au
26 Avril, il avoit observé différentes taches, qui n'offroient cepen
dant seules aucune combinaison certaine, c'est pourquoi il résolut
d'attendre l'opposition suivante. Elle arriva le 12 Mai 1779 et
Mars atteignit alors un diamètre de 13",5, grandeur qui diminua
jusqu'au 19 Juin où elle fut de 11". -

- Le 11 Mai à 11" 43', il aperçut au centre une tache qu'il


avoit déjà vu le 9 Mai à 11" 0'45", mais un peu en dehors du
centre. La même tache se montra le 19 Juin où Mars avoit déjà
une position très-basse.
Juin 19. 11" 30'. ,,The figure of Mai 11 is not come to
the position it was then at 11" 43', but cannot be far from it.
- I fear, as Mars approaches to horizon, I shall not be able to follow
him till the figure comes to the centre.º
11" 47'. ,,The state of the air near the horizon is very un
favorable. With much difficulty I can but just se that the figure
is not quite so far advanced as it was Mai 11 at 11" 43, but can
certainly not be above two or three minutes from it.º
En trois minutes une tache de Mars s'écarte du centre
d'un espace égal à T# # du diamètre de Mars, elle ne se mut ainsi,
avec la grandeur apparente qu'elle avoit alors, que de "r" et
Mars n'étoit qu'à 9° au dessus de l'horizon. Cependant admettons
l'appréciation d'Herschell, ainsi que le passage de la tache à
11h 49 30". Le calcul se présente de la manière suivante :
Juin 19. 11h 49'30"
Mai 11. 11 43 0
- .

Intervalle 39J. 0h 6'30"


Correction I. + 37 36" à cause du changement de la longi
tude géocentrique.
II. — 16 14 à cause de la phase de Mars.
III. — 49 à cause de l'abberration.
39j. 0h 27" 3".
38 Rotat.)-─
24º 38 36",4.
23 *
1S0

Herschell observa une autre tache le 11 Mai à 10" 17'41"


et le 13 à 11* 25 51", après quoi elle reparut le 17 Juin à 9" 12 20".
Toutefois il dit :
Juin 17. 9" 12 (clock 20" slow). The dark spot is rather
more advanced than it was Mai 11. 10" 18, et Herschell admet
encore une correction de 3, d'après quoi le moment véritable est
9h 9 20". Cela donne les résultats suivants :
Juin 17. 9h 9' 20"
Mai 11. 10 17 48
36i. 22h 51' 32"
Correction I. + 37 28"
II. — 15 0
III. — 44
36J. 23h 13' 16"
36) —
24* 38 42",9.
Juin 17. 9h 9' 20"
Mai 13. 11 25 51
34J. 21h 43 29"
Correction I. + 34 31"
II. — 15 0
III. - 43
34J. 22h 2 17"
34)
24* 38 53",4.
La moyenne de ces trois déterminations extrêmement incer
taines est donc
24º 38 44",2;
et au lieu de cela Herschell, n'ayant égard qu'en passant à la
correction qui provient du changement de la longitude et ne fai
sant pas du tout attention aux autres, admet comme résultat final
pour 1779:
24* 39 22",1.
Il faut cependant encore avoir égard à une circonstance qui
ne peut guère être soumise au calcul. Nous calculons la gran
1S1

deur de la phase au moyen de l'angle que forment la terre et le


soleil avec le centre de Mars; mais l'expérience nous apprend
dans Vénus et Mercure, que la largeur de la partie obscurcie se
trouve être toujours un peu plus grande que le calcul ne le de
mande. En outre avec un instrument d'une irradiation aussi forte
qu'a dû l'être le télescope d'Herschell, le bord entièrement éclairé
s'avancera beaucoup plus dans la partie obscurcie que le bord
opposé; or comme le 11 et le 13 Mai le disque complet a été
aperçu; mais que le 17 et le 19 Juin il manqua déjà au bord orien
tal 28° 16 et 29° 22, il faut donc d'après toute vraisemblance aug
menter la correction II et diminuer par conséquent la période
de rotation.
Herschell, prenant pour base la période de 24" 39 22",1
qu'il avoit trouvée, admit qu'entre les jours suivants, où les mêmes
taches furent aperçues,
1777 Avril 8 et 1779 Juin 6, il s'étoit écoulé 768 rotations,
1777 Avril 17 et 1779 Juin 15, - - - 768 -
1777 Avril 26 et 1779 Juin 19, - - - 763 -
d'où résulta alors la période :
24h 39 23",03
24 39 18,94
24 39 23,04
en moyenne, 24" 39 21",67.
Si au contraire on eût augmenté les diviseurs d'une unité
et qu'on eût eu égard aux corrections exigées, on auroit eu :
24h 37 28",5
24 38 22,3
24 37 28,0
en moyenne, 24" 37 26",27;
de sorte que la différence de 2 minutes qui se trouve entre le
résultat d'Herschell et le nôtre, auroit été réduite à 24 secondes.
Il est évident que, pour le résultat exact des observations
sur l'opposition de 1779, les deux diviseurs sont à peu près
également possibles et vraisemblables; tandis qu'une diminution
du diviseur que nous avons appliqué dans la combinaison de 1830
182

et 1832, feroit supposer une erreur moyenne de 14 heure dans


les intervalles observés en 1830.
Il est bien loin de notre pensée de vouloir mettre en doute
l'exactitude et le talent d'observation d'Herschell, seulement les
circonstances de beaucoup plus favorables qui accompagnèrent nos
observations en 1830, ainsi que la stricte exactitude que nous
avons mise dans le calcul, paroissent décider en faveur de notre
résultat, qui, comme on le voit, peut être mis d'accord avec les
observations d'Herschell.
Quant aux autres périodes données par Cassimi, Huth,
etc., nous n'en possédons pas un détail suffisant pour pouvoir
décider sur leur vraie valeur et sur leur poids. Un nouvel examen
ou une correction de la période que nous avons trouvée mainte
nant, ne sera possible que lorsque les taches de l'hémisphère austral
que nous avons aperçues en 1830, reparoîtront à la vue.
V é In u s.

On sait que la rotation de Vénus est un sujet qui met les astro
nomes dans une des plus étonnantes alternatives. Il ne s'agit pas
ici de la recherche d'une moyenne entre des données qui présen
tent de fortes différences, comme dans beaucoup d'autres questions,
· mais du choix difficile entre deux résultats tout-à-fait incon
ciliables et qui se contredisent entièrement, mais qui pourtant
paroissent tous les deux appuyés sur de trop bonnes raisons,
pour qu'on puisse se résoudre à rejeter absolument l'un ou l'autre.
Bianchini déduit des observations qu'il fit avec des soins rigou
reux à Rome, dans les années 1726 et 1727, une période de ro
tation de 24 jours 8 heures; Cassini au contraire en trouva une
de 23 heures, ou,- d'après les recherches de son fils, de 23" 15,
et c'est avec ce dernier résultat que s'accordent plus ou moins
presque tous les observateurs subséquents. Dans cet état des
choses, il ne nous paroît pas sans intérêt de communiquer ici
avec quelques détails deux séries d'observations faites dans les
années 1833 et 1836.
Remarquons en général que dans presque toutes les obser
vations, nous aperçumes, l'éclat du disque qui devient moins
vif vers les limites de la lumière, mais que cependant on ne
put jamais remarquer aucune tache proprement dite (à l'exception
peut-être du 7 Avril 1836). C'est pourquoi nous n'avons pas
indiqué dans les figures particulières cette diminution d'éclat le
long de la phase, d'autant plus qu'elle est généralement connue
1S4

et facile à expliquer : nous n'avons fait ressortir que la forme des


cornes et de l'arc elliptique (de la limite de la lumière) qui les
unit, forme que nous avons représentée avec la plus grande fidé
lité possible. -

Fig. I. Vénus en 1833, Mars 21. 7" 29 Temps moyen.


Fig. II. - - 7 39 -

Fig. III. -- Mars 25. 5 14


Fig. IV. - - 5 43 -

Fig. V. - - Mars 26. 5 17


Fig. VI. - - - 5 37. Bientôt après la corne
boréale devint encore plus étroite. — Après le coucher
du soleil, l'éclat de la planète fut trop grand pour con
tinuer l'observation.
Fig. VII. Vénus en 1833, Mars 29. 5" 8 Temps moyen.
Fig.VIII. - - - 5 21
Fig. IX. - - Avril 5. 4 49 Vent violent.
Fig. X. - - - 6. 5 42 à 5" 52'. La pâleur
du bord efface plus que de coutume l'arète intérieure.
Plus tard Vénus devint toujours plus étroite et la forme de faucille
que présentoient les cornes, n'offrit plus aucun changement ni
aucune différence que l'on ait pu apercevoir.
Fig. XI. Vénus 1836, Avril 7. 7" 20. La tache pâle remarquée
sur le disque resta incertaine; peut-être même ne doit-elle
son apparition qu'au verre obscurci dont nous dumes nous
servir dans cette observation. Si ce fut un objet réel, il
resta du moins sans limites marquées et sans forme.
Avril 8. 6" 26'. La tache apparut comme hier, quoiqu'on
ne se servît d'aucun verre obscurci, mais ce n'est toujours
qu'une supposition : nous n'avons pu, pas plus aujord'hui
qu'hier, obtenir une certitude quelconque. L'échancrure
dans le milieu de la phase, qui étoit bien visible hier,
est demeurée incertaine. Les deux cornes, surtout la
corne australe, sont plus éclatantes que le reste de la
planète.
Avril 18. 6" — 7". Air peu tranquille, circonstance à
laquelle il faut vraisemblablement attribuer l'arrondisse
1S5

ment anomal que nous avons remarqué aujourd'hui dans


les deux cornes.
Fig. XI. Avril 19. 7* 52 — 7" 58. Légers nuages qui favorisent
l'observation. La corne australe est arrondie, la corne
boréale plus claire et probablement aussi plus aigue
que la première.
Fig. XII. Avril 20. 6" 1'. Le fait seul que la corne boréale est
la plus aigue peut être indiqué comme certain : tout le
reste de la figure est incertain. — 7"46', encore de même.
Avril 20. 23" 15'. La corne australe n'est certainement
pas plus obtuse que la corne boréale, probablement même
elle est plus aigue.
Avril 26. 6" 3'. La corne boréale est la plus aigue.
Mai 2. 6" 21'. On ne peut distinguer aucune inégalité
ni aucune différence de la forme régulière.
Fig. XIII. Mai 4. 6" 17'. Au dessous de la corne australe arrondie
est une échancrure parfaitement distincte. Celle de la
corne boréale est moins certaine.
Mai 6. 6" 55'. L'échancrure de la corne australe est très
distincte; on ne peut en apercevoir aucune à la corne
V• boréale. La corne australe est sensiblement plus éclatante. .
Mai 10. 6" 50'. Les deux échancrures sont bien dis
tinctes. La phase est, selon toute apparence, exacte
- ment celle de la quadrature.
Fig. XIV. Mai 13. 5" 30'. La limite de la lumière se présente
comme une ligne droite, mais les deux cornes forment une
légère proéminence. Les deux échancrures sont visibles.
Mai 14. 5" 30'. La phase paroît aujourd'hui pour la
première fois être concave. Tout le reste est encore
comme hier.
Mai 18. 5º 18. Les deux cornes sont aigues; on ne peut
apercevoir avec certitude aucune différence.
Mai 18. 6" 18'. La corne boréale est plus courte que
la corne australe, sans être cependant pour cela plus
obtuse.
Mai 18. 7"8'. La corne australe est un peu plus obtuse.
24
186

Fig. XV. Mai 18. 7* 18. La corne australe paroît devenir tou
jours plus obtuse.
Mai 18. 7" 38. La corne boréale présente une courbure
purement elliptique; la corne australe continue à s'arrondir.
Mai 18. 7º 43'. L'échancrure de la corne australe à com
plètement disparu par l'arrondissement qui va toujours
croissant. — Plus tard les bords sont trop peu dé
terminés.
Fig. XVI. Mai 18. 23" 45'. L'aspect de la planète est complète
ment différent de celui qu'elle présentoit le soir précédent.
Mai 19. 0" 24'. La corne boréale est à peu près comme
la corne australe le soir précédent à 7" 43'.
Mai 19. 5" 40. Les deux cornes sont égales; à peu près
comme Mai 18. 5" 18'.
Mai 19. 6" 6'. On ne peut encore apercevoir aucun
changement.
Mai 19. 6" 17'. La figure XV semble se former. — Quel
ques minutes plus tard on peut apercevoir avec certitude
le changement. -

Mai 19. 6" 40'. L'arrondissement de la corne australe a


encore augmenté; la corne boréale reste aigue.
Mai 19. 7" 32'. L'arrondissement paroît diminuer de
I1OUlVG8lll,

Fig.XVII. Mai 20.4" 43 — 4" 50. De même; peut-être la corne


australe est-elle encore plus aplatie.
Mai 20. 6" 30'. La corne australe est de nouveau un
peu plus aigue, cependant encore beaucoup moins que
la corne boréale.
Mai 20. 7" 17'. La corne boréale paroît devenir plus
aigue; l'échancrure est tout-à-fait près de la corne.
Mai 22. 23" 35'. Les deux cornes sont également aigues;
la corne boréale est aussi plus large.
Mai 23. 5" 9'. Pas de différence sensible; peut-être la
corne australe est-elle un peu plus large.
Mai 23. 5" 45'. La même apparence, cependant aussi la
même incertitude.
189

Fig.XVII. Mai 23. 6" 0. La corne australe décidément plus large


que la corne boréale.
Mai 24. 4" 55'. Pas de différence sensible : courbure
vraiment elliptique.
Mai24. 6"45';6"50';6º52. Tout-à-fait comme fig. XVII.
Mai 24. 7" 17'; 7" 20'. De même. Cependant la corne
australe semble devenir encore plus obtuse.
Mai 30. 4" 45'. Toute la courbure est purement elliptique.
Mai 30. 5" 12'. De même; à moins que peut-être la
corne boréale ne soit plus aigue.
Mai 31. 6" 35'. Exactement comme figure XVII.
Mai 31. 6" 39. La différence des deux cornes est déjà
douteuse.
Mai 31. 7" 17'. Les deux pointes probablement tout-à-
fait égales.
Mai 31. 7" 23'. Les deux pointes certainement égales.
Juin 6. 5" 42'. Les deux cornes sont égales; la forme
de la phase est parfaitement elliptique.
Juin 6. 6" 11' et 6"37'. La corne boréale paroît être la
plus aigue.
Juin 6. 6" 39'. Elles ne peuvent être bien long temps
douteuses. -

Juin 6. 6" 46'. De même.


Juin 10. 5º59'. Les deux cornes sont égales; ellipse parfaite.
Juin 10. 6" 11'. La corne boréale est plus aigue.
Juin 10. 6" 23'. La différence est en tout cas très-petite.
Fig.XVIII. Juin 10. 6" 47'. La corne australe semble, comme le
montre la figure, recourbée en-bas; la corne boréale est
un peu plus aigue. -

Juin 10. 7" 2'. Les deux cornes apparoissent égales, du


moins la différence n'est plus aussi certaine qu'auparavant.
Juin 11. 4º40'; 4º49'; 5º5'; 5º33'; 5º36'; 5º50'. Ellipse
parfaite. -

Juin 11. 6" 3'. La corne australe est la plus obtuse.


Juin 11. 6" 12'. De même; en outre elle semble se
courber en bas.
24 *
188

Fig.XVIII.Juin 11. 6" 40. Ce que nous venons de remarquer,


est hors de doute.
Juin 11. 7" 10'. La corne australe n'est plus courbée
en bas, mais elle est toujours plus obtuse.
Juin 15. 5" 45'. La corne boréale est la plus aigue; ce
pendant la différence est petite.
Juin 15. 6" 2'. Incertain.
Juin 15. 6" 24'. Les deux cornes sont tout-à-fait égales.
Juin 27. 6" 24'. La corne boréale est un peu plus
étroite que la corne australe. De même jusqu'à 6" 44'.
Juin 27. 7" 6'. La différence est assez incertaine.
Juin 27. 7" 46'. La différence est certaine, et en même
temps la corne australe est recourbée davantage.
Juin 27. 22" 16'. La corne boréale est la plus large,
cependant la différence est faible.
Juin 27. 23" 1'. Il n'y a plus de différence. — NB. Ces
deux dernières observations ont été faites avec le grand
télescope de l'Observatoire Royal.
Juin 28. 6" 54'. Pas de différence certaine.
Juin 28. 7" 8'. L'arrondissement de la corne australe
est sensiblement plus grand, de même que sa courbure
en bas. — 7" 42 de même.
Juillet 1. 5" 13 — 5" 48. Ellipse parfaite. L'air est
continuellement favorable.
Sept. 6. 17" 48. La corne australe est plus courbée
que la corne boréale.
Oct. 5. 19" 30'. Les cornes semblent encore un peu
augmenter.
Oct. 7. 12" 0'. Vénus est à moitié éclairée, ou bien
plutôt moins que plus de sa moitié.
Oct. 14. 19" 0'. Vénus paroît déjà être un peu plus de la
moitié éclairée.
Telles sont nos observations sur la figure de Vénus. Sans
doute nous ne voudrions pas, comme l'a fait Schroeter avec une
série d'observations semblables, nous en servir pour en déduire
une période de rotation exacte, car nous nous sommes convaincus
189

que cette période ne peut pas résulter d'observations faites sur


la forme des cornes de Vénus, surtout lorsqu'on manque de tous
les autres éléments de la rotation. Cependant si les variations
souvent d'une rapidité surprenante, que nous avons remarquées
dans la forme des cornes, ne manquent pas de toute réalité ob
jective, il est clair qu'elles sont entièrement incompatibles avec la
période de Bianchini ou avec toute autre période d'une semblable
durée, et que plusieurs signes semblent parler au contraire en
faveur de la période de Cassini. Comparez 1833, Mars 21. 7h 39'
avec Mars 25. 5" 14 (4 périodes à 23" 24'); Mai 18. 7º 18, avec .
Mai 19. 16" 17 à 6" 40'; Juin 10. 6" 47 , avec Juin 11. 6º 3 à 12';
Juin 27. 7* 46, avec Juin 28. 7* 8.
Nous accordons volontiers qu'il puisse se présenter des dé
ceptions optiques dans de semblables déterminations de la forme
des cornes et de la figure elliptique de la phase de Vénus, qui
ne reposent que sur des appréciations; mais que l'on soit en droit
d'envisager sans autre motif une série entière de semblables ob
servations comme des erreurs réelles, c'est ce que nous regardons
comme impossible. Surtout les variations remarquées dans la corne
australe ne peuvent point du tout être causées uniquement par
l'atmosphère ou le télescope, car dans ce cas elles auroient dû
aussi se présenter de la même manière dans la corne boréale;
or si elles sont dans un rapport quelconque avec la rotation de
Vénus, cette dernière ne peut pas avoir une durée de plusieurs
semaines. -

Vénus eut en 1836 une position extraordinairement favo


rable pour les observations depuis l'hémisphère boréal de la terre,
et plusieurs astronomes se sont efforcés alors de distinguer des
taches sur son disque, mais, autant que nous sachions, aucun n'y
a réussi, pas même Lamont, qui observa Vénus aussi souvent
que possible à Bogenhausen, au moyen de son grand télescope,
mais sans obtenir jamais aucun succès (Astronomische Nach
richten JM3 324).
Des taches réelles sur le disque de Vénus (si l'on ne veut
pas regarder comme des taches la lumière pâle le long de la
phase, qui paroît présenter de temps en temps de légères inéga
19O

lités) sont certainement des apparitions extrêmement rares et tou


jours très-faibles. Après des travaux de plusieurs années, pen
dant lesquels la phase lui avoit toujours apparu bien prononcée,
Herschell père aperçut en 1780, entre le 19 Juin et le 3 Juillet,
différentes taches extrêmement faibles. Mais elles ne lui donnè
rent jamais un résultat précis pour la rotation : ,,for the spots
,,assumed often the appearences of optical deceptions, such as
,,might anise from prismatic effection." Cependant Herschell étoit
certain qu'il s'opéroit une rotation de l'axe : ,,a few very evident
»results may be drawn from the foregoing observations ... though
,,the real time of it is still subject to considerable doubt, it can
,hardly be so slow as 24 daysº (Philosophical Transactions for
1793. p. 204 etc.). La même incompatibilité avec une période
de 24 jours se montre par les observations de Schroeter (et
Harding) sur la forme des cornes de Vénus (Aphroditographi
sche Fragmente p. 155), quoiqu'on ne puisse pas s'empêcher de
regarder comme trop hasardées et comme manquant d'un fonde
ment certain, ses déterminations de la période de rotation dérivées
en centièmes de secondes, et ses mesures de la hauteur des mon
tagnes de Vénus. Cependant nous ne voulons pas les qualifier
de ,,unworthy of creditº, comme l'a fait Hussey dans son écrit
,,On the rotation of Venus* (Astronomische Nachrichten JM3 248
et 249), comme aussi nous ne pouvons que souscrire au blâme
jeté sur le ton du traité en question et que l'éditeur du journal
Astronomische Nachrichten a ajouté indirectement à la fin de sa
rédaction. Certainement il a été bien pénible à tous les amis de
la science véritable que Mr. Hussey se soit cru obligé de jeter
plus ou moins de soupçon sur l'exactitude et même la bonne foi
de tous les autres observateurs et calculateurs, pour faire ressortir
avec d'autant plus d'éclat celles de Bianchini seul. · Qui oseroit
encore à l'avenir donner au jour des observations qui paroissent
contredire un résultat reconnu dans le silence, si un tel procédé
qui rabaisse des questions purement scientifiques dans le domaine
étranger de la controverse personnelle, devoit trouver des imita
teurs? Que celui qui peut produire des preuves de fait d'une
erreur notoire ou même d'une falsification préméditée, ne les
1911

laisse pas dans le silence; si Encke a dévoilé les tromperies d'un


D'Angos, il mérite la reconnoissance et l'applaudissement de
tous les amis de la vérité : mais pour le plaisir d'une hypothèse,
nous ne voulons pas arracher à des hommes qui ont travaillé pour
la postérité, la palme qu'ils ont à juste titre méritée.
Supposé que les représentations graphiques des observations
de Bianchini, données dans le JM3 278 du journal Astronomische
Nachrichten, soient toutes exactes; qu'un oeil plus perçant et plus
exercé ait suppléé au grand défaut que présente l'emploi d'un
télescope non-achromatique; supposé même que peut-être alors
la surface de Vénus fût plus propre que maintenant à produire .
des taches; il est cependant certain que la lumière plus pâle qui
s'étend le long de la phase, doit se confondre avec les taches
(qui, à l'exception d'une seule qui n'a été observé que deux fois,
s'étendent tout le long de la limite de la lumière dans des cour
bures tout-à-fait uniformes). Ainsi il ne nous reste plus que les
courbures qui sont vers le côté lumineux, et nulle part l'exposé
de Bianchini ne nous dit que ces courbures se soient montrées
avec des limites aussi distinctement marquées que nous les donne
le dessin : du reste il n'est pas donné à chaque astronome de des
siner fidèlement d'après nature. Dans cet état de choses nous ne
pouvons du tout pas regarder comme décisif l'avancement appa
rent de ces courbures le long de la phase, qui eut lieu depuis
le 9 au 26 Février 1726; car les convexités désignées par des
chiffres différents ont tellement de ressemblance entr'elles, que,
par exemple, les points (4) (3) (2) du 16 Février peuvent par
faitement être identiques avec (5) (4) (3) du 18 Février, que la
valeur (1) (2) du 5 Mars soit identique avec (1) (2) du 7, nous
ne pouvons l'accorder qu'en admettant ou bien un très-grand
mouvement propre des taches, ou bien un dessin très-défectueux.
Les coïncidences supposées avoir eu lieu dans l'été de 1727 ne
sont pas moins problématiques aussi, et les variations qu'a pré
sentées la position de la tache noz pr depuis le 9 au 16 Juin
(supposé que tout soit exactement et distinctement limité et juste
ment représenté dans le dessin), s'accordent peu avec une période
de 24 jours; au contraire elles paroissent exiger ou bien une pé
- 192

riode de 14 à 16 jours, ou bien plusieurs périodes plus courtes.


Si l'on admet que le mouvement de rotation des taches de Vénus
ne s'opère pas le long de la limite de la lumière (comme cela
est ici tout-à-fait admis), mais perpendiculairement sur cette
limite; qu'en outre à cause de la lumière trop vive et éblouis
sante des autres parties du disque, ces taches aient échappé dans
ces points à l'oeil, et que par conséquent, suivant la période de
Cassini de 23" 15', elles aient eu le lendemain, au bout d'environ
24 heures, de nouveau à peu près la même position; que cepen
dant, au bout d'un temps plus long, par suite du changement
considérable survenu dans la forme lumineuse de la planète, on
ait aperçu insensiblement d'autres taches et d'autres parties de
taches sur la limite de la lumière; si l'on admet tout cela, rien
ne nous engage cependant à mettre en doute le talent d'observation
de Bianchini, pas plus que sa bonne foi : nous n'avons fait qu'op
poser à son essai d'explication un autre essai, que toutes les ex
périences subséquentes paroissoient devoir exiger.
Bianchimi et, en termes plus forts encore, son admirateur
exclusif Hussey attachent beaucoup d'importance à ce que les
taches, pendant 30 à 50 et même dans un cas pendant 3", n'a-
voient pas sensiblement changé de place. Nous croyons que, pour
, des taches que l'on n'aperçoit jamais que le long de la limite de
la lumière, la chose s'explique d'une manière tout-à-fait natu
relle. Lorsqu'une tache en forme de bande, comme en présentent,
par exemple, Jupiter et Saturne, est dans sa direction normale
sur la limite de la lumière et se meut également dans cette di
rection, que cependant l'on ne peut apercevoir que la partie de
cette tache qui est près de la limite de la lumière, alors les par
ties consécutives, aussi long temps que la bande fera sa rotation,
devront garder toujours la même position. Du reste, comme nous
l'avons déjà dit, les convexités des taches dans les figures de
Bianchini ont tant de ressemblance entr'elles, qu'il est tout-à-fait
impossible de juger avec certitude de leur identité ou de leur
différence. Lorsque Bianchini aperçoit quelques taches le 26 Fé
vrier 1726, à 5" 45', et qu'au bout d'un certain intervalle pen
dant lequel il ne fait point d'observations, depuis 8" 30 à 9" 0'
1933 º

(d'après sa propre remarque, 4 heure avant le coucher de Vénus),


il croit voir les taches dans la même position, Cassini fils n'a
pas bien tort de douter jusqu'à un certain point de l'identité de
ces taches et de prendre les observations de Bianchini, non pas
pour les rejeter, mais pour essayer de les concilier avec celles
de son père, essai qui lui a attiré tout le feu de la colère de
Mr. Hussey. Sans doute si les observations de Dom. Cassini et
de tous les autres astronomes ne sont que ,,spuriousº, ,,falsifica
tionsº, ,,unworthy* et autres épithètes semblables, et qu'au con
traire celles de Bianchini seul doivent être »genuine", il ne nous
reste plus alors qu'à cesser toute discussion ultérieure et à nous
contenter de ces dernières. Nous préférons cependant répéter ici
le voeu que le vénérable Olbers ajouta à la fin du traité dont
nous avons parlé : que les astronomes d'Italie veuillent bien ré
péter avec des lunettes de Frauenhofer les observations que
Bianchini fit avec ceux de Campani. La question ne pourra
être décidée avec certitude que lorsqu'on aura réussi à apercevoir
à plusieurs reprises des taches dans d'autres parties du disque
de Vénus dégagées de l'obscurcissement que leur fait éprouver la
limite de la phase, et qu'on sera assuré de leur identité. Des .
diatribes au contraire n'ont jamais et nulle part été de quelqu'uti
lité à la science, loin de là elles n'ont servi qu'à nuire à son
crédit.

Dans les observations dont nous venons de parler, nous


avons dirigé en même temps notre attention sur la détermination
du diamètre de Vénus. On s'en est, il est vrai, déjà beaucoup
occupé pendant et après ses passages, mais pour aucune des mé
thodes que l'on a employées on ne peut affirmer a priori qu'elle
soit exempte d'erreurs constantes. Une planète comme Vénus,
dont le diamètre apparent peut changer jusqu'à six fois, permet
cependant de déterminer une erreur constante par les observa
tions elles-mêmes. Supposé que la somme de toutes les erreurs
constantes (irradiation du télescope, épaisseur des fils, manière
particulière de la disposition, réflexion dans l'oeil de l'observa
teur, etc.) dans une mesure du diamètre de Vénus en plein jour
25
194

soit = i, et ce diamètre pour l'éloignement moyen de la planète = Q,


et qu'enfin l'observation, pour l'éloignement r, ait donné le dia
mètre d, on aura
1
d = —
# 2 + ii,
1 A 2

et comme#, meme lorsqu'on exclut du calcul l'extrême où Vénus


est très-près du soleil, présente encore d'assez grandes différences,
on peut déterminer Q et i par une série d'observations suffisam
ment prolongée. On comprend du reste que i, dans la significa
tion que nous lui avons donnée plus haut, ne peut être regardé
comme constant qu'autant que le télescope, le grossissement, la
planète, l'observateur et autant que possible les circonstances ex
térieures restent les mêmes pendant toutes les mesures. Les
mesures suivantes sont uniquement celles du même observateur
(Mädler), faites en plein jour, pendant un ciel serein et à une
distance zénithale de la planète de 65° à 70° au plus. Les nom
bres indiqués sont chacun en particulier la moyenne de 10 repri
ses, cinq à droite et cinq à gauche du point de coïncidence.
, Dans les équations de condition on a admis pour le diamètre dans
un éloignement moyen la valeur approximative de 17" + AQ; les
erreurs placées dans la dernière colonne, sont celles qui sont
restées pour AQ et pour i après la substitution des valeurs cal
culées plus bas.
Jour. | Temps moyen. |Mesure.| Equation de condition. #.
1833 -

Mars 25. 5h 30' 30",529|+ 0",442=+1,770 AQ + il— o",446


26.
29.
5 30
5 15
31 ,069 I0 ,573
32 ,557 |+ 0 ,778
1,794 -
1,869 -
-|— 0 ,317
-- 0 ,123
Avril 5. 5 36 ,023 |+ 0 ,855 2,069 - -|— 0 ,073
6. 5 45 36 ,655 0 ,932 2,101 - -|+ 0 ,000
23. 6 46 ,993 0 ,294 2,747 - -|— 0 ,724
Mai , 7. 0 57 ,301 1 ,138 3,304 - -|+ 0 ,145
1836.
Mars 5. 23 30 14 ,250 |+ 0 ,442 0,808 - -|— 0 ,100
7. 2 14 ,109 |+ 0 ,225 0,817 - -- 0 ,534
9. 23 45 14 ,772 |+ 0 ,684 0,829 - -|— 0 ,077
22. 0 15 ,770 |+ 0 ,712 0,886 - -|— 0 ,056
27. 23 16 ,783 1 ,168 0,919 - -|+ 0 ,395
195

Jour. | Temps moyen. |Mesure. | Equation de condition. †.


1836. -

Avril 6. 0h 17",326 |+ 0",619=+0,983A9 +i|— 0",163


7. 23 30' 18 .052 1 ,226 0,991 - -|+ 0 ,543
8. 23 45 17,729 |+ 0,782 0,997 - -|— 0 .002
17. | 23 30 19 2081 |+ 0 ,922 1,068 - -|+ 0 ,129
20. 6 15 19 .085 |+ 0 ,584 1,088 - -|— 0 ,211
22.
20.
25.
6
23
6
15
30 ,421 |+ 01 ,807
19 ,832 ,017
20 2014 |+ 0 ,705
1,095 -
1,107
1,136 -
- t 0 ,219
,011
-- 0 ,097
26. 23 15 20 ,663 |+ 1 ,055 1,153 - - 0 ,251
27. 6 15 20,783 |+ 1,125 1,156 - -|+ 0 ,320
30. 0 21 2110 |+ 0 ,950 1,186 - - 0 ,141
Mai 2. 6 15 21 ,260 |+ 0 ,662 1,212 - -|— 0 ,151
4. 6 21 ,910 |+ 0 ,914 1,235 - - 0 ,098
6. 6 15 22 2321 |+ 0,950 1,257 -
1,273 -
-+ 0 ,131
-|— 0 ,196
7. 6 22 2259 |+ 0 ,625
10. 7 15 23 ,638 |+ 1 ,311 1,313 - - 0 ,485
13. 5 30 24 ,222 |+ 1 ,184 1,355 - -|+ 0 ,353
14. 5 30 24 2504 |+ 1 ,214 1,371 - - 0 ,381
18. 5 30 25 ,609 |+ 1 ,230 1,434 - - 0 ,388
18. 23 30 25 ,875 |+ 1 ,292 1,446 - -|+ 0 ,449
19.
20.
6
4 45
25 2871
25 2716
1
0
,211
,779
1,451 -
1,467 -
-
-|—
I 00 ,367
,067
22. 4 15 26 ,197 0 ,662 1,502 - -|— 0 ,189
22. | 23 30 |26,595 |+ 0,810 1,517 - -|— 0 ,043
24. 6 40 26 ,985 0 ,783 1,541 - -|— 0 ,073
30. 4 30 29,053 |+ 0,784 1,662 - -|— 0 ,089
31. 6 30 29,587 |+ 0 894 1,687 - -|+ 0 ,o18
Juin 6. 6 31 ,974 |+ 0 ,810 1,833 - -|— 0 ,086
8. 3 32,810 |+ 0 ,790 1,8S4 - -|— 0 ,122
9. 7 45 33 ,862 |+ 1 ,275 1,917 - - 0 ,368
10. 6 34 ,348 |+ 1,310 1,943 - -|+ 0 ,399
11. 5 34 ,352 |+ 0,837 1,971 - -|— 0 ,078
11. 6 15 34 ,533 |+ 1 .007 | 1,972 - -|+ 0 ,092
13. 7 30 35 ,899 |+ 1,299 2,035 - - + 0 ,376
15. 5 15 36 ,282 |+ 0 ,649 2,096 - -- 0 ,282
18. 7 15 38 ,458 |+ 1 ,059 2,200 - -|+ 0 ,168
24. 5 15 |42 ,392 |+ 1 ,262 2,419 - -|+ 0 ,288
24. 5 30 42 ,246 |+ 1 ,109 2,420 - - 0 ,135
27. 6 15 43 ,661 |+ 0 ,449 2,542 - -|— 0 ,541
28. 6 45 43 ,381 |+ 0 2449 2,584 - | -- 0 ,546
30. 7 45 47 .020 |+ 1 ,633 2,669 - - 0 ,625
Juillet 1.
2.
5
3
15
30
46 ,879 |+ 1 ,176
47,461 |+ 0,740
2,690 -
2,784 -
-I 0 ,165
-|— 0 ,178
4. 5 30 49 , 257 |+ 1 .007 2,838 - -|— 0 ,023
Sept. 6. | 20 35 ,462 |+ 0 ,866 : 2,041 - -|— 0 ,057
9. | 18 15 134 ,202 |+ 0,935 1,957 - -|+ 0 ,022
196

Jour. Temps moyen. | Mesure. | Equation de condition. #


1836. - -

Oct. 3. 19h 15' 25",221 |+ 0",615=+1,447 AQ + i|— O",228


5. 19 30 24 ,597 0 ,522 1,416 - -|— 0 ,317
6. 19 30 24 ,659 0 ,837 1,402 - - 0 ,000
7.
14.
19 45
19 45
24
22
,443
,431
0 ,881
0 ,469
1,386
1,292
-
-
- I
0 ,046
-|— 0 ,354
18. 19 45 21 ,689 0 ,546 1,244 - -|— 0 ,270
20. 19 45 21 ,309 0 ,551 1,221 - -|— 0 ,263
30. 20 30 19 ,983 0 ,969 1,120 - -l-+ 0 ,170.

Deux observations, du 5 et du 7 Août, pendant lesquelles


Vénus étoit déjà très-rapprochée du soleil et les extrémités des
cornes étoient devenues extrêmement fines, ne peuvent pas être
réunies au résultat à cause de la difficulté qu'elles présentent; ce
sont les suivantes :
1836.Août 5. 20* 57",319 |+2",139= +3,246AQ+ i; + 1",054
7. 20 45'56 810 | +2,839 = +3,175AQ+ i; +1,762.
Des 66 équations précédentes on obtient pour le minimum :
57",394 = 107,885AQ + 66i
96,792 = 198,549 - + 107,885
d'où l'on tire
AQ = 0",1340; poids 22,198
i = 0,6506; poids 7,3788.
Après la substitution de ces valeurs on obtient X (sº) ou
la somme des quarrés des erreurs = 5",477, d'où l'on tire
l'erreur moyenne d'une seule observation = + 0",2924, et delà
on déduit : -

Demi-diamètre apparent Q
pour l'éloignement 1 . .. = 8",5670; Incertitude 0",03072
Irradiation etc. (simple) = 0,3253; Incertitude 0 ,05316.

Parmi les déterminations qui ont été faites jusqu'à mainte


nant, telles que les a calculees Wurm (Berliner Astronomisches
Jahrbuch, année 1807 pag. 165 et suivantes), la plûpart s'accor
dent très-peu entr'elles. Sans parler des données plus anciennes,
Hell, par exemple, en 1761, obtint pendant 9 jours le demi
193

diamètre = d'abord 8",960 et enfin 10",385, presque régulière


ment augmentant; huit déterminations de Zach, en 1788, varient
entre 7",311 et 8",798; celles de Schroeter même de 6",273
à 10",028. Même les mesures au micromètre sur le disque du
soleil présentent, suivant les divers observateurs, des différences
considérables. Le 5 Juin 1761 un observateur de Munich eut
7",516, et Hell à Vienne 10",456 (Les mesures directes présen
tent chez ces deux observateurs une différence de 20",33). Si
l'on fait abstraction de ces extrêmes, les vingt autres (depuis
Wargentin = 7",877 à Braun = 9",251) donnent en moyenne
8",426. Dans le passage de 1769, en prenant la moyenne de
8 observateurs (de Messier = 7",945 à Cassini = 8,848), on
obtient 8",405. A cause du retard qu'éprouva Vénus au bord
du soleil, le passage de 1761 présente une moyenne tirée de
tous les observations, de 8",306, d'après le calcul d'Encke; le
passage de 1769 ne donne pas une moyenne que l'on puisse
déterminer avec certitude. Enfin Brandes, en 1820, par des
mesures au moyen de l'héliomètre, a obtenu, pendant 6 jours,
8",345, mais les résultats deviennent régulièrement plus forts
à mesure que l'éloignement diminue, ce qui fait conclure à une
valeur négative d'i et par conséquent à un diamètre trop petit.
Dans ces observations nous dirigeâmes aussi notre atten
tion sur la forme et la largeur de la partie éclairée de la pla
nète, pour rechercher si l'observation nous les présente toutes
deux telles que le calcul nous les donne. Soit V l'angle à
Vénus du triangle plan formé par le soleil Vénus, et la Terre,
la limite de la lumière devra former une ligne droite, si V = 90°,
et la largeur de la partie éclairée devra être = ( +# v) 2
La première valeur s'obtient le mieux par l'observation directe;
la dernière par une mesure. La figure de la planète qui n'a été
observée que dans des circonstances atmosphériques parfaitement
favorables, se présenta, aux temps de la quadrature, de la manière
suivante :
19S

Avant la Conjonction. V calculée.


Mai 10. 6* 45 Vénus paroît exactement à moitié
éclairée . . . . . . - - - - - - - - 85° 57'
- 13. 5 30 Les cornes augmentent un peu; la
limite de la lumière forme cepen
dant encore une ligne droite. . . 87 47
- 14. 5 30 La phase apparoît déjà concave . 88 24
- 16. 16 30 . . . . . . • • • • • • • • • • • • • . 90

Après la Conjonction.
Oct. 3. 19" - - • • • - • • • • • - • - - - - - - - 90
- 5. 19 30 ) Les pointes des cornes paroissent 88 46
- 6. 19 15 4 encore un peu augmenter . . . . § 10
- 7. 19 30 Vénus éclairée à moitié, mais pas
au delà . . . . . . . .. • . . - - - 87 34
- 14. 19 30 Au premier moment éclairée exac
tement à moitié, ensuite il semontre
une légère convexité . . . . . . . 83 32
Dans toutes ces observations Vénus fut donc certainement
moins éclairée que ne l'exigeoit le calcul, et on peut admettre
86° 30 comme étant la valeur de V pour laquelle justement la
moitié du disque étoit éclairée, valeur que l'on aura 6 jours avant
et après la quadrature calculée.
La largeur de la partie éclairée a été mesurée et calculée
comme suit :
Largeur de la
1836. V. | partie éclairée. | Différence.
M esur é e. | Calculé e.

Mars 5. | 23º 30 | 53° 44 | 10",767 | 11",410 | — 0",643


7. | 2 54 10 | 10,661 | 11 ,418 | — 0,757
9. | 23 15 | 55 23 | 11 ,248 | 11,433 | — 0,149
16. | 23 15 | 58 22 | 10,723 | 11,562 | — 0,839
20. | 23 45 | 60 7 | 10,710 | 11,625 | — 0,915
22. | 0 60 35 | 10,516 | 11,640 | — 1,124
27. | 23 63 15 | 11,483 | 11,736 | — 0,253
Avril 7. | 23 30 | 68 27 | 11,536 | 11 ,919 | — 0,383
8. | 23 45 | 68 57 | 11 ,678 | 11,927 | — 0,249
20. | 23 20 | 75 3 | 11,877 | 12,127 | — 0,250
25. | 6 77 20 | 12 ,029 | 12,192 | — 0,163
26. | 23 15 | 78 16 | 12,126 | 12,208 | — 0,082
27. | 6 15 | 78 25 | 12,224 | 12,224 | — 0,000
Mai 2. | 6 15 | 81 14 | 12,221 | 12,290 | — 0,069
4. | 6 82 22 | 12,190 | 12,308 | — 0,118
6. | 6 15 | 83 33 | 11,625 | 12,335 | — 0,710
7. | 6 84 8 | 11,700 | 12,343 | — 0,643
10. | 7 15 | 85 58 | 11,894 | 12,370 | — 0,376
13. | 5 30 | 87 47 | 11 837 | 12,375 | — 0,538
23. | 5 15 | 94 31 | 10,820 | 12,113 | — 1,293
Juillet 1. | 5 15 |133 28 | 5,958 | 7,566 | — 1,608
Oct. 5. | 19 30 | 88 46 | 12,800 | 12,722 | + 0,078
6. | 19 30 | 88 10 | 12,827 | 12,616 | + 0,211
7. | 19 45 | 87 34 | 13 ,119 | 12,612 | + 0,507
14. | 19 45 | 83 32 | 12,195 | 12,639 | — 0,474
18. | 19 45 | 81 21 | 11,722 | 12,582 | — 0,860
20. | 19 45 | 80 17 | 12 ,142 | 12,551 | — 0,409
30. | 20 30 | 75 4 | 13,385 | 12,361 | + 0,024
Ces calculs ont pour base le demi-diamètre trouvé plus
haut 8",567, et l'augmentation d'irradiation du bord complettement
éclairé a été prise égale à celle qu'avoit donnée les mesures du
diamètre vertical; ainsi, dans les résultats précédents des mesures,
nous avons employé la valeur constante — 0",325; mais pour la
limite de la lumière nous n'avons pas admis un accroissement
pareil; car ici le rapport du clair à l'obscur est tout autre que
pour le bord entier. Toutefois si l'on vouloit aussi l'admettre dans
ce cas, il faudroit alors ajouter encore — 0",325 aux différences
indiquées plus haut.
Les mesures prises après la conjonction sont très-peu
nombreuses, car le temps nous favorisa rarement et en outre,
dans les jours sereins, Vénus ne se présentoit plus aussi bien
limitée qu'auparavant, probablement à cause de son grand abaisse
ment. Les quatre mesures qui donnèrent une différence posi
tive, purent d'autant moins être prises en considération en com
paraison des autres, que même elles sont contredites par la figure
de la partie éclairée observée dans ces mêmes jours, figure qui
présente autour de la quadrature une plus grande certitude que
des mesures au micromètre; et en outre toutes les observations
faites avant la conjonction s'accordent à donner une différence
négative. Si l'on exclut du résultat les mesures du 1" Juillet
qui ne peuvent pas être exactes à cause de la grande conca
vité du croissant, les 20 autres observations faites avant la
conjonction, donnent en moyenne une différence de 0",477, et
les sept suivantes une différence de 0",132, pour laquelle la
limite de la lumière s'est plus retirée vers l'intérieur que la
calcul ne le demandoit, tandis que si l'irradiation eut eu
quelque influence ici, elle se seroit avancée de 0",325 vers
l'extérieur.
Il ne peut donc pas y avoir de doute sur le fait que la
partie éclairée de Vénus se présente sous un diamètre qui a di
minué de grandeur. Mais comment s'explique cette apparition ?
Ce ne peut pas être par un aplatissement, car, outre qu'aucun
observateur n'en a encore point remarqué, un aplatissement pareil
, ne diminueroit périodiquement le diamètre qui s'élève perpendi
2011

culairement sur la ligne qui unit les cornes, que dans le cas où
l'axe de l'équateur de la planète se confondroit presqu' entière
ment avec la phase. Mais cela n'expliqueroit point encore les
formes que l'on a remarquées dans la limite de la lumière. La
manière la plus simple est de comparer cette observation avec
une observation analogue et dès longtemps connue, dont les
raisons nous sont connues suffisamment. Lorsqu'on considère à
l'oeil nu la lune croissante ou décroissante, surtout pendant
le jour, la largeur de la partie visible, prise perpendiculaire
ment à la ligne qui joint les cornes, nous apparoît également
diminuée et l'on croira distinguer une concavité très-prononcée
dans la limite de la lumière, lorsque la lune est déjà réellement
dans sa quadrature. Les grandes ombres noires des hautes
montagnes de la lune, entre lesquelles on ne peut apercevoir
près de la limite de la lumière que de petites étendues peu
nombreuses et pour la plûpart très-peu éclairées, produisent une
impression générale tout-à-fait semblable à celle que produit le
fond obscur du ciel, et ce n'est qu'au moyen du télescope qu'on
peut les distinguer l'une de l'autre. Si maintenant, par un gros
sissement encore applicable, Vénus est placée pour nous à peu
près dans le même rapport optique que la lune vue à l'oeil nu,
et si sa surface est ainsi couverte de montagnes, le phénomène
devra se présenter tel que nous l'avons observé.
Si ces montagnes étoient proportionnellement aussi hautes
que celles de la lune et qu'elles atteignissent par conséquent sur
Vénus un maximum de 5 à 6 lieues, la limite de la lumière de
vroit se montrer inégale et dentelée, comme celle de la lune à
l'oeil nu. Quelques observateurs prétendent avoir aperçu une
forme pareille; quant à nous, nous ne l'avons du moins jamais
vue avec précision, à l'exception des échancrures que nous avons
données dans quelques dessins et qui n'ont encore été aperçues
qu'avec beaucoup de peine. Comme en outre l'état de l'at
mosphère, la réfraction, etc., peuvent avoir et ont très-probable
ment en effet une grande part à cette variation dans les limites
de la lumière, il seroit inutile de vouloir tirer quelque déduction
26
sur la hauteur des montagnes de Vénus. — Ajoutons encore quel
ques mots pour jeter un peu de jour là-dessus.
Le diamètre de Vénus que nous avons trouvé pour l'éloigne
ment I (8",567), se rapproche tellement de la parallaxe du soleil
qu'a donnée Encke (8",577 ou, suivant la correction survenue
par les observations originales de Wardhus qui n'ont été connues
que plus tard, 8",569), que Vénus et la Terre peuvent être re
gardées comme ayant un diamètre parfaitement égal. Or l'ombre
qu'une montagne haute de 4000 toises répand sur la terre, lors
qu'elle se projette sur une surface tout-à-fait plane et qu'elle
atteint jusqu'à la limite de la lumière, couvre 2° 50 de l'équateur
et est aperçue sous un angle de 0",594, lorsque le demi-diamètre
de la planète apparoît à une grandeur de 12", ce qui est juste
ment le cas dans les quadratures de Vénus; et pour une mon
tagne dont la hauteur sera de º . la grandeur de l'ombre
- 0",594 - - - t -

sera environ =-va- Donc pour expliquer la diminution de


largeur de la partie visible, comme nous l'avons trouvée plus haut,
rien ne nous engageroit à donner à Vénus de plus hautes mon
tagnes qu'à la terre.
Nous n'avons jamais vu la lumière cendrée que quelques
observateurs ont aperçue (quoique très-rarement) dans la partie
obscurcie du globe de Vénus. L'éclat du disque fut (à l'excep
tion de la partie située au bord de la limite de la lumière, dont
nous avons parlé plus haut) toujours uniforme et seulement par
fois les pointes des cornes furent un peu plus claires que le
reste. Cependant on ne pourroit jamais comparer cela avec la
zône glaciale de Mars, car dans cette dernière planète, outre
cette différence d'éclat, il se trouve encore une plus grande diffé
rence de couleur et en même temps une limite déterminée de
la tache blanche vis - à - vis de la couleur jaune rougeâtre du
reste du disque, deux faits dont il ne se trouve aucune trace
dans Vénus, et il seroit possible qu'ici toute la différence fût
simplement optique.
Il faut encore mentionner ici un phénomène rayonnant
tout-à-fait particulier, qui n'a été aperçu qu'une seule fois par
Mädler (le 7 Avril 1833 à 8", temps moyen). Le grossisse
ment de 140 fois présentoit un champ visuel d'environ 16 minutes
et pût être employé comme micromètre circulaire; le ciel étoit
extraordinairement pur et l'air tout - à - fait paisible. Dans le
temps indiqué la section nord-ouest depuis le centre de Vénus,
qui se présentoit sous la forme d'une faucille, avoit des rayons
d'une clarté fortement prononcée, comme le montre la figure. En
faisant tourner l'oculaire, non plus qu'en prenant un autre ou
en déplaçant le champ visuel, on ne put rien changer à l'appari
tion. Lorsque Vénus étoit dans le champ du télescope, son vif
éclat ne permettoit de voir que les plus forts rayons a et b, et
sitôt qu'elle en étoit éloignée, tout le phénomène se montroit de
nouveau dans sa magnificence. L'espace entre a et b appa
roissoit certainement aussi sombre que le reste du ciel; une
étoile c (visible en même temps que Vénus) se montra dans cet
espace, d'après deux observations, à 7 11" au nord et 9 22"
à l'ouest de Vénus dans l'arc du plus grand cercle (10 22" cos ô),
ainsi, quant à Venus, sous un angle de position de 307° 29,4,
et servit d'étoile normale pour le dessin exact de rayons. La
plus grande masse de lumière fut fournie par le faisceau de
rayons a, dont le bord extérieur étoit très - intense et bien
marqué; b parut, plus tranché encore, mais moins brillant
que a. Les autres côtés extérieurs de Vénus ne présen
tèrent rien de semblable. Les rayons se perdoient peu à peu;
les plus forts étoient visibles jusqu'environ 4 de degré, mais
tous, du moins d'après l'apparence, se perdoient en ligne droite.
Le phénomène resta le même, tant que Vénus put être observée
ce soir - là.
Nous avouons ne pouvoir donner une explication géné
tique de ce phénomène, et nous nous bornons à communiquer
simplement ce fait. Il est impossible qu'il y ait seulement phé
nomène optique et ces rayons n'avoient absolument rien de com
mun avec ceux que l'on aperçoit parfois autour d'objets très-clairs
26 *
204

lorsque leur éclat affecte péniblement les yeux, et qui présen


tent souvent une forme en croix ou telle autre semblable. Bien
plus, on n'apercevoit ces rayons qu'à peine lorsque la brillante
Vénus étoit dans le champ visuel, et les rayons plus faibles, de
même que la limite bien tranchée et l'individualité des parties
isolées mises en saillie dans le dessin, n'apparoissoient qu'après
l'éloignement de Vénus.
M I e Ir c UI r e •

Cette planète dont le diamètre apparent est si petit que, lors


qu'on veut faire sur sa surface des observations physiques, on est
obligé de se servir de grossissements plus forts que ceux que
nous présente notre télescope, n'a été que très-rarement l'objet
de nos observations, et nous n'avons jamais aperçu en elle des
particularités qui méritassent une plus grande attention. Le
29 Septembre 1832 eut lieu une conjonction très-rapprochée de
Saturne et de Mercure : ces deux planètes purent commodément
être observées l'une à côté de l'autre, dans le champ du télescope
par un grossissement de 150 fois. Saturne, comparé à Mercure
(à 164"), présentoit un globe pâle et sans éclat; cependant à
l'aube du jour sa bande grise fut bien visible (l'anneau étoit alors
éclipsé). Mercure présentoit un éclat inégal et resta parfaitement
visible après le lever du soleil, tandis que Saturne disparut à la
vue. Mercure étoit éclairé un peu plus de la moitié. La largeur
de cet excédant fut estimée à 0,2 à 0,25 (en prenant pour unité
le rayon du disque). Passablement au dessous de la corne au
strale apparoissoit de temps en temps une légère échancrure, ce
pendant on ne put obtenir aucune certitude à cet égard. La limite
de la lumière n'étoit pas parfaitement dessinée, au contraire elle
étoit assez incertaine et la lumière se perdoit insensiblement le
long de cette limite. Comme, dans cette observation, la longitude
héliocentrique de Mercure étoit de 106° 47" et sa longitude géo
centrique de 170° 6', la largeur de la partie éclairée auroit dû
être = 1,449 r, au lieu de cela elle fut au plus de 1,25 r. La
différence est trop considérable pour croire qu'une erreur se soit
glissée dans l'appréciation : D'après cela on peut conclure que
Mercure a une atmosphère assez sensible et peut-être aussi des
montagnes ").
Le passage de Mercure aux 4 et 5 Mai 1832 offrit une occa
sion favorable d'observer sa figure et sa grandeur sur le disque
du soleil. Au commencement de l'apparition les nuages gênoient
beaucoup l'observation; ils disparurent, il est vrai, plus tard, mais
le vent demeura assez fort et les bords du soleil vacilloient sen
siblement. Ainsi le moment de l'immersion ne put pas du tout
être observé, et celui de l'émersion ne put l'être que très-inexac
tement; mais pendant le passage que dura 7 heures environ les #
du ciel furent parfaitement sereins et ce temps fut employé à
déterminer le diamètre au moyen d'un micromètre à fil.
Mercure apparut d'un noir très-sombre, parfaitement bien
limité et ni à sa surface ni dans la partie du disque solaire qui
l'environne, on ne put apercevoir la moindre modification de la
couleur. Lorsque Mercure s'approchoit d'une tache du soleil,
cette dernière paroissoit à côté de lui seulement d'un brun clair,
tandis que prise séparément elle présentoit une teinte tout-à-
fait noire.
Le micromètre à fil ne donne la plus grande certitude
possible que pour les différences de déclinaison, et comme il n'est
du reste pas probable que la planète ait un aplatissement sensible
et que la figure présenta selon toute apparence un cercle par
fait, nous n'avons mesuré que le diamètre vertical sur la ligne du
mouvement diurne.
Chacune des données suivantes est la moyenne de deux
mesures à droite et à gauche du point d'opposition des fils micro
métriques. Ceux-ci étoient disposés de manière que les arètes
intérieurs touchoient le bord de Mercure : la demi-somme de leur
épaisseur est de 0,03539 tours de la vis, et la valeur d'un de ces
tours est de 44",191.

") Comparez avec ceci ce qui est dit plus haut sur une apparition semblable dans Vénus.
2O3

Les 54 mesures suivantes sont divisées en 5 groupes et


calculées chacune séparément; 4 mesures qui s'écartoient beaucoup
des autres et qui marquoient très-défectueusement le point de
coïncidence, ont été retranchées du calcul.
Temps
si # Rev. |Temps
†" Rev. |Temps
†" Rev. Temps Rev.
Temns
si # Rev

1h18' 0,2770 |2h49' 0,2705 3h40 0,2665 |5h 1 0,2710 9h 9 0,273S


21 2635 | 51 2678 | 43 : 2700 4 2715 | 12 2715
27 2695 | 57 2702 |4 36 2675 | 32 2735 | 23 2688
37 2625::| 59 2825::| 41 2693 | 35 2750 | 25 2640
39 2705 |3 1 2675 | 42 2720 | 38 2780: :| 27 2725
42 2680 4 2690 | 44 2840::| 42 2715 | 29 2760
2 1 2698 7 2705 | 45 2685 | 47 2720 | 37 2672
10 - 2720 | 14 2705 | 47 2770 | 54 2695 | 40 2710
21 2702 | 20 2765 | 51 2750 | 56 2760 | 43 2750
28 2717 | 26 2707 | 57 2745 |6 0 2700 | 50 2752
31 2725 | 36 2725 | 59 2730 2 2690
0,27150
0,27065 0,27057 0,27133 0,27190 — 3539
— 3539 — 3539 — 3539 — 3539
6h29',5 0,23611
1h53',80,235263h8',8 0,2351Sl4h34',1 0,23594|5h39',3 0,23651

La marche du pendule étoit — 12",3; les moyennes des


observations sont donc en temps solaire moyen :
Mai 4. 23º 0,3
5. 0 15,3
1 40,3
2 45,4
3 35,5.
A ces temps correspondent les distances suivantes de Mer
cure au lieu de l'observation :
0,558442
558305
558149
558031
557941
La valeur indiquée ci-dessus d'un tour du micromètre
donna d'après cela, pour l'éloignement 1, les diamètres suivants
pour Mercure :
208

5",8057
8023
8207
8323
8215
5",8165
et par conséquent, en appliquant la parallaxe du soleil donnée
par Encke, on aura pour le vrai diamètre
972 lieues.
L'exactitude des mesures paroît entièrement satisfaisante,
seulement nous n'avons pu profiter des moments où le vent étoit
trop violent. Les bords de Mercure et les fils se dessinoient du
reste d'une manière parfaite.
Quant à la question de savoir si le diamètre de Mercure
a été bien aperçu, nous ne voudrions pas la décider de prime
abord d'une manière affirmative. Lorsqu'une irradiation, c'est-à-
dire une saillie du bord lumineux sur le fond plus obscur, a lieu
dans un télescope donné, tout objet vu d'une manière seulement
mégative, comme Mercure devant le soleil, apparoîtra plus petit.
Mais ce que nous désignons par le nom d'irradiation, d'après son
effet total, est une réunion d'effets si divers que nous pouvons
difficilement arriver à la connoître par une autre voie que par des
observations réelles, et ces observations ne permettent que dans
des cas bien rares d'établir un ordre où elle résulte d'une manière
indépendante comme grandeur cherchée. Les observations sur
Vénus (Voyez plus haut) nous ont donné 0",3253, mais cette gran
deur, applicable à Vénus vue pendant le jour, ne l'est pas d'une
manière absolue au soleil comparé avec Mercure: cette dernière
grandeur est probablement plus considérable. Une série de 50 cul
minations du soleil prises en 1837, donne, sous la supposition que
le demi-diamètre du soleil adopté dans le Berliner Jahrbuch soit
le vrai, pour l'irradiation du bord du soleil vue dans l'hélioscope,
0",53; mais une semblable détermination, qui dépend de certaines
suppositions, ne peut prétendre à une valeur absolue. Cependant
si l'on veut la maintenir pour Mercure, on obtient pour son dia
mètre en distance moyenne 6",4085 ou 1070 lieues; en tout cas
209

· la grandeur indiquée plus haut est trop petite, vu que l'existence


d'une irradiation dans notre télescope est prouvée.
Il faut encore mentionner dans ce passage deux autres dé
terminations du diamètre de Mercure que nous connoissons : celle
de Gambart (Astronomische Nachrichten JM3 232), qui de 54 ob
servations obtient en moyenne 9",29, ce qui, réduit à la distance
moyenne de Mercure, donne 5",184 (866 lieues); et celle qui ré
sulte des observations faites par Bessel à Koenigsberg, au grand
héliomètre, qui donne 6",6974 (1119 lieues). Par la comparaison
du diamètre du soleil mésure le même jour avec celui de Mer
cure déduit de ce qui précède, Bessel acquit la conviction que
son instrument étoit exempt d'irradiation. Par là sa détermina
tion acquiert une supériorité décidée sur toutes les autres, même
sur la moyenne tirée de toutes les observations précédentes, qui
d'après les calculs de Wurm (Mon. Corr. XIV. p. 283) s'élève
à 6",02. Le résultat de Bessel devra donc être admis seul et
sans modifications jusqu'à ce qu'on le puisse comparer à des ob
servations faites avec des instruments aussi excellents et dans des
circonstances aussi favorables; et la seule valeur à laquelle nos
propres mesures puissent prétendre, est de montrer quels services
le micromètre peut rendre dans des circonstances avantageuses.
D'après la détermination de Bessel le volume du corps de
Mercure est = I# ou 0,0597 du volume de la terre. En admet
tant le diamètre 5",816, ce volume ne seroit que #, et en par
tant du diamètre de Gambart 5",184, seulement #T.
Nulle part les défauts des mesures prises sur le diamètre
des planètes ne sont plus sensibles que dans la détermination de
leur volume et de la densité qui en dépend.

27
A p p e n d i c e.

Le zèle avec lequel plusieurs observateurs se sont livrés dans


les deux derniers siècles à l'étude spéciale de la lune, auroit déjà
amené plus tôt des résultats utiles et sûrs, si l'on eût pu se ré
soudre à travailler d'après un plan fixe embrassant strictement tout
son objet. Il est de la plus grande importance que dorénavant
on ne retombe pas dans les fautes du passé. Maintenant encore
beaucoup de questions, peut-être même la plûpart des questions
importantes sur ce sujet, n'ont obtenu aucune réponse, ou n'ont
été résolues que par des hypothèses; la représentation de bien de
contrées lunaires a extrêmement besoin de corrections, et toutes,
sans exception, peuvent être examinées avec beaucoup plus de
détail qu'elles ne l'ont été jusqu'àprésent, au moyen des grands
télescopes que l'on peut maintenant employer. Cependant un tra
vail de cette nature exige nécessairement qu'on lui consacre beau
coup de temps. Quoique nous ayons profité de toutes les nuits
lunaires, même de celles qui n'étoient qu'en partie sereines, et que
nous ne nous soyons livrés à d'autres travaux astronomiques que
lorsque la lune ne pouvoit pas être observée, il nous a fallu cepen
dant un espace de près de sept années pour arriver aux résultats
que nous avons obtenus. Un travail fait sur une plus grande
échelle et entrant dans des détails proportionnellement aussi
exacts, exigeroit un temps considérablement plus long, non seule
ment par suite de l'augmentation du travail, mais aussi à cause
des moyens plus forts de grossissement que cela demande, moyens
211

qui, comme on le sait, peuvent rarement être appliqués lorsqu'il


s'agit d'employer toute leur force optique; de sorte que ce ne
peut pas du tout être l'ouvrage d'un seul astronome. Il faudroit
que plusieurs observateurs se réunissent pendant une longue suite
d'années, avec de grands télescopes et, autant que possible, dans
le même lieu, ayant à leurs côtes les calculateurs et les dessina
teurs nécessaires, pour faire une carte de la lune, travaillée d'après
un plan commun et qui ait des dimensions beaucoup plus grandes
que la nôtre. Mais nous osons à peine nous livrer à une telle
espérance, vu le nombre considérable des questions astronomiques
qui ne sont pas encore résolues, comparé au petit nombre d'ob
servateurs qui soient placés dans des circonstances réellement fa
vorables sous tous les rapports. Il faudra bien plutôt se contenter
d'examiner plus exactement quelques paysages isolés et de les
représenter sur des cartes particulières et dans des monographies :
travaux qui, pris pour soi, ont aussi un contenu assez vaste, car
pour représenter avec autant de détail que possible, p. ex. la
chaîne des Apennins de la lune, en appliquant des instruments
qui grossissent de 800 à 1000 fois les objets, il faudroit certaine
ment un temps de 3 à 4 années.
Cependant ces travaux ne pourront être exécutés avec une
certaine perfection que quand on leur donnera pour base les élé
ments exacts de la Rotation et de la Libration, nécessaires
à leur réduction exacte. L'importance de ces derniers, est encore
augmentée par le rapport particulier qui, d'après la théorie, existe
entre la libration physique actuelle et la libration qu'avoit la lune
dans son état primitif, comme Mr. Poisson l'a développé dans sa
belle analyse. Si p. ex. la libration physique étoit absolument
égale à zéro, on pourroit en conclure qu'aussi dans l'état primitif
de la lune la rotation étoit, quant à la durée, égale à la révolu
tion. Mais pendant que la théorie a atteint un point de déve
loppement tel qu'on peut à peine penser à vouloir la perfectionner
encore, l'application de cette théorie est restée tellement en arrière
que, comme nous venons de dire, les questions les plus importantes
ont du rester sans réponse. Il n'y en a cependant pas d'autre
raison que la petitesse des grandeurs à déterminer qui, prises
27 *
212

même sélénocentriquement, comportent au plus quelques minutes


et qui, dans les cas les plus favorables, diminuent géocentrique
ment de plus de 200 fois leur grandeur. Une simple accumulation
d'observations, même calculées avec le plus grand soin possible,
comme l'ont fait Bouvard et Vicollet, ne résout pas plus cette
question que celle des parallaxes des étoiles fixes, aussi long
temps qu'on ne voulut rechercher ces dernières que par les pas
sages méridiennes, quelque nombreuses qu'aient été ces observa
tions. Si, comme on le voit par les résultats des calculs sur la
longitude et la latitude de Manilius, ces mesures, prises séparé
ment, présentent des erreurs qui s'élèvent jusqu'à 10" (géocen
triques), mais qu'on peut s'expliquer en considérant d'un peu plus
près leur objet et la méthode employée de mesurer, on doit croire
que malgré leur grand mérite elles ne sont pas propres à avancer
notre connoissance sur des changements qui très - probablement
ne comportent que des fractions de seconde et où il faut déter
miner 8 inconnues. -

Nous croyons que l'on peut s'approcher davantage de la


vraie valeur des grandeurs cherchées, par deux moyens : d'abord
en faisant un meilleur choix du point que l'on veut mesurer, et
ensuite en appliquant une méthode de mesure qui présente un
plus grand degré d'exactitude. La montagne centrale de Manilius,
abstraction faite de ce qu'elle est souvent recouverte par l'ombre
de la montagne circulaire haute de 1200, est composée de plu
sieurs cîmes de formes et de hauteurs différentes. Sa figure varie
suivant la manière dont elle est éclairée, car en général chaque
montagne centrale, excepté dans la pleine lune proprement dite,
est recouverte d'ombre tantôt à l'est, tantôt à l'ouest. Cette cir
constance essentielle ne se présente jamais dans les cratères de
forme régulière et d'un diamètre moyen, et l'on n'a qu'à en choisir
un qui soit suffisamment clair et qui ne soit pas caché entre des
chaînes de montagnes, pour être assuré de le voir toujours com
modément pendant la moitié de la lunaison, aussi souvent que la
lune en général pourra être bien observée.
Quant au second point, les appareils micrométriques ont
atteint un si haut degré de perfection, qu'on peut maintenant être
2133

certain, partout où leur emploi est possible, d'obtenir une exacti


tude beaucoup plus grande que par des passages méridiennes.
Bessel, dans son traité sur la parallaxe de 61 Cygni, a montré
que 28 observations au méridien par Bradley n'ont que le poids
d'une seule observation faite au moyen de l'héliomètre. Mais le
cas dont nous parlons ici est encore beaucoup plus défavorable.
Le contact d'un bord éclairé, ordinairement plus ou moins on
doyant et présentant des inégalités sensibles, avec le fil de l'in
strument, doit être comparé avec la bissection opérée par ce même
fil sur une chaîne de montagnes; dans le premier cas, une de
ses arètes est tournée du côté du ciel obscur; dans le dernier cas
elle se présente comme une ligne noire qui coupe une surface
éclairée. Quelle source d'erreurs variables ou constantes, que
l'observateur le plus soigneux ne pourra pas éviter !
C'est pourquoi nous nous décidames, d'après la proposition
de Mr. Bessel, d'appliquer à ces observations l'héliomètre dont
nous venons de parler, et de comparer pendant quelques années
un cratère très-clair situé près du centre de la lune et appelé
Mösting A dans la Section III de notre Mappa Selenographica,
avec le bord visible de la lune. L'ordre de nos observations sera
essentiellement celui que Bessel a proposé (Astronomische Nach
richten JM3 37), de sorte que toutes les répétitions se rapporte
ront symmétriquement à un seul temps moyen, ce qui effacera
entièrement ou facilitera beaucoup plusieurs corrections difficiles
et peu certaines; et par là toutes les observations de chaque
soir porteront en soi-même une espèce de contrôle.
Les mesures sur le diamètre de Jupiter dont nous avons
déjà parlé, ont été prises au moyen de cet instrument. Pour
essayer une autre manière d'observation, nous avons pris des me
sures sur quelques étoiles doubles. Les 4 images se présentent
alors comme étant à la même distance et sur la même ligne
droite. Si on répète cela sur le côté opposé, on obtient la
distance quadruple, qui peut ainsi être trouvée avec la plus
grande exactitude, comme le montrent les exemples suivants :
214

0 Serpentis.
1839. Août 2.
71R,208 69,723 1",485 = 21",00
71 ,185 1 ,481 = 20,94
69,704
71 ,200 69,714 1 ,486 = 21
71 ,212 69,719 1 ,493 = 21,11
71 ,205 1 ,498 = 21,17
69,707 ;
21",046 . .. . 5 obs.
Nous avons mesuré de la même manière :
0 Serp. Août 7. Août 9. Août 11.
20",94 21",01 21",38
21 ,13 " 21,17 21,36
21 ,08 21,25 21,12
21 ,08 21 ,36
20 ,93 21 ,13
21",032 21",184 21",287
On obtient comme moyennes :
1839. Août 2. 21",044 . ... 5 obs.
7. 21 ,032 . .. . 5 -
9. 21 ,184 . .. . 5 -
11. 21 ,287 . .. . 3 -
1839, 60. .. 21",118 ... 18 obs. Erreur moyenne = 0",054.
Pour cette étoile on a les déterminations suivantes de Struve
et de Bessel :
1827, 55 . ... 21",671 Struve; Erreur moy. = 0",066
1830, 75 . ... 21 ,712 Bessel; - - 0,048
1832, 54 . .. . 21 ,622 Struve; - - 0,080.
Il paroît d'après cela que la distance de ces deux étoiles tend
maintenant à diminuer.
# Ursae majoris. Moyenne. -

Août 2. Août 4. Août 7. 14",470 . .. 3 obs.


14",69 14",43 14",44 14 ,420 . . . 5 -
14 ,25 14 ,40 14,36 14 ,375 . . . 4 -
14 ,47 14,54 14,36 1839, 59 . . 14",421 . .. 12 obs.
14",470 14 ,41 14 ,34
14 ,32 14",375.
14",420
215

Struve a pour 1830, 63 . ... . 14",368


Bessel pour 1831, 01 . ... . 14 ,435.
Depuis les observations les plus anciennes on n'a remarqué au
cune trace de changement réciproque dans ces doubles étoiles.
» Bootis. Août 4.
12",78
12,58
12,48
12,52
12,53
1839, 59 . .. 127,578
Struve a 1832, 50 . ... . 12",597.
70 p Ophiuchi.
Août 7. Août 9. Août 14. Moyenne.
6",45 6",38 6",46 6",343 . .. 4 obs.
6 ,22 6,29 6,50 6 ,333 . .. 3 -
6,37 6 ,33 6 ,64 6 ,548 . .. 5 -
6 ,33 6",333 6 ,69 1839, 60 . . 6",425 ... 12 obs.
6",343 6 ,45
6",548
On sait que cette étoile double décrit un orbite elliptique.
61 Ophiuchi.
Août 9. Août 14. Août 18. Moyenne.
20",48 20",25 20",47 20",537 . .. 4 obs.
20,50 20,20 20,55 20 ,285 . .. 4 -
20,63 20 ,32 20 ,71 20,542 . .. 4 -
20,54 20 ,37 20 ,48 1839, 61 . . 20",455 ... 12 obs.
20",537 20",285 20",542
Struve a 1827, 37 . ... . 20",545.
5 Aquilae. Août 7.
13",571
13 ,430
13 ,345
1839, 59 . .. 13",449
Struve a 1832, 45 . .. .. .. 13",222.
216

x Herculis.
Août 17. Août 17. Août 18. Moyenne.
30",58 30",40 30",55 30",430. .. 5 B.
30 ,47 30,45 30 ,49 30 ,404 . .. 5 B.
30 ,44 30 ,26 30 ,62 30 ,524 . .. 5 B.
30 55 30 ,47 30 ,56 1839, 63 .. 30",453 . .. 15 B.
30 ,11 30 ,44 30 ,49
30",430 30",404
--*
30",524
(En appliquant la (De la manière
distance simple.) ordinaire.)
Struve (dans ses mensuris secundis) a déjà supposé une dimi
, nution dans la distance de cette étoile double; elle est confirmée ici :
1822, 69 . . 31", 45 Struve.
1831, 52 .. 31 ,233 Struve.
1836, 33 . . 31 ,015 Struve.
1839, 63 .. 30 ,453. -

Ainsi donc quant aux distances, cet instrument fournit la


plus grande précision désirable : mais quant aux positions, les ex
périences que nous avons faites jusqu'à présent nous montrent
qu'on ne peut pas les obtenir avec la même exactitude et à cet
effet des instruments de plus grandes dimensions ont un avantage
décidé. Cependant cela ne sera nullement préjudiciable à nos
observations intentionnées, car on n'observe point l'angle de posi
tion en comparant un point de la surface lunaire au bord de cet
astre, mais on le choisit sur le limbe du cercle et on n'observe
et ne mesure réellement que la distance qui lui appartient.
Sans doute les inégalités du bord de la lune porteront quelque
légère atteinte à l'exactitude des mesures; mais comme les
principaux écarts de la forme circulaire nous sont suffisam
ment connus et qu'en outre ils ne peuvent pas facilement échap
per au moment de l'observation, il dépend tout-à-fait de l'ob
servateur de les éviter entièrement ou d'apprécier leur influence :
comme ensuite ces mesures n'exigent jamais, comme dans les pas
sages, le coup d'oeil décisif dans un moment donné, mais que la
comparaison peut être établie immédiatement et avec la plus grande
tranquillité, on peut espérer que le résultat des observations ap
partenant à la même nuit ne présentera jamais une erreur moyenne
qui dépasse quelques dixièmes de seconde.

-=SEB@3E=---
• • • • • razz-rºzzy”.
4/24/o/,/z/,/
--------|-· |---------
~º***<>;|-
!»«).* <!--!
-------------------
q·%%…º…»…• • º.s.”
-- _-
|
| | -

|
| | | \
N ·

_HT/ZV L4ZL" LI'Lr L1"A / LH'J // _l72A


I ll Iu pifer

,,|

r --

à
l
Nlars .
IV 1 H 5 O
V I 18 5 9 .

*
|

|
|

i
(~~~~ ~~~~ !!!!!--
----****** =~~~~ ~~~~ ~ !!!)-----
e
:ſae,

js
~~~~ ~).

v
Date Due

Demco-293

| -
PtRKING OBS
iversit

Vous aimerez peut-être aussi